La princesse Wilhelmine de Prusse (1751-1820)

Mme de Sabran a écrit:.

Alors, alors ? Assistons-nous là à l'arrestation de la princesse d'Orange ?  

Désolé mes ami(e)s, je fus dans mon boudoir hier soir, déconnecté de tout et de tous

Bravo Eléonore, c'est tout à fait ça : l'arrestation de la princesse Wilhelmine de Prusse, épouse du prince-stathouder Guillaume V (le dernier Stathouder de la république des Provinces Unies, son fils deviendra le premier roi du royaume des Pays-Bas sous le nom de Guillaume I, tout cela manigancé durant le congrès de Vienne) ; arrestation qui eut lieu dans le hameau de Goejanverwellesluis (prononcez un peu ? ... non, ce n'est pas ça )

Voilà ce que Wikipedia nous renseigne :

Wilhelmine de Prusse, née Frederika Sophia Wilhelmina, née le 7 août 1751 à Berlin, morte le 9 juin 1820 à Het Loo, était la fille du prince Auguste-Guillaume de Prusse (1722-1758) et de Louise-Amélie de Brunswick-Lüneburg. Nièce du roi Frédéric II de Prusse (décédé en 1786), elle est la sœur du roi Frédéric-Guillaume II de Prusse.



Wilhelmine était une femme fière et politiquement ambitieuse. Elle était mariée le 4 octobre 1767 à Berlin à Guillaume V d'Orange-Nassau, stathouder des Provinces Unies des Pays-Bas.



Quand la révolution éclata dans les Provinces Unies, et que Guillaume déplaça sa cour en Gueldre, elle tenta de retourner dans la capitale, La Haye. Le 28 juin 1787, elle fut arrêtée à Goejanverwellesluis et en fin de journée on la renvoya rejoindre Guillaume à Nimègue (capitale de la Gueldre).

Elle et son frère le roi Frédéric-Guillaume II de Prusse, qui régnait depuis à peine un an, se sentirent insultés et le roi de Prusse envahit les Provinces-Unies le 13 septembre 1787. De nombreux rebelles durent fuir vers la France ; Guillaume reprit le pouvoir mais se comporta comme un vassal de la Prusse.

Afin de vous brosser un peu le contexte des tensions : dans les Provinces Unies des Pays-Bas, il y avait le parti des orangistes qui soutenait le Stathouder comme représentant légitime de la République, vu sa descendance en ligne directe avec le tout premier Guillaume d'Orange, nommé aussi Guillaume le Taciturne, qui, au XVIème siècle, a débarrassé le nord des Pays-Bas du joug espagnol, tandis que le sud des Pays-Bas (qui deviendra plus tard la Belgique) continuait à rester une possession de la couronne espagnole et plus tard de l'Autriche.
Et puis il y avait le parti des patriotes qui s'inspirait de la guerre de l'indépendance en Amérique et qui voulait, à son tour, instaurer une vraie république dans les Provinces Unies, sans qu'un Prince-Stathouder et sa clique de favoris s'en mêle.

Wilhelmine de Prusse, qui avait plus de sens en affaires politiques que son mari, avait vite compris qu'il valait mieux négocier avec les patriotes au lieu de les résister, puisque dans les provinces de la Hollande (la région la plus importante et la plus riche des Provinces-Unies) ils étaient déjà en majorité. Voilà ce qui l'avait incitée à entreprendre ce fameux 28 juin 1787 le voyage de Nimègue (où la famille du Stathouder avait trouvé refuge) à La Haye, capitale administrative, afin de mettre fin à la discorde entre les deux partis. Mais les patriotes voyaient ce voyage plutôt comme une provocation.

C'est sa femme de chambre qui avait involontairement trahi le voyage de la princesse en annonçant à son fiancé par courrier qu'elle allait séjourner pendant quelques jours à La Haye. Cette lettre fut interceptée par les patriotes.
A la hauteur de Gouda, quelques membres du Vrijcorps (corps franc, un peu comme les Suisses en France) avaient arrêté la princesse et sa suite au relais de poste de Bonrepas et l'ont amenée à la ferme de Arie Leeuwenhoek à Goejanverwellesluis, où, comme l'anecdote le veut, elle a d'abord dû prendre place sur un monceau de fromages de Gouda tandis qu'un patriote se tenait à la porte d'entrée, un sabre à la main. Le comportement de certains patriotes qui buvaient et fumaient en la présence de la princesse sans témoigner d'égards à son Altesse Royale avait beaucoup agacé Wilhelmine.



