Toussaint Louverture et les îles à sucre : la traite et l’esclavage au XVIIIe siècle
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Re: Toussaint Louverture et les îles à sucre : la traite et l’esclavage au XVIIIe siècle
Lafayette était, lui, un fervent et convaincu abolitionniste. A l'époque où il achète ses plantations de Cayenne afin d'y expérimenter l'affranchissement des esclaves, Boufflers, nommé Gouverneur, s'installe au Sénégal, LE centre du commerce des esclaves entre l'Afrique et l'Amérique !Mme de Sabran a écrit:Je suppose que c'est ainsi que raisonnait le chevalier de Boufflers.La Fayette a écrit:En effet, je le suis toujours et à jamais Madame.
Néanmoins, j'ai ma définition bien précise de l'esclavage. Et adopter un jeune enfant noir pour l'élever avec les miens n'est pour moi pas de l'esclavage.
La nuit, la neige- Messages : 18135
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Mme de Sabran- Messages : 55505
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Toussaint Louverture et les îles à sucre : la traite et l’esclavage au XVIIIe siècle
Je suis toujours dans les Mémoires de Charles Barbaroux. J'y apprends que, après le 10 août 1792, redescendu à Marseille, il trouve sa jeune-femme tout nouvellement accouchée d'un garçon.
... je fus avec ma mère, quelques amis, présenter mon fils à l'église, car les officiers publics n'étaient pas encore établis . Le baptême n'est rien aux yeux des philosophes, mais la cérémonie, quelle qu'elle soit, par laquelle on transmet son nom à son fils, est bien intéressante pour un père. Le mien fut nommé Ogé Barbaroux .
Nous devinons que Barbaroux est membre de la Société des amis des Noirs, bien entendu , mais voilà -t-y pas que je trouve Stanislas de Boufflers parmi eux . J'y reviendrai .
Vincent Ogé, né vers 1755 à Dondon (Saint-Domingue) et mort roué vif le 25 février 17912 au Cap-Français, fut le meneur de la première révolte des mulâtres, prélude de la Révolution haïtienne.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Vincent_Og%C3%A9
... je fus avec ma mère, quelques amis, présenter mon fils à l'église, car les officiers publics n'étaient pas encore établis . Le baptême n'est rien aux yeux des philosophes, mais la cérémonie, quelle qu'elle soit, par laquelle on transmet son nom à son fils, est bien intéressante pour un père. Le mien fut nommé Ogé Barbaroux .
Nous devinons que Barbaroux est membre de la Société des amis des Noirs, bien entendu , mais voilà -t-y pas que je trouve Stanislas de Boufflers parmi eux . J'y reviendrai .
Vincent Ogé, né vers 1755 à Dondon (Saint-Domingue) et mort roué vif le 25 février 17912 au Cap-Français, fut le meneur de la première révolte des mulâtres, prélude de la Révolution haïtienne.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Vincent_Og%C3%A9
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Mme de Sabran- Messages : 55505
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Toussaint Louverture et les îles à sucre : la traite et l’esclavage au XVIIIe siècle
Mme de Sabran a écrit:
Nous devinons que Barbaroux est membre de la Société des amis des Noirs, bien entendu , mais voilà -t-y pas que je trouve Stanislas de Boufflers parmi eux . J'y reviendrai .
C'est ici :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t2719-le-chevalier-stanislas-jean-de-boufflers#151131
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Mme de Sabran- Messages : 55505
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Toussaint Louverture et les îles à sucre : la traite et l’esclavage au XVIIIe siècle
Lundi 10 mai prochain, dans le cadre de la Journée nationale de commémoration des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition, sera notamment diffusé, sur France 3, un épisode inédit de :
Secrets d'Histoire : « Toussaint Louverture : la liberté à tout prix »
Présenté par Stéphane Bern
Durée environ : 106 mn
Présentation :
Si la France commémore chaque 10 mai l’abolition de l’esclavage, c’est en grande partie grâce à lui. Originaire d’Afrique, né esclave au XVIIIe siècle dans la colonie française de Saint-Domingue, l’actuelle Haïti, Toussaint Louverture a réussi à échapper à la servitude pour devenir un général et un homme politique de génie, qui, depuis son île des Caraïbes, a montré la voie à suivre.
Meneur d’hommes, séducteur, visionnaire, Toussaint Louverture entre dans la lumière à 50 ans et décide de lancer son grand projet : libérer les esclaves de Saint-Domingue pour en faire des citoyens français à part entière ! Mais, pour y parvenir, il doit se dresser contre l’ordre établi : les colons et leurs plantations sucrières si lucratives.
Il trouve aussi sur sa route un homme, un certain Bonaparte, Premier consul de France… Toussaint, Napoléon : l’affrontement de deux stratèges, deux figures d’exception, et aussi deux insulaires, de chaque côté de l’Atlantique !
Dans le sillage de Toussaint Louverture, Secrets d’Histoire permet de découvrir également ceux qui ont épousé sa cause. « Solitude », une femme métisse devenue une légende de la liberté en Guadeloupe ; l’abbé Grégoire, un héros discret de la Révolution française, qui a permis la première abolition de l’esclavage, en pleine Terreur — et Victor Schœlcher, l’homme qui a obtenu son abandon total par la France au XIXe siècle.
Stéphane Bern, dans le rôle du guide, permet de découvrir le fort de Joux, perché dans les montagnes du Doubs, la prison où Bonaparte a enfermé jusqu’à la mort son rival de Saint-Domingue, ou encore les demeures intactes des armateurs de La Rochelle, enrichis par l’esclavage, mais le film permet de s'immerger aussi dans les vestiges des plantations sucrières, tant en Guadeloupe qu’en Haïti, autre « île de beauté » encore habitée par sa figure tutélaire, l’indomptable Toussaint Louverture.
Intervenants
Dany Laferrière de l’Académie française ; Rokhaya Diallo, journaliste ; Pierre Buteau, historien haïtien ; Jacques de Cauna, historien ; Frédéric Régent, historien ; Jean-Christian Petitfils, historien ; Pierre Branda, Fondation Napoléon.
* Source et infos complémentaires : FranceTélévisions - Toussaint Louverture, le héros haïtien dans Secrets d'Histoire
La vidéo de cet épisode est d'ores et déjà disponible sur le site de France Télévisions, ici :
Secrets d'Histoire - Toussaint Louverture, la liberté à tous prix
Secrets d'Histoire : « Toussaint Louverture : la liberté à tout prix »
Présenté par Stéphane Bern
Durée environ : 106 mn
Présentation :
Si la France commémore chaque 10 mai l’abolition de l’esclavage, c’est en grande partie grâce à lui. Originaire d’Afrique, né esclave au XVIIIe siècle dans la colonie française de Saint-Domingue, l’actuelle Haïti, Toussaint Louverture a réussi à échapper à la servitude pour devenir un général et un homme politique de génie, qui, depuis son île des Caraïbes, a montré la voie à suivre.
Meneur d’hommes, séducteur, visionnaire, Toussaint Louverture entre dans la lumière à 50 ans et décide de lancer son grand projet : libérer les esclaves de Saint-Domingue pour en faire des citoyens français à part entière ! Mais, pour y parvenir, il doit se dresser contre l’ordre établi : les colons et leurs plantations sucrières si lucratives.
Il trouve aussi sur sa route un homme, un certain Bonaparte, Premier consul de France… Toussaint, Napoléon : l’affrontement de deux stratèges, deux figures d’exception, et aussi deux insulaires, de chaque côté de l’Atlantique !
Dans le sillage de Toussaint Louverture, Secrets d’Histoire permet de découvrir également ceux qui ont épousé sa cause. « Solitude », une femme métisse devenue une légende de la liberté en Guadeloupe ; l’abbé Grégoire, un héros discret de la Révolution française, qui a permis la première abolition de l’esclavage, en pleine Terreur — et Victor Schœlcher, l’homme qui a obtenu son abandon total par la France au XIXe siècle.
Stéphane Bern, dans le rôle du guide, permet de découvrir le fort de Joux, perché dans les montagnes du Doubs, la prison où Bonaparte a enfermé jusqu’à la mort son rival de Saint-Domingue, ou encore les demeures intactes des armateurs de La Rochelle, enrichis par l’esclavage, mais le film permet de s'immerger aussi dans les vestiges des plantations sucrières, tant en Guadeloupe qu’en Haïti, autre « île de beauté » encore habitée par sa figure tutélaire, l’indomptable Toussaint Louverture.
Intervenants
Dany Laferrière de l’Académie française ; Rokhaya Diallo, journaliste ; Pierre Buteau, historien haïtien ; Jacques de Cauna, historien ; Frédéric Régent, historien ; Jean-Christian Petitfils, historien ; Pierre Branda, Fondation Napoléon.
* Source et infos complémentaires : FranceTélévisions - Toussaint Louverture, le héros haïtien dans Secrets d'Histoire
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Secrets d'Histoire - Toussaint Louverture, la liberté à tous prix
La nuit, la neige- Messages : 18135
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Toussaint Louverture et les îles à sucre : la traite et l’esclavage au XVIIIe siècle
C’est, paraît-il, l’une des contre-vérités de l’Histoire les plus tenaces. Joséphine aurait été à l’origine de la décision de Napoléon d’abroger l’abolition de l’esclavage votée par la Convention en février 1794.
