Eléonore-Françoise de Mandeville, comtesse de Sabran
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Eléonore-Françoise de Mandeville, comtesse de Sabran
Nous n'avons pas de sujet sur cette dame, pourtant si précieuse parmi nous ?
Je vais faire un petit saut vous savez où !
Eléonore a écrit :
La comtesse de Sabran est née Eléonore-Françoise de Mandeville, en 1750.
On la marie au comte de Sabran, officier de marine qui s'illustra devant Gibraltar en 1756 . Le jeune marié n'avait jamais que 50 ans de plus qu'Eléonore !!!!!
Elle devient veuve en 1776.
C'est à ce moment qu'elle rencontre le chevalier de Boufflers qui s'éprend d'elle, comme elle de lui ... Le prince de Ligne disait de Boufflers qu'il était 'd'une bonté sans mesure". Cette grande passion est contrariée par la nomination de M. de Boufflers au poste de Gouverneur du Sénégal, en 1785; il y part.
Ce sont des adieux déchirants. Ils s'écrivent tous les jours la plus passionnée des correspondances, à la lecture de laquelle on ne peut que vibrer, c'est un régal !!!!!!!!
Eléonore s'interroge:
" Pourquoi l'amour est-il donc le poison
Et l'amitié le charme de la vie ?
C'est que l'amour est fils de la folie
Et l'amitié fille de la raison ... "
Pendant l'absence du chevalier, Eléonore se rapproche de la société intime de la Reine, c'est à dire celle de Mme de Polignac. Diane de Polignac (belle-soeur de la duchesse) se toque absolument de la charmante Madame de Sabran qu'elle voit tellement malheureuse.
Eléonore n'entre dans cette société qu'avec quelques réticences : le salon de Mme de Polignac a la pire réputation qui soit. On déteste généralement cordialement tout ce que est Polignac, à la Cour.
Mais, débordée par la tendresse délirante de Diane, Eléonore se retrouve bientôt à Montreuil (Diane est à la tête de la maison de Mme Elsabeth) , installée chez Diane, avec ses enfants.
Elle revient bientôt sur ses préjugés et l'écrit à Boufflers:
"La comtesse Diane me parle souvent de toi. J'ai éprouvé dans cette occasion-ci combien je pouvais compter sur elle; elle a été pour moi autant qu'une mère, une soeur, une amie; je t'en parle les larmes aux yeux, car j'en suis pépétrée jusqu'au fond du coeur."
Diane s'est mise en tête de marier ces deux là; elle y travaille après de la Reine, de toute son influence.
Le mariage a lieu, à la fin de l'année 1787;
La correspondance avec le chevalier, je le répète, est une merveille, mais une autre est également tout à fait importante, c'est le recueil des lettres que Mme de Sabran reçoit de la comtesse Diane en émigration. Il a été publié sous le titre " Journal d'Italie et de Suisse" et fait le pendant aux Mémoires que Diane a laissés, qui sont une apologie de la duchesse Yolande de Polignac.
Elzéar de Sabran, le fils d'Eléonore, était précepteur des jeunes Polignac et présent chez eux à la mort de la duchesse dans la nuit du 4 au 5 Décembre 1793 ( et non 9 décembre comme le dit Wiki )
A la Révolution, Eléonore avait suivi Boufflers réfugié en Prusse , en 1791. Ils rentrent à Paris en 1800.
Bien en Cour dans la France de Napoléon, Boufflers est bibliothécaire-adjoint de la bibiothèque Mazarine.
Il meurt à 75 ans en 1815; Eléonore le rejoint en 1827.
Mme Vigée-Lebrun nous a laissé de Mme de Sabran le charmant portrait, en gaulle, que vous pouvez découvrir à gauche de mon sujet.
Dans, "The French Review " publiée par " The American Association of Teachers of French " Vol. 62 N° 6
on peut trouver l'article "Home at last.
The Story of the Comtesse de Sabran and the Chevalier de Boufflers. 1789 1815 "
de Susan Lee Carell.
