Bibliographie Elisabeth Vigée Le Brun
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Madame Vigée Le Brun, par Inès de Kertanguy
Il y a quelques semaines j'ai terminé la biographie sur Mme Vigée-Lebrun par Inès de Kertanguy. J'ai bien aimé cette biographie
Ce qui m'a choqué c'est que Mme Vigée-Lebrun n'avait aucun louis à dépenser pour elle ; tout ce qu'elle gagnait était pour son mari qui en avait besoin pour sa vie de luxe et ses petites maîtresses.
Un jour elle a dû supplier son mari de lui laisser quelques louis pour pouvoir faire quelques commissions.
Trop attachée à sa liberté, elle préférait céder les rémunérations car son mari aurait pu lui interdire aussi de continuer à peindre.
Les femmes régnaient donc peut-être en apparence...
Voici le portrait de la duchesse d'Orléans peint par Mme Vigée-Lebrun en 1788 qui est un de mes préférés :
Ce qui m'a choqué c'est que Mme Vigée-Lebrun n'avait aucun louis à dépenser pour elle ; tout ce qu'elle gagnait était pour son mari qui en avait besoin pour sa vie de luxe et ses petites maîtresses.
Un jour elle a dû supplier son mari de lui laisser quelques louis pour pouvoir faire quelques commissions.
Trop attachée à sa liberté, elle préférait céder les rémunérations car son mari aurait pu lui interdire aussi de continuer à peindre.
Les femmes régnaient donc peut-être en apparence...
Voici le portrait de la duchesse d'Orléans peint par Mme Vigée-Lebrun en 1788 qui est un de mes préférés :
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
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Re: Bibliographie Elisabeth Vigée Le Brun
Comte d'Hézècques a écrit:
Ce qui m'a choqué c'est que Mme Vigée-Lebrun n'avait aucun louis à dépenser pour elle ; tout ce qu'elle gagnait était pour son mari qui en avait besoin pour sa vie de luxe et ses petites maîtresses.
Un jour elle a dû supplier son mari de lui laisser quelques louis pour pouvoir faire quelques commissions.
Les ... papillotes de M. de Calonne n'étaient donc bien qu'une vile calomnie !
.
Mme de Sabran- Messages : 55596
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Bibliographie Elisabeth Vigée Le Brun
Je suis d'accord avec toi, les femmes ne régnaient qu'en apparence au XVIIIème : qu'elles s'appellent Vigée Lebrun, Pompadour... Il n'y avait aucun espace pour elles, même si elles étaient douées ou renommées. A l'heure de l'encyclopédie, on se demandait encore s'il fallait plus considérer les femmes comme une sous-catégorie humaine !!! Les femmes d'exception comme Vigée étaient certes appréciées et reconnues mais dans la mesure où elles remplissaient leur devoir de "bonne femme": faire des enfants, gérer l'intendance. Elles régnaient d'abord en maîtresses de maison. Il ne faut pas oublier que Vigée Lebrun s'est battue comme une folle pour être acceptée comme une femme peintre, l'une des rares ! en ce siècle qui se disait éclairé
Invité- Invité
Re: Bibliographie Elisabeth Vigée Le Brun
Et le problème c'est que si quelques femmes sortaient du lot, gagnaient leur vie, s'intéressaient non pas à la politique (il ne faut pas exagérer !) mais au moins à la société, combien d'hommes prirent peur, s'inquiétaient de cette ingérence contre-nature et voyaient en la reine de France le symbole de ces femmes qui osaient sortir du cadre bien femré qui leur était réservé. Une France qui tombe en quenouille, l'art féminisé... Quel bonheur donc de découvrir un David et de l'art redevenu viril ! Et une Révolution profondément misogyne... àè-è\':
Invité- Invité
Re: Bibliographie Elisabeth Vigée Le Brun
l'amour menaçant a écrit: Il ne faut pas oublier que Vigée Lebrun s'est battue comme une folle pour être acceptée comme une femme peintre, l'une des rares ! en ce siècle qui se disait éclairé
Par ailleurs, en 1783, quand elle fût reçue à l'Académie Royale de peinture, elle est loin de faire l'unanimité, dans ce monde qui élève la beauté féminine au divin, mais reste profondément macho...et encore maintenant dans certaines branches de la culture... 001110
Mousseline- Messages : 127
Date d'inscription : 30/03/2014
Age : 32
Re: Bibliographie Elisabeth Vigée Le Brun
Elle a le culot de surpasser largement son Lebrun de mari ! :
Mme de Sabran- Messages : 55596
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Bibliographie Elisabeth Vigée Le Brun
Reinette a écrit:Et le problème c'est que si quelques femmes sortaient du lot, gagnaient leur vie, s'intéressaient non pas à la politique (il ne faut pas exagérer !) mais au moins à la société, combien d'hommes prirent peur, s'inquiétaient de cette ingérence contre-nature et voyaient en la reine de France le symbole de ces femmes qui osaient sortir du cadre bien femré qui leur était réservé. Une France qui tombe en quenouille, l'art féminisé... Quel bonheur donc de découvrir un David et de l'art redevenu viril ! Et une Révolution profondément misogyne... àè-è\':
... ce n'est pas que la Révolution qui était profondément misogyne. C'était l'esprit général du temps, avant même la Révolution. Louis XVIII écrit, dans ses "Réflexions historiques sur Marie-Antoinette" que le peuple français "le plus galant de la terre, ne peut cependant pas supporter l'idée d'être gouverné par une femme".
