Marie-Antoinette en buste d'après le grand portrait en pied de 1778 (Vigée-Lebrun)

Bonnefoy du Plan a écrit:Un article de la Gazette daté du 13 janvier 2022 se fait l’écho de certaines interrogations et réserves déjà exprimées ici.

Voici le lien pour accéder en ligne à cet article :
La Gazette Drouot (au sujet de la vente 100 portraits)



Au sujet du tableau de la reine « par Madame Vigée Le Brun et collaborateurs », je me borne à souligner cette phrase :
« Le catalogue ne mentionne pas l’avis négatif du grand spécialiste Joseph Baillio, pour lequel, vu sa faible qualité, « le caractère autographe du tableau est pour le moins douteux ».

Ce qui n’empêche aucunement l’estimation de s’envoler...
Nous verrons bien.

Il n'y va pas de main morte, comme d'habitude.

Duc d'Ostrogothie a écrit: Il n'y va pas de main morte, comme d'habitude.
 

Oui, oui, tu as raison , et c'est pour ne pas me faire l'écho de cette grande fraternité que je me suis contenté de donner le lien pour ne garder que la citation qui m'intéressait. Car, au passage, il reste utile de remarquer que les deux commissaires de l'exposition du Grand-Palais en 2015-2016 ne sont pas du même avis concernant le portrait de Marie-Antoinette dans cette vente.

Elle est pourtant bien jolie notre Queen, sur ce portrait…
Je me souviens d’un album de portraits signé Xavier Salmon. Celui-ci avait fait un travail remarquable sur les portraits comparés de Marie-Antoinette. En particulier, je crois me souvenir qu’il avait insisté sur le fait que la Reine avait posé pour ce portrait officiel, ce qui était loin d’être le cas pour les autres portraits peints par EVL.
J’ai toujours admiré dans ce portrait en pied, le réalisme avec lequel avait été traité le visage …

Vicq d Azir a écrit:
J’ai toujours admiré dans ce portrait en pied, le réalisme avec lequel avait été traité le visage …

Je partage tout à fait votre avis, cher Févicq. Le pinceau de Mme Le Brun me semble là beaucoup plus sincère que d'habitude.

Sans plumes et falbalas, c’est ainsi qu’elle se livre…

De quel portrait parlez-vous ??

Ce portrait-ci,   mais  auquel Févicq  ôte plumes et  falbalas : ( Vous ai-je bien compris, docteur ?    )

Ah bon ?    

Messages précédents déplacés ici.

Oui, c’est bien celui-là. Il était accroché à l’exposition de la Conciergerie en 2019. Tout à côté, son grand frère, le portrait en pied de Versailles. .
Je serais bien incapable de dire si les deux (ou d’autres) sont bien de la main même d’ EVL, où de son atelier. Je voulais simplement mettre le focus sur le visage de la jeune Reine de 23 ans, isolé, sur mon cliché, des accessoires de la tenue de cour qu’elle porte pour ce portrait officiel. La Reine a accordé des séances de pose à la peintre. Celle-ci a su saisir la vérité de ce visage, du moins c’est mon avis…

C'est mon avis aussi.

À propos du terme falbalas, plutôt péjoratif de nos jours, il ne s'appliquait pas au grand habit de cour, mais seulement au jupon (jupe) de la robe à la française.

Vicq d Azir a écrit:Sans plumes et falbalas, c’est ainsi qu’elle se livre…

Oui bien sûr, chère Marie-Jeanne, et je me doutais bien que vos alliez rectifier…
Ce trait d’humour un peu provoc, j’en conviens, c’était pour insister , encore une fois, sur le fait que , sur le grand portrait en tout cas, la tenue très rigide, la robe à paniers ( mais c’est un portrait officiel…) ne permet pas bien de voir le visage dans toute sa fraîcheur et sa spontanéité.  
Sinon, j’aime notre Reine dans tous ses atours, avec ou sans plumes, avec ou sans…falbalas ( je sais, c’est un peu limite, après la définition que Marie-Jeanne en a donné…)

Pas de souci mon cher Vicq Il est vrai que je suis un peu réactive quand il s'agit de la garde-robe de la reine, si réduite à des clichés convenus depuis le XIXe siècle.

La toile en pied est très intéressante aussi car elle revisite avec beaucoup de subtilité la représentation formelle d'une reine de France, autant par la pose à la fois majestueuse et modernisée, que par le grand habit de cour blanc réactualisé, et sa coiffure emplumée, à laquelle l'impératrice elle même ne trouva rien à redire...
 
Comme vous, j'aime énormément ce portrait, et sans prétendre à aucune expertise en peinture, je me plais à penser qu'il est de la main de  Mme Vigée Le Brun tant il est éclatant de fraîcheur. Et s'il n'est pas d'elle, le copiste a vraiment réussi là où elle avait échoué sur le portrait en pied.

Dans le spectaculaire salon de compagnie du château du Champ de Bataille, nous retrouvons un portrait de Marie-Antoinette, à droite de la cheminée.

Image : Studio Jacques Garcia

Une image de ce portrait est publiée sur le site internet du Domaine du Champ de Bataille, mais sans aucune légende.  