Je vais faire un petit saut vous savez où !
Eléonore a écrit :
La comtesse de Sabran est née Eléonore-Françoise de Mandeville, en 1750.
On la marie au comte de Sabran, officier de marine qui s'illustra devant Gibraltar en 1756 . Le jeune marié n'avait jamais que 50 ans de plus qu'Eléonore !!!!!
Elle devient veuve en 1776.
C'est à ce moment qu'elle rencontre le chevalier de Boufflers qui s'éprend d'elle, comme elle de lui ... Le prince de Ligne disait de Boufflers qu'il était 'd'une bonté sans mesure". Cette grande passion est contrariée par la nomination de M. de Boufflers au poste de Gouverneur du Sénégal, en 1785; il y part.
Ce sont des adieux déchirants. Ils s'écrivent tous les jours la plus passionnée des correspondances, à la lecture de laquelle on ne peut que vibrer, c'est un régal !!!!!!!!
Eléonore s'interroge:
" Pourquoi l'amour est-il donc le poison
Et l'amitié le charme de la vie ?
C'est que l'amour est fils de la folie
Et l'amitié fille de la raison ... "
Pendant l'absence du chevalier, Eléonore se rapproche de la société intime de la Reine, c'est à dire celle de Mme de Polignac. Diane de Polignac (belle-soeur de la duchesse) se toque absolument de la charmante Madame de Sabran qu'elle voit tellement malheureuse.
Eléonore n'entre dans cette société qu'avec quelques réticences : le salon de Mme de Polignac a la pire réputation qui soit. On déteste généralement cordialement tout ce que est Polignac, à la Cour.
Mais, débordée par la tendresse délirante de Diane, Eléonore se retrouve bientôt à Montreuil (Diane est à la tête de la maison de Mme Elsabeth) , installée chez Diane, avec ses enfants.
Elle revient bientôt sur ses préjugés et l'écrit à Boufflers:
"La comtesse Diane me parle souvent de toi. J'ai éprouvé dans cette occasion-ci combien je pouvais compter sur elle; elle a été pour moi autant qu'une mère, une soeur, une amie; je t'en parle les larmes aux yeux, car j'en suis pépétrée jusqu'au fond du coeur."
Diane s'est mise en tête de marier ces deux là; elle y travaille après de la Reine, de toute son influence.
Le mariage a lieu, à la fin de l'année 1787;
La correspondance avec le chevalier, je le répète, est une merveille, mais une autre est également tout à fait importante, c'est le recueil des lettres que Mme de Sabran reçoit de la comtesse Diane en émigration. Il a été publié sous le titre " Journal d'Italie et de Suisse" et fait le pendant aux Mémoires que Diane a laissés, qui sont une apologie de la duchesse Yolande de Polignac.
Elzéar de Sabran, le fils d'Eléonore, était précepteur des jeunes Polignac et présent chez eux à la mort de la duchesse dans la nuit du 4 au 5 Décembre 1793 ( et non 9 décembre comme le dit Wiki )
A la Révolution, Eléonore avait suivi Boufflers réfugié en Prusse , en 1791. Ils rentrent à Paris en 1800.
Bien en Cour dans la France de Napoléon, Boufflers est bibliothécaire-adjoint de la bibiothèque Mazarine.
Il meurt à 75 ans en 1815; Eléonore le rejoint en 1827.
Mme Vigée-Lebrun nous a laissé de Mme de Sabran le charmant portrait, en gaulle, que vous pouvez découvrir à gauche de mon sujet.
Dans, "The French Review " publiée par " The American Association of Teachers of French " Vol. 62 N° 6
on peut trouver l'article "Home at last.
The Story of the Comtesse de Sabran and the Chevalier de Boufflers. 1789 1815 "
de Susan Lee Carell.