Mais les historiens mettent aujourd’hui en doute cette influence.
Après l’envoi de corps expéditionnaires en Guadeloupe et à Saint-Domingue pour mater la rébellion, un décret réintroduisit l’esclavage le 20 mai 1802.
Une erreur stratégique : si l’ordre fut rétabli en Guadeloupe, l’escalade de la violence à Saint-Domingue aboutit à une révolution haïtienne et en 1804 à la proclamation d’indépendance. Il faudra attendre 1848 pour l'abolition de l'esclavage en France.
Mais les historiens mettent aujourd’hui en doute cette influence.
Après l’envoi de corps expéditionnaires en Guadeloupe et à Saint-Domingue pour mater la rébellion, un décret réintroduisit l’esclavage le 20 mai 1802.
Une erreur stratégique : si l’ordre fut rétabli en Guadeloupe, l’escalade de la violence à Saint-Domingue aboutit à une révolution haïtienne et en 1804 à la proclamation d’indépendance. Il faudra attendre 1848 pour l'abolition de l'esclavage en France.
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Mme de Sabran- Messages : 55505
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Toussaint Louverture et les îles à sucre : la traite et l’esclavage au XVIIIe siècle
L'histoire ne s'arrête pas là ... Après l'arrestation et la déportation en France de Toussaint Louverture, son lieutenant Jean-Jacques Dessalines reprend la lutte et met la pâtée au général Leclerc ( époux de Pauline Bonaparte ) qui, sur ces entrefaites, succombe à la fièvre jaune, puis au général Rochambeau, son successeur ( le fils du vainqueur de Yorktown ).
Dessalines a les coudées franches pour proclamer l'indépendance de l'île en 1804 et se donne pour Gouverneur à vie . Il règle les problèmes ethniques entre communautés en ordonnant le massacre de tous les blancs y compris femmes et enfants . C'est un carnage.
Ses généraux le font empereur d'Haïti sous le nom de Jacques Ier.
Dessalines a les coudées franches pour proclamer l'indépendance de l'île en 1804 et se donne pour Gouverneur à vie . Il règle les problèmes ethniques entre communautés en ordonnant le massacre de tous les blancs y compris femmes et enfants . C'est un carnage.
Ses généraux le font empereur d'Haïti sous le nom de Jacques Ier.
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Mme de Sabran- Messages : 55505
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Toussaint Louverture et les îles à sucre : la traite et l’esclavage au XVIIIe siècle
C'est plutôt effroyable. J'ignorais jusqu'au nom de ce fou furieux.
Monsieur de la Pérouse- Messages : 504
Date d'inscription : 31/01/2019
Localisation : Enfin à bon port !
Re: Toussaint Louverture et les îles à sucre : la traite et l’esclavage au XVIIIe siècle
Dessalines, après avoir battu à Vertières, le 18 novembre 1803, les forces françaises commandées par Rochambeau, proclame l’indépendance de Haïti, le 1er janvier 1804. Mais la France attend 1825 pour accepter de reconnaître cette indépendance. Le président Boyer accepte de payer 150 millions de francs, afin d’indemniser les colons expropriés. Après avoir versé 30 millions, Haïti obtient en 1938 que le reliquat de la dette soit réduit à 60 millions et un traité de paix et d’amitié est alors signé pour régler définitivement le contentieux…
Le Moniteur de 1825, n° 222 – Dette de l’Indépendance :
« L’Ordonnance de 1825 » qui rend aujourd’hui Haïti si pauvre, misérable et très dépendant !
Dette de l`Indépendance : « L’Ordonnance » qui aurait fait d’Haïti ce qu’il est aujourd’hui!
Par Rezo Nòdwès -
On avait calculé qu’en 1789, les produits de Saint-Domingue montaient à 150 millions de francs, et qu’en 1823, Haïti en avait fourni à la France, à l’Angleterre et aux Etats-Unis pour 30 millions, ce qui laissait 15 millions de revenu net. En outre, on disait que « la valeur des biens-fonciers dans les colonies se calcule sur dix années de revenu ». Raisonnant ainsi, le gouvernement français fixa l’indemnité à 150 millions. En 1826, M. de Villèle avait exposé des motifs de la loi de répartition, aux chambres françaises.
Port-au-Prince, soirée du 4 juillet 1825 : « Lecture de l’Ordonnance du Roi français Charles X » par le baron de Mackau, capitaine des vaisseaux du Roi, commandant d’une division de l’armée navale. Le président Jean-Pierre Boyer en avait pris lecture dans l’après-midi du lendemain.
La plupart des circonstances que nous allons relater sont puisées du Télégraphe du 17 juillet 1825, qui en a rendu compte officiellement ; le texte de l’Ordonnance royale s’y trouve aussi. Nous citons celle de M. de Mackau à Boyer, d’après l’original même qui a été sauvé du pillage commis en 1843, après le départ de Boyer, parmi les papiers d’Etat qu’il avait laissés au palais national.
Une commission formée par le président Boyer pour donner audience à l’envoyé du roi Charles l’invita à une conférence qui eut lieu chez le secrétaire général de la présidence dans la soirée du 4juillet 1825; il y en eut une autre le 5, de midi à quatre heures.
L'amiral Ange René Armand de Mackau (1852 - 1855 ) est le fils de la sous-gouvernante des Enfants de France, Mme de Mackau, le frère d'Angélique de Bombelles et de l'infernale marquise de Soucy .
Commandant de la Clorinde, frégate de 58 canons, il parcourut l'Océan Pacifique, et alla conduire des négociations avec les nouveaux États de l'Amérique du Sud, le Chili et le Pérou. En 1825, il fut envoyé devant Haïti pour y faire accepter l'ordonnance d'affranchissement du 17 avril 1825, qui reconnaissait l'indépendance de l'île tout en prévoyant, en contrepartie, certains avantages pour la France. Après d'assez longs pourparlers, il obtint que l'ordonnance fût entérinée.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ange_Ren%C3%A9_Armand_de_Mackau
Mais M. de Mackau, dès là première rencontre, avait donné lecture de l’ordonnance qui suit, une dette qui arrivait avec beaucoup plus d’engagements que celui des fonds de PetroCaribe, malgré tout dilapidés par les haitiens eux-mêmes :
CHARLES, par la grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre ( ) , à tous présents et à venir, salut.
Voulant pourvoir à ce que réclament l’intérêt du commerce français, les malheurs des anciens colons de Saint-Domingue, et l’état précaire des habitants actuels de cette île;
Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :
Art. 1er. Les ports de la partie française de Saint-Domingue seront ouverts au commerce de toutes les nations.
Les droits perçus dans ces ports, soit sur les navires, soit sur les marchandises, tant à l’entrée qu’à la sortie, seront égaux et uniformes pour tous les pavillons, excepté le pavillon français, en faveur duquel ces droits seront réduits de moitié.
Art. 2. Les habitants actuels de la partie française de Saint-Domingue verseront à la caisse générale des dépôts et consignations de France, en cinq termes égaux, d’année en année, le premier échéant au 31 décembre 1825, la somme de cent cinquante millions de francs, destinée à dédommager les anciens colons qui réclameront une indemnité.
Art. 3. Nous concédons, à ces conditions, par la présente Ordonnance, aux habitants actuels de la partie française de Saint-Domingue, l’indépendance pleine et entière de leur gouvernement.
Et sera la présente Ordonnance sellée du grand sceau. Donné à Paris, au château des Tuileries; le 17 avril de l’an de
grâce 1825, et de notre règne le premier.
Signé : CHARLES.
Les commissaires haïtiens n’avaient pas pu entendre la lecture d’un tel acte, sans y faire diverses objections que sa singulière rédaction et ses clauses leur suggéraient. Ces objections sont rapportées par M. de Mackau lui-même, dans les explications écrites qu’il se vit ensuite forcé de donner, pour obtenir l’acceptation de l’ordonnance.
Il y eut de la part des Haitiens, ce soir du 4 juillet 1825, un profond sentiment d’indignation, à l’idée seule que l’indépendance d’Haïti, conquise avec gloire par les Haïtiens qui luttèrent contre les troupes aguerries de la France républicaine, serait, non pas reconnue et proclamée comme un droit, et un fait préexistant à la Restauration des Bourbons, mais concédée par l’un d’eux comme une sorte de grâce et sous une forme si contraire à toutes les espérances de la nation ; par une ordonnance dont les termes équivoques décelaient une arrière-pensée, une voie à mille interprétations, puisqu’il s’agissait de l’Indépendance du gouvernement des habitants actuels de Saint-Domingue, et non pas du gouvernement du peuple libre, indépendant et souverain d’Haïti.
Enfin, Mackau dit aux commissaires haïtiens qu’il n’était que porteur de l’ordonnance royale, qu’il ne pouvait la modifier en quoi que ce soit, et que, si elle n’était pas acceptée telle quelle, il lui restait une autre mission à remplir, en faisant allusion aux moyens coercitifs qu’il était autorisé à employer.