Invité- Invité
Re: Bibliographie Elisabeth Vigée Le Brun
Quant au mariage d'Elisabeth avec Le Brun, Inès de Kertanguy nous relate ceci :
Enfin, voilà le mariage annoncé officiellement et les époux installés. Grâce à cette union, la jeune artiste se trouve libre de vivre et de peindre à sa guise... C'est du moins ce qu'elle croit !
Au XVIIIe siècle, une femme doit obéissance et soumission à son mari, et son argent, si elle en gagne, ne lui appartient pas en propre. Aussi est-ce en toute impunité que Jean-Baptiste Le Brun s'empare de la fortune de sa femme. Toute sa vie il ne cessera de faire des emprunts, remboursant le premier par le deuxième, et ainsi de suite. Passionné d'art et grand dépensier, il vivra toujours au-dessus de ses moyens.
La liberté aura été de courte durée pour Elisabeth ; sortie de la tutelle intéressée de son beau-père, elle va s'abriter sous le toit d'un époux qui non seulement la laisse sans un sous, mais décide d'augmenter les révenus du ménage en poussant sa femme à prendre des élèves.
Un peu plus loin, Mme de Kertanguy écrit encore à ce sujet :
Quand elle travaille, c'est la passion de son art qui l'anime, le besoin de créer, non l'intérêt. C'est toujours son mari qui s'empare de l'argent qu'elle gagne, en lui promettant de le faire valoir dans son commerce. Le plus souvent elle ne garde que six francs dans sa poche, et, un jour qu'on lui envoie douze mille francs pour un portrait, comme elle prie son mari de lui laisser deux louis, il les refuse, prétendant avoir besoin de la somme entière pour solder tout de suite un billet ! Le Brun, grand libertin épris de luxe autant que de luxure, aime paraître et, pour cela, il a besoin de revenus de sa femme. Sans doute Elisabeth a-t-elle compris que sa liberté est à ce prix, car elle ne se plaint pas.
Enfin, voilà le mariage annoncé officiellement et les époux installés. Grâce à cette union, la jeune artiste se trouve libre de vivre et de peindre à sa guise... C'est du moins ce qu'elle croit !
Au XVIIIe siècle, une femme doit obéissance et soumission à son mari, et son argent, si elle en gagne, ne lui appartient pas en propre. Aussi est-ce en toute impunité que Jean-Baptiste Le Brun s'empare de la fortune de sa femme. Toute sa vie il ne cessera de faire des emprunts, remboursant le premier par le deuxième, et ainsi de suite. Passionné d'art et grand dépensier, il vivra toujours au-dessus de ses moyens.
La liberté aura été de courte durée pour Elisabeth ; sortie de la tutelle intéressée de son beau-père, elle va s'abriter sous le toit d'un époux qui non seulement la laisse sans un sous, mais décide d'augmenter les révenus du ménage en poussant sa femme à prendre des élèves.
Un peu plus loin, Mme de Kertanguy écrit encore à ce sujet :
Quand elle travaille, c'est la passion de son art qui l'anime, le besoin de créer, non l'intérêt. C'est toujours son mari qui s'empare de l'argent qu'elle gagne, en lui promettant de le faire valoir dans son commerce. Le plus souvent elle ne garde que six francs dans sa poche, et, un jour qu'on lui envoie douze mille francs pour un portrait, comme elle prie son mari de lui laisser deux louis, il les refuse, prétendant avoir besoin de la somme entière pour solder tout de suite un billet ! Le Brun, grand libertin épris de luxe autant que de luxure, aime paraître et, pour cela, il a besoin de revenus de sa femme. Sans doute Elisabeth a-t-elle compris que sa liberté est à ce prix, car elle ne se plaint pas.
