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Pierre-Sylvain Maréchal ( 1750 - 1803 )

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Pierre-Sylvain Maréchal  ( 1750 - 1803 )  Empty Pierre-Sylvain Maréchal ( 1750 - 1803 )

Message par Mme de Sabran Jeu 25 Mar 2021, 10:58

Pierre Sylvain Maréchal
( 1750 - 1803 )


Pierre-Sylvain Maréchal  ( 1750 - 1803 )  Sylvai10


Il est bien malheureux que Sylvain Maréchal ait eu une aussi piètre opinion de la gent féminine, car enfin il n'avait pas que de mauvaises idées, cet homme !  Very Happy
Passionné par l’égalité sociale, il est un précurseur de la grève générale et de l'anarchisme. Républicain, bien-sûr, enthousiaste des idées nouvelles et de la Révolution pendant laquelle il est l'un des plus fervents partisans de l'athéisme, il est aussi connu comme le rédacteur en chef du journal le plus lu de son époque : Les Révolutions de Paris .


Souffrant de bégaiement, il abandonne sa carrière d'avocat au Parlement de Paris pour se consacrer à l'écriture . Bibliothécaire au Collège Mazarin, il se nourrit de Rousseau, Voltaire, Helvétius, Diderot.
Il fréquente un cercle d’auteurs incroyants et développe une philosophie fondée sur un socialisme agraire où tous les biens seraient mis en commun. Il rêve d'un anarchisme utopique de l'âge d'or et se fait moraliste écrivant Le Temple de l'Hymen (1771), livre dans lequel il attaque les riches et prône le retour à la simplicité rustique des origines.




Pierre-Sylvain Maréchal  ( 1750 - 1803 )  1072_d11



Son livre de tous les âges présente le travail comme le premier devoir de l'Homme et développe une critique de l'inégalité. Dans ses Fragments d'un poème moral sur Dieu, il se revendique comme athée et remplace le culte de Dieu et de la foi par ceux de la vertu et de la raison, l'Age d'or et Livre échappé au déluge, dans lequel il parodie la Bible, considérant la religion comme un instrument des gouvernements oppressifs et un moyen d'exploitation sociale et économique .
Ses critiques virulentes du pouvoir absolu et son athéisme affiché lui font perdre son emploi . 


Eh que me fait un Dieu ?  Shocked  J’arrête ma pensée à ce qui frappe mes sens, et ne pousse point la curiosité jusqu'à vouloir trouver dans le ciel un maître de plus ; j'en rencontre assez déjà sur la terre. Croire qu'il y a quelque chose au-delà de ce Tout dont je fais partie, répugne à ma raison : si pourtant cet objet existe, il m'est parfaitement étranger. Où est le rapport entre nous ? Renfermé dans les limites de l'univers que j'habite, ce qui se passe chez mes voisins ne me regarde pas. Ce n'est point mon affaire. Le seuil de ma maison est pour moi les colonnes d'Hercule. Il y a bien loin de l'homme à ce qu'on appelle un Dieu. Ma vue est trop courte pour porter jusque là. À de si grandes distances on ne peut guère s'entendre. J'ai d'ailleurs tout ce qu'il me faut sous la main ; des droits à exercer, des devoirs à remplir, et des jouissances, résultat de mes devoirs et de mes droits. Les plus tendres affections du cœur, les plus douces illusions de l'esprit trouvent autour de moi, en moi, et à chaque instant de ma vie, des aliments pris dans la nature des choses. Je n'ai pas un moment à perdre. Chaque saison de mon existence m'offre des sujets variés de contentement.[...]
Entouré, pressé de mes parents, de ma femme, de mes enfants, de mon ami, où est la place d'un Dieu ? Il n'a que faire au milieu d'une famille bien unie. On n'en sent point du tout la nécessité. Il ne manque rien à un bon fils, à un bon mari, à un bon père de famille.



L'abbé de Saint-Pierre disait : La dévotion est la petite vérole de l'âme tous les esprits faibles en restent marqués.
( Dictionnaire des athées anciens et modernes , S. Maréchal 



En 1785, son nom figure dans la liste des membres de la loge " La céleste amitié ". Il est possible qu'il ait appartenu à une loge maçonnique dès 1777.

Pierre-Sylvain Maréchal  ( 1750 - 1803 )  Tzolz302Pierre-Sylvain Maréchal  ( 1750 - 1803 )  Tzolz303Pierre-Sylvain Maréchal  ( 1750 - 1803 )  Tzolz304


En 1788, il fait paraître son Almanach des Honnêtes Gens dans lequel il substitue aux saints des personnages historiques célèbres, annonçant ainsi le futur calendrier révolutionnaire ; l'ouvrage est condamné à être brûlé par le Parlement et son auteur interné trois mois. 