Une demande de permission avait été envoyée par le chef des patriotes aux Etats de la Hollande (corps représentatif des provinces de la Hollande) si la princesse pouvait continuer son voyage. Quand finalement après deux jours la princesse avait reçu une réponse négative, elle retournait à Nimègue rejoindre Guillaume V, fâchée par l'entêtement des patriotes.
Une opération militaire organisée par son frère le roi de Prusse était le résultat, et le 23 septembre 1787 la princesse et son mari pouvaient rentrer à La Haye. Fière comme elle était, Wilhelmine avait donné l'ordre de passer par Gouda et l'endroit où elle avait été humiliée, pour bien montrer aux gens qu'elle ne se laissait pas abattre facilement

Voici une estampe qui montre l'entrée triomphale du couple princier à La Haye en septembre 1787 :



Comme Guillaume V était indécis comme Louis XVI, mais contrairement à ce dernier, complètement dépourvu d'intelligence en affaires politiques, laissant le pouvoir de décision entièrement à son conseiller le duc de Brunswick au début de son règne, quelques généraux prussiens venus avec le roi de Prusse pour rétablir l'ordre dans les Provinces Unies commençaient eux aussi à sympathiser avec les patriotes et proposaient même que tous les pouvoirs devraient être relégués à la princesse Wilhelmine.

Le 13 juillet 1788, le frère de la princesse, le roi de Prusse, qui avait aidé à remettre de l'ordre dans les Provinces Unies, regagnait l'Allemagne et fit ses adieux à la princesse et sa famille :



En 1795 lorsque les Provinces Unies étaient envahies par l'armée française, le couple princier prenait la fuite avec leurs enfants, d'abord ils se réfugiaient en Angleterre, puis en Allemagne. La princesse Wilhelmine, devenue veuve en 1806, retournait aux Pays-Bas en 1814 où elle vivait encore quelques années rétirée dans la demeure Paviljoen Welgelegen à Haarlem, où en 1815 elle recevait le tsar Alexandre 1er de Russie. Cette année-là son fils était couronné Guillaume I, roi des Pays-Bas. Mais n'oublions pas que le tout premier roi de Hollande fut Louis Bonaparte de 1806 à 1810, frère de vous savez bien qui

Comme Louis XVI, le prince-stathouder Guillaume V était une cible parfaite dans les gravures satiriques et les pamphlets. Voilà une représentation du prince en 1786 qui doit vous être familière :



Ou ici encore le prince comme Bacchus, qui ne fait que picoter à longueur de journée  



A l'école j'avais d'abord appris l'histoire des Pays-Bas (évidemment) et puis seulement de la France. Voilà pourquoi en découvrant le parcours de la famille royale en France et sa chute, je voyais pas mal de similitudes avec ce qui s'était passé avec le couple princier aux Pays-Bas, sauf que eux, ils s'en sont sortis mieux que leurs collègues en France boudoi29

Voici encore quelques portraits de Wilhemine de Prusse pour le plaisir des yeux (Wilhelmina van Pruisen 1751 - 1820)  





Un petit air de Marie-Antoinette quand même :







Là elle a pris un coup de vieux  :  :

Quelle sacrée personnalité que je découvre grâce à toi, Félix

Comte d'Hézècques a écrit: comme l'anecdote le veut, elle a d'abord dû prendre place sur un monceau de fromages de Gouda tandis qu'un patriote se tenait à la porte d'entrée, un sabre à la main. Le comportement de certains patriotes qui buvaient et fumaient en la présence de la princesse sans témoigner d'égards à son Altesse Royale avait beaucoup agacé Wilhelmine.

Ben non... c'est pas si sympa que ça !

Bien à vous.

Comte d'Hézècques a écrit:

L'arrestation de Wilhelmine de Prusse .

;

Majesté a écrit:

Ben non... c'est pas si sympa que ça !

Eh non, les patriotes pouvaient dire ceci à la princesse pendant sa garde à vue dans la ferme de Goejanverwellesluis :



:

Voici une autre image de l'arrestation, qui date du début du XXème siècle, comme l'image reproduite par moi hier pour le jeu du printemps :



Voici les enfants du Stathouder Guillaume V et Wilhelmine de Prusse en exil :



Nous reconnaissons la charmante fille du couple princier : Frederica Louisa Wilhelmina (1770 - 1819)

Comte d'Hézècques a écrit:

Voici une autre image de l'arrestation, qui date du début du XXème siècle, comme l'image reproduite par moi hier pour le jeu du printemps :

Oui, nous reconnaissons bien les deux dames, dans les mêmes toilettes .

