Les Mackau et Bombelles
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Autres contemporains : les hommes du XVIIIe siècle
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Re: Les Mackau et Bombelles
Voir aussi notre sujet sur les gouvernantes et sous-gouvernantes des Enfants de France.
Ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t2782-gouvernantes-et-sous-gouvernantes-des-enfants-de-france#80447
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Re: Les Mackau et Bombelles
Présentée prochainement en vente aux enchères...
L.A.S. “Marie Therese Charlotte de France”, Vienne 22 janvier 1796, à Madame de BOMBELLES
1 page et demie in-8, adresse, cachet de cire noire ; sous cadre.
Sur sa tante Madame Élisabeth.
On remarquera que Madame Royale y emploie sept fois le verbe aimer.
Madame Royale (un mois après sa libération du Temple) désirerait tant “voir celle que ma bonne tante Elisabeth aimoit tant vraiment j'aurois la consolation de parler d'elle avec vous, de vous dire combien elle a été affligée de votre depart, de votre separation. Elle a appris en prison que vous etiez grosse elle était tres inquiète [...] malgré toutes ses peines elle pensait souvent a sa chère Bombelles et moi a son exemple je vous aime [...] dans ce pays-ci tout le monde vous aime et vous admire, ce qui n'arrive pas a tous les français.
[...] aimez moi toujours et regardez comme une personne qui vous aime autant que ma Tante vous aimoit”...
Provenance : Ancienne collection Clément Riches (Révolution, 23-24 mai 2005, n° 720).
* Source et infos complémentaires : Thierry de Maigret MDV - Vente Collection Amaury Taittinger, Souvenirs historiques, le 24 juin 2019
Voir aussi notre sujet consacré au : marquis de Bombelles
L.A.S. “Marie Therese Charlotte de France”, Vienne 22 janvier 1796, à Madame de BOMBELLES
1 page et demie in-8, adresse, cachet de cire noire ; sous cadre.
Sur sa tante Madame Élisabeth.
On remarquera que Madame Royale y emploie sept fois le verbe aimer.
Madame Royale (un mois après sa libération du Temple) désirerait tant “voir celle que ma bonne tante Elisabeth aimoit tant vraiment j'aurois la consolation de parler d'elle avec vous, de vous dire combien elle a été affligée de votre depart, de votre separation. Elle a appris en prison que vous etiez grosse elle était tres inquiète [...] malgré toutes ses peines elle pensait souvent a sa chère Bombelles et moi a son exemple je vous aime [...] dans ce pays-ci tout le monde vous aime et vous admire, ce qui n'arrive pas a tous les français.
[...] aimez moi toujours et regardez comme une personne qui vous aime autant que ma Tante vous aimoit”...
Provenance : Ancienne collection Clément Riches (Révolution, 23-24 mai 2005, n° 720).
* Source et infos complémentaires : Thierry de Maigret MDV - Vente Collection Amaury Taittinger, Souvenirs historiques, le 24 juin 2019
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Voir aussi notre sujet consacré au : marquis de Bombelles
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Lettre de la marquise de Bombelles à Madame Royale
Voici à présent une lettre écrite à Madame Royale par Angélique de Bombelles au tout début de l'année 1796, et sa transcription .
La princesse libérée, seule survivante des prisonniers du Temple, vient d'arriver à Vienne .
Photo : Evelyn Farr
Lettre de Mme Mackau de Bombelles à la Princesse de France
Par la police
Ratisbonne, 3 janvier 1796
La princesse libérée, seule survivante des prisonniers du Temple, vient d'arriver à Vienne .
Photo : Evelyn Farr
Lettre de Mme Mackau de Bombelles à la Princesse de France
Par la police
Ratisbonne, 3 janvier 1796
Rien ne peut égaler la joie que j'ai éprouvée en apprenant qu'enfin Madame était rendue aux voeux de Leurs Majestés Impériales, aux voeux de tous les fidèles sujets du meilleur, du plus infortuné de tous les souverains, et qu'arrivée à Fussen elle y avait déjà joui de la consolation d'y trouver un ami, un parent dans la personne de S. A. l'Electeur de Trèves.
