Les amants de Catherine II
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Autres contemporains : les hommes du XVIIIe siècle
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Re: Les amants de Catherine II
Un tuteur, un professeur particulier et dans la littérature russe "outchitel" désigne souvent quelqu'un d'insignifiant, un pauvre gars.Mme de Sabran a écrit:
Que signifie " outchitel " ?
Goguelat- Messages : 55
Date d'inscription : 10/02/2019
Localisation : New York
Re: Les amants de Catherine II
Merci, cher Goguelat .
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Mme de Sabran- Messages : 55516
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les amants de Catherine II
Alexandre Polovtsoff nous ouvre un nouveau chapitre consacré à Alexandre Petrovitch Yermolov ( 1754-1834), le successeur de Lanskoi :
" Rentrée à Saint-Petersbourg, Catherine ne se sentait pas le courage d'habiter son appartement ordinaire, encore plein pour elle du souvenir de Lanskoi. Elle s'installa à l'Ermitage. C'était un pavillon qu'elle avait bâti à extrémité du palais d'Hiver et où elle rassemblait ses collections d'objets d'art. Elle y donnait aussi des réceptions dont l'étiquette était bannie et où elle n'était que maîtresse de maison, comme n'importe quelle particulière, mais elle n'avait jamais encore fait de l'Ermitage sa demeure permanente. Elle rentra chez elle au palais d'Hiver le 16 février, " chose, dit-elle, que le prince Potemkine a négociée une grande partie de l'hiver. "
C'est probablement ce même jour que Yermolov fut installé au palais et la " négociation " de Potemkine n'avait pas trait qu'à une question de logement. Plus de sept mois s'étaient écoulés depuis la disparition de Lanskoi et Potemkine jugea qu'il était temps pour l'impératrice d'oublier le passé et de reprendre sa vie normale. Pour favori, il choisit Yermolov probablement parce que Catherine le connaissait de longue date et malgré le désarroi ou l'avait jetée la mort de Lanskoi, la société d'Yermolov, lui faisait moins peur que celle d'un autre. Elle l'avait vu tout d'abord en 1767, pendant son voyage sur la Volga ; elle avait alors passé une journée dans un château qui appartenait à son père ; celui-ci avait présenté son fils, âgé de treize ans. Catherine embrassa le gamin et lui octroya le grade de caporal dans la garde à cheval, puis l'emmena à Saint-Petersbourg pour lui faire donner une bonne éducation, les parents du petit Alexandre Yermolov n'étant pas suffisamment à leur aise pour le faire eux-mêmes. Plus tard, Potemkine le prit pour aide de camp ; il était blond, grand de taille et assez bien de sa personne ; seul son visage était depare par un nez épaté qui lui valait de la part de Potemkine le surnom de " negre blanc ".
Ainsi qu'elle en avait l'habitude, Catherine se soumit aux dispositions prises par Potemkine et Yermolov devint favori. Il paraît n'avoir eu qu'une personnalité effacée et peu intéressante. Aucun de ses contemporains n'a mot à en dire.
Au mois de juin de cette année 1785, l'impératrice entreprit une tournée d'inspection et fut accompagnée par l'ambassadeur d'Allemagne Coblentzl et les ministres de France et d'Angleterre, Ségur et Harris. Toute la société fut fort gaie pendant ce voyage. Yermolov accompagnait l'impératrice mais ne sut se distinguer par aucun trait amusant ; dans les récits de ceux qui se trouvaient là, personne ne le mentionne. Il paraît ne pas s'être fait peindre à cette époque ; le seul portrait connu de lui (reproduit dans ce volume) le montre à un âge avancé. Très bon garçon, simple et honnête, il était la droiture même et avait la néfaste habitude de dire exactement ce qu'il pensait. Il manquait totalement de souplesse et, dans le désir d'user de son influence pour redresser des torts et faire en tout triompher la justice, se créa beaucoup d'ennemis parmi les gens influents. Il protégeait des hommes dont Catherine était mécontente et, au dire de Ségur, soutenait les ennemis de Potemkine. Son désir de se mêler de questions dont elle était plus au fait que lui ne pouvait faire plaisir à l'impératrice et l'esprit pesant et morose du favori n'avait rien pour la distraire de ses préoccupations. "
Oh, ma foi, il ne faut pas être devin pour supposer le renvoi de ce Yermolov qui n'avait pas les qualités pour retenir l'impératrice. Son temps est compté !
A suivre !
" Rentrée à Saint-Petersbourg, Catherine ne se sentait pas le courage d'habiter son appartement ordinaire, encore plein pour elle du souvenir de Lanskoi. Elle s'installa à l'Ermitage. C'était un pavillon qu'elle avait bâti à extrémité du palais d'Hiver et où elle rassemblait ses collections d'objets d'art. Elle y donnait aussi des réceptions dont l'étiquette était bannie et où elle n'était que maîtresse de maison, comme n'importe quelle particulière, mais elle n'avait jamais encore fait de l'Ermitage sa demeure permanente. Elle rentra chez elle au palais d'Hiver le 16 février, " chose, dit-elle, que le prince Potemkine a négociée une grande partie de l'hiver. "
C'est probablement ce même jour que Yermolov fut installé au palais et la " négociation " de Potemkine n'avait pas trait qu'à une question de logement. Plus de sept mois s'étaient écoulés depuis la disparition de Lanskoi et Potemkine jugea qu'il était temps pour l'impératrice d'oublier le passé et de reprendre sa vie normale. Pour favori, il choisit Yermolov probablement parce que Catherine le connaissait de longue date et malgré le désarroi ou l'avait jetée la mort de Lanskoi, la société d'Yermolov, lui faisait moins peur que celle d'un autre. Elle l'avait vu tout d'abord en 1767, pendant son voyage sur la Volga ; elle avait alors passé une journée dans un château qui appartenait à son père ; celui-ci avait présenté son fils, âgé de treize ans. Catherine embrassa le gamin et lui octroya le grade de caporal dans la garde à cheval, puis l'emmena à Saint-Petersbourg pour lui faire donner une bonne éducation, les parents du petit Alexandre Yermolov n'étant pas suffisamment à leur aise pour le faire eux-mêmes. Plus tard, Potemkine le prit pour aide de camp ; il était blond, grand de taille et assez bien de sa personne ; seul son visage était depare par un nez épaté qui lui valait de la part de Potemkine le surnom de " negre blanc ".
Ainsi qu'elle en avait l'habitude, Catherine se soumit aux dispositions prises par Potemkine et Yermolov devint favori. Il paraît n'avoir eu qu'une personnalité effacée et peu intéressante. Aucun de ses contemporains n'a mot à en dire.
Au mois de juin de cette année 1785, l'impératrice entreprit une tournée d'inspection et fut accompagnée par l'ambassadeur d'Allemagne Coblentzl et les ministres de France et d'Angleterre, Ségur et Harris. Toute la société fut fort gaie pendant ce voyage. Yermolov accompagnait l'impératrice mais ne sut se distinguer par aucun trait amusant ; dans les récits de ceux qui se trouvaient là, personne ne le mentionne. Il paraît ne pas s'être fait peindre à cette époque ; le seul portrait connu de lui (reproduit dans ce volume) le montre à un âge avancé. Très bon garçon, simple et honnête, il était la droiture même et avait la néfaste habitude de dire exactement ce qu'il pensait. Il manquait totalement de souplesse et, dans le désir d'user de son influence pour redresser des torts et faire en tout triompher la justice, se créa beaucoup d'ennemis parmi les gens influents. Il protégeait des hommes dont Catherine était mécontente et, au dire de Ségur, soutenait les ennemis de Potemkine. Son désir de se mêler de questions dont elle était plus au fait que lui ne pouvait faire plaisir à l'impératrice et l'esprit pesant et morose du favori n'avait rien pour la distraire de ses préoccupations. "
Oh, ma foi, il ne faut pas être devin pour supposer le renvoi de ce Yermolov qui n'avait pas les qualités pour retenir l'impératrice. Son temps est compté !
A suivre !
Dominique Poulin- Messages : 7015
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Les amants de Catherine II
Dominique Poulin a écrit:
Oh, ma foi, il ne faut pas être devin pour supposer le renvoi de ce Yermolov qui n'avait pas les qualités pour retenir l'impératrice. Son temps est compté !
A suivre !
Alors, bonjour au-revoir, Yermolov ! ( non, pas encore tout à fait ! )
Ravie que vous repreniez cette chronique venue du froid, cher Dominique, merci .
Vous avez un tel talent de conteur !
J'ai en effet parfois croisé cet Anglais, Harris, à la Cour de Catherine, dans le journal intime du chevalier de Corberon. Il semblait y faire de la figuration.
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55516
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les amants de Catherine II
Chic ! je guette le prochain épisode !!!
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Mme de Sabran- Messages : 55516
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les amants de Catherine II
Suite du chapitre consacré à Yermolov de Alexandre Polovtsoff :
" Tout à coup, Yermolov, dans sa manie de corriger les abus, en découvrit un dont il fit une question d'Etat.
Le Khan de Crimée s'était démis de sa souveraineté pour une rente considérable ; mais des embarras de trésorerie avaient fait que le département des Finances avait apporté du retard aux paiements auxquels il avait droit. Le Khan s'adressa à Yermolov pour faire parvenir ses réclamations aux oreilles de l'impératrice et accusa dans sa lettre le prince Potemkine de détourner pour d'autres dépenses les sommes qui lui étaient dues. Catherine qui, au moment de l'abdication du Khan, craignait que Potemkine n'accordat pas suffisamment d'attention aux intérêts de ce souverain déchu, fut très irritée de voir ses prévisions se réaliser et la publicité qu'Yermolov donna à ce qui s'était passé fit que de nombreux mécontents se rallierent pour assaillir de tous côtés l'impératrice de plaintes contre l'administration du prince de Tauride.
Au lieu d'expliquer sa conduite à Catherine, Potemkine lui opposa des dénégations brusques, un maintien froid et la plupart du temps un silence presque dédaigneux. Il finit par quitter Tsarskoe-Selo, revint à Saint-Petersbourg et passa ses journées dans la maison de Léon Narychkine dont il courtisait l'une des filles.
Le dépit de Catherine était manifeste, le crédit d'Yermolov semblait croitre rapidement et il prenait ostensiblement part aux affaires ; la cour, étonnée d'un pareil changement, se tournait suivant l'usage, vers le nouveau soleil levant.