Merci pour cette découverte et ce petit topo sur cette princesse et la révolution hollandaise. C'est vrai q'il y a pas mal de similitudes.

Ne serait-ce que pour les enfants ! Une fille aînée, deux garçons. Cela nous indique qu'il faut faire attention dans les attributions. Or je me rappelle d'un portrait d'enfants qui nous posait problème récemment, trois enfants mais qui ne pouvaient être ceux que nous connaissons si bien.

J'avoue que parmi les têtes couronnées de l'époque, je ne pense jamais à la famille d'Orange. Il est vrai aussi qu'à cette époque, ce n'était pas encore une famille royale à proporement parler et qu'il leur faudra attendre encore quelques années pour voir leurs efforts enfin couronnés de succès.

Merci encore.

Majesté a écrit:Quelle sacrée personnalité que je découvre grâce à toi, Félix

Au temps pour moi ...
Je connaissais Wilhelmine de Prusse pour l'avoir rencontrée dans le catalogue du Musée Galliéra de la splendide exposition Modes en miroir , la France et la Hollande au temps des Lumières (2005)

Bien à vous. :

Voilà, j'ai retrouvé ce portrait qui nous intriguait https://marie-antoinette.forumactif.org/t1519p60-physique-des-enfants-royaux  :

Majesté:

Voici une bien étrange miniature. Le sujet peint sur l'ivoire représente, nous dit-on, Marie Antoinette et Louis XVI. L'oeuvre n'est pas signée. Ne s'agirait-il pas plutôt de Madame Royale avec le dauphin Louis-Charles tenant un portrait de son père ou plutôt de son frère aîné? 


Bien à vous.


Reinette:

C'est en effet une image très curieuse. Très mignonne au demeurant mais curieuse.

D'ailleurs, est-ce vraiment français ? Car si nous avions des princes, Louis XVI ou ses fils, l'un en médaillon, l'autre en vrai, ils porteraient le Saint-Esprit et cela se verrait. Or là, je n'ai pas l'impression...
De plus, il me semble qu'aucun fils de Louis XVI et Marie-Antoinette n'étaient habillés et coiffés de la sorte. Ils avaient leurs cheveux au naturel et portaient des pantalons. 

De même pourquoi, un frère serait ailleurs ? S'il était déjà décédé, l'ambiance serait tout à fait différente, le médaillon crêpé de deuil, la jeune fille sûrement pas en rose...

Et ce peut encore moins être Louis XVI...  

Il s'agit peut-être d'une jeune fille, une princesse certainement, qui présente avec son jeune frère son fiancé ?

Nous pouvons peut-être enquêter dans la nombreuse progéniture des frères et soeurs de Marie-Antoinette...



Nous pouvons certainement y voir les trois enfants Orange : la fille et le fils cadet mettent en valeur l'héritier. Pas de deuil car sinon, il y aurait au moins une indication à ce sujet (draperies noires...).
Si l'aînée est née en 1770, sa coiffure et sa robe semblent correspondre. D'autre part, nous savons que les fils de Louis XVI et Marie-Antoinette n'ont jamais porté perruque. Louis-Joseph n'a jamais non plus été habillé de la sorte. Par contre, le futur premier roi de la dynastie Orange étant né en 1772 peut encore porter ces costumes miniatures pour enfants. Le cadet suit déjà la nouvelle mode enfantine.

A moins de trouver encore d'autres enfants royaux ou princiers de cette génération avec une fille aînée et deux frères.

En tout cas, les familles d'Orange ou d'Hohenzollern ne font pas dans l'originalité : nous avons ici Wilhelmine, sa fille s'appelle Wilhelmine, son fils épouse de nouveau une princesse prussienne appelée Wilhelmine. :
Son mari s'appelle Guillaume, ses fils aussi, mais là, nous sommes habitués chez nous avec nos Louis.
Or comme je sais que William est la version anglophone de Guillaume, je suppose que Wilhelmine est la version féminine du Guillaume allemand.

Bref : mari, femme, enfants, gendres, brus, petits-enfants, tous appelés Guillaume et Guillaumette.

Reinette a écrit:je suppose que Wilhelmine est la version féminine du Guillaume allemand.