On nous mande que sa santé soit aussi bonne que sa satisfaction avait été réelle, et qu'elle avait causé l'admiration de tous ceux qui avaient eu le bonheur de l'approcher. Tous ces détails sont bien faits pour que je supporte avec patience le chagrin que j'éprouvais d'avoir, par toutes les incertitudes qui ont précédé l'arrivée de Madame à Bâle, été privée du bonheur d'y aller pour lui faire ma cour, et de profiter de la permission qu'elle avait bien voulu m'en faire donner par ma mère. Mon imagination s'occupe péniblement de la douleur que cette respectable mère aura éprouvée de s'arracher à la seule consolation qu'elle pût goûter au milieu de tous les malheurs qui l'ont accablée. Son profond attachement pour Madame lui aura donné du courage et la satisfaction de ma soeur aura allégé sa douleur.
Puisse Madame goûter enfin le repos, le bonheur dont son âme eut être encore susceptible .
On nous mande que sa santé soit aussi bonne que sa satisfaction avait été réelle, et qu'elle avait causé l'admiration de tous ceux qui avaient eu le bonheur de l'approcher. Tous ces détails sont bien faits pour que je supporte avec patience le chagrin que j'éprouvais d'avoir, par toutes les incertitudes qui ont précédé l'arrivée de Madame à Bâle, été privée du bonheur d'y aller pour lui faire ma cour, et de profiter de la permission qu'elle avait bien voulu m'en faire donner par ma mère. Mon imagination s'occupe péniblement de la douleur que cette respectable mère aura éprouvée de s'arracher à la seule consolation qu'elle pût goûter au milieu de tous les malheurs qui l'ont accablée. Son profond attachement pour Madame lui aura donné du courage et la satisfaction de ma soeur aura allégé sa douleur.
Puisse Madame goûter enfin le repos, le bonheur dont son âme eut être encore susceptible .
Dernière édition par Mme de Sabran le Mar 09 Juil 2019, 18:19, édité 1 fois
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Re: Les Mackau et Bombelles
Je croyais que la lettre d'Angélique finissait sur cette phrase, mais non .
Voici donc la suite :
Archives de Vienne
Photo Evelyn Farr
Voici donc la suite :
Archives de Vienne
Photo Evelyn Farr
Je la supplie de recevoir les voeux que m'inspirent la fidélité, la reconnaissance la plus sentie envers la mémoire de nos souverains, de mon infortunée Princesse . Il me permettra de porter sur Elle tout l'attachement de dévouement que j'ai éprouvé d'une manière si déchirante pour ses Augustes Parents.
P.S. : Mon mari, le plus zélé des serviteurs de nos Rois; me charge de mettre aux pieds de Madame l'hommage de son profond respect.
J'espère que Madame aura reçu les deux lettres que j'ai eu l'honneur de lui écrire, une à Bâle et l'autre à Constance. Je reçois dans l'instant la lettre de ma soeur de Bâle et le petit mot plein de bonté que Madame daigne y insérer . Il a été couvert de mes larmes. Il m'inspire la reconnaissance la plus vive. Je n'ai pas besoin de l'assurer de la joie que j'éprouverais si j'obtenais la permission d'aller avec mon mari à Vienne, si je pouvais l'envisager et l'entretenir de tout mon coeur est si plein, mais je n'ose m'en flatter .
Quoiqu'il arrive, le désir que Madame a eu la bonté de me témoigner remplit mon âme de la gratitude la plus vraie, et mon respect, mon attachement, mon admiration pour la personne dureront autant que ma vie .
P.S. : Mon mari, le plus zélé des serviteurs de nos Rois; me charge de mettre aux pieds de Madame l'hommage de son profond respect.
J'espère que Madame aura reçu les deux lettres que j'ai eu l'honneur de lui écrire, une à Bâle et l'autre à Constance. Je reçois dans l'instant la lettre de ma soeur de Bâle et le petit mot plein de bonté que Madame daigne y insérer . Il a été couvert de mes larmes. Il m'inspire la reconnaissance la plus vive. Je n'ai pas besoin de l'assurer de la joie que j'éprouverais si j'obtenais la permission d'aller avec mon mari à Vienne, si je pouvais l'envisager et l'entretenir de tout mon coeur est si plein, mais je n'ose m'en flatter .