Dernière édition par Reinette le Mer 03 Juin 2015, 18:33, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: Eléonore-Françoise de Mandeville, comtesse de Sabran
Et voilà ce que nous raconte Linguet, pour le 12 mai 1785 :
Il valait mieux être frère de lait d'une dame connue de la cour si l'on voulait réussir son procès... àè-è\':
Il valait mieux être frère de lait d'une dame connue de la cour si l'on voulait réussir son procès... àè-è\':
Invité- Invité
Re: Eléonore-Françoise de Mandeville, comtesse de Sabran
Merci, chère Reinette, de me faire l'honneur d'un sujet !
Mme de Sabran- Messages : 55557
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Eléonore-Françoise de Mandeville, comtesse de Sabran
Portrait que Mme Vigée-Lebrun brosse de Mme de Sabran (avec sa plume cette fois-ci, pas avec ses pinceaux) :
"J'avais fait connaissance avec elle quelques années avant la révolution. Elle était alors fort jolie, ses yeux bleus exprimaient sa finesse et sa bonté. Elle aimait les arts et les lettres, faisait de très jolis vers, racontait à merveille, et tout cela sans montrer la moindre prétention à quoi que ce soit. Son esprit naïf et gai avait une simplicité toute gracieuse qui la faisait aimer et rechercher généralement, sans qu'elle se prévalût en rien de ses nombreux succès dans le monde. Quant aux qualités de son coeur, il suffira de dire qu'une tendresse extrême pour son fils n'empêchait point qu'elle n'eût beaucoup d'amis, auxquels elle est toujours restée fidèle et dévouée.
Madame de Sabran était une des femmes que je voyais le plus souvent, que j'allais chercher et que je recevais chez moi avec le plus de plaisir. Près d'elle, on n'a jamais connu l'ennui ( : ) ; aussi fus-je charmée dans l'émigration de la retrouver en Prusse. Elle était alors établie à Rainsberg, chez le prince Henri, de même que le chevalier de Boufflers, qu'elle a depuis épousé. Rentrée en France et dans les derniers temps de sa vie, elle devint aveugle.
Son fils alors ne la quitta plus; son bras, pour ainsi dire était attaché au bras de sa mère, et vraiment on pouvait envier le sort de M. de Sabran ; car, malgré ses souffrances et son âge, madame de Boufflers toujours bonne, toujours aimable, conservait ce charme qui plaît et qui attire tout le monde. Je me rappelle que sur la fin de sa vie, Forlense, fameux oculiste, venant de lui faire l'opération de la cataracte, elle était obligée de se tenir dans la plus grande obscurité.
Un soir, j'allais la voir, je la trouve seule, sans lumière, je croyais n'y rester qu'un moment ; mais le charme toujours renaissant de cette conversation si piquante, si pleine d'anecdotes que personne ne savait conter ainsi, me retint plus de trois heures auprès d'elle.
Je pensais en l'écoutant, que ne voyant rien, ne recevant aucune distraction des objets extérieurs, elle lisait en elle-même, si je puis m'exprimer ainsi, et cette sorte de lanterne magique de choses et d'idées, qu'elle me retraçait avec tant de grâce, me retenait là. Je ne la quittai qu'à regret, car jamais je ne l'avais trouvée plus aimable.
Madame de Boufflers n'a laissé que deux enfants, son fils, M. le comte de Sabran, bien connu aussi non-seulement par son esprit plein de finesse, mais encore par des fables charmantes qu'il récite dans la perfection, et madame de Custine, que j'ai connue dans sa jeunesse et qui ressemblait alors au printemps. Elle était passionnée pour la peinture, et copiait parfaitement les grands maîtres, dont elle imitait le coloris et la vigueur, au point, qu'en entrant un jour dans son cabinet, je pris sa copie pour l'original. Elle ne cacha point tout le plaisir que lui causait mon erreur ; car elle était aussi naturelle qu'elle était aimable et belle."
