George III (1738 - 1820), roi de Grande-Bretagne, d'Irlande, du Royaume-Uni, de Hanovre...et de Corse
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La nuit, la neige
Dominique Poulin
Mme de Sabran
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George III (1738 - 1820), roi de Grande-Bretagne, d'Irlande, du Royaume-Uni, de Hanovre...et de Corse
George III
Roi de Grande-Bretagne et d'Irlande de 1760 à 1820, il fut victime d'une attaque bilieuse aiguë le 11 juin 1788, une semaine après son 50e anniversaire.
A compter de cette date, il fut considéré par ses proches et par ses médecins comme un «souverain en danger»; malade, en effet, il régna pourtant sur son royaume jusqu'à son dernier souffle et ce, malgré une cécité qui devint totale aux alentours de 1812 !
Une étrange maladie que celle de George III, très délicate à étudier, qui suscita un vif intérêt et qui, selon l'ouvrage de Ray publié en 1855, «Les accès de folie de George III», donna lieu à des désordres politiques et à des discussions passionnées sur les principes mêmes de la constitution britannique.
Les auteurs anglais, Ida Macalpine et Richard Hunter réussirent, récemment, à établir avec certitude - en dépit de l'abondance et de la diversité des sources couvrant les soixante années de règne - qu'il ne s'agissait pas, en réalité, d'une maladie « mentale» au sens commun du terme, mais bien d'une affection rare, en rapport avec une maladie métabolique : la porphyrie intermittente aiguë.
Et, vue sous ce jour, la symptomatologie de la maladie de George III prend une valeur tout à fait typique d'un traité médical : parésie douloureuse des bras et des jambes, troubles visuels et autres signes d'atteinte bulbaire, douleurs radiculaires, tachycardie accentuée et accès de sueur, encéphalopathie allant de l'insomnie à l'excitation, délire...
Des auteurs qui parallèlement à cette découverte étudièrent de façon approfondie l'histoire médicale de la maison de Hanovre, et qui n'hésitent pas à affirmer que nombre de ses membres, - parmi les plus illustres - étaient atteints du même mal.
Il n'est guère de vie plus dramatique et plus mal connue que celle de George III. Ainsi pourrait-on résumer l'opinion des biographes et des historiens concernant cet héritier de la famille de Hanovre, qui régna sur la Grande-Bretagne et l'Irlande de 1760 à 1820.
La vie de George III correspond en réalité à l'histoire politique d'un royaume qui, à la date de son avènement, vivait une période de conflits intense : guerre contre la France, à laquelle le souverain chercha par tous les moyens une conclusion pacifique afin d'éviter l'alliance franco-espagnole qui s'amorçait, et guerre d'Amérique, qui le plaçait en face de décisions graves, résister ou, au contraire, promouvoir l'indépendance comme le suggérait Pitt.
Cependant, la situation redevint satisfaisante dès 1788, date du 50ème anniversaire du roi. Malgré la perte de ses colonies américaines, le pays semblait heureux ; le commerce était florissant. George III était devenu, en quelque sorte, l'arbitre de l'Europe notamment grâce à son amitié avec le roi de Prusse. Seuls des problèmes familiaux avec le Prince de Galles irritaient le roi de façon quasi permanente.
Un titre d'arbitre fort agréable à porter, bien qu'officieux, qu'il ne put en vérité apprécier tout à loisir... En effet, dès le 11 juin, soit une semaine après son anniversaire, il fut saisi par une attaque bilieuse aiguë. Sur les recommandations de Baker, son médecin, Georges III séjourna cinq semaines dans la station thermale de Cheltenham. Néanmoins, une nouvelle attaque bilieuse se déclara quelques mois plus tard, associée à des crampes au niveau des muscles des jambes. Walpone, l'un de ses proches, fit évoquer le diagnostic de goutte, une maladie ne requérant aucun médecin selon ses dires, ce dernier connaissant l'aversion du roi pour ses médecins. Un purgatif et du laudanum suffirent à calmer ses douleurs pour quelque temps.
Baker revit le roi le 22 octobre : son regard, sa voix, ses gesticulations, en un mot tout son comportement dénotait une douleur intense. Il s'en prit d'ailleurs à Baker avec violence, lequel écrivit à Pitt qu'il avait laissé le roi en état de délire. Pourtant, le lendemain, George III était calmé et n'avait plus de fièvre. Aussi se leva-t-il dès le 24 octobre, ayant pris la décision de quitter provisoirement Windsor avec sa famille. Son état resta stationnaire durant les jours qui suivirent.
