Axel de Fersen et le marquis de Lafayette
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La nuit, la neige
Grand canal
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: La famille Polignac - Axel de Fersen - La princesse de Lamballe :: Axel de Fersen
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Mme de Sabran- Messages : 55516
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Axel de Fersen et le marquis de Lafayette
Je suis désolé grand canal, en voulant citer votre message, j'ai fait une erreur et l'ai...supprimé ! Mille excuses...
Bref je vous répondais que je suis bien "scotché" devant mon ordinateur boudoi32 , et lorsque j'évoquais le hameau du Petit Trianon, c'est parce que nous complétons cet autre sujet actuellement : https://marie-antoinette.forumactif.org/t1674p60-hameau-du-petit-trianon-la-maison-de-la-reine#68321
Bref je vous répondais que je suis bien "scotché" devant mon ordinateur boudoi32 , et lorsque j'évoquais le hameau du Petit Trianon, c'est parce que nous complétons cet autre sujet actuellement : https://marie-antoinette.forumactif.org/t1674p60-hameau-du-petit-trianon-la-maison-de-la-reine#68321
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Axel de Fersen et le marquis de Lafayette
Aucun problème . Ça m'arrivera bien un jour .
Grand canal- Messages : 113
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Re: Axel de Fersen et le marquis de Lafayette
La nuit, la neige a écrit:
Comme quoi, avec ou sans la perruque, ça change tout... :
On comprend mieux ce pour quoi Guy Tréjean qui l'incarnait dans le Marie-Antoinette de Jean Delannoy dormait avec sa perruque :
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Axel de Fersen et le marquis de Lafayette
Pour sa seconde expédition pour les Amériques, La Fayette quitte Rochefort (à bord de l'Hermione ) le 20 mars 1780.
Voici ce qu'il écrit à sa femme :
"L'équinoxe est passée. Notre frégate étonne par sa bonté et par sa marche. M. de La Touche vient encore d'ordonner qu'on évitât toutes les voiles qui se rencontreraient, et nous irons droit au premier port américain. On me comble ici d'honnêtetés et, comme les premières secousses du mal de mer sont passées, j'ai de grandes espérances pour cette seconde sortie.
Il faut vous quitter ; ce moment est horrible. Adieu, adieu encore une fois. Je vous aime à la folie."
Vergennes lui a rédigé un mémoire précis, avec ses instructions :
"M. le marquis de La Fayette, se rendant en Amérique, s'empressera de joindre le général Washington, qu'il préviendra, sous la condition du secret, que le roi, voulant donner aux Etats-Unis un nouveau témoignage de son affection et son intérêt pour leur sureté, s'est résolu de faire partir au commencement du printemps un secours de six vaisseaux de ligne et six mille hommes de troupes d'infanterie régulière".
La mission (importante) de La Fayette sera de donner à l'escadre française, quand elle sera en vue des côtes américaines, le top du débarquement par...
"quelques-uns des officiers français qui lui sont attachés, lesquels seraient porteurs chacun d'une lettre de sa part qui attesterait au commandant de l'escadre française, qu'il peut entrer librement et sûrement dans le port. S'il n'arrive aucun officier français porteur d'une lettre de M. le marquis de La Fayette, et qui donne des renseignements sur la manière d'atterrir et sur la possibilité du débarquement, l'escadre se repliera avec son convoi sur Boston, où elle attendra les avis du général Washington.
Fersen arrive quant à lui le 4 avril à Brest, où il attaché à l'état major de Rochambeau.
Voici ce qu'il écrit à sa soeur :
"Me voilà arrivé ici, ma chère amie, première étape de ma destination.
(...)
Je suis dans une joie parfaite de penser que nous allons partir, que je vais faire la guerre et que j'accomplirai quelque chose. Je suis parfaitement bien traité par tout le monde ici ; le général (Rochambeau), qui connaît beaucoup notre père a beaucoup de bonté pour moi, et nous sommes six aides de camp autour de lui.
Nous avons de l'occupation toute la journée ; il n'y a que les soirées qui soient un peu longues. La société est peu gaie à Brest.
Il y a ici beaucoup de jeunes gens de Paris et de la cour, qui sont colonels dans l'armée ou aides de camp ; je suis fort bien avec eux tous, ils paraissent être de mes amis, nous soupons souvent ensemble."
