Les " Services aux oiseaux Buffon " des manufactures de porcelaine de Sèvres et Tournai

Bien qu'il s'agisse d'une annonce d'exposition, je place ce sujet ici car sa présentation publiée sur le site des Arts décoratifs est intéressante...

Du 13 octobre 2016 au 15 janvier 2017
Au Musée Nissim de Camondo - Paris


Je cite (extraits) :



Le musée Nissim de Camondo possède une exceptionnelle collection de services de Sèvres à décor ornithologique, connus sous le nom de « services Buffon ».
Véritable encyclopédie en images peintes sur porcelaine, les services sont exposés pour la première fois au complet en regard des illustrations empruntées aux archives Buffon et aux volumes de l’édition de luxe de l’Histoire naturelle des oiseaux, ainsi que de gravures de François-Nicolas Martinet.



Mortier à décor de "Toucan de Cayenne, dit toco", Manufacture de Sèvres
Provient du service livré le 15 mars 1787 au comte de Montmorin, ministre des Affaires étrangères, pour être offert à Eleanor Eden, épouse de William Eden, ministre plénipotentiaire de Grande-Bretagne.  
:copyright: Les Arts Décoratifs / photo : Jean Tholance


Acquis en plusieurs lots à partir de 1898, cet ensemble est l’un des chefs d’œuvre du musée Nissim de Camondo.
Le comte Moïse de Camondo se singularise en effet par son intérêt pour les porcelaines européennes de la seconde moitié du XVIIIe siècle.

Exposé dans le cabinet des porcelaines spécialement aménagé à cet effet, ce service témoigne à la fois de son goût pour l’une des productions les plus brillantes de la manufacture royale de Sèvres et de son intérêt pour l’ornithologie naissante sous le règne de Louis XVI.




Le XVIIIe siècle est celui de la naissance des sciences naturelles comme discipline scientifique et plus particulièrement de l’ornithologie. Rassemblées dans les cabinets de curiosités qui se multiplient, les collections d’histoire naturelle deviennent des objets d’étude, telles celles de Réaumur et du Cabinet du Roi. Parallèlement, la parution de nombreux ouvrages popularise ces matières nouvelles auprès d’un large public.

L’Histoire naturelle, générale et particulière, avec la description du Cabinet du Roy est l’œuvre majeure de Georges-Louis Leclerc, futur comte de Buffon, et l’occupera toute sa vie.
Dès sa jeunesse, il se distingue par ses brillants travaux de mathématicien qui lui ouvrent les portes de l’Académie des Sciences.
C’est le point de départ de l’Histoire naturelle, ouvrage encyclopédique paru en 36 volumes de 1749 à 1789, et dans lequel Buffon entreprend non seulement de décrire et classer les collections royales, mais aussi d’expliquer l’ensemble du monde naturel, des minéraux jusqu’à l’être humain.


Saucière à décor de « Pic tacheté de Nubie et ortolan du Cap de Bonne Espérance »
Porcelaine dure, 1792 ; Edme François Bouillat (peintre)
:copyright: Photo Les Arts Décoratifs, Paris / Jean Tholance

Comme Réaumur avant lui, Buffon s’appuie sur un réseau de correspondants qui lui envoient du monde entier des spécimens vivants, des notes, des descriptions parfois accompagnées de dessins…
Son Histoire naturelle est souvent comparée à l’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, sur le principe de la diffusion du savoir lié à l’époque des Lumières, mais surtout en termes de notoriété et de nombre d’exemplaires imprimés.

Buffon attachait beaucoup d’importance aux illustrations, qui furent assurées par François-Nicolas Martinet pour les oiseaux, dans une édition in-folio en 10 volumes, publiée de 1771 à 1786.
Au total, ce sont 1008 planches en couleurs, dessinées et gravées, et représentant 1239 espèces ornithologiques, qui seront éditées.


« Toucan de Cayenne appelé Toco »
Gravure de François-Nicolas Martinet illustrant l’Histoire naturelle des oiseaux de Georges-Louis Buffon, 1771-1786
:copyright: Photo Muséum national d’Histoire naturelle, Dist. RMN-Grand Palais / image du MNHN, bibliothèque centrale

Ingénieur de formation, François-Nicolas Martinet est nommé en 1756 graveur au Cabinet du Roi.
Spécialiste des illustrations ornithologiques, ses gravures coloriées pour l’Histoire naturelle des oiseaux sont restées célèbres par leur qualité jusque-là inégalée.


Utilisées par les peintres de la manufacture royale pour orner les services Buffon, les gravures en couleurs de Martinet pour l’Histoire naturelle des oiseaux vont donner sa véritable dimension au thème ornithologique à Sèvres.
Le succès des décors aux « oiseaux Buffon » donne naissance à la création de 15 luxueux services de table, appelés communément « services Buffon », entre 1782 et 1796.