En réalité, quatre grands symptômes caractérisaient sa maladie :
Faiblesse dans les jambes : "il marche comme un goutteux", disait-on.
Impossibilité de dormir : il souffrait davantage durant l'après-midi et, s'il passait une mauvaise nuit, il délirait le jour suivant.
Baisse de la vision et de l'audition
sa vision était trouble et, s'il essayait de lire, un voile flottait devant ses yeux. De plus, il avait beaucoup de difficulté à écouter de la musique.
Délire, symptôme certainement le plus important : il parlait rapidement, avec incohérence, jusqu'à devenir incompréhensible, loquacité qui inquiétait beaucoup la reine ; aussi cette dernière se préparait-elle au pire.
Cependant, George III était encore apte à assister au Conseil et, le 2 novembre, il évoqua divers problèmes militaires avec le major général.
Le 5 novembre, Baker s'entretint avec le roi après le petit déjeuner et constata qu'il avait bon appétit mais qu'il semblait quelque peu agité et en proie à de légers troubles mentaux. Signes certainement annonciateurs d'une nouvelle crise qui se déclara lors d'une visite du Prince de Galles à ses parents. A l'occasion du dîner, le roi fut, en effet, victime d'une crise de délire aiguë. Selon les paroles même de la reine, ses yeux ressemblaient à de la gelée noire mobile, les veines de son visage étaient gonflées et le ton de sa voix coléreux. Il parlait sans cesse et de la salive coulait hors de sa bouche.
Le lendemain, le Prince de Galles envoya Warren, son médecin. Le roi refusa de le voir mais Warren alla néanmoins informer le Prince que «le roi était en danger et que, s'il vivait, son esprit ne redeviendrait pas normal.»
La maladie de George III a suscité un grand intérêt et, si l'on s'en réfère à l'ouvrage de Ray publié en 1855, « Les accès de folie de George III», elle donna même lieu à certains désordres politiques et à des discussions sur les principes fondamentaux de la constitution britannique.
Néanmoins, bien qu'une étude clinique ait été réalisée récemment en Angleterre par Ida Macalpine et Richard Hunter à partir de quatre sources importantes (les 47 volumes du manuscrit de Willis, les 8 volumes des comptes rendus du Conseil, les rapports de Sir Henry Halford sur la maladie, le journal de Sir George Baker), elle reste véritablement difficile à étudier, ne serait-ce qu'en raison de l'abondance et de la diversité des sources couvrant les soixante années de règne. D'autre part, les Bulletins médicaux furent rédigés «avec respect» (pour la famille royale) et tous essayèrent d'éviter de susciter la crainte des faits médicaux qu'ils révélaient : «Sa majesté a eu une insomnie et, ce matin, elle est très indisposée», peut-on lire dans le Bulletin daté du 14 décembre 1788!
Les médecins ne divulguaient pas plus d'informations quand ils écrivaient au Premier Ministre Perceval et Lord Greenville, l'un des arbitres de la Régence, s'en plaignit en considérant que leurs rapports étaient «rédigés d'une façon tout à fait stupide».
Une autre difficulté provient du fait que toutes ces informations étaient rédigées dans le langage et avec les idées du XVIlle siècle. Il était évidemment difficile à la pathologie d'organes de progresser avec la pathologie humorale en l'absence d'une science basée sur les signes physiques. On connaissait peu les altérations des centres nerveux par blessure, infection ou crises. Le stéthoscope, le marteau à réflexes et même le thermomètre étaient inconnus. Bien qu'on examina les excrétions, aucun laboratoire n'existait encore. Enfin les médecins, dans l'obligation de respecter le protocole, ne pouvaient poser aucune question au roi s'il ne leur adressait pas la parole en premier... Ainsi, les visites se déroulaient-elles souvent dans le silence!
En 1789, après que les Comités du Parlement eurent interrogé les médecins sur la compétence de George III à diriger l'Etat, la Régence parut inévitable. Or, en février, une amélioration se produisit pour aboutir à une guérison qui, à la fin avril sembla totale. Une période de 12 ans s'écoula alors avant que ne survienne une autre crise importante.
Avec le temps et l'amélioration de la maladie, George III devint plus tranquille, jovial ou même parfois de bonne humeur. Cependant bien des historiens épiloguent encore sur ses dernières années passées au Château de Windsor : les murs et les meubles de ses appartements avaient été capitonnés, afin de lui éviter des chocs trop pénibles (sa cécité étant devenue totale aux alentours de 1812), mais une thérapeutique moyenâgeuse le tenait entravé dans des camisoles pendant des crises aiguës.
