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Joseph II : Guide moral à l'attention de Marie-Antoinette .

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joseph - Joseph II : Guide moral à l'attention de Marie-Antoinette . Empty Joseph II : Guide moral à l'attention de Marie-Antoinette .

Message par Mme de Sabran Mer 25 Mar 2015, 17:18

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Full text of "Marie Antoinette, Joseph II und Leopold II., ihr ...  joseph - Joseph II : Guide moral à l'attention de Marie-Antoinette . 010105angry_8
https://archive.org/stream/.../marieantoinette00leopgoog_djvu.txt
Ce livre étant relativement ancien, il n'est plus protégé par la loi sur les droits .....


JOSEPH n. AN MARIE ANTOINETTE.

(Juillet 1775.)

Très-chère soeur.  joseph - Joseph II : Guide moral à l'attention de Marie-Antoinette . 010105ooo_thats_bad_cut Le courrier vient de me remettre votre chère lettre, qui m'a fait beaucoup de plaisir quant aux sentiments que vous voulez bien me témoigner, et au désir que vous avez de me voir. Vous ne pouvez pas douter non plus, combien le même désir m'anime, mais les occasions, mes premiers devoirs et ma raison doivent être les seuls guides de toutes mes actions.
Je ne puis répondre des événements qui peuvent se présenter jusqu'au temps où je pourrais me donner la satisfaction de vous embrasser, aussi peu que mon amour pour la tranquillité d'esprit m'inspirera pour lors. Permettez, que là-dessus, ma chère soeur, je vous parle avec toute la franchise que l'amitié seule et l'intérêt autorise, et dont l'intention fait l'excuse.

Comment voudriez-vous, que j'aille vous voir et me mettre dans le grand monde de la cour et du pays que vous habitez, dans les circonstances dans lesquelles je vois que vous vous trouvez, et dans lesquelles vous avez bien voulu vous mettre? Autant que j'en sais, vous vous mêlez d'une infinité de choses d'abord qui ne vous regardent pas, que vous ne connaissez pas, et auxquelles des cabales et des alentours qui vous flattent et qui savent exciter tantôt votre amour-propre et envie de briller, ou même entretenir une certaine haine et rancune, vous font faire une démarche après l'autre, propres à troubler le bonheur de votre vie, et qui doivent nécessairement vous procurer tôt ou tard des désagréments cuisants, et en diminuant l'amitié et l'estime du roi, vous faire perdre toute l'opinion du public et toute la considération, que vous pourriez avec l'appui de cette opinion vous acquérir, et que vous vous êtes même acquise étonnamment jusqu' à présent.
De quoi vous mêlez-vous, ma chère soeur, de déplacer des ministres, d'en faire envoyer un autre sur ses terres, de faire donner tel département à celui-ci ou à celui-là, de faire gagner un procès à l'un, de créer une nouvelle charge dispendieuse à votre cour, enfin de parler d' affaires, de vous servir même de termes trés-peu convenables à votre Situation? Vous êtes-vous demandé une fois, par quel droit vous vous mêlez des affaires du gouvernement et de la monarchie française ? Quelles études avez-vous faites?
Quelles connaissances avez-vous acquises, pour oser imaginer que votre avis ou opinion doit être bonne à quelque chose, surtout dans des affaires, qui exigent des connaissances aussi étendues? Vous, aimable jeune personne, qui ne pensez qu'à la frivolité, qu'à votre toilette, qu'à vos amusements toute la journée, et qui ne lisez pas, ni entendez parler raison un quart d'heure par mois, et ne réfléchissez, ni ne méditez, j'en suis sûr, jamais, ni combinez les conséquences des choses que vous faites ou que vous dites?


L'impression du moment seule vous fait agir, et l'impulsion, les paroles mêmes et arguments, que des gens que vous protégez, vous communiquent, et auxquels vous croyez , sont vos seuls guides. Peut-on écrire quelque chose de plus imprudent, de plus irraisonnable , de plus inconvenable que ce que vous marquez au comte de Rosenberg touchant la manière avec laquelle vous arrangeâtes une conversation à Rheims avec le duc de Choiseul? Si jamais une lettre, comme celle-là s'égarait, si jamais, comme je n'en doute presque point, il vous échappe des propos et phrases pareilles vis -à -vis même de vos plus intimes confidents, je ne puis plus entrevoir le malheur de votre vie, et j'avoue que par l'attachement que je vous ai voué, cela me fait une peine infinie. Ce sont vos ennemis, ce sont ceux qui désirent le plus de voir détruite toute influence que vous pourriez avoir, qui vous poussent à de pareilles démarches.
Croyez-moi, et écoutez la voix d'un ami et d'un homme que vous savez qu'il vous aime. Distinguez-la de la foule de tous ceux qui vous encensent, et croyez que personne ne peut et ne veut vous dire la vérité comme moi; qu'elle est de toutes les nations et de tous les pays. Quittez donc toutes ces tracasseries , ne vous mêlez absolument en rien d' affaires; éloignez et rebutez même tous ceux qui voudraient vous y attirer pour quelque chose. Attachez-vous fortement à mériter l'amitié et la confiance du roi, c'est d'abord votre devoir d'état, et c' est le seul intérêt que vous pouvez et devez avoir. Epluchez ses goûts, conformez-vous à eux; tâchez d'être beaucoup avec lui, ne l'incommodez néanmoins pas, et méritez par votre discrétion et sûreté sa confiance. Ne parlez jamais à des ministres d' affaires, ni pour recommander quelqu'un, et dans toutes les occasions, où vous serez sollicitée, ne vous chargez jamais d'autre chose que d' en parler au roi ; et alors n' en pressez point la réussite avec importunité ou humeur, et ne donnez aucune réponse, hors celle dont le roi vous chargerait expressément.
Du reste lisez, occupez-vous , ornez votre esprit, donnez -vous des talents, et rendez-vous propre à trouver des ressources en vous-même dans un âge plus avancé et dans le cas, où cette grande approbation du public qui fait tous vos désirs et plaisirs actuels, vous quittera, comme cela ne peut manquer d' arriver. Voilà le rôle au bout du compte, ma chère soeur, que chaque femme sage doit faire dans son ménage . Mon coeur, mes sentiments vous doivent être connus, ma chère soeur, et même qu'éloigné par état de vous je ne puis avoir autre intérêt à ce que je vous conseille, que vous- même. Voilà les sentiments qui guident ma plume.

