Marie-Antoinette et les jeux d'argent
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Re: Marie-Antoinette et les jeux d'argent
Exactement ; c'est rapide : on gagne ou on perd . Vu des enfants rester des heures à jouer avec moi tellement ils se prenaient au jeu ..... boudoi29 boudoi29 boudoi29Reinette a écrit:Mme de Sabran a écrit:Reinette a écrit:La nuit, la neige a écrit:Je n’ai rien compris aux règles du pharaon... :
Je t'assure que ce n'est pas compliqué. Clio nous a appris à y jouer le Comte et moi. Mais alors c'est d'un ch... boudoi29.
Ah bon ? Mais alors, qu'est-ce qui les scotchait tous comme ça ?
.
Le fric... En perdre, en gagner beaucoup, ce doit être jouissif quand on en a. Si tu es obligée de vérifier l'état de ta bourse toutes les deux minutes, c'est beaucoup moins rigolo... àè-è\':
Re: Marie-Antoinette et les jeux d'argent
Mme de Sabran a écrit:
Comme quoi l'analyse de Zweig est très perspicace . Avec les années, le papillon écervelé Antonia va sortir de sa chrysalide pour devenir Marie-Antoinette .
... surtout à partir du moment où F... revient d'Amérique et se fait de plus en plus présent à Versailles. A partir de là, elle est comblée - nul besoin dès lors de se perdre dans le jeu.
Invité- Invité
Re: Marie-Antoinette et les jeux d'argent
Et comblée par quoi je te prie?
Si Marie-Antoinette était comblée, F... le serait également...Or lui est allé voir ailleurs...c'est donc qu'il ne l'était pas...Et tu fantasmes sans doute ... àè-è\':
Bien à vous.
Si Marie-Antoinette était comblée, F... le serait également...Or lui est allé voir ailleurs...c'est donc qu'il ne l'était pas...Et tu fantasmes sans doute ... àè-è\':
Bien à vous.
Invité- Invité
Le Jeu de la reine Marie-Antoinette
Voici quelques autres petits posts ( si l'on peut dire : ) de " l'observateur ", comme il s'intitule lui-même, mystérieux et zélé, des Mémoires Secrets .
Nous sommes toujours en l'année 1778 ...
Et, j'ai le regret de le dire, nous en apprenons de vertes et de pas mûres !
Eh bien, c'est du propre !!!
... triche et fausse-monnaie !!!
Nous sommes toujours en l'année 1778 ...
Et, j'ai le regret de le dire, nous en apprenons de vertes et de pas mûres !
Eh bien, c'est du propre !!!
... triche et fausse-monnaie !!!
Mme de Sabran- Messages : 55511
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Marie-Antoinette et les jeux d'argent
On ne sait plus à qui se fier ma pauvre dame !!! : : :
Invité- Invité
Re: Marie-Antoinette et les jeux d'argent
Nous voici tous deux botticelliens à souhait ! : : :
Mme de Sabran- Messages : 55511
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Marie-Antoinette et les jeux d'argent
Mme de Sabran a écrit:
Nous voici tous deux botticelliens à souhait ! : : :
oui je trouvais ça marrant !!!
Invité- Invité
Re: Marie-Antoinette et les jeux d'argent
Ah ce Bachaumont, derrière qui se cachent peut-être plusieurs observateurs zelés
Et voilà que la reine offusque encore ces courtisans pour qui le droit au tabouret fut une question de vie ou de mort :
Mme de Sabran a écrit:Il s'est trouvé ainsi debout seul, lorsque S.M. a paru. Elle s'en est aperçue, et sans égard au cérémonial, si essentiel à Versailles, a ordonné qu'on donnât à M. Poinçot un siège, ce qui fit gémir les courtisans rigides attachés aux formes.
Et voilà que la reine offusque encore ces courtisans pour qui le droit au tabouret fut une question de vie ou de mort :
_________________
« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Mme de Sabran- Messages : 55511
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Marie-Antoinette et les jeux d'argent
Les ragots ci-dessus à prendre avec des pincettes ne sont pas forcément infondés . Ainsi savons-nous par le prince de Ligne ( et quelque hallucinant que ce soit ) que cette vieille toupie de Madame Adélaïde, elle-même ( !!! ), triche aux cartes !