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Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Bibliographie Elisabeth Vigée Le Brun
Elle ne se plaint pas, mais elle prendra le large !
Mme de Sabran- Messages : 55596
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Bibliographie Elisabeth Vigée Le Brun
Et elle aura raison !
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Un verre d'eau pour la Reine.
Mr de Talaru- Messages : 3193
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Age : 65
Localisation : près des Cordeliers...
Re: Bibliographie Elisabeth Vigée Le Brun
Sa vie de couple est une catastrophe qui aura des conséquences terribles sur leur fille. Celle-ci tendrement choyée par sa mère ne cessera de se plaindre qu'auprès de son père ce serait mieux...
Fort heureusement, quand elle deviendra adulte, les deux parents seront assez soudés pour réagir avec cohérence à l'égard de leur fille devenue infréquentable.
Fort heureusement, quand elle deviendra adulte, les deux parents seront assez soudés pour réagir avec cohérence à l'égard de leur fille devenue infréquentable.
Invité- Invité
Re: Bibliographie Elisabeth Vigée Le Brun
Un jour que son amie Mme Brongniart l'emmène se promener derrière les Invalides, et qu'elles se trouvent assises, elles entendent causer deux hommes :
"--- Veux-tu gagner dix francs, viens avec nous faire le train . Il ne s'agit que de crier : A bas celui-ci ! A bas celui-là !
--- Dix francs sont bons à gagner, mais nous n'aurons pas de taloches ?
--- Allons donc ! C'est nous qui les donnons les taloches ! "
( Madame Vigée-Lebrun, Inès de Kertanguy )
Mme de Sabran- Messages : 55596
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Bibliographie Elisabeth Vigée Le Brun
Reinette a écrit:Sa vie de couple est une catastrophe qui aura des conséquences terribles sur leur fille. Celle-ci tendrement choyée par sa mère ne cessera de se plaindre qu'auprès de son père ce serait mieux...
Fort heureusement, quand elle deviendra adulte, les deux parents seront assez soudés pour réagir avec cohérence à l'égard de leur fille devenue infréquentable.
Majesté a écrit:
Jeu 24 Déc 2009 - 16:59
La petite Julie Lebrun est appelée Prune par sa mère... c'est le prénom de l'aînée de mes nièces adorées... boudoi30
Bien à vous.
Mme de Sabran- Messages : 55596
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Bibliographie Elisabeth Vigée Le Brun
Reinette a écrit:Jeu 16 Fév 2012 - 16:38
Malheureusement quand on sait ce que sa fille lui a fait subir en grandissant, ces merveilleux portraits de tendresse maternelle deviennent douloureux à leur vue. Je sais de quoi je parle, j'en ai un justement devant mes yeux.
Qu'elle se soit mariée sans l'accord de ses parents, je conçois : à cette époque complètement "révolutionnée" rien d'étonnant qu'une jeune fille cherche à s'émanciper. Elle est élevée de façon fusionnelle par sa mère, la suit partout, ne la quitte jamais, fait tout ce qui l'enchante, reçoit une éducation intellectuelle poussée très différente de ses contemporaines, fréquente dès le plus jeune âge les plus grands de son époque, joue avec petits princes et petites princesses...
Et certains de s'inquiéter d'une telle éducation si peu classique. L'obéissance, la soumission n'étaient pas au programme...
D'autant qu'elle devait être écrasée par la célébrité et surtout le talent de sa mère. Et traînée sur les routes de l'Europe, sans espoir de retour au foyer, avec des parents qui se déchirent et divorcent. On peut donc comprendre au départ les motivations de la pauvre Julie.
Mais malheureusement, elle choisit vraiment un mauvais numéro qui s'avère être plus ou moins un coureur de dots, si ce n'est un escroc. Voilà de ne pas écouter ses parents, qui pour une fois s'accordaient sur ce sujet. Elle déchantera très vite mais par orgueil, laissera sa mère repartir en France pour rester en Russie avec son mari.
Une Elisabeth désespérée de laisser sa fille adorée si loin d'elle. Et dans ces conditions...
Ensuite, à son retour en France, car bientôt elle réalise que son mariage est raté, elle s'affiche avec un gentilhomme et si l'amour est sincère de part et d'autre, la pauvre va devoir réaliser qu'il est hors de question qu'un homme de son rang épouse une fille de commerçants-artistes. Révolution ou pas, il y a des limites encore infranchissables.