Vous êtes épouse ; c' est un état qui a les devoirs les plus sacrés et les plus stricts. Vous êtes reine; c'est une charge, qui exige qu'on en remplisse les fonctions. Sous ces deux points de vue vous ne pouvez vous méconnaitre; réfléchissez-y souvent, et votre esprit vous en dira plus que moi. Comme épouse et surtout comme femme d'un roi vous avez des considérations , des devoirs et des intérêts bien différents de ceux de toutes les autres dames, princesses et reines du monde. Que faites-vous ici en France, par quel droit vous respecte, vous honore-t-on, que comme la compagne de leur roi? Vous seriez bafouée, aussi jolie que vous êtes; la chute, et en soi et par comparaison, serait affreuse pour vous. A quoi tenez-vous dans le coeur du roi et surtout a son estime? Examinez-vous, employez- vous tous les soins à lui plaire? Etudiez-vous ses désirs, son caractère pour vous y conformer, tâchez -vous de lui faire goûter, préférablement à tout autre objet ou amusement, votre compagnie et les plaisirs que vous lui procurez et auxquels sans vous il devrait trouver du vide? Vous rendez-vous nécessaire à lui, le persuadez-vous que personne ne l'aime plus sincèrement et n'a sa gloire et bonheur plus à coeur que vous? Voit-il votre attachement uniquement occupé de lui, de le faire briller même sans le moindre égard à vous même?
Modérez-vous votre gloriole de briller à ses dépens, d'être affable quand il ne l'est pas, de paraitre s'occuper d'objets qu'il néglige, enfin de ne vouloir n'avoir de réputation à ses dépens, mais le persuadez-vous de cette modestie, lui faites-vous ces sacrifices, êtes-vous d'une discrétion impénétrable sur ses défauts et faiblesses, les excusez -vous , faites -vous taire tous ceux qui en osent lâcher quelque chose, êtes-vous de même secrète sur tous les conseils que vous lui donnez, et qui ne doivent jamais paraitre, que les affaires réussissent ou non? Savez-vous arranger vos discours aux circonstances , pensez-vous à préparer par une conduite conséquente de loin les effets? Est-ce que vous ne vous rebutez pas des difficultés, des refus?  Retournez-vous adroitement à la charge, sans importuner, sans témoigner une volonté, car enfin vis-a-vis de lui vous ne pouvez avoir que des désirs, et lui tant sur votre personne que sur les affaires de son pays peut seul avoir des volontés. II n'y a pas de galanterie qui tienne; un particulier peut craindre le ridicule que son impolitesse lui donnerait, mais un roi s'en moque et d'un mot peut disposer de votre sort. N'oubliez pas cela!
Mettez-vous, ma soeur, du liant, du tendre, quand vous êtes avec lui? Recherchez -vous des occasions, correspondez -vous aux sentiments qu' il vous fait apercevoir ? N'êtes-vous pas froide, distraite, quand il vous caresse, vous parle? Ne paraissez-vous pas ennuyée, dégoûtée même? Comment, si cela était, voudriez-vous qu'un homme froid s' approche et enfin vous aime ? Ce point exige toute votre attention, et tout ce que vous ferez pour obtenir ce grand but, sera le lien le plus fort que vous mettrez au bonheur de votre vie. Ne vous rebutez jamais, et soutenez lui l'espérance toute votre vie, qu'il pourra encore avoir des enfants, que jamais il n'y renonce ou en désespère. Vous devez éviter cette idée et toute séparation de lit de toutes vos forces, qui ne consistent que dans vos charmes et votre amitié.

Le rendez-vous bien confiant, n'abusez-vous jamais ou ne le rebutez -vous pas des confiances qu'il vous fait? Agissez-vous de même, et est-ce que vous lui dites tout ou au moins assez pour qu'il n'apprenne les choses, qui vous regardent ou l'intéressent, de personne d'autre, avant vous enfin, qu'il soit persuadé d'aucune réticence de votre part. Ce qui seul peut le rendre confiant, aidez-vous aux choses que vous voyez qu'il désire beaucoup, ne commettez-vous jamais mal à propos votre crédit? Ne le mettez-vous jamais dans le cas de vouloir, et de lutter contre votre opinion qui doit plier adroitement devant la sienne, quand vous voyez qu'elle ne sera pas suffisante, qui doit être discrète, mais qui doit revenir à la charge, lorsque l'événement ou le premier moment d'ardeur sera changé ? Tout votre crédit doit être caché on doit le soupçonner agissant et influant en tout, mais ne le voir paraitre nulle part. Le roi seul, votre mari, doit par état agir, et il ne faut jamais que vous paraissiez en rien; une ignorance, une modestie même affectée là-dessus ne peut qu' être avantageuse et vous faire honneur. Ne croyez jamais a l'amitié, à l'esprit ni à l'attachement de personne qui vous conseillerait autre chose ; son intérêt seul sûrement et non le vôtre la guiderait.

Etudiez-vous assez son caractère? II ne se connait ordinairement qu'en le suivant exactement et avec réflexion. Vous appliquez-vous à savoir ce qu'il fait quand il est seul? Savez-vous les gens et les objets qu'il préfère? Evitez-vous de le gêner, et surtout que votre présence ne le dérange pas? Afin qu'il n'aille se cacher en rien de vous, participez-y, de quelconque espèce que ses amusements internes peuvent être, et peu-à-peu, s'ils ne sont pas d'un genre qui convient, tâchez de lui en procurer d'autres plus solides et utiles mais en même temps qui l'amusent davantage, car ce n'est ni par conviction, ni d'autorité, qu'il faut les lui faire quitter; son dégoût et sa propre volonté doivent opérer ce changement. Tâchez de procurer au roi les sociétés qui lui conviennent; elles doivent être les vôtres, et s'il y a quelque préjugé contre quelqu'un, même de vos amis, il faut le lui sacrifier. Enfin votre seul objet, le but de vos actions pendant toute votre vie , celui qui vous mène à tout et hors duquel vous ne pourriez jamais trouver ni bonheur, ni considération, ni crédit, doit être l'amitié, la confiance du roi.
Si vous possédez celle-là et agissez à vous la conserver, votre réputation sera bien plus solidement établie et votre bonheur bien plus affermi qu'à présent, où vous paraissez lutter de crédit avec les ministres et vouloir profiter mutuellement de sa faiblesse. Selon mes principes vous ne paraitriez jamais; mais tous, si vous inspirez la vraie confiance au roi, avec le roi même ne pourraient faire un pas, sans que vous n'y influiez. Vous auriez par le public la reconnaissance de tout le bien qui se ferait, et en ne paraissant pas, vous seriez à couvert du blâme et approuvée par tous les plus sévères censeurs qui ne pourraient disconvenir que vous remplissez avec la plus grande exactitude les devoirs de votre état. Ne vous souciez point et ne prenez jamais une affaire tellement à coeur, que vous la voulussiez absolument faire réussir, et que la non-réussite vous fâche, et que vous vous en croyiez déshonorée presque. C'est tendre votre crédit et l'exposer. Selon mes principes il ne faut jamais le commettre ainsi, mais céder à propos pour revenir une autre fois, mais pour cela faire, il faut déjà ne jamais promettre solennellement protection à personne, ni se déclarer vouloir une affaire, mais toujours avec doute sur l'effet se rabattre à dire qu'on en parlerait, qu'on ne pouvait répondre de l'effet ni de ce qu'on voudrait, et si même l'on réussit, rejeter toujours avec une modestie suivie l'effet sur le roi et tourner vers lui la reconnaissance et la gloire ; il vous en restera assez.