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Pour son humiliation, il purge cette peine, non pas à la Bastille avec les opposants politiques, mais à la sinistre prison parisienne de Saint-Lazare où étaient enfermés les gens « de mœurs douteuses ». Par la suite, tous ses écrits paraissent de manière anonyme, ce qui lui permet d'échapper aux poursuites judiciaires et d'écrire jusqu’à sa mort.


Sorti de prison, Sylvain Maréchal s’enthousiasme pour la Révolution naissante dont il se fait propagandiste ; il publie Le Tonneau de Diogène, un journal anticlérical paru entre janvier et mars 1790, diverses brochures et un Dictionnaire des Honnêtes Gens en introduction à son almanach pour 1791, et collabore à partir d'octobre 1790 aux Révolutions de Paris  au sein duquel il conduit une virulente campagne anticléricale, sa marotte.




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Homme à tout faire de Prudhomme, il publie un article anonyme dénigrant Robespierre.  Cette attaque vient s'ajouter aux campagnes dirigées par la presse girondine ( dans la Chronique de Paris) contre Robespierre dans le cadre du débat sur la guerre. 
Tous les articles consacrés par Sylvain Maréchal à la question de la guerre manifestent son opposition, depuis décembre 1791 jusqu'au printemps 1792. Dans le no 130, il critique sévèrement le projet d'Adresse aux Français présenté par Vergniaud et, considérant que la guerre est un jeu de prince, il affirme : « La gloire, nous n'en voulons pas, nous ne voulons que le bonheur ». En janvier 1792, il exprime ses craintes à l'égard d'« une guerre longue, ruineuse, incertaine dans ses issues ».
 En mars,  à la mort de Léopold II, il juge que, « comme le plus ou moins de certitude de la victoire ne légitime point une invasion... cette mort ne doit rien changer à la disposition des esprits ». 

Sa théorie pacifique de la transformation révolutionnaire est un autre aspect de son progressisme idéologique.
De temps immémorial on nous répète avec hypocrisie, les hommes sont égaux; et de temps immémorial la plus avilissante comme la plus monstrueuse inégalité pèse insolemment sur le genre humain.

Le 28 avril 1792, il épouse Marie-Anne-Nicolas Desprès.  Pierre-Sylvain Maréchal  ( 1750 - 1803 )  Smiley18
 L'amour est, pour ainsi dire, une électricité morale et physique tout à la fois, le courant passe ou ne passe pas. 
(  Le dictionnaire d'amour 1788)

 Elle est la fille d'un négociant de Dijon  et sœur de Jean-Baptiste-Denis Desprès (1752-1832), secrétaire du conseil d'agriculture au ministère de l'Intérieur, auteur de pièces jouées au Vaudeville.
En 1793, il fait paraître un Correctif à la Révolution, qui lui fixe pour but la reconstruction de la société sur la base de communautés familiales de centaines de personnes séparées les unes des autres, remplaçant l'Etat et le gouvernement par un ordre patriarcal. 


À la même époque, il s'essaye au théâtre :

 — Le Jugement dernier des rois   Pierre-Sylvain Maréchal  ( 1750 - 1803 )  Conten21 
 est donné le 17 octobre 1793, au lendemain de l'exécution de Marie-Antoinette 

— et à l'opéra — en collaboration avec Grétry pour La Fête de la Raison, jouée après Thermidor sous le titre : La Rosière républicaine 


Pierre-Sylvain Maréchal  ( 1750 - 1803 )  Tzolz301 


 Il compose aussi des hymnes pour les fêtes décadaires.
Ill dénonce la Terreur dans son Tableau historique des événements révolutionnaires de l'an II (1795).


Toutefois, lié avec Gracchus Babeuf  Pierre-Sylvain Maréchal  ( 1750 - 1803 )  Image209 qu'il a rencontré en mars 1793, il s'engage dans la conjuration des Egaux et rédige le Manifeste des Égaux (1796), qui en fait l’un des précurseurs du communisme et, selon certains, l’un des premiers anarchistes. 


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Membre du directoire secret de salut public, il parvient cependant à échapper aux poursuites, quand la conspiration est éventée.
Dans ses ouvrages suivants, il reprend son combat athée,  Pierre-Sylvain Maréchal  ( 1750 - 1803 )  66235510
 notamment à travers la brochure Culte et lois d'une société d'Hommes sans Dieu (an IV), et écrit plusieurs textes inspirés par l'actualité.
Retiré à Montrouge, il se consacre avec Lalande un Dictionnaire des athées après le 18 brumaire.

