Marie-Antoinette conduite à l'échafaud, le trajet de la charrette le 16 octobre 1793

Je vous propose ce reportage sur le trajet pris par la charrette le matin du 16 octobre 1793:

Vicq d Azir a écrit:
Je vous propose ce reportage sur le trajet pris par la charrette :

Merci, cher Févicq !
En effet, nous voici déjà au 15 octobre ... ( Il fait beau et chaud !!! )

Message un peu long à poster pour moi...

Mais non, le trajet se fait par étapes .

Voici ce reportage sur le trajet. Il comporte une quarantaine de photos :

Sortie Cour du Mai, puis rue de la Barillerie.
Pour certains, la charrette emprunte le pont au Change, puis le quai de la Mégisserie, pour d’autres, le quai de l’Horloge, puis le Pont Neuf...




Rue de la Monnaie, puis rue du Roule:




A l’angle de la rue du Roule et de la rue St Honoré : le fameux balcon où David dessine le profil de la Reine, profitant du ralentissement de la charrette, qui tourne à gauche pour emprunter la rue St Honoré :



Le Bourdon d’Or a gardé sa façade :



La fontaine publique de La Croix du Trahoir, construite par Soufflot, près du site de l’ancien gibet ( l’arbre sec...)
( Voir les clichés plus bas...)
L’ Oratoire: foule sur les marches :



Passage devant le Grand Mogol, la boutique de Rose Bertin, aujourd’hui détruit, puis le Palais Royal :





La rue de l’Echelle traversée, évoque Varennes :



Arrêt de la charrette devant St Roch: la Reine doit subir une harangue des « Femmes du 6 octobre », toutes debout sur les marches de l’église :



Passe devant l’hôtel de Noailles. La Reine y a rencontré La Fayette, jadis...


Rue du Marché St Honoré. Au fond, se trouvait le club des Jacobins. Des bannières flottent: « Atelier d’armes républicaines pour foudroyer les tyrans ». Aujourd’hui, seule subsiste une porte, qu’a souvent empruntée Robespierre :



Voici les photos de la fontaine de Soufflot, ( qui ne sont pas sorties en temps voulu...) :

Suite ( et fin ) du reportage sur le trajet de la charrette :
Passe tout près de la Place des Piques (Place Vendôme) :




Poursuit son trajet le long de la rue St. Honoré, passant devant les beaux hôtels Louis XV (au numéro 374, l’ancien salon de Mme. Joffrin ) :







Passage devant la chapelle de l’Assomption ( une arche enjambait alors la rue) :


Elle passe devant la maison du menuisier Duplay, où réside Robespierre. S’est-il levé pour voir passer la Reine ?



Passage devant le célèbre café du Saint Esprit, et prend (sans doute) la rue St Florentin, pour rejoindre la Place de la Révolution :



Place de la Révolution : retrouvons l’angle de vue choisi par Bonnet pour sa gravure :



Enfin, ce témoignage tardif ( plaque posée au XXe siècle, au pied de l’obélisque ):

Merci à tous. C’était mon témoignage à la veille de ce funeste anniversaire.
Les photos ont été prises la semaine dernière.

Passionnant reportage !
Merci, cher Févicq .

Merci, chère Eléonore. J’ai souvent fait ce trajet à pied avec quelques amis. J’ai toujours pensé que la rue St Honoré était un livre d’histoire ouvert, tant il existe d’anciens témoignages architecturaux...
Cette rue, rappelons-le, était à l’époque, le seul grand axe est-ouest de Paris. Populaire à l’est, aristocratique à l’ouest. Plusieurs fournisseurs de la Cour y avaient pignon sur rue. On peut toujours y voir la pharmacie où Fersen, dit-on, s’approvisionnait en encre sympathique...

