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Le mariage manqué de la grande-duchesse Alexandra Pavlovna, petite-fille de Catherine II de Russie, et Gustave IV de Suède

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Le mariage manqué de la grande-duchesse Alexandra Pavlovna, petite-fille de Catherine II de Russie, et Gustave IV de Suède Empty Le mariage manqué de la grande-duchesse Alexandra Pavlovna, petite-fille de Catherine II de Russie, et Gustave IV de Suède

Message par Mme de Sabran Mar 03 Aoû 2021, 09:42


Extrait de notre Jeu de l'été, hier soir .  Very Happy

Dominique Poulin a écrit:
Il était de coutume jadis à ce que les princesses qui épousent des princes étrangers changent de religion dans leurs nouvelles patries d'adoption.
Or, cela n'a pas toujours été le cas et certaines cours qui proposaient leurs princesses refusaient à ce qu'elles en changent.
Au XVIIIe siècle, cela se produisit au moins une fois et causa un grand scandale.
Quels sont les Cours concernées et les princes qui devaient se marier ?
Les fiançailles devinrent caduques.

Lecréateur a écrit:
Il ne peut s'agir que des cours de Russie et de Suède, et donc de la grande-duchesse Alexandra Pavlovna (fille du futur empereur Paul I de Russie et de Sophie-Dorothée de Wurtemberg = Maria-Fiodorovna par le mariage) et du roi Gustave IV Adolphe de Suède... lequel rompit les fiançailles... en ne se présentant pas à la cérémonie !

Le mariage manqué de la grande-duchesse Alexandra Pavlovna, petite-fille de Catherine II de Russie, et Gustave IV de Suède 4

Dominique Poulin a écrit:
Ça c'est la grande classe, Le Créateur, dès la première réponse, bingo, en plein dans la cible !   Le mariage manqué de la grande-duchesse Alexandra Pavlovna, petite-fille de Catherine II de Russie, et Gustave IV de Suède 309649167

Je donne ici un extrait du livre de Hélène Carrere d'Encausse qui relate ces fiançailles sans lendemain :

Pages 564-570 :

" Ayant disposé de ses deux petits-fils sans consulter leurs parents, ignorant les mises en garde de ceux-ci que la jeunesse des jeunes mariés éprouvait, Catherine décida ensuite de faire porter ses efforts sur une alliance suédoise.
L'aînée de ses petites-filles Alexandra, âgée de treize ans en 1793, fort belle et cultivée pour convoler avec le prince héritier de Suède qui montera sur le trône sous le nom de Gustave-Adolphe IV.

Le mariage manqué de la grande-duchesse Alexandra Pavlovna, petite-fille de Catherine II de Russie, et Gustave IV de Suède 800px-80

Le roi Gustave IV Adolphe
par Per Krafft le Jeune
Image WIKI

Certes, la guerre Russo-suédoise était terminée, Catherine II et Gustave III avaient correspondu en termes chaleureux, mais comment oublier à quel point Russie et Suède avaient été ennemies  : quoi de mieux qu'une alliance matrimoniale pour conférer à la paix retrouvée en 1790 l'allure d'un pacte familial durable ? Dès 1793, l'impératrice s'agite pour préparer cette alliance. Au printemps de 1794,son ambassadeur à Stockholm, Roumiantsev lui confirme que le projet y rencontre un bon accueil, mais trace dans une dépêche un portrait quelque peu déconcertant du jeune prince. Au physique : délicat, voire souffreteux, et affligé parfois de tics nerveux ; au moral, plutôt lent et renfermé, même si la diplomatie souligne que ces traits sont plutôt caractéristiques d'une extrême jeunesse, et destinés à laisser place dans l'avenir à une personnalité plus avenante. A partir de ce moment, l'histoire de ce projet de mariage va tourner au scandale diplomatique, menaçant de ruiner pour longtemps les relations entre les deux pays.
En 1794, le Régent de Suède, plutôt encourageant, déclara qu'il fallait attendre la majorité du prince - dix-sept ans - pour que le projet d'union s'accomplisse. Le prince, devenu majeur, à la fin de 1795, le scandale éclata aussitôt.
Oublieuse des négociations engagées avec la Russie, la cour de Stockholm annonça les fiançailles de Gustave-Adolphe avec la princesse Louise-Charlotte de Mecklembourg-Schwerin. Pour Catherine II, le camouflet était énorme : mais elle tenait fortement à son projet et n'entendait pas y renoncer. Elle expédia plusieurs émissaires au prince de Mecklenbourg afin de lui faire comprendre que ce mariage ne devait pas avoir lieu, qu'il se heurterait aux plus grandes difficultés et que la Russie, le cas échéant, tiendrait cette principauté pour son ennemie. L'union annoncée, échoua nullement en raison des manœuvres de Catherine, mais parce que Gustave-Adolphe lui-même, dans un sursaut d'indépendance, vis à vis du régent, déclara qu'il refusait de se marier avant d'être couronné - ce qui signifiait que devenu roi, il déciderait seul de son choix. Du coup, Catherine pouvait reprendre ses efforts, même si le Régent, humilié par son echec, multiplia à son encontre des déclarations décourageantes et hostiles.