Outre leur sujet ornithologique, ceux-ci sont reconnaissables aux noms des oiseaux inscrits au revers des pièces.
On rapporte que Buffon appelait cette production d’exception, véritable encyclopédie en images qui allie merveilleusement raffinement de la décoration et vulgarisation scientifique : « Mon édition sur porcelaine ».


Compotier « coquille », Manufacture royale de Sèvres, porcelaine tendre, peinte et dorée, 1784
Henry-François Vincent, dit Vincent le jeune, et plus tard, Vincent père (doreur)
Oiseaux nommés au revers : au centre, Spatule Couleur de rose, de Cayenne  ; en haut, Péruche a gorge tachetée, de Cayenne  ; en bas, Bouvreuil femelle  ; à droite, Gros bec, de l’Isle de Bourbon  ; à gauche, Perdrix rouge mâle de France
Photo Les Arts Décoratifs, Paris / Jean Tholance


Posséder un service Buffon est particulièrement prestigieux car c’est à la fois être à la pointe du goût dans le domaine des arts de la table et donner à voir les découvertes de l’ornithologie naissante.
La plupart des spécimens exotiques sont en effet inconnus en Europe, or l’intérêt porté aux couleurs explique que beaucoup d’oiseaux reproduits sur les services Buffon appartiennent à des espèces exotiques, notamment tropicales.


Tasse à glace à décor de « Tangara de Cayenne », porcelaine tendre, 1792
Massy (peintre) et Henri-Martin Prévost (doreur)
:copyright: Photo Les Arts Décoratifs, Paris / Jean Tholance



L’exposition sera l’occasion d’étudier de manière approfondie les services Buffon du musée Nissim de Camondo sous l’angle de leur acquisition par le comte de Camondo.

Le public pourra ainsi admirer une centaine des plus belles pièces des services Lefebvre (1784), Kendal (1785), Eden (1787) et Madame Lefebvre (1792) achetés par le collectionneur entre 1898 et 1920.
Les pièces de forme seront données à voir dans toute leur variété (compotiers, seaux à glace, mortier, jatte à punch, tasses à glace…) et les meilleurs peintres d’oiseaux particulièrement mis à l’honneur.

Enfin seront classés par espèces et provenances géographiques, révélant l’importance des anciennes possessions françaises dans l’étude monumentale menée par Buffon et son apport quant à la découverte d’oiseaux jusqu’alors inconnus comme ceux de Cayenne, en Guyane.

Cette exposition sera l’occasion de dresser la table de la salle à manger du musée pour dix couverts à l’aide du service Lefebvre orné d’oiseaux polychromes et camées en grisaille.


:copyright: Photo Les Arts Décoratifs, Paris / Jean Tholance


Informations complémentaires / Sources texte et images ici : http://www.lesartsdecoratifs.fr/francais/musees/musee-nissim-de-camondo/actualites/actuellement/exposition/les-services-aux-oiseaux-buffon-du-comte-moise-de-camondo-une-encyclopedie-sur/

La nuit, la neige a écrit::

Enfin, les décors ornithologiques sont classés par espèces et provenances géographiques, selon la nomenclature de Buffon, révélant l’importance des colonies françaises dans la découverte d’oiseaux jusqu’alors inconnus comme ceux de Cayenne, en Guyane.
Hymne à la nature sauvage dont les ressources paraissaient inépuisables il y a deux cents ans, c’est l’occasion de mesurer la fragilité des oiseaux dont plusieurs espèces représentées sur les services Buffon ont aujourd’hui totalement disparu.

.

Ah, ça par exemple !!!
Quelle tristesse ...

Pourriez-vous me dire à quoi servait cet ustensile ? Glaces ? Grosse flemme de rechercher dans ma documentation....

Un grand nombre d'espèces a disparu définitivement ....grrrrr

Un seau à glace, ma chère Clio...


Pièce issue du service livré à Lefebvre, marchand à Amsterdam, le 29 décembre 1784.
Manufacture de Sèvres - Seau à Glace
Oiseaux peints d'après les gravures de François-Nicolas Martinet
©Photo Les Arts décoratifs, Paris/Jean Tholance.


Mais je préfère encore ce modèle-ci :


Pièce livrée au baron de Kendal le 21 mars 1786 Oiseaux peints d'après la gravure de François-Nicolas Martinet
Manufacture de Sèvres - Seau à glace
©Photo Les Arts décoratifs, Paris/Jean Tholance.

Deux modèles différents de seau à glace pour un même service !
N'est-ce pas un peu curieux ?
Avaient-ils le même emploi ?