Par manque d'argent récurrent, dépit envers sa mère, elle se retrouve à finir en cachette des portraits de sa mère pour les vendre aux clients impatients et excédés des cachets exigés de la grande artiste qui fait attendre l'envoie du portrait non payé ! Celui de madame de Staël par exemple !
Mariée et la trentaine, la voilà encore à vivre aux crochets de ses parents !
Puis, elle tombe peu à peu dans ce qui n'est pas loin d'être de la prostitution. Et l'alcoolisme...
Elle meurt à 39 ans dans un chambre de bonne.
Sa mère la voit peu, et toujours de façon clandestine. Impossible de la recevoir dans les soirées mondaines qu'elle donne.
C'est en quelque sorte une enfant qui n'a jamais grandi. Incapable de mener sa propre vie.
Mme de Sabran- Messages : 55596
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Bibliographie Elisabeth Vigée Le Brun
Oui le destin de cette pauvre Julie m´a assez marquée. àè-è\':
Invité- Invité
Re: Bibliographie Elisabeth Vigée Le Brun
Je voudrais signaler une petite erreur dans la biographie d'Elisabeth Vigée Le Brun par Inès de Kertanguy .
VOICI :
Il ne s'agit pas du portrait posthume de Marie-Antoinette mais de celui de Mme de Polignac.
Yolande vient de mourir et le comte d'Artois écrit à Vaudreuil :
Hamm, ce 25 décembre 1793.
Ce n'est qu'avant-hier, mon ami, que j'ai reçu ta lettre du 7, en même temps qu'une du 11, du duc de Polignac.
Mon Dieu, que ta douleur me fait de mal, mais en même temps à quel excès je la trouve juste et naturelle ! Je ne chercherai jamais à t'en distraire; de pareilles afflictions ne s'effacent par aucune dissipation, et on ne tient à la vie ...
également des frais de la gravure ( 1 ). Ce sera une véritable consolation pour moi, et mes amis ne me la refuseront pas .
( 1 ) : Ce portrait a été gravé à Vienne par Fischer en 1794. Cette estampe ayant été dès l'origine fort rare, un graveur de Londres, J. Smith, en fit une copie .
Voir la notice iconographique à la fin du volume .
Notice iconographique :
Mme de Sabran- Messages : 55596
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Bibliographie Elisabeth Vigée Le Brun
Est-ce que quelqu'un a idée du portrait duquel il s'agit ?
Mme de Sabran- Messages : 55596
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Bibliographie Elisabeth Vigée Le Brun
C'est peut-être le dessin que tu as posté dans un autre sujet. :
Invité- Invité
Re: Bibliographie Elisabeth Vigée Le Brun
... cette horreur, de la main de Mme Le Brun ?!! àè-è\':
Non, il faut chercher ailleurs .
Mme de Sabran- Messages : 55596
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Bibliographie Elisabeth Vigée Le Brun
Mme de Sabran a écrit:
... cette horreur, de la main de Mme Le Brun ?!! àè-è\':
Non, il faut chercher ailleurs .
Mais si regarde-bien ! La délicatesse des traits, les plissés incomparables des tissus, la courbe gracieuse des plumes... Et si l'on observe attentivement, on trouve des crevettes ornant le magnifique chapeau. :
Invité- Invité
Re: Bibliographie Elisabeth Vigée Le Brun
Elle devrait être facilement reconnaissable, cette gravure, ornée des armes Polastron et Polignac, plus les vers de Vaudreuil .
Mais j'ai beau gambader sur le net tous azimuts , je ne trouve pas .
Mme de Sabran- Messages : 55596
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Bibliographie Elisabeth Vigée Le Brun
Reinette a écrit:Sa vie de couple est une catastrophe qui aura des conséquences terribles sur leur fille. Celle-ci tendrement choyée par sa mère ne cessera de se plaindre qu'auprès de son père ce serait mieux...
Fort heureusement, quand elle deviendra adulte, les deux parents seront assez soudés pour réagir avec cohérence à l'égard de leur fille devenue infréquentable.
Quant à cette relation compliquée de Mme Vigée-Lebrun avec sa fille, Inès de Kertanguy écrit ceci (p.241-243) :
Julie, dite « Brunette », a dix-sept ans, c'est une jeune fille ravissante. Elle a de grands yeux expressifs, un nez légèrement retroussé, une bouche bien dessinée, de très belles dents, une fraîcheur éclatante ; le tout forme un très joli visage. Julie est l'oeuvre la plus achevée de sa mère.