Quoiqu'il arrive, le désir que Madame a eu la bonté de me témoigner remplit mon âme de la gratitude la plus vraie, et mon respect, mon attachement, mon admiration pour la personne dureront autant que ma vie .
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Lettre de la marquise de Bombelles à Mme de Soucy
Voici maintenant une belle lettre d'Angélique de Bombelles à sa soeur, Mme de Soucy.
Nous y apprenons que Madame Royale passe pour être le portrait même de sa tante Madame Elisabeth.
Elle enchante tous ceux qui l'approchent. Nous dirions ... qu'elle fait un tabac !
Angélique mentionne là encore Marie-Caroline comme étant la bienfaitrice des Bombelles .
Il y a cependant un petit bémol dans tant d'enthousiasme, c'est l'inquiétude que Mme de Tourzel pourrait être préférée à Mme de Soucy, si jamais il y a une place vacante à pourvoir auprès de Madame Royale .
Archives de Vienne
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Madame de Mackau de Bombelles à Madame Souci ( sic )
Ratisbonne .... janvier 1796
Ma surprise a été égale à ma joie, ma bonne petite soeur ! en apprenant que tu avais eu le bonheur d'accompagner Madame . L'Electeur de Trève, qui a été enchanté de la Princesse qu'il a vue à Fussen, mande à son ... baron de Munich, qu'elle est aussi intéressante qu'il est possible de l'être et ajoute que Madame de Souci, fille de la respectable baronne de Mackau, l'accompagnait. M. de Munich a écrit tout de suite ces détails à mon mari. Le commencement de sa lettre m'a fait pleurer d'attendrissement, mais quand j'ai entendu prononcer ton nom, j'ai jeté un cri de joie qui a éveillé mes enfants qui dormaient . Pauvre petite, non je ne puis t'exprimer combien je suis contente et combien je désire de te voir . Ecris-moi bientôt si tu restes à Vienne attachée à Madame ? Je le désire bien vivement. Il serait bien cruel que tu fusses obligée de retourner en France; cette crainte trouble un peu ma joie . Je te conjure de me donner tout de suite des détails sur tout ce qui peut t'intéresser, ainsi que le sort de tes enfants, de notre bonne mère, de la bonne tante, et de tous nos parents.
Quel dommage que Ratisbonne n'est pas Vienne, mais enfin je ne veux pas regretter de te voir, puisque je dois ne m'occuper que de toi dans ce moment-ci, et que dans tous les instants de ma vie je n'aurai plus rien à souhaiter en te sachant heureuse . Je meurs d'impatience d'avoir de tes nouvelles, et j'ai la tête si tournée, et de la délivrance et de la Princesse et de la tienne, que tu ne dois pas attendre de moi un mot de sens commun. Tu trouveras à Vienne le brave Boitel . Je sais que tu ne peux mieux faire que de te laisser un peu diriger par lui dans un monde pour lors absolument nouveau. Il y a aussi, à Vienne, une Madame de Gagot, brabançonne, qui veut bien avoir quelque amitié pour moi et dont la société te sera extrêmement agréable, recherche-la. C'est une femme pleine de franchise et d'honnêteté et qui pourrait te prévenir si on tentait de te faire quelques tracasseries.
Mande-moi comment la Princesse aura été reçue par Leurs Altesses Impériales, fort bien, j'en suis sûre d'avance, mais les détails dans ce cas-là font tant de plaisir. Tâche surtout de plaire à l'Impératrice, si tu en trouves l'occasion, parle-lui de la reine de Naples, sa mère, à qui nous devons toute notre existence, parle-lui de notre reconnaissance et de la tienne. Mon mari vient de prier un ... de l'Empereur d'écrire à Vienne tout le bien que tu mérites qu'on dise de toi. Cette lettre partira aujourd'hui et ne peut faire qu'un bon effet, car nous sommes inquiets, je te l'avoue, qu'on ne regrette à Vienne Madame de Tourzel, et tu dois tout mettre en oeuvre pour te faire goûter et apprécier. Mande-moi si la Princesse paraît contente de t'avoir avec elle et si elle te traite bien . Comme je serais fâchée que tu fusses obligée de retourner en France, j'espère que cela ne sera pas, mais je ne serai tranquille que lorsque tu m'auras rassurée à cet égard . As-tu quelque argent avec toi ? Je suis bien pauvre mais si tu es dans l'embarras, mande-le moi et je ferai tout ce que je pourrai.
