L'impératrice Cixi, biographie de Jung Chang
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Mme de Sabran
La nuit, la neige
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Re: L'impératrice Cixi, biographie de Jung Chang
Dieu que cela me paraît primaire tout cela... Il n'y a ni grandeur ni humanité.
Il n'y a que servilité; être entourée d'eunuques pour être surveillée ? ... Je réclame le viol !
Merci pour toutes ces infos qui me chiffonnent terriblement sur l'ascendance de ce pays. boudoi32
Il n'y a que servilité; être entourée d'eunuques pour être surveillée ? ... Je réclame le viol !
Merci pour toutes ces infos qui me chiffonnent terriblement sur l'ascendance de ce pays. boudoi32
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Comtesse Diane- Messages : 7397
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Re: L'impératrice Cixi, biographie de Jung Chang
Merci, cher ami, c'est un plaisir de suivre ce feuilleton impérial pékinois !!! :n,,;::::!!!: :n,,;::::!!!: :n,,;::::!!!:
J'aime beaucoup cette histoire d'amitié entre l'impératrice Zhen et Cixi .
J'attends la suite en trépignant d'impatience !!!
Te souviens-tu, dans cette émission que nous avons regardée dernièrement sur Versailles à l'heure de la République, Valéry Giscard d'Estaing disait qu'un seul palais au monde pouvait rivaliser avec Versailles : La Cité interdite des empereurs de Chine !
C'est une destination que je me promets bien aussi !!! :n,,;::::!!!:
J'aime beaucoup cette histoire d'amitié entre l'impératrice Zhen et Cixi .
J'attends la suite en trépignant d'impatience !!!
La nuit, la neige a écrit:Cixi s'installe donc cet été là dans le "harem", zone de la Cité interdite destinée aux femmes.
L'impératrice y disposait d'un palais, et les concubines, de logements individuels meublés et décorés (qu'elles n'avaient guère la possibilité de personnaliser).
Te souviens-tu, dans cette émission que nous avons regardée dernièrement sur Versailles à l'heure de la République, Valéry Giscard d'Estaing disait qu'un seul palais au monde pouvait rivaliser avec Versailles : La Cité interdite des empereurs de Chine !
C'est une destination que je me promets bien aussi !!! :n,,;::::!!!:
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Mme de Sabran- Messages : 55517
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Re: L'impératrice Cixi, biographie de Jung Chang
Oui, oui...Je me souviens surtout d'avoir pensé à ce moment là : quel orgueil, typiquement français ! boudoi29Mme de Sabran a écrit:
Te souviens-tu, dans cette émission que nous avons regardée dernièrement sur Versailles à l'heure de la République, Valéry Giscard d'Estaing disait qu'un seul palais au monde pouvait rivaliser avec Versailles : La Cité interdite des empereurs de Chine !
Car enfin, tout dépend des "points de comparaison", et ce que l'on entend par "rivaliser" ?
En quoi ?
Taille ? Histoire ? Renommée ? Trésors architecturaux (qui ne se comparent pas) etc. ?
L'ensemble architectural du Palais d'été, que Français et Anglais ont pillé et incendié, était une autre merveille exceptionnelle.
Cixi en reconstruira une partie...j'en reparlerai.
Enfin, bref, tout est question d'appréciation.
Et sans avoir besoin de traverser la planète, j'ai déjà, personnellement, trouvé Caserte bien plus scotchant que Versailles.
Dernière édition par La nuit, la neige le Dim 01 Nov 2015, 20:29, édité 1 fois
La nuit, la neige- Messages : 18138
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Re: L'impératrice Cixi, biographie de Jung Chang
La nuit, la neige a écrit:
Car enfin, tout dépend des "points de comparaison", et ce que l'on entend par "rivaliser" ?
Je ne jurerais pas que c'était son propre terme ... Peut-être a-t-il simplement dit " être comparable à " ?
C'est vrai, Caserte est une merveille !!! :c^ùù!!:
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Mme de Sabran- Messages : 55517
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'impératrice Cixi, biographie de Jung Chang
Je me souviens d'avoir pensé ce que j'ai cité dans mon message précédent.Mme de Sabran a écrit:
Peut-être a-t-il simplement dit " être comparable à " ?
Donc, pour moi, c'est du pareil au même. :
La nuit, la neige- Messages : 18138
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Re: L'impératrice Cixi, biographie de Jung Chang
... bon !
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Mme de Sabran- Messages : 55517
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'impératrice Cixi, biographie de Jung Chang
C'est passionnant !!! :n,,;::::!!!: Merci !
En fait, cela me fait un peu penser à Catherine II de Russie. Princesse pas du tout destinée à régner et qui réussit à arriver au plus haut poste, essentiellement par intrigues. Prête à réformer en profondeur son pays campé sur ses traditions. Qui ne veut à aucun prix lâcher le pouvoir...
Il y a un détail que je n'ai pas tout à fait saisi : son époux a choisi ses épouses durant son deuil, qui dura deux ans, et ceci dans l'abstinence ? A dix-neuf ans ? Pauvre gosse, c'est possible deux ans sans rien faire à cet âge ? :
Je comprends qu'après, une fois marié à quantités de femmes, il soit devenu chgaud lapin ! :
L'impératrice est choisie comment ? Parce que la plus "titrée", la plus importante diplomatiquement ou parce qu'elle a réussi à se faire remarquer parmi les nombreuses concubines ?
Et merci encore pour ces explications Mandchous/Hans. Je comprends mieux certaines choses désormais. Notamment sur les détails des pieds. Non, ce n'est pas érotique, je m'insurge ! :
En fait, cela me fait un peu penser à Catherine II de Russie. Princesse pas du tout destinée à régner et qui réussit à arriver au plus haut poste, essentiellement par intrigues. Prête à réformer en profondeur son pays campé sur ses traditions. Qui ne veut à aucun prix lâcher le pouvoir...
Il y a un détail que je n'ai pas tout à fait saisi : son époux a choisi ses épouses durant son deuil, qui dura deux ans, et ceci dans l'abstinence ? A dix-neuf ans ? Pauvre gosse, c'est possible deux ans sans rien faire à cet âge ? :
Je comprends qu'après, une fois marié à quantités de femmes, il soit devenu chgaud lapin ! :
L'impératrice est choisie comment ? Parce que la plus "titrée", la plus importante diplomatiquement ou parce qu'elle a réussi à se faire remarquer parmi les nombreuses concubines ?