Entre autre de votre façon de négocier les différents objets avec le roi, de vos moyens quelque spirituels qu'ils peuvent être, il faut absolument même vis-a-vis de ses plus intimes amis s'imposer un silence parfait puisque cela ne convient pas , et qu'entre mari et femme il faut une discrétion parfaite, et puis vous découvririez aux autres vos armes, affaibliriez vos moyens et les enseigneriez aux autres, dont ils pourraient se servir contre vous, outre qu'une indiscrétion pareille devrait être choquante pour le roi. Ainsi, que les choses réussissent facilement ou difficilement ou point du tout, personne ne doit jamais savoir ce qui s'est passé à ce sujet entre vous.

Comme reine vous avez un emploi lumineux; il faut en remplir les fonctions. La décence, la consistance de la cour et l'apparence surtout doivent beaucoup être mises en considération. Le respect qu'imprime l'intérieur, et la décence sont importants; ils font les deux tiers du jugement du public. Ils ne peuvent point être calqués sur aucun exemple que sur celui de vos égales. Revoyez toutes les reines d'Europe et informez-vous de la vie qu'elles mènent; combinez leur âge avec le vôtre et vos circonstances; joignez à cela la réflexion sur la nation avec laquelle vous vivez, et je crois que vous trouverez bien des difficultés dans la vie que vous menez, et bien de l'avantage sur toutes les autres. Comparez par exemple l'lmpératrice qui a soixante ans, qui est souveraine et veuve. Voyez les gênes qu'elle s'est imposées, et la décence qu'elle a su garder. Ceci n'est pas indifférent. Votre façon n'est elle pas un peu trop leste, n'avez-vous pas par la cour adopté un peu des façons du moment auquel vous êtes venue ici, ou celui de plusieurs dames qui, quoique très-aimables et respectables, ne peuvent point vous servir de modèle, car vous n'en pouvez trouver hors de votre état? Plus le roi est sérieux, plus votre cour doit avoir l'air de se calquer après lui. Avez-vous pesé les suites des visites chez les dames, surtout chez celles où toute sorte de compagnie se rassemble et dont le caractère n'est pas estimé? Avez-vous pensé à l'effet que vos liaisons et amitiés, si elles ne sont pas placées sur des personnes en tout point irréprochables et sûres, peuvent et doivent avoir dans le public, puisque ou vous auriez l'air d'y participer et d'autoriser le vice, point qui devrait vous perdre même chez les gens pervers, qui ne peuvent s'empêcher d'aimer et estimer la vertu, ou vous restez dans un aveuglement volontaire et risquez de goûter leur poison et d'en être aveuglée et enfin englobée, car on juge très-bien des personnes par leurs goûts et par leurs liaisons. Si elles vous trahissaient avec cela peut-être, et que vos confidences, soit-ce par leurs circonstances , liaisons, ou faiblesses fussent sues, vous seriez bien à plaindre et certainement toujours la dernière à le savoir et à vous en apercevoir, car tout le monde aurait grand soin de vous le cacher ou de vous le relever d'une façon seulement pour s'ancrer davantage.
Le choix des amis et amies est bien difficile, surtout dans votre position ; il vous faudrait tâcher de vous attacher des hommes aussi instruits que sûrs et qui soient éloignés de toute ambition ou désir. Le choix est difficile, mais ne vous rebutez pas des difficultés et tâchez avec patience et constance d'y parvenir, car la chose est trop désirable et pour vous et pour le roi.

Avez-vous pesé les conséquences affreuses des jeux de hasard, la compagnie qu'ils rassemblent, le ton qu'ils y mettent, le dérangement enfin, qu'en tout genre ils entraînent après soi tant dans les fortunes que les moeurs de toute une nation ?
Pouvez-vous vous dissimuler que toute la partie sensée de l'Europe vous rendrait responsable des ruines des jeunes gens, des vilenies qui s'y commettent, et des abominations qui en sont les suites, si vous protégez et étendez ces jeux, ou que bien plus vous les recherchiez et couriez après?
C'est un article d'une conséquence si grande et d'un danger si manifeste, que je laisse à votre pénétration à en dire le reste. Rappelez-vous les faits qui se sont passés sous vos yeux, et puis pensez que le roi ne joue pas et que c'est scandaleux que vous seule, pour ainsi dire, de la famille les souteniez. Un noble effort et toute la terre vous approuvera.

