Delphine de Sabran, marquise de Custine
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Lucius
Trianon
Comte d'Hézècques
Mme de Sabran
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Autres contemporains : les femmes du XVIIIe siècle
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Mme de Sabran- Messages : 55516
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Delphine de Sabran, marquise de Custine
On pourrait le croire dans un costume shakespearien... :
Bien à vous.
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Delphine de Sabran, marquise de Custine
Mme de Sabran a écrit:
En tout cas, comme il écrit bien ! Quels accents déchirants ... Comme il a dû être malheureux et tourmenté !
Le pauvre Astolphe, jeune, s'interdit peut-être d'aimer ? L'homosexualité était considérée comme une perversion au XIXème siècle.
Quel âge a-t-il lorsqu'il écrit ces lignes ?
Il a effectivement une belle plume pour décrire ses tourments.
Comme tu as mis sa biographie, tu sais entretemps qu'il avait 27 ou 28 ans
Il était considéré comme un "inverti"... désignation absurde
_________________
« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
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Re: Delphine de Sabran, marquise de Custine
Je ne connais pas du tout Astolphe de Custine. Mais, son histoire est passionnante.
On se demande pourquoi certains écrivains (parfois talentueux) sont passés dans l'anonymat le plus singulier. C'est très dommage.
Mais heureusement, il y a des personnes comme vous, chère Eléonore, pour les remettre à la lumière du jour, et c'est tant mieux.
On se demande pourquoi certains écrivains (parfois talentueux) sont passés dans l'anonymat le plus singulier. C'est très dommage.
Mais heureusement, il y a des personnes comme vous, chère Eléonore, pour les remettre à la lumière du jour, et c'est tant mieux.
Trianon- Messages : 3305
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Mme de Sabran- Messages : 55516
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Delphine de Sabran, marquise de Custine
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c'est vraiment ça ! :
c'est vraiment ça ! :
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
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Re: Delphine de Sabran, marquise de Custine
.
L'on retrouve l’accent de certains vers de Villon dans la dernière lettre du jeune Armand Louis Philippe François de Custine, fils d’un maréchal de camp des armées qui a été accusé de trahison envers l’armée républicaine et guillotiné.
Son épouse, Delphine de Sabran avait assisté au procès de son beau-père, l’ayant soutenu jusqu’au dernier instant. Elle fit de même pour son mari dont elle tenta de soudoyer l’évasion :
«Il faut te quitter… Je t’envoie mes cheveux dans cette lettre. La citoyenne… promet de te remettre l’un et l’autre. Témoigne-lui-en ma reconnaissance.
C’en est fait, ma pauvre Delphine, je t’embrasse pour la dernière fois. Je ne puis pas te voir; et si même je le pouvais, la séparation serait trop difficile, et ce n’est pas le moment de s’attendrir. Que dis-je, s’attendrir?… Comment pourrais-je m’en défendre à ton image? Il n’en est qu’un moyen… celui de la repousser avec une barbarie déchirante mais nécessaire. Ma réputation sera ce qu’elle doit être; et pour la vie, c’est chose fragile par sa nature. Des regrets sont les seules affections qui viennent troubler par moments ma tranquillité parfaite. Charge-toi de les exprimer, toi qui connais bien mes sentiments et détourne ta pensée des plus douloureux de tous car ils s’adressent à toi.
Je ne pense pas avoir jamais fait à dessein du mal à personne. J’ai quelquefois senti le désir vif de faire le bien. Je voudrais en avoir fait davantage; mais je ne sens pas le poids incommode du remords. Pourquoi donc éprouverais-je aucun trouble? Mourir est nécessaire, et tout aussi simple de naître.
Ton sort m’afflige. Puisse-t-il s’adoucir! Puisse-t-il même devenir heureux un jour! C’est un de mes vœux les plus chers et les plus vrais. Apprends à ton fils à bien connaître son père. Que des soins éclairés écartent loin de lui le vice; et quant au malheur, qu’une âme énergique et pure lui donne la force de le supporter.
Adieu! je n’érige point en axiomes les espérances de mon imagination et de mon cœur; mais crois que je ne te quitte pas sans désirer de te revoir un jour.
J’ai pardonné au petit nombre de ceux qui ont paru se réjouir de mon arrêt. Toi, donne une récompense à qui te remettra cette lettre. »
(Cité in O. Blanc. ibid. p. 190).
.
L'on retrouve l’accent de certains vers de Villon dans la dernière lettre du jeune Armand Louis Philippe François de Custine, fils d’un maréchal de camp des armées qui a été accusé de trahison envers l’armée républicaine et guillotiné.
Son épouse, Delphine de Sabran avait assisté au procès de son beau-père, l’ayant soutenu jusqu’au dernier instant. Elle fit de même pour son mari dont elle tenta de soudoyer l’évasion :
«Il faut te quitter… Je t’envoie mes cheveux dans cette lettre. La citoyenne… promet de te remettre l’un et l’autre. Témoigne-lui-en ma reconnaissance.
C’en est fait, ma pauvre Delphine, je t’embrasse pour la dernière fois. Je ne puis pas te voir; et si même je le pouvais, la séparation serait trop difficile, et ce n’est pas le moment de s’attendrir. Que dis-je, s’attendrir?… Comment pourrais-je m’en défendre à ton image? Il n’en est qu’un moyen… celui de la repousser avec une barbarie déchirante mais nécessaire. Ma réputation sera ce qu’elle doit être; et pour la vie, c’est chose fragile par sa nature. Des regrets sont les seules affections qui viennent troubler par moments ma tranquillité parfaite. Charge-toi de les exprimer, toi qui connais bien mes sentiments et détourne ta pensée des plus douloureux de tous car ils s’adressent à toi.
Je ne pense pas avoir jamais fait à dessein du mal à personne. J’ai quelquefois senti le désir vif de faire le bien. Je voudrais en avoir fait davantage; mais je ne sens pas le poids incommode du remords. Pourquoi donc éprouverais-je aucun trouble? Mourir est nécessaire, et tout aussi simple de naître.
Ton sort m’afflige. Puisse-t-il s’adoucir! Puisse-t-il même devenir heureux un jour! C’est un de mes vœux les plus chers et les plus vrais. Apprends à ton fils à bien connaître son père. Que des soins éclairés écartent loin de lui le vice; et quant au malheur, qu’une âme énergique et pure lui donne la force de le supporter.
Adieu! je n’érige point en axiomes les espérances de mon imagination et de mon cœur; mais crois que je ne te quitte pas sans désirer de te revoir un jour.
J’ai pardonné au petit nombre de ceux qui ont paru se réjouir de mon arrêt. Toi, donne une récompense à qui te remettra cette lettre. »
(Cité in O. Blanc. ibid. p. 190).