Tout à fait

Quels sont les liens de parenté entre Wilhelmine et le prince de Prusse de Juliette Récamier dont nous parlions dans le sujet du château de Coppet ?

Un neveu ou petit-neveu j'imagine.

Wiki le dit fils benjamin d'Auguste Ferdinand de Prusse et de Anne-Élisabeth-Louise de Brandebourg-Schwedt.

Leurs pères respectifs sont frères. Ils sont donc cousin germains.

Merci, mon petit Lulu !

Reinette a écrit:Merci pour cette découverte et ce petit topo sur cette princesse et la révolution hollandaise. C'est vrai q'il y a pas mal de similitudes.

Mais de rien, c'est avec plaisir. Il est toujours intéressant d'en savoir un peu plus sur une époque ; surtout de comparer la situation politique de différents pays d'une même période. Et en tant que Hollandais, il fallait qu'un jour je vous parle de la princesse Guillemine boudoi32

Reinette a écrit:
J'avoue que parmi les têtes couronnées de l'époque, je ne pense jamais à la famille d'Orange. Il est vrai aussi qu'à cette époque, ce n'était pas encore une famille royale à proporement parler et qu'il leur faudra attendre encore quelques années pour voir leurs efforts enfin couronnés de succès.

Rien de plus étrange en effet que cette République des Provinces Unies ayant comme dirigeant un prince Stathouder issu de toute une dynastie de Stathouder qui se comporte comme une famille royale.
Il est amusant aussi de constater qu'au XIXème siècle les Pays-Bas deviennent un royaume tandis que la France, après pas mal de soubresauts royaux et impériaux, devient finalement une république. Ainsi tout change et tout est imprévisible dans l'histoire

Mais dans les Provinces Unies, plus tôt qu'en France, les choses allaient mal. En septembre 1780 il y avait la guerre contre l'Angleterre qui éclatait et qui causait des pertes considérables en matériel et en hommes. Il y avait une petite victoire à fêter du côté de la Hollande, avec la bataille gagnée du Doggerbank en 1781.

Sur cette gravure nous voyons Guillaume V qui décore les héros de la victoire du Doggerbank, à gauche son épouse Wilhelmine de Prusse et leurs enfants :



Les coûts de la guerre ont entraîné aussi la crise financière dans la République. Les patriotes reprochaient au Stathouder Guillaume V qu'il négociait en secret avec le roi d'Angleterre. Son impopularité allait grandissante, d'autant plus qu'il avait le plein pouvoir pour nommer des officiers étrangers à l'armée et de nommer les maires et les membres de chaque conseil municipal dans toutes les Provinces-Unies.

Quand on voit la mine du Stathouder, on comprend les patriotes et leur aversion contre ce prince boudoi32



car Guillaume V ne comprenait pas les changements dans les esprits et dans les idées, que des réformes étaient nécessaires pour contenter tout le monde et sauver ainsi sa position fragilisée. Plus qu'il y avait de la résistance, plus il s'accrochait au vieux modèle de gouvernance tel qu'il était pratiqué par ses prédécesseurs.
Comme la comtesse de Provence, dans son malheur, la bouteille devint son plus grand ami et, en 1785, après s'être réfugié à Nimègue avec sa famille, loin des griffes des patriotes et près de l'Allemagne, il écrivait même ceci : "Ik wenschte dat ik dood waere, dat mijn vader nimmer stadhouder was geworden. Ik voel ik ben daertoe niet bekwaem. 't Hooft loopt mij om." (Je souhaiterais être mort, que mon père n'aurait jamais été Stathouder. Je ne me sens pas fait pour cela. La tête me tourne.)

En revanche, certains patriotes modérés voulaient encore bien que la princesse Wilhelmine soit impliquée dans la gouvernance du pays, et qu'elle assiste au conseil des Etats à La Haye pour tirer les Provinces Unies de l'abîme financier et politique.