En complément, cet extrait de lettre du comte de Mercy-Argenteau (la fouine :) à l'impératrice Marie-Thérèse.
Le 18 mars 1780 :
"La majeure partie de la récente promotion militaire s'est faite sous les auspices de la protection de la reine. Tous les Polignac ont joué dans cette occasion un grand rôle, moins pour eux que pour leurs amis, mais ces derniers ont obtenu au delà de ce que raisonnablement ils auraient pu désirer.
Le roi s'est prêté avec complaisance à tout ce que la reine a voulu ; il s'est occupé lui-même à former des listes qui ont été refondues plusieurs fois selon les intrigues des prétendants qui y obtenaient des changements".
Et Rochambeau de distinguer quelques officiers d'avenir (selon lui) qu'il tient à s'attacher personnellement :
"...ainsi le comte Charles de Lameth, très joli sujet (sic), intelligent, qui a du détail ; le sieur Mathieu Dumas, sous-lieutenant au régiment Médoc-Infanterie, excellent dessinateur, qui a le coup d'oeil militaire, parle et écrit l'anglais ; enfin le comte de Fersen, Suédois, colonel à la suite du service de France, parle bien anglais, vivement recommandé par M. l'ambassadeur de Suède".
Voici ce qu'il écrit à sa femme :
"L'équinoxe est passée. Notre frégate étonne par sa bonté et par sa marche. M. de La Touche vient encore d'ordonner qu'on évitât toutes les voiles qui se rencontreraient, et nous irons droit au premier port américain. On me comble ici d'honnêtetés et, comme les premières secousses du mal de mer sont passées, j'ai de grandes espérances pour cette seconde sortie.
Il faut vous quitter ; ce moment est horrible. Adieu, adieu encore une fois. Je vous aime à la folie."
Vergennes lui a rédigé un mémoire précis, avec ses instructions :
"M. le marquis de La Fayette, se rendant en Amérique, s'empressera de joindre le général Washington, qu'il préviendra, sous la condition du secret, que le roi, voulant donner aux Etats-Unis un nouveau témoignage de son affection et son intérêt pour leur sureté, s'est résolu de faire partir au commencement du printemps un secours de six vaisseaux de ligne et six mille hommes de troupes d'infanterie régulière".
La mission (importante) de La Fayette sera de donner à l'escadre française, quand elle sera en vue des côtes américaines, le top du débarquement par...
"quelques-uns des officiers français qui lui sont attachés, lesquels seraient porteurs chacun d'une lettre de sa part qui attesterait au commandant de l'escadre française, qu'il peut entrer librement et sûrement dans le port. S'il n'arrive aucun officier français porteur d'une lettre de M. le marquis de La Fayette, et qui donne des renseignements sur la manière d'atterrir et sur la possibilité du débarquement, l'escadre se repliera avec son convoi sur Boston, où elle attendra les avis du général Washington.
Fersen arrive quant à lui le 4 avril à Brest, où il attaché à l'état major de Rochambeau.
Voici ce qu'il écrit à sa soeur :
"Me voilà arrivé ici, ma chère amie, première étape de ma destination.
(...)
Je suis dans une joie parfaite de penser que nous allons partir, que je vais faire la guerre et que j'accomplirai quelque chose. Je suis parfaitement bien traité par tout le monde ici ; le général (Rochambeau), qui connaît beaucoup notre père a beaucoup de bonté pour moi, et nous sommes six aides de camp autour de lui.
Nous avons de l'occupation toute la journée ; il n'y a que les soirées qui soient un peu longues. La société est peu gaie à Brest.
Il y a ici beaucoup de jeunes gens de Paris et de la cour, qui sont colonels dans l'armée ou aides de camp ; je suis fort bien avec eux tous, ils paraissent être de mes amis, nous soupons souvent ensemble."
En complément, cet extrait de lettre du comte de Mercy-Argenteau (la fouine :) à l'impératrice Marie-Thérèse.
Le 18 mars 1780 :
"La majeure partie de la récente promotion militaire s'est faite sous les auspices de la protection de la reine. Tous les Polignac ont joué dans cette occasion un grand rôle, moins pour eux que pour leurs amis, mais ces derniers ont obtenu au delà de ce que raisonnablement ils auraient pu désirer.