15 services, appelés "Services Buffon", ont été produits par la Manufacture de Sèvres entre 1782 et 1796.
J'imagine qu'il y a donc des variantes, selon les goûts du moment, ou les désirs ( le budget ?) des commanditaires.

Ainsi, le seau à glace de Clio provient du service Lefebvre (livré en 1784), et le mien ( boudoi32) de celui livré au baron de Kendal en 1786.

Si quelques-uns d'entre nous ne connaissent pas le musée Camondo, j'en profite pour indiquer notre sujet qui lui est dédié...

C'est ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t1859-le-musee-nissim-de-camondo?highlight=camondo

La nuit, la neige a écrit:
Outre leur sujet ornithologique, ceux-ci sont reconnaissables aux noms des oiseaux inscrits au revers des pièces.

On rapporte que Buffon appelait cette production d’exception, véritable encyclopédie en images qui allie merveilleusement raffinement de la décoration et vulgarisation scientifique : « Mon édition sur porcelaine ».

Voici quelques images qui illustrent la manière dont les noms de tous les oiseaux étaient précisés au dos des pièces.
Oiseaux dessinés donc par les peintres sur porcelaine de Sèvres, d'après les gravures de François-Nicolas Martinet.

La petite perruche verte de Cayenne...  boudoi32


Pot à jus - Manufacture de Sèvres
Du service livré en 1787 pour le comte de Montmorin, ministres des Affaires étrangères, et offert à William Eden, ministre plénipotentiaire du roi George III d’Angleterre.
Oiseaux peints d'après les gravures de François-Nicolas Martinet
©Photo Les Arts décoratifs, Paris/Jean Tholance.




©Photo Les Arts décoratifs, Paris/Jean Tholance.


Ou encore, avec cette petite salière, elle aussi livrée pour le service du comte de Montmorin en 1787 et illustrée du Gros-bec de Java dit le Domino et du Petit martin-pêcheur huppé de l'île de Luçon


Salière simple - Manufacture de Sèvres
Pierre-Joseph-André Vielliard, peintre sur porcelaine
André-Joseph La France, doreur
Oiseaux peints d'après les gravures de François-Nicolas Martinet
©Photo Les Arts décoratifs, Paris/Jean Tholance.


©Photo Les Arts décoratifs, Paris/Jean Tholance.


©Photo Les Arts décoratifs, Paris/Jean Tholance.

Adorable petit oiseau...

Cette photo permet d'apprécier l'exactitude des planches de dessins de François-Nicolas Martinet  ( qui lui-même est doté d'un nom d'oiseau ) .

François-Nicolas Martinet avait l'oeil aiguisé, mais aussi la passion de ces adorables oiseaux. Quand on commence à les regarder et à les aimer, on ne "peut plus s'en passer". Ces services sont très beaux à regarder et à .... se procurer si on peut.

Adorable petit oiseau...



N'est-ce pas.... J'adore LNLN. J'ai presque envie de lui faire un bisou sur le bec.

Trianon a écrit: Quand on commence à les regarder et à les aimer, on ne "peut plus s'en passer". Ces services sont très beaux à regarder et à .... se procurer si on peut.

Oui...j'aime beaucoup les oiseaux ! boudoi30
Et comme nous le soulignions précédemment, un certain nombre d'entre eux ont disparu depuis l'édition de ces services.
Cependant, généralement, tout le monde s'en fout des oiseaux.
Les pandas et autres bêtes à poils (souvenirs des peluches de notre enfance, peut-être ?), eux oui.
Mais les oiseaux, souvent si discrets... :roll:

La nuit, la neige a écrit:
Cependant, généralement, tout le monde s'en fout des oiseaux.

Non, heureusement pas tout le monde ... boudoi30

Mme de Sabran a écrit:

La nuit, la neige a écrit:
Cependant, généralement, tout le monde s'en fout des oiseaux.

Non, heureusement pas tout le monde ...  boudoi30

Bien sûr que non !  :!,,,!!!:

Seuls, les rats des villes ne les voient pas ou plus ... mais nous ... les rats des champs copinons
avec eux chaque jour !!!  boudoi30 boudoi30 boudoi30

La nuit, la neige a écrit:
Buffon attachait beaucoup d’importance aux illustrations, qui furent assurées par François-Nicolas Martinet pour les oiseaux, dans une édition in-folio en 10 volumes, publiée de 1771 à 1786. Au total, ce sont 1008 planches en couleurs, dessinées et gravées, et représentant 1239 espèces ornithologiques, qui seront éditées.

Ingénieur de formation, François-Nicolas Martinet est nommé en 1756 graveur au Cabinet du Roi.
Spécialiste des illustrations ornithologiques, ses gravures coloriées pour l’Histoire naturelle des oiseaux sont restées célèbres par leur qualité jusque-là inégalée.