J'ai encore trouvé quelques images de la princesse

Tout d'abord le couple princier avec les enfants qui assistent en 1781 à la foire annuelle dans les quartiers chiques de La Haye :



Un portrait de la princesse Wilhelmine en 1767 (détail) peint en l'honneur de son mariage avec Guillaume V :



Une miniature et un médaillon :





Voici encore une autre gravure qui représente l'arrestation de la princesse Wilhelmine à Goejanverwellesluis, surveillée par les patriotes, avec une légende en français :



Voici les deux fils du couple stathouderien-princier, ne sont-ils pas beaux ?  boudoi30



Et leur fils aîné Willem-Frederik (Guillaume-Frédéric), peint en 1788 par Tischbein, qui deviendra en 1815 le roi Guillaume 1er :



Il a plus hérité de la beauté de son aïeul Guillaume le Taciturne que son père boudoi32



Et, last but not least, spécialement pour Majesté, un éventail qui représente le couple princier  :  :

Merci, cher Félix !
Qui est la dame que nous voyons toujours aux côtés de Wilhelmine ?

Lucius a écrit:Leurs pères respectifs sont frères. Ils sont donc cousin germains.

Mme de Sabran a écrit:Merci, mon petit Lulu !

Il n'y a que notre cher Lucius qui puisse se retrouver dans n'importe quelle généalogie de famille noble européenne. :n,,;::::!!!:

C'est vrai que ces princes sont très beaux. La fille aussi d'ailleurs.

Mme de Sabran a écrit:Merci, cher Félix !
Qui est la dame que nous voyons toujours aux côtés de Wilhelmine ?

Tu veux dire celle qui accompagne la princesse lors de son périple pour atteindre La Haye en juin 1787 ?
Il s'agit de sa fille aînée, la princesse Frédérique-Louise-Wilhelmine, née en 1770.

La marquise de la Tour du Pin en parlant de la princesse Wilhelmine dans ses mémoires :

N'écrivant pas l'histoire, je ne remonterai pas aux causes des dissensions qui avaient divisé en deux partis les Provinces-Unies des Pays-Bas: les partisans de la maison d'Orange-Nassau et les patriotes. Les premiers désiraient pour le stathouder, comme premier officier de la République, un pouvoir supérieur à celui qu'il avait à exercer; les seconds voulaient restreindre ce pouvoir et le renfermer dans les bornes imposées par les de Witt et les Barneveld.

Le stathouder était un homme entièrement nul. Mais sa femme, nièce du grand Frédéric et sœur du roi de Prusse qui lui avait succédé, était une princesse ambitieuse. Elle voulait mettre une couronne sur la tête de son mari et sur la sienne. L'aristocratie de la Gueldre et des provinces d'Over-Yssel et d'Utrecht voyait avec peine les richesses des négociants de la Hollande. La princesse d'Orange provoquait ou, tout au moins, soutenait ces mécontentements. Elle était assurée de l'appui de l'Angleterre et de la Prusse, et ne craignait guère l'intervention de la France, malgré l'opinion très prononcée de notre ambassadeur, le comte de Saint-Priest, qui ne cessait de demander à sa faible cour de soutenir le parti patriote, comme étant le parti conservateur.
La princesse d'Orange, poussée par la Prusse, qui avait fait rassembler des troupes à Wesel, suscita une insurrection à Amsterdam et à La Haye.
Le stathouder fut insulté par de prétendus patriotes, et ses partisans exercèrent des représailles. L'ambassade de France fut pillée, et M. de Saint-Priest se retira dans les Pays-Bas autrichiens. Les patriotes d'Amsterdam prirent alors les armes. Pour que les Prussiens eussent un prétexte d'intervenir, la princesse d'Orange simula une crainte qu'elle ne ressentait nullement, et partit de La Haye ouvertement pour se retirer sur le territoire prussien, à Wesel. Les patriotes eurent la maladresse de tomber dans le piège.
La princesse, feignant d'ignorer qu'ils avaient leurs avant-postes sur la route d'Utrecht, prit cette route, dans l'espoir qu'elle serait arrêtée. Cette démarche audacieuse lui réussit au delà de ses espérances, tille fut prise et conduite prisonnière à Amsterdam. Aussitôt les orangistes coururent aux armes et appelèrent les Prussiens à leur secours. Ceux-ci marchèrent sur-le-champ et vinrent jusqu'à La Haye. Leur route fut marquée par l'incendie et le pillage de tout ce qui appartenait au parti patriote. C'est en vain que M. de Saint-Priest envoya courrier sur courrier à Versailles pour que son gouvernement fît entrer des troupes en Hollande et qu'il n'abandonnât pas le parti qu'il avait encouragé jusqu'alors; c'est inutilement que M. Esterhazy, appelé à commander le corps d'armée qu'on avait promis aux patriotes, vint à Versailles implorer l'appui de la reine. Rien ne put vaincre l'indécision du roi et la faiblesse de son ministère.

