Le chevalier Stanislas-Jean de Boufflers
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Le chevalier Stanislas-Jean de Boufflers
Eh bien, j'en apprends de belles !
II paroit constant que le sieur Bernard, précepteur des enfants de madame de Sabran qui a été mis à la Bastille, et, à ce que l'on assure, transféré à Bicêtre, s'amusoit à écrire des libelles contre toutes les personnes de la cour, et qu'il est l'auteur des noëls, des adresses, des titres des livres qui circulent périodiquement depuis quelques années. On veut même qu'il ait pour coopérateur le chevalier de Boufllers, et l'on prétend que l'on a couru après ce dernier pour s'assurer de sa personne , s'il n'est point encore embarqué pour se rendre à son gouvernement de Guinée.
... roooh, avec un air aussi convenable ! :
"L'amour est fils de la folie, et l'amitié fille de la raison."
Chevalier de Boufflers ; Les fables (1786)
Read more at http://www.mon-poeme.fr/citations-chevalier-de-boufflers/#vVfczUjAex0Rf9Ph.99
Vous n'ignorez sans doute pas que le chevalier de Boufflers est très certainement le fils naturel, à peine caché ( : ) du roi Stanislas !
Sa mère, la princesse Marie Catherine de Beauvau-Craon, épouse du marquis de Boufflers, était la maîtresse en titre du bon Stanislas (et sœur de la célèbre maréchale de Mirepoix, faut il le rappeler ?). Cependant, certain situent le commencement de leur liaison sept ans après la naissance de son fils, ce qui rend la chose techniquement ... acrobatique, vous ne trouvez pas ? Cependant, il se peut que la flamme se fût déclarée bien avant qu'elle ne soit publiée à la face du monde .....
La marquise de Boufflers ( ma future belle-maman ) trompait ouvertement le roi Stanislas et n'était plus à un amant près. Elle était notamment la maîtresse de l'Intendant de Lorraine, Antoine-Martin Chaumont de la Galaizière...
À la cour de Lunéville, clabaude WIKI, elle devint en 1745, à trente-quatre ans, la maîtresse en titre du roi de Pologne Stanislas, qui en avait trente de plus qu’elle.
Ceci ne l’empêchait pas de collectionner les amants. Surnommée la « Dame de Volupté », elle fut ainsi la maîtresse du poète Jean-François de Saint-Lambert, puis de M. d’Adhémar, de l’intendant de Lorraine Antoine-Martin Chaumont de La Galaizière, de l’avocat et poète François-Antoine Devaux, de l’abbé Porquet…
A la cour de Lunéville, le roi Stanislas se couche à dix heures, sa favorite Mme de Boufflers entraîne alors ses amis dans ses appartements. Ses soupers sont charmants mais ils ne sont pas somptueux. Voltaire les égaie par ses bons mots qui font la joie des convives.
«Nous avons soupé chez Mme de Boufflers, écrit Saint-Lambert, où nous sommes morts de faim, de froid et de rire.» :
Mme de Boufflers est toujours omniprésente dans Nancy, et dans la rue où elle vécut en 1757 :
ArticleDRPFD
C’est pour tenter de la rendre jalouse et retrouver son affection que Saint-Lambert entreprit de séduire la marquise du Châtelet lorsque celle-ci arriva à Lunéville en 1748. La marquise conçut pour le poète une passion qui devait lui être fatale ( la pauvre mourra en couches ou des suites de ses couches ) ce qui ruina complètement les plans du père Menou, confesseur de Stanislas, qui voulait la pousser dans les bras du roi pour en déloger Madame de Boufflers. Au lieu de quoi la marquise du Châtelet et la marquise de Boufflers devinrent les meilleures amies du monde.
Elle est la sœur de la célèbre maréchale de Levis-Mirepoix qui fut l'amie de Louis XV et la conseillère de ses favorites: mesdames de Pompadour et du Barry.
Notre sujet sur les dames de Boufflers :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t656-mesdames-de-boufflers?highlight=boufflers
D’abord destiné à l’Église, son fils, le chevalier de Boufflers passa deux ans au séminaire de Saint-Sulpice où il composa un conte légèrement licencieux sur les bords, Aline, reine de Golconde, qui connut un grand succès.
Peu fait pour l’état ecclésiastique, il quitta le séminaire sans avoir prononcé de vœux et, afin de pouvoir conserver un bénéfice de 40 000 livres dont le roi Stanislas l’avait pourvu, il se fit chevalier de Malte. Il entra au service ; fut nommé colonel de hussards en 1772. Il s’illustra sur les champs de bataille et gravit tous les échelons jusqu’au grade de maréchal de camp, qu’il obtint après la campagne de Hanovre et prit part à la sanglante bataille d'Amenbourg. Il quitta l’armée en 1784.