Elle l'avoue, comme ingénument . boudoi32
Mme de Sabran- Messages : 55511
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Marie-Antoinette et les jeux d'argent
C'est donc une manie chez Mesdames de tricher boudoi26
Gouverneur Morris- Messages : 11796
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Marie-Antoinette et les jeux d'argent
Ligne ne va pas jusqu'à parler de manie . :
Il faudrait que je retrouve l'extrait .
Mme de Sabran- Messages : 55511
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Marie-Antoinette et les jeux d'argent
J'ai retrouvé !!! :n,,;::::!!!:
Madame Adélaïde joue avec une veine pas croyable et gagne tous les jours !
Elle le confie ainsi au prince de Ligne :
--- C'est singulier, autrefois je n'en passais pas un que je ne perdisse deux ou trois cents louis. Cette fois-ci, je les gagne très souvent par la méthode que j'ai prise de faire une corne à deux ou trois cartes en commençant.
--- Je le crois bien, lui répondit Ligne, c'est que Madame triche .
( Le prince de Ligne : Fragments de l'histoire de ma vie )
: : :
.
Mme de Sabran- Messages : 55511
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Marie-Antoinette et les jeux d'argent
Sait-on si en effet, le pharaon fut encore pratiqué à la cour après cette interdiction formelle de Louis XVI, d'après la lettre du 30 octobre 1777 ?
Invité- Invité
Le Jeu de la Reine
.
Jeu du roi et jeu de la reine aux XVIIème et XVIIIème siècles
Du délassement personnel à la cérémonie de Cour
par
Thibault Billoir
diplômé de master
( extraits )
http://theses.enc.sorbonne.fr/2010/billoir
Comme bien des aspects de la vie de cour d’Ancien Régime, le jeu a longtemps souffert d’une étiquette « petite histoire », restant ainsi à l’écart des historiens et relégué au champ des anecdotes plaisantes. Le paradoxe est surprenant : on se représente souvent la cour de France des XVIIe et XVIIIe siècles comme passionnément adonnée au jeu, du soir au matin – ce qui revient à reconnaître que le jeu y est un phénomène de première importance –, sans que cela puisse paraître objet d’étude sérieux pour un historien.
L’essor de l’historiographie du jeu et des divertissements autant que celui de l’histoire de cour invite à reconsidérer cette situation. Il n’est pas de geste anodin quand c’est le roi ou la reine qui l’accomplit : le jeu royal, figure centrale du jeu à la cour, dépasse largement le cadre d’un divertissement frivole.
Étudier le jeu du roi est avant tout un sujet de définition : que recouvre vraiment cette locution si simple et si complexe, capable de prendre des formes très différentes selon le moment et les circonstances, que l’on relève aussi bien dans les mémoires de courtisans que dans les dossiers administratifs de la Maison du roi ? Le jeu du roi et de la reine se trouvent à la croisée de considérations tant curiales, symboliques et morales que matérielles et économiques qu’il est impossible d’occulter si l’on veut considérer ce rituel de cour, que constitue le jeu royal, dans toute sa richesse et sa complexité.
la place particulière du jeu royal
La société d’Ancien Régime est, dans son ensemble, une société caractérisée par un fort engouement pour le jeu. Les problèmes qui en découlent sont multiples : tricheries, troubles de l’ordre social, fraude organisée sur les cartes et économie parallèle du jeu, ce qui nécessite la mise en place progressive d’une police des jeux.
La cour, et même la table des monarques, n’échappent pas entièrement aux dérives habituelles du jeu : la situation à la cour est à l’image du reste du royaume, à l’exception près qu’aucune force de coercition n’y intervient, en cas d’irrégularité, hormis la disgrâce royale. De plus, le jeu à la cour constitue une exception légale qui n’a pas manquée d’être dénoncée : tous les jeux de hasard interdits par les ordonnances royales y sont pratiqués en toute impunité. Cette situation particulière est autant un moyen d’attirer la noblesse à la cour que d’accentuer sa dépendance financière par rapport au roi, en raison du montant parfois considérable des mises qu’il faut être en mesure de fournir. Mais la raison première de cette exception légale réside dans le goût très prononcé des souverains français et de leur famille pour le jeu. Comment pourraient-ils alors interdire à leurs proches ce qu’eux-mêmes font quotidiennement ?