"J'avais fait connaissance avec elle quelques années avant la révolution. Elle était alors fort jolie, ses yeux bleus exprimaient sa finesse et sa bonté. Elle aimait les arts et les lettres, faisait de très jolis vers, racontait à merveille, et tout cela sans montrer la moindre prétention à quoi que ce soit. Son esprit naïf et gai avait une simplicité toute gracieuse qui la faisait aimer et rechercher généralement, sans qu'elle se prévalût en rien de ses nombreux succès dans le monde. Quant aux qualités de son coeur, il suffira de dire qu'une tendresse extrême pour son fils n'empêchait point qu'elle n'eût beaucoup d'amis, auxquels elle est toujours restée fidèle et dévouée.
Madame de Sabran était une des femmes que je voyais le plus souvent, que j'allais chercher et que je recevais chez moi avec le plus de plaisir. Près d'elle, on n'a jamais connu l'ennui ( : ) ; aussi fus-je charmée dans l'émigration de la retrouver en Prusse. Elle était alors établie à Rainsberg, chez le prince Henri, de même que le chevalier de Boufflers, qu'elle a depuis épousé. Rentrée en France et dans les derniers temps de sa vie, elle devint aveugle.
Son fils alors ne la quitta plus; son bras, pour ainsi dire était attaché au bras de sa mère, et vraiment on pouvait envier le sort de M. de Sabran ; car, malgré ses souffrances et son âge, madame de Boufflers toujours bonne, toujours aimable, conservait ce charme qui plaît et qui attire tout le monde. Je me rappelle que sur la fin de sa vie, Forlense, fameux oculiste, venant de lui faire l'opération de la cataracte, elle était obligée de se tenir dans la plus grande obscurité.
Un soir, j'allais la voir, je la trouve seule, sans lumière, je croyais n'y rester qu'un moment ; mais le charme toujours renaissant de cette conversation si piquante, si pleine d'anecdotes que personne ne savait conter ainsi, me retint plus de trois heures auprès d'elle.
Je pensais en l'écoutant, que ne voyant rien, ne recevant aucune distraction des objets extérieurs, elle lisait en elle-même, si je puis m'exprimer ainsi, et cette sorte de lanterne magique de choses et d'idées, qu'elle me retraçait avec tant de grâce, me retenait là. Je ne la quittai qu'à regret, car jamais je ne l'avais trouvée plus aimable.
Madame de Boufflers n'a laissé que deux enfants, son fils, M. le comte de Sabran, bien connu aussi non-seulement par son esprit plein de finesse, mais encore par des fables charmantes qu'il récite dans la perfection, et madame de Custine, que j'ai connue dans sa jeunesse et qui ressemblait alors au printemps. Elle était passionnée pour la peinture, et copiait parfaitement les grands maîtres, dont elle imitait le coloris et la vigueur, au point, qu'en entrant un jour dans son cabinet, je pris sa copie pour l'original. Elle ne cacha point tout le plaisir que lui causait mon erreur ; car elle était aussi naturelle qu'elle était aimable et belle."
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Eléonore-Françoise de Mandeville, comtesse de Sabran
Quelle femme intéressante et bonne.
J'ai essayé de voir son portrait sur Internet, mais je n'ai rien trouvé.
Chère Eléonore est-ce réellement une de vos aïeules ?
J'ai essayé de voir son portrait sur Internet, mais je n'ai rien trouvé.
Chère Eléonore est-ce réellement une de vos aïeules ?
Trianon- Messages : 3305
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: Eléonore-Françoise de Mandeville, comtesse de Sabran
Le petit fils unique de la comtesse de Sabran, Astophle de Custine, n'eut qu'un fils qui mourut enfant. Sa descendance est éteinte depuis.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: Eléonore-Françoise de Mandeville, comtesse de Sabran
Trianon a écrit:Quelle femme intéressante et bonne.
J'ai essayé de voir son portrait sur Internet, mais je n'ai rien trouvé.
Chère Eléonore est-ce réellement une de vos aïeules ?
... du tout, nullement . En revanche nous sommes cousines issues de germains !
