La révolution, la guerre et la déclaration d'indépendance américaine
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La nuit, la neige
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La France et le Monde au XVIIIe siècle :: Histoire et événements ailleurs dans le monde
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Re: La révolution, la guerre et la déclaration d'indépendance américaine
Bon. Je n'y crois guère non plus... :
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La révolution, la guerre et la déclaration d'indépendance américaine
Les photos étaient malheureusement interdites...
Mais voici le premier texte :
Mais voici le premier texte :
En 1763, après le règlement de la guerre de Sept Ans, rien ne paraissait plus éloigné de Versailles que l'indépendance américaine. Pourtant cette Révolution ne peut s'expliquer sans le rôle de Versailles, siège du gouvernement pendant plus d'un siècle et lieu majeur de la diplomatie européenne.
Les treize colonies - le New Hampshire, le Massachusetts, le Connecticut, Rhode Island, New York, le New Jersey, la Pennsylvanie, le Delaware, le Maryland, la Virginie, la Caroline du Nord, la Caroline du Sud et la Géorgie - formaient une bande attachée à la côte Est. Les fermiers aisés et les marchands dominaient au Nord, les planteurs et les propriétaires constituaient la société du Sud. Cette terre d'immigrants était peuplée d'Anglais et d'Européens très différents les uns des autres. La liberté constituait leur point commun.
Au milieu du XVIIIème siècle, la spécificité américaine prima sur l'appartenance à l'Empire britannique. Lorsque Londres imposa des dispositions fiscales particulières aux colonies, celles-ci les contestèrent, entraînant une crise politique majeure entre les colonies et la métropole. Le 4 juillet 1776, les représentants réunis au congrès de Philadelphie proclamèrent leur indépendance. Leur Déclaration constitue un véritable instrument de combat, mais aussi une utopie qui érigeait le droit au bonheur.
Les treize colonies - le New Hampshire, le Massachusetts, le Connecticut, Rhode Island, New York, le New Jersey, la Pennsylvanie, le Delaware, le Maryland, la Virginie, la Caroline du Nord, la Caroline du Sud et la Géorgie - formaient une bande attachée à la côte Est. Les fermiers aisés et les marchands dominaient au Nord, les planteurs et les propriétaires constituaient la société du Sud. Cette terre d'immigrants était peuplée d'Anglais et d'Européens très différents les uns des autres. La liberté constituait leur point commun.
Au milieu du XVIIIème siècle, la spécificité américaine prima sur l'appartenance à l'Empire britannique. Lorsque Londres imposa des dispositions fiscales particulières aux colonies, celles-ci les contestèrent, entraînant une crise politique majeure entre les colonies et la métropole. Le 4 juillet 1776, les représentants réunis au congrès de Philadelphie proclamèrent leur indépendance. Leur Déclaration constitue un véritable instrument de combat, mais aussi une utopie qui érigeait le droit au bonheur.
Julia- Messages : 247
Date d'inscription : 08/04/2015
Age : 26
Localisation : Issy-les-Moulineaux
Re: La révolution, la guerre et la déclaration d'indépendance américaine
Très frustrant ! et le personnel était chargé de nous le rappeler toutes les deux secondes : 'no picture !no picture ! pas de photo ! sir, no picture! '
Julia- Messages : 247
Date d'inscription : 08/04/2015
Age : 26
Localisation : Issy-les-Moulineaux
Re: La révolution, la guerre et la déclaration d'indépendance américaine
D'autant plus frustrant qu'il y avait des choses que j'ai peine à retrouver sur internet. Par exemple, la lettre de Franklin à Beaumarchais.
Julia- Messages : 247
Date d'inscription : 08/04/2015
Age : 26
Localisation : Issy-les-Moulineaux
Re: La révolution, la guerre et la déclaration d'indépendance américaine
La nuit, la neige a écrit:Julia a écrit:Les photos étaient malheureusement interdites...
Raaaah ! Mince... :roll: 54385210
Comme à toutes les expo temporaires de Versailles de toute façon, et plus généralement à Paris.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 33
Re: La révolution, la guerre et la déclaration d'indépendance américaine
Depuis quelques semaines, l'émission de radio Au cœur de l'histoire est découpée en trois séquences...
Hier, pour la deuxième partie consacrée à l'invité du jour, Franck Ferrand recevait Patrick Villiers.
Tous deux évoquent les deux expositions-événements "Versailles et l’Indépendance américaine" : celle du château, et celle de la Bibliothèque centrale de Versailles.
Si le sujet vous intéresse, c'est ici (curseur temps à partir de la 17ème minute) :
http://www.europe1.fr/emissions/au-coeur-de-l-histoire/acdh-lintegrale-300916-une-seduction-trop-facile-2860996
Hier, pour la deuxième partie consacrée à l'invité du jour, Franck Ferrand recevait Patrick Villiers.
Tous deux évoquent les deux expositions-événements "Versailles et l’Indépendance américaine" : celle du château, et celle de la Bibliothèque centrale de Versailles.
Si le sujet vous intéresse, c'est ici (curseur temps à partir de la 17ème minute) :
http://www.europe1.fr/emissions/au-coeur-de-l-histoire/acdh-lintegrale-300916-une-seduction-trop-facile-2860996
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La révolution, la guerre et la déclaration d'indépendance américaine
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
La bataille de la Chesapeake
La bataille de la baie de Chesapeake était, aujourd'hui, l'une de nos énigmes de notre Jeu du printemps ! :
Plus sérieusement, c'était aussi, cette semaine, le sujet de l'une des émissions de radio Un jour dans l'Histoire.
Présentation :
La bataille de la baie de Chesapeake, étape essentielle dans la guerre d'indépendance des Etats-Unis
Nous sommes le 5 septembre 1781, près de l’embouchure de la baie de Chesapeake, en Virginie.