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Mme de Sabran- Messages : 55516
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Delphine de Sabran, marquise de Custine
Mme de Sabran a écrit: «Il faut te quitter… Je t’envoie mes cheveux dans cette lettre. La citoyenne… promet de te remettre l’un et l’autre. Témoigne-lui-en ma reconnaissance.»
Que cette coutume d'antan me touche !
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Delphine de Sabran, marquise de Custine
;
L'affaire Custine ou l'homophilie au temps des romantiques
par René Soral
Publié le 8 Janvier 2015 par Jean-Yves Alt
Catégories : #REVUE ARCADIE
Durant le dix-neuvième siècle, le problème de l'homophilie a été l'objet d'une véritable conspiration du silence. Or il est bien évident qu'elle était pratiquée, comme elle le fut de tous temps, et qu'il y avait de nombreux endroits publics où ses adeptes pouvaient se rencontrer.
J'ai toujours regretté de ne pas savoir quels étaient ces endroits ; nos descendants auront plus de chance, car, à notre époque, les guides spécialisés pullulent, sans compter les nombreux romans consacrés à l'homophilie.
Cependant, nous sommes parfois renseignés sur ce qui se passait autrefois par les archives judiciaires, car, naturellement, les endroits publics étaient aussi dangereux qu'ils le sont de nos jours, et l'on y rencontrait truqueurs et assassins.
Nous savons ainsi que Saint-Denis devait être un endroit fréquenté par des messieurs ayant le goût des jeunes militaires, grâce à une affaire qui fit beaucoup de bruit vers les années 1820, étant donné le rang de la victime.
En effet, une nuit pluvieuse, dans un chemin mal famé de Saint-Denis, un homme était attaqué par plusieurs soldats, roué de coups et trouvé dans la boue le lendemain matin, évanoui, entièrement dépouillé de ses vêtements, et couvert de sang.
Or il s'agissait d'une personnalité du milieu aristocratique parisien, le jeune marquis Astolphe de Custine.
( ... mon pauvre cher Astolphe ! :c^ùù!!: )
.
Né en 1790 à l'ombre de l'échafaud, fils et petit-fils de guillotinés, sa mère, Delphine de Custine avait été l'une des nombreuses maîtresses de Chateaubriand, pour lequel elle, avait éprouvé une brûlante passion, qui ne diminuait en rien celle plus pure, mais tout aussi exigeante, qu'elle vouait à son fils, auquel l'illustre écrivain avait tenu lieu de père spirituel.
Et voilà que, tout à coup, le faubourg Saint-Germain, horrifié, apprenait que le marquis de Custine avait donné un rendez-vous galant à un jeune militaire et que, surpris dans une écurie d'auberge par les camarades de ce dernier, ceux-ci l'avaient bel et bien assommé en guise de représailles.
Je ne sais ce qu'il advint du soldat ni de ses brutaux camarades, mais en ce qui concerne Custine, on peut aisément imaginer quel coup effroyable fut porté à sa réputation.
Comme l'écrivait une de ses amies « Que Monsieur de Custine soit innocent ou coupable, jamais il ne peut se relever de là. Il n'y a pour lui que les secours de la religion ». Nous verrons plus loin qu'il n'en fut rien.
Les journaux à scandale n'existaient pas à cette époque mais cela n'était point nécessaire, car les commérages allaient bon train dans les salons du faubourg Saint-Germain et l'on se racontait des choses bien bizarres concernant la victime. On évoquait sa profonde mélancolie, ce mal du siècle, mis à la mode par Chateaubriand, mais qui allait au-delà de ce qu'il était généralement de bon ton d'afficher ; on comprenait maintenant pourquoi le jeune Astolphe écrivait « les tourments de mon cœur sont inexprimables autant qu'incompréhensibles ». Parbleu ! C'était donc là sa blessure secrète, à ce René d'un nouveau genre, effrayé par l'ombre maudite de Sodome.
On s'expliquait également les difficultés que sa mère avait rencontrées pour le marier, d'abord à Albertine de Staël, puis à Clara de Duras. Au dernier moment, il s'était dérobé, sans prétexte valable.
On évoquait l'amitié exaltée qu'il avait portée à un jeune Allemand, qu'il l'appelait « mon Wilhelm » et auquel il écrivait « mon cœur n'a plus la force de battre de joie au moment de retrouver mon frère ».
L'un de ses amis préférés, mais qui ne répondait guère à ses avances, Edouard Lagrange, comprenait alors la signification des lettres passionnées qu'il recevait :
« N'espérez pas me distraire de moi en me parlant de vous, car, après la voix de Dieu, la vôtre est, de tout ce qui m'atteint jusqu'ici, ce qui va le plus loin à la source de mon être. »
Et lorsqu'Astolphe était déçu par la froideur de son ami, il lui écrivait :
« Je ne veux pas lutter d'indifférence avec vous, car je crois que dans ce combat, je ne serai pas le plus fort. Je vous rends donc les armes... Vous ne méritez guère d'être encore pour moi ce que vous êtes. Mais je vous aime encore comme un enfant, sans autre but que de vous aimer. »
D'autres mauvaises langues parlaient de cet autre ami, si fidèle et si dévoué, auprès duquel Custine avait trouvé beaucoup plus de compréhension ; il s'agissait d'Edouard de Sainte-Barbe, que son ami avait baptisé Edouard II (Edouard Ier étant son décevant ami Lagrange).
On se rappelait que, s'il s'était finalement marié – du reste avec une jeune femme charmante – dès que son enfant était né, et sans même attendre les relevailles, il était parti en Angleterre pour plusieurs mois, accompagné d'un jeune Anglais, visiblement amoureux de lui.
Et lorsque l'épouse d'Astolphe était tombée gravement malade, Edouard II l'avait soignée « comme un frère » écrivait Custine, en ajoutant « la famille l'a adopté ». Lorsqu'elle était morte, son ami avait su le consoler et l'entourer de son affection.
Et encore, s'il avait su lui rester fidèle, il aurait pu tout au moins sauver les apparences ; il n'aurait pas été le seul aristocrate à dissimuler ses goûts. Mais il fallait en plus qu'il recherchât les rencontres dangereuses et les étreintes furtives, sur le fumier d'une écurie, avec des militaires de rencontre !
En conclusion, le faubourg Saint-Germain rendait le même verdict que son ami Edouard Lagrange : « Voilà un homme coulé à fond, flétri, marqué du sceau de la réprobation. »
En fait, ce scandale fut pour le marquis de Custine une véritable délivrance et le point de départ d'une nouvelle existence, beaucoup plus riche que la précédente, et d'une carrière littéraire fort réussie.
Il se sentit plus libre, n'étant plus obligé de dissimuler et il dut être aussi soulagé à l'idée qu'il ne serait plus la proie des mères désireuses de marier leur fille !