Le roi s'est prêté avec complaisance à tout ce que la reine a voulu ; il s'est occupé lui-même à former des listes qui ont été refondues plusieurs fois selon les intrigues des prétendants qui y obtenaient des changements".
Et Rochambeau de distinguer quelques officiers d'avenir (selon lui) qu'il tient à s'attacher personnellement :
"...ainsi le comte Charles de Lameth, très joli sujet (sic), intelligent, qui a du détail ; le sieur Mathieu Dumas, sous-lieutenant au régiment Médoc-Infanterie, excellent dessinateur, qui a le coup d'oeil militaire, parle et écrit l'anglais ; enfin le comte de Fersen, Suédois, colonel à la suite du service de France, parle bien anglais, vivement recommandé par M. l'ambassadeur de Suède".
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Axel de Fersen et le marquis de Lafayette
.
Merci pour ton coup d’œil panoramique sur ces messieurs !
Et Adrienne dans tout ça ?
M. de la Fayette exécuta au mois d'Avril 1777 le projet qu'il avait médité depuis six mois d'aller servir la cause de l'indépendance de l'Amérique. J'étais grosse, et je l'aimais tendrement . Mon père et le reste de la famille furent tous dans une violente colère contre lui à cette nouvelle. Ma mère, inquiète de l'impression qu'elle produirait sur moi, alarmée pour son propre compte de l'éloignement et des dangers du fils qu'elle chérissait si tendrement ayant moins que personne au monde le goût de l'ambition, la soif de la gloire humaine et l'attrait des entreprises, jugea pourtant celle de M. de la Fayette comme elle a été jugée deux ans après du reste du monde. Les sentiments de son cœur pour lui la rendaient propre à adoucir les déchirements du mien .
Merci pour ton coup d’œil panoramique sur ces messieurs !
Et Adrienne dans tout ça ?
M. de la Fayette exécuta au mois d'Avril 1777 le projet qu'il avait médité depuis six mois d'aller servir la cause de l'indépendance de l'Amérique. J'étais grosse, et je l'aimais tendrement . Mon père et le reste de la famille furent tous dans une violente colère contre lui à cette nouvelle. Ma mère, inquiète de l'impression qu'elle produirait sur moi, alarmée pour son propre compte de l'éloignement et des dangers du fils qu'elle chérissait si tendrement ayant moins que personne au monde le goût de l'ambition, la soif de la gloire humaine et l'attrait des entreprises, jugea pourtant celle de M. de la Fayette comme elle a été jugée deux ans après du reste du monde. Les sentiments de son cœur pour lui la rendaient propre à adoucir les déchirements du mien .
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55516
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Axel de Fersen et le marquis de Lafayette
Merci pour ces précisions . Quel régal de vous lire . :\\\\\\\\: :\\\\\\\\: :\\\\\\\\:
Grand canal- Messages : 113
Date d'inscription : 26/12/2015
Age : 67
Localisation : Entre Versailles et Fontainebleau
Re: Axel de Fersen et le marquis de Lafayette
.
Ah, cher Grand Canal, me voici aux retrouvailles de Fersen et la Fayette sur le sol d'Amérique . :n,,;::::!!!:
Je vous tiens au courant !
Selon la biographie de la Fayette par Gonzague Saint Bris, les deux hommes vont devenir amis . Pourquoi pas ! Mais nous savons comme leurs relations s'envenimeront par la suite, dans le contexte de la Révolution .
Dans la nuit du premier mai 1780, une escadre commandée par le chevalier Ternay quitta Brest, emportant Rochambeau et son corps d'armée . ( .... ) Le vicomte de Rochambeau avait insisté pour accompagner son père dans cette expédition. L'aide du camp du comte de Rochambeau réservait une surprise à la Fayette . Il n'était autre que le comte de Fersen, l'ami très cher de Marie-Antoinette que la Fayette avait rencontré dans l'entourage de la reine . Rochambeau avait une sympathie très marquée pour lui et lui reconnaissait de grands mérites. Fersen, au cours de la bataille de Yorktown, devait combattre aux côtés de la Fayette. Deux des plus séduisantes personnalités de la Cour de Versailles se retrouvaient dans le Nouveau Monde pour défendre la cause d'une république .