Les commissaires, à ces mots, furent unanimes à lui répondre : que la République saurait se défendre contre toute violence, toute agression ; que la résolution de la nation, à cet égard, existait depuis le 1er janvier 1804; et pour lui en fournir une preuve, le secrétaire général Inginac fit sortir de son cabinet, plusieurs torches incendiaires qu’il y tenait depuis 1814, et qui étaient destinées, lui dit-il, à la destruction de sa propriété où il logeait. Il ajouta : « J’y mettrai le feu moi-même ! »
https://rezonodwes.com/2018/03/22/dette-de-lindependance-lordonnance-qui-aurait-fait-dhaiti-ce-quil-est-aujourdhui/
Voici le discours que fit le baron de Mackau aux Haïtiens :
Beaubrun Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti
« Messieurs du Sénat,
» Le Roi m’a ordonné de venir vers vous et de vous offrir en son nom le pacte le plus généreux dont l’époque actuelle offre l’exemple. Vous y trouverez la preuve, Messieurs, qu’en ces grandes circonstances, la royale pensée de Sa Majesté ne s’est pas moins portée sur l’état précaire des Haïtiens que sur les intérêts de ses sujets.
» Sans doute, Messieurs, les hautes vertus de votre digne Président, et les prières d’un Prince qui est tout à la fois l’orgueil et de son père et de la France, ont exercé une grande influence sur la détermination de Sa Majesté ; mais il suffirait qu’il y eût du bien à faire à une réunion d’hommes, pour que le cœur de Charles X fût vivement intéressé.
» Dieu bénira, Messieurs, cette sincère et grande réconciliation, et permettra qu’elle serve d’exemple à d’autres Etats déchirés encore par des maux dont l’humanité gémit,
» Aussi nous est-il permis, d’espérer que, dans le Nouveau-Monde comme dans l’Ancien, nous trouverons tous les cœurs, ouverts à cet amour qui nous fut légué par nos pères, dont héritera notre postérité la plus reculée, pour cette auguste Maison de France qui, après, avoir fait le bonheur de notre pays, a voulu fonder celui de ce nouvel Etat. »
Enregistrement : ainsi fut entériné cet acte.
Le président Boyer répondit alors au discours de M. de Mackau, par les paroles suivantes :
« Monsieur le Baron,
» Nous recevons avec vénération l’ordonnance de Sa Majesté Très-Chrétienne, par laquelle la récognition de l’indépendance d’Haïti est formellement déclarée, et dont vous avez été chargé de nous présenter l’acte solennel.
» Il appartenait à un descendant de la noble et antique race des Bourbons, de mettre le sceau au grand œuvre de notre régénération. Après de si funestes et de si cruelles calamités, Charles X, justement Roi Très-Chrétien, vient enfin de reconnaître le droit acquis par le peuple haïtien, et appelle cette jeune nation à prendre rang parmi les peuples anciens.
» Rendons grâce à l’Eternel !
» Gloire à l’auguste monarque qui, dédaignant des lauriers qui seraient souillés de sang, a préféré ceindre son front majestueux de l’olivier de la paix !
» Réunissons nos vœux pour bénir son bien-aimé fils, dont la Renommée, en publiant les vertus, a fait retentir sa voix jusqu’à nous.
» Félicitons M. le baron de Mackau d’avoir si dignement rempli son honorable mission : le nom de son souverain, celui du Dauphin de France et le sien, seront inscrits en traits ineffaçables dans les fastes d’Haïti. »
https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Ardouin_-_%C3%89tude_sur_l%E2%80%99histoire_d%E2%80%99Ha%C3%AFti,_tome_9.djvu/368
Le Moniteur de 1825, n° 222 – Dette de l’Indépendance :
« L’Ordonnance de 1825 » qui rend aujourd’hui Haïti si pauvre, misérable et très dépendant !
Dette de l`Indépendance : « L’Ordonnance » qui aurait fait d’Haïti ce qu’il est aujourd’hui!
Par Rezo Nòdwès -
On avait calculé qu’en 1789, les produits de Saint-Domingue montaient à 150 millions de francs, et qu’en 1823, Haïti en avait fourni à la France, à l’Angleterre et aux Etats-Unis pour 30 millions, ce qui laissait 15 millions de revenu net. En outre, on disait que « la valeur des biens-fonciers dans les colonies se calcule sur dix années de revenu ». Raisonnant ainsi, le gouvernement français fixa l’indemnité à 150 millions. En 1826, M. de Villèle avait exposé des motifs de la loi de répartition, aux chambres françaises.
Port-au-Prince, soirée du 4 juillet 1825 : « Lecture de l’Ordonnance du Roi français Charles X » par le baron de Mackau, capitaine des vaisseaux du Roi, commandant d’une division de l’armée navale. Le président Jean-Pierre Boyer en avait pris lecture dans l’après-midi du lendemain.
La plupart des circonstances que nous allons relater sont puisées du Télégraphe du 17 juillet 1825, qui en a rendu compte officiellement ; le texte de l’Ordonnance royale s’y trouve aussi. Nous citons celle de M. de Mackau à Boyer, d’après l’original même qui a été sauvé du pillage commis en 1843, après le départ de Boyer, parmi les papiers d’Etat qu’il avait laissés au palais national.
Une commission formée par le président Boyer pour donner audience à l’envoyé du roi Charles l’invita à une conférence qui eut lieu chez le secrétaire général de la présidence dans la soirée du 4juillet 1825; il y en eut une autre le 5, de midi à quatre heures.
L'amiral Ange René Armand de Mackau (1852 - 1855 ) est le fils de la sous-gouvernante des Enfants de France, Mme de Mackau, le frère d'Angélique de Bombelles et de l'infernale marquise de Soucy .
Commandant de la Clorinde, frégate de 58 canons, il parcourut l'Océan Pacifique, et alla conduire des négociations avec les nouveaux États de l'Amérique du Sud, le Chili et le Pérou. En 1825, il fut envoyé devant Haïti pour y faire accepter l'ordonnance d'affranchissement du 17 avril 1825, qui reconnaissait l'indépendance de l'île tout en prévoyant, en contrepartie, certains avantages pour la France. Après d'assez longs pourparlers, il obtint que l'ordonnance fût entérinée.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ange_Ren%C3%A9_Armand_de_Mackau
Mais M. de Mackau, dès là première rencontre, avait donné lecture de l’ordonnance qui suit, une dette qui arrivait avec beaucoup plus d’engagements que celui des fonds de PetroCaribe, malgré tout dilapidés par les haitiens eux-mêmes :
CHARLES, par la grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre ( ) , à tous présents et à venir, salut.
Voulant pourvoir à ce que réclament l’intérêt du commerce français, les malheurs des anciens colons de Saint-Domingue, et l’état précaire des habitants actuels de cette île;
Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :
Art. 1er. Les ports de la partie française de Saint-Domingue seront ouverts au commerce de toutes les nations.
Les droits perçus dans ces ports, soit sur les navires, soit sur les marchandises, tant à l’entrée qu’à la sortie, seront égaux et uniformes pour tous les pavillons, excepté le pavillon français, en faveur duquel ces droits seront réduits de moitié.
Art. 2. Les habitants actuels de la partie française de Saint-Domingue verseront à la caisse générale des dépôts et consignations de France, en cinq termes égaux, d’année en année, le premier échéant au 31 décembre 1825, la somme de cent cinquante millions de francs, destinée à dédommager les anciens colons qui réclameront une indemnité.
Art. 3. Nous concédons, à ces conditions, par la présente Ordonnance, aux habitants actuels de la partie française de Saint-Domingue, l’indépendance pleine et entière de leur gouvernement.
Et sera la présente Ordonnance sellée du grand sceau. Donné à Paris, au château des Tuileries; le 17 avril de l’an de
grâce 1825, et de notre règne le premier.
Signé : CHARLES.
Les commissaires haïtiens n’avaient pas pu entendre la lecture d’un tel acte, sans y faire diverses objections que sa singulière rédaction et ses clauses leur suggéraient. Ces objections sont rapportées par M. de Mackau lui-même, dans les explications écrites qu’il se vit ensuite forcé de donner, pour obtenir l’acceptation de l’ordonnance.
Il y eut de la part des Haitiens, ce soir du 4 juillet 1825, un profond sentiment d’indignation, à l’idée seule que l’indépendance d’Haïti, conquise avec gloire par les Haïtiens qui luttèrent contre les troupes aguerries de la France républicaine, serait, non pas reconnue et proclamée comme un droit, et un fait préexistant à la Restauration des Bourbons, mais concédée par l’un d’eux comme une sorte de grâce et sous une forme si contraire à toutes les espérances de la nation ; par une ordonnance dont les termes équivoques décelaient une arrière-pensée, une voie à mille interprétations, puisqu’il s’agissait de l’Indépendance du gouvernement des habitants actuels de Saint-Domingue, et non pas du gouvernement du peuple libre, indépendant et souverain d’Haïti.
Enfin, Mackau dit aux commissaires haïtiens qu’il n’était que porteur de l’ordonnance royale, qu’il ne pouvait la modifier en quoi que ce soit, et que, si elle n’était pas acceptée telle quelle, il lui restait une autre mission à remplir, en faisant allusion aux moyens coercitifs qu’il était autorisé à employer.