Et merci encore pour ces explications Mandchous/Hans. Je comprends mieux certaines choses désormais. Notamment sur les détails des pieds. Non, ce n'est pas érotique, je m'insurge ! :
Invité- Invité
Re: L'impératrice Cixi, biographie de Jung Chang
Reinette a écrit:
Il y a un détail que je n'ai pas tout à fait saisi : son époux a choisi ses épouses durant son deuil, qui dura deux ans, et ceci dans l'abstinence ? A dix-neuf ans ? Pauvre gosse, c'est possible deux ans sans rien faire à cet âge ?
... taratata, à d'autres !!! :
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Mme de Sabran- Messages : 55517
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'impératrice Cixi, biographie de Jung Chang
Un peu oui, tu as raison.Reinette a écrit:
En fait, cela me fait un peu penser à Catherine II de Russie. Princesse pas du tout destinée à régner et qui réussit à arriver au plus haut poste, essentiellement par intrigues. Prête à réformer en profondeur son pays campé sur ses traditions. Qui ne veut à aucun prix lâcher le pouvoir...
Elles ont en commun une grande pugnacité, la volonté de réformer leur empire (en composant toutefois avec les traditions, spécificités, la politique intérieure et extérieure), savoir utiliser les capacités des autres, et le goût du pouvoir...évidemment.
A la différence près que Cixi devra dans un premier temps composer avec l'impératrice en titre, puis avec les empereurs successifs : elle n'est que douairière (ou régente).
C'est à la fois beaucoup mais pas toujours suffisant pour être "légitimement" avec les pleins pouvoirs.
Elle devra beaucoup plus composer que Catherine, et rongera souvent son frein en retrait : l'image de l'impératrice planquée derrière un paravent, dans le dos de l'empereur, est vraie ; et elle sera confrontée à des périodes où elle est complètement écartée (officiellement) du pouvoir.
Reinette a écrit:Il y a un détail que je n'ai pas tout à fait saisi : son époux a choisi ses épouses durant son deuil, qui dura deux ans, et ceci dans l'abstinence ? A dix-neuf ans ? Pauvre gosse, c'est possible deux ans sans rien faire à cet âge ?
Les usages des deuils à la cour impériale sont très intéressants.
Je reviendrai faire un petit topo à ce sujet.
Un peu tout ça.Reinette a écrit:L'impératrice est choisie comment ? Parce que la plus "titrée", la plus importante diplomatiquement ou parce qu'elle a réussi à se faire remarquer parmi les nombreuses concubines ?
Et l'impératrice douairière (mère de l'empereur) avait son mot à dire.
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: L'impératrice Cixi, biographie de Jung Chang
Je reviens sur cette histoire des pieds bandés des petites filles .
La nuit, la neige a écrit:J'ajoute que c'est l'impératrice qui a mis officiellement un terme à cette pratique, par décret.
Mais elle savait que la tradition ne disparaitrait pas du jour au lendemain.
Elle a dû faire face à une opposition masculine de masse !
En quelle année a-t-elle fait promulguer ce décret ?
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Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'impératrice Cixi, biographie de Jung Chang
En 1902, en même temps qu'une loi autorisant le mariage entre communautés différentes, et d'autres qui gommaient (un peu) la ségrégation entre les sexes.Mme de Sabran a écrit:
En quelle année a-t-elle fait promulguer ce décret ?
Mais comme je l'ai dit, elle savait que les traditions se perpétueraient sur une, voire deux générations encore.
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: L'impératrice Cixi, biographie de Jung Chang
... donc bien avant la révolution chinoise !
Tout d'abord, les pieds sont trempés dans un mélange d'herbes et de sang d'animal, afin de l'amollir. Puis, les ongles sont coupés aussi courts que possible, afin d'éviter qu'ils s'incarnent et ne provoquent des infections. Les quatre petits orteils sont ensuite brisés, et recourbés avec force sous le pied avec des bandages de coton. Le gros orteil lui, est laissé en grande partie intact.
Le reste du pied est ensuite enveloppé dans un bandage très serré, de sorte à ce que le talon se rapproche des orteils. La voûte plantaire se plie alors, et se brise. À chaque couche de tissu enroulé, la femme en charge de l'opération resserre l'étau. Les bandages sont cousus à des endroits divers afin de s'assurer qu'ils tiennent bon !
... etc ...
J'arrête là, c'est trop épouvantable ! àè-è\': Presque pire que les brodequins !!!
Pour en savoir plus ( coeurs sensibles s'abstenir ) :
http://www.pausecafein.fr/culture/femme-chinoise-pied-bandes-deforme-tradition-mode-handicap.html
Tout d'abord, les pieds sont trempés dans un mélange d'herbes et de sang d'animal, afin de l'amollir. Puis, les ongles sont coupés aussi courts que possible, afin d'éviter qu'ils s'incarnent et ne provoquent des infections. Les quatre petits orteils sont ensuite brisés, et recourbés avec force sous le pied avec des bandages de coton. Le gros orteil lui, est laissé en grande partie intact.
Le reste du pied est ensuite enveloppé dans un bandage très serré, de sorte à ce que le talon se rapproche des orteils. La voûte plantaire se plie alors, et se brise. À chaque couche de tissu enroulé, la femme en charge de l'opération resserre l'étau. Les bandages sont cousus à des endroits divers afin de s'assurer qu'ils tiennent bon !
... etc ...
J'arrête là, c'est trop épouvantable ! àè-è\': Presque pire que les brodequins !!!
Pour en savoir plus ( coeurs sensibles s'abstenir ) :
http://www.pausecafein.fr/culture/femme-chinoise-pied-bandes-deforme-tradition-mode-handicap.html
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Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'impératrice Cixi, biographie de Jung Chang
,;;^)àà:
Je suis horrifié de découvrir cette barbarie !
Cela se faisait à quel âge?
Bien à vous...et à vos pieds ! :
Je suis horrifié de découvrir cette barbarie !