De même daignez penser un moment aux inconvénients, que vous avez déjà rencontrés aux bals de l'opéra, et aux aventures, que vous m'en avez racontées vous-même là-dessus. Je ne puis vous cacher que c'est de tous les plaisirs indubitablement le plus inconvenable de toute façon, surtout de la façon que vous y allez , car Monsieur qui vous accompagne n'est rien. Qu'y voulez-vous être inconnue et jouer un personnage différent au vôtre? Croyez-vous que l'on ne vous connait pas malgré cela, et qu'on vous lâche des propos aucunement faits pour être entendus, mais qu'on dit exprès pour vous amuser et vous faire croire que l'on les a tenus bien innocemment, mais qui peuvent faire effet. Ou si l'on ne vous connait pas effectivement, croyez-vous que le lendemain l'on ne le sait pas, et vous même avez grand soin de raconter les aventures du bal.
Le lieu par lui-même est en très-mauvaise réputation ; qu' y cherchez- vous? Une conversation honnête ? Vous ne pouvez l'avoir avec vos amies ; le masque l'empêche. Danser non plus ;pourquoi donc des aventures, des polissonneries, vous mêler parmi le tas de libertins, de filles, d'étrangers, entendre ces propos, en tenir peut-être qui leur ressemblent, quelle indécence ! Je dois vous avouer que c'est le point, sur lequel j'ai vu le plus se scandaliser tous ceux qui vous aiment et qui pensent honnêtement. Le roi, abandonné toute une nuit a Versailles, et vous, mêlée en société et confondue avec toute la canaille de Paris ! Et y voyez-vous beaucoup de gens, en femmes ou en hommes, posés et de réputation? Enfin, ma chère soeur, prenez-moi pour exemple. Je n'irais certainement pas que presque démasqué et en compagnie de quelques personnes sensées, afin que tout le monde me connaisse, et je m' établirais dans une loge, à voir le spectacle pendant une heure, et puis je reviendrais chez moi. Je suis toujours démasqué ; la Grande-Duchesse ne se mêle jamais dans la foule à Florence, mais va se mettre dans une loge. Mon frère aussi, enfin c'est un point qui, si vous ouvriez les yeux, vous devrait choquer, car je dois lâcher le mot, il est indécent et peu fait pour donner au public de l'opinion ni de votre goût, discernement ni mesure.

L'exercice immodéré et trop fréquent du cheval est toujours par lui-même dangereux à une femme, mais dans votre situation le public, dont je suis parfaitement bien informé, soit préjugé, soit raison, attribue à l'exercice du cheval que vous n'avez point d'enfants.
On croit cela généralement, ainsi pour ce grand objet et pour ne point donner une prise si marquée sur vous, modérez ce plaisir et surtout évitez les occasions où cela est si saillant comme les chasses et parties au bois de Boulogne, où tout Paris accourt et qui en fait la nouvelle.

Mais en vous dégoûtant de plusieurs soi-disant amusements, oserais-je, ma chère soeur, vous en substituer un autre qui les vaut richement tous ? C est la lecture. De grâce, regardez cet objet comme ce qu'il y a de plus important, et choisissez des livres, qui vous fassent penser et qui vous instruisent. Cette ressource vous restera seule toute votre vie, dans toutes les occasions et circonstances possibles, enfin si vous l'éprouvez sérieusement pendant une couple d'heures par jour, mais pas seule. Tâchez de lire avec quelque horaire  sensé et assidu, afin d'en causer et faire les applications nécessaires. Vous y prendrez goût, vous n'aurez plus besoin de la dissipation ni de courir non sans bien des inconvénients après elle, et pour tuer le temps, fréquenter des sociétés dangereuses et que vous même méprisez. La lecture vous tiendra lieu de tout et ces deux heures de calme vous donneront le temps de réfléchir et de trouver dans votre pénétration tout ce que vous aurez à faire ou ne pas faire le reste des 22 heures.  Ce point essentiel, unique, je ne puis assez le recommander; si je le vois établi, je croirais presque le bonheur de votre vie assuré autant que par l'ardent désir que j'en ai, j'en tremble actuellement, car ainsi à la longue cela ne pourra aller et la révolution sera cruelle, si vous ne la préparez. Lecture et société raisonnable, voilà le bonheur de la vie et qui pour votre situation devient essentiel, mais dans la société, permettez que je l'observe, le ton, surtout en famille, est affreux. Gardez-vous, ma soeur, des propos contre le prochain, dont on fait tout l'amusement. Refusez de savoir les aventures et histoires des particuliers, et si vous en apprenez, si même tout le monde en parle, évitez les discours. Rien de si odieux d'abord pour les individus, rien de plus injuste par les devoirs de la société que nous nous devons mutuellement, rien de plus méprisable que d'aiguiser son esprit et de vouloir faire rire du bout des lèvres des hommes et femmes qui ensuite vous craignent, fuient et méprisent. Par des méchancetés dites sur le prochain, on fuit ces gens-là et on éloigne tous les honnêtes gens. L'on a l'air ou de ne pas se soucier de la vertu, en traitant socialement les mêmes gens, dont on sait et dit des horreurs.
Cela est destructif à la confiance, qu'une souveraine, et à la décence qu'elle doit inspirer. Evitez, je vous en supplie, ces discours, et surtout la curiosité de vouloir tout savoir, car on exagère facilement. C'est un gouffre que cette curiosité, car quand on s'y laisse aller, on n'en peut plus se tirer et l'on n'apprend que des mensonges, parce que tout le monde conspire. On devient enfin ennemi du genre humain, malheureux ; l'on est délaissé : j'en ai vu les plus affreux exemples.

De grâce, ménagez vos recommandations ! C'est un point bien délicat. Vous pouvez faire les injustices les plus criantes sans y penser et pour un souvent , dont peu vous importe qu'on oblige. Vous dégoutez dix honnêtes gens, et scandalisez le reste du monde.
L'on ne cherche alors que des chemins détournés pour parvenir, et le vrai mérite, qui va toujours tout droit, reste en arrière et est oublié. Que votre crédit soit ménagé pour les grandes occasions, et dans les petites résistez courageusement aux sollicitations qu'on vous ferait, et enfin ne prenez avec chaleur parti pour personne, mais faites examiner l'affaire, ne vous mêlez jamais dans les affaires particulières et surtout les secrets ou brouilleries de ménage, et encore moins les galanteries ou affaires de coeur. II serait affreux que votre curiosité vous entrainât à paraitre savoir, approuver, protéger ou aider même peut-être au vice, au scandale, et  l'indécence.
Jugez quel effet cela ferait, et au nom de votre réputation, craignez ces occasions et surtout l'envie démesurée de savoir; elle est toujours accompagnée de celle de le raconter et de s'en mêler. II serait abominable que l'on vous trouvât dans des tripots et intrigues, et qu'on pût se couvrir de votre nom ou s'en servir d'égide pour le mal et le scandale. Adieu votre réputation et estime à jamais ; c'est des choses qu'on ne répare plus.