Sur la terre d'Amérique, Fersen était combattant français et la Fayette était devenu un Américain .
( Marion Vandal et Paul Lesourd : La Fayette ou le sortilège de l'Amérique )
Ah, cher Grand Canal, me voici aux retrouvailles de Fersen et la Fayette sur le sol d'Amérique . :n,,;::::!!!:
Je vous tiens au courant !
Selon la biographie de la Fayette par Gonzague Saint Bris, les deux hommes vont devenir amis . Pourquoi pas ! Mais nous savons comme leurs relations s'envenimeront par la suite, dans le contexte de la Révolution .
Dans la nuit du premier mai 1780, une escadre commandée par le chevalier Ternay quitta Brest, emportant Rochambeau et son corps d'armée . ( .... ) Le vicomte de Rochambeau avait insisté pour accompagner son père dans cette expédition. L'aide du camp du comte de Rochambeau réservait une surprise à la Fayette . Il n'était autre que le comte de Fersen, l'ami très cher de Marie-Antoinette que la Fayette avait rencontré dans l'entourage de la reine . Rochambeau avait une sympathie très marquée pour lui et lui reconnaissait de grands mérites. Fersen, au cours de la bataille de Yorktown, devait combattre aux côtés de la Fayette. Deux des plus séduisantes personnalités de la Cour de Versailles se retrouvaient dans le Nouveau Monde pour défendre la cause d'une république .
Sur la terre d'Amérique, Fersen était combattant français et la Fayette était devenu un Américain .
( Marion Vandal et Paul Lesourd : La Fayette ou le sortilège de l'Amérique )
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Mme de Sabran- Messages : 55516
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Axel de Fersen et le marquis de Lafayette
....défendre la cause d'une République .. .
En tout cas merci de penser à moi .
En tout cas merci de penser à moi .
Grand canal- Messages : 113
Date d'inscription : 26/12/2015
Age : 67
Localisation : Entre Versailles et Fontainebleau
Re: Axel de Fersen et le marquis de Lafayette
La Fayette, fils spirituel de Washington, pourquoi pas ; mais Fersen n'est pas porté par les mêmes motivations "philosophiques" ou politiques que La Fayette.
Ils ne partagent pas tout à fait les mêmes opinions.
Fersen écrit à son père, en septembre 1780 :
Les Américains se contentent d'un nécessaire qui, dans d'autres pays, n'est réservé qu'aux gens d'une classe inférieure. Leur habillement est simple, mais bon, et leurs moeurs n'ont pas encore été gâtées par le luxe des Européens.
C'est un pays qui sera fort heureux, s'il jouit d'une paix longue et si les deux partis qui le divisent à présent ne lui font subir le sort de la Pologne, et de tant d'autres républiques.
Ces deux partis sont appelés les whigs et les torys (sic) : le premier est entièrement pour la liberté et l'indépendance, il est composé de gens de la plus basse extraction qui ne possèdent point de biens ; la plupart des habitants de la campagne en sont.
Les torys sont pour les Anglais, ou, pour mieux dire, pour la paix, sans trop se soucier d'être libres ou dépendants ; ce sont des gens d'une classe plus distinguée, les seuls qui eussent des biens dans le pays.
... :
Ils ne partagent pas tout à fait les mêmes opinions.
Fersen écrit à son père, en septembre 1780 :
Les Américains se contentent d'un nécessaire qui, dans d'autres pays, n'est réservé qu'aux gens d'une classe inférieure. Leur habillement est simple, mais bon, et leurs moeurs n'ont pas encore été gâtées par le luxe des Européens.
C'est un pays qui sera fort heureux, s'il jouit d'une paix longue et si les deux partis qui le divisent à présent ne lui font subir le sort de la Pologne, et de tant d'autres républiques.
Ces deux partis sont appelés les whigs et les torys (sic) : le premier est entièrement pour la liberté et l'indépendance, il est composé de gens de la plus basse extraction qui ne possèdent point de biens ; la plupart des habitants de la campagne en sont.
Les torys sont pour les Anglais, ou, pour mieux dire, pour la paix, sans trop se soucier d'être libres ou dépendants ; ce sont des gens d'une classe plus distinguée, les seuls qui eussent des biens dans le pays.