Brusquement, on apprit le départ de Potemkine pour Narva, mais peu de jours plus tard, on le vit revenir triomphant. Tout aussitôt, le 15 juillet 1785, l'impératrice fit proposer à Yermolov, de partir en voyage et le lendemain elle signait un oukase lui a accordant un congé de cinq ans avec traitement, pour motifs de santé, à sa propre requête. Il partit le même jour pour l'étranger.
Comparativement aux autres favoris, il avait fait preuve de désintéressement et n'avait pas cherché à s'enrichir : 400 000 roubles et des terres peuplées de 4000 paysans composaient toute sa fortune. Il n'avait pas quemande d'emplois pour les membres de sa famille.
Rentré plus tard en Russie, il se fixa à Moscou, où il possédait une maison et où il ne tarda pas à se marier. Sa femme, née princesse Galitzine, était très riche. En 1800, la famille Yermolov, composée du père, de la mère et de trois fils partit pour l'étranger. Ils restèrent assez longtemps à Paris où ils frayerent avec la société joyeuse et panachée du Consulat. Ils rencontrèrent là un autre ménage russe, les Divov, fixés pour lors à Paris. Mme Divov, qui a laissé des mémoires, y dit des Yermolov : " Elle est charmante, grande musicienne et intéressante sous tous les rapports. Elle n'est pas heureuse avec son mari ; lui, c'est un être stupide et bien ennuyeux. "
En effet, Mme Yermolov, n'était pas heureuse, le mari non plus probablement, car les époux se séparèrent et ne se revirent plus. La femme rentra dans son hôtel à Moscou avec le second de ses garçons, qui était son favori, laissant les deux autres avec leur père à Vienne.
Alexandre Yermolov ne revint jamais en Russie. Il confia l'éducation de ses fils à des prêtres catholiques et vécut en Autriche jusqu'à sa mort en 1834. Sa femme était morte depuis longtemps et le second fils, après l'avoir ensevelie à Moscou, était venu rejoindre son père.
Pour passer l'été à la campagne, Yermolov s'etait acheté en Styrie, un château, appelé Frohsdorf. Après sa mort, ses fils le vendirent aux Bourbons de la branche aînée, exilés de France, et Frohsdorf devint la résidence du comte de Chambord.
De tous les favoris de Catherine la Grande, Yermolov est le plus incolore, de pair avec Cassiltchikov, peut-être. Quoiqu'il vécut jusqu'à quatre-vingt ans, il passa inaperçu ou qu'il se trouvat. Il dut à Potemkine d'avoir joué un rôle historique, mais ce fut Potemkine qui le fit renvoyer au bout de dix-sept mois, s'etant aperçu, un peu tard, que son choix avait été bien médiocre. "
En effet, le choix de Yermolov s'est avéré bien décevant dans ce casting !
Je suis même surpris que ce favori ait pu resté accroché à sa branche un an et demie au bras de la spirituelle Catherine. Sans doute, malgré sa médiocrité, était-il beau garçon lorsqu'il était jeune, mais la beauté sans les attraits de la conversation et de l'intelligence, abrege de lasser les plus spirituels, c'est bien connu. Et quelle idée que de se fourvoyer dans l'affaire de Crimée !
Il est drôle de reconnaître un favori de Catherine II parmi les propriétaires du château de Frohsdorf qui devint la résidence principale en exil des Bourbons. Quel clin d'œil de l'histoire tout de même !
A suivre !
" Tout à coup, Yermolov, dans sa manie de corriger les abus, en découvrit un dont il fit une question d'Etat.
Le Khan de Crimée s'était démis de sa souveraineté pour une rente considérable ; mais des embarras de trésorerie avaient fait que le département des Finances avait apporté du retard aux paiements auxquels il avait droit. Le Khan s'adressa à Yermolov pour faire parvenir ses réclamations aux oreilles de l'impératrice et accusa dans sa lettre le prince Potemkine de détourner pour d'autres dépenses les sommes qui lui étaient dues. Catherine qui, au moment de l'abdication du Khan, craignait que Potemkine n'accordat pas suffisamment d'attention aux intérêts de ce souverain déchu, fut très irritée de voir ses prévisions se réaliser et la publicité qu'Yermolov donna à ce qui s'était passé fit que de nombreux mécontents se rallierent pour assaillir de tous côtés l'impératrice de plaintes contre l'administration du prince de Tauride.
Au lieu d'expliquer sa conduite à Catherine, Potemkine lui opposa des dénégations brusques, un maintien froid et la plupart du temps un silence presque dédaigneux. Il finit par quitter Tsarskoe-Selo, revint à Saint-Petersbourg et passa ses journées dans la maison de Léon Narychkine dont il courtisait l'une des filles.
Le dépit de Catherine était manifeste, le crédit d'Yermolov semblait croitre rapidement et il prenait ostensiblement part aux affaires ; la cour, étonnée d'un pareil changement, se tournait suivant l'usage, vers le nouveau soleil levant.
Brusquement, on apprit le départ de Potemkine pour Narva, mais peu de jours plus tard, on le vit revenir triomphant. Tout aussitôt, le 15 juillet 1785, l'impératrice fit proposer à Yermolov, de partir en voyage et le lendemain elle signait un oukase lui a accordant un congé de cinq ans avec traitement, pour motifs de santé, à sa propre requête. Il partit le même jour pour l'étranger.
Comparativement aux autres favoris, il avait fait preuve de désintéressement et n'avait pas cherché à s'enrichir : 400 000 roubles et des terres peuplées de 4000 paysans composaient toute sa fortune. Il n'avait pas quemande d'emplois pour les membres de sa famille.
Rentré plus tard en Russie, il se fixa à Moscou, où il possédait une maison et où il ne tarda pas à se marier. Sa femme, née princesse Galitzine, était très riche. En 1800, la famille Yermolov, composée du père, de la mère et de trois fils partit pour l'étranger. Ils restèrent assez longtemps à Paris où ils frayerent avec la société joyeuse et panachée du Consulat. Ils rencontrèrent là un autre ménage russe, les Divov, fixés pour lors à Paris. Mme Divov, qui a laissé des mémoires, y dit des Yermolov : " Elle est charmante, grande musicienne et intéressante sous tous les rapports. Elle n'est pas heureuse avec son mari ; lui, c'est un être stupide et bien ennuyeux. "
En effet, Mme Yermolov, n'était pas heureuse, le mari non plus probablement, car les époux se séparèrent et ne se revirent plus. La femme rentra dans son hôtel à Moscou avec le second de ses garçons, qui était son favori, laissant les deux autres avec leur père à Vienne.
Alexandre Yermolov ne revint jamais en Russie. Il confia l'éducation de ses fils à des prêtres catholiques et vécut en Autriche jusqu'à sa mort en 1834. Sa femme était morte depuis longtemps et le second fils, après l'avoir ensevelie à Moscou, était venu rejoindre son père.
Pour passer l'été à la campagne, Yermolov s'etait acheté en Styrie, un château, appelé Frohsdorf. Après sa mort, ses fils le vendirent aux Bourbons de la branche aînée, exilés de France, et Frohsdorf devint la résidence du comte de Chambord.
De tous les favoris de Catherine la Grande, Yermolov est le plus incolore, de pair avec Cassiltchikov, peut-être. Quoiqu'il vécut jusqu'à quatre-vingt ans, il passa inaperçu ou qu'il se trouvat. Il dut à Potemkine d'avoir joué un rôle historique, mais ce fut Potemkine qui le fit renvoyer au bout de dix-sept mois, s'etant aperçu, un peu tard, que son choix avait été bien médiocre. "
En effet, le choix de Yermolov s'est avéré bien décevant dans ce casting !
Je suis même surpris que ce favori ait pu resté accroché à sa branche un an et demie au bras de la spirituelle Catherine. Sans doute, malgré sa médiocrité, était-il beau garçon lorsqu'il était jeune, mais la beauté sans les attraits de la conversation et de l'intelligence, abrege de lasser les plus spirituels, c'est bien connu. Et quelle idée que de se fourvoyer dans l'affaire de Crimée !
Il est drôle de reconnaître un favori de Catherine II parmi les propriétaires du château de Frohsdorf qui devint la résidence principale en exil des Bourbons. Quel clin d'œil de l'histoire tout de même !
A suivre !
Dominique Poulin- Messages : 7015
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Les amants de Catherine II
Merci, cher Dominique, je suis suspendue à votre clavier !!!
Voici Yermolov, certainement plus âgé que lorsqu'il plaisait à Catherine :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Iermolov
Dominique Poulin a écrit:
Il est drôle de reconnaître un favori de Catherine II parmi les propriétaires du château de Frohsdorf qui devint la résidence principale en exil des Bourbons. Quel clin d'œil de l'histoire tout de même !
Le château de Frohsdorf, au sud de Wiener Neustadt en Autriche.
C'est ici que s'acheva la triste vie de la duchesse d'Angoulême .
https://fr.wikipedia.org/wiki/Frohsdorf
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Mme de Sabran- Messages : 55516
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les amants de Catherine II
Nous le sommes tous !Mme de Sabran a écrit:
Merci, cher Dominique, je suis suspendue à votre clavier !!!
Merci Dominique...
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Les amants de Catherine II
Suite de " Les Favoris de Catherine La Grande "de Alexandre Polovtsoff :
Voici Alexandre Mamonov, l'avant-dernier favori de Catherine II.
" La place de favori était de nouveau vacante et, pour en garder le titulaire sous son influence, Potemkine présenta une fois de plus un de ses aides de camp, Dimitriev-Mamonov.
Une tradition affirme que le prince s'était entendu avec l'impératrice pour envoyer le candidat chez elle lui soumettre un tableau, les critiques qu'elle formulait au sujet de la toile devant s'appliquer au messager. Catherine aurait chargé celui-ci de dire à son général que le tableau était beau, mais que le coloris en était défectueux. Peut-être Mamonov ne se sentait-il pas dans son assiette ce jour-là et était-il un peu pâle. Ou bien si l'anecdote est excacte, l'impératrice voulait-elle taquiner Potemkine en lui faisant croire tout d'abord qu'elle n'approuvait pas son choix, car la réponse prétee à l'impératrice ne cadre guère avec ce que nous savons de Mamonov.