Quelque temps après, il obtint un régiment ; mais une espièglerie le lui fit perdre presque aussitôt. Envoyé en ambassade à Remiremont pour féliciter la princesse Christine, de la maison de Lorraine, sur sa nomination à cette abbaye, il se vengea de l'accueil plein de hauteur qu'elle lui fit essuyer par une chanson qui déplut à la "princesse boursouflée" (page 146 du volume "Œuvres complètes de Boufflers, de l'Académie française - Tome premier").
Cette boutade ayant été imprimée, les plaintes du comte de Lusace, frère de la noble abbesse, firent encourir une complète disgrâce au pauvre chevalier, qu'on déporta, pour ainsi dire, en qualité de gouverneur du Sénégal et de la colonie de Gorée. ( allusion de la Correspondance secrète ci-dessus )
Il prit sa dignité nouvelle en patience, signala son administration par des institutions utiles et bienfaisantes, et, faisant oublier son étourderie, mérita le grade de maréchal de camp. Administrateur avisé et humain, il s’attacha à mettre en valeur la colonie tout en se livrant à la contrebande de gomme arabique et d’or avec les signares ; il se lia en particulier avec la célèbre Anne Pépin. Après une première absence pendant laquelle François Blanchot de Verly assura l'intérim, il quitta définitivement le Sénégal le 29 décembre 1787, regretté par les habitants des comptoirs de Gorée et Saint-Louis.
Ces épisodes de la vie du chevalier de Boufflers ont été portés à la scène en 2010 par la Compagnie La Poursuite sous le titre "Ourika de Gorée au Pays des Lumières".
Son souvenir demeure, comme l'atteste cette Hostellerie du Chevalier de Boufflers sur l’île de Gorée (Sénégal)
À son retour en France, il fut élu à l’Académie française en 1788. Député de la noblesse aux États généraux de 1789, il émigra après le 10 août 1792 et trouva refuge en Prusse polonaise, à Breslau où il épousa (en 1797 seulement) Éléonore de Sabran. Il revint en France après le 18 brumaire (1800) et se rallia à Bonaparte.
Courtisan de la princesse Élisa Bonaparte, il chanta également les louanges du roi Jérôme. Il se fit nommer bibliothécaire-adjoint de la Bibliothèque Mazarine et reprit son fauteuil à l’Académie française en 1803. Son esprit lui ouvrit les portes des salons de l’Empire, même si l’on avait peine à reconnaître dans ce vieillard empâté et peu soigné le fringant officier de jadis.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Stanislas_de_Boufflers
http://www.histoiresgalantes.fr/blog/?s=mme+de+boufflers
Le chevalier de Boufflers a réalisé des croquis et dessins lors de son séjour au Sénégal en 1786 ; parmi les ébauches produites, l'une d'elle a fait l'objet d'une huile sur toile dénommée Ourika probablement réalisée par madame Vigée le Brun amie de son épouse la comtesse de Sabran. La peinture fut transmise aux enfants adoptifs du chevalier, les Pontevès et en l'année 2006, elle faisait partie de la collection privée du Comte Jean de Sabran-Pontevès au Château d'Ansouis, en Provence.
Anecdote
Tirée de la notice des œuvres complètes de Boufflers M DCCC XXVII
Peu d'hommes ont obtenu autant de galans succès que Boufflers. Peut-être nous a-t-il donné la véritable explication de ces triomphes continus quand il a dit: En amour j'étais tout physique... C'est un point essentiel. Quoi qu'il en soit, il est certain qu'il ne trouva guère de cruelles. Des infidèles, c'est une toute autre chose; et, à cette occasion, je me rappelle une aventure qui long-temps occupa tout Paris et dans laquelle il joua un rôle assez nouveau. "Un jour il s'était vengé par une épigramme sanglante de l'inconstance d'une belle marquise. Cette petite pièce parvint à sa destination après avoir passé par vingt cercles. La marquise lui écrivit sur le champ pour lui demander pardon de ses torts, le supplier de détruire toutes les traces de sa vengeance et l'engager à venir chez elle à une heure indiquée, pour sceller une réconciliation sincère. Le chevalier connaissait trop bien les femmes pour aller sans défiance au rendez-vous; il se munit de pistolets. A peine avait-on échangé les premières explications que quatre grand drôles arrivent, le saisissent, l'étendent sur le lit, le déshabillent, autant qu'il était nécessaire pour exécuter leur dessein, et lui administrent en cadence cinquante coups de verges chacun, sous le commandement de madame. La cérémonie terminée, le chevalier se relève froidement, se rajuste, et, s'adressant aux spadassins que la vue de ses armes fait trembler: " Vous n'avez