La politesse et l'affabilité, ma chère soeur, ont des bornes, et elles ne sont d'une valeur qu'autant qu'on les partage et ménage à propos. II faut bien de la distinction là-dessus, et il faut penser à votre situation et à votre nation, qui est trop encline à se familiariser et à manger dans la main. De grâce, ménagez-vous prudemment ; le trop vouloir plaire, dire à chacun quelque chose d'obligeant, c'est affaiblir vos moyens et jeter les plus précieuses récompenses de bons et vrais services à des gens sans mérite ; c'est leur ôter à jamais la valeur. La compagnie de tous les jeunes gens est en vérité une chose d'abord dangereuse, inutile, parce qu'on n'y apprend rien, et peu édifiante aux yeux du public. Les étrangers sont dans le même cas ; un tas d'Anglais et autres viennent ici, qui ne seraient admis de personne, et vous vous mettez en société avec eux, vous les distinguez ; cela doit choquer la nation, cela fait le plus mauvais effet dans l'étranger, où ces gens, au grand étonnement de ceux qui les jugent, se vantent de vos bontés et font singulièrement penser de vous et de vos goûts. On attribue cette facilité facilement à de la coquetterie, qui veut plaire à tout le monde, et courir après l'applaudissement de la foule, en manquant l'approbation des gens sensés au sentiment desquels la foule revient pourtant toujours à la fin.

L' exemple dans la conduite externe et la chose la plus essentielle à une reine , votre contenance dans l'église , est- elle conforme aux yeux qui vous regardent? Pour l'amour de vous même, pensez-y sérieusement ; c'est une chose extrêmement importante et dont peut dépendre votre considération et bonheur..Que jamais une maudite mode, un bel air pris à faux vous détourne à paraitre, même si malheureusement vous n'étiez pas intérieurement, dévote, recueillie à l'église. Vous y manquez, je dois le dire, beaucoup. Le plus grand impie devait l'être par politique. Dieu vous garde de l'être ; vous perdriez la seule consolation vraie dans toutes les choses de la vie, votre tranquillité, enfin vous seriez à plaindre dans cette vie. Je ne parle pas de l'autre, mais votre conscience vous le dira.
Ecoutez-la; c'est tout ce que je puis vous recommander, et n'étouffez pas les remords et les sentiments ; c'est le plus tendre, c'est le plus sûr, le plus vrai, le plus important de mes avis, il regarde votre âme, que j'aime tant, et toute votre vie en dépendra.
Que la lecture des mauvais livres, faits pour séduire les âmes les plus fortes, soit bannie de chez vous; ils font douter de tout et ne remettent rien à la place. Les obscénités sont si indécentes et l'on en parle quelquefois, croyant que c'est de la mode , et l'on ne sent pas combien scandaleux cela est et fait mépriser par les plus grands libertins mêmes. Evitez cela, et que les gens, qui vous parlent sur ce style ou vous font douter de votre religion et de ses actes externes, vous soient en horreur, et faites le leur sentir de même qu'oubliez et évitez de parler ou laisser entrevoir à jamais les saloperies, dont vous vous êtes remplie l'imagination par ces lectures.


Entretenez l'union, l'amitié dans toute la famille, mais gardez-vous de la trop grande familiarité et surtout de la séduction des étourdis, qui veulent vous avoir compagne de leur vie et couvrir leurs folies de votre autorité. Telles sont les courses des chevaux, les fréquentes allures à Paris, les bals de l'opéra, les chasses du bois de Boulogne, toutes ces parties fines dont le roi n'est point et qui de science certaine ne lui font, et à juste titre, point plaisir. Pensez que vous êtes son épouse, que vous êtes reine, et n'oubliez pas un tendre frère et ami qui vous dit tout cela, éloigné de 300 heures, sans presqu' avoir d'espérance de vous revoir, mais qui vous aime et aimera toute la vie plus que soi même.

Voilà les observations que j'ai faites. Vous êtes faite pour être heureuse, vertueuse et parfaite, mais il est temps et plus que temps de réfléchir et de poser un système qui soit soutenu. L'âge avance, vous n'avez plus l'excuse de l'enfance. Que deviendrez-vous si vous tardez plus longtemps? Une malheureuse femme et encore plus malheureuse princesse, et celui qui vous aime le plus dans toute la terre, vous lui percerez l'âme. C'est moi qui ne m' accoutumerai jamais à ne vous pas savoir heureuse.

Je vous embrasse. Lisez-moi, croyez-moi et vous m'en aimerez davantage, quand vous en sentirez les fruits. Arrachez le bandeau qui vous empêche de voir votre devoir et votre vrai bonheur. Devenez en réfléchissant ce que vous pourriez être pour la vie et acquérez la réputation dont vos vertus, vos agréments, votre caractère est digne ; mais de la constance et de la fermeté ! Là il est juste d'être inébranlablement entêté dans le bien, en s'opposant à tous les séducteurs avec courage et force.

J.

le 29 Mai 1777.



N'oubliez pas non plus, ma chère amie, de tenir l'ordre dans vos gens, de bien choisir, s'il vous en manque, de ne pas surcharger de dépenses inutiles les caisses du roi. Vous devez là-dessus au public, qui sans cela crie, l'exemple que votre caisse et vos dépenses soient réglées après vos revenus, et n'ayez pas honte de modérer vos largesses ou fantaisies et jeux après elle, pour éviter soigneusement toute dette ou dérangement.
Soyez très sèche et bien attentive à écrire des billets, même à vos amis, car il en faut toujours le moins que possible. Rien ne commet plus facilement; leur interprétation tôt ou tard et l'abus qu'on en peut faire, peuvent être cruels et ne sont presque point à prévoir.
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Message par Invité Mer 25 Mar 2015, 18:31

C'est remarquable !!! :;\':;\':; Merci, merci d'avoir pris le temps de tout recopier ! Shocked

Nous sommes habitués à seulement lire des passages mais in extenso, c'est formidable !!!

Il y aurait beaucoup, beaucoup à dire ! :joseph - Joseph II : Guide moral à l'attention de Marie-Antoinette . 2028181902 Ouf, pas le temps ! joseph - Joseph II : Guide moral à l'attention de Marie-Antoinette . 3826491292

Par contre, je suis surprise : quand se termine la lettre de 1775, suite à l'histoire avec Rosenberg et quand débute ses recommandations suite à son séjour en France en 1777 ? scratch

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Message par Invité Mer 25 Mar 2015, 18:52

C'est sidérant, comme à l'instar de l'Abbé de Véri, dix ans avant Joseph II lâche le mot "révolution" joseph - Joseph II : Guide moral à l'attention de Marie-Antoinette . 1905908946

Bien à vous.