Quelques mois plus tard, Catherine donne de lui la description suivante à Grimm : " Description métaphysique, physique et morale de l'Habit Rouge ( surnom sous lequel Mamonov figure toujours dans la correspondance de l'impératrice à Grimm ) : cet Habit Rouge enveloppe un être qui a un cœur excellentissime, joint à un grand fond d'honnêteté ; de l'esprit on en a comme quatre, un fond de gaieté intarissable, beaucoup d'originalité dans la conception des choses et dans la façon de les rendre, une éducation admirable, singulièrement instruit de tout ce qui peut donner du brillant à l'esprit. Nous cachons comme meurtre notre penchant pour la poésie ; nous aimons passionnément la musique ; notre conception en toute chose est d'une facilité rare ; Dieu sait ce que nous ne savons pas par cœur ; nous déclamons, nous jasons, nous avons le ton de la meilleure compagnie, nous sommes d'une extrême politesse ; nous écrivons en russe et en français comme il est rare chez nous qu'on écrive, tant pour le style que pour le caractère ; notre extérieur répond parfaitement à notre intérieur ; nos traits sont très réguliers ; nous avons deux superbes yeux noirs avec des sourcils tracés comme on en voit guère ; taille au-dessus de la médiocre, l'air noble, la démarche aisée ; en un mot, nous sommes aussi solide intérieurement qu'adroit, fort et brillant pour notre extérieur. Je suis persuadée que si vous rencontriez cet Habit Rouge, vous demanderiez son nom, si vous ne le devinez tout d'abord. "
Cet assemblage de perfections était le fils d'un fonctionnaire du ministère de la cour domicilié à Moscou. Il fut d'abord élevé chez ses parents par un instituteur jésuite du nom de Sovery, pour lequel, au dire de l'impératrice, " il éprouvait une assez honnête répugnance. " Adolescent, il fut envoyé à Saint-Petersbourg chez son oncle, le baron Stroganov, mais là il ebaucha une intrigue avec sa cousine, fille de son hôte, qui s'empressa de le renvoyer ignominieusement à Moscou dans sa famille ; il oublia rapidement cette idylle pour d'autres amours. Ses parents lui donnèrent à nouveau un précepteur et ce second mentor sur se l'attacher et lui inculqua le goût de l'étude. " Il se passionna si fort pour Homère qu'on avait de la peine à le lui faire quitter ; il le prenait au lit avec lui quand on ne le laissait pas lire de jour. "
Il parlait et écrivait couramment le français et l'italien et cultivait un agréable talent d'amateur pour le dessin. On ne sait rien de ses débuts de sa carrière militaire ; en 1784, à vingt-six ans, il était aide de camp de Potemkine.
Un contemporain, le comte Théodore Golovkine, le décrit un peu plus tard dans ses Mémoires, comme ayant " une taille grande et bien prise, un visage de kalmouk, mais plein d'esprit, une sorte d'élégance, quoiqu'un peu guindée ; quelques lueurs brillantes de ce qu'on appelle érudition de salon le distinguaient de la foule des jeunes gens de son âge et de sa classe. "
Depuis 1782, l'un des secrétaires de l'impératrice, Khrapovitsky, écrivait au jour le jour un laconique journal ; ce n'est même pas à proprement parler un journal, mais plutôt de courtes notes ou d'aide-memoire qui donnent l'impression de n'être que le canevas pour un livre de souvenirs qu'il aurait peut-être eu l'intention de composer plus tard. A mesure que son auteur arrive à gagner la confiance de l'impératrice qu'il voit tous les jours, ses notes deviennent plus explicites et plus complètes.
Le fait qu'il sut se mettre bien avec Mamonov n'y est peut-être pas étranger. Il marque les évènements quotidiens avec une brièveté lapidaire. Le 15 juillet 1786, il mentionne que Yermolov reçut son congé ; puis il ajoute : " Le soir, Alexandre Matveivitch Mamonov fut introduit. "
Le 16 juillet en fin de journée : " Mamonov par l'escalier de fer et la coupole ". Trois jours plus tard, toujours d'après Khrapovitsky, Mamonov ( qui était cousin à la mode de Bretagne de Potemkine ) fait cadeau au prince de Tauride d'une théière en or avec l'inscription en français : " Plus unis par le cœur que par le sang. ".
Tout était en ordre, le nouveau favori était installé et savait à qui il devait sa fortune.
A suivre !
Voici Alexandre Mamonov, l'avant-dernier favori de Catherine II.
" La place de favori était de nouveau vacante et, pour en garder le titulaire sous son influence, Potemkine présenta une fois de plus un de ses aides de camp, Dimitriev-Mamonov.
Une tradition affirme que le prince s'était entendu avec l'impératrice pour envoyer le candidat chez elle lui soumettre un tableau, les critiques qu'elle formulait au sujet de la toile devant s'appliquer au messager. Catherine aurait chargé celui-ci de dire à son général que le tableau était beau, mais que le coloris en était défectueux. Peut-être Mamonov ne se sentait-il pas dans son assiette ce jour-là et était-il un peu pâle. Ou bien si l'anecdote est excacte, l'impératrice voulait-elle taquiner Potemkine en lui faisant croire tout d'abord qu'elle n'approuvait pas son choix, car la réponse prétee à l'impératrice ne cadre guère avec ce que nous savons de Mamonov.
Quelques mois plus tard, Catherine donne de lui la description suivante à Grimm : " Description métaphysique, physique et morale de l'Habit Rouge ( surnom sous lequel Mamonov figure toujours dans la correspondance de l'impératrice à Grimm ) : cet Habit Rouge enveloppe un être qui a un cœur excellentissime, joint à un grand fond d'honnêteté ; de l'esprit on en a comme quatre, un fond de gaieté intarissable, beaucoup d'originalité dans la conception des choses et dans la façon de les rendre, une éducation admirable, singulièrement instruit de tout ce qui peut donner du brillant à l'esprit. Nous cachons comme meurtre notre penchant pour la poésie ; nous aimons passionnément la musique ; notre conception en toute chose est d'une facilité rare ; Dieu sait ce que nous ne savons pas par cœur ; nous déclamons, nous jasons, nous avons le ton de la meilleure compagnie, nous sommes d'une extrême politesse ; nous écrivons en russe et en français comme il est rare chez nous qu'on écrive, tant pour le style que pour le caractère ; notre extérieur répond parfaitement à notre intérieur ; nos traits sont très réguliers ; nous avons deux superbes yeux noirs avec des sourcils tracés comme on en voit guère ; taille au-dessus de la médiocre, l'air noble, la démarche aisée ; en un mot, nous sommes aussi solide intérieurement qu'adroit, fort et brillant pour notre extérieur. Je suis persuadée que si vous rencontriez cet Habit Rouge, vous demanderiez son nom, si vous ne le devinez tout d'abord. "
Cet assemblage de perfections était le fils d'un fonctionnaire du ministère de la cour domicilié à Moscou. Il fut d'abord élevé chez ses parents par un instituteur jésuite du nom de Sovery, pour lequel, au dire de l'impératrice, " il éprouvait une assez honnête répugnance. " Adolescent, il fut envoyé à Saint-Petersbourg chez son oncle, le baron Stroganov, mais là il ebaucha une intrigue avec sa cousine, fille de son hôte, qui s'empressa de le renvoyer ignominieusement à Moscou dans sa famille ; il oublia rapidement cette idylle pour d'autres amours. Ses parents lui donnèrent à nouveau un précepteur et ce second mentor sur se l'attacher et lui inculqua le goût de l'étude. " Il se passionna si fort pour Homère qu'on avait de la peine à le lui faire quitter ; il le prenait au lit avec lui quand on ne le laissait pas lire de jour. "
Il parlait et écrivait couramment le français et l'italien et cultivait un agréable talent d'amateur pour le dessin. On ne sait rien de ses débuts de sa carrière militaire ; en 1784, à vingt-six ans, il était aide de camp de Potemkine.
Un contemporain, le comte Théodore Golovkine, le décrit un peu plus tard dans ses Mémoires, comme ayant " une taille grande et bien prise, un visage de kalmouk, mais plein d'esprit, une sorte d'élégance, quoiqu'un peu guindée ; quelques lueurs brillantes de ce qu'on appelle érudition de salon le distinguaient de la foule des jeunes gens de son âge et de sa classe. "
Depuis 1782, l'un des secrétaires de l'impératrice, Khrapovitsky, écrivait au jour le jour un laconique journal ; ce n'est même pas à proprement parler un journal, mais plutôt de courtes notes ou d'aide-memoire qui donnent l'impression de n'être que le canevas pour un livre de souvenirs qu'il aurait peut-être eu l'intention de composer plus tard. A mesure que son auteur arrive à gagner la confiance de l'impératrice qu'il voit tous les jours, ses notes deviennent plus explicites et plus complètes.
Le fait qu'il sut se mettre bien avec Mamonov n'y est peut-être pas étranger. Il marque les évènements quotidiens avec une brièveté lapidaire. Le 15 juillet 1786, il mentionne que Yermolov reçut son congé ; puis il ajoute : " Le soir, Alexandre Matveivitch Mamonov fut introduit. "
Le 16 juillet en fin de journée : " Mamonov par l'escalier de fer et la coupole ". Trois jours plus tard, toujours d'après Khrapovitsky, Mamonov ( qui était cousin à la mode de Bretagne de Potemkine ) fait cadeau au prince de Tauride d'une théière en or avec l'inscription en français : " Plus unis par le cœur que par le sang. ".
Tout était en ordre, le nouveau favori était installé et savait à qui il devait sa fortune.
A suivre !
Dominique Poulin- Messages : 7015
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Les amants de Catherine II
Dominique Poulin a écrit:
" La place de favori était de nouveau vacante et, pour en garder le titulaire sous son influence, Potemkine présenta une fois de plus un de ses aides de camp,
C'était un homme organisé qui entendait garder les coudées franches.
L'harmonie régnait à la Cour. Le prince ( Potemkine ) pouvait repartir gérer ses provinces et ses armées, parce que Catherine, en tant que femme, était heureuse.
( Simon Sebag Montefiore )
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Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les amants de Catherine II
Dominique Poulin a écrit:
Le 15 juillet 1786, il mentionne que Yermolov reçut son congé ; puis il ajoute : " Le soir, Alexandre Matveivitch Mamonov fut introduit. "
Le 16 juillet en fin de journée : " Mamonov par l'escalier de fer et la coupole ". Trois jours plus tard, toujours d'après Khrapovitsky, Mamonov ( qui était cousin à la mode de Bretagne de Potemkine ) fait cadeau au prince de Tauride d'une théière en or avec l'inscription en français : " Plus unis par le cœur que par le sang. ".
Tout était en ordre, le nouveau favori était installé et savait à qui il devait sa fortune.