Charge-toi, chère amie, de remettre mon excuse à la Princesse, ainsi que celle de Madame de Raigecourt qui, croyant que j'avais le bonheur de voir Son Altesse Royale, m'a envoyé cette lettre . Combien je suis fâchée de n'avoir pu aller à Bâle ! Les incertitudes où nous avons été depuis huit mois sur l'échange de cette intéressante Princesse m'ont mise dans l'impossibilité de m'y rendre. Quoique grosse pour la sixième fois, j'irais bien à Vienne avec mon mari, si nous en avions la permission, mais j'ai bien peur que ce ne soit une chose bien difficile à obtenir, ne fais même là-dessus aucune démarche, car je serais désolée de te causer, non plus qu'à la Princesse, ni embarras ni chagrin . Peut-être qu'avec le temps nous pourrons nous embrasser, que je pourrais voir cette charmante Princesse qu'on dit être le portrait de feue notre Madame Elisabeth . Oh grand Dieu ! si celle-ci avait pu aussi échapper aux meurtriers, elle jouirait maintenant aussi de la liberté . Je la pleure tous les jours de ma vie, mais aussi je l'invoque comme une sainte et elle jouit sans doute d'un si grand bonheur qu'on ne doit pas s'en affliger, mais bien plutôt chercher à se rendre digne de la rejoindre un jour.
Je reçois dans l'instant la lettre de Bâle que le baron Degelmann m'a envoyée, je ne puis t'exprimer la joie qu'elle m'inspire !
Merci, mille fois merci d'avoir pensé à moi au moment où il t'a été possible de me donner de tes nouvelles. Les détails que tu me donnes sur la charmante Princesse, sa piété, sa générosité envers ses plus cruels ennemis, sa sensibilité en quittant le territoire français, son amabilité, sa grâce : tout m'a touchée jusqu'aux larmes et je me sens pour elle le plus tendre respect et la plus touchante admiration .
Ah ! comme je serais heureuse si j'obtenais la permission d'aller à Vienne, mais je n'ose m'en flatter . Je ne suis grosse que de quatre mois ainsi j'aurais bien le temps d'aller te voir et de revenir ici pour mes couches. Mais souviens-toi que je ne puis et ne dois y aller qu'autant que la permission serait pour mon mari comme pour moi. Je te le répète, je crains bien plus que je n'espère , et malgré mes voeux je suis résignée à ce que la providence décidera.
Le petit mot plein de bonté de la Princesse m'a inspiré la plus vive reconnaissance; dis-le lui bien et assure-la que, de loin comme de près, personne n'aura pour elle plus que moi de dévouement, que mon coeur et ma reconnaissance m'inspirent .
Embrasse bien pour moi ton chevalier, que je serais contente de le voir, de lui amener mes enfants, mais non, cela me rendrait trop heureuse . L'abbé de la Brosse me charge de te présenter ses hommages .
Quel dommage que Ratisbonne n'est pas Vienne, mais enfin je ne veux pas regretter de te voir, puisque je dois ne m'occuper que de toi dans ce moment-ci, et que dans tous les instants de ma vie je n'aurai plus rien à souhaiter en te sachant heureuse . Je meurs d'impatience d'avoir de tes nouvelles, et j'ai la tête si tournée, et de la délivrance et de la Princesse et de la tienne, que tu ne dois pas attendre de moi un mot de sens commun. Tu trouveras à Vienne le brave Boitel . Je sais que tu ne peux mieux faire que de te laisser un peu diriger par lui dans un monde pour lors absolument nouveau. Il y a aussi, à Vienne, une Madame de Gagot, brabançonne, qui veut bien avoir quelque amitié pour moi et dont la société te sera extrêmement agréable, recherche-la. C'est une femme pleine de franchise et d'honnêteté et qui pourrait te prévenir si on tentait de te faire quelques tracasseries.