Mme de Sabran- Messages : 55557
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Eléonore-Françoise de Mandeville, comtesse de Sabran
Comte d'Hézècques a écrit:Portrait que Mme Vigée-Lebrun brosse de Mme de Sabran (avec sa plume cette fois-ci, pas avec ses pinceaux) :
"J'avais fait connaissance avec elle quelques années avant la révolution. Elle était alors fort jolie, ses yeux bleus exprimaient sa finesse et sa bonté. Elle aimait les arts et les lettres, faisait de très jolis vers, racontait à merveille, et tout cela sans montrer la moindre prétention à quoi que ce soit. Son esprit naïf et gai avait une simplicité toute gracieuse qui la faisait aimer et rechercher généralement, sans qu'elle se prévalût en rien de ses nombreux succès dans le monde. Quant aux qualités de son cœur, il suffira de dire qu'une tendresse extrême pour son fils n'empêchait point qu'elle n'eût beaucoup d'amis, auxquels elle est toujours restée fidèle et dévouée."
Je me reconnais tout à fait ! :
boudoi26
.
Mme de Sabran- Messages : 55557
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Eléonore-Françoise de Mandeville, comtesse de Sabran
Lucius a écrit:Le petit fils unique de la comtesse de Sabran, Astophle de Custine, n'eut qu'un fils qui mourut enfant. Sa descendance est éteinte depuis.
Merci pour l'information.
Trianon- Messages : 3305
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: Eléonore-Françoise de Mandeville, comtesse de Sabran
Mme de Sabran a écrit:Trianon a écrit:Quelle femme intéressante et bonne.
J'ai essayé de voir son portrait sur Internet, mais je n'ai rien trouvé.
Chère Eléonore est-ce réellement une de vos aïeules ?
... du tout, nullement . En revanche nous sommes cousines issues de germains !
Mais, il semblerait que vous ayez quand même hérité de ses yeux bleus.
Trianon- Messages : 3305
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: Eléonore-Françoise de Mandeville, comtesse de Sabran
Mme de Sabran a écrit:Je me reconnais tout à fait ! :
Élisabeth oublie pourtant de dire combien tu chantes bien aussi... : ... oups ...c'était confidentiel ...
Bien à toi.
EZ
Invité- Invité
Re: Eléonore-Françoise de Mandeville, comtesse de Sabran
Mais non, mais non. Il n'y a rien de confidentiel. Arrêtez de rougir Majesté. :
Trianon- Messages : 3305
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: Eléonore-Françoise de Mandeville, comtesse de Sabran
A la cour, Mme de Sabran pouvait compter parmi ses amis le cercle des Polignac. Aussi sut-elle attirer les faveurs de la reine, qui adorait les enfants d'Eléonore, surtout le petit Elzéar, enfant doué de talents précoces pour le théâtre.
Cet enfant a eu la joie de se voir embrasser de façon spontanée par la reine dans la Galerie des Glaces, le jour de la Pentecôte, le 5 juin 1786, juste après le malheureux dénouement de l'affaire du collier.
Joseph Callewaert, dans sa biographie consacrée à Mme de Sabran et le chevalier de Boufflers, note ceci à ce propos :
« Le jour de la Pentecôte, trois jours seulement après l'acquittement du cardinal, alors qu'elle passait par la galerie des Glaces entre deux rangées de courtisans obséquieux, son regard fut soudainement attiré par celui d'un enfant qui la regardait, perdu dans la foule. C'était Elzéar de Sabran, le petit garçon qu'elle trouvait si charmant. Alors, sous l'impulsion du moment, succombant à son grand besoin de rencontrer quelqu'un de simple, d'humain, quelqu'un qui ne pensait pas à mal, elle s'avança vers lui et l'embrassa sur les deux joues. Jamais Elzéar n'oublia ce moment ; jusqu'à la fin de ses jours, il garda une adoration chevaleresque pour la reine. "On doit avoir vu Marie-Antoinette, disait-il, pour comprendre le charme et la grâce dont Dieu l'avait couronnée. Pauvre reine, elle fut si calomniée !" »
Puis, Mme de Sabran parle elle-même du succès de son fils dans une lettre au chevalier de Boufflers : « Il a déjà beaucoup de succès à la Cour. La reine l'a trouvé sur son passage, et elle l'a embrassé sur ses deux petites joues couleur de rose. Ce matin elle m'a dit :
- Savez-vous que j'ai embrassé un monsieur hier ?