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Message par Invité Mer 25 Mar 2015, 19:04

Je ne crois pas qu'il faille se formaliser de trouver le mot révolution. C'était, je m'en rends compte de plus en plus au gré de mes lectures de textes d'époque, un terme alors à la mode. Et quand se passa justement la Révolution, on lui a donné ce nom qui était dans toutes les bouches.

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Message par Mme de Sabran Mer 25 Mar 2015, 19:47

.

Joseph est plus intrusif qu'un frère corse ! Smileàè-è\':
Mais le pire, c'est que la suite a donné raison à ses prophéties catastrophistes ...
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Message par pilayrou Jeu 26 Mar 2015, 10:12

Je me souviens d'une scène du téléfilm où Bruno Cremer interprète Louis XVI. Il est sur les toits du château de Versailles avec Joseph II; lors de la visite incognito de l'Empereur.

Joseph II était visionnaire. Si l'Europe l'avait suivie, que de catastrophes évitées !

Wikipédia :

Austérité et réformes

Baptisé par un historien d'« empereur révolutionnaire », l'œuvre réformatrice de Joseph II est énorme, il publia plus de 6000 décrets et 11000 lois en 10 ans. Elle touche tous les domaines. Sitôt maître absolu, il voulut imposer ses réformes. D'abord religieuses, inspirées de l'Aufklärung, elles consistaient à soumettre l'Église à l'État : réduction du nombre de séminaires, suppression de congrégations et d'ordres contemplatifs jugés inutiles, tolérance à l'égard des chrétiens non catholiques… Ces réformes inquiétèrent si fortement le Saint-Siège que le pape Pie VI fit en personne le voyage depuis Rome pour inciter l'empereur à revenir sur ses intentions.

Parmi les autres réformes entreprises par ce Roi inspiré par l'esprit des Lumières, il faut citer sa réforme territoriale de l'administration, la création d'un statut de la fonction publique réservée aux titulaires de titres universitaires et non plus à la noblesse du royaume, une réforme totale de l'enseignement imitée de Frédéric II, l'instauration d'un mariage civil, la suppression des jurandes, l'abolition du servage et des monopoles de vente seigneuriaux, la possibilité du rachat des corvées, l'accession à la propriété des paysans en tenure.

La réforme la plus audacieuse pour l'époque fut l'institution d'un impôt de quotité (par tête) payable par tous les propriétaires, sans exception, et basé sur un cadastre général. Joseph II entreprend donc de supprimer les privilèges de la noblesse et du clergé. Il sème le trouble dans la double monarchie. Ses successeurs reviendront sur la plupart en profitant de son décès le 19 février 1790, d'autant que la Révolution française inquiète de plus en plus l'élite autrichienne et que s'amorce une réaction contre les événements parisiens.
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Message par Mme de Sabran Jeu 26 Mar 2015, 10:31

pilayrou a écrit:Je me souviens d'une scène du téléfilm où Bruno Cremer interprète Louis XVI. Il est sur les toits du château de Versailles avec Joseph II; lors de la visite incognito de l'Empereur.

Il s'agit de L'été de la Révolution .

joseph - Joseph II : Guide moral à l'attention de Marie-Antoinette . 0310


pilayrou a écrit:
Joseph II était visionnaire. Si l'Europe l'avait suivie, que de catastrophes évitées !

Merci pour ce témoignage, cher Pilayrou .  Very Happy
Oui, incontestablement, Joseph était le type même du despote éclairé .  Que n'a-t-il servi d'exemple à son beau-frère !
En effet, les réformes énumérées par Wiki que vous citez sont sidérantes ! Certaines rappellent le programme rejeté de Calonne qui nous aurait évité peut-être la Révolution .

L’action des despotes éclairés est parfois qualifiée de moderne, pour leur inspiration philosophique et les réformes qu’ils mettent en place. Cependant la structure même du pouvoir politique et de la société ne sont pas modifiés par ces régimes, qui se rapprochent ainsi des absolutismes de l’époque. Ils mettent au service de l’ordre établi les idées philosophiques qui leur sont contemporaines.

Dans le passage sur l’Eldorado de son conte " Candide ", Voltaire dresse le portrait de ce monarque idéal. Ce roi possède le pouvoir qui suit une raison qui dépasse les limites réelles. Il y règne sans problèmes financiers, ni politiques, ni culturels, c’est un tout.


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Message par Invité Jeu 26 Mar 2015, 10:54

pilayrou a écrit:Je me souviens d'une scène du téléfilm où Bruno Cremer interprète Louis XVI. Il est sur les toits du château de Versailles avec Joseph II; lors de la visite incognito de l'Empereur.

Êtes-vous certain qu'il s'agit bien de ce film? scratch

Je me souviens de cette scène dans le film Marie-Antoinette des Jupons de la Révolution par Caroline Huppert .
C'est Dominique Besnehard qui y interprétait Louis XVI, rôle qu'il reprendra d'ailleurs dans Beaumarchais, l'insolent d'Édouard Molinaro Wink

L'été de la Révolution ne concerne que la période 1789 ... pas de Joseph II en France à l'horizon, donc Wink

Bien à vous.

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Message par Mme de Sabran Jeu 26 Mar 2015, 11:02

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Le scénario peut avoir pris des libertés avec l'histoire ?!! Hop!
Ce ne serait pas la première fois ... ni la dernière, j'en ai peur  .  :joseph - Joseph II : Guide moral à l'attention de Marie-Antoinette . 2028181902
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Message par Invité Jeu 26 Mar 2015, 11:26

Non, non... je crois plutôt à une confusion de notre ami Pilayrou Wink
J'ai ces deux films et je sais donc ce qui est dans chacun d'eux.

Bien à vous.

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Message par pilayrou Ven 27 Mar 2015, 15:30

Il me semble voir Bruno Cremer sur les toits. (?)
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Message par Invité Ven 27 Mar 2015, 15:47

Je ne l'y vois pas, moi... scratch
Je tacherai de visionner rapidement le double DVD de l'Eté de la Révolution...
Mais je sais que Dominique Besnehard avait cette scène que vous décriviez , avec Joseph II , qui lui donne les conseils grâce auxquels naîtra Madame Royale...

Bien à vous.