Cela se faisait à quel âge?
Bien à vous...et à vos pieds ! :
Invité- Invité
Re: L'impératrice Cixi, biographie de Jung Chang
...ça continue :
Tous les deux ou trois jours, les pieds de l'enfant sont déliés. Un grand soin est apporté alors au pied ! Il est lavé, les ongles sont coupés et les chairs nécrosées sont retirées. Le pire, est que souvent, les pieds doivent être pétris et même battus, pour rendre les articulations plus flexibles ! À chaque fois que le bandage est remis toutefois, il est un peu plus resserré !
L'opération comporte bien sûr beaucoup de risques ! Pendant les années de croissance de la jeune fille, ses ongles peuvent ouvrir une plaie dans son pied s'ils ne sont pas bien coupés. C'est alors l'infection assurée ! Si les pieds s'avèrent trop serrés, la gangrène peut même s'installer. Même lorsque tout est fait à la perfection, les pieds peuvent toujours se gonfler de pus. La peau risque alors de s'ouvrir d'elle-même, causant d'autant plus de souffrances en plus d'une odeur nauséabonde !
L'un des pires éléments de cette tradition est qu'elle ne se termine jamais vraiment. Même une fois adulte et leur croissance achevée, les Chinoises doivent s'occuper de leurs pieds pour le restant de leurs jours. Ils sont liés, déliés, lavés, et durement traités jusqu'à la mort. Toute interruption pourrait les faire se déformer de manière non contrôlée, ce qui serait tout aussi douloureux que le processus de liaison !
Bien à vous.
Tous les deux ou trois jours, les pieds de l'enfant sont déliés. Un grand soin est apporté alors au pied ! Il est lavé, les ongles sont coupés et les chairs nécrosées sont retirées. Le pire, est que souvent, les pieds doivent être pétris et même battus, pour rendre les articulations plus flexibles ! À chaque fois que le bandage est remis toutefois, il est un peu plus resserré !
L'opération comporte bien sûr beaucoup de risques ! Pendant les années de croissance de la jeune fille, ses ongles peuvent ouvrir une plaie dans son pied s'ils ne sont pas bien coupés. C'est alors l'infection assurée ! Si les pieds s'avèrent trop serrés, la gangrène peut même s'installer. Même lorsque tout est fait à la perfection, les pieds peuvent toujours se gonfler de pus. La peau risque alors de s'ouvrir d'elle-même, causant d'autant plus de souffrances en plus d'une odeur nauséabonde !
L'un des pires éléments de cette tradition est qu'elle ne se termine jamais vraiment. Même une fois adulte et leur croissance achevée, les Chinoises doivent s'occuper de leurs pieds pour le restant de leurs jours. Ils sont liés, déliés, lavés, et durement traités jusqu'à la mort. Toute interruption pourrait les faire se déformer de manière non contrôlée, ce qui serait tout aussi douloureux que le processus de liaison !
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: L'impératrice Cixi, biographie de Jung Chang
Cette tradition serait née au 10ème siècle de notre ère. La concubine favorite de l'empereur Li Yu, danse pour lui. Son nom est Yao Niang. Lors de sa performance, elle évolue en rétractant ses orteils, ses pieds dans un ornement en forme de lotus. Non seulement cela modifie la forme de ses pieds, mais cela donne à son corps une position très sensuelle, qui semble être supportée par ses cuisses et son fessier.
Ainsi, dès le début, le fait de bander ses pieds est un acte teinté d'érotisme. Les rivales de Yao Niang auraient tenté de l'imiter en liant leurs pieds à leur tour, afin de gagner les faveurs de l'empereur ! C'est de cette manière que cette pratique aurait commencé à se répandre parmi les femmes de la cour de Chine !
Au 12ème siècle, les pieds bandés se sont très vite répandus. De plus en plus de jeunes filles sont soumises à cette mode. Au 17ème siècle, au début de la dynastie Qing, chaque fille qui souhaite se marier doit avoir les pieds bandés ! C'est un symbole de leur statut social : une femme avec ce genre de pieds n'a pas besoin de travailler !
Seules les femmes au statut plus modeste, les plus pauvres, ne se bandent pas les pieds. Elles ne peuvent se le permettre, surtout les pêcheuses : un tel handicap les empêcherait de tenir en équilibre sur un bateau !
Bien à vous.
Ainsi, dès le début, le fait de bander ses pieds est un acte teinté d'érotisme. Les rivales de Yao Niang auraient tenté de l'imiter en liant leurs pieds à leur tour, afin de gagner les faveurs de l'empereur ! C'est de cette manière que cette pratique aurait commencé à se répandre parmi les femmes de la cour de Chine !
Au 12ème siècle, les pieds bandés se sont très vite répandus. De plus en plus de jeunes filles sont soumises à cette mode. Au 17ème siècle, au début de la dynastie Qing, chaque fille qui souhaite se marier doit avoir les pieds bandés ! C'est un symbole de leur statut social : une femme avec ce genre de pieds n'a pas besoin de travailler !
Seules les femmes au statut plus modeste, les plus pauvres, ne se bandent pas les pieds. Elles ne peuvent se le permettre, surtout les pêcheuses : un tel handicap les empêcherait de tenir en équilibre sur un bateau !
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: L'impératrice Cixi, biographie de Jung Chang
C'est pas le pied ! ;;;; boudoi26 ;;;;
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Mme de Sabran- Messages : 55517
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'impératrice Cixi, biographie de Jung Chang
C'est particulièrement horrible. Et en quoi, cela est-il érotique ?
Invité- Invité
Re: L'impératrice Cixi, biographie de Jung Chang
C'est un prétexte .
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Mme de Sabran- Messages : 55517
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'impératrice Cixi, biographie de Jung Chang
Mme de Sabran a écrit:C'est un prétexte .
Oui, humilier, faire souffrir les femmes, les rendre dépendantes, soumises et dociles.
C'est assez partagé culturellement... àè-è\': boudoi29
Invité- Invité
Re: L'impératrice Cixi, biographie de Jung Chang
Bon...il est temps de sortir de ce musée des horreurs, pitié ! àè-è\':
Je reprends donc le fil du récit :
Peu avant son accouchement, à une date favorable déterminée par l'astrologue de la cour, on creusa un "trou de joie" derrière le logement de Cixi.