Sa dernière attaque eut lieu un mois avant sa mort; il passa 58 heures sans sommeil puis sombra dans le coma et mourut tranquillement, sans douleur.
Un destin plus triste encore que celui du roi Lear, en vient-on à penser, surtout lorsque l'on sait que George III avait vu disparaître un grand nombre de ses... quinze enfants !
http://www.snof.org/encyclopedie/georges-iii-aveugle
Caricature de George III tenant Napoléon dans sa main.
James Gillray, 1803
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Mme de Sabran- Messages : 55511
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: George III (1738 - 1820), roi de Grande-Bretagne, d'Irlande, du Royaume-Uni, de Hanovre...et de Corse
A ma connaissance, je ne connais qu'une biographie de Georges III en français que je n'ai pas lue, mais que je lirai sans doute un jour, celle de Ghislain de Diesbach.
Et en revanche, j'ai vu le film "La Folie du Roi Georges", que j'avais bien aimé à l'époque.
Et en revanche, j'ai vu le film "La Folie du Roi Georges", que j'avais bien aimé à l'époque.
Dominique Poulin- Messages : 7013
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: George III (1738 - 1820), roi de Grande-Bretagne, d'Irlande, du Royaume-Uni, de Hanovre...et de Corse
Ah ! Je viens d'évoquer ce film dans notre section "Jeu" !
Oui, moi aussi, il me semble avoir apprécié ce film lorsque je l'ai vu. Mais cela date, à vrai dire, je ne m'en rappelle plus trop...
Oui, moi aussi, il me semble avoir apprécié ce film lorsque je l'ai vu. Mais cela date, à vrai dire, je ne m'en rappelle plus trop...
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: George III (1738 - 1820), roi de Grande-Bretagne, d'Irlande, du Royaume-Uni, de Hanovre...et de Corse
Le récit de cette maladie.... Bouhhh c'est vraiment épouvantable . Difficile d'établir un diagnostic, mais à première vue à mon avis, les causes ne sont pas uniquement psychiques, il y a de nombreux phénomènes physiologiques.
Dominique Poulin- Messages : 7013
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: George III (1738 - 1820), roi de Grande-Bretagne, d'Irlande, du Royaume-Uni, de Hanovre...et de Corse
Dominique Poulin a écrit: à première vue à mon avis, les causes ne sont pas uniquement psychiques, il y a de nombreux phénomènes physiologiques.
Mais oui, n'est-ce pas ! C'est ce qui ressort de cet article médical ( de la S.F.O. ) .
Georges III n'était pas à proprement parler " fou ". Ses maux n'étaient pas de nature psychiatrique .
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Mme de Sabran- Messages : 55511
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: George III (1738 - 1820), roi de Grande-Bretagne, d'Irlande, du Royaume-Uni, de Hanovre...et de Corse
La nuit, la neige a écrit:Ah ! Je viens d'évoquer ce film dans notre section "Jeu" !
Oui, moi aussi, il me semble avoir apprécié ce film lorsque je l'ai vu. Mais cela date, à vrai dire, je ne m'en rappelle plus trop...
Mais oui, au fait ! Je déplace ton message ici . Et zou !
La nuit, la neige a écrit:Mme de Sabran a écrit:Eh oui, pauvre Georges III, il avait un petit vélo !
Il y a fort longtemps, j'avais vu un film intitulé La folie du roi George, avec notamment Ruppert Everett (qui joue son fils) et la talentueuse Helen Mirren...
Je ne connais pas bien la vie de Georges IV mais, sans comparaison avec la maladie mentale de son père, lui non plus n'était pas très "net"...
Enfin disons qu'il était connu en son temps pour mener une vie originale, et avoir des goûts très fantasques.
Si j'en ai l'occasion, j'en parlerai au sujet du masque mortuaire de Napoléon, dont un exemplaire passera bientôt en vente aux enchères.
Mais je préfère attendre que la vente soit passée...
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Mme de Sabran- Messages : 55511
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: George III (1738 - 1820), roi de Grande-Bretagne, d'Irlande, du Royaume-Uni, de Hanovre...et de Corse
Elle est passionnante, GdD est intéressé par le personnage, cela se sent. Il file d’ailleurs au cours de la bio une métaphore avec le roi Lear et sa fille Cordelia qui est très intéressante.Dominique Poulin a écrit:A ma connaissance, je ne connais qu'une biographie de Georges III en français que je n'ai pas lue, mais que je lirai sans doute un jour, celle de Ghislain de Diesbach.