Malgré la décence dont j'ai parlé, de Catherine II vis à vis de ses amants, je suis presque le seul, je crois, qui ai vu un moment où son amour échauffé peut-être par le climat de la Tauride ( ) devint à un point que, regardant Mamonoff tout au moins avec tendresse, elle me dit : " Convenez que ce drôle-là a de bien beaux yeux . "
( le prince de Ligne, Fragments de l'histoire de ma vie )
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55516
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Re: Les amants de Catherine II
Il y a tout de même un pacte étrange entre Catherine II et Potemkine.
Certes, il n'y a plus de sensualité charnelle entre les deux protagonistes, mais ils restent étroitement liés viscéralement intellectuellement et Catherine laisse toute latitude pour choisir le nouveau favori, c'est dire qu'ils se connaissent bien... Platon Zoubov qui succédera à Mamonov ne sera pas choisi par Potemkine car ce dernier sera pris de cours par une combinaison parmi les ennemis nombreux du prince de Tauride en 1789, d'ou le refroidissement avec la souveraine. Potemkine sera extrêmement choqué de ce revers, mais nous n'en sommes pas encore là...
Je reprends le récit de Alexandre Polovtsoff concernant le favori du moment, Mamonov :
" Le mois suivant, l'impératrice envoie une tabatière à sa mère et nomme son père sénateur.
Les lettres de Catherine à Grimm parlent souvent de " Monsieur l'Habit Rouge " et, déjà en septembre 1786, une de ces lettres est seulement dictée par elle, mais écrite par Mamonov. Catherine y dit : " J'ai dicté bien autre chose, mais l'habit en question n'a pas voulu l'écrire ; vous saurez avec le temps ce que c'est que cet Habit Rouge, si vous ne le savez déjà. "
Pendant cette fin d'année, l'impératrice se préparait à partir pour la Crimée. Elle quitta Tsarskoe-Selo en traîneau, le 7 janvier 1787, et comme de raison, Mamonov l'accompagnait. L'empereur Joseph II vint rejoindre l'impératrice et en écrivant à son frère, il dit : " Le nouveau favori est assez joli garçon, mais il parait lui-même étonné de sa fortune. " Joseph II n'était pas un bon observateur, car il est le seul qui ait recueilli cette impression de Mamonov ; bien au contraire le favori était particulièrement à l'aise.
De Kiev, Catherine écrivait à Grimm pour lui demander de lui envoyer " la plus belle édition possible " des œuvres de Buffon. " C'est pour l'Habit Rouge explique t-elle, qui me tourmente tous les jours pour cela. En attendant, il fait un train terrible avec mes ministres de poche, et c'est à qui dira ou fera le plus de folies ; ils sont tout à fait déchaînés ; ils parlent et bavardent et rient parfois tous de concert et moi, j'écoute et je regarde et je reste assise tout tranquillement dans un coin ; oui, en voilà une vie ! et cependant, vous appelez cela une vie fort douce. "
L'impératrice s'occupait de l'éducation politique de Mamonov et espérait en faire un homme d'État . Toutes les questions importantes étaient discutées et décidées en sa présence, mais il disait parfois avec désinvolture de telles bêtises que Catherine II était obligée de sauver la situation en remarquant qu'il était jeune et ne comprenait pas encore toute la portée des mesures qu'il élaborait . Il se permit même de préconiser une politique fondée sur un rapprochement avec la Prusse, ce qui était le contre-pied du système adopté par la Russie ; l'impératrice finit par se fâcher. Néanmoins, dans les questions de détail, elle s'efforçait à lui complaire et, voyant sa soif de richesses, elle le comblait de cadeaux afin de se l'attacher davantage. Après deux ans et demi, il possédait dans la seule province de Ninji-Novgorod, des terres peuplées de 27 000 serfs.
Pendant le voyage de Crimée, il fut promu premier major du régiment Preobrajensky ; un peu plus tard, chambellan, cornette aux chevaliers-garde, et enfin en mai 1788, aide de camp général avec un traitement de 180 000 roubles ; il aimait les bijoux ; Catherine lui donna ses aiguillettes d'aide de camp en diamants ; elle les paya 50 000 roubles. L'empereur d'Allemagne le créa comte du Saint-Empire, titre confirmé en Russie. A la Saint-Alexandre, le 30 août, il espérait recevoir le cordon de l'ordre placé sous l'invocation de ce saint, mais Catherine se borna à lui offrir une canne d'aide de camp bijoutee, du prix de 3 700 roubles ; il se mit à la bouder, pretexta des " étouffements " et dix jours plus tard, la souveraine céda ; il eut son cordon avec des insignes en diamants valant 17 000 roubles. "
Pfttt.... Ça rapporte la place de favori à la Cour de Russie ! Mamonov avait tout intérêt à être gentil avec sa maîtresse !! c'est le moins qu'on puisse dire !
Je suis étonné qu'une femme dotée d'un flair politique si aiguisé, d'une prévoyance et d'une lucidité politique pour deux ou plus, fut tellement perméable aux caprices d'un jeune homme si ambitieux et dénué de capacités politiques d'envergure !
Pourquoi lui demander son avis pour les affaires de l'Etat et en présence des ministres, au risque de lui faire dire des énormités ?!!
Ce jeune homme n'avait d'autre vocation que dans la sphère privée de l'impératrice et de parader à son bras à la Cour.
Mais de là à l'initier aux arcanes de la politique ?! Les ministres, les dignitaires, les ambassadeurs devaient bien rirent intérieurement.
Bon, à près de soixante ans, Catherine était une cougar, voilà ce qu'était son talon d'Achille, que voulez vous !
A suivre !
Certes, il n'y a plus de sensualité charnelle entre les deux protagonistes, mais ils restent étroitement liés viscéralement intellectuellement et Catherine laisse toute latitude pour choisir le nouveau favori, c'est dire qu'ils se connaissent bien... Platon Zoubov qui succédera à Mamonov ne sera pas choisi par Potemkine car ce dernier sera pris de cours par une combinaison parmi les ennemis nombreux du prince de Tauride en 1789, d'ou le refroidissement avec la souveraine. Potemkine sera extrêmement choqué de ce revers, mais nous n'en sommes pas encore là...
Je reprends le récit de Alexandre Polovtsoff concernant le favori du moment, Mamonov :
" Le mois suivant, l'impératrice envoie une tabatière à sa mère et nomme son père sénateur.
Les lettres de Catherine à Grimm parlent souvent de " Monsieur l'Habit Rouge " et, déjà en septembre 1786, une de ces lettres est seulement dictée par elle, mais écrite par Mamonov. Catherine y dit : " J'ai dicté bien autre chose, mais l'habit en question n'a pas voulu l'écrire ; vous saurez avec le temps ce que c'est que cet Habit Rouge, si vous ne le savez déjà. "
Pendant cette fin d'année, l'impératrice se préparait à partir pour la Crimée. Elle quitta Tsarskoe-Selo en traîneau, le 7 janvier 1787, et comme de raison, Mamonov l'accompagnait. L'empereur Joseph II vint rejoindre l'impératrice et en écrivant à son frère, il dit : " Le nouveau favori est assez joli garçon, mais il parait lui-même étonné de sa fortune. " Joseph II n'était pas un bon observateur, car il est le seul qui ait recueilli cette impression de Mamonov ; bien au contraire le favori était particulièrement à l'aise.
De Kiev, Catherine écrivait à Grimm pour lui demander de lui envoyer " la plus belle édition possible " des œuvres de Buffon. " C'est pour l'Habit Rouge explique t-elle, qui me tourmente tous les jours pour cela. En attendant, il fait un train terrible avec mes ministres de poche, et c'est à qui dira ou fera le plus de folies ; ils sont tout à fait déchaînés ; ils parlent et bavardent et rient parfois tous de concert et moi, j'écoute et je regarde et je reste assise tout tranquillement dans un coin ; oui, en voilà une vie ! et cependant, vous appelez cela une vie fort douce. "
L'impératrice s'occupait de l'éducation politique de Mamonov et espérait en faire un homme d'État . Toutes les questions importantes étaient discutées et décidées en sa présence, mais il disait parfois avec désinvolture de telles bêtises que Catherine II était obligée de sauver la situation en remarquant qu'il était jeune et ne comprenait pas encore toute la portée des mesures qu'il élaborait . Il se permit même de préconiser une politique fondée sur un rapprochement avec la Prusse, ce qui était le contre-pied du système adopté par la Russie ; l'impératrice finit par se fâcher. Néanmoins, dans les questions de détail, elle s'efforçait à lui complaire et, voyant sa soif de richesses, elle le comblait de cadeaux afin de se l'attacher davantage. Après deux ans et demi, il possédait dans la seule province de Ninji-Novgorod, des terres peuplées de 27 000 serfs.
Pendant le voyage de Crimée, il fut promu premier major du régiment Preobrajensky ; un peu plus tard, chambellan, cornette aux chevaliers-garde, et enfin en mai 1788, aide de camp général avec un traitement de 180 000 roubles ; il aimait les bijoux ; Catherine lui donna ses aiguillettes d'aide de camp en diamants ; elle les paya 50 000 roubles. L'empereur d'Allemagne le créa comte du Saint-Empire, titre confirmé en Russie. A la Saint-Alexandre, le 30 août, il espérait recevoir le cordon de l'ordre placé sous l'invocation de ce saint, mais Catherine se borna à lui offrir une canne d'aide de camp bijoutee, du prix de 3 700 roubles ; il se mit à la bouder, pretexta des " étouffements " et dix jours plus tard, la souveraine céda ; il eut son cordon avec des insignes en diamants valant 17 000 roubles. "
Pfttt.... Ça rapporte la place de favori à la Cour de Russie ! Mamonov avait tout intérêt à être gentil avec sa maîtresse !! c'est le moins qu'on puisse dire !
Je suis étonné qu'une femme dotée d'un flair politique si aiguisé, d'une prévoyance et d'une lucidité politique pour deux ou plus, fut tellement perméable aux caprices d'un jeune homme si ambitieux et dénué de capacités politiques d'envergure !
Pourquoi lui demander son avis pour les affaires de l'Etat et en présence des ministres, au risque de lui faire dire des énormités ?!!
Ce jeune homme n'avait d'autre vocation que dans la sphère privée de l'impératrice et de parader à son bras à la Cour.
Mais de là à l'initier aux arcanes de la politique ?! Les ministres, les dignitaires, les ambassadeurs devaient bien rirent intérieurement.
Bon, à près de soixante ans, Catherine était une cougar, voilà ce qu'était son talon d'Achille, que voulez vous !
A suivre !
