Testament / Lettre de Marie-Antoinette à Madame Elisabeth, le 16 octobre 1793
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Testament / Lettre de Marie-Antoinette à Madame Elisabeth, le 16 octobre 1793
Lettre de Marie-Antoinette à Madame Elisabeth en date du 16 octobre 1793, conservée aux Archives Nationales.
" Ce 16 8bre, 4heures ½ du matin
C'est à vous, ma sœur, que j'écris pour la dernière fois ; je viens d'être condamnée non pas à une mort honteuse, elle ne l'est que pour les criminels, mais à aller rejoindre votre frère. Comme lui innocente, j'espère montrer la même fermeté que lui dans ces derniers moments. Je suis calme comme on l'est quand la conscience ne reproche rien ; j'ai un profond regret d'abandonner mes pauvres enfants ; vous savez que je n'existais que pour eux, et vous, ma bonne et tendre sœur, vous qui avez par votre amitié tout sacrifié pour être avec nous, dans quelle position je vous laisse ! J'ai appris par le plaidoyer même du procès que ma fille était séparée de vous. Hélas ! la pauvre enfant, je n'ose lui écrire, elle ne recevrait pas ma lettre, je ne sais même pas si celle-ci vous parviendra, recevez pour eux deux ici ma bénédiction. J'espère qu'un jour, lorsqu'ils seront grands, ils pourront se réunir avec vous et jouir en entier de vos tendres soins. Qu'ils pensent tous deux à ce que je n'ai cessé de leur inspirer : que les principes et l'exécution exacte de leurs devoirs sont la première base de la vie ; que leur amitié et leur confiance mutuelle en feront le bonheur ; que ma fille sente à l'âge qu'elle a, elle doit toujours aider son frère par les conseils que son [mot rayé dans l'original] l'expérience qu'elle aura de plus que lui et son amitié pourront lui inspirer ; que mon fils, à son tour, rende à sa sœur tous les soins, les services, que l'amitié peut inspirer ; qu'ils entent enfin tous deux que, dans quelque position où ils pourront se trouver, ils ne seront vraiment heureux que par leur union, qu'ils prennent exemple de nous : combien, dans nos malheurs, notre amitié nous a donné de consolations, et dans le bonheur on jouit doublement quand on peut le partager avec un ami ; et où en trouver de plus tendre, de plus cher que dans sa propre famille ? Que mon fils n'oublie jamais les dernier mots de son père que je lui répète expressément : qu'il ne cherche pas à venger notre mort. J'ai à vous parler d'une chose bien pénible à mon cœur. Je sais combien cet enfant doit vous avoir fait de la peine ; pardonnez-lui, ma chère sœur ; pensez à l'âge qu'il a, et combien il et facile de faire dire à un enfant ce qu'on veut, et même ce qu'il ne comprend pas ; un jour viendra, j'espère, où il ne sentira que mieux tout le prix de vos bontés et de votre tendresse pour tous deux. Il me reste à vous confier encore mes dernières pensées. J'aurais voulu les écrire dès le commencement du procès ; mais outre qu'on ne me laissait pas écrire, la marche en a été si rapide, que je n'en aurais réellement pas eu le temps. Je meurs dans la religion catholique, apostolique et romaine, dans celle où j'ai été élevée, et que j'ai toujours professée, n'ayant aucune consolation spirituelle à attendre, ne sachant pas s'il existe encore ici des prêtres de cette religion, et même le lieu où je suis les exposerait trop s'ils y entraient une fois. Je demande sincèrement pardon à Dieu de toutes les fautes que j'ai pu commettre depuis que j'existe. J'espère que, dans sa bonté, il voudra bien recevoir mes derniers vœux, ainsi que ceux que je fais depuis longtemps pour qu'il veuille bien recevoir mon âme dans sa miséricorde et sa bonté. Je demande pardon à tout (sic) ceux que je connais et à vous, ma sœur, en particulier, de toutes les peines que, sans le vouloir, j'aurais pu vous causer. Je pardonne à tous mes ennemis le mal qu'ils m'ont fait. Je dis adieu à mes tantes et (un mot rayé] et à tous mes frères et sœurs. J'avais des amis, l'idée d'en être séparée pour jamais et leurs peines sont un des plus grands regrets que j'emporte en mourant, qu'ils sachent au moins que, jusqu'au dernier moment, j'ai pensé à eux. Adieu, ma bonne et tendre sœur ; puisse cette lettre vous arriver ! Pensez toujours à moi, je vous embrasse de tout mon cœur, ainsi que ces pauvres et chers enfants : mon Dieu ! qu'il est déchirant de les quitter pour toujours ! Adieu, adieu ! Je ne vais plus m'occuper que de mes devoirs spirituels. Comme je ne suis pas libre dans mes actions, on m'amènera peut-être un prêtre, mais je proteste ici que je ne lui dirai pas un mot, et que je le traiterai comme un être absolument étranger."
" Ce 16 8bre, 4heures ½ du matin
C'est à vous, ma sœur, que j'écris pour la dernière fois ; je viens d'être condamnée non pas à une mort honteuse, elle ne l'est que pour les criminels, mais à aller rejoindre votre frère. Comme lui innocente, j'espère montrer la même fermeté que lui dans ces derniers moments. Je suis calme comme on l'est quand la conscience ne reproche rien ; j'ai un profond regret d'abandonner mes pauvres enfants ; vous savez que je n'existais que pour eux, et vous, ma bonne et tendre sœur, vous qui avez par votre amitié tout sacrifié pour être avec nous, dans quelle position je vous laisse ! J'ai appris par le plaidoyer même du procès que ma fille était séparée de vous. Hélas ! la pauvre enfant, je n'ose lui écrire, elle ne recevrait pas ma lettre, je ne sais même pas si celle-ci vous parviendra, recevez pour eux deux ici ma bénédiction. J'espère qu'un jour, lorsqu'ils seront grands, ils pourront se réunir avec vous et jouir en entier de vos tendres soins. Qu'ils pensent tous deux à ce que je n'ai cessé de leur inspirer : que les principes et l'exécution exacte de leurs devoirs sont la première base de la vie ; que leur amitié et leur confiance mutuelle en feront le bonheur ; que ma fille sente à l'âge qu'elle a, elle doit toujours aider son frère par les conseils que son [mot rayé dans l'original] l'expérience qu'elle aura de plus que lui et son amitié pourront lui inspirer ; que mon fils, à son tour, rende à sa sœur tous les soins, les services, que l'amitié peut inspirer ; qu'ils entent enfin tous deux que, dans quelque position où ils pourront se trouver, ils ne seront vraiment heureux que par leur union, qu'ils prennent exemple de nous : combien, dans nos malheurs, notre amitié nous a donné de consolations, et dans le bonheur on jouit doublement quand on peut le partager avec un ami ; et où en trouver de plus tendre, de plus cher que dans sa propre famille ? Que mon fils n'oublie jamais les dernier mots de son père que je lui répète expressément : qu'il ne cherche pas à venger notre mort. J'ai à vous parler d'une chose bien pénible à mon cœur. Je sais combien cet enfant doit vous avoir fait de la peine ; pardonnez-lui, ma chère sœur ; pensez à l'âge qu'il a, et combien il et facile de faire dire à un enfant ce qu'on veut, et même ce qu'il ne comprend pas ; un jour viendra, j'espère, où il ne sentira que mieux tout le prix de vos bontés et de votre tendresse pour tous deux. Il me reste à vous confier encore mes dernières pensées. J'aurais voulu les écrire dès le commencement du procès ; mais outre qu'on ne me laissait pas écrire, la marche en a été si rapide, que je n'en aurais réellement pas eu le temps. Je meurs dans la religion catholique, apostolique et romaine, dans celle où j'ai été élevée, et que j'ai toujours professée, n'ayant aucune consolation spirituelle à attendre, ne sachant pas s'il existe encore ici des prêtres de cette religion, et même le lieu où je suis les exposerait trop s'ils y entraient une fois. Je demande sincèrement pardon à Dieu de toutes les fautes que j'ai pu commettre depuis que j'existe. J'espère que, dans sa bonté, il voudra bien recevoir mes derniers vœux, ainsi que ceux que je fais depuis longtemps pour qu'il veuille bien recevoir mon âme dans sa miséricorde et sa bonté. Je demande pardon à tout (sic) ceux que je connais et à vous, ma sœur, en particulier, de toutes les peines que, sans le vouloir, j'aurais pu vous causer. Je pardonne à tous mes ennemis le mal qu'ils m'ont fait. Je dis adieu à mes tantes et (un mot rayé] et à tous mes frères et sœurs. J'avais des amis, l'idée d'en être séparée pour jamais et leurs peines sont un des plus grands regrets que j'emporte en mourant, qu'ils sachent au moins que, jusqu'au dernier moment, j'ai pensé à eux. Adieu, ma bonne et tendre sœur ; puisse cette lettre vous arriver ! Pensez toujours à moi, je vous embrasse de tout mon cœur, ainsi que ces pauvres et chers enfants : mon Dieu ! qu'il est déchirant de les quitter pour toujours ! Adieu, adieu ! Je ne vais plus m'occuper que de mes devoirs spirituels. Comme je ne suis pas libre dans mes actions, on m'amènera peut-être un prêtre, mais je proteste ici que je ne lui dirai pas un mot, et que je le traiterai comme un être absolument étranger."