Jeu du roi et jeu de la reine : l’opinion des moralistes
L’opinion des théologiens et des moralistes sur le jeu est un domaine assez bien exploré. La liste des critiques et des condamnations, à une époque où la passion excessive du jeu est perçue non comme une maladie psychique, mais comme un dérèglement moral, a été bien étudiée. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les condamnations morales ont évolué : le jeu n’est plus condamné en lui-même, au nom d’une transgression de l’ordre divin, mais au nom des nombreuses dérives qu’il suscite : avarice, vols, blasphèmes… La situation particulière du jeu du roi et de la reine, d’un point de vue moral, n’a en revanche jamais été envisagée pour elle-même. Aux dénonciations traditionnelles, s’ajoutent des critiques propres à l’attitude des souverains : comment espérer que la législation royale, très coercitive à l’encontre des jeux de hasard, soit respectée s’ils ne montrent pas l’exemple ? De plus la condamnation des sommes dépensées par les monarques sur les tables de jeu s’insère de plus en plus, au XVIIIe siècle, dans une logique de souci du bien commun. Les rois et reines de France de l’époque moderne se trouvent, de facto, à la croisée de deux logiques contradictoires : le roi est à la fois le « Très Chrétien » et le premier de ses gentilshommes, tenu de montrer le bon exemple, et en même temps, d’avoir une cour brillante et de divertir ses courtisans.
Le jeu du roi et le jeu de la reine : une réalité protéiforme. Aspects institutionnels
Les divertissements de cour ne sont pas des loisirs libres mais une obligation quotidienne, un passage obligé pour les courtisans au point que le jeu public de la reine devient, au XVIIIe siècle, une étape à part entière des présentations à la cour. Tenir un jeu n’est donc pas seulement affaire de goût personnel, c’est une condition sine qua non pour tenir une cour : c’est une des attributions « naturelles » des souverains, imités en cela par leur famille et par toute personne à la cour qui prétend jouer un rôle de quelque importance. Tenir le jeu public obéit à des règles de préséance strictes : lorsque ni le roi, ni la reine ne peuvent s’en charger, ce rôle échoit alors au Dauphin et à la Dauphine, voire aux plus proches membres de la famille royale.
Le jeu royal est une réalité à visages multiples. Les formes qu’il peut prendre sont nombreuses mais peuvent être regroupées en trois catégories principales : le jeu intime, où l’assemblée est restreinte et l’étiquette plus relâchée (le jeu dans la chambre du roi ou de la reine, le jeu pour passer le temps en cas de maladie, le jeu du roi à l’occasion des petits soupers ou soupers des cabinets, le jeu chez un courtisan…) ; le jeu public ordinaire (les soirées d’appartement, le jeu dans le grand salon de Marly, le jeu quotidien de la reine dans le salon de la Paix…) ; le grand jeu public (soirées de « grand appartement » lors des baptêmes et mariages princiers, jeu à l’occasion des grandes fêtes royales…).
Économie du jeu : gains et pertes à la table royale
Il est très rare, sous l’Ancien Régime, de jouer sans mise matérielle, si petite soit-elle. La cour se singularise seulement par des données pécuniaires assorties au rang social des joueurs. Le jeu du roi et de la reine est donc à replacer dans un circuit financier complexe.
Pouvoir chiffrer le montant des mises à la table royale et évaluer les gains et pertes réalisés ou subies par les différents membres de la famille royale est une des problématiques les plus passionnantes qui congruent à la réflexion globale sur le jeu du roi. La question reste cependant difficile à résoudre : elle est, d’une part, au centre de polémiques, plus ou moins fondées historiographiquement, concernant le bon emploi des deniers du royaume. L’image de Marie-Antoinette sacrifiant les intérêts de la nation sur sa table de pharaon, imitée en cela par son beau-frère le comte d’Artois, doit beaucoup aux rumeurs populaires et aux pamphlets de l’époque révolutionnaire. Il est extrêmement délicat, d’autre part, d’avancer des chiffres fiables, car les sources sont rares et les mémorialistes ou les contemporains ne sont pas souvent d’une grande aide, s’en tenant à des formules évasives.