Dominique Poulin- Messages : 7015
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Les amants de Catherine II
Merci, mon cher Dominique, pour cette suite de notre feuilleton érotico-politico-historique.
Dominique Poulin a écrit:
Bon, à près de soixante ans, Catherine était une cougar, voilà ce qu'était son talon d'Achille, que voulez vous !
Le chevalier de Corberon nous le disait peu en amont de ce sujet, l'énoncé de cette vérité valut à la princesse Galitzin-Engelhardt d'être exilée de la Cour ...
Quant à Mamonov, Iermonov and Co, ils auraient pu chanter, à l'instar de Louis Prima, I'm just a gigolo ...
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Mme de Sabran- Messages : 55516
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les amants de Catherine II
Suite de notre récit sous la plume de Mr Polovtsoff avec Mamonov, le favori du moment :
" Encore que les efforts de l'impératrice pour développer le sens politique de Mamonov n'eussent pas été couronnés d'un succès indiscutable, sa bonne opinion de lui n'en souffrit pas, ainsi qu'en font foi les termes élogieux qu'elle emploie pour en parler à Grimm.
Pendant le voyage en Crimée elle dit :
" Cet Habit Rouge est si aimable, si spirituel, si gai, si beau, si complaisant, de si bonne compagnie, que vous ferez très bien de l'aimer sans le connaître. Outre cela, il aime passionnément la musique, le chevalier de Lameth pourra vous en donner des nouvelles ; M. de Ségur et lui ont soupé hier chez l'Habit Rouge et il les a régalés d'un excellent violon que j'ai été obligée de faire venir ici, parce que M. l'Habit Rouge ne peut vivre sans musique. "
Dans une autre lettre :
" M. l'Habit Rouge, en attendant qu'il soit nommé ambassadeur près de vous, s'est avisé de vous écrire la pancarte ( dans sa correspondance avec Grimm, l'impératrice appelle " pancarte " les longues lettres ), ci-jointe et il m'a dit en ma remettant qu'il était tenté d'y ajouter mille folies, mais qu'il s'est trouvé dans le cas où nous sommes tous ici de se hâter et de n'avoir de temps pour rien. "
En octobre de la même année :
" Je vous avertis que l'Habit Rouge est plus fou que moi en fait de pierres gravées et de médailles : j'ai eu bien de la peine aujourd'hui, après deux heures d'examen, de le tirer du médailler où il s'était si bien entouré de coffres et de coffrets qu'on ne pouvait plus passer par la chambre, et puis il a fini par emporter la clé de la chambre pour que personne ne lui derangeat le bel arrangement qu'il y a fait et qui barre si bien l'entrée et l'accès que je défie qui que ce soit d'y pénétrer dans cette précaution même, très inutile à mon avis et qu'il trouve d'une très haute prudence. "
Non content de ranger les camées et les Intailles que l'impératrice achetait, Mamonov s'etait mis à en graver lui-même.
L'impératrice trouva pour Mamonov un champ d'action supplémentaire qui était à portée de ses facultés et parfaitement en rapport avec ses goûts littéraires. A cette époque de la vie de Catherine, le théâtre rentrait dans le cadre de ses préoccupations. Elle écrivit elle-même plusieurs comédies ; elle composa aussi des opéras bouffes. Quarenghi venait de lui construire le théâtre de l'Ermitage, ravissante salle dans le style néoclassique, et outre des représentations de professionnels, elle y monta des spectacles d'amateurs. Les pièces écrites pour cette petite scène furent publiés dans un recueil spécial, " Le Théâtre de l'Ermitage ", dont les exemplaires, ornés de fines vignettes et reliés avec soin, sont devenus une grande rareté bibliographique.
Les personnes de l'entourage de l'impératrice qui avaient des goûts littéraires étaient tenues d'y contribuer et Mamonov était de ce nombre ; dans ce recueil figurent quelques proverbes de lui. Quant aux productions dramatiques de Catherine, elle n'avait pas toujours l'esprit assez libre ni assez détaché des préoccupations de " son métier " ( comme elle se plaisait à appeler les devoirs de son état ) pour s'adonner à des envolées de fantaisie pure et la politique se refleta parfois dans ses travaux littéraires.
L'année 1788 lui réservait une surprise pénible dont elle se mit longtemps à revenir. Comme Potemkine dans le Midi soutenait tout le poids de la guerre contre les Turcs, Catherine eut à subir une attaque soudaine de la part de la Suède. Pendant longtemps, elle se refusa à croître que les préparatifs de guerre auxquels s'adonnait Gustave III fussent dirigés contre la Russie, mais quand il fallut se rendre à l'évidence, elle s'attela à la besogne, fit face à tout, créa une armée, donna des ordres, pensa à mille détails ; elle vécut des semaines d'angoisse dans un travail incessant, pendant lequel son indignation contre son cousin Gustave n'eclatait que par bouffées.
Mais à peine la première émotion calmée, après que la défaite que Gteigh infligea à la flotte suédoise, elle trempe sa plume dans l'encrier et tourne son ennemi en ridicule dans une opérette qu'après beaucoup d'hésitations, elle intitule " Le Chevalier de Malheur ".
Quand Potemkine revint à Saint-Petersbourg, il l'empêcha d'en autoriser des représentations publiques, par crainte de compromettre les chances d'une paix prochaine, car Catherine était si contente d'avoir réussi non seulement à battre, mais encore à bafouer le roi de Suède, qu'elle voulait prendre tout l'univers à témoin de ce qu'elle en pensait.
L'activité de Mamonov comme collectionneur, litterateur et directeur de théâtre lui donnait l'occasion de briller sur un terrain qui le mettait en valeur.
Cependant, il n'était pas heureux . Déjà, avant de partir pour le voyage de Crimée, il se plaignait à l'impératrice qu'il était " fort ennuyeux de vivre à la Cour " et qu' " au milieu des courtisans il se sentait comme parmi des loups dans une forêt. "
Ha ! on commence à se lasser !! Bien entendu être le caniche d'une impératrice de soixante ans a ses avantages, mais le revers de la médaille est tout autant omniprésent, sinon davantage.
Quel sera donc l'épilogue de cette plaisanterie ? Catherine II se meprend t-elle elle même sur cette pseudo idylle qui n'en est pas une, puisque orchestrée par le tout puissant Potemkine ?
A suivre !
" Encore que les efforts de l'impératrice pour développer le sens politique de Mamonov n'eussent pas été couronnés d'un succès indiscutable, sa bonne opinion de lui n'en souffrit pas, ainsi qu'en font foi les termes élogieux qu'elle emploie pour en parler à Grimm.
Pendant le voyage en Crimée elle dit :
" Cet Habit Rouge est si aimable, si spirituel, si gai, si beau, si complaisant, de si bonne compagnie, que vous ferez très bien de l'aimer sans le connaître. Outre cela, il aime passionnément la musique, le chevalier de Lameth pourra vous en donner des nouvelles ; M. de Ségur et lui ont soupé hier chez l'Habit Rouge et il les a régalés d'un excellent violon que j'ai été obligée de faire venir ici, parce que M. l'Habit Rouge ne peut vivre sans musique. "
Dans une autre lettre :
" M. l'Habit Rouge, en attendant qu'il soit nommé ambassadeur près de vous, s'est avisé de vous écrire la pancarte ( dans sa correspondance avec Grimm, l'impératrice appelle " pancarte " les longues lettres ), ci-jointe et il m'a dit en ma remettant qu'il était tenté d'y ajouter mille folies, mais qu'il s'est trouvé dans le cas où nous sommes tous ici de se hâter et de n'avoir de temps pour rien. "
En octobre de la même année :
" Je vous avertis que l'Habit Rouge est plus fou que moi en fait de pierres gravées et de médailles : j'ai eu bien de la peine aujourd'hui, après deux heures d'examen, de le tirer du médailler où il s'était si bien entouré de coffres et de coffrets qu'on ne pouvait plus passer par la chambre, et puis il a fini par emporter la clé de la chambre pour que personne ne lui derangeat le bel arrangement qu'il y a fait et qui barre si bien l'entrée et l'accès que je défie qui que ce soit d'y pénétrer dans cette précaution même, très inutile à mon avis et qu'il trouve d'une très haute prudence. "
Non content de ranger les camées et les Intailles que l'impératrice achetait, Mamonov s'etait mis à en graver lui-même.
L'impératrice trouva pour Mamonov un champ d'action supplémentaire qui était à portée de ses facultés et parfaitement en rapport avec ses goûts littéraires. A cette époque de la vie de Catherine, le théâtre rentrait dans le cadre de ses préoccupations. Elle écrivit elle-même plusieurs comédies ; elle composa aussi des opéras bouffes. Quarenghi venait de lui construire le théâtre de l'Ermitage, ravissante salle dans le style néoclassique, et outre des représentations de professionnels, elle y monta des spectacles d'amateurs. Les pièces écrites pour cette petite scène furent publiés dans un recueil spécial, " Le Théâtre de l'Ermitage ", dont les exemplaires, ornés de fines vignettes et reliés avec soin, sont devenus une grande rareté bibliographique.
Les personnes de l'entourage de l'impératrice qui avaient des goûts littéraires étaient tenues d'y contribuer et Mamonov était de ce nombre ; dans ce recueil figurent quelques proverbes de lui. Quant aux productions dramatiques de Catherine, elle n'avait pas toujours l'esprit assez libre ni assez détaché des préoccupations de " son métier " ( comme elle se plaisait à appeler les devoirs de son état ) pour s'adonner à des envolées de fantaisie pure et la politique se refleta parfois dans ses travaux littéraires.
L'année 1788 lui réservait une surprise pénible dont elle se mit longtemps à revenir. Comme Potemkine dans le Midi soutenait tout le poids de la guerre contre les Turcs, Catherine eut à subir une attaque soudaine de la part de la Suède. Pendant longtemps, elle se refusa à croître que les préparatifs de guerre auxquels s'adonnait Gustave III fussent dirigés contre la Russie, mais quand il fallut se rendre à l'évidence, elle s'attela à la besogne, fit face à tout, créa une armée, donna des ordres, pensa à mille détails ; elle vécut des semaines d'angoisse dans un travail incessant, pendant lequel son indignation contre son cousin Gustave n'eclatait que par bouffées.
Mais à peine la première émotion calmée, après que la défaite que Gteigh infligea à la flotte suédoise, elle trempe sa plume dans l'encrier et tourne son ennemi en ridicule dans une opérette qu'après beaucoup d'hésitations, elle intitule " Le Chevalier de Malheur ".