Utilisées par les peintres de la manufacture royale pour orner les services Buffon, les gravures en couleurs de Martinet pour l’Histoire naturelle des oiseaux vont donner sa véritable dimension au thème ornithologique à Sèvres.
Le succès des décors aux « oiseaux Buffon » donne naissance à la création de 15 luxueux services de table, appelés communément « services Buffon », entre 1782 et 1796.
Outre leur sujet ornithologique, ceux-ci sont reconnaissables aux noms des oiseaux inscrits au revers des pièces.

On rapporte que Buffon appelait cette production d’exception, véritable encyclopédie en images qui allie merveilleusement raffinement de la décoration et vulgarisation scientifique : « Mon édition sur porcelaine ».

Autre édition sur porcelaine que celles des services de Sèvres, voici un exemplaire d'un " oiseau de Buffon " réinterprété par manufacture de Tournai, et plus précisément sur ce broc du service du duc d'Orléans qui sera prochainement présenté en vente aux enchères.

Je compile plusieurs sources écrites pour vous présenter ce service, moins connu que les services " Buffon " de Sèvres.  

Tournai
Broc en porcelaine tendre de la 5ème grandeur provenant du service du duc d'Orléans à décor polychrome sur le bord supérieur d'après l'Histoire naturelle des Oiseaux du comte de Buffon
d'un oiseau nommé en noir au revers : oye sauvage dans un cadre rectangulaire sur fond bleu orné de rinceaux feuillagés, guirlandes de fleurs et vases en or et de deux médaillons encadrant un papillon et une coccinelle.
XVIIIe siècle, vers 1787
H.: 13,4 cm



Note au catalogue :

Le service dit "aux oiseaux de Buffon" est commandé par le duc d'Orléans à la manufacture de Tournai en juillet 1787 et destiné au Palais Royal à Paris. La facture générale du service détaillant l'ensemble de la livraison est publiée par Claire Dumortier, Patrick Habets, Porcelaine de Tournai, le service d'Orléans, 2004, p.162.

Le service du duc d'Orléans comprenait le nombre considérable de 1.593 pièces. En comparaison, le service de Sèvres comportant le plus grand nombre de pièces est celui livré à Catherine II de Russie et il était composé de 706 éléments.
Le service mythologique de Louis XVI comptait 493 pièces. Le seul service plus important en porcelaine européenne est le service aux cygnes du comte de Brühl réalisé à Meissen entre 1737 et 1741 (2.200 pièces).



Les oiseaux sont tirés de L'Histoire naturelle des Oiseaux, publiée par le comte de Buffon en dix volumes entre 1770 et 1786. Une grande partie du service du duc d'Orléans (594 pièces) fut achetée en 1803 et 1806 par le Prince de Galles par l'intermédiaire du marchand Robert Fogg. Aujourd'hui 565 porcelaines du service sont toujours conservées dans les collections royales anglaises au Château de Windsor.

* Source et infos complémentaires : Pescheteau-Badin, Paris - Vente Céramiques européennes (26 novembre 2021)



LE SERVICE DU DUC D'ORLEANS, MANUFACTURE DE TOURNAI


(...) Louis Philippe d’Orléans (1747-1793), cousin de Louis XVI. Son mariage avec Marie-Adélaïde de Bourbon, dite Mademoiselle de Penthièvre, petite-fille du comte de Toulouse bâtard légitimé de Louis XIV et de la marquise de Montespan , avait très largement augmenté sa fortune ; la dot s’élevait à 6 millions de livres, dont un peu plus de la moitié fut versée sur le champ, le reliquat en rentes annuelles.
Le duc d’Orléans mène grand train, possédant entre autres résidences le Palais-Royal, qui lui est donné en toute propriété en 1780. Il se lance alors dans des opérations immobilières autour des jardins de celui-ci, qui se révèleront infructueuses. Son trésorier lui conseille de réduire les frais de sa maison…

Portrait of Louis Philippe Joseph d'Orléans (then Duke of Chartres) with his family
Print made by: Augustin de Saint-Aubin and Isidor Stanislas Helman, after Charles Le Peintre (1776)
Etching on paper, 1779
Image : The British Museum

Ainsi, au lieu de faire réaliser un service par la manufacture de Sèvres, ce qui avait été envisagé, préfère-t-il celle de Tournai, aux tarifs moins onéreux. Pour vous donner une idée, une assiette du service d’Orléans est facturée 24 livres par la manufacture des rives de l’Escaut, quand l’une du service Lefébure d’un modèle similaire, produite par Sèvres, en coûte 66.