Dernière édition par Cosmo le Jeu 06 Nov 2014, 00:21, édité 4 fois
Invité- Invité
Re: Testament / Lettre de Marie-Antoinette à Madame Elisabeth, le 16 octobre 1793
Cette lettre ne fut connue qu’en 1816, lorsque Louis XVIII fit saisir les documents conservés par le conventionnel Courtois qui avait été chargé de l’inventaire des papiers de Robespierre, après le 10 thermidor.
Marie-Antoinette l'a rédigé dans son cachot de la Conciergerie, d’une écriture rapide et serrée, sur un papier de petites dimensions (23 x 19 cm) plié en deux, le 16 octobre 1793, à 4h30 du matin, après l’annonce de sa condamnation.
Madame Elisabeth, qui sera elle-même guillotinée, le 10 mai 1794, n’en a jamais pris connaissance. La missive est revêtue des signatures (en page 2) et des paraphes (en haut de la page 1) de l’accusateur public, A.Q.(Antoine Quentin) Fouquier-Tinville et des députés à la Convention Lecointre, Legot, Guffroy, Massieu.
Marie-Antoinette l'a rédigé dans son cachot de la Conciergerie, d’une écriture rapide et serrée, sur un papier de petites dimensions (23 x 19 cm) plié en deux, le 16 octobre 1793, à 4h30 du matin, après l’annonce de sa condamnation.
Madame Elisabeth, qui sera elle-même guillotinée, le 10 mai 1794, n’en a jamais pris connaissance. La missive est revêtue des signatures (en page 2) et des paraphes (en haut de la page 1) de l’accusateur public, A.Q.(Antoine Quentin) Fouquier-Tinville et des députés à la Convention Lecointre, Legot, Guffroy, Massieu.
Invité- Invité
Re: Testament / Lettre de Marie-Antoinette à Madame Elisabeth, le 16 octobre 1793
Inventaire, manuscrit sur formulaire imprimé, des pièces qui concernent les fac-similés du testament de Louis XVI, et du testament de la Reine Marie-Antoinette.
Certifié exact et signé par Louis Cauchy, garde des archives de la chambre des Pairs, sans date.
Il est inclus au sein du dossier provenant des archives de la maison royale pour la chambre des Pairs.
Certifié exact et signé par Louis Cauchy, garde des archives de la chambre des Pairs, sans date.
Il est inclus au sein du dossier provenant des archives de la maison royale pour la chambre des Pairs.
Invité- Invité
Re: Testament / Lettre de Marie-Antoinette à Madame Elisabeth, le 16 octobre 1793
Cette magnifique lettre est d'actualité aujourd'hui
Bien à vous.
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Testament / Lettre de Marie-Antoinette à Madame Elisabeth, le 16 octobre 1793
16 octobre 2015 il est midi mais ce n'est pas l'heure exacte de 1793 car il y a une heure de différence - le temps est gris et froid comme en ce sinistre jour - j'écoute le CD de BARBELIVIEN , surtout la dernière chanson "plus jamais seule" effectivement la Reine n'est plus seule , même 222 ans plus tard
Voici le billet adressé à son frère par le juré TRINCHARD (déporté à CAYENNE)
" je t'aprans, mon frère,que jé été un des jurés qui ont jugé la bête féroce qui a dévoré une grande partie de la république, celle que lon califiait cideven de Reine....."
Un petit esprit de vengeance divine a flotté sur cette assemblée ........
De l'accusateur, président et des six juges -
seuls DOUZE VERTEUIL, DELIEGE, MAIRE échapperont à la guillotine, MAIRE glissera un jour d'orage dans sa cheminée et on le retrouvera la tête carbonisée.
CHAUVEAU LAGARDE survivra, mais TRONSON DU COUDRAY sera déporté et disparaîtra à CAYENNE
Parmi les témoins quatorze finiront guillotinés
Bailly - Manuel - Simon - Hébert - Jobert - Lebœuf - Michonis - Lepointre - Vincent - Dangé - Lebrasse - Estaing - les deux La Tour du Pin -
Trois d'entre eux périront de mort violente.
Madame RICHARD sera poignardée par un prisonnier -
GILBERT le gendarme se brûlera la cervelle pour avoir joué l'argent de sa compagnie
le girondin VALAZE se poignardera dans la GRAND CHAMBRE douze jours plus tard et son corps sera emporté avec les autres condamnés au pied de l'échafaud.
Des douze Jurés, il n'y aura que trois rescapés , qui, la tourmente passée, vivront terrés.
Trinchard, Antonelle, Jourdeuil, Chrétien, seront déportés à CAYENNES ou aux ÎLES.
A l'échafaud : Nicolas, Besnard, Desboisseaux - CHATELET (l'auteur des plans et superbes aquarelles du PETIT TRIANON)
BONNE JOURNÉE
MARIE ANTOINETTE
Voici le billet adressé à son frère par le juré TRINCHARD (déporté à CAYENNE)
" je t'aprans, mon frère,que jé été un des jurés qui ont jugé la bête féroce qui a dévoré une grande partie de la république, celle que lon califiait cideven de Reine....."
Un petit esprit de vengeance divine a flotté sur cette assemblée ........
De l'accusateur, président et des six juges -
seuls DOUZE VERTEUIL, DELIEGE, MAIRE échapperont à la guillotine, MAIRE glissera un jour d'orage dans sa cheminée et on le retrouvera la tête carbonisée.
CHAUVEAU LAGARDE survivra, mais TRONSON DU COUDRAY sera déporté et disparaîtra à CAYENNE
Parmi les témoins quatorze finiront guillotinés
Bailly - Manuel - Simon - Hébert - Jobert - Lebœuf - Michonis - Lepointre - Vincent - Dangé - Lebrasse - Estaing - les deux La Tour du Pin -
Trois d'entre eux périront de mort violente.
Madame RICHARD sera poignardée par un prisonnier -
GILBERT le gendarme se brûlera la cervelle pour avoir joué l'argent de sa compagnie
le girondin VALAZE se poignardera dans la GRAND CHAMBRE douze jours plus tard et son corps sera emporté avec les autres condamnés au pied de l'échafaud.
Des douze Jurés, il n'y aura que trois rescapés , qui, la tourmente passée, vivront terrés.
Trinchard, Antonelle, Jourdeuil, Chrétien, seront déportés à CAYENNES ou aux ÎLES.
A l'échafaud : Nicolas, Besnard, Desboisseaux - CHATELET (l'auteur des plans et superbes aquarelles du PETIT TRIANON)
BONNE JOURNÉE
MARIE ANTOINETTE
MARIE ANTOINETTE- Messages : 3719
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Re: Testament / Lettre de Marie-Antoinette à Madame Elisabeth, le 16 octobre 1793
Vous parlez là du changement d'horaire ?MARIE ANTOINETTE a écrit:16 octobre 2015 il est midi mais ce n'est pas l'heure exacte de 1793 car il y a une heure de différence
Le tout est de savoir quelle était l'heure de l'époque...
Notre heure d'été ou notre heure d'hiver?
D'ailleurs le changement d'heure aura lieu la semaine prochaine , dans la nuit du 23 au 24 octobre 2015 àè-è\': ...
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Testament / Lettre de Marie-Antoinette à Madame Elisabeth, le 16 octobre 1793
L'heure de MIDI de 1793 est notre 13 H 00 moderne !!!! en 1993 lors des manifestations sur la place LOUIS XV, le cortège était arrivé pour l'heure historique, j'avais l'avantage d'en faire partie et d'être au premier rang avec la grande gerbe portant le drapeau avec les profils du Roi et de la Reine qui avait remporté un franc succès tout le long du parcours !!!!
Je fais tourner en boucle le CD de BARBELIVIEN et la chanson "vous ne serez plus jamais seule" est d'actualité et les larmes sont présentes ... il n'est pas nécessaire de se déplacer à SAINT DENIS pour se recueillir et être en pensée avec la Reine.
MARIE ANTOINETTE
Je fais tourner en boucle le CD de BARBELIVIEN et la chanson "vous ne serez plus jamais seule" est d'actualité et les larmes sont présentes ... il n'est pas nécessaire de se déplacer à SAINT DENIS pour se recueillir et être en pensée avec la Reine.