Les commissaires, à ces mots, furent unanimes à lui répondre : que la République saurait se défendre contre toute violence, toute agression ; que la résolution de la nation, à cet égard, existait depuis le 1er janvier 1804; et pour lui en fournir une preuve, le secrétaire général Inginac fit sortir de son cabinet, plusieurs torches incendiaires qu’il y tenait depuis 1814, et qui étaient destinées, lui dit-il, à la destruction de sa propriété où il logeait. Il ajouta : « J’y mettrai le feu moi-même ! »
https://rezonodwes.com/2018/03/22/dette-de-lindependance-lordonnance-qui-aurait-fait-dhaiti-ce-quil-est-aujourdhui/
Voici le discours que fit le baron de Mackau aux Haïtiens :
Beaubrun Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti
« Messieurs du Sénat,
» Le Roi m’a ordonné de venir vers vous et de vous offrir en son nom le pacte le plus généreux dont l’époque actuelle offre l’exemple. Vous y trouverez la preuve, Messieurs, qu’en ces grandes circonstances, la royale pensée de Sa Majesté ne s’est pas moins portée sur l’état précaire des Haïtiens que sur les intérêts de ses sujets.
» Sans doute, Messieurs, les hautes vertus de votre digne Président, et les prières d’un Prince qui est tout à la fois l’orgueil et de son père et de la France, ont exercé une grande influence sur la détermination de Sa Majesté ; mais il suffirait qu’il y eût du bien à faire à une réunion d’hommes, pour que le cœur de Charles X fût vivement intéressé.
» Dieu bénira, Messieurs, cette sincère et grande réconciliation, et permettra qu’elle serve d’exemple à d’autres Etats déchirés encore par des maux dont l’humanité gémit,
» Aussi nous est-il permis, d’espérer que, dans le Nouveau-Monde comme dans l’Ancien, nous trouverons tous les cœurs, ouverts à cet amour qui nous fut légué par nos pères, dont héritera notre postérité la plus reculée, pour cette auguste Maison de France qui, après, avoir fait le bonheur de notre pays, a voulu fonder celui de ce nouvel Etat. »
Enregistrement : ainsi fut entériné cet acte.
Le président Boyer répondit alors au discours de M. de Mackau, par les paroles suivantes :
« Monsieur le Baron,
» Nous recevons avec vénération l’ordonnance de Sa Majesté Très-Chrétienne, par laquelle la récognition de l’indépendance d’Haïti est formellement déclarée, et dont vous avez été chargé de nous présenter l’acte solennel.
» Il appartenait à un descendant de la noble et antique race des Bourbons, de mettre le sceau au grand œuvre de notre régénération. Après de si funestes et de si cruelles calamités, Charles X, justement Roi Très-Chrétien, vient enfin de reconnaître le droit acquis par le peuple haïtien, et appelle cette jeune nation à prendre rang parmi les peuples anciens.
» Rendons grâce à l’Eternel !
» Gloire à l’auguste monarque qui, dédaignant des lauriers qui seraient souillés de sang, a préféré ceindre son front majestueux de l’olivier de la paix !
» Réunissons nos vœux pour bénir son bien-aimé fils, dont la Renommée, en publiant les vertus, a fait retentir sa voix jusqu’à nous.
» Félicitons M. le baron de Mackau d’avoir si dignement rempli son honorable mission : le nom de son souverain, celui du Dauphin de France et le sien, seront inscrits en traits ineffaçables dans les fastes d’Haïti. »
https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Ardouin_-_%C3%89tude_sur_l%E2%80%99histoire_d%E2%80%99Ha%C3%AFti,_tome_9.djvu/368
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Re: Toussaint Louverture et les îles à sucre : la traite et l’esclavage au XVIIIe siècle
Ce soir sur ARTE : Les routes de l'esclavage
... un documentaire très dur mais vraiment instructif .
Nous avons toujours tellement à apprendre, même si parfois cela fait mal.
L'histoire de l'esclavage ne commence pas dans les champs de coton, mais remonte aux premières civilisations. Jusqu'à l'abolition de la traite des êtres humains, le système criminel de l'esclavage a permis la conquête d'immenses territoires, y a imposé de nouvelles frontières et édicté des lois justifiant violence et domination au nom du profit.
Les Routes de l'esclavage est une série télévisée documentaire en quatre épisodes de 52 minutes ayant trait à l'histoire de l'esclavage coréalisée par Daniel Cattier, Juan Gélas et Fanny Glissant, coproduite notamment par la Compagnie des phares et balises et diffusée en mai 2018 par Arte et France
TELERAMA
Une série exceptionnelle pour comprendre les liens indissociables entre l'asservissement de millions d'Africains et le monde contemporain .
... un documentaire très dur mais vraiment instructif .
Nous avons toujours tellement à apprendre, même si parfois cela fait mal.
L'histoire de l'esclavage ne commence pas dans les champs de coton, mais remonte aux premières civilisations. Jusqu'à l'abolition de la traite des êtres humains, le système criminel de l'esclavage a permis la conquête d'immenses territoires, y a imposé de nouvelles frontières et édicté des lois justifiant violence et domination au nom du profit.
Les Routes de l'esclavage est une série télévisée documentaire en quatre épisodes de 52 minutes ayant trait à l'histoire de l'esclavage coréalisée par Daniel Cattier, Juan Gélas et Fanny Glissant, coproduite notamment par la Compagnie des phares et balises et diffusée en mai 2018 par Arte et France
TELERAMA
Une série exceptionnelle pour comprendre les liens indissociables entre l'asservissement de millions d'Africains et le monde contemporain .
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Re: Toussaint Louverture et les îles à sucre : la traite et l’esclavage au XVIIIe siècle
Selon l'OBS, il faut absolument voir cette série, récit encyclopédique et éclairant de notre histoire à tous.
Disponible en replay jusqu’au 1er novembre 2022 sur Arte.tv.
Disponible en replay jusqu’au 1er novembre 2022 sur Arte.tv.
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Re: Toussaint Louverture et les îles à sucre : la traite et l’esclavage au XVIIIe siècle
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Re: Toussaint Louverture et les îles à sucre : la traite et l’esclavage au XVIIIe siècle
Hier soir, sur ARTE
Les Pays-Bas présentent des excuses officielles pour l’esclavage
28 Minutes (21/12/2022)
Le Premier ministre des Pays-Bas, Mark Rutte, a présenté des excuses officielles pour la traite négrière que son pays a exercée pendant des siècles.
Retour sur son abolition, en 1814, avec Xavier Mauduit.
Nous pouvons l'écouter ici :
https://www.arte.tv/fr/videos/112861-004-A/les-pays-bas-presentent-des-excuses-officielles-pour-l-esclavage/
Les Pays-Bas présentent des excuses officielles pour l’esclavage
28 Minutes (21/12/2022)
Le Premier ministre des Pays-Bas, Mark Rutte, a présenté des excuses officielles pour la traite négrière que son pays a exercée pendant des siècles.
Retour sur son abolition, en 1814, avec Xavier Mauduit.
Nous pouvons l'écouter ici :
https://www.arte.tv/fr/videos/112861-004-A/les-pays-bas-presentent-des-excuses-officielles-pour-l-esclavage/
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Re: Toussaint Louverture et les îles à sucre : la traite et l’esclavage au XVIIIe siècle
Abolition de l'esclavage :
Emmanuel Macron célèbre jeudi le "héros" Toussaint Louverture
C'est aujourd'hui ! Emmanuel Macron célèbre jeudi le "héros" Toussaint Louverture
Buste de Toussaint Louverture (1743-1803), leader de la révolution haïtienne contre l'esclavage.
(Oeuvre réalisée par l'artiste Ludovic Booz pour la ville de Bordeaux).
Emmanuel Macron marquera le 175e anniversaire de l'abolition de l'esclavage en France avec un hommage à Toussaint Louverture, "inlassable combattant" pour la liberté, au château de Joux dans le Doubs où le général franco-haïtien fut emprisonné jusqu'à sa mort, a annoncé l'Élysée.
Outre-mer la 1ère avec AFP • Publié le 26 avril 2023 à 11h53
Attendu à la mi-journée, le chef de l'État doit déposer une gerbe devant le buste de l'ex-esclave affranchi avant de prononcer un discours. Cette année, comme en 2018, le président a choisi de célébrer la date du 27 avril 1848 qui correspond au décret de Victor Schoelcher abolissant l'esclavage en France.
L'exécutif devrait donc être représenté par la Première ministre Elisabeth Borne lors de la traditionnelle cérémonie dans les Jardins du Luxembourg le 10 mai, qui commémore l'anniversaire de la loi Taubira de 2001 ayant reconnu l'esclavage comme crime contre l'humanité.
"Trois mémoires de l'esclavage"
Emmanuel Macron entend combiner ce rappel historique cette année avec le 280e anniversaire de la naissance et du 220e anniversaire de la disparition de Toussaint Louverture, mort dans la forteresse en avril 1803. À travers ce rendez-vous, ce sont "trois mémoires de l'esclavage que nous commémorons", a dit mercredi un conseiller du président : "la mémoire des victimes", puisque Toussaint Louverture était né esclave, "la mémoire des abolitionnistes" et "la mémoire des héros".