Quand Potemkine revint à Saint-Petersbourg, il l'empêcha d'en autoriser des représentations publiques, par crainte de compromettre les chances d'une paix prochaine, car Catherine était si contente d'avoir réussi non seulement à battre, mais encore à bafouer le roi de Suède, qu'elle voulait prendre tout l'univers à témoin de ce qu'elle en pensait.
L'activité de Mamonov comme collectionneur, litterateur et directeur de théâtre lui donnait l'occasion de briller sur un terrain qui le mettait en valeur.
Cependant, il n'était pas heureux . Déjà, avant de partir pour le voyage de Crimée, il se plaignait à l'impératrice qu'il était " fort ennuyeux de vivre à la Cour " et qu' " au milieu des courtisans il se sentait comme parmi des loups dans une forêt. "
Ha ! on commence à se lasser !! Bien entendu être le caniche d'une impératrice de soixante ans a ses avantages, mais le revers de la médaille est tout autant omniprésent, sinon davantage.
Quel sera donc l'épilogue de cette plaisanterie ? Catherine II se meprend t-elle elle même sur cette pseudo idylle qui n'en est pas une, puisque orchestrée par le tout puissant Potemkine ?
A suivre !
Dernière édition par Dominique Poulin le Mar 09 Avr 2019, 23:50, édité 1 fois
Dominique Poulin- Messages : 7015
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Les amants de Catherine II
Ce poste mérite que l'on rende un hommage au grand Pierre III de Russie, époux légitime de Catherine II, incompris et critiqué injustement.. devancé par une femme avide de pouvoir alors que lui avait à cœur d'améliorer le sort du peuple russe malgré ses penchants un peu trop marqués pour la Prusse.
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L'Etoile de Pourpre
" Ô liberté, que de crimes on commet en ton nom ! "
" Il est vieux comme le diable, le monde qu’ils disent nouveau et qu’ils veulent fonder dans l’absence de Dieu. "
" Ô liberté, que de crimes on commet en ton nom ! "
" Il est vieux comme le diable, le monde qu’ils disent nouveau et qu’ils veulent fonder dans l’absence de Dieu. "
Manon Roland- Messages : 108
Date d'inscription : 07/04/2019
Age : 25
Localisation : Royaume de France
Re: Les amants de Catherine II
Bienvenue à vous Mr le marquis de La Fayette !
Je vous conseille vivement de créer un sujet spécifique sur l'empereur Pierre III sur notre forum.
Nous serons heureux de débattre avec vous !
Je vous conseille vivement de créer un sujet spécifique sur l'empereur Pierre III sur notre forum.
Nous serons heureux de débattre avec vous !
Dominique Poulin- Messages : 7015
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Les amants de Catherine II
Merci beaucoup Monsieur !
C'est ce que je vais faire... car c'est un personnage que j'apprécie beaucoup !
C'est ce que je vais faire... car c'est un personnage que j'apprécie beaucoup !
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L'Etoile de Pourpre
" Ô liberté, que de crimes on commet en ton nom ! "
" Il est vieux comme le diable, le monde qu’ils disent nouveau et qu’ils veulent fonder dans l’absence de Dieu. "
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" Il est vieux comme le diable, le monde qu’ils disent nouveau et qu’ils veulent fonder dans l’absence de Dieu. "
Manon Roland- Messages : 108
Date d'inscription : 07/04/2019
Age : 25
Localisation : Royaume de France
Re: Les amants de Catherine II
Bon, à près de soixante ans, Catherine était une cougar, voilà ce qu'était son talon d'Achille, que voulez vous !La Fayette a écrit:Merci beaucoup Monsieur !
C'est ce que je vais faire... car c'est un personnage que j'apprécie beaucoup !
La grande Catherine serait-elle donc votre talon d'Achille ?
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Comtesse Diane- Messages : 7397
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: Les amants de Catherine II
Or donc, Domi, que devient Mamonov, dans tout ça ?
J'ai idée qu'il ne va pas s'éterniser dans le coeur, les bras et le lit de Catherine ...
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Mme de Sabran- Messages : 55516
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les amants de Catherine II
Oui, Mamonov regarde ailleurs ! Et dans l'essaim des demoiselles d'honneur de l'impératrice !!
Dominique Poulin- Messages : 7015
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Les amants de Catherine II
Je sens que Matiouchka va saisir le prétexte !
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Mme de Sabran- Messages : 55516
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les amants de Catherine II
Je reprends le livre de Alexandre Polovtsoff " Les Favoris de Catherine La Grande " avec les aléas de Alexandre Mamonov :
" Plus tard, après que les " étouffements " dont il avait souffert lui eurent fait obtenir ce qu'il convoitait, il se mit à en user plus largement.
Il assura à Catherine que les " étouffements " le reprenaient chaque fois qu'il sortait dans un carrosse de la cour et il tint à avoir des voitures d'un modèle spécial ; il ne les confia pas au service des écuries et de cette façon il eut un personnel, choisi par lui-même, qui ne dépendait pas du maréchal du palais.
Catherine était jalouse de Mamonov et Khrapovitsky dit tenir du vieux valet de chambre de l'impératrice, Zacharie Zotov, qu'elle lui faisait des scènes chaque fois que dans le monde elle l'avait vu se mettre en frais pour des dames. Elle savait cependant que sa disposition naturelle le portait à être aimable envers tous ceux qu'il approchait Estelle appréciait son adresse à gagner les bonnes grâces de l'héritier du trône et de son épouse ; il leur manifestait la plus profonde déférence et ne manquait jamais une occasion de leur être agréable. Cependant, quand elle le voyait en compagnie d'autres femmes, elle flairait de vagues occasions d'infidélité.
En février 1789, Khrapovitsky note :
" Après le dîner, querelle avec le comte Alexandre Matveivitch. Passa la soirée au lit. ". Puis quelques jours plus tard : " Le jouvenceau considère que sa vie est une prison et s'ennuie beaucoup. "
Et à plusieurs reprises, il mentionne " larmes " sans autre explication. Peut-être ces larmes n'etaient-elles pas toutes dues à Mamonov, car le début de cette année apporta à Catherine, maints soucis politiques de prime importance ; si elle pleura le 20 et le 21 avril, c'est parce qu'elle a appris que son vieil allié Joseph II est à la mort et qu'elle le regrette sincèrement.
Malgré les tiraillements et les déboires de sa vie avec Mamonov, elle songeait à le nommer vice-chancelier. Cet emploi était exercé par le vieux comte Ostermann, que l'impératrice avait habitué à prétendre à aucune influence. Il remplissait toutes les fonctions d apparat de sa charge et servait d'intermédiaire entre l'impératrice et les diplomates accrédités en Russie, mais elle ne s'en remettait à personne pour le travail des Affaires étrangères qu'elle faisait elle même avec Bezborodko pour chef de chancellerie. Elle pensait que Mamonov pouvait sans inconvénient remplacer Ostermann et par surcroît retrouver son équilibre en s'adonnant à une occupation sérieuse. Elle ne lui en avait pas encore parlé, il ignorait ses intentions et cela fit qu'il ne lui donna pas le temps de mettre son projet à exécution.
Le 17 juin, il vint chez l'impératrice et lui reprocha sa froideur. Il décrivit le désarroi de son esprit et lui demanda conseil sur ce qu'il devait faire. Elle comprit qu'il cherchait un prétexte de rupture et se borna à lui promettre de réfléchir et de chercher une solution qui lui assurat une " retraite brillante ". Fidèle à son système de tout mettre par écrit pour éviter des malentendus, elle lui envoya aussitôt la lettre suivante :
" Désirant toujours que toi et les tiens jouissez d'une parfaite prospérité et voyant à quel point ta situation actuelle te pèse, j'ai l'intention d'organiser ton bonheur d'une autre manière. La fille du comte Bruce est le parti le plus riche et le plus illustre de Russie. Épouse là. La semaine prochaine, le comte Bruce sera de service auprès de moi. Je donnerai des ordres pour que sa fille vienne avec lui. Anna Nikitichna emploiera tous ses moyens pour amener cette affaire au dénouement voulu. J'y aiderai de mon côté et tu pourras de la sorte rester au service. "
La réponse qu'elle reçut à cette lettre était bien différente de ce qu'elle attendait :
" Les mains me tremblent, écrivait Mamonov, et comme je vous l'ai déjà écrit, je suis seul, n'ayant personne ici, excepté vous. Maintenant, je vois tout et à vous confesser la vérité, je suis, de mon côté, votre obligé en toute chose ; Dieu me punirait si je n'agissait en toute sincérité. Ma fortune et celle de ma famille vous sont connues ; nous sommes pauvres, mais je ne me laisserai pas tenté par la richesse ni ne deviendrai l'oblige de personne, hormis de vous, mais pas de Bruce.
Si vous désirez donner un fondement à ma vie, permettez moi d'épouser la princesse Stcherbatov, demoiselle d'honneur, que Ribeaupierre et beaucoup d'autres m'ont vantée ; elle ne me reprochera pas mon manque de fortune et je ne menerai pas une existence désordonnée ; je compte m'installer auprès de mes parents. Ce n'est pas la peine de vous assurer que tout ceci restera un secret. Vous me connaissez suffisamment. Je baise vos petites mains et vos petits pieds et je ne vois pas moi-même ce que j'écris. "
Enfin Catherine y voyait clair. Comme Phèdre, elle pouvait s'ecrier : " Oenone, j'avais une rivale ! ".
Rien d'autre ne comptait. Ce n'était pas la peine de relever les naïfs mensonges de cette lettre, de chercher quelles prétendues personnes avaient créé cette situation. Son instinct de femme ne l'avait pas trompée et maintenant elle savait qui lui avait pris M. l'Habit Rouge, s'appelait Daria Stcherbatov. Elle avait vingt-six ans cette gamine et les amoureux se voyaient en cachette depuis des mois. Elle comprenait pourquoi il lui avait fallu avoir son cocher particulier : c'était pour courir à ses rendez-vous. Ce n'était pas le balancement des carrosses trop bien suspendus qui lui causait des étouffements.
" C'était sa duplicité qui l'etouffait " ne peut-elle s'empêcher de crier et il avouait que six mois auparavant il avait promis à la princesse Stcherbatov de l'épouser. "
Quel vaudeville ! La reine Elisabeth 1ere d'Angleterre connut la même mésaventure lorsque son favori, le comte d'Essex, lorgna vers le service des demoiselles d'honneur !
A suivre.
" Plus tard, après que les " étouffements " dont il avait souffert lui eurent fait obtenir ce qu'il convoitait, il se mit à en user plus largement.