MARIE ANTOINETTE
MARIE ANTOINETTE- Messages : 3719
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Localisation : P A R I S
Re: Testament / Lettre de Marie-Antoinette à Madame Elisabeth, le 16 octobre 1793
MARIE ANTOINETTE a écrit:Je fais tourner en boucle le CD de BARBELIVIEN et la chanson "vous ne serez plus jamais seule" est d'actualité et les larmes sont présentes ... il n'est pas nécessaire de se déplacer à SAINT DENIS pour se recueillir et être en pensée avec la Reine.
MARIE ANTOINETTE
Je vais essayer d'aller sur YouTube pour écouter la chanson de DB "vous ne serez plus jamais seule", si je la trouve.
Oh, vous savez, chère amie, l'âme de Marie-Antoinette, après ces 222 années, est libérée depuis si longtemps. Mais, c'est vrai pour tous ceux qui apprécient cette Reine, cette date, le 16 octobre 1793, reste un moment tragique et si INJUSTE, et nous avons tous une pensée pour Elle.
Trianon- Messages : 3306
Date d'inscription : 22/12/2013
Testament de Marie-Antoinette, papiers de Robespierre conservés par Courtois
Nous savons que cette lettre a été récupérée, en 1816 seulement, lors d'une saisie de documents conservés jusqu'alors par le conventionnel Courtois (chargé de l'inventaire des papiers de Robespierre, après le 10 thermidor).
Voici le discours prononcé par le duc de Richelieu à l'occasion de la première lecture de ce document à la chambre des pairs.
Bio Wiki du duc de Richelieu : https://fr.wikipedia.org/wiki/Armand-Emmanuel_du_Plessis_de_Richelieu
C'est assez intéressant, ne serait-ce que pour remettre dans son contexte politique la découverte de ce document.
Nous sommes dans une période troublée par la "(seconde) terreur blanche".
DISCOURS PRONONCÉ A L’OCCASION DES COMMUNICATIONS FAITES A LA CHAMBRE DES PAIRS PAR M LE DUC DE RICHELIEU DANS LA SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1816
Messieurs,
Un mois juste s’est écoulé depuis le moment où vous fûtes appelés à Saint Denis : vous y entendîtes la lecture du testament de Louis XVI.
Voici un autre testament : lorsqu’elle le fit, Marie Antoinette n’avait plus que quatre heures à vivre.
Avez vous remarqué dans ces derniers sentiments d’une reine, d’une mère, d’une sœur, d’une veuve, d’une femme, quelques traces de faiblesse ?
La main est ici aussi ferme que le cœur ; l’écriture n’est point altérée : Marie Antoinette, du fond des cachots, écrit à madame Elisabeth avec la même tranquillité qu’au milieu des pompes de Versailles.
Le premier crime de la révolution est la mort du roi, mais le crime le plus affreux est la mort de la reine. Le roi du moins conserva quelque chose de la royauté jusque dans les fers, jusqu’à l’échafaud : le tribunal de ses prétendus juges était nombreux ; quelques égards étaient encore témoignés au monarque dans la tour du Temple ; enfin, par un excès de générosité et de magnificence, le fils de saint Louis, l’héritier de tant de rois, eut un prêtre de sa religion pour aller à la mort, et il n y fut pas traîné sur le char commun des victimes.
Mais la fille des Césars, couverte de lambeaux, réduite à raccommoder elle même ses vêtements, obligée dans sa prison humide d’envelopper ses pieds glacés dans une méchante couverture, outragée devant un tribunal infâme par quelques assassins qui se disaient des juges, conduite sur un tombereau au supplice, et cependant toujours reine ! Il faudrait, messieurs, avoir le courage même de cette grande victime pour pouvoir achever ce récit.
Une chose ne vous frappe-t-elle pas dans la découverte de la lettre de la reine ?
Vingt trois années sont révolues depuis que cette lettre a été écrite.
Ceux qui eurent la main dans les crimes de cette époque (du moins ceux qui n ont point été rendre compte de leurs œuvres à Dieu) ont joui pendant vingt trois ans de ce qu’on appelle prospérité. Ils cultivaient leurs champs en paix, comme si leurs mains étaient innocentes ; ils plantaient des arbres pour leurs enfants, comme si le ciel eût révoqué la sentence qu’il a portée contre la race de l’impie.
Celui qui nous a conservé le testament de Marie Antoinette avait acheté la terre de Montboissier : juge de Louis XVI, il avait élevé dans cette terre un monument à la mémoire du défenseur de Louis XVI ; il avait gravé lui même sur ce monument une épitaphe en vers français à la louange de M. de Malesherbes.
N’admirons point ceci, messieurs ; pleurons plutôt sur la France.
Cette épouvantable impartialité qui ne produit ni remords, ni expiations, ni changements dans la vie ; ce calme du crime qui juge équitablement la vertu, annoncent que tout est déplacé dans le monde moral, que le mal et le bien sont confondus, qu’en un mot la société est dissoute.
Mais admirons, messieurs, cette Providence dont les regards ne détournent jamais du coupable. Il croit échapper à travers les révolutions ; il parvient au bonheur et à la puissance : les générations passent, les années s’accumulent, les souvenirs s éteignent, les impressions s’effacent ; tout semble oublié.
La vengeance divine arrive tout à coup ; elle se présente face à face devant le criminel ; et lui dit en l’arrêtant : « Me voici ! En vain le testament de Louis XVI assure la grâce aux coupables : un esprit de vertige les saisit ; ils déchirent eux mêmes ce testament ; ils ne plus être sauvés !
La voix du peuple se fait entendre par la voix de la Chambre des députés : la sentance est prononcée ; et par un enchaînement de miracles, le premier résultat de cette sentance est la découverte du testament de notre reine !
Messieurs, c’est à notre tour à prendre l’initiative.
La Chambre des députés a voté une adresse au roi, pour protester contre le crime du 21 janvier ; témoignons toute l’horreur que nous inspire le crime du 16 octobre.
Ne pourrions-nous pas en même temps renfermer dans cet acte de notre douleur la proposition de M le duc Doudeauville ?
Dans ce cas, la résolution de Chambre pourrait être ainsi rédigée :
« La Chambre des pairs, profondément touchée de la communication que Sa Majesté a daigné lui faire par l’organe de ses ministres arrête :
Que son président, à la tête de la grande députation, portera aux pieds de Sa Majesté les très respectueux remercîments des pairs France.
Il lui exprimera toute la douleur qu’ont ressentie à la lecture de la lettre de la Marie-Antoinette, et toute l’horreur qu’ils éprouvent de l’épouvantable attentat dont cette rappelle le souvenir.
Il dira en même temps à Sa Majesté que la Chambre des pairs se joint de cœur et d’âme à celle des députés, dans les sentiments exprimés par cette dernière Chambre, relativement au crime du 21 janvier ; suppliant le roi de permettre que le nom de la Chambre des pairs ne soit point oubliée sur les monuments qui serviront à éterniser les regrets et le deuil de France.
Voici le discours prononcé par le duc de Richelieu à l'occasion de la première lecture de ce document à la chambre des pairs.
Bio Wiki du duc de Richelieu : https://fr.wikipedia.org/wiki/Armand-Emmanuel_du_Plessis_de_Richelieu
C'est assez intéressant, ne serait-ce que pour remettre dans son contexte politique la découverte de ce document.
Nous sommes dans une période troublée par la "(seconde) terreur blanche".
DISCOURS PRONONCÉ A L’OCCASION DES COMMUNICATIONS FAITES A LA CHAMBRE DES PAIRS PAR M LE DUC DE RICHELIEU DANS LA SÉANCE DU 22 FÉVRIER 1816
Messieurs,
Un mois juste s’est écoulé depuis le moment où vous fûtes appelés à Saint Denis : vous y entendîtes la lecture du testament de Louis XVI.
Voici un autre testament : lorsqu’elle le fit, Marie Antoinette n’avait plus que quatre heures à vivre.
Avez vous remarqué dans ces derniers sentiments d’une reine, d’une mère, d’une sœur, d’une veuve, d’une femme, quelques traces de faiblesse ?
La main est ici aussi ferme que le cœur ; l’écriture n’est point altérée : Marie Antoinette, du fond des cachots, écrit à madame Elisabeth avec la même tranquillité qu’au milieu des pompes de Versailles.
Le premier crime de la révolution est la mort du roi, mais le crime le plus affreux est la mort de la reine. Le roi du moins conserva quelque chose de la royauté jusque dans les fers, jusqu’à l’échafaud : le tribunal de ses prétendus juges était nombreux ; quelques égards étaient encore témoignés au monarque dans la tour du Temple ; enfin, par un excès de générosité et de magnificence, le fils de saint Louis, l’héritier de tant de rois, eut un prêtre de sa religion pour aller à la mort, et il n y fut pas traîné sur le char commun des victimes.