Assiette en porcelaine tendre du service du duc d’Orléans, d’après l’Histoire naturelle des oiseaux du comte de Buffon, à décor polychrome, nom des oiseaux au revers, diam. 23 cm.
Écuelle en porcelaine tendre du service du duc d’Orléans h. 12, l. 20 cm
Tournai, 1787
Image : Gazette Drouot

Le service «aux oiseaux de Buffon» fut commandé en juillet 1787 et devait comprendre plus de 1 500 éléments, destinés tant au dîner qu’au service des boissons chaudes au salon, et à celui de chambre. Certains sont de goût moderne, c’est-à-dire néoclassique, d’autres reprenant des formes produites à Vincennes dans les années 1752-1753.

L’ornithologie scientifique se développe tout au long du XVIIIe siècle, les parutions se succédant à un rythme rapide grâce aux observations et aux spécimens rapportés par les savants. L’une des principales sources est ici l’Histoire naturelle des oiseaux, publiée entre 1770 et 1783, mais l’on peut citer également les recueils de Michael Seligmann, parus vers 1769-1770.

Quelque 4 200 volatiles ornent les diverses pièces, certains à plusieurs reprises.

(...)

* Source texte (extraits) : Gazette Drouot (2018) - Le service du duc d'Orléans, par Anne Foster



From a pair of soft-paste porcelain monteiths
Tournai (Belgium)
Soft paste porcelain, c.1787
Tournai porcelain combined-service ordered by Philippe, duc d'Orleans in 1787, painted with birds from Buffon's 'Histoire Naturelle des Oiseaux'
Image : The Royal Collection Trust

Le service du duc d’Orléans comprenait le nombre considérable de 1 593 pièces. En comparaison, le service de Sèvres comportant le plus grand nombre de pièces est celui livré à Catherine II de Russie et il était composé de 706 éléments.
Le service mythologique de Louis XVI comptait 493 pièces. Le seul service plus important en porcelaine européenne est le service aux cygnes du comte de Brühl réalisé à Meissen entre 1737 et 1741 (2.200 pièces).

Image : Lenne laurence. Galerie Art et Patrimoine.

Cet ensemble prestigieux composé de 27 formes différentes, certaines en diverses grandeurs, témoigne des usages de la table au XVIIIe siècle puisqu’il comprend des pièces utilisées pour le dîner qui comprend généralement plusieurs services, ( Assiettes, beurriers, coquetiers, pots à jus, salières, sucriers et plats divers)  et pour les repas en chambre (écuelles à bouillon), mais également certaines servant au salon pour la consommation de boissons chaudes servies au salon : thé, café, chocolat.

Assiette creuse en porcelaine de Tournai (troisième période), du service du duc d'Orléans
Circa 1787-1792
Marque en creux, inscriptions en noir pour identifier les oiseaux
Image : Christie's

Le service « aux Oiseaux de Buffon » témoigne  du goût du XVIIIe siècle pour les sciences naturelles et les curiosités. Ses décors s’organisent en effet autour de représentations d’oiseaux directement empruntées à l’Histoire naturelle des oiseaux du naturaliste Buffon (1707-1788), publiée entre 1770 et 1786, et dont les planches en couleurs consacrées aux volatiles ont été réalisées par François-Nicolas Martinet (1731-1800). Les décors sont placés au centre de la pièce ou dans un cartouche inséré dans la bordure néo-classique, pourvus de paillettes et de petits insectes.

"Triboulette" et une sous-tasse en porcelaine de Tournai (troisième péridoe)
Circa 1787-1792
Marque en creux, inscriptions en noir pour identifier les oiseaux
Image : Christie's

Après la Révolution le service fut dispersé, une grande partie du service du duc d’Orléans (594 pièces) fut achetée en 1803 et 1806 par le prince de Galles par l’intermédiaire du marchand Robert Fogg.

Aujourd’hui 565 porcelaines du service sont toujours conservées dans les collections royales anglaises au château de Windsor, les 29 pièces manquantes ayant probablement été offertes par la Couronne britannique.

* Source texte (extraits) : Protantic (2018) - Le service dit "aux oiseaux de Buffon " du duc d'Orléans



From a set of 37 shell-shaped soft-paste Tournai porcelain fruit dishes
Tournai (Belgium)
Soft paste porcelain, c.1787
Tournai porcelain combined-service ordered by Philippe, duc d'Orleans in 1787, painted with birds from Buffon's 'Histoire Naturelle des Oiseaux'
Image : The Royal Collection Trust

Image : The Royal Collection Trust




From a set of sixteen soft-paste Tournai porcelain wine-glass coolers
Tournai (Belgium)
Soft paste porcelain, c.1787
Tournai porcelain combined-service ordered by Philippe, duc d'Orleans in 1787, painted with birds from Buffon's 'Histoire Naturelle des Oiseaux'
Image : The Royal Collection Trust


From a set of twenty one plain-edged soft-paste porcelain plates
Tournai (Belgium)
Soft paste porcelain, c.1787
Tournai porcelain combined-service ordered by Philippe, duc d'Orleans in 1787, painted with birds from Buffon's 'Histoire Naturelle des Oiseaux'
Image : The Royal Collection Trust



From a set of twenty-seven soft-paste porcelain plates
Tournai (Belgium)
Soft paste porcelain, c.1787
Tournai porcelain combined-service ordered by Philippe, duc d'Orleans in 1787, painted with birds from Buffon's 'Histoire Naturelle des Oiseaux'
Image : The Royal Collection Trust


Image : The Royal Collection Trust

Merci LNLN pour cette belle présentation !