Mande-moi comment la Princesse aura été reçue par Leurs Altesses Impériales, fort bien, j'en suis sûre d'avance, mais les détails dans ce cas-là font tant de plaisir. Tâche surtout de plaire à l'Impératrice, si tu en trouves l'occasion, parle-lui de la reine de Naples, sa mère, à qui nous devons toute notre existence, parle-lui de notre reconnaissance et de la tienne. Mon mari vient de prier un ... de l'Empereur d'écrire à Vienne tout le bien que tu mérites qu'on dise de toi. Cette lettre partira aujourd'hui et ne peut faire qu'un bon effet, car nous sommes inquiets, je te l'avoue, qu'on ne regrette à Vienne Madame de Tourzel, et tu dois tout mettre en oeuvre pour te faire goûter et apprécier. Mande-moi si la Princesse paraît contente de t'avoir avec elle et si elle te traite bien . Comme je serais fâchée que tu fusses obligée de retourner en France, j'espère que cela ne sera pas, mais je ne serai tranquille que lorsque tu m'auras rassurée à cet égard . As-tu quelque argent avec toi ? Je suis bien pauvre mais si tu es dans l'embarras, mande-le moi et je ferai tout ce que je pourrai.
Charge-toi, chère amie, de remettre mon excuse à la Princesse, ainsi que celle de Madame de Raigecourt qui, croyant que j'avais le bonheur de voir Son Altesse Royale, m'a envoyé cette lettre . Combien je suis fâchée de n'avoir pu aller à Bâle ! Les incertitudes où nous avons été depuis huit mois sur l'échange de cette intéressante Princesse m'ont mise dans l'impossibilité de m'y rendre. Quoique grosse pour la sixième fois, j'irais bien à Vienne avec mon mari, si nous en avions la permission, mais j'ai bien peur que ce ne soit une chose bien difficile à obtenir, ne fais même là-dessus aucune démarche, car je serais désolée de te causer, non plus qu'à la Princesse, ni embarras ni chagrin . Peut-être qu'avec le temps nous pourrons nous embrasser, que je pourrais voir cette charmante Princesse qu'on dit être le portrait de feue notre Madame Elisabeth . Oh grand Dieu ! si celle-ci avait pu aussi échapper aux meurtriers, elle jouirait maintenant aussi de la liberté . Je la pleure tous les jours de ma vie, mais aussi je l'invoque comme une sainte et elle jouit sans doute d'un si grand bonheur qu'on ne doit pas s'en affliger, mais bien plutôt chercher à se rendre digne de la rejoindre un jour.
Je reçois dans l'instant la lettre de Bâle que le baron Degelmann m'a envoyée, je ne puis t'exprimer la joie qu'elle m'inspire !
Merci, mille fois merci d'avoir pensé à moi au moment où il t'a été possible de me donner de tes nouvelles. Les détails que tu me donnes sur la charmante Princesse, sa piété, sa générosité envers ses plus cruels ennemis, sa sensibilité en quittant le territoire français, son amabilité, sa grâce : tout m'a touchée jusqu'aux larmes et je me sens pour elle le plus tendre respect et la plus touchante admiration .
Ah ! comme je serais heureuse si j'obtenais la permission d'aller à Vienne, mais je n'ose m'en flatter . Je ne suis grosse que de quatre mois ainsi j'aurais bien le temps d'aller te voir et de revenir ici pour mes couches. Mais souviens-toi que je ne puis et ne dois y aller qu'autant que la permission serait pour mon mari comme pour moi. Je te le répète, je crains bien plus que je n'espère , et malgré mes voeux je suis résignée à ce que la providence décidera.
Le petit mot plein de bonté de la Princesse m'a inspiré la plus vive reconnaissance; dis-le lui bien et assure-la que, de loin comme de près, personne n'aura pour elle plus que moi de dévouement, que mon coeur et ma reconnaissance m'inspirent .