Mais la fille des Césars, couverte de lambeaux, réduite à raccommoder elle même ses vêtements, obligée dans sa prison humide d’envelopper ses pieds glacés dans une méchante couverture, outragée devant un tribunal infâme par quelques assassins qui se disaient des juges, conduite sur un tombereau au supplice, et cependant toujours reine ! Il faudrait, messieurs, avoir le courage même de cette grande victime pour pouvoir achever ce récit.
Une chose ne vous frappe-t-elle pas dans la découverte de la lettre de la reine ?
Vingt trois années sont révolues depuis que cette lettre a été écrite.
Ceux qui eurent la main dans les crimes de cette époque (du moins ceux qui n ont point été rendre compte de leurs œuvres à Dieu) ont joui pendant vingt trois ans de ce qu’on appelle prospérité. Ils cultivaient leurs champs en paix, comme si leurs mains étaient innocentes ; ils plantaient des arbres pour leurs enfants, comme si le ciel eût révoqué la sentence qu’il a portée contre la race de l’impie.
Celui qui nous a conservé le testament de Marie Antoinette avait acheté la terre de Montboissier : juge de Louis XVI, il avait élevé dans cette terre un monument à la mémoire du défenseur de Louis XVI ; il avait gravé lui même sur ce monument une épitaphe en vers français à la louange de M. de Malesherbes.
N’admirons point ceci, messieurs ; pleurons plutôt sur la France.
Cette épouvantable impartialité qui ne produit ni remords, ni expiations, ni changements dans la vie ; ce calme du crime qui juge équitablement la vertu, annoncent que tout est déplacé dans le monde moral, que le mal et le bien sont confondus, qu’en un mot la société est dissoute.
Mais admirons, messieurs, cette Providence dont les regards ne détournent jamais du coupable. Il croit échapper à travers les révolutions ; il parvient au bonheur et à la puissance : les générations passent, les années s’accumulent, les souvenirs s éteignent, les impressions s’effacent ; tout semble oublié.
La vengeance divine arrive tout à coup ; elle se présente face à face devant le criminel ; et lui dit en l’arrêtant : « Me voici ! En vain le testament de Louis XVI assure la grâce aux coupables : un esprit de vertige les saisit ; ils déchirent eux mêmes ce testament ; ils ne plus être sauvés !
La voix du peuple se fait entendre par la voix de la Chambre des députés : la sentance est prononcée ; et par un enchaînement de miracles, le premier résultat de cette sentance est la découverte du testament de notre reine !
Messieurs, c’est à notre tour à prendre l’initiative.
La Chambre des députés a voté une adresse au roi, pour protester contre le crime du 21 janvier ; témoignons toute l’horreur que nous inspire le crime du 16 octobre.
Ne pourrions-nous pas en même temps renfermer dans cet acte de notre douleur la proposition de M le duc Doudeauville ?
Dans ce cas, la résolution de Chambre pourrait être ainsi rédigée :
« La Chambre des pairs, profondément touchée de la communication que Sa Majesté a daigné lui faire par l’organe de ses ministres arrête :
Que son président, à la tête de la grande députation, portera aux pieds de Sa Majesté les très respectueux remercîments des pairs France.
Il lui exprimera toute la douleur qu’ont ressentie à la lecture de la lettre de la Marie-Antoinette, et toute l’horreur qu’ils éprouvent de l’épouvantable attentat dont cette rappelle le souvenir.
Il dira en même temps à Sa Majesté que la Chambre des pairs se joint de cœur et d’âme à celle des députés, dans les sentiments exprimés par cette dernière Chambre, relativement au crime du 21 janvier ; suppliant le roi de permettre que le nom de la Chambre des pairs ne soit point oubliée sur les monuments qui serviront à éterniser les regrets et le deuil de France.
Dernière édition par La nuit, la neige le Mer 13 Juin 2018, 17:21, édité 1 fois
La nuit, la neige- Messages : 18055
Date d'inscription : 21/12/2013
Testament de Marie-Antoinette, papiers de Robespierre conservés par Courtois
Vous découvrirez, sur le site cité ci-après, des informations particulièrement intéressantes concernant l'histoire de la récupération du "Testament de Marie-Antoinette".
En effet, en janvier 1833, le fils de l'ex-conventionnel Courtois, attaque le duc Decazes en justice civile pour une demande en restitution de pièces historiques : testament de Marie-Antoinette, lettres de Robespierre, Saint-Just, de Salles et autres.
La Gazette des Tribunaux, journal de l'époque, reprend les différentes plaidoiries des parties.
Je cite quelques extraits (les textes sont assez longs) :
Audience du 11 janvier 1833
Me Parquin, avocat de M. Courtois, se lève et s'exprime en ces termes :
"Messieurs, la demande de M. Courtois a pour but d'obtenir de votre justice la restitution des pièces historiques et de documents d'une haute importance, enlevés violemment au milieu de la nuit, du domicile de M. Courtois père, sur un ordre de M. le duc Decazes, alors ministre de la police.
(...)
M. Courtois père fut l'un des membres de la Convention, et c'est à ce titre que l'on voit figurer son nom parmi les juges de Louis XVI. Son vote, dans ce grand procès, vote que l'oubli du passé ne permet pas de lui reprocher, prouve la faiblesse et non la cruauté de son caractère ; car il a prit à peine part aux mauvais jours de ce régime de sang, et lutta souvent pour arracher des proscrits de l'échafaud.
Après la journée du 9 thermidor, et la chute de Robespierre qu'il avait contribué à hâter, il fut chargé par la Convention du rapport sur ce grand évènement.
Fait sur des pièces inédites saisies au domicile même de Robespierre, ce rapport eut un grand retentissement et un immense succès.
Au nombre de ces pièces s'en trouvait une qui demeura long-temps secrète, et dont l'existence n'a été révélée qu'à la restauration ; c'était le testament de la reine Marie-Antoinette. Pour le soustraire au feu, M. Courtois l'avait soigneusement caché, et n'avait mis dans la confidence de ce secret qu'une seule personne, Mme la comtesse de Choiseul, à laquelle il avait offert une partie d'une boucle de cheveux du dauphin, trouvée avec le testament précieux.
(...) les Bourbons ne tardèrent pas à rentrer, et avec eux, parut la loi d'amnistie de 1816, qui excepta cependant de ses dispositions les conventionnels régicides, signataires de l'acte additionnel. M. Courtois se disposait à exécuter cette loi, mais son état de maladie ne le lui avait pas encore permis, lorsqu'il fut signalé au ministre de la police comme s'occupant de mémoires intéressans, relatifs à la révolution, et qui pouvaient compromettre certains membres de la famille royale. L'affaire Favras fut remise en lumière, et l'on parlai de certaine correspondance du comte de Provence, qui pouvait donner au prince quelques inquiétudes.
Ces avertissemens suffisaient, et M. Decazes, alors ministre-général de la police, donna l'ordre d'expulser Courtois et de se saisir de tous ses papiers.
(...) le 6 février suivant (1816), une nouvelle visite fut ordonnée ; elle eut lieu le 9 ; le capitaine Robert trouva M. Courtois au lit, malade. Cette perquisition n'ajouta que peu de papiers à ceux précédemment saisis, qui cette fois, en l'absence de M. Courtois, furent soumis à une sorte d'inventaire, et divisés en deux classes ; les uns, insignifiants et de famille, furent laissés au propriétaire ; les autres, documens relatifs à la révolution, émanés d'hommes publics, furent renfermés sans description dans cinq cartons, et envoyés à Paris. De ce nombre était le testament de la reine ; pièce jusque-là inconnue, et que M. Courtois avait remise de son plein gré au capitaine de gendarmerie.
(...)A l'aide de ces moyens vexatoires, M. Decazes s'était procuré (et c'est ce dépôt qu'il poursuivait avant tout) les papiers de l'ancien conventionnel, qu'il s'empressa, triomphant, de porter aux Tuileries. Leur possession ne pouvait manquer de flatter la famille royale, Louis XVIII notamment ; et la famille Courtois lui a attribué la haute faveur dont le ministre n'a cessé de jouir qu'à la mort du duc de Berri.
Me Dupin réplique en ces termes à Me Parquin :
Messieurs, la demande qui vient de vous être présentée au nom du sieur Courtois, n'est pas seulement une injustice et une oeuvre peu réfléchie de sa part, c'est de plus une haute imprudence à l'égard d'une mémoire qu'il doit ménager.
On vient de vous présenter M. le duc Decazes comme retenant des pièces importantes dans l'intérêt d'une famille que le parjure a rejetée à jamais hors du sein de la France !
Il est vrai que M. le duc Decazes fut pendant plusieurs années honoré de la confiance d'un membre de cette famille ; il est vrai qu'il en reçut des bienfaits.
(...)