Cette "figure universelle", qui a accédé "au savoir" et qui "toute sa vie défendra" les idéaux des Lumières, a été "un militaire et un général révolutionnaire" qui mènera tous ses combats "au nom de la révolution française", a souligné un autre conseiller. "Même quand la France s'éloignera de ces idéaux", a-t-il ajouté, puisqu'il fut emprisonné en 1802 au château de Joux, sans procès, accusé de haute trahison et rébellion, sous les ordres du consul Napoléon Bonaparte.
Au programme aussi, un concert de casseroles .
... mais ça, c'est une autre histoire.
https://la1ere.francetvinfo.fr/abolition-de-l-esclavage-emmanuel-macron-celebre-jeudi-le-heros-toussaint-louverture-1389350.html
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Toussaint Louverture, Girardin
Parmi toutes les représentations du héros haïtien, cette huile sur toile, probablement la seule de cette qualité, serait-elle aussi la plus authentique ?
Sera prochainement proposé en vente aux enchères cet exceptionnel...
Portrait de François-Dominique Toussaint Louverture (1743-1803) portant un chapeau orné d'une cocarde, en buste
Par Alexandre-François-Louis de Girardin (1767-1848)
signé, localisé et daté 'Girardin a Nantes / an . 13eme' (en bas, à gauche)
inscrit 'Toussaint Louverture' (au revers de la toile d'origine)
huile sur toile
65 x 54,3 cm
Présentation :
Toussaint Louverture (1743-1803), le Spartacus noir, est le personnage emblématique de la révolution haïtienne, première révolte d’esclaves réussie du monde moderne. D’une idéologie extrêmement évoluée, il prêche l’idée de la fraternité et de la liberté innée, bien avant le dictum de la Révolution française.
À notre connaissance, le portrait ci-présent est le premier portrait à l’huile du héros de la révolte. Exécuté en l’an 13 du calendrier révolutionnaire (septembre 1804-septembre 1805), il s’inscrit dans la tradition de l’art du portrait occidental en présentant Toussaint comme le digne égal des généraux français. Il s’agit d’un choix fort un an après sa mort, celui-ci ayant été condamné par Napoléon (1769-1821) à croupir en prison dans l’idée de le briser moralement et physiquement.
LA VIE DE TOUSSAINT LOUVERTURE
Je suis Toussaint Louverture ; mon nom s'est peut-être fait connaître jusqu'à vous. J'ai entrepris la vengeance de ma race. Je veux que la liberté et l'égalité règnent à Saint-Domingue. Je travaille à les faire exister.
Toussaint Louverture, Proclamation de Camp Turel, 29 août 1793
Né esclave vers 1743 à l'habitation Bréda du Haut-du-Cap dans la colonie française de Saint-Domingue, aujourd'hui Haïti, Toussaint, ou pour lui donner son nom complet, François-Dominique Toussaint Louverture, appartient à la famille Louis-Pantaléon de Noé. Il sert comme cocher à son protecteur, le procureur Bayon de Libertat (vers 1732-vers 1802), qui lui aurait accordé une 'liberté de savane', la liberté de mouvements sans l'affranchissement, avant de l’affranchir définitivement à une date ignorée, avant 1776. Il restera très reconnaissant envers Bayon de Libertat et aidera sa famille à fuir leur plantation lors des grandes heures de la révolution en 1791.
À cette époque, la colonie de Saint-Domingue est d’une richesse sans égale aux Antilles, celle-ci étant le premier producteur mondial de sucre et de café. Cependant, cette richesse est basée sur les quelques 160 000 d’esclaves qui travaillent sur les plantations. Ainsi, la Déclaration des droits de l’homme du 26 août 1789 paraît dangereuse aux colons de l’île : les idées révolutionnaires venant de la France métropolitaine influencent fortement les esclaves déjà prêts à se révolter contre leurs maîtres. En août 1791 a lieu la cérémonie vaudoue du Bois-Caïman, acte fondateur de la Révolution haïtienne, et avant la fin de l’année, l’armée d’insurgés noirs contrôle de grands territoires jusqu’à la frontière avec la partie espagnole de l’île, Santo Domingo.
Vue des 40 jours d'incendie des Habitations de la plaine du Cap Français
Gravure de J.-B. Chapuy d’après J.-L. Boquet, 1795
Archives départementales de la Gironde
Toussaint ne joue pas un rôle important dans cette première phase de la révolution. Or, il connaît bien ses chefs et leur offre ses conseils stratégiques –à la différence de la plupart des esclaves, Toussaint sait lire et écrire et connaît entre autres les idées de Machiavel (1469-1527), de Montesquieu (1689-1755) et de Rousseau (1712-1778), ce qui l’aide à organiser une défense disciplinée à l’européenne. C’est aussi à ce moment que l’on commence à remarquer sa magnanimité, trait de caractère qu’il garde jusqu’à la fin de sa vie, dans son traitement des blancs emprisonnés pas l’armée des rebelles.
Au printemps 1793, les Espagnols offrent à Toussaint et à son armée composée d’environ 4,000 anciens cultivateurs esclaves un sanctuaire du côté hispanique de l’île. Les talents militaires de Toussaint sont vite remarqués par ses protecteurs et il est promu lieutenant-général. Cependant, en mai 1794, il décide de rallier le camp républicain français, rendu plus attractif aux anciens esclaves grâce à la proclamation de la liberté générale sur l’île prononcée par Léger-Félicité Sonthonax (1763-1813) en aôut 1793 (ce qui est sans aucun doute un des actes les plus importants dans l’évolution des droits de l’homme et du citoyen, pourtant si peu étudié). Pour Toussaint, cette décision est aussi très personnelle : en la figure d’Étienne Maynaud de Lavaux (1751-1828), le nouveau gouverneur de Saint-Domingue, il voit quelqu’un qui croit comme lui en l’émancipation des noirs et en un républicanisme sincère.
Carte de la partie francoise de St. Domingue
Mathew Carey
Faite par Bellin Ingr. de la Marine, republiée, 1814
Avec l’aide de Toussaint et de ses hommes, les Français réussissent à vaincre les Espagnols en 1795. Ceux-ci leur cèdent Santo Domingo, un coup décisif accompagné de bienfaits économiques très importants pour la France qui contrôle dès lors toute la production agricole de l’île. En récompense de ses efforts, Toussaint domine alors la province du Nord, à l'exception du Cap-Français, et il est nommé général de brigade. Sa loyauté envers Lavaux lui vaut une promotion en tant que général de division et lieutenant-gouverneur de Saint-Domingue l’année suivante, ce qui fait de lui la deuxième personne la plus puissante de l’île derrière Lavaux lui-même. Toussaint profite de son nouveau pouvoir pour faire élire Lavaux et Sonthonax comme députés, ce qui lui laisse la voie libre pour devenir chef de l’armée de Saint-Domingue en mai 1797.
Vers 1796, le pouvoir exercé par Toussaint devient plus compliqué. Théoriquement, il peut être considéré comme un modéré, avec la croyance au cœur de son idéologie en une vraie unité républicaine, où les blancs, les noirs et les mulâtres trouvent une égalité parfaite. Or, cette conviction lui cause des problèmes : il est considéré trop progressiste pour certains, et trop réactionnaire pour d’autres. Sous son exercice, il restaure de nombreux éléments de l’Ancien Régime et inclut des blancs au sein de sa ‘cour’, ce qui est mal vu par ses pairs noirs. Il comprend aussi qu’il faut continuer à cultiver du café et du sucre pour assurer le succès autonome de Saint-Domingue. Cependant, quand il demande aux anciens esclaves non engagés dans l’armée de reprendre le travail, ils se révoltent, considérant ceci comme un retour à l’esclavage.
Le général Toussaint L'Ouverture recevant le général anglais Thomas Maitland le 30 mars 1798
Dessin de François Grenier de Saint-Martin, lithographie de Jean-François Villain, 1821
Image : Château de Versailles
Sa politique envers la France se complique également. En 1798, il négocie la reddition des Britanniques occupant encore l’ouest de l’île, et ouvre les ports de Saint-Domingue aux navires de commerce britanniques, alors même que la France est encore en guerre avec la Grande-Bretagne. Avec le coup d'état du 18 brumaire an VIII (le 9 novembre 1799) qui marque le début du Consulat, le régime d’isonomie républicaine des colonies est supprimé et Napoléon nomme Toussaint capitaine-général de Saint-Domingue, c'est-à dire le deuxième homme de la colonie après le représentant légal de la France sur place. Par la suite, Toussaint se met à écrire la première constitution autonomiste de Saint-Domingue, qui le nomme gouverneur à vie de l’île. Au même moment, la partie espagnole, officiellement française depuis 1795, est envahie par Toussaint. En une décennie, l’ancien esclave est parvenu à se hisser politiquement à la tête de Saint-Domingue et à instaurer un nouvel ordre qui profite aux noirs.