Loin d’être un simple divertissement, le jeu des monarques est avant tout un moment où, le roi étant plus accessible, on vient lui faire sa cour. Par son intégration progressive dans le système aulique, qui lui permet d’acquérir une forte portée symbolique et esthétique, le jeu royal atteint à la veille de la Révolution un degré de développement inégalé.
Témoignage de Mme Campan sur le jeu de la reine :
Jeu du roi et jeu de la reine aux XVIIème et XVIIIème siècles
Du délassement personnel à la cérémonie de Cour
par
Thibault Billoir
diplômé de master
( extraits )
http://theses.enc.sorbonne.fr/2010/billoir
Comme bien des aspects de la vie de cour d’Ancien Régime, le jeu a longtemps souffert d’une étiquette « petite histoire », restant ainsi à l’écart des historiens et relégué au champ des anecdotes plaisantes. Le paradoxe est surprenant : on se représente souvent la cour de France des XVIIe et XVIIIe siècles comme passionnément adonnée au jeu, du soir au matin – ce qui revient à reconnaître que le jeu y est un phénomène de première importance –, sans que cela puisse paraître objet d’étude sérieux pour un historien.
L’essor de l’historiographie du jeu et des divertissements autant que celui de l’histoire de cour invite à reconsidérer cette situation. Il n’est pas de geste anodin quand c’est le roi ou la reine qui l’accomplit : le jeu royal, figure centrale du jeu à la cour, dépasse largement le cadre d’un divertissement frivole.
Étudier le jeu du roi est avant tout un sujet de définition : que recouvre vraiment cette locution si simple et si complexe, capable de prendre des formes très différentes selon le moment et les circonstances, que l’on relève aussi bien dans les mémoires de courtisans que dans les dossiers administratifs de la Maison du roi ? Le jeu du roi et de la reine se trouvent à la croisée de considérations tant curiales, symboliques et morales que matérielles et économiques qu’il est impossible d’occulter si l’on veut considérer ce rituel de cour, que constitue le jeu royal, dans toute sa richesse et sa complexité.
la place particulière du jeu royal
La société d’Ancien Régime est, dans son ensemble, une société caractérisée par un fort engouement pour le jeu. Les problèmes qui en découlent sont multiples : tricheries, troubles de l’ordre social, fraude organisée sur les cartes et économie parallèle du jeu, ce qui nécessite la mise en place progressive d’une police des jeux.
La cour, et même la table des monarques, n’échappent pas entièrement aux dérives habituelles du jeu : la situation à la cour est à l’image du reste du royaume, à l’exception près qu’aucune force de coercition n’y intervient, en cas d’irrégularité, hormis la disgrâce royale. De plus, le jeu à la cour constitue une exception légale qui n’a pas manquée d’être dénoncée : tous les jeux de hasard interdits par les ordonnances royales y sont pratiqués en toute impunité. Cette situation particulière est autant un moyen d’attirer la noblesse à la cour que d’accentuer sa dépendance financière par rapport au roi, en raison du montant parfois considérable des mises qu’il faut être en mesure de fournir. Mais la raison première de cette exception légale réside dans le goût très prononcé des souverains français et de leur famille pour le jeu. Comment pourraient-ils alors interdire à leurs proches ce qu’eux-mêmes font quotidiennement ?