C’est là que la flotte britannique commandée par Thomas Graves s’apprête à affronter celle du Lieutenant-général des armées navales françaises, François de Grasse.
Le tir des français est si précis qu’il endommage six vaisseaux britanniques. L’Amiral Graves est forcé de rompre le combat et s’esquive.
La bataille de la baie de Chesapeake est aussi l'une des rares défaites de la Royal Navy aux XVIIIe.
L'émission (environ 30mn) est en écoute libre, ici : https://www.rtbf.be/auvio/detail_un-jour-dans-l-histoire?id=2210459
Plus sérieusement, c'était aussi, cette semaine, le sujet de l'une des émissions de radio Un jour dans l'Histoire.
Présentation :
La bataille de la baie de Chesapeake, étape essentielle dans la guerre d'indépendance des Etats-Unis
Nous sommes le 5 septembre 1781, près de l’embouchure de la baie de Chesapeake, en Virginie.
C’est là que la flotte britannique commandée par Thomas Graves s’apprête à affronter celle du Lieutenant-général des armées navales françaises, François de Grasse.
Le tir des français est si précis qu’il endommage six vaisseaux britanniques. L’Amiral Graves est forcé de rompre le combat et s’esquive.
La bataille de la baie de Chesapeake est aussi l'une des rares défaites de la Royal Navy aux XVIIIe.
L'émission (environ 30mn) est en écoute libre, ici : https://www.rtbf.be/auvio/detail_un-jour-dans-l-histoire?id=2210459
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La révolution, la guerre et la déclaration d'indépendance américaine
Merci !
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La révolution, la guerre et la déclaration d'indépendance américaine
Nouvelle page dédiée du château :
https://www.chateauversailles.fr/decouvrir/histoire/grandes-dates/versailles-etats-unis
https://www.chateauversailles.fr/decouvrir/histoire/grandes-dates/versailles-etats-unis
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La révolution, la guerre et la déclaration d'indépendance américaine
Allons bon ! Le torchon brûle entre la France et l'Amérique .
Les autorités françaises ont annulé une soirée de gala prévue vendredi à Washington, a confirmé jeudi à l’AFP un responsable sous le couvert de l’anonymat, après la rupture du « contrat du siècle » de fourniture de sous-marins français à l’Australie, qui a généré une crise transatlantique.
Cette réception, à la résidence de l’ambassadeur de France à Washington, était censée célébrer l’anniversaire d’une bataille navale décisive de la guerre d’indépendance des États-Unis, conclue par une victoire de la flotte française sur la flotte britannique, le 5 septembre 1781.
Biden a exprimé des regrets genre : " C'est l'jeu, ma pauv' Lucette ".
Cette bataille, c'était rien moins que celle décisive de la baie de Chesapeake, connue également sous le nom de bataille des caps de Virginie, qui eut lieu près de l'embouchure de la baie de Chesapeake le 5 septembre 1781 . Elle vit s'affronter les flottes du rear admiral britannique Thomas Graves et celle du lieutenant-général des armées navales François Joseph Paul de Grasse. La précision du tir français endommage suffisamment six vaisseaux britanniques pour forcer Graves à rompre le combat et à s’esquiver.
Cette victoire de la flotte française empêche la Royal Navy de secourir les forces du général Charles Cornwallis à Yorktown. Elle évite également toute interférence britannique avec les renforts et provisions envoyés depuis Newport et les Antilles françaises aux armées coalisées de George Washington, Rochambeau et La Fayette. Cette bataille amène ainsi la chute de Yorktown, puis l'indépendance des États-Unis.
Les autorités françaises ont annulé une soirée de gala prévue vendredi à Washington, a confirmé jeudi à l’AFP un responsable sous le couvert de l’anonymat, après la rupture du « contrat du siècle » de fourniture de sous-marins français à l’Australie, qui a généré une crise transatlantique.
Cette réception, à la résidence de l’ambassadeur de France à Washington, était censée célébrer l’anniversaire d’une bataille navale décisive de la guerre d’indépendance des États-Unis, conclue par une victoire de la flotte française sur la flotte britannique, le 5 septembre 1781.
Biden a exprimé des regrets genre : " C'est l'jeu, ma pauv' Lucette ".
Cette bataille, c'était rien moins que celle décisive de la baie de Chesapeake, connue également sous le nom de bataille des caps de Virginie, qui eut lieu près de l'embouchure de la baie de Chesapeake le 5 septembre 1781 . Elle vit s'affronter les flottes du rear admiral britannique Thomas Graves et celle du lieutenant-général des armées navales François Joseph Paul de Grasse. La précision du tir français endommage suffisamment six vaisseaux britanniques pour forcer Graves à rompre le combat et à s’esquiver.
Cette victoire de la flotte française empêche la Royal Navy de secourir les forces du général Charles Cornwallis à Yorktown. Elle évite également toute interférence britannique avec les renforts et provisions envoyés depuis Newport et les Antilles françaises aux armées coalisées de George Washington, Rochambeau et La Fayette. Cette bataille amène ainsi la chute de Yorktown, puis l'indépendance des États-Unis.
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La révolution, la guerre et la déclaration d'indépendance américaine
Le mot de 1917 (« La Fayette, nous voilà! »)... encore une belle duperie. C'est le nom du roi qu'il fallait honorer.
Les Britanniques, eux, ne s'y étaient pas trompés. "La mort du roi fut connue à Londres le 21 (janvier 1793) au soir. Aussitôt, les théâtres interrompirent leurs représentations et les spectateurs entonnèrent le God save the King." (Guy Breton, Histoires d'amour de l'histoire de France. Tome VI, 1960, p. 209). Très bien...merci, émouvant, merci... mais... mais quel roi ? Louis XVII... ou Georges III ? C'est que le Traité de Paris n'avait été signé que tout juste dix ans plus tôt...