On y plaça des baguettes enveloppées dans de la soie rouge auprès de huit trésors (dont de l'or et de l'argent).
Le mot "baguettes" se prononce kuai-zi, tout comme "engendrer rapidement un fils".
On enterrerait dans ce trou le placenta et le cordon ombilical.
La naissance du fils de Cixi, premier descendant mâle de l'empereur, créé l'évènement à la cour.
Une frénésie de célébrations en l'honneur du nouveau-né prénommé Zaichun (plus tard couronné empereur sous le nom de Tongzhi) s'empara de la cour.
L'empereur Xianfeng n'avait à ce moment là qu'une fille, la Grande princesse, née d'une concubine entrée à la cour en même temps que Cixi.
Bien que plus âgée que son frère, elle sera toujours distinguée comme plus petite que lui sur les quelques rares représentations de leur enfance.
En tant que concubine, Cixi n'est pas la mère officielle du nouvel empereur, ce rôle revenait à l'impératrice Zhen, qui prit aussitôt le titre d'impératrice douairière.
Bien que Cixi bénéficiât d'un rang supérieur dans la hiérarchie des concubines, aucun titre ne lui échut.
Moins de cinq ans plus tard, à la mort du père de l'enfant, elle n'accompagnera pas même son fils dire adieu à son défunt père.
Il fallait à Cixi le titre d'impératrice douairière pour obtenir le statut de mère de l'empereur, sans cela elle resterait simple concubine.
A ce moment là, plutôt que de s'affronter, les deux femmes trouvèrent à nouveau une solution rapide à leur différend.
La consultation des archives de la cour révéla qu'un tel problème s'était déjà posé par le passé : dans les années 1660, une concubine avait obtenu le titre d'impératrice douairière.
Il y en avait eu alors deux en même temps.
L'amitié des deux femmes (mais nous verrons pourquoi plus tard ) en sortit indemne et, à compter de ce jour, on les qualifia l'une et l'autre d'impératrice douairière.
C'est à ce moment là que, par souci de se distinguer, elles s'attribuèrent chacune un nouveau nom honorifique.
L'impératrice Zhen prit celui de "Ci'an tandis que celle que l'on connaissait alors en tant que concubine impériale Yi opta pour celui de Cixi.
Mais revenons en arrière ! àè-è\':
L'étiquette lui interdisant de lui donner le sein, des médecins lui prescrivirent des remèdes à base d'herbes pour tarir son lait, et l'on engagea une nourrice mandchoue de basse extraction satisfaisant aux exigences de la cour.
Grâce à la naissance de son fils, devint rapidement la concubine la plus en vue après l'impératrice Zhen.
Deux ans plus tard, la mort d'un second fils de l'empereur, quelques heures après sa naissance, conforta encore la position de Cixi.
Elle en profita pour convaincre son époux d'unir sa propre soeur de dix-huit ans à un un jeune demi-frère de l'empereur, le prince Chun, âge de dix neuf ans (c'est important pour la suite des évènements... ).
Comme je l'ai déjà précisé, c'était à l'empereur de choisir les concubines des princes parmi les candidates à son propre harem.
1856 n'est pas seulement l'année de naissance du fils de Cixi, mais aussi celle d'un incident à propos d'un vaisseau anglais baptisé Arrow, qui déclencha ce que l'on appelle la Seconde guerre de l'Opium (1856-1860).
Déjà fortement malmené par la Première guerre de l'Opium et la révolte des Taiping, rabaissé par l'indigne traité de Nankin, l'empire chinois vacille.
Xienfeng, l'époux de Cixi, qui déteste les Occidentaux pour tous les maux qu'ils ont infligés à son empire, se bat bec et ongle pour tenter de les maintenir hors de Chine.
Je reprends donc le fil du récit :
Mme de Sabran a écrit: le 27 avril 1856, elle donne naissance à un fils, Zaichun, et devient après l’impératrice la femme la plus importante de Chine.
L’éducation du prince est confiée à Ci’an et aux eunuques de la cour...
Peu avant son accouchement, à une date favorable déterminée par l'astrologue de la cour, on creusa un "trou de joie" derrière le logement de Cixi.
On y plaça des baguettes enveloppées dans de la soie rouge auprès de huit trésors (dont de l'or et de l'argent).
Le mot "baguettes" se prononce kuai-zi, tout comme "engendrer rapidement un fils".
On enterrerait dans ce trou le placenta et le cordon ombilical.
La naissance du fils de Cixi, premier descendant mâle de l'empereur, créé l'évènement à la cour.
Une frénésie de célébrations en l'honneur du nouveau-né prénommé Zaichun (plus tard couronné empereur sous le nom de Tongzhi) s'empara de la cour.
L'empereur Xianfeng n'avait à ce moment là qu'une fille, la Grande princesse, née d'une concubine entrée à la cour en même temps que Cixi.
Bien que plus âgée que son frère, elle sera toujours distinguée comme plus petite que lui sur les quelques rares représentations de leur enfance.
En tant que concubine, Cixi n'est pas la mère officielle du nouvel empereur, ce rôle revenait à l'impératrice Zhen, qui prit aussitôt le titre d'impératrice douairière.
Bien que Cixi bénéficiât d'un rang supérieur dans la hiérarchie des concubines, aucun titre ne lui échut.
Moins de cinq ans plus tard, à la mort du père de l'enfant, elle n'accompagnera pas même son fils dire adieu à son défunt père.
Il fallait à Cixi le titre d'impératrice douairière pour obtenir le statut de mère de l'empereur, sans cela elle resterait simple concubine.
A ce moment là, plutôt que de s'affronter, les deux femmes trouvèrent à nouveau une solution rapide à leur différend.
La consultation des archives de la cour révéla qu'un tel problème s'était déjà posé par le passé : dans les années 1660, une concubine avait obtenu le titre d'impératrice douairière.
Il y en avait eu alors deux en même temps.
L'amitié des deux femmes (mais nous verrons pourquoi plus tard ) en sortit indemne et, à compter de ce jour, on les qualifia l'une et l'autre d'impératrice douairière.