Et en revanche, j'ai vu le film "La Folie du Roi Georges", que j'avais bien aimé à l'époque.
Dernière édition par Gouverneur Morris le Lun 08 Nov 2021, 11:57, édité 1 fois
Gouverneur Morris- Messages : 11796
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: George III (1738 - 1820), roi de Grande-Bretagne, d'Irlande, du Royaume-Uni, de Hanovre...et de Corse
Ce pauvre roi a dû mourir dans un état.... Il me fait penser à notre roi Charles VI qui lui était vraiment fou.
Dernière édition par Dominique Poulin le Dim 05 Nov 2017, 16:34, édité 1 fois
Dominique Poulin- Messages : 7013
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: George III (1738 - 1820), roi de Grande-Bretagne, d'Irlande, du Royaume-Uni, de Hanovre...et de Corse
CLIOXVIII a écrit:Le film était excellent !
J'aurais aimé le voir, moi aussi. Curieusement, on ne parle pas souvent du Roi Georges III d'Angleterre dans les livres historiques. Quelle vie ! Dieu cela devait être terrible. Heureusement, il y a eu un répit pendans plus de 10 ans. C'était toujours ça.
Merci chère Eléonore, vous avez toujours de quoi nous passionner.
Trianon- Messages : 3305
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: George III (1738 - 1820), roi de Grande-Bretagne, d'Irlande, du Royaume-Uni, de Hanovre...et de Corse
J'avais trouvé ceci sur la maladie de Georges et je voulais en faire part !
George III, Roi de Grande-Bretagne et d'Irlande de 1760 à 1820, fut victime d'une attaque bilieuse aiguë le 11 juin 1788, une semaine après son 50e anniversaire.
A compter de cette date, il fut considéré par ses proches et par ses médecins comme un «souverain en danger»; malade, en effet, il régna pourtant sur son royaume jusqu'à son dernier souffle et ce, malgré une cécité qui devint totale aux alentours de 1812 !
Une étrange maladie que celle de George III, très délicate à étudier, qui suscita un vif intérêt et qui, selon l'ouvrage de Ray publié en 1855, «Les accès de folie de George III», donna lieu à des désordres politiques et à des discussions passionnées sur les principes mêmes de la constitution britannique.
Les auteurs anglais, Ida Macalpine et Richard Hunter réussirent, récemment, à établir avec certitude - en dépit de l'abondance et de la diversité des sources couvrant les soixante années de règne - qu'il ne s'agissait pas, en réalité, d'une maladie « mentale» au sens commun du terme, mais bien d'une affection rare, en rapport avec une maladie métabolique : la porphyrie intermittente aiguë.
Et, vue sous ce jour, la symptomatologie de la maladie de George III prend une valeur tout à fait typique d'un traité médical : parésie douloureuse des bras et des jambes, troubles visuels et autres signes d'atteinte bulbaire, douleurs radiculaires, tachycardie accentuée et accès de sueur, encéphalopathie allant de l'insomnie à l'excitation, délire...
Des auteurs qui parallèlement à cette découverte étudièrent de façon approfondie l'histoire médicale de la maison de Hanovre, et qui n'hésitent pas à affirmer que nombre de ses membres, - parmi les plus illustres - étaient atteints du même mal.
Il n'est guère de vie plus dramatique et plus mal connue que celle de George III. Ainsi pourrait-on résumer l'opinion des biographes et des historiens concernant cet héritier de la famille de Hanovre, qui régna sur la Grande-Bretagne et l'Irlande de 1760 à 1820.
La vie de George III correspond en réalité à l'histoire politique d'un royaume qui, à la date de son avènement, vivait une période de conflits intense : guerre contre la France, à laquelle le souverain chercha par tous les moyens une conclusion pacifique afin d'éviter l'alliance franco-espagnole qui s'amorçait, et guerre d'Amérique, qui le plaçait en face de décisions graves, résister ou, au contraire, promouvoir l'indépendance comme le suggérait Pitt.
Cependant, la situation redevint satisfaisante dès 1788, date du 50ème anniversaire du roi. Malgré la perte de ses colonies américaines, le pays semblait heureux ; le commerce était florissant. George III était devenu, en quelque sorte, l'arbitre de l'Europe notamment grâce à son amitié avec le roi de Prusse. Seuls des problèmes familiaux avec le Prince de Galles irritaient le roi de façon quasi permanente.