Encore peu soucieux des droits des femmes, comme la majorité des hommes révolutionnaires, il rédige en 1801 un texte, très controversé, sur un Projet de loi portant défense d’apprendre à lire aux femmes


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Mme de Sabran a écrit:
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Le révolutionnaire Sylvain Maréchal opère un étonnant retour dans le monde éditorial en 2007 avec deux rééditions de son surprenant Projet d’une loi portant défense d’apprendre à lire aux femmes ainsi que d’une 2e édition du recueil de Geneviève Fraisse contenant la réponse d’Albertine Clément-Hémery aux élucubrations du « berger Sylvain ». Publié pour la première fois en 1801, le texte de Maréchal a déjà connu quatre rééditions au xixe siècle avant celles du xxie siècle. Le propos du « plaisantin antiféministe » comme l’écrit Bernard Jolibert, souvent cité parmi les historiennes des femmes depuis le livre de Geneviève Fraisse, Muse de la raison, va pouvoir rencontrer maintenant un public plus large qui découvrira avec étonnement ce texte qui expose sur une centaine de pages « Les inconvénients graves qui résultent pour les deux sexes de ce que les femmes sachent lire » (considérant deux des motifs de sa loi).
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La longue introduction de Bernard Jolibert confirme l’interprétation dominante classique de ce texte : malgré les idées progressistes de Maréchal, auteur en particulier du Manifeste des égaux en 1796, et malgré le ton plaisant de son texte, celui-ci est convaincu de l’infériorité des femmes et souhaite les cantonner à la sphère familiale. L’intérêt de la réédition chez L’Harmattan est de montrer comment son discours antiféministe s’insère dans un débat plus vaste sur la place des femmes dans la société. En effet, les penseurs des Lumières sont nombreux à revendiquer une éducation plus sérieuse pour les femmes, revendication qui aurait pu aboutir sous la Révolution. Pour le publiciste et poète Maréchal, le débat révolutionnaire offre au contraire l’occasion d’exprimer un point de vue hautement réactionnaire envers l’instruction féminine, puisant, selon B. Jolibert, dans la pensée de Xénophone, de Plutarque et de Rousseau pour revendiquer une éducation domestique sous le contrôle des pères, où les filles sont exclues de toute instruction. Le projet de loi représente l’aboutissement de sa pensée où, sous un ton humoristique, il s’oppose à toute participation féminine à la sphère publique.
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Les cent treize considérations qui précèdent les quatre-vingts articles de la loi sont dans la lignée d’une tradition d’idées misogynes et sexistes concrétisées pour certaines dans le Code civil de Bonaparte en 1804. Si l’auteur sait incontestablement qu’une loi prohibant la lecture aux femmes n’a pas véritablement de sens, le fond de sa pensée s’appuie sur des idées qui auront la vie longue. Ainsi son pamphlet est un plaidoyer pour ramener les femmes dans l’espace privé de la maison en évoquant le danger pour les moeurs et pour la chose publique quand les femmes s’occupent de la vie de la Cité. Résolument hostiles à toute instruction féminine, les considérations évoquent la « mort précoce de plusieurs jeunes filles que leurs mères avaient condamnées à l’étude des langues et à d’autres sciences » (n° 39), mais, plus grave encore « la discorde dans un ménage quand une femme en sait autant ou plus que le mari » (n° 44), comme évidemment la menace politique des « diplomates femelles » (n° 32). Quelques exemples des articles de loi illustrent bien le sens de son argument : « La Raison veut que chaque sexe soit à sa place, et s’y tienne » (art. III) ; « Il est aussi révoltant et scandaleux de voir un homme coudre, que de voir une femme écrire : de voir un homme tresser des cheveux que de voir une femme tourner des phrases » (art. V) ; « La Raison veut que les maris soient les seuls livres de leurs femmes » (art. XII) ; « La Raison n’approuve pas ces maisons d’éducation pour les jeunes demoiselles, où on leur apprend tout, excepté la seule chose qu’elles doivent connaître, la science du ménage » (art. XXIV) ; « Une femme poète est une petite monstruosité morale et littéraire ; de même qu’une femme souverain est une monstruosité politique (art. XLV) ». L’influence de la pensée de Jean-Jacques Rousseau est dans son texte explicitement revendiquée.
L'article en entier :
https://journals.openedition.org/rfp/871

 Marie-Armande Jeanne Gacon-Dufour Pierre-Sylvain Maréchal  ( 1750 - 1803 )  Madame13
soutient contre lui à cette occasion une polémique qui instaure, entre eux, une étroite amitié.
Bravo !  Pierre-Sylvain Maréchal  ( 1750 - 1803 )  309649167
J'aime bien cette conclusion.  Very Happy
Elle montre que Pierre-Sylvain n'était pas obtus.  Il gagne à être connu, cet homme . 


Le 18 janvier 1803, à midi, il meurt à Montrouge, entouré de Mme Gacon-Dufour, de sa femme et de sa belle-sœur. Il est inhumé le lendemain. 
Il laisse un ouvrage, De la Vertu, publié à titre posthume .

Pierre-Sylvain Maréchal  ( 1750 - 1803 )  Ode10

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Message par La nuit, la neige Jeu 25 Mar 2021, 19:20

Merci pour cet intéressant petit sujet biographique... Smile
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