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Message par Invité Ven 27 Mar 2015, 18:30

Je découvre que l'actrice jouant madame de Polignac s'appelle Yolande. Very Happy


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Message par Invité Ven 27 Mar 2015, 19:22

Mme de Sabran a écrit:
Oui, incontestablement, Joseph était le type même du despote éclairé .  Que n'a-t-il servi d'exemple à son beau-frère !
En effet, les réformes énumérées par Wiki que vous citez sont sidérantes ! Certaines rappellent le programme rejeté de Calonne qui nous aurait évité peut-être la Révolution .

L’action des despotes éclairés est parfois qualifiée de moderne, pour leur inspiration philosophique et les réformes qu’ils mettent en place. Cependant la structure même du pouvoir politique et de la société ne sont pas modifiés par ces régimes, qui se rapprochent ainsi des absolutismes de l’époque. Ils mettent au service de l’ordre établi les idées philosophiques qui leur sont contemporaines.

Dans le passage sur l’Eldorado de son conte " Candide ", Voltaire dresse le portrait de ce monarque idéal. Ce roi possède le pouvoir qui suit une raison qui dépasse les limites réelles. Il y règne sans problèmes financiers, ni politiques, ni culturels, c’est un tout.


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Justement, il ne fallait pas ressembler aux despotes éclairés ! joseph - Joseph II : Guide moral à l'attention de Marie-Antoinette . 3826491292  Leur action n'a pas vraiment apporté que du positif, loin de là.

Les réformes de Joseph II furent vite supprimées dès la prise de pouvoir de Léopold II qui pourtant était un homme très éclairé : il est le premier souverain à abolir la peine de mort dans son grand-duché de Toscane, ce que ne fera aucun despote éclairé. Les sujets de Joseph II ne supportaient plus ses réformes complètement dogmatiques, réglant jusqu'au nombre de boutons de la moindre redingote (civile ! ), le nombre de notes pour le moindre opéra... Une intrusion de tous les instants, partout dans chaque foyer (nombre de bûches dans les cheminées...), qui était en réalité du grand n'importe quoi. Lui-même se rendit bien compte que ce qu'il réclamait ne pouvait en aucun cas fonctionner. Cela partait d'un bon sentiment mais tout à fait hors de la réalité.

Je ne m'étendrai pas sur Frédéric II : on a fait mieux comme chef d'Etat... Smileàè-è\': L'homme en lui-même devait être sympathique à l'origine mais c'est un homme politique abominable. Quand on voit les conséquences de sa transformation de la Prusse et indirectement de l'Europe, on se dit qu'il aurait été pas mal d'éviter cet homme... Smileàè-è\':

Catherine II n'est guère plus reluisante.

Non, Louis XV et Louis XVI ont voulu incarner un autre modèle, celui de roi Très-Chrétien. Un roi qui fait la guerre justement en roi et non en marchand. Un roi économe du sang de ses sujets et de ceux des autres rois qui eux voyaient leurs soldats simplement comme des pions.
Ils ont été combattus, insultés, jetés plus bas que terre, piétinés par l'opinion (pas par le peuple, attention, c'est toute la différence) chacun différement de leur vivant (Louis XVI se retrouvant en plus à devoir gérer les problèmes accumulés sous Louis XV) puis ensuite dans l'Histoire parce que la voie qu'ils ont voulu proposer n'est pas celle qui a gagné. Je crois que nous pouvons vivement le regretter.
Expliquer les raisons prendraient trop de temps et n'ont pas à être évoquées dans ce sujet.

Je préfère un Louis XV qui condamne le partage de la Pologne que des souverains qui n'ont aucun scrupule à se partager le gâteau, eux qui sont censés incarnés les Lumières, la modernité, la philanthropie. Et les millions d'êtres humains là-dedans ? Shocked
Et à chaque fois, le tout jeune Louis XVI par sa politique étrangère a réussi à limiter leur appétit territorial, lui le tout jeune jeune roi candide aux aspirations presque naïves, face à des vieux ogres qui avaient depuis longtemps fait leurs preuves. Il les dominait diplomatiquement.Hop!  

Louis XV et Louis XVI, qui ne sont pas en reste pour les réformes, contrairement aux idées reçues, préféraient l'un comme l'autre l'empirisme aux idéologies. Un livre, un programme politique idéal, sont rarement applicables sur le terrain. Ou alors, nous avons des exemples catastrophiques au XXème siècle.

Pour en revenir à Joseph II, Marie-Thérèse qui politiquement est beaucoup plus proche de la conception de Louis XV que celle de son fils, elle qui se méfiait à juste titre de Frédéric II qu'elle considérait comme un monstre, a très vite compris le danger de laisser tout pouvoir à Joseph II, trop brouillon, trop rapide, trop avide, et trop admirateur de Frédéric II. C'est pour cela qu'elle le bridera.
L'Alliance ne pouvait pas tenir avec un empereur dont le but était de s'agrandir en permanence. Et pour s'agrandir, il faut manquer de parole. Pas très reluisant...

Pour terminer avec Voltaire, l'air de rien, il a beaucoup, beaucoup travaillé pour Louis XV, étant un des rares "philosophes" de l'époque à applaudir son action, être fier d'être son sujet, à le défendre le plus souvent, envers et contre tous. Un agent actif de sa propagande. Par contre, je ne crois pas qu'il admirait Frédéric II ou Catherine II. Il appréciait surtout que ces têtes couronnées l'admirent et les travaillait donc dans le sens du poil . Inversion des sentiments donc et pas besoin de jouer les lèche-bottes avec Louis XV, cela n'aurait pas fonctionné. :joseph - Joseph II : Guide moral à l'attention de Marie-Antoinette . 2028181902  Qui du coup montre clairement qui était véritablement le Roi ? Un seul, l'unique, Louis XV. Et il a continué pour Louis XVI. Celui-ci n'a jamais voulu le rencontrer, ce qui n'empêchait pas Voltaire d'écrire des odes au jeune roi.

Ce qu'il décrit comme roi idéal, c'est un roi dégagé de toutes contraintes financières, politiques ou culturelles. Une utopie, cela ne peut pas exister. Par contre, le seul roi qui doit par obligation constitutionnelle, sortir de ces contraintes, même si cela n'est guère possible dans la vie de tous les jours, c'est le roi absolu. On est roi absolu car il ne doit de compte qu'à Dieu seul et son peuple. Pas d'intermédiaires. Et qui est ce roi absolu si ce n'est le roi de France ? king Les despotes éclairés n'ont fait que copier Louis XIV puis Louis XV, mais seulement en en devenant des pâles reflets car ils n'ont pas compris le sens initial de leur conception politique.