Un titre d'arbitre fort agréable à porter, bien qu'officieux, qu'il ne put en vérité apprécier tout à loisir... En effet, dès le 11 juin, soit une semaine après son anniversaire, il fut saisi par une attaque bilieuse aiguë. Sur les recommandations de Baker, son médecin, Georges III séjourna cinq semaines dans la station thermale de Cheltenham. Néanmoins, une nouvelle attaque bilieuse se déclara quelques mois plus tard, associée à des crampes au niveau des muscles des jambes. Walpone, l'un de ses proches, fit évoquer le diagnostic de goutte, une maladie ne requérant aucun médecin selon ses dires, ce dernier connaissant l'aversion du roi pour ses médecins. Un purgatif et du laudanum suffirent à calmer ses douleurs pour quelque temps.
Baker revit le roi le 22 octobre : son regard, sa voix, ses gesticulations, en un mot tout son comportement dénotait une douleur intense. Il s'en prit d'ailleurs à Baker avec violence, lequel écrivit à Pitt qu'il avait laissé le roi en état de délire. Pourtant, le lendemain, George III était calmé et n'avait plus de fièvre. Aussi se leva-t-il dès le 24 octobre, ayant pris la décision de quitter provisoirement Windsor avec sa famille. Son état resta stationnaire durant les jours qui suivirent.
En réalité, quatre grands symptômes caractérisaient sa maladie :
- Faiblesse dans les jambes : "il marche comme un goutteux", disait-on.
- Impossibilité de dormir : il souffrait davantage durant l'après-midi et, s'il passait une mauvaise nuit, il délirait le jour suivant.
- Baisse de la vision et de l'audition
sa vision était trouble et, s'il essayait de lire, un voile flottait devant ses yeux. De plus, il avait beaucoup de difficulté à écouter de la musique. - Délire, symptôme certainement le plus important : il parlait rapidement, avec incohérence, jusqu'à devenir incompréhensible, loquacité qui inquiétait beaucoup la reine ; aussi cette dernière se préparait-elle au pire.
Cependant, George III était encore apte à assister au Conseil et, le 2 novembre, il évoqua divers problèmes militaires avec le major général.
Le 5 novembre, Baker s'entretint avec le roi après le petit déjeuner et constata qu'il avait bon appétit mais qu'il semblait quelque peu agité et en proie à de légers troubles mentaux. Signes certainement annonciateurs d'une nouvelle crise qui se déclara lors d'une visite du Prince de Galles à ses parents. A l'occasion du dîner, le roi fut, en effet, victime d'une crise de délire aiguë. Selon les paroles même de la reine, ses yeux ressemblaient à de la gelée noire mobile, les veines de son visage étaient gonflées et le ton de sa voix coléreux. Il parlait sans cesse et de la salive coulait hors de sa bouche.
Le lendemain, le Prince de Galles envoya Warren, son médecin. Le roi refusa de le voir mais Warren alla néanmoins informer le Prince que «le roi était en danger et que, s'il vivait, son esprit ne redeviendrait pas normal.»
La maladie de George III a suscité un grand intérêt et, si l'on s'en réfère à l'ouvrage de Ray publié en 1855, « Les accès de folie de George III», elle donna même lieu à certains désordres politiques et à des discussions sur les principes fondamentaux de la constitution britannique.
Néanmoins, bien qu'une étude clinique ait été réalisée récemment en Angleterre par Ida Macalpine et Richard Hunter à partir de quatre sources importantes (les 47 volumes du manuscrit de Willis, les 8 volumes des comptes rendus du Conseil, les rapports de Sir Henry Halford sur la maladie, le journal de Sir George Baker), elle reste véritablement difficile à étudier, ne serait-ce qu'en raison de l'abondance et de la diversité des sources couvrant les soixante années de règne. D'autre part, les Bulletins médicaux furent rédigés «avec respect» (pour la famille royale) et tous essayèrent d'éviter de susciter la crainte des faits médicaux qu'ils révélaient : «Sa majesté a eu une insomnie et, ce matin, elle est très indisposée», peut-on lire dans le Bulletin daté du 14 décembre 1788!
Les médecins ne divulguaient pas plus d'informations quand ils écrivaient au Premier Ministre Perceval et Lord Greenville, l'un des arbitres de la Régence, s'en plaignit en considérant que leurs rapports étaient «rédigés d'une façon tout à fait stupide».