Jeu du roi et jeu de la reine : l’opinion des moralistes
L’opinion des théologiens et des moralistes sur le jeu est un domaine assez bien exploré. La liste des critiques et des condamnations, à une époque où la passion excessive du jeu est perçue non comme une maladie psychique, mais comme un dérèglement moral, a été bien étudiée. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les condamnations morales ont évolué : le jeu n’est plus condamné en lui-même, au nom d’une transgression de l’ordre divin, mais au nom des nombreuses dérives qu’il suscite : avarice, vols, blasphèmes… La situation particulière du jeu du roi et de la reine, d’un point de vue moral, n’a en revanche jamais été envisagée pour elle-même. Aux dénonciations traditionnelles, s’ajoutent des critiques propres à l’attitude des souverains : comment espérer que la législation royale, très coercitive à l’encontre des jeux de hasard, soit respectée s’ils ne montrent pas l’exemple ? De plus la condamnation des sommes dépensées par les monarques sur les tables de jeu s’insère de plus en plus, au XVIIIe siècle, dans une logique de souci du bien commun. Les rois et reines de France de l’époque moderne se trouvent, de facto, à la croisée de deux logiques contradictoires : le roi est à la fois le « Très Chrétien » et le premier de ses gentilshommes, tenu de montrer le bon exemple, et en même temps, d’avoir une cour brillante et de divertir ses courtisans.
Le jeu du roi et le jeu de la reine : une réalité protéiforme. Aspects institutionnels
Les divertissements de cour ne sont pas des loisirs libres mais une obligation quotidienne, un passage obligé pour les courtisans au point que le jeu public de la reine devient, au XVIIIe siècle, une étape à part entière des présentations à la cour. Tenir un jeu n’est donc pas seulement affaire de goût personnel, c’est une condition sine qua non pour tenir une cour : c’est une des attributions « naturelles » des souverains, imités en cela par leur famille et par toute personne à la cour qui prétend jouer un rôle de quelque importance. Tenir le jeu public obéit à des règles de préséance strictes : lorsque ni le roi, ni la reine ne peuvent s’en charger, ce rôle échoit alors au Dauphin et à la Dauphine, voire aux plus proches membres de la famille royale.
Le jeu royal est une réalité à visages multiples. Les formes qu’il peut prendre sont nombreuses mais peuvent être regroupées en trois catégories principales : le jeu intime, où l’assemblée est restreinte et l’étiquette plus relâchée (le jeu dans la chambre du roi ou de la reine, le jeu pour passer le temps en cas de maladie, le jeu du roi à l’occasion des petits soupers ou soupers des cabinets, le jeu chez un courtisan…) ; le jeu public ordinaire (les soirées d’appartement, le jeu dans le grand salon de Marly, le jeu quotidien de la reine dans le salon de la Paix…) ; le grand jeu public (soirées de « grand appartement » lors des baptêmes et mariages princiers, jeu à l’occasion des grandes fêtes royales…).
Économie du jeu : gains et pertes à la table royale
Il est très rare, sous l’Ancien Régime, de jouer sans mise matérielle, si petite soit-elle. La cour se singularise seulement par des données pécuniaires assorties au rang social des joueurs. Le jeu du roi et de la reine est donc à replacer dans un circuit financier complexe.
Pouvoir chiffrer le montant des mises à la table royale et évaluer les gains et pertes réalisés ou subies par les différents membres de la famille royale est une des problématiques les plus passionnantes qui congruent à la réflexion globale sur le jeu du roi. La question reste cependant difficile à résoudre : elle est, d’une part, au centre de polémiques, plus ou moins fondées historiographiquement, concernant le bon emploi des deniers du royaume. L’image de Marie-Antoinette sacrifiant les intérêts de la nation sur sa table de pharaon, imitée en cela par son beau-frère le comte d’Artois, doit beaucoup aux rumeurs populaires et aux pamphlets de l’époque révolutionnaire. Il est extrêmement délicat, d’autre part, d’avancer des chiffres fiables, car les sources sont rares et les mémorialistes ou les contemporains ne sont pas souvent d’une grande aide, s’en tenant à des formules évasives.
Loin d’être un simple divertissement, le jeu des monarques est avant tout un moment où, le roi étant plus accessible, on vient lui faire sa cour. Par son intégration progressive dans le système aulique, qui lui permet d’acquérir une forte portée symbolique et esthétique, le jeu royal atteint à la veille de la Révolution un degré de développement inégalé.