- Madame, je le sais, car il s'en vante.
Elle s'est mise à rire et elle m'a dit qu'elle l'avait trouvé grandi et embelli, étonnamment, qu'elle l'avait montré la veille à l'archiduchesse [Marie-Christine], à la Comédie. »
A propos de Mme de Sabran elle-même, Joseph Callewaert écrit encore ceci :
« Elle était une femme pour qui l'amour est tout, pour qui la richesse, les aises, et le luxe, l'admiration du monde, la faveur de la reine n'étaient rien sans l'homme qui était devenu comme elle le disait : son univers. Elle était, en pensée, toujours avec lui ; son absence était un calvaire, mais elle avait un tel contrôle d'elle-même que personne jamais ne se douta de ses souffrances. Tous ceux qui l'ont connue alors parlent de sa gaieté, de son charme, de son art de la conversation. "Près d'elle, dit Mme Vigée-Lebrun, on n'a jamais connu l'ennui."
C'était l'art suprême de son temps, l'art du savoir-vivre qui, comme le note Taine, permit aux femmes de cette période d'aller en souriant a l'échafaud. »
Cet enfant a eu la joie de se voir embrasser de façon spontanée par la reine dans la Galerie des Glaces, le jour de la Pentecôte, le 5 juin 1786, juste après le malheureux dénouement de l'affaire du collier.
Joseph Callewaert, dans sa biographie consacrée à Mme de Sabran et le chevalier de Boufflers, note ceci à ce propos :
« Le jour de la Pentecôte, trois jours seulement après l'acquittement du cardinal, alors qu'elle passait par la galerie des Glaces entre deux rangées de courtisans obséquieux, son regard fut soudainement attiré par celui d'un enfant qui la regardait, perdu dans la foule. C'était Elzéar de Sabran, le petit garçon qu'elle trouvait si charmant. Alors, sous l'impulsion du moment, succombant à son grand besoin de rencontrer quelqu'un de simple, d'humain, quelqu'un qui ne pensait pas à mal, elle s'avança vers lui et l'embrassa sur les deux joues. Jamais Elzéar n'oublia ce moment ; jusqu'à la fin de ses jours, il garda une adoration chevaleresque pour la reine. "On doit avoir vu Marie-Antoinette, disait-il, pour comprendre le charme et la grâce dont Dieu l'avait couronnée. Pauvre reine, elle fut si calomniée !" »
Puis, Mme de Sabran parle elle-même du succès de son fils dans une lettre au chevalier de Boufflers : « Il a déjà beaucoup de succès à la Cour. La reine l'a trouvé sur son passage, et elle l'a embrassé sur ses deux petites joues couleur de rose. Ce matin elle m'a dit :
- Savez-vous que j'ai embrassé un monsieur hier ?
- Madame, je le sais, car il s'en vante.
Elle s'est mise à rire et elle m'a dit qu'elle l'avait trouvé grandi et embelli, étonnamment, qu'elle l'avait montré la veille à l'archiduchesse [Marie-Christine], à la Comédie. »
A propos de Mme de Sabran elle-même, Joseph Callewaert écrit encore ceci :
« Elle était une femme pour qui l'amour est tout, pour qui la richesse, les aises, et le luxe, l'admiration du monde, la faveur de la reine n'étaient rien sans l'homme qui était devenu comme elle le disait : son univers. Elle était, en pensée, toujours avec lui ; son absence était un calvaire, mais elle avait un tel contrôle d'elle-même que personne jamais ne se douta de ses souffrances. Tous ceux qui l'ont connue alors parlent de sa gaieté, de son charme, de son art de la conversation. "Près d'elle, dit Mme Vigée-Lebrun, on n'a jamais connu l'ennui."