Une autre difficulté provient du fait que toutes ces informations étaient rédigées dans le langage et avec les idées du XVIlle siècle. Il était évidemment difficile à la pathologie d'organes de progresser avec la pathologie humorale en l'absence d'une science basée sur les signes physiques. On connaissait peu les altérations des centres nerveux par blessure, infection ou crises. Le stéthoscope, le marteau à réflexes et même le thermomètre étaient inconnus. Bien qu'on examina les excrétions, aucun laboratoire n'existait encore. Enfin les médecins, dans l'obligation de respecter le protocole, ne pouvaient poser aucune question au roi s'il ne leur adressait pas la parole en premier... Ainsi, les visites se déroulaient-elles souvent dans le silence!
En 1789, après que les Comités du Parlement eurent interrogé les médecins sur la compétence de George III à diriger l'Etat, la Régence parut inévitable. Or, en février, une amélioration se produisit pour aboutir à une guérison qui, à la fin avril sembla totale. Une période de 12 ans s'écoula alors avant que ne survienne une autre crise importante.
Avec le temps et l'amélioration de la maladie, George III devint plus tranquille, jovial ou même parfois de bonne humeur. Cependant bien des historiens épiloguent encore sur ses dernières années passées au Château de Windsor : les murs et les meubles de ses appartements avaient été capitonnés, afin de lui éviter des chocs trop pénibles (sa cécité étant devenue totale aux alentours de 1812), mais une thérapeutique moyenâgeuse le tenait entravé dans des camisoles pendant des crises aiguës.
Sa dernière attaque eut lieu un mois avant sa mort; il passa 58 heures sans sommeil puis sombra dans le coma et mourut tranquillement, sans douleur.
Un destin plus triste encore que celui du roi Lear, en vient-on à penser, surtout lorsque l'on sait que George III avait vu disparaître un grand nombre de ses... quinze enfants !
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Comtesse Diane- Messages : 7397
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: George III (1738 - 1820), roi de Grande-Bretagne, d'Irlande, du Royaume-Uni, de Hanovre...et de Corse
Cet article est posté ci-dessus .
Mais votre présentation est plus claire .
Mais votre présentation est plus claire .
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Mme de Sabran- Messages : 55511
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: George III (1738 - 1820), roi de Grande-Bretagne, d'Irlande, du Royaume-Uni, de Hanovre...et de Corse
Oui ! Je l'avais bien lu mais j'aurais dû expliquer que je trouvais celui-ci plus causant !
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Comtesse Diane- Messages : 7397
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: George III (1738 - 1820), roi de Grande-Bretagne, d'Irlande, du Royaume-Uni, de Hanovre...et de Corse
Merci Comtesse. J'ai lu les 2 articles avec intérêt. Quel drôle de destin quand même pour Georges III. Cette cécité et cette fin..... J'en frissonne.
Trianon- Messages : 3305
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: George III (1738 - 1820), roi de Grande-Bretagne, d'Irlande, du Royaume-Uni, de Hanovre...et de Corse
Après sa première "rémission" , tous les serviteurs présents près du roi pendant ses crises furent congédiés....L'un deux fondera la fameuse épicerie " Fortnum and Mason " Une pensée pour lui et ses collègues quand j'y prends le thé.
Re: George III (1738 - 1820), roi de Grande-Bretagne, d'Irlande, du Royaume-Uni, de Hanovre...et de Corse
Et l'épouse de ce malheureux homme ?
Je pense à elle parce que Bombelles note dans son journal :
Le 16 décembre ( 1784 ) , à Londres.
Je ne sais plus qui a dit que la grâce était plus belle que la beauté, mais on en sent la vérité en voyant la reine d'Angleterre. Elle est laide dans tous ses traits, elle plaît dans son ensemble. Elle a même de la noblesse, et sa conduite, son affabilité ont subjugué une nation qui été acharnée à lui donner des dégoûts lorsqu'elle est arrivée en Angleterre. Aujourd'hui, Anglais, Ecossais, Irlandais, partis opposés, courtisans, magistrats, gens du peuple, tout ne parle de la reine qu'avec vénération .
Il s'agit de Sophie-Charlotte de Mecklembourg-Strelitz, née le 19 mai 1744 et morte le 17 novembre 1818, reine d'Angleterre de 1761 à 1818.
Contrairement à ses prédécesseurs et à ses fils, Georges n'eut pas de liaison extraconjugale. Lui et Sophie-Charlotte formèrent un couple uni. Ils eurent neuf fils et six filles.