... :
La nuit, la neige- Messages : 18138
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Axel de Fersen et le marquis de Lafayette
Cette analyse n'est pas dénuée de sens, si ?
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55516
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Axel de Fersen et le marquis de Lafayette
Tous deux, très jeunes, veulent surtout s'illustrer et agir. :àç_èè--è:
Fersen est coincé à Newport avec Rochambeau (sous la menace des navires anglais), qui attend un renfort des troupes de Washington.
Il écrit, toujours à son père :
Vous connaissez les Français, et ce qu'on appelle les gens de cour, pour juger du désespoir où sont tous nos jeunes gens de cette classe, qui se voient obligés de passer leur hiver tranquillement dans NewPort, loin de leurs maîtresses et des plaisirs de Paris ; point de soupers, point de spectacles, point de bals, ils sont au désespoir...
:
Portrait du père d'Axel de Fersen
La Fayette est encore bien plus motivé, et pressé d'aller au feu avec le bataillon de plus de 2000 hommes qu'il commande (et qu'il a financé à grand frais).
Je recopie un échange de lettres entre La Fayette et Rochambeau. Nous sommes en août 1780.
Lafayette presse Rochambeau et Ternay d'attaquer New-York, ou plus précisément le fort de Brooklyn car...
" je vous ai dit que les troupes américaines se chargeaient de New York, et que le fort de Brooklyn, où vous pourriez opérer de concert avec une division de notre armée est un simple ouvrage de terre à quatre bastions, avec un fossé et un appentis, contenant de mille à quinze cents hommes.
(...)
Je vous ai représenté que Long Island était un pays riche...que nous devions être sûrs d'y être joints par des milices de l'île.
C'est d'après ces informations que mon opinion serait de commencer l'opération avant d'avoir la supériorité maritime.
(...)
J'ai fini par avoir l'honneur de vous dire, messieurs, que pour opérer contre New-York, il faut commencer au plus tard vers les premiers jours de septembre. Je vous assure qu'il est important d'agir cette campagne (sic), et que toutes les troupes que vous pouvez espérer de France pour l'année prochaine, ainsi que tous les projets dont vous pouvez vous flatter, ne répareront point les fatals inconvénients de notre inaction."
Rochambeau, qui est déjà vexé du retard de Washington à le rencontrer, et furieux de sa position humiliante sous le blocus de la flotte anglaise, le remet à sa place...
Nan mais, pour qui se prend-il ?
Portrait du comte de Rochambeau
"Je me borne à attendre les derniers ordres de notre général (Washington) et à lui demander en grâce un rendez-vous. On fera plus en un quart d'heure d'entretien que par des dépêches multipliées.
Pendant que la flotte française est observée ici par une marine supérieure et rassemblée, vos (sic !) côtes de l'Amérique sont tranquilles, vos corsaires font des prises très avantageuses, et votre commerce maritime a toute liberté.
Il me semble que, dans cette douce position, on peut bien attendre une augmentation de marine et de forces que le roi m'a assuré devoir envoyer."
Réponse de La fayette, penaud... :
"Mon coeur ne peut être qu'affecté de vous voir donner à ma lettre une tournure aussi défavorable, et à laquelle je n'avais jamais songé.
Je vous l'avouerai en confidence, au milieu d'un pays étranger, mon amour-propre souffre de voir les Français bloqués à Rhode Island, et, le dépit que j'en ressens me porte à désirer qu'on opère (sic).
(...)
Si je vous ai offensé, je vous en demande pardon pour deux raisons : la première, que je vous aime ; la seconde que mon intention est de faire ici tout ce qui pourra vous plaire."
Réponse de Rochambeau :
"C'est toujours bien fait, mon cher marquis, de croire les Français invincibles.
Mais je vais vous confier un grand secret, d'après mon expérience de quarante ans : il n'y en a pas de plus aisés à battre quand ils ont perdu la confiance en leurs chefs.
Sur quinze mille hommes à peu près qui ont été blessés ou tués sous mes ordres dans les différents grades et les actions les plus meurtrières, je n'ai pas à me reprocher d'en avoir fait tuer un seul pour mon propre compte."