Mais surtout il avait conservé l'amour du fidèle et délicat Edouard de Sainte-Barbe, « l'esclave » comme l'appelait Custine, et qui le restera jusqu'à sa mort.
Ils allèrent faire ensemble de très grands voyages dans tous les pays d'Europe, accompagnés d'un jeune valet de chambre italien, qui, lui aussi, sera fidèle toute sa vie à son maître.
Custine se mit à écrire, notamment des relations de ses voyages, mais aussi des romans, et connut rapidement une certaine notoriété ; Stendhal, le premier, s'intéressa à lui, puis Lamartine et, plus tard, Baudelaire.
Il s'installa, avec son ami et son valet, dans une somptueuse demeure parisienne, rue La Rochefoucauld et acheta à Saint-Gratien, dans la forêt de Montmorency, un ravissant pavillon de style florentin, avec des terrasses à l'italienne et un parc anglais.
Il organisa alors de somptueuses réceptions, dîners, bals, concerts, lectures, où se pressaient les plus grandes célébrités littéraires et artistiques de l'époque : Hugo, Balzac, Stendhal, Delacroix, Chopin, George Sand, Berlioz, et le vieux Chateaubriand accompagné de Mme Récamier. Ce qui prouve que la société non aristocratique du temps du Romantisme avait les idées moins étroites qu'on ne le pense.
Et, lorsqu'en 1838, Custine tomba une nouvelle fois éperdument amoureux d'un bel exilé polonais, le comte Ignace Gurowski, tous les invités célèbres vinrent admirer le nouvel ami qui vivait avec Custine, ravi de ce qu'il appelait « notre trio ».
Malheureusement, le séduisant Polonais n'avait pas le même sens de la fidélité qu'Edouard II ; il tomba d'abord amoureux de la grande actrice Rachel, qui le repoussa, puis d'une infante d'Espagne qu'il enleva du couvent où sa famille l'avait enfermée pour la protéger des avances du fougueux slave, et qu'il finit tout de même par épouser.
Cet amour déçu de Custine fut à l'origine de son plus grand succès littéraire ; le désir de plaider la cause de Gurowski à Saint-Pétersbourg l'amena à effectuer un voyage en Russie et à écrire, à son retour, un livre intitulé « La Russie en 1839 » où il décrit de manière remarquable les effets du despotisme sous le tsar Nicolas.
On s'arracha ce livre, qui connut de nombreuses rééditions, et même des imitations.
Malheureusement, ce trop grand succès littéraire lui attira la jalousie de ses confrères qui ne pouvaient lui pardonner les 200 000 exemplaires vendus de son livre alors qu'ils le considéraient tout au plus comme un noble et riche amateur. Et, de ce, fait, Custine sentit de nouveau une insidieuse réprobation peser sur lui.
Mais le plus terrible pour lui fut la perte successive de ses amis les plus chers, dont Edouard de Sainte-Barbe. Il se retrouva seul, vieilli, et décida alors de vendre ses propriétés de Paris et de Saint-Gratien pour aller vivre à l'étranger, en Suisse et surtout en Italie, où il était fort estimé. Sa foi religieuse, très sincère et très profonde, ne l'avait jamais quitté et il devint même docteur de l'Eglise ; le Pape en personne lui témoigna les plus grands égards.
Retiré dans un ermitage de la campagne romaine, il publia en 1848 un énorme ouvrage d'inspiration chrétienne, « Romuald, ou la vocation », qu'il considérait, bien à tort, comme le chef-d'œuvre de sa vie.
Cette vie allait bientôt s'achever. Il écrivait : « Je vieillis comme j'ai vécu, au spectacle. Et quel spectacle ! »
La mort le frappa d'un seul coup, dans son fauteuil.
Il fut enterré à Saint-Aubain-d'Auquainville, dans une vieille église normande qu'il avait achetée pour la restaurer et où il avait déposé les cercueils de sa femme et de son enfant.
Il avait légué sa fortune au seul ami qui n'était pas mort, cet Anglais avec lequel il était parti après la naissance de son enfant, et qui, lui aussi, était resté fidèle, discrètement. Cet ami ne put du reste lui survivre.
N'est-il pas extraordinaire de voir que Custine a réussi, toute sa vie, à conserver l'amour, aussi bien de cet Anglais que celui d'Edouard II ou de son valet de chambre, sans drames ni ruptures, même après la fâcheuse histoire de Saint-Denis ?
Aussi à ce titre j'ai pensé qu'il pouvait avoir sa place dans la petite histoire de l'homophilie, au chapitre « Romantisme » tout comme il a sa place dans la petite histoire de la littérature
http://culture-et-debats.over-blog.com/article-l-affaire-custine-ou-l-homophilie-au-temps-des-romantiques-par-rene-soral-101260006.html
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L'affaire Custine ou l'homophilie au temps des romantiques
par René Soral
Publié le 8 Janvier 2015 par Jean-Yves Alt
Catégories : #REVUE ARCADIE
Durant le dix-neuvième siècle, le problème de l'homophilie a été l'objet d'une véritable conspiration du silence. Or il est bien évident qu'elle était pratiquée, comme elle le fut de tous temps, et qu'il y avait de nombreux endroits publics où ses adeptes pouvaient se rencontrer.
J'ai toujours regretté de ne pas savoir quels étaient ces endroits ; nos descendants auront plus de chance, car, à notre époque, les guides spécialisés pullulent, sans compter les nombreux romans consacrés à l'homophilie.
Cependant, nous sommes parfois renseignés sur ce qui se passait autrefois par les archives judiciaires, car, naturellement, les endroits publics étaient aussi dangereux qu'ils le sont de nos jours, et l'on y rencontrait truqueurs et assassins.
Nous savons ainsi que Saint-Denis devait être un endroit fréquenté par des messieurs ayant le goût des jeunes militaires, grâce à une affaire qui fit beaucoup de bruit vers les années 1820, étant donné le rang de la victime.
En effet, une nuit pluvieuse, dans un chemin mal famé de Saint-Denis, un homme était attaqué par plusieurs soldats, roué de coups et trouvé dans la boue le lendemain matin, évanoui, entièrement dépouillé de ses vêtements, et couvert de sang.
Or il s'agissait d'une personnalité du milieu aristocratique parisien, le jeune marquis Astolphe de Custine.
( ... mon pauvre cher Astolphe ! :c^ùù!!: )
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Né en 1790 à l'ombre de l'échafaud, fils et petit-fils de guillotinés, sa mère, Delphine de Custine avait été l'une des nombreuses maîtresses de Chateaubriand, pour lequel elle, avait éprouvé une brûlante passion, qui ne diminuait en rien celle plus pure, mais tout aussi exigeante, qu'elle vouait à son fils, auquel l'illustre écrivain avait tenu lieu de père spirituel.