On sait qu'une loi de janvier 1816, dite loi d'amnistie, rejeta dans l'exil ceux qui avaient voté comme M. Courtois dans le procès de Louis XVI, et qui avaient adhéré à l'acte additionnel aux constitutions de l'empire. Ce n'est pas à M. Decazes qu'il faut le reprocher ; car il fit tous ses efforts pour empêcher l'introduction de cette disposition réactionnaire qui fut imposée par une chambre furibonde en son esprit de parti.
(...)
Aussi, chose bizarre ! lui qu'on voudrait vous présenter aujourd'hui comme le persécuteur du sieur Courtois, comme un homme acharné sur de malheureux exilés, il était dans d'autres temps accusé d'être leur protecteur secret. C'est le sort de tous les hommes modérés, jetés au milieu des temps d'orage, de se voir sous le feu croisé des partis contraires !
(...)
On sait que M. Courtois avait fait partie d'une commission chargée par la Convention d'examiner les papiers de Robespierre, après le 9 thermidor, et de faire un rapport sur ces papiers. M. Courtois avait été le rapporteur de cette commission.
Mais il paraît qu'au lieu de réintégrer, comme c'était son devoir, les papiers qui lui avaient été confiés, dans les archives de la Convention, il en avait gardé plusieurs. C'est comme si un magistrat, rapporteur d'un procès criminel, détournait et conservait une partie des pièces, au lieu de les replacer au greffe.
C'est là un reproche qui doit peser sur M. Courtois, et que son fils a eu tort de faire mettre en lumière par ce procès.
Un autre reproche plus grave peut encore être adressé à sa mémoire.
Une pièce importante était tombée entre ses mains. C'était le testament de la reine Marie-Antoinette, sa lettre écrite à sa famille au moment de monter à l'échafaud ; elle y avait joint des cheveux de son fils, des gants, et quelques objets personnels adressés aux siens comme un dernier souvenir.
(...)
Il garda le testament de la reine au lieu de l'envoyer à sa destination ; il conserva ces sortes de reliques de famille destinées à des parens malheureux par une parente plus malheureuse encore.
On a cherché à excuser ce fait en disant que le sieur Courtois, prévoyant la possibilité du retour des Bourbons et lisant presque la restauration dans l'avenir, avait pris ces pièces comme une sauve-garde et un moyen de salut.
Eh quoi ! ces fiers conventionnels avaient de ces arrière-pensées et voulaient se ménager des moyens de paix avec les Bourbons ! Je ne puis le croire, et M. Courtois n'eût osé le dire au sein de la Convention, s'il eût été appelé à se justifier de la rétention des pièces qui lui avaient été confiées. Il y eût été entendu avec colère et avec indignation.
(...)
Quoiqu'il en soit, il paraît que le secret de M. Courtois avait en partie transpiré. On savait, non point qu'il avait le testament de la reine dont on ignorait l'existence, mais qu'il avait gardé tout ou partie des papiers qui lui avaient été confiés pour son rapport à la Convention.
(...)
Toutefois ce ne fut point au ministre de la police, ce ne fut point à M. Decazes que la dénonciation fut adressée ; ce fut à M. le préfet de la Meuse.
M. le préfet de la Meuse s'occupa donc de faire vérifier si la soustraction imputée à M. Courtois était réelle. Il le fit de lui-même, et sans provocation du ministre, à qui il en rendit compte dans les termes suivans, par lettre du 10 janvier 1816 :
(...)
Ainsi l'ordre donné, la mesure approuvée, consiste uniquement à rechercher et à saisir les papiers qu'on suppose appartenir à l'Etat.
A-t-on fait plus ? a-t-on dépassé les ordres ? le ministre n'en serait point responsable.
Mais rassurez-vous, Messieurs, on n'a pas fait autre chose que ce qui était permis par la loi et autorisé par le ministre. Nous en avons la preuve dans une pièce signée par le sieur Courtois fils lui-même."
Me Parquin : Ce n'est point mon client.
Me Dupin : Si ce n'est toi, c'est donc ton frère ! (On rit) :
(...)
Voici cette pièce. C'est le procès-verbal de levée des scellés apposés sur les papiers du sieur Courtois.
Aujourd'hui, 9 février 1816,
En vertu de l'arrêté de M. le préfet de la Meuse en date du 6 présent mois, pris en exécution des ordres de S. Exc. le ministre secrétaire d'état au département de la police générale
(...)
nous sommes rendus au domicile du sieur Edme-Bonaventure Courtois, demeurant à Rambluzin
(...)
Le sieur Courtois se trouvant, en raison de son indisposition, hors d'état d'être présent aux opération dont il s'agit en l'arrêt de M. le préfet, a déclarer qu'il donnait au sieur Achille-Auguste Courtois, son fils, le pouvoir de le représenter.
M. Robert et les autres délégués ont, en conséquence, requis le sieur Courtois fils de représenter la caisse sur laquelle les scellés avaient été apposés le 9 janvier dernier.
(...)
Ouverture faite de la caisse, on y a trouvé dix cartons contenant des papiers qui, après avoit été successivement examinés ont été généralement reconnus pour être exclusivement relatifs à la révolution. En conséquence, et comme parmi ces papiers il ne s'en est trouvé aucun qui ait paru être personnel au sieur Courtois ni à sa famille, ils ont été replacés dans cinq cartons seulement
(...)
Interpellation faite à M. Courtois père de nous déclarer s'il n'était pas possesseur d'effets, livres, meubles, etc. provenant de la couronne et du mobilier des princes de la famille royale, il a répondu négativement, à l'exception cependant de certains objets pour lesquels il a été à l'instant fait et dressé un procès-verbal particulier.
C'est le testament de la reine et les objets qui l'accompagnaient.
(...)
On envoya séparément le testament de la reine, et M. Decazes s'empresse de reconnaître qu'il l'a remis à sa destination, c'est-à-dire au roi. Qui oserait lui en faire un reproche ? Qui oserait l'accuser de n'avoir point fait comme M. Courtois, de n'avoir point gardé pour lui ce qui appartenait de droit à la famille de la testatrice ?
Si le sujet vous intéresse, je vous encourage à lire la suite (et l'ensemble) du procès.
C'est donc ici (site source) : http://shenandoahdavis.canalblog.com/archives/2014/03/28/29538277.html
En effet, en janvier 1833, le fils de l'ex-conventionnel Courtois, attaque le duc Decazes en justice civile pour une demande en restitution de pièces historiques : testament de Marie-Antoinette, lettres de Robespierre, Saint-Just, de Salles et autres.
La Gazette des Tribunaux, journal de l'époque, reprend les différentes plaidoiries des parties.
Je cite quelques extraits (les textes sont assez longs) :
Audience du 11 janvier 1833
Me Parquin, avocat de M. Courtois, se lève et s'exprime en ces termes :
"Messieurs, la demande de M. Courtois a pour but d'obtenir de votre justice la restitution des pièces historiques et de documents d'une haute importance, enlevés violemment au milieu de la nuit, du domicile de M. Courtois père, sur un ordre de M. le duc Decazes, alors ministre de la police.
(...)
M. Courtois père fut l'un des membres de la Convention, et c'est à ce titre que l'on voit figurer son nom parmi les juges de Louis XVI. Son vote, dans ce grand procès, vote que l'oubli du passé ne permet pas de lui reprocher, prouve la faiblesse et non la cruauté de son caractère ; car il a prit à peine part aux mauvais jours de ce régime de sang, et lutta souvent pour arracher des proscrits de l'échafaud.
Après la journée du 9 thermidor, et la chute de Robespierre qu'il avait contribué à hâter, il fut chargé par la Convention du rapport sur ce grand évènement.
Fait sur des pièces inédites saisies au domicile même de Robespierre, ce rapport eut un grand retentissement et un immense succès.
Au nombre de ces pièces s'en trouvait une qui demeura long-temps secrète, et dont l'existence n'a été révélée qu'à la restauration ; c'était le testament de la reine Marie-Antoinette. Pour le soustraire au feu, M. Courtois l'avait soigneusement caché, et n'avait mis dans la confidence de ce secret qu'une seule personne, Mme la comtesse de Choiseul, à laquelle il avait offert une partie d'une boucle de cheveux du dauphin, trouvée avec le testament précieux.
(...) les Bourbons ne tardèrent pas à rentrer, et avec eux, parut la loi d'amnistie de 1816, qui excepta cependant de ses dispositions les conventionnels régicides, signataires de l'acte additionnel. M. Courtois se disposait à exécuter cette loi, mais son état de maladie ne le lui avait pas encore permis, lorsqu'il fut signalé au ministre de la police comme s'occupant de mémoires intéressans, relatifs à la révolution, et qui pouvaient compromettre certains membres de la famille royale. L'affaire Favras fut remise en lumière, et l'on parlai de certaine correspondance du comte de Provence, qui pouvait donner au prince quelques inquiétudes.
Ces avertissemens suffisaient, et M. Decazes, alors ministre-général de la police, donna l'ordre d'expulser Courtois et de se saisir de tous ses papiers.