Merci mon cher Vicq pour ce reportage. Très intéressant !
La charrette part à 10h15 et n'arrive place de la Révolution qu'à midi. Elle aura été exhibée, insultée et humiliée devant la populace parisienne pendant 1h45. Pas étonnant qu'enfin arrivée à l'échafaud, elle veuille en finir et gravisse les marches d'un pas rapide ("à la bravache" comme dira l'infâme Hébert).

Vicq d Azir a écrit:
Arrêt de la charrette devant St Roch: la Reine doit subir une harangue des « Femmes du 6 octobre »

Quelle horreur. Il fallait l'humilier jusqu'à son dernier souffle.

... et l'acteur de théâtre, Grammont, qui mène le cortège, fait tournoyer son sabre en braillant :
« La voilà, l'infâme Antoinette, elle est foutue mes amis ! »

Merci mon cher.
Je dis toujours que l’exécution de Louis XVI a quelque chose de solennel; la foule est maintenue à distance. Pour la Reine, la mise en scène est odieuse : foule sur le trajet, harangues, plusieurs arrêts prévus (pour mieux voir), présence en effet d’un comédien à cheval qui précède la charrette, places assises louées sur la terrasse des Tuileries pour mieux profiter du spectacle...

Mme de Sabran a écrit:
...    et l'acteur de théâtre, Grammont, qui mène le cortège, fait tournoyer son sabre en braillant :
« La voilà, l'infâme Antoinette, elle est foutue mes amis ! »

Paul Belaiche-Daninos dit que le peuple est resté coi au passage de la charrette, comme sonné.
Grammont était là pour tenter de faire réagir la populace.

Vicq d Azir a écrit:
Je dis toujours que l’exécution de Louis XVI a quelque chose de solennel; la foule est maintenue à distance. Pour la Reine, la mise en scène est odieuse : foule sur le trajet, harangues, plusieurs arrêts prévus (pour mieux voir), présence en effet d’un comédien à cheval qui précède la charrette, places assises louées sur la terrasse des Tuileries...

Tout à fait. Louis XVI est mené en carrosse à l'échafaud. Marie-Antoinette est, quant à elle, jetée dans une charrette. Pour mieux la ridiculiser, on lui intime l'ordre de s'asseoir dans le sens inverse de la marche. Comme on le faisait habituellement pour les mères maquerelles, têtes rasées, qui étaient ainsi traînées dans Paris après leur condamnation avant d'être clouées au pilori.

Merci pour ce reportage émouvant. Juste deux petites précisions. Marie-Antoinette était vêtue de blanc, on lui avait interdit de porter ses habits noirs de veuve. Elle n'en avait gardé que le jupon porté sous son déshabillé du matin. Le Grand Mogol n'était plus situé place du Palais Royal depuis 1783, en 1789 il se trouvait au N°26 actuel de la rue de Richelieu. Le neveu de Mlle Bertin en assurait le fonctionnement car en février elle avait quitté la France pour l'Angleterre.

Merci chère Marie Jeanne pour ces précisions.
Le vicomte Charles Desfossés est témoin de la sortie de la Reine de la Conciergerie. Il en fait la description suivante :
« J’avais eu le temps de prendre le signalement de la Reine et de son costume. Elle avait un jupon blanc dessus, un noir dessous, une espèce de camisole de nuit blanche, un ruban de faveur noué aux poignets, un fichu de mousseline unie blanc, un bonnet avec un bout de ruban noir ; les cheveux tout blancs, coupés ras autour du bonnet, le teint pâle, un peu rouge aux pommettes, les yeux injectés de sang, les cils immobiles et roides. »

Cher Vicq,
Y a-t-il un plan pour cet itinéraire sur la carte?
Leos

Merci, cher Vicq', pour ce grand reportage illustré...

Leos a écrit:Cher Vicq,
Y a-t-il un plan pour cet itinéraire sur la carte?

Sauf erreur de ma part et donc sous le contrôle de notre ami Vicq'...

Je penche pour le trajet "Pont Neuf" ; à l'extrémité du Pont-au-Change il y a encore le monument à la gloire de la famille royale, édifié vers 1645 et détruit en 1794, et les voies sont bien trop étroites.