Et voilà que, tout à coup, le faubourg Saint-Germain, horrifié, apprenait que le marquis de Custine avait donné un rendez-vous galant à un jeune militaire et que, surpris dans une écurie d'auberge par les camarades de ce dernier, ceux-ci l'avaient bel et bien assommé en guise de représailles.
Je ne sais ce qu'il advint du soldat ni de ses brutaux camarades, mais en ce qui concerne Custine, on peut aisément imaginer quel coup effroyable fut porté à sa réputation.
Comme l'écrivait une de ses amies « Que Monsieur de Custine soit innocent ou coupable, jamais il ne peut se relever de là. Il n'y a pour lui que les secours de la religion ». Nous verrons plus loin qu'il n'en fut rien.
Les journaux à scandale n'existaient pas à cette époque mais cela n'était point nécessaire, car les commérages allaient bon train dans les salons du faubourg Saint-Germain et l'on se racontait des choses bien bizarres concernant la victime. On évoquait sa profonde mélancolie, ce mal du siècle, mis à la mode par Chateaubriand, mais qui allait au-delà de ce qu'il était généralement de bon ton d'afficher ; on comprenait maintenant pourquoi le jeune Astolphe écrivait « les tourments de mon cœur sont inexprimables autant qu'incompréhensibles ». Parbleu ! C'était donc là sa blessure secrète, à ce René d'un nouveau genre, effrayé par l'ombre maudite de Sodome.
On s'expliquait également les difficultés que sa mère avait rencontrées pour le marier, d'abord à Albertine de Staël, puis à Clara de Duras. Au dernier moment, il s'était dérobé, sans prétexte valable.
On évoquait l'amitié exaltée qu'il avait portée à un jeune Allemand, qu'il l'appelait « mon Wilhelm » et auquel il écrivait « mon cœur n'a plus la force de battre de joie au moment de retrouver mon frère ».
L'un de ses amis préférés, mais qui ne répondait guère à ses avances, Edouard Lagrange, comprenait alors la signification des lettres passionnées qu'il recevait :
« N'espérez pas me distraire de moi en me parlant de vous, car, après la voix de Dieu, la vôtre est, de tout ce qui m'atteint jusqu'ici, ce qui va le plus loin à la source de mon être. »
Et lorsqu'Astolphe était déçu par la froideur de son ami, il lui écrivait :
« Je ne veux pas lutter d'indifférence avec vous, car je crois que dans ce combat, je ne serai pas le plus fort. Je vous rends donc les armes... Vous ne méritez guère d'être encore pour moi ce que vous êtes. Mais je vous aime encore comme un enfant, sans autre but que de vous aimer. »
D'autres mauvaises langues parlaient de cet autre ami, si fidèle et si dévoué, auprès duquel Custine avait trouvé beaucoup plus de compréhension ; il s'agissait d'Edouard de Sainte-Barbe, que son ami avait baptisé Edouard II (Edouard Ier étant son décevant ami Lagrange).
On se rappelait que, s'il s'était finalement marié – du reste avec une jeune femme charmante – dès que son enfant était né, et sans même attendre les relevailles, il était parti en Angleterre pour plusieurs mois, accompagné d'un jeune Anglais, visiblement amoureux de lui.
Et lorsque l'épouse d'Astolphe était tombée gravement malade, Edouard II l'avait soignée « comme un frère » écrivait Custine, en ajoutant « la famille l'a adopté ». Lorsqu'elle était morte, son ami avait su le consoler et l'entourer de son affection.
Et encore, s'il avait su lui rester fidèle, il aurait pu tout au moins sauver les apparences ; il n'aurait pas été le seul aristocrate à dissimuler ses goûts. Mais il fallait en plus qu'il recherchât les rencontres dangereuses et les étreintes furtives, sur le fumier d'une écurie, avec des militaires de rencontre !
En conclusion, le faubourg Saint-Germain rendait le même verdict que son ami Edouard Lagrange : « Voilà un homme coulé à fond, flétri, marqué du sceau de la réprobation. »
En fait, ce scandale fut pour le marquis de Custine une véritable délivrance et le point de départ d'une nouvelle existence, beaucoup plus riche que la précédente, et d'une carrière littéraire fort réussie.
Il se sentit plus libre, n'étant plus obligé de dissimuler et il dut être aussi soulagé à l'idée qu'il ne serait plus la proie des mères désireuses de marier leur fille !
Mais surtout il avait conservé l'amour du fidèle et délicat Edouard de Sainte-Barbe, « l'esclave » comme l'appelait Custine, et qui le restera jusqu'à sa mort.
Ils allèrent faire ensemble de très grands voyages dans tous les pays d'Europe, accompagnés d'un jeune valet de chambre italien, qui, lui aussi, sera fidèle toute sa vie à son maître.
Custine se mit à écrire, notamment des relations de ses voyages, mais aussi des romans, et connut rapidement une certaine notoriété ; Stendhal, le premier, s'intéressa à lui, puis Lamartine et, plus tard, Baudelaire.
Il s'installa, avec son ami et son valet, dans une somptueuse demeure parisienne, rue La Rochefoucauld et acheta à Saint-Gratien, dans la forêt de Montmorency, un ravissant pavillon de style florentin, avec des terrasses à l'italienne et un parc anglais.
Il organisa alors de somptueuses réceptions, dîners, bals, concerts, lectures, où se pressaient les plus grandes célébrités littéraires et artistiques de l'époque : Hugo, Balzac, Stendhal, Delacroix, Chopin, George Sand, Berlioz, et le vieux Chateaubriand accompagné de Mme Récamier. Ce qui prouve que la société non aristocratique du temps du Romantisme avait les idées moins étroites qu'on ne le pense.
Et, lorsqu'en 1838, Custine tomba une nouvelle fois éperdument amoureux d'un bel exilé polonais, le comte Ignace Gurowski, tous les invités célèbres vinrent admirer le nouvel ami qui vivait avec Custine, ravi de ce qu'il appelait « notre trio ».
Malheureusement, le séduisant Polonais n'avait pas le même sens de la fidélité qu'Edouard II ; il tomba d'abord amoureux de la grande actrice Rachel, qui le repoussa, puis d'une infante d'Espagne qu'il enleva du couvent où sa famille l'avait enfermée pour la protéger des avances du fougueux slave, et qu'il finit tout de même par épouser.
Cet amour déçu de Custine fut à l'origine de son plus grand succès littéraire ; le désir de plaider la cause de Gurowski à Saint-Pétersbourg l'amena à effectuer un voyage en Russie et à écrire, à son retour, un livre intitulé « La Russie en 1839 » où il décrit de manière remarquable les effets du despotisme sous le tsar Nicolas.
On s'arracha ce livre, qui connut de nombreuses rééditions, et même des imitations.