Il assura à Catherine que les " étouffements " le reprenaient chaque fois qu'il sortait dans un carrosse de la cour et il tint à avoir des voitures d'un modèle spécial ; il ne les confia pas au service des écuries et de cette façon il eut un personnel, choisi par lui-même, qui ne dépendait pas du maréchal du palais.
Catherine était jalouse de Mamonov et Khrapovitsky dit tenir du vieux valet de chambre de l'impératrice, Zacharie Zotov, qu'elle lui faisait des scènes chaque fois que dans le monde elle l'avait vu se mettre en frais pour des dames. Elle savait cependant que sa disposition naturelle le portait à être aimable envers tous ceux qu'il approchait Estelle appréciait son adresse à gagner les bonnes grâces de l'héritier du trône et de son épouse ; il leur manifestait la plus profonde déférence et ne manquait jamais une occasion de leur être agréable. Cependant, quand elle le voyait en compagnie d'autres femmes, elle flairait de vagues occasions d'infidélité.
En février 1789, Khrapovitsky note :
" Après le dîner, querelle avec le comte Alexandre Matveivitch. Passa la soirée au lit. ". Puis quelques jours plus tard : " Le jouvenceau considère que sa vie est une prison et s'ennuie beaucoup. "
Et à plusieurs reprises, il mentionne " larmes " sans autre explication. Peut-être ces larmes n'etaient-elles pas toutes dues à Mamonov, car le début de cette année apporta à Catherine, maints soucis politiques de prime importance ; si elle pleura le 20 et le 21 avril, c'est parce qu'elle a appris que son vieil allié Joseph II est à la mort et qu'elle le regrette sincèrement.
Malgré les tiraillements et les déboires de sa vie avec Mamonov, elle songeait à le nommer vice-chancelier. Cet emploi était exercé par le vieux comte Ostermann, que l'impératrice avait habitué à prétendre à aucune influence. Il remplissait toutes les fonctions d apparat de sa charge et servait d'intermédiaire entre l'impératrice et les diplomates accrédités en Russie, mais elle ne s'en remettait à personne pour le travail des Affaires étrangères qu'elle faisait elle même avec Bezborodko pour chef de chancellerie. Elle pensait que Mamonov pouvait sans inconvénient remplacer Ostermann et par surcroît retrouver son équilibre en s'adonnant à une occupation sérieuse. Elle ne lui en avait pas encore parlé, il ignorait ses intentions et cela fit qu'il ne lui donna pas le temps de mettre son projet à exécution.
Le 17 juin, il vint chez l'impératrice et lui reprocha sa froideur. Il décrivit le désarroi de son esprit et lui demanda conseil sur ce qu'il devait faire. Elle comprit qu'il cherchait un prétexte de rupture et se borna à lui promettre de réfléchir et de chercher une solution qui lui assurat une " retraite brillante ". Fidèle à son système de tout mettre par écrit pour éviter des malentendus, elle lui envoya aussitôt la lettre suivante :
" Désirant toujours que toi et les tiens jouissez d'une parfaite prospérité et voyant à quel point ta situation actuelle te pèse, j'ai l'intention d'organiser ton bonheur d'une autre manière. La fille du comte Bruce est le parti le plus riche et le plus illustre de Russie. Épouse là. La semaine prochaine, le comte Bruce sera de service auprès de moi. Je donnerai des ordres pour que sa fille vienne avec lui. Anna Nikitichna emploiera tous ses moyens pour amener cette affaire au dénouement voulu. J'y aiderai de mon côté et tu pourras de la sorte rester au service. "
La réponse qu'elle reçut à cette lettre était bien différente de ce qu'elle attendait :
" Les mains me tremblent, écrivait Mamonov, et comme je vous l'ai déjà écrit, je suis seul, n'ayant personne ici, excepté vous. Maintenant, je vois tout et à vous confesser la vérité, je suis, de mon côté, votre obligé en toute chose ; Dieu me punirait si je n'agissait en toute sincérité. Ma fortune et celle de ma famille vous sont connues ; nous sommes pauvres, mais je ne me laisserai pas tenté par la richesse ni ne deviendrai l'oblige de personne, hormis de vous, mais pas de Bruce.
Si vous désirez donner un fondement à ma vie, permettez moi d'épouser la princesse Stcherbatov, demoiselle d'honneur, que Ribeaupierre et beaucoup d'autres m'ont vantée ; elle ne me reprochera pas mon manque de fortune et je ne menerai pas une existence désordonnée ; je compte m'installer auprès de mes parents. Ce n'est pas la peine de vous assurer que tout ceci restera un secret. Vous me connaissez suffisamment. Je baise vos petites mains et vos petits pieds et je ne vois pas moi-même ce que j'écris. "
Enfin Catherine y voyait clair. Comme Phèdre, elle pouvait s'ecrier : " Oenone, j'avais une rivale ! ".
Rien d'autre ne comptait. Ce n'était pas la peine de relever les naïfs mensonges de cette lettre, de chercher quelles prétendues personnes avaient créé cette situation. Son instinct de femme ne l'avait pas trompée et maintenant elle savait qui lui avait pris M. l'Habit Rouge, s'appelait Daria Stcherbatov. Elle avait vingt-six ans cette gamine et les amoureux se voyaient en cachette depuis des mois. Elle comprenait pourquoi il lui avait fallu avoir son cocher particulier : c'était pour courir à ses rendez-vous. Ce n'était pas le balancement des carrosses trop bien suspendus qui lui causait des étouffements.
" C'était sa duplicité qui l'etouffait " ne peut-elle s'empêcher de crier et il avouait que six mois auparavant il avait promis à la princesse Stcherbatov de l'épouser. "
Quel vaudeville ! La reine Elisabeth 1ere d'Angleterre connut la même mésaventure lorsque son favori, le comte d'Essex, lorgna vers le service des demoiselles d'honneur !
A suivre.
Dominique Poulin- Messages : 7015
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Les amants de Catherine II
Merci, merci, cher Dominique !
Hou ! ça sent le roussi ... ( je dirais même plus, le Russki )
Dur dur, pour Catherine, de se voir préférer une jeunesse .
Daria Stcherbatov sera le tendron d'Achille de Mamonov.
Je le sens.
Nous sommes tous en haleine !!!
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55516
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les amants de Catherine II
Merci Dominique pour la suite de ce récit...
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Les amants de Catherine II
Retrouvons la chronique des favoris de Catherine II sous la plume de Alexandre Polovtsoff.
Nous sommes parvenus au terme de la faveur de Mamonov :
" A cette date du 18 juin, le journal de Khrapovitsky dit que l'impératrice était triste et qu'elle pleura. Sa vieille amie, Mme Narychkine, passa la soirée avec elle en tête à tête.
Le lendemain, elle s'était ressaisie et passa la matinée à écrire des lettres d'affaires, à donner des ordres. A trois heures de l'après-midi, Mme Narychkine revint lui tenir compagnie et elles allèrent faire une promenade à pied dans le parc.
Le surlendemain, elle liquida la situation : elle fit venir sur le soir sa demoiselle d'honneur, princesse Stcherbatov, avec le promis de celle-ci, comte Dimitriev-Mamonov, et annonça publiquement leurs fiançailles. Les jeunes gens, agenouillés devant la souveraine, écoutèrent son allocution, dont un témoin raconte qu'on ne pouvait entendre, sans pleurer d'attendrissement, les paroles par lesquelles elle leur souhaita bonheur et prospérité. Les fiancés étaient si émus que tous deux se trouvèrent mal. Le même jour, elle signa un oukase leur octroyant des terres et 100 000 roubles en numéraire.
Pour célébrer leur mariage, il fallait attendre la fin du carême de la Saint-Pierre. La cérémonie n'eut lieu par conséquent que dix jours plus tard, le 1er juillet 1789, dans la chapelle du palais, à 9 heures du soir. L'impératrice coiffa la mariée et la benit avec un icône, ainsi qu'il était d'usage quand l'une des demoiselles d'honneur se mariait. Sur le désir de Mamonov, il y avait fort peu d'invités aussi bien à la chapelle qu'au souper, après lequel le jeune marié resta longtemps seul chez l'impératrice : au profond étonnement de Catherine, il essaya de lui persuader qu'elle pourrait le garder à la cour. Le lendemain soir, à 10 heures, il revint encore chez elle prendre congé, et " ne savait ce qu'il disait " confia Catherine à Khrapovitsky. A minuit, le jeune ménage partit passer la lune de miel dans une de ses terres, " afin que la mariée y fasse ses couches ". Il n'était que temps ! L'aîné de ses enfants naquit cette même année.
Potemkine, le confident ordinaire de Catherine, était à mille lieues d'elle et fort occupé à guerroyer. Elle ne pouvait s'entretenir avec lui que par écrit et lui envoya une lettre dans laquelle elle se plaignait de la façon dont elle avait été traitée.
" Je n'ai jamais été le tyran de personne, écrivait-elle et je hais toute contrainte. " Elle n'accusait Mamonov que de son manque de franchise. " Et que de fois, mon cher ami, ajoute-t-elle, vous m'avez dit : " Eh, Matouchka, envoie le promener ! " et c'était moi qui cherchais à l'excuser. "
Elle demeura longtemps sans rien dire à Grimm. Plus de six mois plus tard, elle lui donna la version suivante de ce qui était arrivé :
" L'élève de Mlle Cardel ayant trouvé M. l'Habit Rouge plus digne de pitié que de colère, il est excessivement puni pour la vie par la plus bête des passions qui n'a pas mis les rieurs de son côté et l'a décrié comme ingrat : elle n'a fait que finir au plus tôt, au contentement des intéressés, cette farce là. " . Et ce fut tout.
Mais malgré la fin misérable de ce roman, l'impératrice tint à soutenir aux yeux du public la bonne opinion qu'elle avait invariablement manifestée au sujet des capacités intellectuelles de Mamonov. Quelques semaines après son départ, elle dit à ses familiers qu'elle garderait toujours avec lui les mêmes dispositions que par le passé, et au mois d'octobre elle lui envoya un nouveau volume du Théâtre de l'Ermitage, ainsi que des gravures. Mamonov lui écrivait des lettres auxquelles elle répondait ; il lui présentait des félicitations à l'occasion de chacun des succès politiques qu'elle remportait : prise de forteresses turques, traité de paix avec la Suède et la Turquie. Dans une de ses lettres il dit : " Je sens chaque jour davantage combien tous vos bienfaits à mon égard et combien peu je les ai mérités. " De son côté, elle lui parle des évènements marquants du moment et le charge de transmettre des compliments aux parents de Mamonov.