Comte d'Hézècques a écrit: Leur route fut marquée par l'incendie et le pillage de tout ce qui appartenait au parti patriote. C'est en vain que M. de Saint-Priest envoya courrier sur courrier à Versailles pour que son gouvernement fît entrer des troupes en Hollande et qu'il n'abandonnât pas le parti qu'il avait encouragé jusqu'alors; c'est inutilement que M. Esterhazy, appelé à commander le corps d'armée qu'on avait promis aux patriotes, vint à Versailles implorer l'appui de la reine. Rien ne put vaincre l'indécision du roi et la faiblesse de son ministère.[/i]

Ah la la !!!
Ce Louis XVI, il m'aurait fait bouillonner d'exaspération ...

.

Prochainement présenté en vente aux enchères...

Portrait of Princess Wilhelmine of Prussia (1751–1820), consort of William V, Prince of Orange
Johann Heinrich Tischbein (1722-1789)
oil on canvas
unframed: 27 x 21.4 cm


Catalogue Note

Friederike Sophie Wilhelmine from the House of Hohenzollern was born in 1751 to Prince Augustus William of Prussia and Duchess Luise of Brunswick-Wolfenbüttel.
In 1767, at the age of 16, Wilhelmine married William V of Orange. With this marriage, the powerful and politically ambitious Wilhelmina became Princess consort, a position she held for several decades.


* Source et infos complémentaires : Sotheby's Cologne - Vente du 18 octobre 2023

Un beau portrait de Tischbein !
La famille princière passait regulièrement commande auprès de Tischbein pour des portraits officiels du Stathouder, sa femme et leurs enfants.

Personellement j'aime beaucoup ce portrait de Wilhelmine de Prusse, également du pinceau de Tischbein :

Frederika Sophia Wilhelmina (Wilhelmina; 1751-1820), prinses van Pruisen
Johann Friedrich August Tischbein
1785-95
Image : Rijksmuseum

Oui, c'est un beau pastel !

Tu nous l'avais présenté précédemment dans son encadrement oval, et l'on distingue d'ailleurs sur la version rectangulaire ci-dessus la trace d'un ovale autour du portrait (est-ce la trace du cadre ? Ou bien son format original était-il ovale ?)


Peut-être a-t-il était l'étude préparatoire du grand portrait en pied de la princesse par le même peintre ? Ou bien a-t-il été dessiné après ?


Portrait of Princess Frederika Sophia Wilhelmina (1751-1820)
Johann Friedrich August Tischbein
Oil on canvas, 1789
Signed and dated lower right, on the music instrument : Tischbein. / p:1789
Dimensions : 172 x 135 cm
Image : The Mauritshuis, The Hague

Et d'autres versions avec plus ou moins de variantes dans les détails de la coiffure, des décorations ou des vêtements selon la mode du temps.  


Portrait de Wilhelmine de Prusse
Maison d'édition Fr. Bruckmann A.-G
Photographie, 1902
Image : Rijksmuseum

Ou encore cette huile sur toile, bien mal identifiée sur le site des collections royales britanniques ! Il faudrait leur écrire un petit mot pour les informer de l'attribution la plus probable...

Wilhelmina, Princess Henry of Prussia (1726-1808)  
German School, 18th century
Previously attributed to after Johann Heinrich Tischbein the Elder (1722-89)  ; Attributed to  Anton Graff (1736-1813) ; Attributed to the studio of Anton Graff  
Oil on canvas, 57.1 x 47.0 cm
Image : Royal Collection Trust

Description :
Although this portrait is identified as Princess Wilhelmine of Hesse-Kassel (1726-1808), wife of Prince Henry of Prussia, the sitter bears little resemblance to known portraits of her. Her roughly indicated dress appears informal and en deshabille, more suggestive of portraits of the early 18th century.  


Princess Frederika Sophia Wilhelmina of Prussia, princess of Orange, in een ovaal
Charles Melchior Descourtis (print maker), after after drawing by Johann Friedrich August Tischbein
Print on silk, 1791
Image : Rijksmuseum


Princess Frederika Sophia Wilhelmina of Prussia
Charles Howard Hodges (prinnt maker), after drawing by Johann Friedrich August Tischbein
Print on paper, 1794
Image : Rijksmuseum


Portret van Wilhelmina van Pruisen
Charles Howard Hodges (print maker)
Print on paper, 1798
Image : Rijksmuseum