Malheureusement, ce trop grand succès littéraire lui attira la jalousie de ses confrères qui ne pouvaient lui pardonner les 200 000 exemplaires vendus de son livre alors qu'ils le considéraient tout au plus comme un noble et riche amateur. Et, de ce, fait, Custine sentit de nouveau une insidieuse réprobation peser sur lui.
Mais le plus terrible pour lui fut la perte successive de ses amis les plus chers, dont Edouard de Sainte-Barbe. Il se retrouva seul, vieilli, et décida alors de vendre ses propriétés de Paris et de Saint-Gratien pour aller vivre à l'étranger, en Suisse et surtout en Italie, où il était fort estimé. Sa foi religieuse, très sincère et très profonde, ne l'avait jamais quitté et il devint même docteur de l'Eglise ; le Pape en personne lui témoigna les plus grands égards.
Retiré dans un ermitage de la campagne romaine, il publia en 1848 un énorme ouvrage d'inspiration chrétienne, « Romuald, ou la vocation », qu'il considérait, bien à tort, comme le chef-d'œuvre de sa vie.
Cette vie allait bientôt s'achever. Il écrivait : « Je vieillis comme j'ai vécu, au spectacle. Et quel spectacle ! »
La mort le frappa d'un seul coup, dans son fauteuil.
Il fut enterré à Saint-Aubain-d'Auquainville, dans une vieille église normande qu'il avait achetée pour la restaurer et où il avait déposé les cercueils de sa femme et de son enfant.
Il avait légué sa fortune au seul ami qui n'était pas mort, cet Anglais avec lequel il était parti après la naissance de son enfant, et qui, lui aussi, était resté fidèle, discrètement. Cet ami ne put du reste lui survivre.
N'est-il pas extraordinaire de voir que Custine a réussi, toute sa vie, à conserver l'amour, aussi bien de cet Anglais que celui d'Edouard II ou de son valet de chambre, sans drames ni ruptures, même après la fâcheuse histoire de Saint-Denis ?
Aussi à ce titre j'ai pensé qu'il pouvait avoir sa place dans la petite histoire de l'homophilie, au chapitre « Romantisme » tout comme il a sa place dans la petite histoire de la littérature
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Mme de Sabran- Messages : 55516
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Delphine de Sabran, marquise de Custine
Je lis en ce moment une (excellente) biographie sur la reine Hortense où je suis tombée sur ces lettres entre Alexandre de Beauharnais, Delphine de Custine sa maîtresse durant leur captivité aux Carmes (pendant que madame de Beauharnais essayait d'oublier ses malheurs dans les bras de Hoche) et son frère Elzéar de Sabran.
Ces trois protagonistes se vénèrent mutuellement !!!
Alexandre à Delphine :
Hier, dans mes injustes fureurs, j'avais cessé de te croire digne d'être la sœur d'Elzéar. Aujourd'hui, si je peux croire que cet être surnaturel ne soit pas une fiction, c'est parce que je me dis : il est le frère de Delphine, et la nature voulut racheter les malheurs de ces temps par la production de ces deux étonnants phénomènes. J'identifie tellement avec vous cet admirable jeune homme, qu'il n'est pas de soins que je n'eusse, pas d'efforts que je ne fisse pour mériter son estime, pour obtenir son intérêt.
Ah ! ma chère Delphine ! si, comme toutes les probabilités l'indiquent, tu me survis, et si un jour heureux te rapproche mon cœur avec toi à mes derniers instants, qu'il fut l'objet continuel de nos conversations, qu'il aida à augmenter le charme de notre liaison. Appelle son intérêt sur ma mémoire, en lui disant combien j'étais tendre. Peins-moi à ses yeux d'une manière avantageuse, pour qu'il entretienne dans ton âme un souvenir durable de celui qui n'avait pu cesser de t'aimer qu'en cessant de vivre.Rappelle-toi dans les temps cette prière que je t'adresse aujourd'hui. Elle contribuera, si tu l'exauces, à me faire croire à une vie éternelle où je jouirai d'habiter encore sur la terre dans les cœurs d'Elzéar et de Delphine, dans les cœurs des deux êtres qui m'y seront les plus chers.
L'année suivante, de Suisse, après connaissance des lettres d'Alexandre, Elzéar à sa sœur :
Ma sœur, je suis touché jusqu'au fond de l'âme, en lisant les expressions dont se servit ton amant pour te parler de moi, en voyant les illusions qu'il se faisait, d'après les traits dont m'avait peint à ses yeux ton aveugle tendresse.L'amour enchérissait encore sur l'amour fraternel pour me peindre avec avantage, il ne voyait que ton frère.
[...] Oui, Delphine, c'était là peut-être le seul être digne de toi ; quand on l'a trouvé une fois, comment peut-on espérer rencontrer le second de cet être unique, et comment se contenter à moins ? Comment même avoir le désir, le pouvoir de le chercher ? Tout autre choix, en faisant écrouler l'édifice romanesque dont ta jeune tête s'est entourée, te livrerait subitement à l'amertume des remords, en te privant du seul bonheur qui reste à ta vie, de la volupté des regrets et des souvenirs, qu'il changerait en poison. Et quel amant assez présomptueux oserait être le rival de l'amant qui n'est plus ? Delphine, tu es forcée de convenir qu'après l'amour d'Alexandre, tout autre amour serait de la dégradation.
Les deux lettres sont extraites de la biographie de Gaston Maugras, Delphine de Sabran, marquise de Custine, Paris, Plon, 1912, p;. 234-235 et pp. 272-273.
Qu'on se rassure, Delphine connaîtra d'autres amours, notamment avec un autre grand héros, Chateaubriand !
Quant à Elzéar, il fera la cour à Hortense, la fille de son homme préféré . :
Ces trois protagonistes se vénèrent mutuellement !!!
Alexandre à Delphine :
Hier, dans mes injustes fureurs, j'avais cessé de te croire digne d'être la sœur d'Elzéar. Aujourd'hui, si je peux croire que cet être surnaturel ne soit pas une fiction, c'est parce que je me dis : il est le frère de Delphine, et la nature voulut racheter les malheurs de ces temps par la production de ces deux étonnants phénomènes. J'identifie tellement avec vous cet admirable jeune homme, qu'il n'est pas de soins que je n'eusse, pas d'efforts que je ne fisse pour mériter son estime, pour obtenir son intérêt.