pas fini votre besogne, leur dit-il; madame doit être satisfaite, mon tour est venu. Je vous brûle la cervelle à tous les quatre, si vous ne lui rendez à l'instant ce que je viens de recevoir....." Cet ordre était donné avec trop de fermeté et Boufflers l'accompagnait de manières trop engageantes pour qu'on tardât à lui obéir. Les pleurs de la belle dame n'empêchèrent pas que le satin de sa peau ne fût outragé sans pitié. Mais ce ne fut pas tout: Boufflers voulut que les exécuteurs de ces actes de vengeance se fissent subir mutuellement une semblable punition; puis, prêt à se retirer: " Adieu, madame, que rien ne vous empêche de publier cette plaisante aventure; je serai le premier à en régaler les oisifs... " On prétendit que la marquise courut après lui, se jeta à ses genoux, et le conjura tellement de lui garder le secret qu'il soupa chez elle le soir même pour démentir les indiscrétions. Bien plus, on ajouta que, malgré ces fustigations, la scène se termina beaucoup plus gaiement qu'elle n'avait commencé
II paroit constant que le sieur Bernard, précepteur des enfants de madame de Sabran qui a été mis à la Bastille, et, à ce que l'on assure, transféré à Bicêtre, s'amusoit à écrire des libelles contre toutes les personnes de la cour, et qu'il est l'auteur des noëls, des adresses, des titres des livres qui circulent périodiquement depuis quelques années. On veut même qu'il ait pour coopérateur le chevalier de Boufllers, et l'on prétend que l'on a couru après ce dernier pour s'assurer de sa personne , s'il n'est point encore embarqué pour se rendre à son gouvernement de Guinée.
... roooh, avec un air aussi convenable ! :
"L'amour est fils de la folie, et l'amitié fille de la raison."
Chevalier de Boufflers ; Les fables (1786)
Read more at http://www.mon-poeme.fr/citations-chevalier-de-boufflers/#vVfczUjAex0Rf9Ph.99
Vous n'ignorez sans doute pas que le chevalier de Boufflers est très certainement le fils naturel, à peine caché ( : ) du roi Stanislas !
Sa mère, la princesse Marie Catherine de Beauvau-Craon, épouse du marquis de Boufflers, était la maîtresse en titre du bon Stanislas (et sœur de la célèbre maréchale de Mirepoix, faut il le rappeler ?). Cependant, certain situent le commencement de leur liaison sept ans après la naissance de son fils, ce qui rend la chose techniquement ... acrobatique, vous ne trouvez pas ? Cependant, il se peut que la flamme se fût déclarée bien avant qu'elle ne soit publiée à la face du monde .....
La marquise de Boufflers ( ma future belle-maman ) trompait ouvertement le roi Stanislas et n'était plus à un amant près. Elle était notamment la maîtresse de l'Intendant de Lorraine, Antoine-Martin Chaumont de la Galaizière...
À la cour de Lunéville, clabaude WIKI, elle devint en 1745, à trente-quatre ans, la maîtresse en titre du roi de Pologne Stanislas, qui en avait trente de plus qu’elle.
Ceci ne l’empêchait pas de collectionner les amants. Surnommée la « Dame de Volupté », elle fut ainsi la maîtresse du poète Jean-François de Saint-Lambert, puis de M. d’Adhémar, de l’intendant de Lorraine Antoine-Martin Chaumont de La Galaizière, de l’avocat et poète François-Antoine Devaux, de l’abbé Porquet…
A la cour de Lunéville, le roi Stanislas se couche à dix heures, sa favorite Mme de Boufflers entraîne alors ses amis dans ses appartements. Ses soupers sont charmants mais ils ne sont pas somptueux. Voltaire les égaie par ses bons mots qui font la joie des convives.
«Nous avons soupé chez Mme de Boufflers, écrit Saint-Lambert, où nous sommes morts de faim, de froid et de rire.» :
Mme de Boufflers est toujours omniprésente dans Nancy, et dans la rue où elle vécut en 1757 :
ArticleDRPFD
Gouverneur Morris a écrit:J'en profite pour signaler qu'une des artères principales de Nancy, l'avenue de Boufflers, honore le chevalier . Hasard de la toponymie, elle croise la rue de Saint-Lambert, honorant le poète :
C’est pour tenter de la rendre jalouse et retrouver son affection que Saint-Lambert entreprit de séduire la marquise du Châtelet lorsque celle-ci arriva à Lunéville en 1748. La marquise conçut pour le poète une passion qui devait lui être fatale ( la pauvre mourra en couches ou des suites de ses couches ) ce qui ruina complètement les plans du père Menou, confesseur de Stanislas, qui voulait la pousser dans les bras du roi pour en déloger Madame de Boufflers. Au lieu de quoi la marquise du Châtelet et la marquise de Boufflers devinrent les meilleures amies du monde.