Et pan ! :
Mais il poursuit, plus apaisant :
"J'ai jugé tout de suite que la chaleur de votre âme et de votre coeur avait un peu échauffé le flegme et la sagesse de votre jugement. Conservez cette dernière dans le conseil, et réservez toute la première pour pour le moment de l'exécution.
C'est toujours le vieux père Rochambeau qui parle à son cher fils La Fayette, qu'il aime, aimera et estimera jusqu'au dernier soupir."
Fersen est coincé à Newport avec Rochambeau (sous la menace des navires anglais), qui attend un renfort des troupes de Washington.
Il écrit, toujours à son père :
Vous connaissez les Français, et ce qu'on appelle les gens de cour, pour juger du désespoir où sont tous nos jeunes gens de cette classe, qui se voient obligés de passer leur hiver tranquillement dans NewPort, loin de leurs maîtresses et des plaisirs de Paris ; point de soupers, point de spectacles, point de bals, ils sont au désespoir...
:
Portrait du père d'Axel de Fersen
La Fayette est encore bien plus motivé, et pressé d'aller au feu avec le bataillon de plus de 2000 hommes qu'il commande (et qu'il a financé à grand frais).
Je recopie un échange de lettres entre La Fayette et Rochambeau. Nous sommes en août 1780.
Lafayette presse Rochambeau et Ternay d'attaquer New-York, ou plus précisément le fort de Brooklyn car...
" je vous ai dit que les troupes américaines se chargeaient de New York, et que le fort de Brooklyn, où vous pourriez opérer de concert avec une division de notre armée est un simple ouvrage de terre à quatre bastions, avec un fossé et un appentis, contenant de mille à quinze cents hommes.
(...)
Je vous ai représenté que Long Island était un pays riche...que nous devions être sûrs d'y être joints par des milices de l'île.
C'est d'après ces informations que mon opinion serait de commencer l'opération avant d'avoir la supériorité maritime.
(...)
J'ai fini par avoir l'honneur de vous dire, messieurs, que pour opérer contre New-York, il faut commencer au plus tard vers les premiers jours de septembre. Je vous assure qu'il est important d'agir cette campagne (sic), et que toutes les troupes que vous pouvez espérer de France pour l'année prochaine, ainsi que tous les projets dont vous pouvez vous flatter, ne répareront point les fatals inconvénients de notre inaction."
Rochambeau, qui est déjà vexé du retard de Washington à le rencontrer, et furieux de sa position humiliante sous le blocus de la flotte anglaise, le remet à sa place...
Nan mais, pour qui se prend-il ?
Portrait du comte de Rochambeau
"Je me borne à attendre les derniers ordres de notre général (Washington) et à lui demander en grâce un rendez-vous. On fera plus en un quart d'heure d'entretien que par des dépêches multipliées.
Pendant que la flotte française est observée ici par une marine supérieure et rassemblée, vos (sic !) côtes de l'Amérique sont tranquilles, vos corsaires font des prises très avantageuses, et votre commerce maritime a toute liberté.
Il me semble que, dans cette douce position, on peut bien attendre une augmentation de marine et de forces que le roi m'a assuré devoir envoyer."
Réponse de La fayette, penaud... :
"Mon coeur ne peut être qu'affecté de vous voir donner à ma lettre une tournure aussi défavorable, et à laquelle je n'avais jamais songé.
Je vous l'avouerai en confidence, au milieu d'un pays étranger, mon amour-propre souffre de voir les Français bloqués à Rhode Island, et, le dépit que j'en ressens me porte à désirer qu'on opère (sic).
(...)
Si je vous ai offensé, je vous en demande pardon pour deux raisons : la première, que je vous aime ; la seconde que mon intention est de faire ici tout ce qui pourra vous plaire."
Réponse de Rochambeau :
"C'est toujours bien fait, mon cher marquis, de croire les Français invincibles.
Mais je vais vous confier un grand secret, d'après mon expérience de quarante ans : il n'y en a pas de plus aisés à battre quand ils ont perdu la confiance en leurs chefs.
Sur quinze mille hommes à peu près qui ont été blessés ou tués sous mes ordres dans les différents grades et les actions les plus meurtrières, je n'ai pas à me reprocher d'en avoir fait tuer un seul pour mon propre compte."