Ah ! ma chère Delphine ! si, comme toutes les probabilités l'indiquent, tu me survis, et si un jour heureux te rapproche mon cœur avec toi à mes derniers instants, qu'il fut l'objet continuel de nos conversations, qu'il aida à augmenter le charme de notre liaison. Appelle son intérêt sur ma mémoire, en lui disant combien j'étais tendre. Peins-moi à ses yeux d'une manière avantageuse, pour qu'il entretienne dans ton âme un souvenir durable de celui qui n'avait pu cesser de t'aimer qu'en cessant de vivre.Rappelle-toi dans les temps cette prière que je t'adresse aujourd'hui. Elle contribuera, si tu l'exauces, à me faire croire à une vie éternelle où je jouirai d'habiter encore sur la terre dans les cœurs d'Elzéar et de Delphine, dans les cœurs des deux êtres qui m'y seront les plus chers.
L'année suivante, de Suisse, après connaissance des lettres d'Alexandre, Elzéar à sa sœur :
Ma sœur, je suis touché jusqu'au fond de l'âme, en lisant les expressions dont se servit ton amant pour te parler de moi, en voyant les illusions qu'il se faisait, d'après les traits dont m'avait peint à ses yeux ton aveugle tendresse.L'amour enchérissait encore sur l'amour fraternel pour me peindre avec avantage, il ne voyait que ton frère.
[...] Oui, Delphine, c'était là peut-être le seul être digne de toi ; quand on l'a trouvé une fois, comment peut-on espérer rencontrer le second de cet être unique, et comment se contenter à moins ? Comment même avoir le désir, le pouvoir de le chercher ? Tout autre choix, en faisant écrouler l'édifice romanesque dont ta jeune tête s'est entourée, te livrerait subitement à l'amertume des remords, en te privant du seul bonheur qui reste à ta vie, de la volupté des regrets et des souvenirs, qu'il changerait en poison. Et quel amant assez présomptueux oserait être le rival de l'amant qui n'est plus ? Delphine, tu es forcée de convenir qu'après l'amour d'Alexandre, tout autre amour serait de la dégradation.
Les deux lettres sont extraites de la biographie de Gaston Maugras, Delphine de Sabran, marquise de Custine, Paris, Plon, 1912, p;. 234-235 et pp. 272-273.
Qu'on se rassure, Delphine connaîtra d'autres amours, notamment avec un autre grand héros, Chateaubriand !
Quant à Elzéar, il fera la cour à Hortense, la fille de son homme préféré . :
Invité- Invité
Re: Delphine de Sabran, marquise de Custine
Ah tiens, c'est drôle, je viens de tomber sur l'article que tu cites juste avant en faisant des recherches sur Delphine.
Invité- Invité
Re: Delphine de Sabran, marquise de Custine
La dernière réponse est la quintessence du romantisme !
Dernière édition par Lucius le Sam 15 Aoû 2015, 11:59, édité 2 fois (Raison : n)
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Delphine de Sabran, marquise de Custine
La génération des enfants nés dans les années 1770-1780 seront élevés dans les principes rousseauistes. Les parents de cette époque suivront ces nouvelles méthodes d'éducation. Louis XVI et Marie-Antoinette ne diffèreront pas de leurs contemporains.
Delphine et Elzéar de Sabran en sont des exemples parfaits, comme le seront un peu plus tard Eugène et Hortense de Beauharnais.
Delphine et Elzéar de Sabran en sont des exemples parfaits, comme le seront un peu plus tard Eugène et Hortense de Beauharnais.
Invité- Invité
Re: Delphine de Sabran, marquise de Custine
Quelle mère accomplie je fais ! : : :
Mme de Sabran- Messages : 55516
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Delphine de Sabran, marquise de Custine
Savez-vous la raison pour laquelle vous vous prénommez ainsi, ma chère Delphine, votre frère et vous ?
Ce ne peut-être qu'une idée complètement farfelue de feu mon premier époux, votre père, Monsieur de Sabran, parce que cela ne me ressemble pas, mais alors pas du tout .... je m'en défends bien ! :
C'est une histoire très édifiante .
Elzéar (ou Auzias) de Sabran naquit en 1285 au château d'Ansouis (entre Luberon et Durance) et fut envoyé comme écolier à l'abbaye Saint-Victor de Marseille. Delphine (ou Dauphine) de Signe était née en 1282 au château de Puimichel dans le val de Durance. Il n'avait que onze ans et elle quatorze quand leurs familles décidèrent de les fiancer.
Leur mariage fut célébré en 1299 mais Elzéar accepta de respecter la promesse de virginité faite par Delphine. Puis il dut partir pour le royaume de Naples où il venait d'hériter du comté d'Ariano et il fut donc séparé de son épouse pendant plusieurs années. Il ne put revenir à Ansouis que vers 1314 et c'est alors, après cette longue période d'épreuve et de réflexion, que les deux époux s'engagèrent dans un vœu de chasteté parfaite, portés par leur amour mutuel et confiant
Cette vocation paradoxale fortifia leur vie commune d'union à Dieu, de prière, de piété eucharistique, de pénitence, de disponibilité à l'Esprit Saint et de dévouement à autrui. Ils s'efforcèrent concrètement d'assurer l'existence spirituelle et matérielle de leurs serviteurs, de leurs fermiers et de tous ceux qui vivaient sur leurs vastes domaines. En 1317 ils furent admis comme tertiaires dans l'Ordre de saint François d'Assise.
Vaillant chevalier, Elzéar défendit victorieusement Rome contre les troupes impériales mais il sut aussi apaiser les turbulences de ses vassaux italiens. En 1323 il fut envoyé à Paris par le roi Robert Ier comme ambassadeur extraordinaire pour négocier avec le roi de France le mariage du prince Charles de Calabre avec Marie de Valois. Atteint soudainement par une fièvre maligne, il mourut à Paris le 27septembre 1323, âgé de 38 ans, après avoir déclaré: "que les forces du démon seraient puissantes n'étaient les mérites de Jésus Christ. Courage, loué soit Dieu, j'ai tout vaincu". Au cours de sa vie conjugale virginale, il fut un exemple admirable d'union mystique à Dieu, terme au milieu des actions les plus absorbantes d'ascèse dans le monde, de prudence, d'équité incorruptible, d'amour des pauvres, de charité pour les malades et les lépreux.
Delphine, devenue veuve, réalisa peu à peu son rêve d'absolue pauvreté et de service des malheureux à Naples, puis à Apt où elle passa les quinze dernières années de sa vie. Elle y mourut le 26 novembre 1360 à l'age de 78 ans, en disant : "Désormais je ne veux plus que Dieu".
Elle s'était distinguée par sa piété profonde, sa volonté inflexible de poursuivre son idéal de dépouillement total, son humilité extrême qui la poussait à quêter dans les rues malgré les affronts reçus, son zèle pour les âmes qu'elle conseillait, consolait et cherchait à convertir.
Elle avait fondé une caisse rurale de prêt sans intérêt qu'elle cautionnait. Bien qu'infirme, elle s'était interposée pour obtenir un apaisement alors que la guerre des Baux menaçait de ruiner la région.