C'est à ce moment là que, par souci de se distinguer, elles s'attribuèrent chacune un nouveau nom honorifique.
L'impératrice Zhen prit celui de "Ci'an tandis que celle que l'on connaissait alors en tant que concubine impériale Yi opta pour celui de Cixi.
Mais revenons en arrière ! àè-è\':
L'étiquette lui interdisant de lui donner le sein, des médecins lui prescrivirent des remèdes à base d'herbes pour tarir son lait, et l'on engagea une nourrice mandchoue de basse extraction satisfaisant aux exigences de la cour.
Grâce à la naissance de son fils, devint rapidement la concubine la plus en vue après l'impératrice Zhen.
Deux ans plus tard, la mort d'un second fils de l'empereur, quelques heures après sa naissance, conforta encore la position de Cixi.
Elle en profita pour convaincre son époux d'unir sa propre soeur de dix-huit ans à un un jeune demi-frère de l'empereur, le prince Chun, âge de dix neuf ans (c'est important pour la suite des évènements... ).
Comme je l'ai déjà précisé, c'était à l'empereur de choisir les concubines des princes parmi les candidates à son propre harem.
1856 n'est pas seulement l'année de naissance du fils de Cixi, mais aussi celle d'un incident à propos d'un vaisseau anglais baptisé Arrow, qui déclencha ce que l'on appelle la Seconde guerre de l'Opium (1856-1860).
Déjà fortement malmené par la Première guerre de l'Opium et la révolte des Taiping, rabaissé par l'indigne traité de Nankin, l'empire chinois vacille.
Xienfeng, l'époux de Cixi, qui déteste les Occidentaux pour tous les maux qu'ils ont infligés à son empire, se bat bec et ongle pour tenter de les maintenir hors de Chine.
A suivre....
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: L'impératrice Cixi, biographie de Jung Chang
La nuit, la neige a écrit:
Bon...il est temps de sortir de ce musée des horreurs, pitié ! àè-è\':
Oui, oui ! Faisons feu des deux fuseaux, nous qui n'avons pas les pieds bandés !!!
La nuit, la neige a écrit:
Je reprends donc le fil du récit :
Peu avant son accouchement, à une date favorable déterminée par l'astrologue de la cour, on creusa un "trou de joie" derrière le logement de Cixi.
On y plaça des baguettes enveloppées dans de la soie rouge auprès de huit trésors (dont de l'or et de l'argent).
Le mot "baguettes" se prononce kuai-zi, tout comme "engendrer rapidement un fils".
On enterrerait dans ce trou le placenta et le cordon ombilical.
Et si l'enfant n'avait pas été un garçon ?
la nuit, la neige a écrit:
L'amitié des deux femmes (mais nous verrons pourquoi plus tard ) en sortit indemne
Tu sais entretenir le suspens !
la nuit, la neige a écrit:
Elle en profita pour convaincre son époux d'unir sa propre soeur de dix-huit ans à un un jeune demi-frère de l'empereur, le prince Chun, âge de dix neuf ans (c'est important pour la suite des évènements... ).
... déjà du népotisme !
la nuit, la neige a écrit:
Déjà fortement malmené par la Première guerre de l'Opium et la révolte des Taiping, rabaissé par l'indigne traité de Nankin, l'empire chinois vacille.
Xienfeng, l'époux de Cixi, qui déteste les Occidentaux pour tous les maux qu'ils ont infligés à son empire, se bat bec et ongle pour tenter de les maintenir hors de Chine.
Ah ! il fallait bien que la politique finisse par s'en mêler !
Ton récit est haletant et passionnant !
Quel dépaysement pour nous qui glissons toujours sur les parquets de Versailles !
Quoique l'action ne se passait pas derrière les épaisses murailles de la Cité Interdite, ces emberlificotages d'étiquette dans le harem de Xiafeng me rappellent le film splendide de Zhang Yimou, Epouses et concubines .
Attention, chef d'oeuvre absolu !!! ( quasiment tragédie grecque à la sauce Chop Suey )
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Mme de Sabran- Messages : 55517
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: L'impératrice Cixi, biographie de Jung Chang
La nuit, la neige a écrit:
1856 n'est pas seulement l'année de naissance du fils de Cixi, mais aussi celle d'un incident à propos d'un vaisseau anglais baptisé Arrow, qui déclencha ce que l'on appelle la Seconde guerre de l'Opium(1856-1860).
Déjà fortement malmené par la Première guerre de l'Opium et la révolte des Taiping, rabaissé par l'indigne traité de Nankin, l'empire chinois vacille.
Xienfeng, l'époux de Cixi, qui déteste les Occidentaux pour tous les maux qu'ils ont infligés à son empire, se bat bec et ongle pour tenter de les maintenir hors de Chine.
Je poursuis mon récit, mais je suis paralysé par l'énorme montagne à franchir pour évoquer ici la première guerre de l'opium, et la révolte des Taiping.
C'est bien trop long, quoique cela reste important pour appréhender le contexte politique intérieur et extérieur du moment...
Je vais donc tenter de faire bref pour cette petite mais nécessaire mise en contexte historique !!
Un siècle plus tôt (milieu et fin du XVIIIè siècle) :
L'empereur Qianlong (qui régna près des 60 ans de 1736 à 1795) ferme encore davantage la Chine aux étrangers qui essaient de s'y incruster depuis des siècles (missionnaires, entrepreneurs commerciaux, diplomates).
Seul le port commercial de Canton reste ouvert aux étrangers, où ils doivent impérativement restés bien cantonnés....boudoi32
Si le sujet vous intéresse (en anglais) : https://en.wikipedia.org/wiki/Thirteen_Factories
Nous connaissons l'engouement de toute l'Europe d'alors pour les "chinoiseries" : les exportations commerciales sont très importantes.
A celles-ci s'ajoutent, et plus particulièrement pour les Anglais, celles du thé (qu'ils consomment en énorme quantité) et la soie (en cette fin de XVIIIè siècle, elle n'est plus guère à la "mode" en France).
Or, en retour, la Chine n'achète rien (aucun besoin), et ne veut rien qui vient de l'Occident !