Et pan ! :
Mais il poursuit, plus apaisant :
"J'ai jugé tout de suite que la chaleur de votre âme et de votre coeur avait un peu échauffé le flegme et la sagesse de votre jugement. Conservez cette dernière dans le conseil, et réservez toute la première pour pour le moment de l'exécution.
C'est toujours le vieux père Rochambeau qui parle à son cher fils La Fayette, qu'il aime, aimera et estimera jusqu'au dernier soupir."
La nuit, la neige- Messages : 18138
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Re: Axel de Fersen et le marquis de Lafayette
Euh...si l'on veut.Mme de Sabran a écrit:Cette analyse n'est pas dénuée de sens, si ?
Disons que c'est l'opinion d'un aristocrate, qui n'est certes pas "révolutionnaire".
Tiens, tiens, les pauvres veulent l'indépendance et la liberté. Quelle drôle d'idée ?
Et les riches, après tout, tant qu'ils restent propriétaires : tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes...
La nuit, la neige- Messages : 18138
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Re: Axel de Fersen et le marquis de Lafayette
La nuit, la neige a écrit:
"Mon coeur ne peut être qu'affecté de vous voir donner à ma lettre une tournure aussi défavorable, et à laquelle je n'avais jamais songé.
Je vous l'avouerai en confidence, au milieu d'un pays étranger, mon amour-propre souffre de voir les Français bloqués à Rhode Island, et, le dépit que j'en ressens me porte à désirer qu'on opère (sic).
(...)
Si je vous ai offensé, je vous en demande pardon pour deux raisons : la première, que je vous aime ; la seconde que mon intention est de faire ici tout ce qui pourra vous plaire."
"... vos ordres seront pour moi des lois ."
_________________
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Mme de Sabran- Messages : 55516
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Axel de Fersen et le marquis de Lafayette
;
Sur quoi la Fayette écrit à son Adrienne :
Un petit excès de franchise m'a occasionné un léger débat avec M. de Rochambeau, comme j'ai vu que je ne le persuadais pas et qu'il était intéressant à la chose publique que nous soyons bons amis, j'ai dit à tort et à travers que je m'étais trompé, que j'avais commis une faute et j'ai en propres termes demandé pardon, ce qui a eu un si merveilleux effet que nous sommes mieux que jamais à présent .
...
Sur quoi la Fayette écrit à son Adrienne :
Un petit excès de franchise m'a occasionné un léger débat avec M. de Rochambeau, comme j'ai vu que je ne le persuadais pas et qu'il était intéressant à la chose publique que nous soyons bons amis, j'ai dit à tort et à travers que je m'étais trompé, que j'avais commis une faute et j'ai en propres termes demandé pardon, ce qui a eu un si merveilleux effet que nous sommes mieux que jamais à présent .
...
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Axel de Fersen et le marquis de Lafayette
;
Pendant que la Fayette et Rochambeau règlent leur petit différend, Fersen, de son côté, sympathise avec Lauzun .
Il écrit :
" Je ne puis assez vous dire, mon cher père, combien je suis attaché au duc de Lauzun et combien je l'aime ; c'est l'âme la plus noble et la plus honnête que je connaisse. Je ne finirais pas si je voulais vous conter tous les procédés honnêtes et délicats que je sais de lui. "
Et, une autre fois :
" Les opinions sont partagées sur son compte, vous en entendrez dire du bien et du mal. Les premiers ont raison et les seconds ont tort; s'ils le connaissaient, ils changeraient d'avis, et ils rendraient justice à son cœur ... Il est adoré de son corps; il est comme le père de tous ses officiers; ils se feraient mettre en pièces pour lui ."
Pendant que la Fayette et Rochambeau règlent leur petit différend, Fersen, de son côté, sympathise avec Lauzun .
Il écrit :
" Je ne puis assez vous dire, mon cher père, combien je suis attaché au duc de Lauzun et combien je l'aime ; c'est l'âme la plus noble et la plus honnête que je connaisse. Je ne finirais pas si je voulais vous conter tous les procédés honnêtes et délicats que je sais de lui. "
Et, une autre fois :
" Les opinions sont partagées sur son compte, vous en entendrez dire du bien et du mal. Les premiers ont raison et les seconds ont tort; s'ils le connaissaient, ils changeraient d'avis, et ils rendraient justice à son cœur ... Il est adoré de son corps; il est comme le père de tous ses officiers; ils se feraient mettre en pièces pour lui ."