Des pièces de ce services sont rééditées par les boutiques royales anglaises :


Cliché personnel

175 £ l’assiette, 600 £ le rafraîchissoir

C'est toujours bien moins cher que les originaux...

Merci pour ces compléments.

Il m'amuse toujours de penser que le graveur ornithologue de Buffon portait un nom d'oiseau ...  

François-Nicolas Martinet coopéra aussi à l'Encyclopédie.

Sur l'immense table du "gueuleton entre amis" (les Macron reçoivent Charles et Camilla au château de Versailles  ) organisé ce 21 septembre...

Brigitte Macron, Le Roi Charles III, Emmanuel Macron et la Reine Camilla, lors du toast, dans la galerie des Glaces du château de Versailles
Image : Eric Tschaen-Pool / SIPA


...nous retrouvons le plus ancien service de Sèvres déposé au palais de l'Élysée, à savoir celui dit "Duplessis aux oiseaux" qui date de 1872 (d'après le service original de 1758) :

Image : Victoria Koussa / Radio France


Assiette plate du service Duplessis, décor Aux oiseaux
Nouvelle édition. Date création : 1758
Jean-Claude Duplessis
Porcelaine à pâte dure émaillée, or pur 24 carats
Diam. 25 cm
Image : Sèvres, manufacture et musée

Présentation :

Ce service fut créé à Vincennes en 1758, sous le règne du roi Louis XV, par son orfèvre Giovanni Claudio Ciambellano, dit (Jean-Claude) Duplessis père. Cette forme festonnée évolua tout au long du XVIIIe siècle.
L'influence des Encyclopédistes de la fin des règnes de Louis XV puis de Louis XVI, mit à la mode les scènes naturalistes, à travers leurs écrits et leurs études. Les planches de l'Histoire naturelle de Buffon parurent entre 1749 et 1789 et inspirèrent beaucoup les décorateurs de la Manufacture de Vincennes, puis de Sèvres.

Depuis le Second Empire, plusieurs décors d'oiseaux furent créés pour le Palais de l'Elysée qui utilise encore de nos jours ce service, lors de réceptions officielles.

* Source texte : Sèvres. Cité de la céramique



Service Duplessis
Exposition "Je mange donc je suis" (2020), Museum National d'Histoire Naturelle
Image : MNHN - J.C Domenech

La nuit, la neige a écrit: Sur l'immense table du "gueuleton entre amis" (les Macron reçoivent Charles et Camilla au château de Versailles  ) organisé ce 21 septembre...

Quelle guigne !    J'ai eu un impondérable de dernière minute !!!  ( la chaise vide,  là, entre Mick Jagger et Hugh Grant ... )

Bonjour, bonsoir à tous, merci de me donner la possibilité de faire partie de votre forum.
Je suis ce forum de Marie-Antoinette (et son ancienne version) depuis une douzaine d'années environ, et ce soir je participe pour la Ière fois.

Pour ce qui est du service aux oiseaux de l'Elysée, il y a plusieurs inexactitudes dites et redites dans les journaux, et des incompréhensions sémantiques :
En 1758, Duplessis crée le service qui portera son nom, en effet, mais l'on parle uniquement de la forme Duplessis, c'est a dires des assiettes chantournées à côtes.
L'ancêtre véritable de la version actuelle, c'est le service vendu par Jacques Garcia il y a quelques mois à peine (voir les ornements et le motif de dorure a l'identique, mais sur porcelaine tendre et non pas dure, et une des réserves étant ornée des armes du commanditaire anglais).
La version "moderne" est commandée en 1855 et est livrée en 1858 au Palais des Tuileries, pour le compte de l'empereur Napoléon III, mais pour l'usage de l'impératrice Eugénie (et c'est tout a fait son goût si je puis me permettre).
Le service est renvoyé à Sèvres peu avant la Commune de Paris, suite au départ des souverains, ce qui le sauve de l'incendie du Palais des Tuileries.
En 1872, le service est "reversé" par le service des attributions de la Manufacture de Sèvres au Palais de l'Elysée, est nommé administrativement "service de 1858", et est fait "Service Officiel de la République" ce qui est toujours le cas. De multiples réassorts sont commandés à toutes les époques, en 2022 encore.