Nous avions évoqué ici la fameuse ambassade de Lord Macartney (1793) qui, après des péripéties folles, parvient toutefois à se rendre à Pékin et tente de négocier avec l'empereur notamment : l'ouverture de nouveaux ports commerciaux ; la possibilité d'installer des ambassades étrangères dans la capitale ; l'acquisition d'une petite île le long des côtes de la Chine pour que s'y établissent des négociants ou pour y entreposer des marchandises ; ou encore l'autorisation "officielle" pour des missions chrétiennes d'entrer en Chine (quoique les jésuites y officient depuis longtemps déjà, et y sont vaguement "tolérés") etc.
Pour diverses raisons (et notamment protocolaires), l'ambassade se solde par un échec.
Lord Macartney est prié de quitter la Chine le plus rapidement possible.
Il n'obtient rien.
Quianlong adressera même un courrier agressif au roi Georges III le menaçant de recourir à la force au cas où des navires marchands britanniques accosteraient en Chine : "N'allez pas me reprocher de ne pas vous avoir mis en garde".
Si le sujet vous intéresse (en anglais) : https://en.wikipedia.org/wiki/Macartney_Embassy
J'avais également, et déjà, recommandé la lecture de ce livre.
Quoique occidentalo-centré (les Anglais = le progrès / Les Chinois = un empire "immobile" donc englué dans ses traditions), le récit de cette ambassade n'en reste pas moins passionnant !! Mais ce serait l'occasion d'un autre vaste sujet...
L'empire immobile
de Roger Peyrefitte
Présentation :
Saviez-vous qu'en pleine Révolution française, les Anglais avaient envoyé une expédition de cinq voiliers et sept cents hommes dans l'Empire chinois, pour l'amener à " s'ouvrir " à eux ?
Qu'ils entendaient, bien qu'ils ne fussent encore que huit millions, négocier fièrement d'égal à égal avec un pays qui en comptait déjà trois cent trente, le tiers de l'humanité ? Que la Chine, considérant qu'elle était " la seule civilisation sous le Ciel ", repoussa brutalement toutes leurs demandes ?
Qu'elle traita leurs envoyés comme des prisonniers de marque ? Qu'ils furent soumis, de Macao à la Tartarie, à travers les rites de la Cour et les surprises de la Ville, parmi les bureaucrates célestes et les missionnaires-otages à un véritable voyage initiatique ?
Que cette occasion historique fut un rendez-vous manqué ?
En 1816, les Britanniques tentent une deuxième ambassade, dirigée par Lord Amherst : c'est à nouveau un fiasco !
A son retour, il fera même naufrage à Saint-Hélène, où il s'entretiendra longtemps avec Napoléon... :
Ainsi les successeurs de Qianlong (son fils, et son petit-fils) s'en tinrent à la même ligne de conduite, alors que l'empire s'affaiblissait de plus en plus (notamment les progrès techniques du XIXè siècle, et en particulier militaires) : pas ou très peu de contacts (y compris commerciaux) avec l'Occident !
Frustrés de ne pouvoir commercer avec la Chine, et souhaitant "rééquilibrer" la balance commerciale entre les deux pays, les Britanniques décident de forcer l'ouverture de cette porte jusqu'à présent fermée.
La Première guerre de l'opium sera cette occasion, et le premier affrontement militaire entre la Chine et l'Occident.
........ A suivre !
Dernière édition par La nuit, la neige le Ven 06 Nov 2015, 22:19, édité 1 fois
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: L'impératrice Cixi, biographie de Jung Chang
Je me régale de cette histoire ! Merci.
Invité- Invité
Re: L'impératrice Cixi, biographie de Jung Chang
La Première guerre de l'opium (1839-1842)
Pour l'instant, quelques rares occidentaux sont donc confinés à Canton, dans leurs "factories".
Seuls quelques marchands chinois sont autorisés à traiter avec les "barbares", afin d'exporter de la marchandise (porcelaine, thé, laque, soie etc.).
De son côté, la Chine n'importe rien, ou très peu.
Ce qui enrage les européens, et en particulier les Anglais qui ont seuls, à cette époque, une flotte (commerciale et militaire) suffisamment importante pour conquérir le monde.
La puissante Compagnie des Indes Orientales ne se satisfait absolument pas de ce déséquilibre commercial.
Un produit d'appel semble parfaitement convenir : l'opium, produit et exploité en Inde, proche de l'empire chinois.
La contrebande et le marché noir s'organisent, avec la complicité de quelques intermédiaires chinois : le pays est alors gangrené par une corruption généralisée.
Clandestinement, les Anglais (en grande majorité) importent l'opium, officiellement à des fins thérapeutiques, alors que Pékin interdisait depuis 1800 son importation, sa culture et bien évidemment sa consommation.
Très rapidement pourtant, la drogue touche toutes les couches de la population, et l'empire chinois ne sait plus quoi faire pour stopper le phénomène qui prend une ampleur inquiétante (commerçants anglais et chinois corrompus, douaniers ou même hauts fonctionnaires impériaux, s'en donnent à coeur joie).
En 1834, alors que la Compagnie des Indes Orientales vient d'être dissoute, le gouvernement anglais envoie Lord Napier en Chine.
Il est notamment chargé d'accroître encore les profits au bénéfice des marchands anglais.
Le vice-roi de Canton organise un premier embargo.
Les Anglais tentent de négocier un accord, mais tout se passe mal : Lord Napier est contraint de rentrer à Londres, rendre compte de son échec.
Le marché noir ne s'arrête pas pour autant, bien au contraire.
En 1839, ulcéré, l'empereur Daoguang (futur beau-père de Cixi), envoie à Canton un homme de confiance, Lin Zexu, commissaire impérial, chargé de faire le ménage et de faire respecter les lois chinoises avec fermeté.
Lin ordonne alors aux commerçants de lui remettre tout l'opium en leur possession.
Et comme ils s'y refusaient, Lin soumit à nouveau la communauté étrangère à un embargo, en attendant qu'elle lui remît la totalité de l'opium en circulation dans les eaux chinoises et stocké dans les entrepôts.
Il écrit même à la reine Victoria, pour lui demander comment est-ce possible de promouvoir le commerce de l'opium en Chine, alors que sa consommation est interdite dans son empire !