Vers 1799, Elisabeth peint le portrait de sa fille et choisit de la représenter en Flore. Grâce à ce tableau, nous pouvons admirer son visage fin, ses lèvres pleines et bien dessinées, ses cheveux bruns bouclés sur le front. Peut-être aussi peut-on remarquer un air un peu raide, un air d'enfant gâtée... Bien que fort jolie, Julie est loin de posséder la grâce sensuelle de sa mère, son sourire paraît retenu, son regard froid.
Julie a reçu la meilleure éducation possible et elle est une jeune fille accomplie. Elle parle plusieurs langues : l'italien, l'allemand, le russe parfaitement. Dans le sillage de sa mère elle a connu beaucoup de pays, elle a eu l'occasion de côtoyer des mondes différents et, dans chaque ville, elle a reçu les meilleurs maîtres. Elle joue du piano, de la guitare, elle chante à merveille et possède d'heureuses dispositions pour la peinture.
Sa mémoire, nous assure encore sa mère, est « prodigieuse » ; tout ce qu'elle apprend lui reste présent.
Enfin elle est, à n'en pas douter, une enfant douée. Elle allie savoir et vivacité, et, depuis sa plus tendre enfance, côtoie la meilleure société.
Si cette vie de nomade a enrichi l'esprit de l'enfant, elle l'a aussi rendue plus romantique que les jeunes filles de son âge. De caractère volontairement fantasque, Elisabeth n'hésitait pas à réveiller sa fille en pleine nuit pour lui faire admirer un clair de lune. Un soir, alors que le vent joue dans les arbres énormes qui bordent le lac de Mémi, l'enfant s'écrie affolée :
- Ils sont vivants, Maman, je t'assure qu'ils sont vivants !
(...)
Julie faisait toujours des remarques au-dessus de son âge. Sa récréation favorite était de composer des romans. Revenant de ses soirées, Elisabeth trouvait parfois l'enfant endormie, une plume à la main. Et quand elle l'obligeait à se mettre au lit, il n'était pas rare qu'elle se relevât en cachette pour achever un chapitre. A neuf ans, elle avait écrit son premier roman, que sa mère qualifiera de « remarquable »...
Mais voilà que l'enfant s'est muée en une jeune fille de dix-sept ans, un âge où les rêves prennent corps, et Brunette tombe amoureuse de M. Nigris, célibataire endurci d'une bonne trentaine d'années.
Ses douces manières, son regard mélancholique et sa pâleur lui donnent un air intéressant et romanesque ; mais il n'est que le secrétaire du comte de Czernicheff et ses seuls talents sont une belle écriture et quelques dons pour le dessin... A part cela, il est sans fortune et sans nom.
Elisabeth, qui s'est faite toute seule et qui s'est battue pour arriver, qui a travaillé dès l'âge de treize ans, Elisabeth, qui, mieux que quiconque, connaît le prix de la réussite, tente de raisonner sa fille, mais celle-ci se croit amoureuse et n'écoute personne.
(...)
Elle obéit une dernière fois à « Brunette » en acceptant un mariage que son instinct de femme et de mère sait voué à l'échec. Le lendemain de la nuit de noces, l'artiste rend visite à sa fille et elle constate avec peine qu'elle ne semble guère éclatante de bonheur...
Quelques années plus tôt, une autre jeune fille nommée Elisabeth Vigée qui, elle, s'était mariée par obéissance à sa mère, s'était montrée, dès le lendemain de ses noces, « sans exaltation sur son bonheur »...
Mais, contrairement au sien, ce mariage a été contracté par amour, ou, plus exactement, par caprice, car quinze jours plus tard, se retrouvant chez sa fille, Elisabeth s'inquiète :
- Tu es bien heureuse, j'espère, maintenant que tu l'as épousé ?
Et la nouvelle belle-mère de raconter : « M. de Nigris qui causait avec quelqu'un, nous tournait le dos et comme il était fort enrhumé il avait sur ses épaules une grande houppelande. Elle me répondit :
- Je t'avoue que cette robe fourrée me désenchante ; comment veux-tu que l'on soit éprise d'une tournure pareille ?
Et voilà que la robe fourrée suffit à « désenchanter » une petite fille capricieuse.
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Comte d'Hézècques- Messages : 4390
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Bibliographie Elisabeth Vigée Le Brun
Comte d'Hézècques a écrit:
Julie, dite « Brunette »
Je croyais que c'était " Prune " !
Mme de Sabran- Messages : 55596
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Bibliographie Elisabeth Vigée Le Brun
Moi aussi... me serais-je trompé?Mme de Sabran a écrit:Je croyais que c'était " Prune " !
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Bibliographie Elisabeth Vigée Le Brun
Moi je le croyais le tenant de toi ! : : :
Mme de Sabran- Messages : 55596
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
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