Le boomerang est une arme très prisée des Anglais, et n'oublions pas qu'il leur est venu d'Australie...
Les Britanniques, eux, ne s'y étaient pas trompés. "La mort du roi fut connue à Londres le 21 (janvier 1793) au soir. Aussitôt, les théâtres interrompirent leurs représentations et les spectateurs entonnèrent le God save the King." (Guy Breton, Histoires d'amour de l'histoire de France. Tome VI, 1960, p. 209). Très bien...merci, émouvant, merci... mais... mais quel roi ? Louis XVII... ou Georges III ? C'est que le Traité de Paris n'avait été signé que tout juste dix ans plus tôt...
Le boomerang est une arme très prisée des Anglais, et n'oublions pas qu'il leur est venu d'Australie...
Lecréateur- Messages : 1712
Date d'inscription : 01/06/2021
Localisation : Comté d'Enghien et Livonie
Re: La révolution, la guerre et la déclaration d'indépendance américaine
L'émission Le cours de l'Histoire (France Culture) était consacrée, cette semaine, à l'histoire des Français aux Etats-Unis.
Le deuxième épisode de cette série (4 épisodes) concernait plus précisément...
- Série « Les Français aux États-Unis, une histoire »
Épisode 2/4 : Quand la Marine française servait l’indépendance des États-Unis
France Culture
Durée : 58 mn
L’implication française dans la révolution américaine est souvent incarnée par un homme, le marquis de Lafayette, et un idéal, celui de la liberté. Pourtant, cette histoire cache une multitude d’acteurs – hommes de troupe, diplomates, armateurs ou espions – et des aspirations moins glorieuses.
Avec :
° Bertrand Van Ruymbeke : Historien et américaniste, professeur de civilisation américaine à l'Université de Paris 8 Vincennes-Saint-Denis
° Sophie Muffat : Historienne, spécialiste de l’histoire navale, professeure de lettres modernes
The Surrender of Lord Cornwallis at Yorktown, October 1781
John Trumbull
Oil on canvas, 1820
Image : Rotunda of the US Capitol, Washington D.C
Présentation :
Voici les nouvelles du 25 juin 1779 dans le Mercure de France : "On a beaucoup parlé, écrit-on de Paris, d’un nouveau voyage que M. le Marquis de La Fayette devait, dit-on, faire en Amérique ; il n’en est plus question à présent, et l’on croit que les ballots qu’il a fait embarquer sur différents vaisseaux de force qu’on arme pour le continent de l’Amérique Septentrionale, ne renferment que des présents pour les Membres du Congrès, le Général Washington, et divers officiers auxquels il veut donner une marque de son amitié de son souvenir."
De simples cadeaux ? sans doute pas… Dans la guerre pour leur indépendance contre l’Angleterre, les Américains peuvent compter sur les Français !
The Belligerent Plenipo’s
by Thomas Colley
published in London, circa 1782
Image : Library of Congress Prints and Photographs Division Washington
L'armée de Louis XVI aux côtés des Américains
À l’orée des années 1770, l’idée d’indépendance commence à poindre dans la colonie du Massachusetts face aux nouvelles taxes mises en place par la tutelle britannique. Malgré la répression de l’armée anglaise, l’étincelle révolutionnaire se répand dans les treize colonies. La guerre éclate en 1775 et les "États-Unis d'Amérique" déclarent leur indépendance le 4 juillet 1776.
Composée de civils inexpérimentés, l'armée de George Washington peine à résister face aux troupes britanniques. Des diplomates américains, dont Benjamin Franklin, John Adams, Silas Dean ou Arthur Lee, sont envoyés en France pour négocier une alliance.
Malgré le désir de revanche contre la Grande-Bretagne suite à la défaite de la guerre de Sept Ans, Louis XVI, monarque depuis peu, est réticent à l'idée d'engager son armée dans le conflit. Son ministre des affaires étrangères, le comte de Vergennes, entend cependant affaiblir la Grande-Bretagne et ferme les yeux sur l'aide souterraine des armateurs français. Malgré l'interdiction royale, des volontaires français rejoignent les rangs de l'armée continentale.
La ferveur du marquis de Lafayette reste aujourd'hui encore ancrée dans l'histoire américaine. Bertrand Van Ruymbeke, professeur de civilisation américaine, évoque les raisons de l'engagement des volontaires Français : "quand Franklin est à Paris, il est inondé de lettres de gens qui veulent partir se battre en Amérique, mais le Congrès est assez méfiant puisqu'il y a ceux qui croient à la cause américaine, qui ont le sens de l'aventure, mais il y a aussi ceux qui veulent se distinguer parce que c'est un théâtre d'opérations où l'on peut se battre contre les Anglais et revenir glorieux. Ainsi, le Congrès est très méfiant vis à vis de ces volontaires qui écrivent à Franklin".
Coiffure à l'Indépendance ou le Triomphe de la Liberté
Anonyme
Estampe coloriée, vers 1778
Image : Musée franco-américain du château de Blérancourt
Une victoire franco-américaine
Les négociations aboutissent à un Traité d’Amitié et de Commerce conclu entre le Roi et les États-Unis de l’Amérique Septentrionale et l'armée de Louis XVI entre en guerre officiellement en juillet 1778. Trois ans plus tard, le siège de Yorktown scelle la victoire de l'alliance franco-américaine et la fin des opérations militaires sur le front nord-américain. La fin des hostilités est conclue le 3 septembre 1783 dans le Traité de Paris.