Sophie-Charlotte est la grand-mère de la reine Victoria et l'aïeule non seulement de l'actuelle reine du Royaume-Uni, Élisabeth II, mais aussi de l'époux de celle-ci, Philip Mountbatten, duc d’Édimbourg !
Je pense à elle parce que Bombelles note dans son journal :
Le 16 décembre ( 1784 ) , à Londres.
Je ne sais plus qui a dit que la grâce était plus belle que la beauté, mais on en sent la vérité en voyant la reine d'Angleterre. Elle est laide dans tous ses traits, elle plaît dans son ensemble. Elle a même de la noblesse, et sa conduite, son affabilité ont subjugué une nation qui été acharnée à lui donner des dégoûts lorsqu'elle est arrivée en Angleterre. Aujourd'hui, Anglais, Ecossais, Irlandais, partis opposés, courtisans, magistrats, gens du peuple, tout ne parle de la reine qu'avec vénération .
Il s'agit de Sophie-Charlotte de Mecklembourg-Strelitz, née le 19 mai 1744 et morte le 17 novembre 1818, reine d'Angleterre de 1761 à 1818.
Contrairement à ses prédécesseurs et à ses fils, Georges n'eut pas de liaison extraconjugale. Lui et Sophie-Charlotte formèrent un couple uni. Ils eurent neuf fils et six filles.
Sophie-Charlotte est la grand-mère de la reine Victoria et l'aïeule non seulement de l'actuelle reine du Royaume-Uni, Élisabeth II, mais aussi de l'époux de celle-ci, Philip Mountbatten, duc d’Édimbourg !
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Mme de Sabran- Messages : 55511
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: George III (1738 - 1820), roi de Grande-Bretagne, d'Irlande, du Royaume-Uni, de Hanovre...et de Corse
Je ne crois pas du tout que cela soit un signe de folie : Georges III raffolait d'un zèbre tout droit arrivé de sa savane africaine sur la fraîche luzerne de Buckingham.Charlotte de Mecklembourg-Strelitz partageait cet engouement .
C'était la vedette de l'excellent documentaire d'ARTE dont je me régale tous les soirs ( juste après 28 ' ), Curiosités animales
Curiosités animales - Le zèbre et le papillon | ARTE
https://www.replay.fr/curiosites-animales-le-zebre-et-le-papillon-4279265
Le zèbre de Georges III et Charlotte :
C'était la vedette de l'excellent documentaire d'ARTE dont je me régale tous les soirs ( juste après 28 ' ), Curiosités animales
Curiosités animales - Le zèbre et le papillon | ARTE
https://www.replay.fr/curiosites-animales-le-zebre-et-le-papillon-4279265
Le zèbre de Georges III et Charlotte :
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Mme de Sabran- Messages : 55511
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
George III
La Royal Collection nous offre ce joli post :
Description
Knapton studied with Jonathan Richardson and visited Italy before setting himself up as a picture expert as well as portrait painter. In 1750 he worked with George Vertue on a survey of the paintings in the Royal Collection and in 1765 was made Surveyor of the King's Pictures.
This huge group portrait is dated 1751, the year in which the Prince of Wales died (on the 21 March) and his youngest child, Caroline Matilda, was born (on the 11 July); she appears here in her mother's arms. It is presumed that this was painted for the Princess of Wales, though it matches the size of paintings executed for the supper boxes of the Vauxhall Pleasure Gardens (by Francis Hayman and others) and could therefore conceivably have been commissioned by Jonathan Tyers and intended for public display. It is first recorded at Kensington Palace in 1778, by which time it had been moved from its original location.
Knapton has executed the most original and perhaps only allegorical image of a constitutional monarchy. The Princess of Wales is enthroned centrally, wearing a mourning veil; she is flanked on her right by a portrait of her late husband shown standing in front of their home, the White House at Kew. Corresponding with him on the Princess's left is a statue of Britannia on a plinth upon which is carved a pair of scales in which are balanced the crown and the 'Cap of Liberty'. Beneath the scales appears a British lion holding another Cap of Liberty and resting upon documents inscribed 'Magna Charta' and 'Act of Settlement'. It would seem that the whole painting repeats the shape of the scales with the person of the hereditary prince on one side, the attributes of the State and the Constitution on the other, and the throne in the middle and is an elaborate tribute to the varied tastes and interests of the family of the late Prince of Wales and to the sactity of the Hanoverian Succession and the British Constitution.