Embrasse bien pour moi ton chevalier, que je serais contente de le voir, de lui amener mes enfants, mais non, cela me rendrait trop heureuse . L'abbé de la Brosse me charge de te présenter ses hommages .
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Mme de Sabran- Messages : 55609
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les Mackau et Bombelles
Merci pour cet inédit.
Je ne suis pas surpris. Madame Royale était beaucoup plus proche de son père (et par extension de la famille de son père) que de sa mère. N'oublions pas non plus qu'elle fut "élevée" par Mme Elisabeth entre 1793 et 1794.
La proximité entre Madame Royale et son père explique sans doute en grande partie sa froideur vis à vis de l'amant de sa mère, qu'elle snobera à Vienne...
Mme de Sabran a écrit:
Nous y apprenons que Madame Royale passe pour être le portrait même de sa tante Madame Elisabeth.
Je ne suis pas surpris. Madame Royale était beaucoup plus proche de son père (et par extension de la famille de son père) que de sa mère. N'oublions pas non plus qu'elle fut "élevée" par Mme Elisabeth entre 1793 et 1794.
La proximité entre Madame Royale et son père explique sans doute en grande partie sa froideur vis à vis de l'amant de sa mère, qu'elle snobera à Vienne...
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Les Mackau et Bombelles
Que de courbettes, mazette.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Les Mackau et Bombelles
Je pense, cher Duc, qu'il y a une réelle volonté de bienfaisance et de profond respect pour Madame Royale qui a supporté tant de souffrances. Il y a aussi, bien sûr, le langage aristocratique de l'époque avec beaucoup d'emphase. Cela peut ressembler à "des courbettes", mais je ne crois pas. En tout cas, je trouve cela très touchant et profond. On ne peut rester indifférent, la princesse Royale va pouvoir respirer sa liberté retrouvée grâce à toutes ces personnes.
Trianon- Messages : 3305
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: Les Mackau et Bombelles
Je crois vraiment aux deux : une grande part de sincérité et au moins autant de courtisanerie .
Nous voyons dans la lettre à Mme de Soucy qu'Angélique non seulement encourage et pousse sa soeur à bien se placer auprès de Madame Royale mais aussi de l'impératrice, fille de Marie-Caroline protectrice des Bombelles .
Il est probable que Mmes de Bombelles et de Soucy savaient, pour l'avoir entendu dire à leur mère Mme de Mackau, que Madame Royale avait été une petite fille au caractère difficile, mais le calvaire enduré par la princesse depuis faisait oublier tout le reste et forçait une véritable compassion et une admiration sans bornes . Comment ne pas pleurer d'attendrissement ( car tout le monde arrose ses lettres à chaudes larmes ) en songeant qu'elle est seule survivante du cauchemar ?
Nous voyons dans la lettre à Mme de Soucy qu'Angélique non seulement encourage et pousse sa soeur à bien se placer auprès de Madame Royale mais aussi de l'impératrice, fille de Marie-Caroline protectrice des Bombelles .
Il est probable que Mmes de Bombelles et de Soucy savaient, pour l'avoir entendu dire à leur mère Mme de Mackau, que Madame Royale avait été une petite fille au caractère difficile, mais le calvaire enduré par la princesse depuis faisait oublier tout le reste et forçait une véritable compassion et une admiration sans bornes . Comment ne pas pleurer d'attendrissement ( car tout le monde arrose ses lettres à chaudes larmes ) en songeant qu'elle est seule survivante du cauchemar ?
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Mme de Sabran- Messages : 55609
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les Mackau et Bombelles
Mme de Sabran a écrit: ( car tout le monde arrose ses lettres à chaudes larmes )
C'est tellement "courant" dans toutes ces lettres, que l'on finit par se demander si c'est vrai ou s'ils n'exagèrent pas tous un chouïa ?...
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Les Mackau et Bombelles
Oui, sans doute, un peu .
Il faisait partie de la bonne éducation de montrer beaucoup de sensibilité .
Les hommes eux-mêmes larmoyaient volontiers ...