Sophie Muffat, spécialiste de l'histoire navale, souligne que "la France se pose en libérateur des États-Unis, qui ont obtenu en plus de leur indépendance, leur autonomie et leur libération du joug britannique. Pour les Français, c'est la revanche de 1763, de la guerre de Sept Ans parce qu'ils gagnent face aux Anglais ; ils sont contents diplomatiquement. En revanche, ils héritent d'une dette monumentale, la France est ruinée par cette guerre".
(Détail) Marie-Joseph-Yves-Gilbert du Mortier, marquis de La Fayette (1757-1834)
Louis-Léopold Boilly
Huile sur toile, 1788
Image : Château de Versailles
Alors qu'elle est elle-même une puissance coloniale, pourquoi la France s'implique-t-elle du côté des Américains dans la guerre d'indépendance des États-Unis ? La révolution américaine a-t-elle influencé la Révolution française ? Quelle place est donnée à l'alliance franco-américaine dans les mémoires ?
Pour en parler
Sophie Muffat est historienne spécialiste de l'histoire navale et professeure de lettres modernes.
Elle a notamment publié :
- La Guerre d’indépendance américaine (coécrit avec Pascal Cyr, Passés composés, 2022)
- Les Marins de l’Empereur (Sotéca, 2021)
- Desaix en Égypte. Le conquérant de Bonaparte juillet 1797-mars 1800 (coécrit avec Pascal Cyr, AKFG, 2019)
Bertrand Van Ruymbeke est historien et américaniste, professeur de civilisation américaine à l'Université de Paris 8 Vincennes-Saint-Denis et membre senior de l'Institut universitaire de France.
Il a notamment publié :
- Histoire des États-Unis de 1492 à nos jours (Tallandier, 2018, poche Texto 2021)
- L'Amérique avant les États-Unis. Une histoire de l'Amérique anglaise 1497-1776 (Flammarion, 2013, réédition dans la collection Champs Histoire, 2016)
Emission à écouter ici : Quand la marine française servait l'indépendance des Etats-Unis
Le deuxième épisode de cette série (4 épisodes) concernait plus précisément...
- Série « Les Français aux États-Unis, une histoire »
Épisode 2/4 : Quand la Marine française servait l’indépendance des États-Unis
France Culture
Durée : 58 mn
L’implication française dans la révolution américaine est souvent incarnée par un homme, le marquis de Lafayette, et un idéal, celui de la liberté. Pourtant, cette histoire cache une multitude d’acteurs – hommes de troupe, diplomates, armateurs ou espions – et des aspirations moins glorieuses.
Avec :
° Bertrand Van Ruymbeke : Historien et américaniste, professeur de civilisation américaine à l'Université de Paris 8 Vincennes-Saint-Denis
° Sophie Muffat : Historienne, spécialiste de l’histoire navale, professeure de lettres modernes
The Surrender of Lord Cornwallis at Yorktown, October 1781
John Trumbull
Oil on canvas, 1820
Image : Rotunda of the US Capitol, Washington D.C
Présentation :
Voici les nouvelles du 25 juin 1779 dans le Mercure de France : "On a beaucoup parlé, écrit-on de Paris, d’un nouveau voyage que M. le Marquis de La Fayette devait, dit-on, faire en Amérique ; il n’en est plus question à présent, et l’on croit que les ballots qu’il a fait embarquer sur différents vaisseaux de force qu’on arme pour le continent de l’Amérique Septentrionale, ne renferment que des présents pour les Membres du Congrès, le Général Washington, et divers officiers auxquels il veut donner une marque de son amitié de son souvenir."
De simples cadeaux ? sans doute pas… Dans la guerre pour leur indépendance contre l’Angleterre, les Américains peuvent compter sur les Français !
The Belligerent Plenipo’s
by Thomas Colley
published in London, circa 1782
Image : Library of Congress Prints and Photographs Division Washington
L'armée de Louis XVI aux côtés des Américains
À l’orée des années 1770, l’idée d’indépendance commence à poindre dans la colonie du Massachusetts face aux nouvelles taxes mises en place par la tutelle britannique. Malgré la répression de l’armée anglaise, l’étincelle révolutionnaire se répand dans les treize colonies. La guerre éclate en 1775 et les "États-Unis d'Amérique" déclarent leur indépendance le 4 juillet 1776.
Composée de civils inexpérimentés, l'armée de George Washington peine à résister face aux troupes britanniques. Des diplomates américains, dont Benjamin Franklin, John Adams, Silas Dean ou Arthur Lee, sont envoyés en France pour négocier une alliance.
Malgré le désir de revanche contre la Grande-Bretagne suite à la défaite de la guerre de Sept Ans, Louis XVI, monarque depuis peu, est réticent à l'idée d'engager son armée dans le conflit. Son ministre des affaires étrangères, le comte de Vergennes, entend cependant affaiblir la Grande-Bretagne et ferme les yeux sur l'aide souterraine des armateurs français. Malgré l'interdiction royale, des volontaires français rejoignent les rangs de l'armée continentale.
La ferveur du marquis de Lafayette reste aujourd'hui encore ancrée dans l'histoire américaine. Bertrand Van Ruymbeke, professeur de civilisation américaine, évoque les raisons de l'engagement des volontaires Français : "quand Franklin est à Paris, il est inondé de lettres de gens qui veulent partir se battre en Amérique, mais le Congrès est assez méfiant puisqu'il y a ceux qui croient à la cause américaine, qui ont le sens de l'aventure, mais il y a aussi ceux qui veulent se distinguer parce que c'est un théâtre d'opérations où l'on peut se battre contre les Anglais et revenir glorieux. Ainsi, le Congrès est très méfiant vis à vis de ces volontaires qui écrivent à Franklin".