The treatment of the family reflects the new role which this scheme assigns to them – not that of commanding but encouraging. They are shown in postures of playful and informal affection, while keenly pursuing the areas of interest which they will need to encourage a successful state: the boys learn about ships and fortifications (architecture and surveying is also suggested by the things cluttering the bottom left corner); the girls play music and frolic with the family pets.
Provenance
Presumably painted for Augusta, Princess of Wales
Description
Knapton studied with Jonathan Richardson and visited Italy before setting himself up as a picture expert as well as portrait painter. In 1750 he worked with George Vertue on a survey of the paintings in the Royal Collection and in 1765 was made Surveyor of the King's Pictures.
This huge group portrait is dated 1751, the year in which the Prince of Wales died (on the 21 March) and his youngest child, Caroline Matilda, was born (on the 11 July); she appears here in her mother's arms. It is presumed that this was painted for the Princess of Wales, though it matches the size of paintings executed for the supper boxes of the Vauxhall Pleasure Gardens (by Francis Hayman and others) and could therefore conceivably have been commissioned by Jonathan Tyers and intended for public display. It is first recorded at Kensington Palace in 1778, by which time it had been moved from its original location.
Knapton has executed the most original and perhaps only allegorical image of a constitutional monarchy. The Princess of Wales is enthroned centrally, wearing a mourning veil; she is flanked on her right by a portrait of her late husband shown standing in front of their home, the White House at Kew. Corresponding with him on the Princess's left is a statue of Britannia on a plinth upon which is carved a pair of scales in which are balanced the crown and the 'Cap of Liberty'. Beneath the scales appears a British lion holding another Cap of Liberty and resting upon documents inscribed 'Magna Charta' and 'Act of Settlement'. It would seem that the whole painting repeats the shape of the scales with the person of the hereditary prince on one side, the attributes of the State and the Constitution on the other, and the throne in the middle and is an elaborate tribute to the varied tastes and interests of the family of the late Prince of Wales and to the sactity of the Hanoverian Succession and the British Constitution.
The treatment of the family reflects the new role which this scheme assigns to them – not that of commanding but encouraging. They are shown in postures of playful and informal affection, while keenly pursuing the areas of interest which they will need to encourage a successful state: the boys learn about ships and fortifications (architecture and surveying is also suggested by the things cluttering the bottom left corner); the girls play music and frolic with the family pets.
Provenance
Presumably painted for Augusta, Princess of Wales
Gouverneur Morris- Messages : 11796
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: George III (1738 - 1820), roi de Grande-Bretagne, d'Irlande, du Royaume-Uni, de Hanovre...et de Corse
Une bien jolie scène de famille, merci, mon cher Momo .
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55511
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: George III (1738 - 1820), roi de Grande-Bretagne, d'Irlande, du Royaume-Uni, de Hanovre...et de Corse
Diffusés cette semaine Au coeur de l'Histoire (Europe 1), les deux épisodes radio (durée 28 mn) étaient consacrés à :
George III était-il fou ?
L'Angleterre eut, au cours de son histoire, un roi qui fut complètement normal durant les trente premières années de son règne et complètement fou les trente suivantes. Dans les premiers temps de son règne, George III connaît une extraordinaire popularité. Mais au fil des épreuves, sa gouvernance tourne au désastre.
Dans ce nouvel épisode du podcast Europe 1 Studio "Au cœur de l'Histoire", Clémentine Portier-Kaltenbach raconte les 59 ans de règne de George III.
Au coeur de l'Histoire - George III était-il fou (partie 1)
Au coeur de l'Histoire - George III était-il fou (partie 2)
George III, when Prince of Wales (1738-1820)
Studio of Allan Ramsay (1713-1784)
oil on canvas, c.1760-5
Image : The Royal Collection Trust,
George III était-il fou ?
L'Angleterre eut, au cours de son histoire, un roi qui fut complètement normal durant les trente premières années de son règne et complètement fou les trente suivantes. Dans les premiers temps de son règne, George III connaît une extraordinaire popularité. Mais au fil des épreuves, sa gouvernance tourne au désastre.
Dans ce nouvel épisode du podcast Europe 1 Studio "Au cœur de l'Histoire", Clémentine Portier-Kaltenbach raconte les 59 ans de règne de George III.
Au coeur de l'Histoire - George III était-il fou (partie 1)
Au coeur de l'Histoire - George III était-il fou (partie 2)
George III, when Prince of Wales (1738-1820)
Studio of Allan Ramsay (1713-1784)
oil on canvas, c.1760-5
Image : The Royal Collection Trust,
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
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