(...) le 6 février suivant (1816), une nouvelle visite fut ordonnée ; elle eut lieu le 9 ; le capitaine Robert trouva M. Courtois au lit, malade. Cette perquisition n'ajouta que peu de papiers à ceux précédemment saisis, qui cette fois, en l'absence de M. Courtois, furent soumis à une sorte d'inventaire, et divisés en deux classes ; les uns, insignifiants et de famille, furent laissés au propriétaire ; les autres, documens relatifs à la révolution, émanés d'hommes publics, furent renfermés sans description dans cinq cartons, et envoyés à Paris. De ce nombre était le testament de la reine ; pièce jusque-là inconnue, et que M. Courtois avait remise de son plein gré au capitaine de gendarmerie.
(...)A l'aide de ces moyens vexatoires, M. Decazes s'était procuré (et c'est ce dépôt qu'il poursuivait avant tout) les papiers de l'ancien conventionnel, qu'il s'empressa, triomphant, de porter aux Tuileries. Leur possession ne pouvait manquer de flatter la famille royale, Louis XVIII notamment ; et la famille Courtois lui a attribué la haute faveur dont le ministre n'a cessé de jouir qu'à la mort du duc de Berri.
Me Dupin réplique en ces termes à Me Parquin :
Messieurs, la demande qui vient de vous être présentée au nom du sieur Courtois, n'est pas seulement une injustice et une oeuvre peu réfléchie de sa part, c'est de plus une haute imprudence à l'égard d'une mémoire qu'il doit ménager.
On vient de vous présenter M. le duc Decazes comme retenant des pièces importantes dans l'intérêt d'une famille que le parjure a rejetée à jamais hors du sein de la France !
Il est vrai que M. le duc Decazes fut pendant plusieurs années honoré de la confiance d'un membre de cette famille ; il est vrai qu'il en reçut des bienfaits.
(...)
On sait qu'une loi de janvier 1816, dite loi d'amnistie, rejeta dans l'exil ceux qui avaient voté comme M. Courtois dans le procès de Louis XVI, et qui avaient adhéré à l'acte additionnel aux constitutions de l'empire. Ce n'est pas à M. Decazes qu'il faut le reprocher ; car il fit tous ses efforts pour empêcher l'introduction de cette disposition réactionnaire qui fut imposée par une chambre furibonde en son esprit de parti.
(...)
Aussi, chose bizarre ! lui qu'on voudrait vous présenter aujourd'hui comme le persécuteur du sieur Courtois, comme un homme acharné sur de malheureux exilés, il était dans d'autres temps accusé d'être leur protecteur secret. C'est le sort de tous les hommes modérés, jetés au milieu des temps d'orage, de se voir sous le feu croisé des partis contraires !
(...)
On sait que M. Courtois avait fait partie d'une commission chargée par la Convention d'examiner les papiers de Robespierre, après le 9 thermidor, et de faire un rapport sur ces papiers. M. Courtois avait été le rapporteur de cette commission.
Mais il paraît qu'au lieu de réintégrer, comme c'était son devoir, les papiers qui lui avaient été confiés, dans les archives de la Convention, il en avait gardé plusieurs. C'est comme si un magistrat, rapporteur d'un procès criminel, détournait et conservait une partie des pièces, au lieu de les replacer au greffe.
C'est là un reproche qui doit peser sur M. Courtois, et que son fils a eu tort de faire mettre en lumière par ce procès.
Un autre reproche plus grave peut encore être adressé à sa mémoire.
Une pièce importante était tombée entre ses mains. C'était le testament de la reine Marie-Antoinette, sa lettre écrite à sa famille au moment de monter à l'échafaud ; elle y avait joint des cheveux de son fils, des gants, et quelques objets personnels adressés aux siens comme un dernier souvenir.
(...)
Il garda le testament de la reine au lieu de l'envoyer à sa destination ; il conserva ces sortes de reliques de famille destinées à des parens malheureux par une parente plus malheureuse encore.
On a cherché à excuser ce fait en disant que le sieur Courtois, prévoyant la possibilité du retour des Bourbons et lisant presque la restauration dans l'avenir, avait pris ces pièces comme une sauve-garde et un moyen de salut.
Eh quoi ! ces fiers conventionnels avaient de ces arrière-pensées et voulaient se ménager des moyens de paix avec les Bourbons ! Je ne puis le croire, et M. Courtois n'eût osé le dire au sein de la Convention, s'il eût été appelé à se justifier de la rétention des pièces qui lui avaient été confiées. Il y eût été entendu avec colère et avec indignation.
(...)
Quoiqu'il en soit, il paraît que le secret de M. Courtois avait en partie transpiré. On savait, non point qu'il avait le testament de la reine dont on ignorait l'existence, mais qu'il avait gardé tout ou partie des papiers qui lui avaient été confiés pour son rapport à la Convention.
(...)
Toutefois ce ne fut point au ministre de la police, ce ne fut point à M. Decazes que la dénonciation fut adressée ; ce fut à M. le préfet de la Meuse.
M. le préfet de la Meuse s'occupa donc de faire vérifier si la soustraction imputée à M. Courtois était réelle. Il le fit de lui-même, et sans provocation du ministre, à qui il en rendit compte dans les termes suivans, par lettre du 10 janvier 1816 :
(...)
Ainsi l'ordre donné, la mesure approuvée, consiste uniquement à rechercher et à saisir les papiers qu'on suppose appartenir à l'Etat.
A-t-on fait plus ? a-t-on dépassé les ordres ? le ministre n'en serait point responsable.
Mais rassurez-vous, Messieurs, on n'a pas fait autre chose que ce qui était permis par la loi et autorisé par le ministre. Nous en avons la preuve dans une pièce signée par le sieur Courtois fils lui-même."
Me Parquin : Ce n'est point mon client.
Me Dupin : Si ce n'est toi, c'est donc ton frère ! (On rit) :
(...)
Voici cette pièce. C'est le procès-verbal de levée des scellés apposés sur les papiers du sieur Courtois.
Aujourd'hui, 9 février 1816,
En vertu de l'arrêté de M. le préfet de la Meuse en date du 6 présent mois, pris en exécution des ordres de S. Exc. le ministre secrétaire d'état au département de la police générale
(...)
nous sommes rendus au domicile du sieur Edme-Bonaventure Courtois, demeurant à Rambluzin
(...)
Le sieur Courtois se trouvant, en raison de son indisposition, hors d'état d'être présent aux opération dont il s'agit en l'arrêt de M. le préfet, a déclarer qu'il donnait au sieur Achille-Auguste Courtois, son fils, le pouvoir de le représenter.
M. Robert et les autres délégués ont, en conséquence, requis le sieur Courtois fils de représenter la caisse sur laquelle les scellés avaient été apposés le 9 janvier dernier.
(...)
Ouverture faite de la caisse, on y a trouvé dix cartons contenant des papiers qui, après avoit été successivement examinés ont été généralement reconnus pour être exclusivement relatifs à la révolution. En conséquence, et comme parmi ces papiers il ne s'en est trouvé aucun qui ait paru être personnel au sieur Courtois ni à sa famille, ils ont été replacés dans cinq cartons seulement
(...)
Interpellation faite à M. Courtois père de nous déclarer s'il n'était pas possesseur d'effets, livres, meubles, etc. provenant de la couronne et du mobilier des princes de la famille royale, il a répondu négativement, à l'exception cependant de certains objets pour lesquels il a été à l'instant fait et dressé un procès-verbal particulier.
C'est le testament de la reine et les objets qui l'accompagnaient.
(...)
On envoya séparément le testament de la reine, et M. Decazes s'empresse de reconnaître qu'il l'a remis à sa destination, c'est-à-dire au roi. Qui oserait lui en faire un reproche ? Qui oserait l'accuser de n'avoir point fait comme M. Courtois, de n'avoir point gardé pour lui ce qui appartenait de droit à la famille de la testatrice ?
Si le sujet vous intéresse, je vous encourage à lire la suite (et l'ensemble) du procès.
C'est donc ici (site source) : http://shenandoahdavis.canalblog.com/archives/2014/03/28/29538277.html
Dernière édition par La nuit, la neige le Mer 13 Juin 2018, 17:19, édité 2 fois
La nuit, la neige- Messages : 18055
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Testament / Lettre de Marie-Antoinette à Madame Elisabeth, le 16 octobre 1793
Merci LNLN pour toutes ces informations qui m'étaient inédites ! On notera grâce à toi cette précision, apportée deux fois, et que les ouvrages d'Histoire rappellent rarement : la loi d'exil voulue par Louis XVIII ne concernait que les régicides s'étant ralliés à l'Empereur pendant les Cents-Jours, et non tous les régicides sans distinction.