Bien évidemment, il ne reçoit pas de réponse de la souveraine...:
Et, ce jour, nulle trace de ce courrier dans les archives royales de Windsor.
On finit par lui remettre plus de 20 000 caisses d'opium, qu'il fit jeter à la mer aux environs de Canton.
Scandale en Angleterre !
On qualifia son geste d'injure à la propriété britannique, on s'alarma pour la "sécurité du commerce" et certains appelèrent à prendre les armes en vue d'obtenir "satisfaction et réparation".
Un incident mineur servira de prétexte. En octobre 1839, une bagarre entre marins britanniques et chinois tourne mal. Un cantonnais est assassiné.
Le commandement anglais refuse de livrer le coupable aux autorités chinoises.
Les Anglais quittent Canton, et se réfugient dans la rade de Hong-Kong.
Les chinois reçoivent l'ordre d'intercepter toute fourniture, et de faire feu sur tout étranger aperçu sur la rive.
Le Secrétaire d'Etat aux Affaires Etrangères, Lord Palmerston, partisan de la "diplomatie de la cannonière" se déclara en faveur d'une guerre.
L'opposition d'alors, les Tories, présenta une motion de censure repoussée à neuf voix près.
La guerre est déclarée.
Au cours des deux années suivantes, des hordes de navire de guerre britanniques et 20 000 hommes (dont 7000 soldats indiens) attaquèrent le sud de la côte chinoise, occupant Canton et Shanghai.
L'armée chinoise, faute de canonnières, mal équipée et entraînée, n'oppose guère de résistance.
Elle est rapidement vaincue.
Le 29 août 1842, l'empire chinois est contraint de signer le Traité de Nankin, aux conditions particulièrement humiliante pour la Chine.
Les anglais obtiennent :
- En plus de Canton, 4 autres ports sont ouverts au commerce extérieur (dont Shanghai).
- Une représentation consulaire, des taxes fixes, l'abolition de la guilde, l'égalité de traitement entre diplomates occidentaux et chinois, libre commerce, libre résidence consulaire, achat possible de terrains pour les Anglais, l'ouverture d'écoles, une clause de la nation à l'avenir la plus favorisée, les droits de douane chinois qui passent désormais à 5%...
- La cession de Hong-Kong à l'Empire britannique pour qu'il y mouille ses navires marchands.
- Les sujets britanniques responsables de crimes de sang en Chine pourraient désormais être jugés par une cour de justice au Royaume-Uni.
- Enfin, une indemnité de 21 millions de dollars d'argent (somme énorme pour l'époque), que Lord Palmerston justifia ainsi au Parlement quelques années plus tard :
Ce que le précédent gouvernement réclamait, c'était une réparation de l'honneur humilié du pays, et que, pour cela, il convenait entre autres de rembourser l'opium extorqué aux Britanniques.
(...) afin de rendre les Chinois sensibles à l'ampleur de l'outrage commis et pour qu'ils sentent assez le pouvoir des britanniques résolus à venger leur honneur, on a cru bon de leur faire supporter les frais de la guerre, en plus d'exiger qu'ils remboursent les parties lésées.
Illustration de la signature du Traité, à bord du HMS Cornwallis.
Les Français, qui commerçaient alors peu avec la Chine, mais s'intéressaient surtout à la propagation du catholicisme, obtinrent de la Chine qu'elle autorise l'accès de son territoire à des missionnaires, officiellement dans les seuls "ports de traités" (c'est à dire soumis aux lois occidentales).
Mais ils pénétrèrent rapidement dans tout l'empire, se sachant désormais protégés par les canonnières (à la différence des premiers jésuites employés à la cour de l'empire les siècles précédents et qui, pas une seule fois, ne désobéirent aux empereurs chinois).
Ils y répandirent petit à petit les idées et les pratiques occidentales, jouant un rôle non négligeable dans la transformation de la Chine.
L'empereur Daoguang était désespéré de son échec.
Quelques mois plus tard, il rédigea son testament, par lequel il désignait son successeur (chez les Quing le trône ne revenant pas forcément à l'aîné : c'était à l'empereur de nommer en secret son successeur par ses dernières volontés).
Estimant impératif de laisser l'empire entre les mains d'un souverain capable de résister à l'Occident, et parmi les 9 fils qu'il avait eu de différentes concubines, il choisit pour prendre sa relève son quatrième fils, le futur empereur Xianfeng, mari de Cixi, élevé dans la haine des Occidentaux.
A la mort de son père, lorsqu'il accéda au trône en 1850, un de ses premiers actes fut de condamner le commissaire impérial trop conciliant qui avait signé le Traité de Nankin.
C'est notamment lui qui avait convaincu son père d'accepter de lever l'interdiction pour les missions chrétiennes de pénétrer en Chine.
Démis de ses fonctions, il reçut ensuite l'ordre de se suicider.
Pour l'instant, quelques rares occidentaux sont donc confinés à Canton, dans leurs "factories".
Seuls quelques marchands chinois sont autorisés à traiter avec les "barbares", afin d'exporter de la marchandise (porcelaine, thé, laque, soie etc.).
De son côté, la Chine n'importe rien, ou très peu.
Ce qui enrage les européens, et en particulier les Anglais qui ont seuls, à cette époque, une flotte (commerciale et militaire) suffisamment importante pour conquérir le monde.
La puissante Compagnie des Indes Orientales ne se satisfait absolument pas de ce déséquilibre commercial.
Un produit d'appel semble parfaitement convenir : l'opium, produit et exploité en Inde, proche de l'empire chinois.
La contrebande et le marché noir s'organisent, avec la complicité de quelques intermédiaires chinois : le pays est alors gangrené par une corruption généralisée.
Clandestinement, les Anglais (en grande majorité) importent l'opium, officiellement à des fins thérapeutiques, alors que Pékin interdisait depuis 1800 son importation, sa culture et bien évidemment sa consommation.
Très rapidement pourtant, la drogue touche toutes les couches de la population, et l'empire chinois ne sait plus quoi faire pour stopper le phénomène qui prend une ampleur inquiétante (commerçants anglais et chinois corrompus, douaniers ou même hauts fonctionnaires impériaux, s'en donnent à coeur joie).
