Le bon docteur Tronchin

Théodore Tronchin, né le 24 mai ou 24 juin 1709 à Genève et mort le 30 novembre 1781 à Paris, est un médecin genevois, très célèbre et réputé. Il est le promoteur de l'inoculation et collabora à l'Encyclopédie. Il était également célèbre pour sa manière de traiter ses malades, très différente de celle de l'époque et de ses confrères.

Sa famille descendait de Rémi Tronchin, officier au service d’Henri IV. Le père de Théodore Tronchin, Jean-Robert Tronchin (1670-1730), était l’un des plus riches banquiers de Lyon et de Genève où il était membre du Conseil des Deux-Cents (il sera ruiné lors de la banqueroute du système Law). Sa mère, Angélique Calandrini (1692-1715), d'ascendance italienne, mourut jeune.

Tronchin avait été tout d’abord destiné à une carrière toute différente : son père "austère et rigide" avait résolu d’en faire un ecclésiastique. Mais le jeune homme, tout en étant assez assidu à ses études, aimait passionnément fêtes et danses, courant au bal toute la nuit.
Après la ruine de son père, Tronchin fut envoyé dès l’âge de seize ans, en Angleterre, auprès de lord Bolingbroke, un parent. Mais cet homme d’État se trouvait alors en disgrâce : il ne put rendre d’autre service au jeune Genevois, que de diriger ses études, et de lui procurer l’amitié de plusieurs savants et c’est en Angleterre, au cours de ses études d’humanités qu’il se décida à embrasser la carrière médicale. Il suivit les cours de l’université de Cambridge où il eut pour premier maître le fameux Docteur Mead, médecin de Georges II. La lecture des ouvrages de Boerhaave lui inspira un si vif désir de l’entendre en personne, qu’il se rendit aussitôt à l’université de Leyde, où il se livra avec passion à l’étude de la médecine sous les auspices de cet homme illustre.

Très vite, Tronchin connaît le succès et surtout étonne par ses méthodes, résolument modernes pour l'époque : se déclarant "ennemi des superstitions qui paralysent toute évolution de la médecine", il promeut l'inoculation en France, après s'y être lui-même soumis ainsi que toute sa famille. Il promouvait le grand air, l'exercice, l'hygiène et une alimentation saine. Dans le même temps, il vitupérait contre les corsets et le "ligotage des chairs", le port des perruques et des chaussures à talons, dénonçait une alimentation trop riche, une vie trop sédentaire et le manque d'exercice. Alors qu'à l'époque, on cloîtrait les malades dans leur chambre, Tronchin faisait ouvrir grand les pièces pour aérer. Il relevait les femmes dès le lendemain de leurs couches, dénonçait les langes trop serrées des nouveaux-nés et aurait même incité certains cardiaques à trotter derrière leur carrosse pour se fortifier le coeur ! Limitant au maximum saignées et médicaments, il conseillait l'hygiène, le grand air, l'exercice et un régime adapté. Il était particulièrement intéressé par la gynécologie et aimait s'occuper des femmes et des enfants, prônant l'allaitement maternel.

Ces méthodes inhabituelles lui réussirent : il devînt rapidement le médecin des plus grands et des élites qui appréciaient également sa douceur et ses manières "gracieuses". Ce qui n'empêchait pas notre homme d'être d'une grande bonté : il consacrait deux heures par jour à recevoir et soigner les pauvres. Pendant ces consultations, il avait un sac d’argent près de lui, donnant à chaque malade de quoi se procurer les médicaments qu’il prescrivait. Ses libéralités étaient si nombreuses que, bien que gagnant très bien sa vie, il ne laissa à ses enfants qu’une fortune médiocre.
Installé à Amsterdam puis à Genève, il soigna Voltaire, Rousseau avant de devenir le médecin personnel du duc d'Orléans, père du futur Philippe-Egalité. Louis XV le reçût en audience privée, l'accueillant avec grande bienveillance.

Notre bon docteur mourût au Palais-Royal, à 78 ans et ce fût Condorcet qui prononça son éloge à l'Académie des Sciences.

Merci, mon cher Charles-Alexandre, pour l'ouverture de ce sujet !  
Je rappelle cet autre, dévolu à la médecine des Lumières :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t2333-la-medecine-des-lumieres?highlight=MEDECINE

Le docteur Tronchin était médecin ordinaire de Mme de Polignac .  

Cet ouvrage de Louis Lurine nous le rappelle  



Qu'est-ce que c'est que cette table dite à la Tronchin ?  

La table à la Tronchin est une table-pupitre à mécanisme qui permet au plateau de se transformer en abattant ou de se surélever en pupitre. Elle servait aux architectes de la fin du XVIIIe siècle et du XIXe. Ce mécanisme est une crémaillère dissimulée dans l'épaisseur de la ceinture.

Elle tire son nom du médecin genevois Théodore Tronchin (1709-1781) , spécialiste des maladies osseuses et pour qui Louis Dufour créa cette table dans la seconde moitié du XVIIIe siècle durant l'époque Louis XVI. Cette table devait donc faciliter la position de celui attablé pour éviter les scolioses en gardant le dos bien droit.
Ce bureau de dame s'appelle aussi table chancelière.

https://www.meubliz.com/definition/table_a_la_tronchin/

Coup d'oeil sur l'objet !

Le bon Docteur Tronchin avait en effet mis au point ce délicieux petit meuble à transformation pour soulager le dos de ses patients sédentaires.
Je veux le même (d’époque), remboursé par la sécu...

Pour aller plus loin :
" Constatant que rester assis de longues heures favorise les blocages et les irritations du côlon, il recommande l’emploi d’un bureau où l’on écrit debout et la promenade. "
(Wikipédia)

Notre bon docteur a également été à l'origine du verbe tronchiner, employé à l'époque pour " faire à pied des promenades matinales ". Et pour cela, les dames portaient une Tronchine, robe légère sans paniers ni corset...

Oh, c'est trop mignon, je retiens !!!
C'est fini, je ne me promènerai plus. Désormais, je tronchinerai !

Sans faire la tronche, s’il vous plait...

Jamais !!! Je laisse cela aux esprits chagrins, aux fâcheux ...

A la bonne heure ! Il faut savoir tronchiner le cœur léger...

Nous en parlions   , notre amie Marie-Jeanne l'a photographiée pour nous :  

Marie-Jeanne a écrit:
Située à Mazé dans le Maine-et-Loire, le château de Montgeoffroy vaut vraiment le détour.

Table de travail du docteur Tronchin