Gouverneur Morris- Messages : 11696
Date d'inscription : 21/12/2013
Testament de Marie-Antoinette, papiers de Robespierre conservés par Courtois
Oui, c'est vraiment intéressant. Et je ne connaissais pas non plus ces documents.
De même que la lettre de Courtois (adressé au préfet qui a procédé à la perquisition) et qui relate les conditions de sa possession de la lettre de Marie-Antoinette.
Décidément, ce Courtois avait la face comme son cul !
Faux derch' !! boudoi29
Je cite à nouveau (extrait seulement)
M. le préfet,
Je ne puis que m'applaudir de ce que les lettres de l'auguste Marie-Antoinette ont été déposées dans des mains aussi pures que les vôtres pour être ensuite mises au genoux de S.M.
Si je ne vous en ai pas fait, M. le préfet, la première confidence, c'est que mon épouse avait exigé de moi que je les fisse passer à M. le conseiller d'état Becquey, qu'elle connaissait. Le jour même de sa mort, je donnais avis à ce monsieur de ce dépôt, dont j'étais possesseur.
Cette démarche de ma part prouve au moins que, librement et de mon propre mouvement, j'ai fait l'offre au gouvernement de lui remettre ces pièces importantes (tu parles ! :roll: )
Peut-être désirez-vous savoir comment ces objets précieux sont tombés dans mes mains ? Je vais avoir l'honneur de vous en instruire.
Après la mort de Robespierre, il y eut successivement deux commissions de nommées pour l'examen de ses papiers et ceux de ses complices.
La première n'avait pas, par esprit de parti, répondu à la confiance de l'assemblée, il en fut nommé une seconde dont je fis partie.
En ma qualité de rapporteur de ce travail qui m'occupa cinq mois entiers, M. le préfet, j'eus à ma disposition ces restes précieux qui avaient été tirés du Tribunal révolutionnaire, comme il appert par les signatures de Fouquier, président de cet infâme Tribunal, et les quatre signatures des représentants Legot, Marsieu (?), Guffroy et L. Lecointre de Versailles.
Le temps n'était pas assez favorable pour en faire usage, et telle était alors l'espèce de vertige qui exaltait certaines têtes, ces monuments historiques que la postérité mettra au premier rang, devaient être détruits.
Pour les soustraire à la brûlure qui les menaçait, je m'en emparai secrètement et les tins cachés avec le plus grand soin. Mme la grande duchesse de Choiseul, qui m'honorait de son estime, et à qui j'ai sauvé plus d'une fois la vie, fut la seule qui eût connaissance du petit paquet de cheveux, dont ma femme détacha une très faible portion pour lui en faire hommage. Elle conserva toute la vie ce trésor inestimable, comme elle l'appelait, et voulait qu'on y joignit un bout de tresse de la main de la feue Reine. Nous nous gardâmes bien de lui parler de cette lettre si touchante, vrai chef-d’œuvre de sensibilité, écrite à quatre heures et demie du matin, le jour même que cette femme si courageuse et si aimable porta sa tête sur un échafaud si peu fait pour elle ! autrement il eût été impossible de lui en refuser une copie (quel enfoiré ! )
Qui que ce soit, M. le préfet, à l'exception des membres de la commission, n'en a eu connaissance qu'il existât des reliques de la feue reine d'un tel mérite.
Ainsi, elles arriveront, pour ainsi dire, vierges entre les mains de l'auguste souverain qui nous gouverne.
(Étonnant que ce petit monde ait gardé le silence)
Le célèbre auteur d'Anacharsis, que j'avais arraché à une mort certaine, sut aussi par Mme de Choiseul, son intime amie, que j'en étais possesseur, et toutes les fois que j'avais l'honneur de le voir, il m'invitait à conserver ce trésor avec soin. J'ai chez moi le buste en plâtre de ce grand homme, dont m'a fait présent Mme de Choiseul, dont il n'y eu que six de coulé, et réparés de la main du sculpteur Pajou.
On peut voir à la fin de la deuxième édition des Lettres sur l'Italie, ouvrage posthume de ce philosophe, l'article qui me concerne, et qui prouve ... (Le passage manque) ce que tout le monde eût fait à ma place ; mais enfin, M. le préfet, c'est une bonne action de plus dans ma vie, et destinée à voler quelques erreurs trop graves pour que je les oublie moi-même.
Si elles pouvaient être expiées par un sincère repentir, il y a longtemps que je serais acquitté ; non pas à mes propres yeux, mais peut-être à ceux d'autrui.
(...)
Je termine, M. le préfet, cette importune causerie, en vous suppliant de me continuer l'honneur de votre protection. Ma santé ne s'améliore pas et si je ne trouve pas à l'ombre de vos ailes l'appui dont j'ai besoin, je ne sais trop ce que je deviendrai.
Je regarde cependant que mon sort ne peut être douteux, puisque vous avez voulu me permettre d'espérer.
Agréez, je vous prie, M. le préfet, etc.
Lèche bottes !!
De même que la lettre de Courtois (adressé au préfet qui a procédé à la perquisition) et qui relate les conditions de sa possession de la lettre de Marie-Antoinette.
Décidément, ce Courtois avait la face comme son cul !
Faux derch' !! boudoi29
Je cite à nouveau (extrait seulement)
M. le préfet,
Je ne puis que m'applaudir de ce que les lettres de l'auguste Marie-Antoinette ont été déposées dans des mains aussi pures que les vôtres pour être ensuite mises au genoux de S.M.
Si je ne vous en ai pas fait, M. le préfet, la première confidence, c'est que mon épouse avait exigé de moi que je les fisse passer à M. le conseiller d'état Becquey, qu'elle connaissait. Le jour même de sa mort, je donnais avis à ce monsieur de ce dépôt, dont j'étais possesseur.
Cette démarche de ma part prouve au moins que, librement et de mon propre mouvement, j'ai fait l'offre au gouvernement de lui remettre ces pièces importantes (tu parles ! :roll: )
Peut-être désirez-vous savoir comment ces objets précieux sont tombés dans mes mains ? Je vais avoir l'honneur de vous en instruire.
Après la mort de Robespierre, il y eut successivement deux commissions de nommées pour l'examen de ses papiers et ceux de ses complices.
La première n'avait pas, par esprit de parti, répondu à la confiance de l'assemblée, il en fut nommé une seconde dont je fis partie.
En ma qualité de rapporteur de ce travail qui m'occupa cinq mois entiers, M. le préfet, j'eus à ma disposition ces restes précieux qui avaient été tirés du Tribunal révolutionnaire, comme il appert par les signatures de Fouquier, président de cet infâme Tribunal, et les quatre signatures des représentants Legot, Marsieu (?), Guffroy et L. Lecointre de Versailles.
Le temps n'était pas assez favorable pour en faire usage, et telle était alors l'espèce de vertige qui exaltait certaines têtes, ces monuments historiques que la postérité mettra au premier rang, devaient être détruits.
Pour les soustraire à la brûlure qui les menaçait, je m'en emparai secrètement et les tins cachés avec le plus grand soin. Mme la grande duchesse de Choiseul, qui m'honorait de son estime, et à qui j'ai sauvé plus d'une fois la vie, fut la seule qui eût connaissance du petit paquet de cheveux, dont ma femme détacha une très faible portion pour lui en faire hommage. Elle conserva toute la vie ce trésor inestimable, comme elle l'appelait, et voulait qu'on y joignit un bout de tresse de la main de la feue Reine. Nous nous gardâmes bien de lui parler de cette lettre si touchante, vrai chef-d’œuvre de sensibilité, écrite à quatre heures et demie du matin, le jour même que cette femme si courageuse et si aimable porta sa tête sur un échafaud si peu fait pour elle ! autrement il eût été impossible de lui en refuser une copie (quel enfoiré ! )
Qui que ce soit, M. le préfet, à l'exception des membres de la commission, n'en a eu connaissance qu'il existât des reliques de la feue reine d'un tel mérite.
Ainsi, elles arriveront, pour ainsi dire, vierges entre les mains de l'auguste souverain qui nous gouverne.
(Étonnant que ce petit monde ait gardé le silence)
Le célèbre auteur d'Anacharsis, que j'avais arraché à une mort certaine, sut aussi par Mme de Choiseul, son intime amie, que j'en étais possesseur, et toutes les fois que j'avais l'honneur de le voir, il m'invitait à conserver ce trésor avec soin. J'ai chez moi le buste en plâtre de ce grand homme, dont m'a fait présent Mme de Choiseul, dont il n'y eu que six de coulé, et réparés de la main du sculpteur Pajou.
On peut voir à la fin de la deuxième édition des Lettres sur l'Italie, ouvrage posthume de ce philosophe, l'article qui me concerne, et qui prouve ... (Le passage manque) ce que tout le monde eût fait à ma place ; mais enfin, M. le préfet, c'est une bonne action de plus dans ma vie, et destinée à voler quelques erreurs trop graves pour que je les oublie moi-même.