Coiffure à l'Indépendance ou le Triomphe de la Liberté
Anonyme
Estampe coloriée, vers 1778
Image : Musée franco-américain du château de Blérancourt
Une victoire franco-américaine
Les négociations aboutissent à un Traité d’Amitié et de Commerce conclu entre le Roi et les États-Unis de l’Amérique Septentrionale et l'armée de Louis XVI entre en guerre officiellement en juillet 1778. Trois ans plus tard, le siège de Yorktown scelle la victoire de l'alliance franco-américaine et la fin des opérations militaires sur le front nord-américain. La fin des hostilités est conclue le 3 septembre 1783 dans le Traité de Paris.
Sophie Muffat, spécialiste de l'histoire navale, souligne que "la France se pose en libérateur des États-Unis, qui ont obtenu en plus de leur indépendance, leur autonomie et leur libération du joug britannique. Pour les Français, c'est la revanche de 1763, de la guerre de Sept Ans parce qu'ils gagnent face aux Anglais ; ils sont contents diplomatiquement. En revanche, ils héritent d'une dette monumentale, la France est ruinée par cette guerre".
(Détail) Marie-Joseph-Yves-Gilbert du Mortier, marquis de La Fayette (1757-1834)
Louis-Léopold Boilly
Huile sur toile, 1788
Image : Château de Versailles
Alors qu'elle est elle-même une puissance coloniale, pourquoi la France s'implique-t-elle du côté des Américains dans la guerre d'indépendance des États-Unis ? La révolution américaine a-t-elle influencé la Révolution française ? Quelle place est donnée à l'alliance franco-américaine dans les mémoires ?
Pour en parler
Sophie Muffat est historienne spécialiste de l'histoire navale et professeure de lettres modernes.
Elle a notamment publié :
- La Guerre d’indépendance américaine (coécrit avec Pascal Cyr, Passés composés, 2022)
- Les Marins de l’Empereur (Sotéca, 2021)
- Desaix en Égypte. Le conquérant de Bonaparte juillet 1797-mars 1800 (coécrit avec Pascal Cyr, AKFG, 2019)
Bertrand Van Ruymbeke est historien et américaniste, professeur de civilisation américaine à l'Université de Paris 8 Vincennes-Saint-Denis et membre senior de l'Institut universitaire de France.
Il a notamment publié :
- Histoire des États-Unis de 1492 à nos jours (Tallandier, 2018, poche Texto 2021)
- L'Amérique avant les États-Unis. Une histoire de l'Amérique anglaise 1497-1776 (Flammarion, 2013, réédition dans la collection Champs Histoire, 2016)
Emission à écouter ici : Quand la marine française servait l'indépendance des Etats-Unis
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La révolution, la guerre et la déclaration d'indépendance américaine
Un portrait de George Washington en Empereur romain !
Voyage dans la Haute Pensylvanie et dans l’État de New-York, par un membre adoptif de la Nation Onéida.
Traduit et publié par l’auteur des Lettres d’un cultivateur américain [Jean de Crèvecœur]
(Imprimerie de Crapelet, Paris, Maradan, 16 rue Pavée S. André-des-Arcs, An IX-1801, 3 vol. in-8, cartes et fig.).
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La révolution, la guerre et la déclaration d'indépendance américaine
... n'oublions pas sa statue, disparue, en général romain, par Canova !
https://en.wikipedia.org/wiki/George_Washington_(Canova)
La Frick collection lui avait consacrée une expo temporaire il y a 4 ans :
https://www.frick.org/press/canova%E2%80%99s_george_washington
https://en.wikipedia.org/wiki/George_Washington_(Canova)
La Frick collection lui avait consacrée une expo temporaire il y a 4 ans :
https://www.frick.org/press/canova%E2%80%99s_george_washington
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La révolution, la guerre et la déclaration d'indépendance américaine
Tragiquement, seulement une décennie plus tard, un incendie a balayé la State House, réduisant la statue à quelques fragments calcinés.Gouverneur Morris a écrit:... n'oublions pas sa statue, disparue, en général romain, par Canova !
Heureusement nous reste cette gravure !
Merci, mon cher Momo .
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
4 juillet 1776, la déclaration d'indépendance américaine | Quand l'histoire fait dates | ARTE
Youtube. Histoire en Amérique du XVIIIe Siècle.
(vous gagnez des années d'études onéreuses et quantité de livres.)
4 juillet 1776, la déclaration d'indépendance américaine | Quand l'histoire fait dates | ARTE
(vous gagnez des années d'études onéreuses et quantité de livres.)
4 juillet 1776, la déclaration d'indépendance américaine | Quand l'histoire fait dates | ARTE
charenton- Messages : 1147
Date d'inscription : 23/02/2022
Age : 75
Localisation : 75012 PARIS
Re: La révolution, la guerre et la déclaration d'indépendance américaine
Vraiment passionnant ! Merci, Charenton.
Je n'avais, notamment, jamais si bien envisagé et compris l'impact de la guerre de Sept Ans.
Je n'avais, notamment, jamais si bien envisagé et compris l'impact de la guerre de Sept Ans.
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La révolution, la guerre et la déclaration d'indépendance américaine
Extrait d'un message initialement posté dans le sujet :
Les espions et le "Secret" du roi Louis XV
Je cite un extrait de l'intéressant livre, traduit et publié récemment : Espions en révolution - Beaumarchais, le chevalier d'Éon, Silas Deane et les secrets de l'indépendance américaine
A la fin de la révolution américaine, Beaumarchais avait acheté et expédié des armes et des approvisionnements à l'armée continentale pour une valeur de 6 millions de livres (environ 46 millions de dollars).