Or, quand Napoléon, qui œuvre pour une paix franco-espagnole en Europe, apprend la nouvelle de l’invasion de Santo Domingo par son capitaine-général, Toussaint devient à ses yeux dangereux, et le Premier consul envoie un corps expéditionnaire aux Antilles afin de mettre un terme à l'émancipation dominguoise. De surcroît, ce n’est pas uniquement la France qui considère alors Toussaint et ses révolutionnaires comme un tel danger : les lettres de Thomas Jefferson (1743-1826) les décrivant comme des 'cannibales de la République terrible' démontrent la crainte de voir pareille révolte se produire sur ce modèle aux États-Unis (lettre au vice-président Aaron Burr (1756-1836), 1799 [voir S. Hazareesingh, Black Spartacus, London, 2020, p. 3]).
Prise du Cap Français par l'Armée Française, sous le Commandement du Général Leclerc, le 15 et 20 Pluviose, An 10 (4-9 Février 1802)
Illustration dessinée par Naudet, gravée par Pierre-Adrien Le Beau
Image : Bibliothèque nationale de France
Le corps napoléonien, sous le commandement du général Charles Leclerc (1772-1802), débarque simultanément dans tous les grands ports de l’île. Le premier livre écrit sur la vie de Toussaint souligne cependant que 'c’est de lui et non des habitants de St. Domingue, égarés par ses suggestions, que la France … veut tirer vengeance', montrant à quel point il était devenu l’incarnation de la révolution dans le monde entier (C. Cousin d’Avallon, Histoire de Toussaint- Louverture, Paris, 1802, p. vi). Malgré des pertes importantes dans les troupes françaises, Toussaint est rapidement défait et capitule en mai 1802. Il est déporté en France en juin 1802 avec sa famille et une centaine de ses proches. Plutôt que de lui intenter un procès, il est envoyé au fort de Joux dans le plus grand des secrets, où il meurt d’une pleuro-péripneumonie le 7 avril 1803.
Mort de Toussaint Louverture le 27 avril 1803
Avec la chute de Toussaint, la Révolution haïtienne connait une période d’arrêt. Son ancien lieutenant Jean-Jacques Dessalines (1758-1806) et d’autres militants de la révolte continuent néanmoins à se battre pour la liberté du peuple noir. Après le départ des Français, Dessalines redonne à Saint-Domingue son nom indien d'Haïti et proclame la république le 1 janvier 1804. La Révolution haïtienne devient alors la plus radicale des transformations politiques du XVIIIe siècle.
En me renversant, on n'a abattu à Saint-Domingue que le tronc de l'arbre de la liberté, mais il repoussera car ses racines sont profondes et nombreuses.
Ces mots sont ceux qu’aurait prononcés Toussaint Louverture le 7 juin 1802, à l'instant de monter sur le navire Le Héros qui le transporte vers la France et la mort. Il aurait vu juste. Sudhir Hazareesingh décrit Toussaint comme le premier superhéros noir de l’époque moderne (S. Hazareesingh, ibid, p. 329), et ce sans exagération. Pendant la guerre civile américaine, Toussaint est pour les Afro-Américains la pierre angulaire d'une identité transatlantique, associant leur lutte violente pour la liberté et l'égalité à une tradition révolutionnaire noire profondément enracinée dans le monde atlantique du XVIIIe siècle. Son nom est ainsi donné à certains régiments durant la guerre, tels que les Morgan Guards dans le Massachusetts, une milice noire initialement nommée d’après un mécène blanc, renommée Toussaint Guards en 1863.
L’ICONOGRAPHIE DE TOUSSAINT LOUVERTURE
De son vivant, on connaît uniquement des portraits gravés de Toussaint, datant tous d’après 1802. Ces œuvres peuvent être divisées en deux groupes distincts, les caricatures et les portraits le dépeignant en grand homme. Dans les deux catégories, il n’y a pas une seule œuvre qui soit exécutée d’après le modèle.
Il n’est peut-être pas surprenant que ce soit des artistes britanniques qui décident, à partir de 1802, de célébrer Toussaint suivant le principe que l’ennemi de mon ennemi est mon ami. On connaît ainsi une gravure à l’eau-forte de John Kay (1742-1826), artiste écossais, datée 1802 qui montre Toussaint, alors chef de l’armée haïtienne, prenant la pose de l’Apollon du Belvédère. Pareillement, on peut citer une eau-forte qui le représente comme gouverneur de Saint-Domingue. Les deux images héroïsent Louverture mais elles contiennent des fautes majeures dans la représentation de l’uniforme, qui ressemble davantage au modèle britannique.
John Kay (1742–1826), Toussaint Louverture in A Complete Collection of the Portraits and caricatures
Drawn and Engraved by John Kay Edinburgh From the year 1784 to 1813.
Etching, 1802
Image : British Museum
Au même moment, l’artiste lyonnais Denis Volozan (1765-1820), qui vit à Saint-Domingue entre environ 1788 et 1791 (avant de partir vivre aux États-Unis), peint une aquarelle de Toussaint qui semble prendre pour modèle le célèbre tableau exécuté en 1801 par Jacques- Louis David (1748-1825), Bonaparte franchissant le Grand-Saint- Bernard (Musée national du château de Malmaison, Rueil-Malmaison, Hauts-de-Seine), dont la première version est commandée par le roi d’Espagne comme témoignage de l'entente entre son royaume et la République française. Volozan aurait-il compris l’ironie de réutiliser cette image pour le héros qui a chassé les Espagnols de Saint- Domingue ? Ce n’est pas certain, mais d’autres ont fait pareil : on connaît également une eau-forte colorée du même sujet, datée de 1802.
Portrait équestre de Toussaint Louverture sur son cheval Bel-Argent
Denis A. VOLOZAN
Lavis, vers 1800
Image : Musée d'Aquitaine, Bordeaux
Notre portrait est extrêmement rare car il s’agit, à notre connaissance, du premier exemple d’un portrait de Toussaint peint à l’huile. Il n’y a aucune doute sur le modèle du tableau puisqu’il est inscrit par Girardin (1767-1848) au revers de la toile d’origine 'Toussaint Louverture'. La question demeure néanmoins quant aux motivations de Girardin de peindre le portrait d’un homme emprisonné par le Premier consul, le peintre étant un officier de la garde nationale, fidèle de Napoléon, nommé comte d’Empire en 1808. On peut également se demander pourquoi Girardin choisit de le peindre à Nantes, une des villes françaises les plus impliquées dans le commerce triangulaire et rigoureusement antiabolitionniste pour cette même raison.
Il est possible que la réponse à ces questions se trouve dans la jeunesse de l’artiste dont le père, René Louis de Girardin (1735-1808), était un admirateur et grand ami de Jean-Jacques Rousseau qui meurt dans un pavillon du domaine familial d'Ermenonville, près de Paris. Le jeune Alexandre aurait par conséquence grandi avec les idées du grand philosophe, telles qu’on les trouve dans le Contrat social.
Ainsi, de quelque sens qu'on envisage les choses, le droit d'esclavage est nul, non seulement parce qu'il est illégitime, mais parce qu'il est absurde et ne signifie rien. Ces mots, esclavage, et droit, sont contradictoires ; ils s'excluent mutuellement.
J.-J. Rousseau, Du Contrat social, I, 4, 1762
Portrait de René-Louis de Girardin avec le buste de Jean-Jacques Rousseau
Attribué à Jean-Baptiste Greuze
Image : Chaalis, musée de l'abbaye royale
Cette philosophie, enseignée dès l’enfance, l’aurait rendu abolitionniste convaincu. Malheureusement, ceci reste une théorie à démontrer, mais la preuve du portrait lui-même est indéniable. Girardin suit au pied de la lettre les préceptes de l’art du portrait européen qui veulent qu’un portrait incarne les rapports de l’individu avec la société et l’État, qu’il joue un rôle social et qu’il permette aux spectateurs de percevoir le caractère du modèle. L’image de Toussaint que l’artiste veut ainsi transmettre aux générations futures est celle d’un général français, d’un gentil homme souriant, qui regarde son interlocuteur d’égal à égal.
Toussaint n’est cependant pas moins inspirant pour les artistes et les écrivains des XIXe et XXe siècles. Une lithographie de Nicolas- Eustache Maurin (1798-1850) publiée en 1832 devient pour les artistes ultérieurs leur principal modèle. Elle est employée dans des livres et sur des affiches, et on retrouve même sa trace en 1938 dans la Toussaint L’Ouverture Series de Jacob Lawrence (1917-2000), peintre afro-américain qui est l’une des figures du mouvement culturel afro-américain dit de la Renaissance de Harlem.
Toussaint Louverture
Maurin, Nicolas-Eustache (1799-1850)
Estampe, 1832
Image : Bibliothèque nationale de France
La représentation du visage de Toussaint n’est néanmoins pas propre au monde de l’art, son visage apparaît aussi sur les timbres en Haïti, en France et à Cuba, il figure sur les pièces de monnaie haïtiennes et sénégalaises, et on trouve des sculptures de lui en France, au Canada et au Benin. Aimé Césaire (1913-2008), écrivain et homme politique français, l’inclut dans son long poème Cahier d'un retour au pays natal (1956), dans lequel il est 'un homme seul emprisonné de blanc', et lui dédie une biographie entière en 1960. Historien trinidadien, C. L. R James (1901-1989) écrit en 1934 The Black Jacobins, une pièce de théâtre qui attire l’attention du public britannique sur l’histoire de Toussaint, avant d’écrire son ouvrage pionnier du même nom en 1938.