Elzéar fut canonisé le 15 avril 1369, dans la Basilique Saint-Pierre de Rome, par le pape Urbain V, son filleul.
Le culte de Delphine a été approuvé par le pape Innocent VII en 1694, mais son procès de canonisation, ouvert en 1363, n'a jamais été achevé.
Les deux époux furent ensevelis dans l'église des frères mineurs d'Apt Aujourd'hui leurs reliques sont conservées dans la cathédrale d'Apt et dans l'église d 'Ansouis.
Allons bon !
Ce ne peut-être qu'une idée complètement farfelue de feu mon premier époux, votre père, Monsieur de Sabran, parce que cela ne me ressemble pas, mais alors pas du tout .... je m'en défends bien ! :
C'est une histoire très édifiante .
Elzéar (ou Auzias) de Sabran naquit en 1285 au château d'Ansouis (entre Luberon et Durance) et fut envoyé comme écolier à l'abbaye Saint-Victor de Marseille. Delphine (ou Dauphine) de Signe était née en 1282 au château de Puimichel dans le val de Durance. Il n'avait que onze ans et elle quatorze quand leurs familles décidèrent de les fiancer.
Leur mariage fut célébré en 1299 mais Elzéar accepta de respecter la promesse de virginité faite par Delphine. Puis il dut partir pour le royaume de Naples où il venait d'hériter du comté d'Ariano et il fut donc séparé de son épouse pendant plusieurs années. Il ne put revenir à Ansouis que vers 1314 et c'est alors, après cette longue période d'épreuve et de réflexion, que les deux époux s'engagèrent dans un vœu de chasteté parfaite, portés par leur amour mutuel et confiant
Cette vocation paradoxale fortifia leur vie commune d'union à Dieu, de prière, de piété eucharistique, de pénitence, de disponibilité à l'Esprit Saint et de dévouement à autrui. Ils s'efforcèrent concrètement d'assurer l'existence spirituelle et matérielle de leurs serviteurs, de leurs fermiers et de tous ceux qui vivaient sur leurs vastes domaines. En 1317 ils furent admis comme tertiaires dans l'Ordre de saint François d'Assise.
Vaillant chevalier, Elzéar défendit victorieusement Rome contre les troupes impériales mais il sut aussi apaiser les turbulences de ses vassaux italiens. En 1323 il fut envoyé à Paris par le roi Robert Ier comme ambassadeur extraordinaire pour négocier avec le roi de France le mariage du prince Charles de Calabre avec Marie de Valois. Atteint soudainement par une fièvre maligne, il mourut à Paris le 27septembre 1323, âgé de 38 ans, après avoir déclaré: "que les forces du démon seraient puissantes n'étaient les mérites de Jésus Christ. Courage, loué soit Dieu, j'ai tout vaincu". Au cours de sa vie conjugale virginale, il fut un exemple admirable d'union mystique à Dieu, terme au milieu des actions les plus absorbantes d'ascèse dans le monde, de prudence, d'équité incorruptible, d'amour des pauvres, de charité pour les malades et les lépreux.
Delphine, devenue veuve, réalisa peu à peu son rêve d'absolue pauvreté et de service des malheureux à Naples, puis à Apt où elle passa les quinze dernières années de sa vie. Elle y mourut le 26 novembre 1360 à l'age de 78 ans, en disant : "Désormais je ne veux plus que Dieu".
Elle s'était distinguée par sa piété profonde, sa volonté inflexible de poursuivre son idéal de dépouillement total, son humilité extrême qui la poussait à quêter dans les rues malgré les affronts reçus, son zèle pour les âmes qu'elle conseillait, consolait et cherchait à convertir.
Elle avait fondé une caisse rurale de prêt sans intérêt qu'elle cautionnait. Bien qu'infirme, elle s'était interposée pour obtenir un apaisement alors que la guerre des Baux menaçait de ruiner la région.
Elzéar fut canonisé le 15 avril 1369, dans la Basilique Saint-Pierre de Rome, par le pape Urbain V, son filleul.
Le culte de Delphine a été approuvé par le pape Innocent VII en 1694, mais son procès de canonisation, ouvert en 1363, n'a jamais été achevé.
Les deux époux furent ensevelis dans l'église des frères mineurs d'Apt Aujourd'hui leurs reliques sont conservées dans la cathédrale d'Apt et dans l'église d 'Ansouis.
Allons bon !
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Mme de Sabran- Messages : 55516
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Delphine de Sabran, marquise de Custine
En effet, je connaissais bien cette histoire...
Cela pourrait être une de vos idées, ma mère, car si je ne m'abuse je crois que vous avez choisi, en marraine, le prénom de mon fils Astolphe...
Cela pourrait être une de vos idées, ma mère, car si je ne m'abuse je crois que vous avez choisi, en marraine, le prénom de mon fils Astolphe...
Re: Delphine de Sabran, marquise de Custine
Mon nouveau moi ne brille guère par la piété ... :
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Localisation : l'Ouest sauvage
Gouverneur Morris- Messages : 11798
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Re: Delphine de Sabran, marquise de Custine
Merci, mon cher Momo, je n'ai eu le temps que de comprendre qu'il s'agissait d'un bouquet de Delphine avec les pétales de fleurs en porcelaine ... je ne suis pas sur FB ...
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Mme de Sabran- Messages : 55516
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Gouverneur Morris- Messages : 11798
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Re: Delphine de Sabran, marquise de Custine
Exposition "Pétales de porcelaine : le bouquet de Delphine, du 8 juin 2018 au 9 janvier 2019, au Musée du Pays de Sarrebourg.
Cette exposition a été conçue autour d'une récente acquisition du musée, pièce exceptionnelle de la manufacture de Niderviller. Il a été créé par les ouvriers de la manufacture, pour être offert à Delphine de Sabran, comtesse de Custine (1770-1826), épouse du propriétaire et surnommée la « Reine des roses ». L’exposition est complétée par de nombreuses œuvres toute en délicatesse les manufactures de Meissen, Vincennes, Lunéville et Strasbourg, provenant de musées et de collections privées.
Le musée des Arts décoratifs de Strasbourg a prêté six oeuvres pour cette magnifique exposition : deux médaillons fleuris en lien avec la manufacture de Niderviller, une paire de bouquets de la manufacture de Vincennes, une écuelle à bouillon et un pot-pourri Hannong.
Cette exposition a été conçue autour d'une récente acquisition du musée, pièce exceptionnelle de la manufacture de Niderviller. Il a été créé par les ouvriers de la manufacture, pour être offert à Delphine de Sabran, comtesse de Custine (1770-1826), épouse du propriétaire et surnommée la « Reine des roses ». L’exposition est complétée par de nombreuses œuvres toute en délicatesse les manufactures de Meissen, Vincennes, Lunéville et Strasbourg, provenant de musées et de collections privées.