Une grande partie de ce matériel avait été financée par le gouvernement français, qui devait être remboursé par le Congrès, mais environ un cinquième du crédit total fut prêté par l'entreprise de Beaumarchais sur son crédit personnel.
Le Congrès avait approuvé un contrat spécifique avec l'agent de Beaumarchais en 1778 pour la majeure partie des fournitures. En outre, Franklin (Benjamin) et Morris (Gouverneur), en tant que superintendants des finances, avaient signé des notes promettant de payer des millions de livres au dramaturge. En effet, le Congrès avait déjà voté en 1779 la reconnaissance de son obligation de rembourser la France pour toutes les armes et tous les approvisionnements qu'il avait reçus.
Cependant, à la fin de la guerre, le Congrès, pressé par Lee (Arthur), préféra considérer que ces armes étaient un cadeau de la France. La conclusion qu'aucun paiement n'était dû allait à l'encontre des affirmations répétées du gouvernement français selon lesquelles il n'avait jamais fait un tel cadeau.
En 1782, sous la pression de l'ambassadeur français et suite à l'insistance de Morris, le Congrès envoya Barclay (Thomas) en France pour vérifier les affirmations de Beaumarchais et trouver un accord. Ce dernier objecta qu'il avait déjà soumis ses demandes à Deane (Silas), qui avait vérifié le compte et estimé en 1780 qu'il - en son nom propre et en celui du gouvernement français - avait droit à 3,6 millions de livres (environ 28 millions de dollars d'aujourd'hui). Beaumarchais accepta à contrecoeur de présenter à nouveau des centaines de quittances à Barclay ; il n'y eut cependant aucun paiement.
Silas Deane (1741-1827)
Charles Willson Peale (Attr)
Watercolor on ivory, c. 1776
Image : Connecticut Historical Society, National portrait Gallery, Smithsonian Institution
A cette époque, le dramaturge subvenait à ses propres besoins, à ceux de sa troisième épouse Marie-Thérèse, et de sa fille Eugénie, grâce à ses pièces de théâtre et à ses investissements. Il avait récemment créé une entreprise avec les frères Périer pour fournir de l'eau à la ville de Paris en utilisant des pompes à Vapeur. C'était un projet ambitieux et novateur. Mais étant inlassablement poursuivi par les créanciers de Rodriguez Hortalez, Beaumarchais fut contraint de demander de l'aide au gouvernement français pour y faire face.
Pompe à feu de Chaillot ou pompe à feu des frères Périer
Cette pompe, actionnée par la vapeur, servait à alimenter les Réservoirs de Passy, situé sur la Colline de Chaillot, près de la place de l'Étoile
Image : Commons wikimedia
Bien qu'étant au bord de l'insolvabilité, il vivait bien au-dessus de ses moyens. Anticipant d'énormes revenus de sa compagnie des eaux de Paris, il fit construire un seconde hôtel particulier au faubourg Saint-Antoine.
Pendant près de deux décennies, il écrivit en vain à Jefferson, Franklin, Adams, Hamilton et Jay pour les implorer d'intervenir au Congrès en sa faveur. Plusieurs commissions du Congrès créées pour enquêter sur ses demandes furent ensuite dissoutes. Le Congrès traînait des pieds et retardait le paiement de ses créanciers étrangers. Jusqu'à sa mort, Lee fit tout ce qu'il put pour empêcher tout remboursement à Beaumarchais.
La maison de Beaumarchais et la Bastille
Jean-Baptiste François Genillion (1750-1829)
Huile sur toile, vers 1788
Image : Musée Carnavalet, Histoire de Paris
L'un des problèmes qui bloquait la résolution des demandes du dramaturge était le fait que le gouvernement français avait reconnu avoir donné 3 millions de livres en 1776, c'est à dire avant de reconnaître les Etats-Unis. Le Congrès admit qu'après avoir ratifié l'alliance avec la France, il avait reçu 2 millions de livres de son allié pour acheter des armes par l'intermédiaire de Rodriguez Hortalez, mais personne ne savait où était passé l'autre million de livres.
Pendant des années, le pays des Lumières n'avait pas voulu reconnaître publiquement qu'il avait violé ses engagements conventionnels avec l'Angleterre en donnant un million de livres à Beaumarchais pour acheter des armes pour les Américains avant même qu'il n'ait signé le traité d'alliance.
Certains membres du Congrès soupçonnaient Beaumarchais d'avoir empoché cette somme aux dépends de l'effort de guerre américain. Ce n'était pas le cas, mais le gouvernement de Louis XVI refusa d'expliquer ce qu'il s'était passé tout en admettant que la France avait menti aux Britanniques à propos de son rôle dans l'armement américain.
Figure group of Benjamin Franklin and Louis XVI negotiating the Treaty of Alliance
Attributed to Charles-Gabriel Sauvage (called Lemire)
bisque porcelain, Niderviller Factory, c. 1780-1785
Image : The Diplomatic Reception Rooms
Alexander Hamilton, premier secrétaire du Trésor, rapporta au Congrès en 1789 que les États-Unis devaient à Beaumarchais 2,28 millions de livres (à peu près 18 millions de dollars d'aujourd'hui). Le gouvernement révolutionnaire français dévoila aux Américains que le "million de livres manquant" avait été payé au dramaturge pour acheter des armes.
Les ennemis de Deane et Franklin l'accusèrent d'avoir menti en ne révélant pas plus tôt qu'il avait reçu un million de livres de la part du gouvernement français.
C'était un argument complètement fallacieux pour éviter de payer à Beaumarchais son dû. Tout l'argent que la France lui avait donné avait servi à acheter des armes en partant du principe que les Américains le rembourseraient. Il ne pouvait pas révéler le financement secret par le gouvernement français, précisément parce qu'il était en contradiction avec la neutralité déclarée du pays à cette époque.