Si elles pouvaient être expiées par un sincère repentir, il y a longtemps que je serais acquitté ; non pas à mes propres yeux, mais peut-être à ceux d'autrui.
(...)
Je termine, M. le préfet, cette importune causerie, en vous suppliant de me continuer l'honneur de votre protection. Ma santé ne s'améliore pas et si je ne trouve pas à l'ombre de vos ailes l'appui dont j'ai besoin, je ne sais trop ce que je deviendrai.
Je regarde cependant que mon sort ne peut être douteux, puisque vous avez voulu me permettre d'espérer.
Agréez, je vous prie, M. le préfet, etc.
Lèche bottes !!
Dernière édition par La nuit, la neige le Mer 13 Juin 2018, 17:20, édité 1 fois
La nuit, la neige- Messages : 18055
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Testament / Lettre de Marie-Antoinette à Madame Elisabeth, le 16 octobre 1793
J'ai des historamas et Historias qui parlent de ce Courtois...
Il n'a pas volé toutes tes inscriptions en bleu !
Bien à vous.
Il n'a pas volé toutes tes inscriptions en bleu !
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Testament / Lettre de Marie-Antoinette à Madame Elisabeth, le 16 octobre 1793
EDMEE BONAVENTURE COURTOIS né le 15 Juillet 1754 à TROYES - mort à BRUXELLES le 6 Décembre 1816
je possède un fonds de documents sur l'individu - l'excellent livre d'EUGENE WELVERT qui était de CHALONS EN CHAMPAGNE sous la forme du manuscrit écrit à la main.... en plus des Pièces des papiers concernant la saisie et la descente de police et la requête faite par son fils le 9 Janvier 1816 + supplément du testament de la Reine annoté avec un rapport sur sa conservation par COURTOIS.
Un ensemble à avoir pour étudier la provenance des papiers et surtout tenter de rétablir la vérité sur le sujet.
MARIE ANTOINETTE àè-è\':
je possède un fonds de documents sur l'individu - l'excellent livre d'EUGENE WELVERT qui était de CHALONS EN CHAMPAGNE sous la forme du manuscrit écrit à la main.... en plus des Pièces des papiers concernant la saisie et la descente de police et la requête faite par son fils le 9 Janvier 1816 + supplément du testament de la Reine annoté avec un rapport sur sa conservation par COURTOIS.
Un ensemble à avoir pour étudier la provenance des papiers et surtout tenter de rétablir la vérité sur le sujet.
MARIE ANTOINETTE àè-è\':
MARIE ANTOINETTE- Messages : 3719
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Re: Testament / Lettre de Marie-Antoinette à Madame Elisabeth, le 16 octobre 1793
Majesté a écrit:
ce Courtois...
Il n'a pas volé toutes tes inscriptions en bleu !
.
... :\\\\\\\\:
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Mme de Sabran- Messages : 55293
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Re: Testament / Lettre de Marie-Antoinette à Madame Elisabeth, le 16 octobre 1793
CLIOXVIII a écrit:Visite matinale (présence d'une équipe de tournage de "Visites privées" qui passera fin janvier ; nous avons échangé quelque peu ).
L'histopad (location un peu élevée à mon gout )ne voulait pas fonctionner dans le cachot de la reine ; une gentille "concierge" m'a rendu les images en se servant de son portable et du coup, nous avons discuté . L’authenticité de la "dernière lettre " est au conditionnel sur une explication mais les deux cachots sont mentionnés . Elle a reconnu que les deux devraient être mis au conditionnel (pour la lettre, à cause de sa réapparition tardive ).
Gérard Ousset mentionne cette hypothèse, sans s'y arrêter, dans sa brochure intitulée :
" CE 16 OCTOBRE
A 4H 1/2 DU MATIN "
" CE 16 OCTOBRE
A 4H 1/2 DU MATIN "
Depuis deux cents ans, des doutes ont été portés sur l'authenticité de cette lettre. Sa révélation tardive ( elle sera en effet "exhumée" par l'ancien conventionnel Courtois en 1815 celui-là même qui fut chargé de l'inventaire des documents de Robespierre après la chute de celui-ci ) , à la différence du testament du roi, publié dès le lendemain de sa mort, a fait supposer qu'une machination aurait été ourdie par le gouvernement de Louis XVIII, afin d'inventer un "monument" susceptible de rallier les âmes sensibles à la cause des Bourbons. Or on a cru déceler des éléments allant dans ce sens, tels que l'absence de fautes d'orthographes ( mais nous démontrerons le contraire, encore s'agit-il de ne pas se référer à la version "corrigée" du fac simile édité sous la Restauration ), ou encore y a-t-on vu un texte trop bien écrit ( ? ) pour qu'il soit de la main de la reine. Nous n'entrerons pas dans cette polémique, notre propos n'étant d'ailleurs pas de réaliser une expertise graphologique du document, mais plutôt d'analyser son texte, afin de tenter d'y retrouver l'état d'esprit et les pensées de la souveraine lorsqu'elle rédigea son ultime écrit .
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Mme de Sabran- Messages : 55293
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Testament / Lettre de Marie-Antoinette à Madame Elisabeth, le 16 octobre 1793
L'authenticité de la lettre au conditionnel...
Ils sont étranges à la Conciergerie, décidément.
Les complotistes sont partout !
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La nuit, la neige- Messages : 18055
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Re: Testament / Lettre de Marie-Antoinette à Madame Elisabeth, le 16 octobre 1793
;
Voici quelques éléments de l'analyse à laquelle s'est appliqué notre ami Vicq d'Azyr:
On retiendra au total : Plusieurs fautes de temps et d'accord, courantes chez Marie-Antoinette dont on peut trouver maints exemples dans ses lettres (non corrigées) parvenues jusqu'à nous; un propension à oublier la forme féminine, assez typique chez Marie-Antoinette, par exemple :
Voici quelques éléments de l'analyse à laquelle s'est appliqué notre ami Vicq d'Azyr:
On retiendra au total : Plusieurs fautes de temps et d'accord, courantes chez Marie-Antoinette dont on peut trouver maints exemples dans ses lettres (non corrigées) parvenues jusqu'à nous; un propension à oublier la forme féminine, assez typique chez Marie-Antoinette, par exemple :
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Re: Testament / Lettre de Marie-Antoinette à Madame Elisabeth, le 16 octobre 1793
Vu lors d'une émission télé (Télématin ? ) cette lettre manipulée sans gants par la conservatrice d'alors ( dont je ne citerai pas le nom) .... Même si on ne voit dans cette lettre que son intérêt historique, c'est inadmissible.
Re: Testament / Lettre de Marie-Antoinette à Madame Elisabeth, le 16 octobre 1793
Comme tu dis !
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Mme de Sabran- Messages : 55293
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Testament / Lettre de Marie-Antoinette à Madame Elisabeth, le 16 octobre 1793
CLIOXVIII a écrit:Vu lors d'une émission télé (Télématin ? ) cette lettre manipulée sans gants par la conservatrice d'alors ( dont je ne citerai pas le nom) .... Même si on ne voit dans cette lettre que son intérêt historique, c'est inadmissible.
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
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Re: Testament / Lettre de Marie-Antoinette à Madame Elisabeth, le 16 octobre 1793
CLIOXVIII a écrit:Vu lors d'une émission télé (Télématin ? ) cette lettre manipulée sans gants par la conservatrice d'alors ( dont je ne citerai pas le nom) .... Même si on ne voit dans cette lettre que son intérêt historique, c'est inadmissible.
Les gants ne sont de mises que devant les caméras, ou si le document est peint par exemple. Les documents d'archives sont manipulés sans gants par tous ceux qui les consultent aux archives nationales et départementales.
Le papier de ce temps est solide, l'encre bien attachée, à quoi serviraient des gants ? C'est la manipulation répétée qui entraîne des fatigues mécanique du papier. Or les documents "précieux" sont microfilmés, numérisés, donc rarement sortis. C'est là la vraie préservation de ces documents.
Dernière édition par Lucius le Mar 20 Déc 2016, 16:07, édité 2 fois
Lucius- Messages : 11656
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Re: Testament / Lettre de Marie-Antoinette à Madame Elisabeth, le 16 octobre 1793
Même si elle tombait en lambeaux, gants où pas gants, c'est la manipulation le problème, pas l'humidité des mains.
Lucius- Messages : 11656
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Re: Testament / Lettre de Marie-Antoinette à Madame Elisabeth, le 16 octobre 1793
évidemment, quand le papier n'est pas souvent touché, il ne faut pas de gants.
Mais en ce qui concerne la lettre de la reine, le papier ne me semble pas ou plus de bonne qualité...
Mais en ce qui concerne la lettre de la reine, le papier ne me semble pas ou plus de bonne qualité...
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Comte d'Hézècques- Messages : 4390
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