Et donc :





* Source image du plan : https://fr.map-of-paris.com/plans-ville/plan-paris-1789

Merci La Nuit
Pour cette carte ..
Même des gravures d'époque ..

Aujourd'hui est l'anniversaire de ce triste voyage...

Leos

Merci cher LNLN pour le plan que vous avez posté.
En effet, il y a discussion sur le début du trajet. C’est Mr. de Waresquiel qui opte pour le passage par le Pont Neuf, contrairement à ce qu’en disent Lenotre et Castelot. Son argument est que le quai de la Mégisserie n’etait pas stabilisé. Il existait pourtant, et on l’appelait la « vallée de la misère »...
A l’autre extrémité du trajet, il parait probable que la charrette ait tourné à gauche dans la rue St Florentin pour rejoindre la place, et n’ait pas pris l’actuelle rue Royale; c’est en effet le chemin le plus direct.

Vicq d Azir a écrit:Merci cher LNLN pour le plan que vous avez posté.  
En effet, il y a discussion sur le début du trajet. C’est Mr. de Waresquiel qui opte pour le passage par le Pont Neuf, contrairement à ce qu’en disent Lenotre et Castelot. Son argument est que le quai de la Mégisserie n’etait pas stabilisé.

J'en étais aussi resté par le Pont-Neuf ,comme nous le voyons sur cette représentation (commémorative) de Joseph Navlet, que nous avions déjà présentée dans nos galeries...


Marie-Antoinette conduite à l'échafaud
Joseph Navlet (1821-1899)

A nouveau, il me semble que le débouché rive droite du Pont-au-Change est trop étroit et sinueux, et présentait alors probablement des risques d'encombrement et de sécurité.
Les autorités savaient qu'il y aurait foule sur le trajet.

Vicq d Azir a écrit:A l’autre extrémité du trajet, il parait probable que la charrette ait tourné à gauche dans la rue St Florentin pour rejoindre la place, et n’ait pas pris l’actuelle rue Royale; c’est en effet le chemin le plus direct.

Ah ?  
Une fois encore j'en suis resté par la rue Royale. Notamment pour les mêmes raisons que précédemment : l'encombrement et la sécurité.
Emprunter la rue Saint-Florentin (étroite) offre un débouché sinueux : car il faut encore longer les fossés murés de la place de la Révolution pour y accéder.
Avec la foule, cela me paraît bien plus compliqué...


Nicolas Pérignon
Vue de la place Louis XV, avant la construction du Pont, plume, aquarelle et gouache, vers 1780
Photo : Gallica / BnF



Aussi, symboliquement, faire passer le convoi par la fraîchement renommée rue de la Révolution (aujourd'hui rue Royale) me paraît plus opportun.

Oui, cela me paraît en effet très convaincant. Je n’ai d’ailleurs pas trouvé de documents prouvant le contraire...

...

il es inutile de se rendre à SAINT DENIS pour entrer en contact avec la Reine - ce matin j'ai refait le chemin en esprit avec une pensée pour l'arrivée et l'exécution place la révolution
ensuite j'ai suivi la charrette contenant sa dépouille vers le cimetière de la madeleine....

MARIE ANTOINETTE

Comme je n'étais jamais allée à la chapelle expiatoire, je m'y suis rendue aujourd'hui pour voir la petite expo Chauveau-Lagarde car c'était le dernier jour.
A l'heure du déjeuner, je suis restée songeuse en voyant des dizaines de personnes manger gaiement leurs sandwichs au soleil dans le jardin sans probablement savoir que c'était un cimetière.

Marie-Jeanne a écrit:Comme je n'étais jamais allée à la chapelle expiatoire, je m'y suis rendue aujourd'hui pour voir la petite expo Chauveau-Lagarde car c'était le dernier jour.
.

Ah zut, je l'ai ratée. C'était intéressant ?