***
Témoignage de Mme Campan sur le jeu de la reine :
Mme de Sabran- Messages : 55511
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Marie-Antoinette et les jeux d'argent
Très années 1775-1778
La reine faisait des nuits blanches, et dormait aux Tuileries pour ne pas devoir rentrer à Versailles en taxi tard la nuit
La reine faisait des nuits blanches, et dormait aux Tuileries pour ne pas devoir rentrer à Versailles en taxi tard la nuit
_________________
« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
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Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Marie-Antoinette et les jeux d'argent
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55511
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Marie-Antoinette et les jeux d'argent
Le Jeu de la Reine à Versailles,
par Tina Malet, notre amie Madame Detilly .
Jeu « Nous sommes au Jeu de la Reine (1) dans la Grande Galerie où se presse une foule dense. Vers le milieu, autour d’une table ovale couverte de drap vert, se tiennent assises sur trois rangs, plus de cent personnes. Aux alentours sont disposées d’autres tables plus petites mais toutes occupées et entourées de gens debout. D’un côté de la galerie, la musique du roi joue en sourdine ; de l’autre, sur les blanches nappes damassées, s’amoncellent nourriture et boissons, buffet-collation où l’on tache sa robe ou son jabot de dentelle. Des valets circulent au milieu de la presse, proposant du vin de Champagne et de Tokay. La chaleur qui règne est à son comble : plus de mille bougies brûlent dans des dizaines de lustres à girandoles. Ces dames, en toilette d’apparat, jouent de l’éventail mais ne font qu’agiter un air lourd : le fard commence à couler et la sueur aussi. L’odeur est épouvantable : les valets du seau font leur office.
La reine joue.
Ces messieurs tirent leur montre et bâillent discrètement : il est à peine neuf heures. Mais demain, le roi chasse à Meudon : il ne tardera pas à se retirer. Un courtisan, fatigué du piétinement incessant, s’appuie au dos d’un fauteuil, celui d’une marquise, qui vient de perdre dix mille pistoles ; elle rit et secoue le cornet : les dés roulent ; las, dame Fortune lui fait grise mine : cette fois, elle abandonne trente mille pistoles sur le drap vert.
La reine joue.
À une table, des voix s’élèvent, on entend un bruit de soufflet et une dame, tout aussi cramoisie que sa robe, se dresse en s’écriant, palpitante : « Madame, je ne vous permets pas ! » On vient de l’accuser de tricher. Cela fait tout un remue-ménage dans le coin. L’insulte est grave, et l’honneur en jeu. Finalement, elle se rassoit, exigeant des excuses qu’on lui accorde bien volontiers.
La reine joue.
Les musiciens du roi entament un morceau entraînant de monsieur Gluck, mis à la mode par la reine. Le premier violon commet une fausse note, mais cela n’a pas d’importance : personne n’écoute.
La reine joue.
Marie-Antoinette abandonne son cornet et se lève, bien difficilement : son panier, lourd et raide, occupe deux fauteuils ; la foule s’écarte en murmurant respectueusement et en s’inclinant. Elle donne deux ou trois tapes d’éventail sur des épaules amies et avance, souveraine, dans sa robe garnie de nacre et de brillants, couleur de lune et de brume, la couleur « des cheveux de la reine » qui fait fureur cette saison à Versailles. Elle avance, en grand décolleté - mais je lui préfère le vôtre, moins épanoui -, avec des mouches, du rouge et des rosettes de diamants à ses souliers. Son regard cherche madame de Polignac, assise à une table de lansquenet. Elle lui souhaite la bonne nuit et disparaît par le salon de Vénus. Les serviteurs changent les bougies qui coulent et entrouvrent quelques fenêtres. L’air de la nuit embaume. Les dames à proximité en profitent pour respirer à grandes goulées. Certaines, debout depuis l’aube, sont à bout de force. Les pieds enflent dans les mules haut perchées mais les visages sourient ; le blanc se mêle au rouge, la poudre tombe sur les épaules, l’urine mouille les bas de soie.
La reine ne joue plus…»
Notes
(1) Donné le plus souvent dans les petits appartements.
Sources : Une Vie de Tilly ou la mort du Lys (moi-même, Edilivre, 2013
Notre sujet sur cet ouvrage : https://marie-antoinette.forumactif.org/t2374-une-vie-de-tilly-ou-la-mort-du-lys-de-tina-malet?highlight=tilly
Le 3O octobre 1777
par Tina Malet, notre amie Madame Detilly .