La liste continue, preuve de l’influence profonde que Toussaint Louverture continue d’exercer sur le monde culturel et politique d’aujourd’hui.
* Source et infos complémentaires : Christie's - Paris, vente du 21 novembre 2024
Sera prochainement proposé en vente aux enchères cet exceptionnel...
Portrait de François-Dominique Toussaint Louverture (1743-1803) portant un chapeau orné d'une cocarde, en buste
Par Alexandre-François-Louis de Girardin (1767-1848)
signé, localisé et daté 'Girardin a Nantes / an . 13eme' (en bas, à gauche)
inscrit 'Toussaint Louverture' (au revers de la toile d'origine)
huile sur toile
65 x 54,3 cm
Présentation :
Toussaint Louverture (1743-1803), le Spartacus noir, est le personnage emblématique de la révolution haïtienne, première révolte d’esclaves réussie du monde moderne. D’une idéologie extrêmement évoluée, il prêche l’idée de la fraternité et de la liberté innée, bien avant le dictum de la Révolution française.
À notre connaissance, le portrait ci-présent est le premier portrait à l’huile du héros de la révolte. Exécuté en l’an 13 du calendrier révolutionnaire (septembre 1804-septembre 1805), il s’inscrit dans la tradition de l’art du portrait occidental en présentant Toussaint comme le digne égal des généraux français. Il s’agit d’un choix fort un an après sa mort, celui-ci ayant été condamné par Napoléon (1769-1821) à croupir en prison dans l’idée de le briser moralement et physiquement.
LA VIE DE TOUSSAINT LOUVERTURE
Je suis Toussaint Louverture ; mon nom s'est peut-être fait connaître jusqu'à vous. J'ai entrepris la vengeance de ma race. Je veux que la liberté et l'égalité règnent à Saint-Domingue. Je travaille à les faire exister.
Toussaint Louverture, Proclamation de Camp Turel, 29 août 1793
Né esclave vers 1743 à l'habitation Bréda du Haut-du-Cap dans la colonie française de Saint-Domingue, aujourd'hui Haïti, Toussaint, ou pour lui donner son nom complet, François-Dominique Toussaint Louverture, appartient à la famille Louis-Pantaléon de Noé. Il sert comme cocher à son protecteur, le procureur Bayon de Libertat (vers 1732-vers 1802), qui lui aurait accordé une 'liberté de savane', la liberté de mouvements sans l'affranchissement, avant de l’affranchir définitivement à une date ignorée, avant 1776. Il restera très reconnaissant envers Bayon de Libertat et aidera sa famille à fuir leur plantation lors des grandes heures de la révolution en 1791.
À cette époque, la colonie de Saint-Domingue est d’une richesse sans égale aux Antilles, celle-ci étant le premier producteur mondial de sucre et de café. Cependant, cette richesse est basée sur les quelques 160 000 d’esclaves qui travaillent sur les plantations. Ainsi, la Déclaration des droits de l’homme du 26 août 1789 paraît dangereuse aux colons de l’île : les idées révolutionnaires venant de la France métropolitaine influencent fortement les esclaves déjà prêts à se révolter contre leurs maîtres. En août 1791 a lieu la cérémonie vaudoue du Bois-Caïman, acte fondateur de la Révolution haïtienne, et avant la fin de l’année, l’armée d’insurgés noirs contrôle de grands territoires jusqu’à la frontière avec la partie espagnole de l’île, Santo Domingo.
Vue des 40 jours d'incendie des Habitations de la plaine du Cap Français
Gravure de J.-B. Chapuy d’après J.-L. Boquet, 1795
Archives départementales de la Gironde
Toussaint ne joue pas un rôle important dans cette première phase de la révolution. Or, il connaît bien ses chefs et leur offre ses conseils stratégiques –à la différence de la plupart des esclaves, Toussaint sait lire et écrire et connaît entre autres les idées de Machiavel (1469-1527), de Montesquieu (1689-1755) et de Rousseau (1712-1778), ce qui l’aide à organiser une défense disciplinée à l’européenne. C’est aussi à ce moment que l’on commence à remarquer sa magnanimité, trait de caractère qu’il garde jusqu’à la fin de sa vie, dans son traitement des blancs emprisonnés pas l’armée des rebelles.
Au printemps 1793, les Espagnols offrent à Toussaint et à son armée composée d’environ 4,000 anciens cultivateurs esclaves un sanctuaire du côté hispanique de l’île. Les talents militaires de Toussaint sont vite remarqués par ses protecteurs et il est promu lieutenant-général. Cependant, en mai 1794, il décide de rallier le camp républicain français, rendu plus attractif aux anciens esclaves grâce à la proclamation de la liberté générale sur l’île prononcée par Léger-Félicité Sonthonax (1763-1813) en aôut 1793 (ce qui est sans aucun doute un des actes les plus importants dans l’évolution des droits de l’homme et du citoyen, pourtant si peu étudié). Pour Toussaint, cette décision est aussi très personnelle : en la figure d’Étienne Maynaud de Lavaux (1751-1828), le nouveau gouverneur de Saint-Domingue, il voit quelqu’un qui croit comme lui en l’émancipation des noirs et en un républicanisme sincère.
Carte de la partie francoise de St. Domingue
Mathew Carey
Faite par Bellin Ingr. de la Marine, republiée, 1814
Avec l’aide de Toussaint et de ses hommes, les Français réussissent à vaincre les Espagnols en 1795. Ceux-ci leur cèdent Santo Domingo, un coup décisif accompagné de bienfaits économiques très importants pour la France qui contrôle dès lors toute la production agricole de l’île. En récompense de ses efforts, Toussaint domine alors la province du Nord, à l'exception du Cap-Français, et il est nommé général de brigade. Sa loyauté envers Lavaux lui vaut une promotion en tant que général de division et lieutenant-gouverneur de Saint-Domingue l’année suivante, ce qui fait de lui la deuxième personne la plus puissante de l’île derrière Lavaux lui-même. Toussaint profite de son nouveau pouvoir pour faire élire Lavaux et Sonthonax comme députés, ce qui lui laisse la voie libre pour devenir chef de l’armée de Saint-Domingue en mai 1797.
Vers 1796, le pouvoir exercé par Toussaint devient plus compliqué. Théoriquement, il peut être considéré comme un modéré, avec la croyance au cœur de son idéologie en une vraie unité républicaine, où les blancs, les noirs et les mulâtres trouvent une égalité parfaite. Or, cette conviction lui cause des problèmes : il est considéré trop progressiste pour certains, et trop réactionnaire pour d’autres. Sous son exercice, il restaure de nombreux éléments de l’Ancien Régime et inclut des blancs au sein de sa ‘cour’, ce qui est mal vu par ses pairs noirs. Il comprend aussi qu’il faut continuer à cultiver du café et du sucre pour assurer le succès autonome de Saint-Domingue. Cependant, quand il demande aux anciens esclaves non engagés dans l’armée de reprendre le travail, ils se révoltent, considérant ceci comme un retour à l’esclavage.
Le général Toussaint L'Ouverture recevant le général anglais Thomas Maitland le 30 mars 1798
Dessin de François Grenier de Saint-Martin, lithographie de Jean-François Villain, 1821
Image : Château de Versailles
Sa politique envers la France se complique également. En 1798, il négocie la reddition des Britanniques occupant encore l’ouest de l’île, et ouvre les ports de Saint-Domingue aux navires de commerce britanniques, alors même que la France est encore en guerre avec la Grande-Bretagne. Avec le coup d'état du 18 brumaire an VIII (le 9 novembre 1799) qui marque le début du Consulat, le régime d’isonomie républicaine des colonies est supprimé et Napoléon nomme Toussaint capitaine-général de Saint-Domingue, c'est-à dire le deuxième homme de la colonie après le représentant légal de la France sur place. Par la suite, Toussaint se met à écrire la première constitution autonomiste de Saint-Domingue, qui le nomme gouverneur à vie de l’île. Au même moment, la partie espagnole, officiellement française depuis 1795, est envahie par Toussaint. En une décennie, l’ancien esclave est parvenu à se hisser politiquement à la tête de Saint-Domingue et à instaurer un nouvel ordre qui profite aux noirs.
Or, quand Napoléon, qui œuvre pour une paix franco-espagnole en Europe, apprend la nouvelle de l’invasion de Santo Domingo par son capitaine-général, Toussaint devient à ses yeux dangereux, et le Premier consul envoie un corps expéditionnaire aux Antilles afin de mettre un terme à l'émancipation dominguoise. De surcroît, ce n’est pas uniquement la France qui considère alors Toussaint et ses révolutionnaires comme un tel danger : les lettres de Thomas Jefferson (1743-1826) les décrivant comme des 'cannibales de la République terrible' démontrent la crainte de voir pareille révolte se produire sur ce modèle aux États-Unis (lettre au vice-président Aaron Burr (1756-1836), 1799 [voir S. Hazareesingh, Black Spartacus, London, 2020, p. 3]).