Nous en avons payer le prix tout le XIXème et le XXème siècles... Smileàè-è\':

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Message par Invité Ven 27 Mar 2015, 19:34

Reinette a écrit:Je découvre que l'actrice jouant madame de Polignac s'appelle Yolande. Very Happy

C'est que tu ne m'as mal lu... car j'ai déjà parlé de Yolande Folliot Wink

Bien à vous.

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Message par Invité Ven 27 Mar 2015, 19:40

Majesté a écrit:
Reinette a écrit:Je découvre que l'actrice jouant madame de Polignac s'appelle Yolande. Very Happy

C'est que tu ne m'as mal lu... car j'ai déjà parlé de Yolande Folliot Wink

Bien à vous.

Désolée ! Embarassed

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Message par pilayrou Sam 28 Mar 2015, 11:42

C'est Besnehard (pratiquement au début - en deux parties):

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Message par Invité Sam 28 Mar 2015, 11:51

pilayrou a écrit:C'est Besnehard (pratiquement au début - en deux parties)

Je ne me trompais donc pas Very Happy

Bien à vous.

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Message par Mme de Sabran Sam 28 Mar 2015, 14:38

;

Pour en revenir à ce guide ou règlement moral que Joseph trousse laborieusement ( c'est redondant et indigeste à souhait ) pour Marie-Antoinette, nous savons comment elle le reçoit.
Elle le lit probablement sans conviction mais par devoir, avec une moue d'ennui et un haussement de ses jolies épaules .
Je lui sens aussi une once d'énervement car nous connaissons bien son horreur d'être conduite . joseph - Joseph II : Guide moral à l'attention de Marie-Antoinette . 3826491292
J'ajouterai que, où Joseph fait certainement chou blanc, c'est lorsqu'il la tance sur le mauvais choix de ses amis ...

Pourtant, elle est assez fine pour sentir le fond de vérité qu'il y a bien dans tout ce fatras de conseils et reproches mêlés.  Son premier mouvement est donc peut-être de faire amende honorable, avec un désir sincère de mettre un peu d'ordre dans ses dissipations.
Mais, chassez le naturel, il revient au galop : sitôt lu, sitôt oublié ...  enfin au bout de quelques jours du moins .

Ce qui m'étonne c'est la bonne dose de duplicité de ce fichu Joseph qui joue le père-la-morale !
Eh quoi,  c'est le même qui écrit :
De quoi vous mêlez-vous, ma chère soeur, de déplacer des ministres, d'en faire envoyer un autre sur ses terres, de faire donner tel département à celui-ci ou à celui-là, de faire gagner un procès à l'un, de créer une nouvelle charge dispendieuse à votre cour, enfin de parler d' affaires, de vous servir même de termes trés-peu convenables à votre Situation? Vous êtes-vous demandé une fois, par quel droit vous vous mêlez des affaires du gouvernement et de la monarchie française ? Quelles études avez-vous faites?
Quelles connaissances avez-vous acquises, pour oser imaginer que votre avis ou opinion doit être bonne à quelque chose, surtout dans des affaires, qui exigent des connaissances aussi étendues? Vous, aimable jeune personne, qui ne pensez qu'à la frivolité, qu'à votre toilette, qu'à vos amusements toute la journée, et qui ne lisez pas, ni entendez parler raison un quart d'heure par mois, et ne réfléchissez, ni ne méditez, j'en suis sûr, jamais, ni combinez les conséquences des choses que vous faites ou que vous dites?

...  et celui qui veut faire de l'ingérence dans le cabinet français en se servant d'elle et de sa capacité à influencer les ministres de son mari !!!   Shocked
Allo' quoi, Joseph !!!  ...  il faudrait être un peu cohérent .  Hop!

Le même aussi, qui prétend qu'elle a un caractère austère, écrit :
Que la lecture des mauvais livres, faits pour séduire les âmes les plus fortes, soit bannie de chez vous; ils font douter de tout et ne remettent rien à la place. Les obscénités sont si indécentes et l'on en parle quelquefois, croyant que c'est de la mode , et l'on ne sent pas combien scandaleux cela est et fait mépriser par les plus grands libertins mêmes. Evitez cela, et que les gens, qui vous parlent sur ce style ou vous font douter de votre religion et de ses actes externes, vous soient en horreur, et faites le leur sentir de même qu'oubliez et évitez de parler ou laisser entrevoir à jamais les saloperies, dont vous vous êtes remplie l'imagination par ces lectures.


Je trouve cela singulier ... lire des grivoiseries quand on a soi-disant un tempérament austère.   joseph - Joseph II : Guide moral à l'attention de Marie-Antoinette . 3826491292

Mais quant aux dépenses immodérées, au gros jeu, aux folies nocturnes dans la capitale pendant que Loulou dort comme un loir à Versailles, Joseph n'a que trop raison, reconnaissons-le ...  Very Happy

.
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Message par Plume d'histoire Dim 29 Mar 2015, 17:43

Reinette a écrit:

Pour en revenir à Joseph II, Marie-Thérèse qui politiquement est beaucoup plus proche de la conception de Louis XV que celle de son fils, elle qui se méfiait à juste titre de Frédéric II qu'elle considérait comme un monstre, a très vite compris le danger de laisser tout pouvoir à Joseph II, trop brouillon, trop rapide, trop avide, et trop admirateur de Frédéric II. C'est pour cela qu'elle le bridera.
L'Alliance ne pouvait pas tenir avec un empereur dont le but était de s'agrandir en permanence. Et pour s'agrandir, il faut manquer de parole. Pas très reluisant...

Plus proche de la conception que Louis XV se fait de la politique et de la façon de gouverner, ce qui n'empêcha pas Marie-Thérèse de se montrer très fourbe à ses heures...

J'admire Louis XV parce qu'il est le seul monarque de son temps à avoir toujours essayé de maintenir la paix et d'exercer le pouvoir en souverain moderne, j'entends par là qu'il réprouvait la guerre et toute forme d'annexion des territoires d'une puissance par une autre. Ce fut aussi une faiblesse, notamment face à l'absence de scrupules de Frédéric II mais aussi des Anglais...! Shocked

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