Jeu « Nous sommes au Jeu de la Reine (1) dans la Grande Galerie où se presse une foule dense. Vers le milieu, autour d’une table ovale couverte de drap vert, se tiennent assises sur trois rangs, plus de cent personnes. Aux alentours sont disposées d’autres tables plus petites mais toutes occupées et entourées de gens debout. D’un côté de la galerie, la musique du roi joue en sourdine ; de l’autre, sur les blanches nappes damassées, s’amoncellent nourriture et boissons, buffet-collation où l’on tache sa robe ou son jabot de dentelle. Des valets circulent au milieu de la presse, proposant du vin de Champagne et de Tokay. La chaleur qui règne est à son comble : plus de mille bougies brûlent dans des dizaines de lustres à girandoles. Ces dames, en toilette d’apparat, jouent de l’éventail mais ne font qu’agiter un air lourd : le fard commence à couler et la sueur aussi. L’odeur est épouvantable : les valets du seau font leur office.
La reine joue.
Ces messieurs tirent leur montre et bâillent discrètement : il est à peine neuf heures. Mais demain, le roi chasse à Meudon : il ne tardera pas à se retirer. Un courtisan, fatigué du piétinement incessant, s’appuie au dos d’un fauteuil, celui d’une marquise, qui vient de perdre dix mille pistoles ; elle rit et secoue le cornet : les dés roulent ; las, dame Fortune lui fait grise mine : cette fois, elle abandonne trente mille pistoles sur le drap vert.
La reine joue.
À une table, des voix s’élèvent, on entend un bruit de soufflet et une dame, tout aussi cramoisie que sa robe, se dresse en s’écriant, palpitante : « Madame, je ne vous permets pas ! » On vient de l’accuser de tricher. Cela fait tout un remue-ménage dans le coin. L’insulte est grave, et l’honneur en jeu. Finalement, elle se rassoit, exigeant des excuses qu’on lui accorde bien volontiers.
La reine joue.
Les musiciens du roi entament un morceau entraînant de monsieur Gluck, mis à la mode par la reine. Le premier violon commet une fausse note, mais cela n’a pas d’importance : personne n’écoute.
La reine joue.
Marie-Antoinette abandonne son cornet et se lève, bien difficilement : son panier, lourd et raide, occupe deux fauteuils ; la foule s’écarte en murmurant respectueusement et en s’inclinant. Elle donne deux ou trois tapes d’éventail sur des épaules amies et avance, souveraine, dans sa robe garnie de nacre et de brillants, couleur de lune et de brume, la couleur « des cheveux de la reine » qui fait fureur cette saison à Versailles. Elle avance, en grand décolleté - mais je lui préfère le vôtre, moins épanoui -, avec des mouches, du rouge et des rosettes de diamants à ses souliers. Son regard cherche madame de Polignac, assise à une table de lansquenet. Elle lui souhaite la bonne nuit et disparaît par le salon de Vénus. Les serviteurs changent les bougies qui coulent et entrouvrent quelques fenêtres. L’air de la nuit embaume. Les dames à proximité en profitent pour respirer à grandes goulées. Certaines, debout depuis l’aube, sont à bout de force. Les pieds enflent dans les mules haut perchées mais les visages sourient ; le blanc se mêle au rouge, la poudre tombe sur les épaules, l’urine mouille les bas de soie.
La reine ne joue plus…»
Notes
(1) Donné le plus souvent dans les petits appartements.
Sources : Une Vie de Tilly ou la mort du Lys (moi-même, Edilivre, 2013
Notre sujet sur cet ouvrage : https://marie-antoinette.forumactif.org/t2374-une-vie-de-tilly-ou-la-mort-du-lys-de-tina-malet?highlight=tilly
Le 3O octobre 1777
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Re: Marie-Antoinette et les jeux d'argent
Le banquier du Jeu de la reine était le marquis de Travanet, beau-frère du marquis de Bombelles .
Notre sujet : https://marie-antoinette.forumactif.org/t4308-le-marquis-de-travanet-banquier-du-jeu-de-la-reine
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