Les relations Russo-suédoises se degraderent alors gravement. Heureusement, Bezborodko veillait et prodigua à l'impératrice des conseils d'apaisement. Le fruit de la sagesse fut l'envoi à Stockholm de l'ancien maître en sciences militaires des jeunes grands-ducs, le général baron de Boudberg. Chargé de la mission combien délicate de renouer les fils de la négociation, promu ambassadeur pour l'occasion, Boudberg fut à Stockholm l'envoyé personnel de Catherine. Commencée en mars 1796, la mission Boudberg fut marquée d'éclats et de crises qui semblaient conduire à la rupture. (........) Le ton de l'ultimatum, les exigences exposées, tout témoigne de la fureur de Catherine. Aux conditions déjà évoqués, elle ajoute que le roi doit venir en Russie pour que sa petite-fille puisse décider s'il lui convient. (.......) Elle insiste aussi sans relâche sur ses exigences internationales : en premier lieu, que Stockholm confirme les causes frontalières du traité de Werala et celles des traités politiques antérieurs.
Ces exigences sont aussi dictées par l'amour-propre quand l'impératrice exige sa volonté que le jeune prince " vienne à Canossa ", c'est-à-dire vienne se présenter à la princesse pour que celle-ci décide en connaissance de cause. En général, le voyage se faisait en sens inverse : les princesses qui devaient épouser des rois se présenter à la cour ou elles étaient censées vivre par la suite. Mais Catherine se montra intraitable : ayant reçu de son ambassadeur l'assurance que ses exigences politiques étaient acceptées , elle attendit de pied ferme Gustave Adolphe, convaincue d'avoir gagné la partie.

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Portrait de la grande-duchesse Alexandra Pavlovna de Russie
par Vladimir Borovikovsky (v. 1798-1800)
Image WIKI

Alors que tout semblait résolu, l'affaire du mariage tourna au cauchemar pour l'impératrice. Gustave-Adolphe et le regent, enfin arrivés dans la capitale russe sous des noms d'emprunt, leur présence fut saluée par des fêtes. Jusqu'alors, Catherine II avait fait porter au régent la responsabilité des difficultés entourant ce projet d'union et tenait le jeune souverain pour victime des manipulations de son tuteur. Elle allait avoir l'occasion de constater que la vérité se situait tout à l'opposé et que l'entêtement de Gustave-Adolphe était phénoménal

Tout achoppa sur la question religieuse. La partie russe, Catherine en tête, considérait que le problème de la religion de la future reine de Suède ne devait pas se poser. Le 19 septembre, Catherine fit au baron de Boudberg un récit détaillé de la crise qui éclata à ce propos. Gustave-Adolphe lui déclarant que la future reine devait embrasser le lutheranisme, elle même rétorqua que la Suède, dès 1794, avait accepté qu'il en fut autrement, et que de surcroît la petite-fille de l'impératrice de Russie ne pouvait en aucun cas abjurer sa religion. Intraitable, le roi se montra quasi insultant. Pour sauver la face, le contrat fut néanmoins signé, mais comporta une clause sur la liberté de conscience de la jeune princesse ; toutefois, le roi y fit ajouter que c'était seulement à sa propre majorité, soit deux mois plus tard, que le tout serait confirmé. Tout, dans son attitude, témoignait qu'il ne confirmerait rien et qu'on allait vers une rupture du contrat. Le roi et le Régent, rentrèrent donc en Suède. Le 1er novembre, Gustave-Adolphe IV monta sur le trône. Le mariage restait toujours incertain, chacune des parties campant sur ses positions. A la veille des cérémonies du couronnement, Boudberg avait informé l'impératrice qu'il croyait à une évolution positive de la situation, mais son optimisme était injustifié : le mariage n'aura jamais lieu. "

Gustave IV épouse l'année suivante la princesse Frédérique de Bade,  fille de Charles-Louis, margrave héritier de Bade et d'Amélie de Hesse-Darmstadt,  sœur cadette de l'impératrice Louise-Augusta de Bade, épouse du tsar Alexandre Ier de Russie, donc princesse allemande alliée à la famille impériale russe mais protestante.  Elle lui donnera cinq enfants. Le roi et la reine sont couronnés le 3 avril 1800 à Norrköping.


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La reine Frédérique de Suède
par Stieler,1810 ?
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