Néanmoins, les ennemis de Beaumarchais affirmèrent que le million de livres avait été versé à l'intention des États-Unis, le dramaturge devait désormais cette somme majorée des intérêts aux États-Unis. Le Congrès refusa de lui rendre justice ; il ne reçut aucun remboursement pour ses efforts et ses dépenses.
Surrender of General Burgoyne at Saratoga, on October 17, 1777
John Trumbull
Oil on canvas, 1826
Image : Architect of the Capitole Campus
Jusqu'à la fin de sa vie, Beaumarchais insista sur le fait qu'il avait fait plus que tous autres Français, quels qu'ils soient, pour la liberté de l'Amérique, cette liberté qui a donné naissance aux leurs, qu'il avait été le seul à concevoir. Mais le monde ayant changé, seul un petit nombre de personnes se souvint de son rôle dans la révolution américaine quand l'Ancien Régime fut renversé.
Les espions et le "Secret" du roi Louis XV
Gouverneur Morris a écrit:
Et ne parlons pas des héritiers Beaumarchais qui, alors que La Fayette faisait un séjour triomphal au États-Unis sous la Restauration, couvert de gloire, de terres et d’argent par le Congrès, bataillaient avec ce dernier pour obtenir le remboursement des sommes colossales avancées par leur père… que l’assemblée américaine déniaient leur devoir, arguant des engagements de Louis XVI…
Je cite un extrait de l'intéressant livre, traduit et publié récemment : Espions en révolution - Beaumarchais, le chevalier d'Éon, Silas Deane et les secrets de l'indépendance américaine
A la fin de la révolution américaine, Beaumarchais avait acheté et expédié des armes et des approvisionnements à l'armée continentale pour une valeur de 6 millions de livres (environ 46 millions de dollars).
Une grande partie de ce matériel avait été financée par le gouvernement français, qui devait être remboursé par le Congrès, mais environ un cinquième du crédit total fut prêté par l'entreprise de Beaumarchais sur son crédit personnel.
Le Congrès avait approuvé un contrat spécifique avec l'agent de Beaumarchais en 1778 pour la majeure partie des fournitures. En outre, Franklin (Benjamin) et Morris (Gouverneur), en tant que superintendants des finances, avaient signé des notes promettant de payer des millions de livres au dramaturge. En effet, le Congrès avait déjà voté en 1779 la reconnaissance de son obligation de rembourser la France pour toutes les armes et tous les approvisionnements qu'il avait reçus.
Cependant, à la fin de la guerre, le Congrès, pressé par Lee (Arthur), préféra considérer que ces armes étaient un cadeau de la France. La conclusion qu'aucun paiement n'était dû allait à l'encontre des affirmations répétées du gouvernement français selon lesquelles il n'avait jamais fait un tel cadeau.
En 1782, sous la pression de l'ambassadeur français et suite à l'insistance de Morris, le Congrès envoya Barclay (Thomas) en France pour vérifier les affirmations de Beaumarchais et trouver un accord. Ce dernier objecta qu'il avait déjà soumis ses demandes à Deane (Silas), qui avait vérifié le compte et estimé en 1780 qu'il - en son nom propre et en celui du gouvernement français - avait droit à 3,6 millions de livres (environ 28 millions de dollars d'aujourd'hui). Beaumarchais accepta à contrecoeur de présenter à nouveau des centaines de quittances à Barclay ; il n'y eut cependant aucun paiement.
Silas Deane (1741-1827)
Charles Willson Peale (Attr)
Watercolor on ivory, c. 1776
Image : Connecticut Historical Society, National portrait Gallery, Smithsonian Institution
A cette époque, le dramaturge subvenait à ses propres besoins, à ceux de sa troisième épouse Marie-Thérèse, et de sa fille Eugénie, grâce à ses pièces de théâtre et à ses investissements. Il avait récemment créé une entreprise avec les frères Périer pour fournir de l'eau à la ville de Paris en utilisant des pompes à Vapeur. C'était un projet ambitieux et novateur. Mais étant inlassablement poursuivi par les créanciers de Rodriguez Hortalez, Beaumarchais fut contraint de demander de l'aide au gouvernement français pour y faire face.
Pompe à feu de Chaillot ou pompe à feu des frères Périer
Cette pompe, actionnée par la vapeur, servait à alimenter les Réservoirs de Passy, situé sur la Colline de Chaillot, près de la place de l'Étoile
Image : Commons wikimedia
Bien qu'étant au bord de l'insolvabilité, il vivait bien au-dessus de ses moyens. Anticipant d'énormes revenus de sa compagnie des eaux de Paris, il fit construire un seconde hôtel particulier au faubourg Saint-Antoine.
Pendant près de deux décennies, il écrivit en vain à Jefferson, Franklin, Adams, Hamilton et Jay pour les implorer d'intervenir au Congrès en sa faveur. Plusieurs commissions du Congrès créées pour enquêter sur ses demandes furent ensuite dissoutes. Le Congrès traînait des pieds et retardait le paiement de ses créanciers étrangers. Jusqu'à sa mort, Lee fit tout ce qu'il put pour empêcher tout remboursement à Beaumarchais.
La maison de Beaumarchais et la Bastille
Jean-Baptiste François Genillion (1750-1829)
Huile sur toile, vers 1788
Image : Musée Carnavalet, Histoire de Paris
L'un des problèmes qui bloquait la résolution des demandes du dramaturge était le fait que le gouvernement français avait reconnu avoir donné 3 millions de livres en 1776, c'est à dire avant de reconnaître les Etats-Unis. Le Congrès admit qu'après avoir ratifié l'alliance avec la France, il avait reçu 2 millions de livres de son allié pour acheter des armes par l'intermédiaire de Rodriguez Hortalez, mais personne ne savait où était passé l'autre million de livres.