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Mme de Sabran- Messages : 55609
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les Mackau et Bombelles
C'est celle d'Artois qui flashe le plus ! ... petit " m'as-tu vu ? " , va !
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Mme de Sabran- Messages : 55609
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les Mackau et Bombelles
Dans la famille de Mackau, je demande le fils, Armand-Louis de Mackau ( 1759 - 1827 )
Ministre du roi à Stuttgart et Naples - Lieutenant colonel de dragons.
Je suis toujours dans les Mémoires du duc des Cars ( Jean-François de Pérusse d'Escars )
Eté 1789. M. d’Escars
se rendit chez le duc de Wurtemberg, à Stuttgart. Jusque-là il avait été satisfait des dispositions de nos ministres auprès des petites cours d’Allemagne, de M. de Maulevrier à Bonn et du comte d’Okelly à Mayence; mais ici M. de Mackau, frère du marquis de Bombelles, lui parut pencher vers les principes révolutionnaires aussi, bien qu’il l’eût personnellement connu naguère, l’ayant eu sous ses ordres dans les gardes du corps du comte d’Artois, il se tint à son égard dans une soigneuse réserve.
Ministre du roi à Stuttgart et Naples - Lieutenant colonel de dragons.
Je suis toujours dans les Mémoires du duc des Cars ( Jean-François de Pérusse d'Escars )
Eté 1789. M. d’Escars
se rendit chez le duc de Wurtemberg, à Stuttgart. Jusque-là il avait été satisfait des dispositions de nos ministres auprès des petites cours d’Allemagne, de M. de Maulevrier à Bonn et du comte d’Okelly à Mayence; mais ici M. de Mackau, frère du marquis de Bombelles, lui parut pencher vers les principes révolutionnaires aussi, bien qu’il l’eût personnellement connu naguère, l’ayant eu sous ses ordres dans les gardes du corps du comte d’Artois, il se tint à son égard dans une soigneuse réserve.
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Mme de Sabran- Messages : 55609
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les Mackau et Bombelles
Ils n'étaient pas tous très francs du collier, ces Mackau. C'est du moins mon impression.
Monsieur de la Pérouse- Messages : 513
Date d'inscription : 31/01/2019
Localisation : Enfin à bon port !
Re: Les Mackau et Bombelles
Chers amis,
Je voulais demander si quelqu'un sait dans quel hôtel Marie-Angélique de Fitte de Soucy, baronne de Mackau a séjourné à Paris pendant la révolution, alors qu'elle était sous-gouvernante des enfants royaux ?
Leos
Je voulais demander si quelqu'un sait dans quel hôtel Marie-Angélique de Fitte de Soucy, baronne de Mackau a séjourné à Paris pendant la révolution, alors qu'elle était sous-gouvernante des enfants royaux ?
Leos
Leos- Messages : 805
Date d'inscription : 29/12/2013
Age : 55
Localisation : Zlin, Tcheque
Re: Les Mackau et Bombelles
Je vais essayer de trouver cela, mon cher Leos.
Dernière édition par Mme de Sabran le Mer 27 Nov 2024, 10:22, édité 1 fois
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Mme de Sabran- Messages : 55609
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Re: Les Mackau et Bombelles
Merci chere Eli,
Mais la reine a dû lui faire confiance, car la rencontre de la reine et de l'ambassadeur d'Espagne a eu lieu à son hôtel.
Leos
Mais la reine a dû lui faire confiance, car la rencontre de la reine et de l'ambassadeur d'Espagne a eu lieu à son hôtel.
Leos
Leos- Messages : 805
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Age : 55
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Re: Les Mackau et Bombelles
A quelle date exactement Marie-Antoinette accorde-t-elle cette audience à l'ambassadeur d'Espagne ?
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Mme de Sabran- Messages : 55609
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Re: Les Mackau et Bombelles
Chere Eli..
Ici...
[]Le 22 juin 1790, Marie-Antoinette invite Fernan Nufïez à s'entretenir avec elle le lendemain matin à l'hôtel de la baronne de Mackau, sous-gouvernante de sa fille. Il s'y rend avec toutes sortes de précautions. « Je fus exact au rendez-vous, sans serviteurs et en frac, comme si j'allais faire une visite familière à cette dame. Je feignis la surprise en apercevant la Reine chez elle et ne voulus avancer que sur l'ordre exprès et réitéré de la souveraine, afin que les domestiques ne soient pas amenés à faire des suppositions. J'entrai et Sa Majesté nous fit asseor.....