Je me suis passionné et spécialisé dans la porcelaine de Sèvres (plutôt du XIXème), et j'aurais plaisir a échanger régulièrement avec vous a ce sujet.

Montmorin a écrit:
Je me suis passionné et spécialisé dans la porcelaine de Sèvres (plutôt du XIXème), et j'aurais plaisir a échanger régulièrement avec vous a ce sujet.

Le plaisir sera partagé, croyez-le !
 Je vous remercie pour cet intéressant premier message que j'espère beaucoup d'autres suivront .  
Soyez le bienvenu !

Montmorin a écrit:
En 1872, le service est "reversé" par le service des attributions de la Manufacture de Sèvres au Palais de l'Elysée, est nommé administrativement "service de 1858", et est fait "Service Officiel de la République" ce qui est toujours le cas.

"Service Officiel de la République" :  choix  donc quasi-obligatoire   pour le dîner du 21 septembre ?
Celui du duc d'Orléans, aux oiseaux de Buffon et décor un peu similaire, ne comptait pas moins de 1 593 pièces, paraît-il.

J'aime énormément ces services "aux " de Buffon.🥰

Bonjour Montmorin !





Clichés personnels

Voici la table dressée à l’Elysée le WE dernier pour les JEP avec le service Duplessis. Le cartel prête effectivement à confusion.

Soyez le bienvenu Montmorin (il était temps de nous rejoindre, depuis le temps que vous nous lisez !  ), et un grand merci pour ces informations complémentaires !  

Montmorin a écrit:Pour ce qui est du service aux oiseaux de l'Elysée, il y a plusieurs inexactitudes dites et redites dans les journaux, et des incompréhensions sémantiques :
En 1758, Duplessis crée le service qui portera son nom, en effet, mais l'on parle uniquement de la forme Duplessis, c'est a dires des assiettes chantournées à côtes.

Vous avez raison de le préciser, et je trouve bien plus étonnant de retrouver cette "inexactitude" de date sur le site même Manufacture et musée de Sèvres.   Déjà qu'il n'est guère étoffé...

La forme festonnée des assiettes uniquement donc, et non point le décor aux Oiseaux qui, en effet, est plus tardif. Nous le précisions d'ailleurs au début de ce sujet   :

La nuit, la neige a écrit:
Buffon attachait beaucoup d’importance aux illustrations, qui furent assurées par François-Nicolas Martinet pour les oiseaux, dans une édition in-folio en 10 volumes, publiée de 1771 à 1786. Au total, ce sont 1008 planches en couleurs, dessinées et gravées, et représentant 1239 espèces ornithologiques, qui seront éditées.
(...)
Utilisées par les peintres de la manufacture royale pour orner les services Buffon, les gravures en couleurs de Martinet pour l’Histoire naturelle des oiseaux vont donner sa véritable dimension au thème ornithologique à Sèvres.
Le succès des décors aux « oiseaux Buffon » donne naissance à la création de 15 luxueux services de table, appelés communément « services Buffon », entre 1782 et 1796.

Montmorin a écrit:
L'ancêtre véritable de la version actuelle, c'est le service vendu par Jacques Garcia il y a quelques mois à peine (voir les ornements et le motif de dorure a l'identique, mais sur porcelaine tendre et non pas dure, et une des réserves étant ornée des armes du commanditaire anglais).

Nous l'avons rapidement présenté dans notre sujet consacré à la Vente aux enchères de la collection Jacques Garcia, château de Champ-de-Bataille

Image : Sotheby's

A noter que, à aucun moment, le terme de "modèle Duplessis" est évoqué dans le descriptif de la maison de vente...

J'en recopie à nouveau ici quelques extraits qui sont intéressants pour ce sujet. Le service est daté des années 1792-93.

Important service "beau bleu" ornithologique en porcelaine de Sèvres
1792 et 1793
comprenant quatre-vingt-douze pièces décorées d'oiseaux d'après François-Nicolas Martinet dans un paysage, dans un médaillon bleu foncé ou de feuillages en enroulement avec des guirlandes de fleurs et des réserves ovales dorées avec un autre oiseau, le marli avec les armoiries de la famille Sudell, chaque oiseau nommé en lettres minuscules,
Marques LL entrelacées, lette-date pp et qq pour 1792 et 1793, plusieurs marques de peintres et de doreurs et plusieurs marques incisées.