Pendant des années, le pays des Lumières n'avait pas voulu reconnaître publiquement qu'il avait violé ses engagements conventionnels avec l'Angleterre en donnant un million de livres à Beaumarchais pour acheter des armes pour les Américains avant même qu'il n'ait signé le traité d'alliance.
Certains membres du Congrès soupçonnaient Beaumarchais d'avoir empoché cette somme aux dépends de l'effort de guerre américain. Ce n'était pas le cas, mais le gouvernement de Louis XVI refusa d'expliquer ce qu'il s'était passé tout en admettant que la France avait menti aux Britanniques à propos de son rôle dans l'armement américain.
Figure group of Benjamin Franklin and Louis XVI negotiating the Treaty of Alliance
Attributed to Charles-Gabriel Sauvage (called Lemire)
bisque porcelain, Niderviller Factory, c. 1780-1785
Image : The Diplomatic Reception Rooms
Alexander Hamilton, premier secrétaire du Trésor, rapporta au Congrès en 1789 que les États-Unis devaient à Beaumarchais 2,28 millions de livres (à peu près 18 millions de dollars d'aujourd'hui). Le gouvernement révolutionnaire français dévoila aux Américains que le "million de livres manquant" avait été payé au dramaturge pour acheter des armes.
Les ennemis de Deane et Franklin l'accusèrent d'avoir menti en ne révélant pas plus tôt qu'il avait reçu un million de livres de la part du gouvernement français.
C'était un argument complètement fallacieux pour éviter de payer à Beaumarchais son dû. Tout l'argent que la France lui avait donné avait servi à acheter des armes en partant du principe que les Américains le rembourseraient. Il ne pouvait pas révéler le financement secret par le gouvernement français, précisément parce qu'il était en contradiction avec la neutralité déclarée du pays à cette époque.
Néanmoins, les ennemis de Beaumarchais affirmèrent que le million de livres avait été versé à l'intention des États-Unis, le dramaturge devait désormais cette somme majorée des intérêts aux États-Unis. Le Congrès refusa de lui rendre justice ; il ne reçut aucun remboursement pour ses efforts et ses dépenses.
Surrender of General Burgoyne at Saratoga, on October 17, 1777
John Trumbull
Oil on canvas, 1826
Image : Architect of the Capitole Campus
Jusqu'à la fin de sa vie, Beaumarchais insista sur le fait qu'il avait fait plus que tous autres Français, quels qu'ils soient, pour la liberté de l'Amérique, cette liberté qui a donné naissance aux leurs, qu'il avait été le seul à concevoir. Mais le monde ayant changé, seul un petit nombre de personnes se souvint de son rôle dans la révolution américaine quand l'Ancien Régime fut renversé.
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
charenton- Messages : 1147
Date d'inscription : 23/02/2022
Age : 75
Localisation : 75012 PARIS
Re: La révolution, la guerre et la déclaration d'indépendance américaine
Quel sac de noeuds, c'est inouï !!!
En fait, Beaumarchais se résume pour nombre d'entre nous à son Mariage de Figaro; c'est oublier la dimension d'aventurier-espion du bonhomme. Il n'avait pas froid aux yeux ...
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La révolution, la guerre et la déclaration d'indépendance américaine
Il s'est quand même fait rouler dans la farine par le chevalier d'Eon, son collègue pourrait-on presque dire.
Monsieur de la Pérouse- Messages : 504
Date d'inscription : 31/01/2019
Localisation : Enfin à bon port !
Re: La révolution, la guerre et la déclaration d'indépendance américaine
Pourquoi dîtes-vous cela ? A quelle occasion ? Il s'agissait d'une "négociation" entre deux intrigants et deux manipulateurs. Aussi, je ne vois " ni vainqueur, ni vaincu " pour reprendre la phrase de l'actualité .
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Marine de guerre . 1781. Chesapeake : La victoire navale française qui changea le monde
Napoléon remettra le génie militaire de France dans les armées de terre mais du temps de Louis XVI le génie français est dans la marine.
L'armée de terre est dans les choux.
Louis XVI et ses ministres forment un couple ardent et plein d'intelligence avec des marins qui resteront fameux.
Chesapeake : La victoire navale française qui changea le monde
https://www.youtube.com/watch?v=WqdHsi0i_Dk&ab_channel=Cap-hornier
Tout est dit et bien dit
L'armée de terre est dans les choux.
Louis XVI et ses ministres forment un couple ardent et plein d'intelligence avec des marins qui resteront fameux.
Chesapeake : La victoire navale française qui changea le monde
https://www.youtube.com/watch?v=WqdHsi0i_Dk&ab_channel=Cap-hornier
Tout est dit et bien dit
charenton- Messages : 1147
Date d'inscription : 23/02/2022
Age : 75
Localisation : 75012 PARIS
Exposition - Versailles et l’Indépendance américaine - 05.07.16 --> 02.10.16
Je viens de réaliser, grâce à la série Franklin qui nous occupe en ce moment , que cette expo n'avait pas été évoquée sur le forum !
Sont toujours disponibles :
Le lien du CRCV relatif au colloque organisé à cette occasion
Le lien vers les 8 actes publiés suite audit colloque
La page du site du château dédiée à ces évènements historiques
Et bien sûr, reportage à suivre !
Sont toujours disponibles :
Le lien du CRCV relatif au colloque organisé à cette occasion
Le lien vers les 8 actes publiés suite audit colloque
La page du site du château dédiée à ces évènements historiques
Et bien sûr, reportage à suivre !
Dernière édition par Gouverneur Morris le Mer 24 Avr - 13:51, édité 1 fois
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
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