[/i]
Un témoin ignoré de la révolution, le comte de Fernan Nuñez, ambassadeur d'Espagne à Paris (1787-1791) ; Publisher: Paris : E. Champion.
Ici...
[]Le 22 juin 1790, Marie-Antoinette invite Fernan Nufïez à s'entretenir avec elle le lendemain matin à l'hôtel de la baronne de Mackau, sous-gouvernante de sa fille. Il s'y rend avec toutes sortes de précautions. « Je fus exact au rendez-vous, sans serviteurs et en frac, comme si j'allais faire une visite familière à cette dame. Je feignis la surprise en apercevant la Reine chez elle et ne voulus avancer que sur l'ordre exprès et réitéré de la souveraine, afin que les domestiques ne soient pas amenés à faire des suppositions. J'entrai et Sa Majesté nous fit asseor.....
[/i]
Un témoin ignoré de la révolution, le comte de Fernan Nuñez, ambassadeur d'Espagne à Paris (1787-1791) ; Publisher: Paris : E. Champion.
Leos- Messages : 805
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Re: Les Mackau et Bombelles
Sans certitude, mon cher Leos, je te propose le 22, avenue Franklin Roosevelt.
Il y avait là l'hôtel particulier du baron de Mackau sous la Troisième République. Peut-être le baron habitait-il une demeure qui appartenait déjà à sa famille sous l'Ancien Régime et où résidait la sous-gouvernante des Enfants de France, Mme de Mackau, ci-devant belle-mère de notre cher marquis de Bombelles, au moment de la Révolution ? Mais ce n'est qu'une hypothèse.
Source, l'article de Romy Sutra sur le Juris propugnator indefessus dont voici un extrait :
Alors que la Troisième République cherche à s’enraciner durablement, les congrégations, par trop liées aux monarchistes, et par ailleurs en pleine reconquête d’influence, apparaissent comme les indésirables de la fin du XIXe siècle. Dès 1879, le gouvernement va donc s’employer à affaiblir ce pouvoir concurrent par le biais d’une législation anticongréganiste ciblant des points stratégiques. Cette politique donne lieu à une levée de boucliers du monde catholique et des juristes en particulier.
Le 29 mars 1880 est ainsi fondé le « Comité de jurisconsultes des congrégations ». Présidé par le baron Armand de Mackau, il dirigera pendant près de vingt-cinq ans la défense juridique des congrégations prétendant à une expertise neutre parce que technique.
« L’hôtel du droit », 22 avenue d’Antin
Afin d’assurer des conditions de travail satisfaisante à l’équipe constituée, le baron de Mackau décide de mettre à disposition son hôtel particulier situé au n° 22 de l’avenue d’Antin à Paris. Sorte de « clinique juridique », ce lieu accueillera les réunions du Comité, de même qu’il sera désigné comme le poste de réception de toute la correspondance.
Située au cœur d’un ancien quartier festif (de nombreux bals plus ou moins mal fréquentés y avaient cours), l’avenue d’Antin voit sa réputation s’améliorer à partir du milieu du xixe siècle.
Elle a été renommée avenue Victor-Emanuel III en 1918 puis avenue Franklin D. Roosevelt en 1945, nom qu’elle a conservé jusqu’à aujourd’hui.
Juris propugnator indefessus. Le quotidien du Comité de jurisconsultes des congrégations (1880-1905)
Romy Sutra
Docteur en histoire du droit, enseignante-chercheuse contractuelle,
CTHDIP, Université Toulouse 1 Capitole.
https://publications.ut-capitole.fr/id/eprint/41978/1/Sutra_41978.pdf
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55609
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Re: Les Mackau et Bombelles
Merci Eli,..
peut être..
J'ai cherché mais en vain..
peut être..
J'ai cherché mais en vain..
Leos- Messages : 805
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