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Re: Axel de Fersen et le marquis de Lafayette
Le Lauzun de la plume de héron? :Mme de Sabran a écrit:;
Fersen, de son côté, sympathise avec Lauzun .
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Axel de Fersen et le marquis de Lafayette
Oui, j'en ai bien peur !
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Re: Axel de Fersen et le marquis de Lafayette
Comment se fait-il que Fersen n'ait pas rendu justice à la réputation de son ami de guerre lorsque Lauzun a perdu l'estime de Marie-Antoinette?
Bien à vous.
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Axel de Fersen et le marquis de Lafayette
Va savoir ! C'était en quelle année, la plume de héron ?
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55516
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Axel de Fersen et le marquis de Lafayette
C'est toi qui nous la rapportes ici sans la dater àè-è\':
Lauzun épouse une Amélie de Boufflers, deviendrait-il ton beau-frère, Éléonore?
Bien à vous.
Lauzun épouse une Amélie de Boufflers, deviendrait-il ton beau-frère, Éléonore?
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Axel de Fersen et le marquis de Lafayette
Amélie de Boufflers est la petite cousine de Mme de Boufflers, favorite en titre de Stanislas.
Le Musée Rodin à Paris est l’ancien château d’Amélie de Boufflers et du Duc de Lauzun et de Biron (son mari cavaleur qui la délaissait la trouvant trop timide).
Elle est la fille du fameux Charles de Boufflers que, à tort, les auteurs du XIXe s. prendront pour le premier fils de notre Mme de Boufflers, alors QUE PAS DU TOUT ! il était le fils de la Maréchale du Luxembourg, né de son premier mariage avec un cousin du mari de notre Mme de Boufflers à nous. (j’avoue que c’est complexe)
Charles est mort très jeune laissant la petite orpheline Amélie aux bons soins de sa richissime Grand Mère, la maréchale de Luxembourg dont Amélie est la seule héritière ! D’où ce magnifique château ! La petite cousine Amélie a lancé la mode des Poufs (chapeau et coiffures extravagantes dont Marie-Antoinette raffolait), elle avait énormément de goût et beaucoup d’argent !
Le Musée Rodin à Paris est l’ancien château d’Amélie de Boufflers et du Duc de Lauzun et de Biron (son mari cavaleur qui la délaissait la trouvant trop timide).
Elle est la fille du fameux Charles de Boufflers que, à tort, les auteurs du XIXe s. prendront pour le premier fils de notre Mme de Boufflers, alors QUE PAS DU TOUT ! il était le fils de la Maréchale du Luxembourg, né de son premier mariage avec un cousin du mari de notre Mme de Boufflers à nous. (j’avoue que c’est complexe)
Charles est mort très jeune laissant la petite orpheline Amélie aux bons soins de sa richissime Grand Mère, la maréchale de Luxembourg dont Amélie est la seule héritière ! D’où ce magnifique château ! La petite cousine Amélie a lancé la mode des Poufs (chapeau et coiffures extravagantes dont Marie-Antoinette raffolait), elle avait énormément de goût et beaucoup d’argent !
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Axel de Fersen et le marquis de Lafayette
Majesté a écrit:C'est toi qui nous la rapportes ici sans la dater àè-è\':
... du tout tu demandes :
Majesté a écrit:
Le Lauzun de la plume de héron? :
Je suis en Amérique avec Rochambeau, la Fayette, Fersen, Lauzun, pas à Versailles .
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Mme de Sabran- Messages : 55516
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Re: Axel de Fersen et le marquis de Lafayette
Pardon...lorsque je dis ici, je veux dire ici ... je parlais dans le forum... et donc c'est toi qui nous rapportes cette anecdote et elle n'est pas datée ... Madame Campan n'y mentionne aucune époque àè-è\':Mme de Sabran a écrit:Majesté a écrit:C'est toi qui nous la rapportes ici sans la dater àè-è\':
... du tout tu demandes :Majesté a écrit:
Le Lauzun de la plume de héron? :
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Axel de Fersen et le marquis de Lafayette
.
Ah, d'accord !
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Mme de Sabran- Messages : 55516
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