En 1834, alors que la Compagnie des Indes Orientales vient d'être dissoute, le gouvernement anglais envoie Lord Napier en Chine.
Il est notamment chargé d'accroître encore les profits au bénéfice des marchands anglais.
Le vice-roi de Canton organise un premier embargo.
Les Anglais tentent de négocier un accord, mais tout se passe mal : Lord Napier est contraint de rentrer à Londres, rendre compte de son échec.
Le marché noir ne s'arrête pas pour autant, bien au contraire.
En 1839, ulcéré, l'empereur Daoguang (futur beau-père de Cixi), envoie à Canton un homme de confiance, Lin Zexu, commissaire impérial, chargé de faire le ménage et de faire respecter les lois chinoises avec fermeté.
Lin ordonne alors aux commerçants de lui remettre tout l'opium en leur possession.
Et comme ils s'y refusaient, Lin soumit à nouveau la communauté étrangère à un embargo, en attendant qu'elle lui remît la totalité de l'opium en circulation dans les eaux chinoises et stocké dans les entrepôts.
Il écrit même à la reine Victoria, pour lui demander comment est-ce possible de promouvoir le commerce de l'opium en Chine, alors que sa consommation est interdite dans son empire !
Bien évidemment, il ne reçoit pas de réponse de la souveraine...:
Et, ce jour, nulle trace de ce courrier dans les archives royales de Windsor.
On finit par lui remettre plus de 20 000 caisses d'opium, qu'il fit jeter à la mer aux environs de Canton.
Scandale en Angleterre !
On qualifia son geste d'injure à la propriété britannique, on s'alarma pour la "sécurité du commerce" et certains appelèrent à prendre les armes en vue d'obtenir "satisfaction et réparation".
Un incident mineur servira de prétexte. En octobre 1839, une bagarre entre marins britanniques et chinois tourne mal. Un cantonnais est assassiné.
Le commandement anglais refuse de livrer le coupable aux autorités chinoises.
Les Anglais quittent Canton, et se réfugient dans la rade de Hong-Kong.
Les chinois reçoivent l'ordre d'intercepter toute fourniture, et de faire feu sur tout étranger aperçu sur la rive.
Le Secrétaire d'Etat aux Affaires Etrangères, Lord Palmerston, partisan de la "diplomatie de la cannonière" se déclara en faveur d'une guerre.
L'opposition d'alors, les Tories, présenta une motion de censure repoussée à neuf voix près.
La guerre est déclarée.
Au cours des deux années suivantes, des hordes de navire de guerre britanniques et 20 000 hommes (dont 7000 soldats indiens) attaquèrent le sud de la côte chinoise, occupant Canton et Shanghai.
L'armée chinoise, faute de canonnières, mal équipée et entraînée, n'oppose guère de résistance.
Elle est rapidement vaincue.
Le 29 août 1842, l'empire chinois est contraint de signer le Traité de Nankin, aux conditions particulièrement humiliante pour la Chine.
Les anglais obtiennent :
- En plus de Canton, 4 autres ports sont ouverts au commerce extérieur (dont Shanghai).
- Une représentation consulaire, des taxes fixes, l'abolition de la guilde, l'égalité de traitement entre diplomates occidentaux et chinois, libre commerce, libre résidence consulaire, achat possible de terrains pour les Anglais, l'ouverture d'écoles, une clause de la nation à l'avenir la plus favorisée, les droits de douane chinois qui passent désormais à 5%...
- La cession de Hong-Kong à l'Empire britannique pour qu'il y mouille ses navires marchands.
- Les sujets britanniques responsables de crimes de sang en Chine pourraient désormais être jugés par une cour de justice au Royaume-Uni.
- Enfin, une indemnité de 21 millions de dollars d'argent (somme énorme pour l'époque), que Lord Palmerston justifia ainsi au Parlement quelques années plus tard :
Ce que le précédent gouvernement réclamait, c'était une réparation de l'honneur humilié du pays, et que, pour cela, il convenait entre autres de rembourser l'opium extorqué aux Britanniques.
(...) afin de rendre les Chinois sensibles à l'ampleur de l'outrage commis et pour qu'ils sentent assez le pouvoir des britanniques résolus à venger leur honneur, on a cru bon de leur faire supporter les frais de la guerre, en plus d'exiger qu'ils remboursent les parties lésées.
Illustration de la signature du Traité, à bord du HMS Cornwallis.
Les Français, qui commerçaient alors peu avec la Chine, mais s'intéressaient surtout à la propagation du catholicisme, obtinrent de la Chine qu'elle autorise l'accès de son territoire à des missionnaires, officiellement dans les seuls "ports de traités" (c'est à dire soumis aux lois occidentales).
Mais ils pénétrèrent rapidement dans tout l'empire, se sachant désormais protégés par les canonnières (à la différence des premiers jésuites employés à la cour de l'empire les siècles précédents et qui, pas une seule fois, ne désobéirent aux empereurs chinois).
Ils y répandirent petit à petit les idées et les pratiques occidentales, jouant un rôle non négligeable dans la transformation de la Chine.
L'empereur Daoguang était désespéré de son échec.
Quelques mois plus tard, il rédigea son testament, par lequel il désignait son successeur (chez les Quing le trône ne revenant pas forcément à l'aîné : c'était à l'empereur de nommer en secret son successeur par ses dernières volontés).
Estimant impératif de laisser l'empire entre les mains d'un souverain capable de résister à l'Occident, et parmi les 9 fils qu'il avait eu de différentes concubines, il choisit pour prendre sa relève son quatrième fils, le futur empereur Xianfeng, mari de Cixi, élevé dans la haine des Occidentaux.
A la mort de son père, lorsqu'il accéda au trône en 1850, un de ses premiers actes fut de condamner le commissaire impérial trop conciliant qui avait signé le Traité de Nankin.
C'est notamment lui qui avait convaincu son père d'accepter de lever l'interdiction pour les missions chrétiennes de pénétrer en Chine.
Démis de ses fonctions, il reçut ensuite l'ordre de se suicider.
A suivre....
Dernière édition par La nuit, la neige le Sam 07 Nov 2015, 13:24, édité 2 fois
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
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