En mars 1792, il sollicite un prolongement de congé en raison de la mort de sa mère et afin de rester auprès de son père à Moscou. L'impératrice le lui accorde, bien entendu, en ajoutant qu'elle " ne doute pas de son désir de se rendre utile au service de sa souveraine et de l'Empire " et jusqu'à la mort de Catherine, ces renouvellements de congé se succèdent sans interruption, de façon que Mamonov ne reparut jamais à la cour.
Une fois, le bruit se répandit que l'ancien favori était devenu fou. L'impératrice soupçonnait que ces rumeurs étaient propagées par la famille de son nouveau favori, Zoubov, aussi communiqua-t-elle à celui-ci la dernière lettre qu'elle venait de recevoir de Mamonov avec un billet où elle disait : " Le style de cette lettre justifie son auteur de l'accusation qu'il aurait été atteint de folie. "
Toutefois, ces procédés courtois n'étaient que pour " sauver la face ". Personne n'ignorait que la vie conjugale de Mamonov n'était si heureuse, ni même empreinte de dignité.
Le comte Golovkine dit de lui dans ses Mémoires :
" Il ne sut être ni tout, ni rien, ni quelque chose. Il ne s'accorda plus d'autre distraction que de maltraiter sa femme qu'il accusait sans cesse d'être la cause de sa parfaite nullité. "
Catherine savait fort bien à quoi s'en tenir. En juin 1790, elle dit à Khrapovitsky, à propos de Mamonov : " Il ne saurait être heureux ; il y a une différence entre faire des promenades avec quelqu'un dans un jardin et avoir des entrevues d'un quart d'heure ou bien passer sa vie ensemble. "
Cela d'ailleurs n'avait aucune importance ; quoi qu'il arrivat à Mamonov, il était évident qu'il ne serait jamais rappelé et qu'on ne le reverrait plus.
Les mauvais rapports des jeunes époux étaient de notoriété publique. Il eurent cependant quatre enfants, dont deux moururent en bas âge ; des deux autres, une fille et un fils, la première ne se maria pas, et son frère qui vécut jusqu'en 1863, ne laissa pas de postérité. La comtesse Dimitriev-Mamonov mourut en 1801, à trente-huit ans.
Lorsqu'en 1796 Paul 1er devint empereur, il mit Mamonov en demeure de choisir, soit de rejoindre le régiment dont il était le chef honoraire, soit de donner sa démission. Mamonov répondit que l'état de sa santé le rendait impropre au service actif et fut aussitôt mis à la retraite. Il continua de séjourner à Moscou, où il s'eteignit en 1803. "
Ainsi finit Mamonov qui n'avait pas su conserver sa faveur. Mais quoi, être l'amant-favori d'une femme qui pourrait être sa mère n'est pas propre à tous les jeunes gens dans la durée fut-elle une impératrice ! Pour sa part, Catherine II dans ses dernières années tombe dans un aveuglément sentimental qui plonge tous ses favoris de la plus vive lumière à une retraite anticipée loin des mirages de la cour dont la plupart ne se remettent pas.
A suivre ! Prochain chapitre : Platon Zoubov.
Nous sommes parvenus au terme de la faveur de Mamonov :
" A cette date du 18 juin, le journal de Khrapovitsky dit que l'impératrice était triste et qu'elle pleura. Sa vieille amie, Mme Narychkine, passa la soirée avec elle en tête à tête.
Le lendemain, elle s'était ressaisie et passa la matinée à écrire des lettres d'affaires, à donner des ordres. A trois heures de l'après-midi, Mme Narychkine revint lui tenir compagnie et elles allèrent faire une promenade à pied dans le parc.
Le surlendemain, elle liquida la situation : elle fit venir sur le soir sa demoiselle d'honneur, princesse Stcherbatov, avec le promis de celle-ci, comte Dimitriev-Mamonov, et annonça publiquement leurs fiançailles. Les jeunes gens, agenouillés devant la souveraine, écoutèrent son allocution, dont un témoin raconte qu'on ne pouvait entendre, sans pleurer d'attendrissement, les paroles par lesquelles elle leur souhaita bonheur et prospérité. Les fiancés étaient si émus que tous deux se trouvèrent mal. Le même jour, elle signa un oukase leur octroyant des terres et 100 000 roubles en numéraire.
Pour célébrer leur mariage, il fallait attendre la fin du carême de la Saint-Pierre. La cérémonie n'eut lieu par conséquent que dix jours plus tard, le 1er juillet 1789, dans la chapelle du palais, à 9 heures du soir. L'impératrice coiffa la mariée et la benit avec un icône, ainsi qu'il était d'usage quand l'une des demoiselles d'honneur se mariait. Sur le désir de Mamonov, il y avait fort peu d'invités aussi bien à la chapelle qu'au souper, après lequel le jeune marié resta longtemps seul chez l'impératrice : au profond étonnement de Catherine, il essaya de lui persuader qu'elle pourrait le garder à la cour. Le lendemain soir, à 10 heures, il revint encore chez elle prendre congé, et " ne savait ce qu'il disait " confia Catherine à Khrapovitsky. A minuit, le jeune ménage partit passer la lune de miel dans une de ses terres, " afin que la mariée y fasse ses couches ". Il n'était que temps ! L'aîné de ses enfants naquit cette même année.
Potemkine, le confident ordinaire de Catherine, était à mille lieues d'elle et fort occupé à guerroyer. Elle ne pouvait s'entretenir avec lui que par écrit et lui envoya une lettre dans laquelle elle se plaignait de la façon dont elle avait été traitée.
" Je n'ai jamais été le tyran de personne, écrivait-elle et je hais toute contrainte. " Elle n'accusait Mamonov que de son manque de franchise. " Et que de fois, mon cher ami, ajoute-t-elle, vous m'avez dit : " Eh, Matouchka, envoie le promener ! " et c'était moi qui cherchais à l'excuser. "
Elle demeura longtemps sans rien dire à Grimm. Plus de six mois plus tard, elle lui donna la version suivante de ce qui était arrivé :
" L'élève de Mlle Cardel ayant trouvé M. l'Habit Rouge plus digne de pitié que de colère, il est excessivement puni pour la vie par la plus bête des passions qui n'a pas mis les rieurs de son côté et l'a décrié comme ingrat : elle n'a fait que finir au plus tôt, au contentement des intéressés, cette farce là. " . Et ce fut tout.
Mais malgré la fin misérable de ce roman, l'impératrice tint à soutenir aux yeux du public la bonne opinion qu'elle avait invariablement manifestée au sujet des capacités intellectuelles de Mamonov. Quelques semaines après son départ, elle dit à ses familiers qu'elle garderait toujours avec lui les mêmes dispositions que par le passé, et au mois d'octobre elle lui envoya un nouveau volume du Théâtre de l'Ermitage, ainsi que des gravures. Mamonov lui écrivait des lettres auxquelles elle répondait ; il lui présentait des félicitations à l'occasion de chacun des succès politiques qu'elle remportait : prise de forteresses turques, traité de paix avec la Suède et la Turquie. Dans une de ses lettres il dit : " Je sens chaque jour davantage combien tous vos bienfaits à mon égard et combien peu je les ai mérités. " De son côté, elle lui parle des évènements marquants du moment et le charge de transmettre des compliments aux parents de Mamonov.
En mars 1792, il sollicite un prolongement de congé en raison de la mort de sa mère et afin de rester auprès de son père à Moscou. L'impératrice le lui accorde, bien entendu, en ajoutant qu'elle " ne doute pas de son désir de se rendre utile au service de sa souveraine et de l'Empire " et jusqu'à la mort de Catherine, ces renouvellements de congé se succèdent sans interruption, de façon que Mamonov ne reparut jamais à la cour.
Une fois, le bruit se répandit que l'ancien favori était devenu fou. L'impératrice soupçonnait que ces rumeurs étaient propagées par la famille de son nouveau favori, Zoubov, aussi communiqua-t-elle à celui-ci la dernière lettre qu'elle venait de recevoir de Mamonov avec un billet où elle disait : " Le style de cette lettre justifie son auteur de l'accusation qu'il aurait été atteint de folie. "
Toutefois, ces procédés courtois n'étaient que pour " sauver la face ". Personne n'ignorait que la vie conjugale de Mamonov n'était si heureuse, ni même empreinte de dignité.
Le comte Golovkine dit de lui dans ses Mémoires :
" Il ne sut être ni tout, ni rien, ni quelque chose. Il ne s'accorda plus d'autre distraction que de maltraiter sa femme qu'il accusait sans cesse d'être la cause de sa parfaite nullité. "
Catherine savait fort bien à quoi s'en tenir. En juin 1790, elle dit à Khrapovitsky, à propos de Mamonov : " Il ne saurait être heureux ; il y a une différence entre faire des promenades avec quelqu'un dans un jardin et avoir des entrevues d'un quart d'heure ou bien passer sa vie ensemble. "
Cela d'ailleurs n'avait aucune importance ; quoi qu'il arrivat à Mamonov, il était évident qu'il ne serait jamais rappelé et qu'on ne le reverrait plus.
Les mauvais rapports des jeunes époux étaient de notoriété publique. Il eurent cependant quatre enfants, dont deux moururent en bas âge ; des deux autres, une fille et un fils, la première ne se maria pas, et son frère qui vécut jusqu'en 1863, ne laissa pas de postérité. La comtesse Dimitriev-Mamonov mourut en 1801, à trente-huit ans.
Lorsqu'en 1796 Paul 1er devint empereur, il mit Mamonov en demeure de choisir, soit de rejoindre le régiment dont il était le chef honoraire, soit de donner sa démission. Mamonov répondit que l'état de sa santé le rendait impropre au service actif et fut aussitôt mis à la retraite. Il continua de séjourner à Moscou, où il s'eteignit en 1803. "
Ainsi finit Mamonov qui n'avait pas su conserver sa faveur. Mais quoi, être l'amant-favori d'une femme qui pourrait être sa mère n'est pas propre à tous les jeunes gens dans la durée fut-elle une impératrice ! Pour sa part, Catherine II dans ses dernières années tombe dans un aveuglément sentimental qui plonge tous ses favoris de la plus vive lumière à une retraite anticipée loin des mirages de la cour dont la plupart ne se remettent pas.
A suivre ! Prochain chapitre : Platon Zoubov.
Dominique Poulin- Messages : 7015
Date d'inscription : 02/01/2014
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