Le musée des Arts décoratifs de Strasbourg a prêté six oeuvres pour cette magnifique exposition : deux médaillons fleuris en lien avec la manufacture de Niderviller, une paire de bouquets de la manufacture de Vincennes, une écuelle à bouillon et un pot-pourri Hannong.
Gouverneur Morris- Messages : 11798
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Re: Delphine de Sabran, marquise de Custine
Est-elle gâtée, ma Delphine !
Merci, cher Momo .
Merci, cher Momo .
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Mme de Sabran- Messages : 55516
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Delphine de Sabran, marquise de Custine
Une belle histoire ...
Son beau-père, le général Custine, et son époux viennent d'être jugés et guillotinés, Delphine est arrêtée et emprisonnée à son tour, d'abord à Sainte-Pélagie puis à la Force. Sa maison est mise sous scellés . N'y reste plus que Nanette, sa femme de chambre, qui vit dans la cuisine où elle a installé le berceau du petit Astolphe auprès de son lit. Il arrive plusieurs fois que la maison est fouillée, de fond en comble, et en présence de Mme de Custine.
" Ces visites et ces interrogatoires à son domicile eurent pour Delphine le résultat le plus inattendu. Parmi les trois commissaires de la commune, qui étaient chargés de prendre la jeune femme à la maison d'arrêt et de l'y ramener, se trouvait un maître maçon nommé Gérôme. Gérôme était jeune et ses profondes convictions républicaines ne l'empêchaient nullement d'être accessible au charme et à la beauté. Il fut touché de la grâce de Delphine, de sa détresse, de ses larmes, et il se jura à lui-même de tout faire au monde, même au risque de sa vie, pour ravir au bourreau la « belle aristocrate ».
A partir de ce moment, Gérôme n'eut plus qu'une idée, sauver Delphine. Mais laissons la parole à Astolphe lui-même, qui a raconté cette étrange aventure.
« Gérôme avait un libre accès dans les bureaux de Fouquier-Tinville ; là s'entassaient les papiers où se trouvait le nom de chaque détenu écroué dans les prisons de Paris. Ces feuilles passaient toutes dans un carton, où elles étaient empilées une à une par Fouquier-Tinville, qui les employait, à mesure et sans choix, pour fournir aux exécutions de la journée. Le nombre des feuilles se recrutait journellement de différents envois qui se faisaient de toutes les prisons de la ville.
Naturellement les nouvelles feuilles étaient placées sous les anciennes. Gérôme savait où était le carton fatal et, pendant six mois (i), il n'a pas manqué une seule fois de se rendre dans le bureau, à l'instant où il était sûr de n'être pas observé, pour s'assurer que la feuille sur laquelle était inscrit le nom de ma mère se trouvait toujours au fond du carton. Chaque jour il parcourait la liasse infernale jusqu'à ce qu'il eût retrouvé le nom de ma mère et la mettait au fond du carton; il n'osait pas supprimer la feuille parce qu'on en savait le nombre. Une fois le nom de Mme de Custine se trouva le premier. Gérôme frémit, et le remit sous les autres. »
Gérôme ne se contenta pas de préserver Delphine, il fit plus encore. Pendant les premiers mois de la détention de sa maîtresse, Nanette avait pu vivre et faire vivre Astolphe en vendant peu à peu ses effets et tout ce qui lui appartenait; mais il arriva fatalement un moment où elle ne posséda plus rien ; elle se trouva dans la plus affreuse détresse et il ne restait plus aux deux infortunés qu'à mourir de faim.
Gérôme ne put supporter l'idée de laisser dans une pareille misère l'enfant de celle qu'il aimait ; sous les plus ingénieux prétextes, et avec la promesse d'un secret absolu, il força Nanette à accepter de petites sommes d'argent, qui lui permirent de vivre jusqu'à la mise en liberté de sa maîtresse.
De toutes les passions qu'a inspirées Delphine, et Dieu sait si elles sont nombreuses, pas une ne fut aussi sincère et aussi désintéressée que celle de Gérôme. Homme du peuple, ardent révolutionnaire, il savait que tout le séparait de celle qu'il osait aimer sans oser le lui dire, qu'il n'avait rien à espérer, qu'elle ignorerait probablement toujours ses sentiments secrets, son attachement obscur et absolu. Et cependant cela ne l'empêcha pas de veiller sur elle, de se dévouer à elle et aux siens avec l'abnégation la plus complète. Le trait est assez rare et assez beau pour qu'on ne le laisse pas inaperçu.
Quand elle fut enfin revenue à la santé, Delphine interrogea Nanette et celle-ci finit par lui avouer que, depuis six mois, elle faisait vivre la maison avec l'argent que Gérôme, du fond de sa cachette, lui envoyait chaque semaine, avec la recommandation expresse de n'en jamais rien dire. Elle lui apprit en même temps comment il lui avait sauvé la vie.
Mme de Custine profondément touchée de l'extraordinaire dévouement de cet homme qu'elle connaissait à peine et qu'elle croyait un de ses persécuteurs, fit tout au monde pour reconnaître les services si grands qu'il lui avait rendus. Elle l'aida à se cacher, puis, dès qu'elle le put, lui facilita les moyens de quitter la France et d'aller chercher fortune en Amérique .
Gérôme revint en France sous le Consulat; il avait gagné en Amérique une petite fortune :
« Ma mère, écrit Astolphe, le traitait comme un ami; ma grand'mère de Sabran, revenue de l'émigration, le combla de marques de reconnaissance. Il n'a jamais voulu faire partie de notre société, il disait à ma mère : « Je viendrai vous voir quand vous serez seule; lorsqu'il y aura du monde chez vous, je n'irai pas, vos amis me regarderaient comme une bête curieuse ; vous me recevriez par bonté, car je connais votre cœur. Mais je serais mal à mon aise chez vous; nous n'avons pas la même éducation. Si j'ai fait quelque chose pour vous, vous avez fait tout autant pour moi. Nous sommes quittes. »
Ma mère est restée pour lui, en toute occasion, une amie fidèle et serviable; on m'a élevé dans les sentiments de reconnaissance envers lui.
Il est mort au commencement de l'Empire. »
(i) Astolphe se trompe; il veut dire deux mois. "
( Gaston Maugras )
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Mme de Sabran- Messages : 55516
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Delphine de Sabran, marquise de Custine
Belle histoire, en effet.
Ce brave Gérôme resté dans l'ombre de deux géants de l'Histoire : Alexandre de Beauharnais et Chateaubriand.
Autoportrait de Delphine de Sabran, marquise de Custine.
Image : www.bridgemanart.com
Ce brave Gérôme resté dans l'ombre de deux géants de l'Histoire : Alexandre de Beauharnais et Chateaubriand.
Autoportrait de Delphine de Sabran, marquise de Custine.
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La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
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