Images : Domaine du Champ de Bataille


Dans son livre Portraits de femme (Editions Didier Carpentier), Olivier Blanc présente une image de ce portrait (me semble-t-il, ne vous fiez pas aux couleurs) comme :

Marie-Antoinette en buste
Toile par E. Vigée Lebrun, 1779 (CP, DR)



Une version au manteau d'hermine (la seule) que nous présentions page précédente de ce sujet avec ces commentaires :

La nuit, la neige a écrit:
Dans ses Souvenirs (lointains et vagues) et son inventaire, Elisabeth Vigée Le Brun date toute une série en 1779.
Je la cite :

- Grand portrait de la reine pour l'impératrice de Russie
- Bustes de la reine Marie-Antoinette
- Copies des mêmes
(...)
- Copies de bustes de la reine Marie-Antoinette
(...)
- Portrait de la reine pour M. de Sartines
(...)
- Copies du grand portrait de la reine Marie-Antoinette pour M. et Mme de Vergennes

Donc...des tas !!  


Dans son livre Portraits de femmes, Olivier Blanc précise quant à lui, je cite :

Mercy-Argenteau annonça l'envoi du tableau en novembre 1778 (à la cour de Vienne), mais la peinture ne partit qu'en février 1779, souffrit au cours du voyage, et il fallut la confier à des restaurateurs.
(...) Mais enfin Marie-Thérèse était réellement satisfaite.(...)

Marie-Antoinette commanda deux copies de ce tableau, l'une pour l'impératrice de Russie, l'autre pour ses appartements. On commanda encore à Mme Lebrun deux grands formats qui furent soldés sur la cassette du ministre des Affaires étrangères, M. de Vergennes.


Et dans ses notes de bas de page :

La version avec le regard à droite est celle, originale, adressée par la reine à sa mère à Vienne (Kunshistorischen Museum) et sa réplique exacte est à Versailles (2,76/1,93m).
Une version (2,23/1,58 m) où la reine n'a pas de collier et le modèle porte son regard à gauche (Petit Trianon) a été gravée par Gautier, puis par Roger avec une fausse attribution à Roslin. Une autre version, en pied, offerte au Congrès américain, fut détruite le 24 août 1814 lors de l'attaque anglaise contre le Capitole.

Deux bustes peints, inspirés de la version originale, furent offerts, l'un à la cour de Russie, l'autre à la cour d'Autriche. Une version en buste était à Fontainebleau, une autre - sur les quatre reconnues par l'artiste- en main privée à Paris.
Une version dérivée, tardive, au château de Breteuil, n'est sans doute pas de la main de l'artiste.

Je ne pas expert, mais je ne reconnais pas le " pinceau " d'Elisabeth Vigée Le Brun. Si notre ami Bonnefoy passe par là, peut-être a-t-il quelques autres informations ?

Une version au format rectangulaire que nous n'avions pas encore présentée ici. Ce tableau fait partie des collections de la Couronne britannique.  

Marie Antoinette, Queen of France
After Elisabeth-Louise Vigée Le Brun

Marie Antoinette, Queen of France (1755-1793)
After Elisabeth-Louise Vigée Le Brun (1755-1842)
c.1778-1830
Oil on canvas | 100.2 x 83.2 cm
Image : The Royal Collection Trust

Provenance : First recorded at Buckingham Palace c. 1875

Description

An inscription just below the column to the left reads 'Copié par A[?]. Gil [b?] ert / d’après Calais'. The closest match to the first name is Jean-Baptiste-Adolphe Gibert (1803-1889), an imitator of Corot ; there is nothing to connect him with this painting. 'Calais' clearly means Antoine-Francois Callet (1741-1823), who also has nothing to do with this painting.



In fact it is a half-length replica of Vigée Le Brun's famous full-length portrait of the Queen, dated 1778, now in the Kunsthistorisches Museum, Vienna. It is a pair with a copy after a Duplessis portrait of Louis XVI, both paintings have identical raffle-leaf frame designs.
The sitter wears a low white dress decorated with lace and ribbons, her hair piled high and decorated with feather headdress.




A nouveau ici, la reine porte une robe avec un " franc décolleté ".
Seule la version originale, signée de l'artiste, envoyée à Vienne à l'attention de " maman sévère " présente ces dentelles recouvrant la poitrine de la reine.


Erzherzogin Marie Antoinette (1755-1793), Königin von Frankreich
Marie-Louise-Elisabeth Vigée Le Brun
Das 1778 gemalte Bild wurde im Februar 1779 nach Wien gesendet
Photo : Kunsthistorisches Museum Wien, Gemäldegalerie

Les copies de ou d'après Mme Lebrun (voir détails pages précédentes)


Marie-Antoinette, reine de France
Anonyme, d'après Elisabeth-Louise Vigée-Le Brun
Huile sur toile, vers 1779-1788
D'après le portrait original exécuté pour l'impératrice d'Autriche, vers 1778-1778 ; collection Louis XVI.
Image : RMN-GP (Château de Versailles) / Gérard Blot


Enfin, le portrait de Louis XVI signalé comme pendant du tableau de la reine dans le descriptif cité ci-dessus est celui-ci :


Louis XVI, King of France
After Joseph Siffred Duplessis

Louis XVI, King of France (1754-1793)
After Joseph Siffred Duplessis (1725-1802)
Oil on canvas, c.1775-1800
100.5 x 83.2 cm
Provenance : First recorded at Buckingham Palace during the reign of Queen Victoria.
Image : The Royal Collection Trust