Prise du Cap Français par l'Armée Française, sous le Commandement du Général Leclerc, le 15 et 20 Pluviose, An 10 (4-9 Février 1802)
Illustration dessinée par Naudet, gravée par Pierre-Adrien Le Beau
Image : Bibliothèque nationale de France
Le corps napoléonien, sous le commandement du général Charles Leclerc (1772-1802), débarque simultanément dans tous les grands ports de l’île. Le premier livre écrit sur la vie de Toussaint souligne cependant que 'c’est de lui et non des habitants de St. Domingue, égarés par ses suggestions, que la France … veut tirer vengeance', montrant à quel point il était devenu l’incarnation de la révolution dans le monde entier (C. Cousin d’Avallon, Histoire de Toussaint- Louverture, Paris, 1802, p. vi). Malgré des pertes importantes dans les troupes françaises, Toussaint est rapidement défait et capitule en mai 1802. Il est déporté en France en juin 1802 avec sa famille et une centaine de ses proches. Plutôt que de lui intenter un procès, il est envoyé au fort de Joux dans le plus grand des secrets, où il meurt d’une pleuro-péripneumonie le 7 avril 1803.
Mort de Toussaint Louverture le 27 avril 1803
Avec la chute de Toussaint, la Révolution haïtienne connait une période d’arrêt. Son ancien lieutenant Jean-Jacques Dessalines (1758-1806) et d’autres militants de la révolte continuent néanmoins à se battre pour la liberté du peuple noir. Après le départ des Français, Dessalines redonne à Saint-Domingue son nom indien d'Haïti et proclame la république le 1 janvier 1804. La Révolution haïtienne devient alors la plus radicale des transformations politiques du XVIIIe siècle.
En me renversant, on n'a abattu à Saint-Domingue que le tronc de l'arbre de la liberté, mais il repoussera car ses racines sont profondes et nombreuses.
Ces mots sont ceux qu’aurait prononcés Toussaint Louverture le 7 juin 1802, à l'instant de monter sur le navire Le Héros qui le transporte vers la France et la mort. Il aurait vu juste. Sudhir Hazareesingh décrit Toussaint comme le premier superhéros noir de l’époque moderne (S. Hazareesingh, ibid, p. 329), et ce sans exagération. Pendant la guerre civile américaine, Toussaint est pour les Afro-Américains la pierre angulaire d'une identité transatlantique, associant leur lutte violente pour la liberté et l'égalité à une tradition révolutionnaire noire profondément enracinée dans le monde atlantique du XVIIIe siècle. Son nom est ainsi donné à certains régiments durant la guerre, tels que les Morgan Guards dans le Massachusetts, une milice noire initialement nommée d’après un mécène blanc, renommée Toussaint Guards en 1863.
L’ICONOGRAPHIE DE TOUSSAINT LOUVERTURE
De son vivant, on connaît uniquement des portraits gravés de Toussaint, datant tous d’après 1802. Ces œuvres peuvent être divisées en deux groupes distincts, les caricatures et les portraits le dépeignant en grand homme. Dans les deux catégories, il n’y a pas une seule œuvre qui soit exécutée d’après le modèle.
Il n’est peut-être pas surprenant que ce soit des artistes britanniques qui décident, à partir de 1802, de célébrer Toussaint suivant le principe que l’ennemi de mon ennemi est mon ami. On connaît ainsi une gravure à l’eau-forte de John Kay (1742-1826), artiste écossais, datée 1802 qui montre Toussaint, alors chef de l’armée haïtienne, prenant la pose de l’Apollon du Belvédère. Pareillement, on peut citer une eau-forte qui le représente comme gouverneur de Saint-Domingue. Les deux images héroïsent Louverture mais elles contiennent des fautes majeures dans la représentation de l’uniforme, qui ressemble davantage au modèle britannique.
John Kay (1742–1826), Toussaint Louverture in A Complete Collection of the Portraits and caricatures
Drawn and Engraved by John Kay Edinburgh From the year 1784 to 1813.
Etching, 1802
Image : British Museum
Au même moment, l’artiste lyonnais Denis Volozan (1765-1820), qui vit à Saint-Domingue entre environ 1788 et 1791 (avant de partir vivre aux États-Unis), peint une aquarelle de Toussaint qui semble prendre pour modèle le célèbre tableau exécuté en 1801 par Jacques- Louis David (1748-1825), Bonaparte franchissant le Grand-Saint- Bernard (Musée national du château de Malmaison, Rueil-Malmaison, Hauts-de-Seine), dont la première version est commandée par le roi d’Espagne comme témoignage de l'entente entre son royaume et la République française. Volozan aurait-il compris l’ironie de réutiliser cette image pour le héros qui a chassé les Espagnols de Saint- Domingue ? Ce n’est pas certain, mais d’autres ont fait pareil : on connaît également une eau-forte colorée du même sujet, datée de 1802.
Portrait équestre de Toussaint Louverture sur son cheval Bel-Argent
Denis A. VOLOZAN
Lavis, vers 1800
Image : Musée d'Aquitaine, Bordeaux
Notre portrait est extrêmement rare car il s’agit, à notre connaissance, du premier exemple d’un portrait de Toussaint peint à l’huile. Il n’y a aucune doute sur le modèle du tableau puisqu’il est inscrit par Girardin (1767-1848) au revers de la toile d’origine 'Toussaint Louverture'. La question demeure néanmoins quant aux motivations de Girardin de peindre le portrait d’un homme emprisonné par le Premier consul, le peintre étant un officier de la garde nationale, fidèle de Napoléon, nommé comte d’Empire en 1808. On peut également se demander pourquoi Girardin choisit de le peindre à Nantes, une des villes françaises les plus impliquées dans le commerce triangulaire et rigoureusement antiabolitionniste pour cette même raison.
Il est possible que la réponse à ces questions se trouve dans la jeunesse de l’artiste dont le père, René Louis de Girardin (1735-1808), était un admirateur et grand ami de Jean-Jacques Rousseau qui meurt dans un pavillon du domaine familial d'Ermenonville, près de Paris. Le jeune Alexandre aurait par conséquence grandi avec les idées du grand philosophe, telles qu’on les trouve dans le Contrat social.
Ainsi, de quelque sens qu'on envisage les choses, le droit d'esclavage est nul, non seulement parce qu'il est illégitime, mais parce qu'il est absurde et ne signifie rien. Ces mots, esclavage, et droit, sont contradictoires ; ils s'excluent mutuellement.
J.-J. Rousseau, Du Contrat social, I, 4, 1762
Portrait de René-Louis de Girardin avec le buste de Jean-Jacques Rousseau
Attribué à Jean-Baptiste Greuze
Image : Chaalis, musée de l'abbaye royale
Cette philosophie, enseignée dès l’enfance, l’aurait rendu abolitionniste convaincu. Malheureusement, ceci reste une théorie à démontrer, mais la preuve du portrait lui-même est indéniable. Girardin suit au pied de la lettre les préceptes de l’art du portrait européen qui veulent qu’un portrait incarne les rapports de l’individu avec la société et l’État, qu’il joue un rôle social et qu’il permette aux spectateurs de percevoir le caractère du modèle. L’image de Toussaint que l’artiste veut ainsi transmettre aux générations futures est celle d’un général français, d’un gentil homme souriant, qui regarde son interlocuteur d’égal à égal.
Toussaint n’est cependant pas moins inspirant pour les artistes et les écrivains des XIXe et XXe siècles. Une lithographie de Nicolas- Eustache Maurin (1798-1850) publiée en 1832 devient pour les artistes ultérieurs leur principal modèle. Elle est employée dans des livres et sur des affiches, et on retrouve même sa trace en 1938 dans la Toussaint L’Ouverture Series de Jacob Lawrence (1917-2000), peintre afro-américain qui est l’une des figures du mouvement culturel afro-américain dit de la Renaissance de Harlem.
Toussaint Louverture
Maurin, Nicolas-Eustache (1799-1850)
Estampe, 1832
Image : Bibliothèque nationale de France
La représentation du visage de Toussaint n’est néanmoins pas propre au monde de l’art, son visage apparaît aussi sur les timbres en Haïti, en France et à Cuba, il figure sur les pièces de monnaie haïtiennes et sénégalaises, et on trouve des sculptures de lui en France, au Canada et au Benin. Aimé Césaire (1913-2008), écrivain et homme politique français, l’inclut dans son long poème Cahier d'un retour au pays natal (1956), dans lequel il est 'un homme seul emprisonné de blanc', et lui dédie une biographie entière en 1960. Historien trinidadien, C. L. R James (1901-1989) écrit en 1934 The Black Jacobins, une pièce de théâtre qui attire l’attention du public britannique sur l’histoire de Toussaint, avant d’écrire son ouvrage pionnier du même nom en 1938.
La liste continue, preuve de l’influence profonde que Toussaint Louverture continue d’exercer sur le monde culturel et politique d’aujourd’hui.
* Source et infos complémentaires : Christie's - Paris, vente du 21 novembre 2024
La nuit, la neige- Messages : 18135
Date d'inscription : 21/12/2013
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