C'était l'art suprême de son temps, l'art du savoir-vivre qui, comme le note Taine, permit aux femmes de cette période d'aller en souriant a l'échafaud. »
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Eléonore-Françoise de Mandeville, comtesse de Sabran
Comte d'Hézècques a écrit:
Marie-Antoinette :
- Savez-vous que j'ai embrassé un monsieur hier ?
- Madame, je le sais, car il s'en vante.
C'est trop adorable ! boudoi30
Merci, mon cher Félix pour ce témoignage attendrissant .
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55557
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Comtesse Diane- Messages : 7397
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Localisation : TOURAINE
Re: Eléonore-Françoise de Mandeville, comtesse de Sabran
Dis-donc comtesse ! vous avez vachement vieilli en m'attendant sur ce banc ! :
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Comte d'Hézècques- Messages : 4390
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Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Eléonore-Françoise de Mandeville, comtesse de Sabran
Si vous n'aviez pas disparu aussi longtemps aussi ! :::!!!ùùù^^^^: :
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Comtesse Diane- Messages : 7397
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Localisation : TOURAINE
Re: Eléonore-Françoise de Mandeville, comtesse de Sabran
J'avais des affaires à régler à l'étranger, et puis la Terreur a éclaté en France.
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Comte d'Hézècques- Messages : 4390
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Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Eléonore-Françoise de Mandeville, comtesse de Sabran
Voudriez-vous bien nous dire alors ( plutôt dans le sujet attentats à Paris)
comment cela se passe exactement à Bruxelles ?
comment cela se passe exactement à Bruxelles ?
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Comtesse Diane- Messages : 7397
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Localisation : TOURAINE
Re: Eléonore-Françoise de Mandeville, comtesse de Sabran
On n'a pas (encore) perdu nos têtes ici chère comtesse, ne vous inquiétez pas
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Comte d'Hézècques- Messages : 4390
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Re: Eléonore-Françoise de Mandeville, comtesse de Sabran
Ce 3 septembre 1787.
Malgré ma lassitude, il faut bien que je te raconte, mon enfant, la plus jolie partie que j’aie faite dans ma vie, et la plus extraordinaire. Imagine-toi que nous nous sommes mis en marche à une heure du matin par le plus beau temps de la nature. La lune brillait de son plus doux éclat au milieu des astres sans nombre qui jetaient des feux étincelants. Le silence de la nuit, qui n’était interrompu que par le bruit des eaux qui tombaient des rochers, et par un léger zéphyr qui agitait doucement les feuilles des sapins, cette lumière incertaine qui éclairait le monde assoupi et qui nous laissait voir tantôt des précipices, tantôt le sommet riant des montagnes et le toit de quelques chalets éloignés les uns des autres, faisaient passer dans notre âme un calme que je n’y avais jamais senti. Je trouvais en m’élevant les objets si petits que je pensais qu’il n’y avait qu’à s’élever pour les perdre totalement de vue, et de là je me peignais vivement la folie des hommes qui mettent tant d’intérêt à de si petites choses, et qui se privent Volontairement, et sans regret, du plus beau spectacle de la nature pour s’enfermer dans des murailles épaisses où ils ne sont occupés qu’à se tourmenter, à s’empoisonner et à se détruire. J’étais fâchée de tenir de si près à une aussi pitoyable espèce, et je sentais en moi quelque chose de mieux qui m’élevait, qui me faisait participer à cette œuvre générale : l’âme de la nature… Je m’asseyais de temps en temps sur la mousse pour me livrer tout entière à mes réflexions, tandis que mes deux enfants cheminaient devant, bien plus occupés, comme de raison, d’amour que de philosophie. Chaque chose a son temps : on ne peut pas savoir au printemps ce qui se passera l’été, l’automne et l’hiver ; à leur âge, on ne voit que des fleurs, on ne pense pas à ce qu’elles dureront…