Image : Sotheby's

Comprenant : Vingt plats 'Plats ovales', de 39 à 59 cm ; Quatre saucières à anses et leur présentoir 'Saucières' and 'plateau losange saucière' ; Deux terrines et leur couvercle 'Terrines' (une avec la marque de peintre de Massy, les deux avec la marque du doreur Le Guay) ; Deux saladiers unis première grandeurs 'Saladieres unis 1e' (les deux avec la marque du peintre Bouillat père et du doreur Vincent) ; Treize assiettes à potage 'Assiettes à potage', (sept avec la marque du peintre Castel et deux avec celle de Massy, neuf avec la marque du doreur La France et quatre avec celle de Vincent) ; Quarante-cinq assiettes unies 'Assiettes unies' (quinze avec la marques du peintre Evans, neuf avec celle de Vieillard fils, sept avec celle de Barrat, trois avec celle de Drouet, une avec celle de Bouillat père, une avec celle de Castel et neuf avec des marques non identifiées, douze avec la marque du doreur Prévost, seize avec celle de Vincent, trois avec celle de Girard, une avec celle de L'Ecot, une avec celle de Chauvaux, une avec celle de La France et une avec celles de Vincent et L'Ecot).

On ajoute une paire de petits rafraîchissoirs à bouteille à décor similaire d'oiseaux mais bordure dorée d'enroulement feuillagé et fleuri provenant d'un service différent.


Image : Sotheby's


Note au catalogue (extraits) :

Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon, était un important naturaliste français du XVIIIe siècle, dont le livre, Histoire naturelle des oiseaux, a été décrit par Sacheverell Sitwell comme "certainement le livre d'oiseaux le plus ambitieux et le plus complet qui ait paru à l'époque de sa publication" et "toujours... l'un des livres d'oiseaux les plus importants" (Fine Bird Books 1700-1900, Londres, 1990, p. 83).
Les 1 008 planches, dont 973 représentent des oiseaux, ont été dessinées et gravées à l'origine par François Nicolas Martinet pour les neuf volumes consacrés aux oiseaux de l'Histoire naturelle, générale et particulière, avec la Description du Cabinet du Roi, l'ouvrage le plus ancien de Buffon, puis publiées séparément en dix volumes sous le titre d'Histoire naturelle des oiseaux, de 1770 à 1786.

Image : Sotheby's

L'importance de leur contribution à l'intérêt croissant pour l'étude de l'histoire naturelle dans l'Europe du XVIIIe siècle était telle que les gravures ont également apporté une contribution secondaire en tant que source pour la décoration des objets en porcelaine de la manufacture de Sèvres, qui comprenait le célèbre service Eden à fond vert et bordure en œil-de-perdrix (voir mon premier message), un autre service similaire commandé par le baron de Kendal, banquier parisien, et le présent service à fond beau bleu commandé au nom d'un Anglais, M. Sudell.

Image : Sotheby's

Les armoiries dorées présentes sur la décoration du service ont été identifiées comme étant celles de la famille Sudell du Lancashire. Sir Geoffrey de Bellaigue a suggéré que les armoiries pourraient être celles d'Henry Sudell. Issu d'une longue dynastie de magnats du coton, Henry Sudell fit construire Woodfold Hall, Lancashire, en 1798, qu'il vendit en 1827 pour s'intaller à Ashley House, Box, Wiltshire. Bien qu'il ait été livré à Messieurs Lanos et Perregaux, en tant qu'agents, il est fait référence à un "Mr Suduell" en rapport avec ce service dans la correspondance conservée aux archives de la Manufacture Nationale de Sèvres.



D'autres archives relatives au service, y compris sa mention dans les registres de vente de Sèvres, les registres des artistes et les livres des fours de l'époque, ont été compilées et sont reproduites par David Peters, Sèvres Plates and Services of the 18th Century, Londres, 2005, Vol. IV, pp. 1003-05, Vol. VI, p. 1470 et Vol. VII, pp. 1721-32. L'auteur y fournit également une discussion plus complète sur le service et ses éléments constitutifs, sa commande, sa livraison et sa vente ultérieure "dans un état relativement complet" en 1889 chez Christie's, à Londres.
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* Sources et infos complémentaires : Sotheby's - Vente collection Jacques Garcia (Mai 2023)

Merci de votre accueil!

Voici deux assiettes vues de plus près avec des marques et formes qui varient légèrement :
Ici une assiette de la première commande en 1855 et première livraison en 1858 pour l'impératrice Eugénie. Ce sont des pièces très travaillées et qui étaient vraiment utilisée, pour le dessert.


On notera les marques S55 en vert de chrome pour la date ou l'assiette est enfournée pour la premiere fois, puis la marque datant la fin de la fabrication de la piece en 1858.


Et là une assiette plus récente, d'un réassort élyséen. Elle est plus plate, car ces réassorts ne sont utilisés que comme assiettes de présentation (l'on a pas besoin de contenir les aliments avec des ailes légèrement relevées).


Et au dos les marques qui indiquent une assiette enfournée pour la première fois en 1881 et terminée en... 1903!


Bien à vous,
Montmorin