https://fr.wikisource.org/wiki/Un_Roman_au_XVIIIe_si%C3%A8cle,_Mme_de_Sabran_et_le_chevalier_de_Boufflers
Malgré ma lassitude, il faut bien que je te raconte, mon enfant, la plus jolie partie que j’aie faite dans ma vie, et la plus extraordinaire. Imagine-toi que nous nous sommes mis en marche à une heure du matin par le plus beau temps de la nature. La lune brillait de son plus doux éclat au milieu des astres sans nombre qui jetaient des feux étincelants. Le silence de la nuit, qui n’était interrompu que par le bruit des eaux qui tombaient des rochers, et par un léger zéphyr qui agitait doucement les feuilles des sapins, cette lumière incertaine qui éclairait le monde assoupi et qui nous laissait voir tantôt des précipices, tantôt le sommet riant des montagnes et le toit de quelques chalets éloignés les uns des autres, faisaient passer dans notre âme un calme que je n’y avais jamais senti. Je trouvais en m’élevant les objets si petits que je pensais qu’il n’y avait qu’à s’élever pour les perdre totalement de vue, et de là je me peignais vivement la folie des hommes qui mettent tant d’intérêt à de si petites choses, et qui se privent Volontairement, et sans regret, du plus beau spectacle de la nature pour s’enfermer dans des murailles épaisses où ils ne sont occupés qu’à se tourmenter, à s’empoisonner et à se détruire. J’étais fâchée de tenir de si près à une aussi pitoyable espèce, et je sentais en moi quelque chose de mieux qui m’élevait, qui me faisait participer à cette œuvre générale : l’âme de la nature… Je m’asseyais de temps en temps sur la mousse pour me livrer tout entière à mes réflexions, tandis que mes deux enfants cheminaient devant, bien plus occupés, comme de raison, d’amour que de philosophie. Chaque chose a son temps : on ne peut pas savoir au printemps ce qui se passera l’été, l’automne et l’hiver ; à leur âge, on ne voit que des fleurs, on ne pense pas à ce qu’elles dureront…
https://fr.wikisource.org/wiki/Un_Roman_au_XVIIIe_si%C3%A8cle,_Mme_de_Sabran_et_le_chevalier_de_Boufflers
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55557
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Eléonore-Françoise de Mandeville, comtesse de Sabran
Mme de Sabran, une romantique avant l'heure boudoi30
_________________
« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Eléonore-Françoise de Mandeville, comtesse de Sabran
Oui, vraiment romantique et magnifiquement écrit.
_________________
Comtesse Diane- Messages : 7397
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: Eléonore-Françoise de Mandeville, comtesse de Sabran
;
Tiens ! J'apprends que c'est le jour du sacre du roi que je me suis retrouvée veuve de M. de Sabran, mon vieil époux .
1775 : âgé de 73 ans, le lieutenant-général des armées navales Joseph de Sabran, comte de Grammont, commandeur de Saint-Louis, s'éteint chez lui, le jour même du sacre de Louis XVI. Il laisse une veuve de 26 ans, une fille de cinq ans, un fils de quelques mois.
https://www.departement06.fr/documents/Import/decouvrir-les-am/rr87-1984-02.pdf
Tiens ! J'apprends que c'est le jour du sacre du roi que je me suis retrouvée veuve de M. de Sabran, mon vieil époux .
1775 : âgé de 73 ans, le lieutenant-général des armées navales Joseph de Sabran, comte de Grammont, commandeur de Saint-Louis, s'éteint chez lui, le jour même du sacre de Louis XVI. Il laisse une veuve de 26 ans, une fille de cinq ans, un fils de quelques mois.
https://www.departement06.fr/documents/Import/decouvrir-les-am/rr87-1984-02.pdf
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55557
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Eléonore-Françoise de Mandeville, comtesse de Sabran
Bon débarras
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
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