Elle est la sœur de la célèbre maréchale de Levis-Mirepoix qui fut l'amie de Louis XV et la conseillère de ses favorites: mesdames de Pompadour et du Barry.
Notre sujet sur les dames de Boufflers :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t656-mesdames-de-boufflers?highlight=boufflers
D’abord destiné à l’Église, son fils, le chevalier de Boufflers passa deux ans au séminaire de Saint-Sulpice où il composa un conte légèrement licencieux sur les bords, Aline, reine de Golconde, qui connut un grand succès.
Peu fait pour l’état ecclésiastique, il quitta le séminaire sans avoir prononcé de vœux et, afin de pouvoir conserver un bénéfice de 40 000 livres dont le roi Stanislas l’avait pourvu, il se fit chevalier de Malte. Il entra au service ; fut nommé colonel de hussards en 1772. Il s’illustra sur les champs de bataille et gravit tous les échelons jusqu’au grade de maréchal de camp, qu’il obtint après la campagne de Hanovre et prit part à la sanglante bataille d'Amenbourg. Il quitta l’armée en 1784.
Quelque temps après, il obtint un régiment ; mais une espièglerie le lui fit perdre presque aussitôt. Envoyé en ambassade à Remiremont pour féliciter la princesse Christine, de la maison de Lorraine, sur sa nomination à cette abbaye, il se vengea de l'accueil plein de hauteur qu'elle lui fit essuyer par une chanson qui déplut à la "princesse boursouflée" (page 146 du volume "Œuvres complètes de Boufflers, de l'Académie française - Tome premier").
Cette boutade ayant été imprimée, les plaintes du comte de Lusace, frère de la noble abbesse, firent encourir une complète disgrâce au pauvre chevalier, qu'on déporta, pour ainsi dire, en qualité de gouverneur du Sénégal et de la colonie de Gorée. ( allusion de la Correspondance secrète ci-dessus )
Il prit sa dignité nouvelle en patience, signala son administration par des institutions utiles et bienfaisantes, et, faisant oublier son étourderie, mérita le grade de maréchal de camp. Administrateur avisé et humain, il s’attacha à mettre en valeur la colonie tout en se livrant à la contrebande de gomme arabique et d’or avec les signares ; il se lia en particulier avec la célèbre Anne Pépin. Après une première absence pendant laquelle François Blanchot de Verly assura l'intérim, il quitta définitivement le Sénégal le 29 décembre 1787, regretté par les habitants des comptoirs de Gorée et Saint-Louis.
Ces épisodes de la vie du chevalier de Boufflers ont été portés à la scène en 2010 par la Compagnie La Poursuite sous le titre "Ourika de Gorée au Pays des Lumières".
Son souvenir demeure, comme l'atteste cette Hostellerie du Chevalier de Boufflers sur l’île de Gorée (Sénégal)
À son retour en France, il fut élu à l’Académie française en 1788. Député de la noblesse aux États généraux de 1789, il émigra après le 10 août 1792 et trouva refuge en Prusse polonaise, à Breslau où il épousa (en 1797 seulement) Éléonore de Sabran. Il revint en France après le 18 brumaire (1800) et se rallia à Bonaparte.
Courtisan de la princesse Élisa Bonaparte, il chanta également les louanges du roi Jérôme. Il se fit nommer bibliothécaire-adjoint de la Bibliothèque Mazarine et reprit son fauteuil à l’Académie française en 1803. Son esprit lui ouvrit les portes des salons de l’Empire, même si l’on avait peine à reconnaître dans ce vieillard empâté et peu soigné le fringant officier de jadis.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Stanislas_de_Boufflers
http://www.histoiresgalantes.fr/blog/?s=mme+de+boufflers
Le chevalier de Boufflers a réalisé des croquis et dessins lors de son séjour au Sénégal en 1786 ; parmi les ébauches produites, l'une d'elle a fait l'objet d'une huile sur toile dénommée Ourika probablement réalisée par madame Vigée le Brun amie de son épouse la comtesse de Sabran. La peinture fut transmise aux enfants adoptifs du chevalier, les Pontevès et en l'année 2006, elle faisait partie de la collection privée du Comte Jean de Sabran-Pontevès au Château d'Ansouis, en Provence.
Anecdote
Tirée de la notice des œuvres complètes de Boufflers M DCCC XXVII
Peu d'hommes ont obtenu autant de galans succès que Boufflers. Peut-être nous a-t-il donné la véritable explication de ces triomphes continus quand il a dit: En amour j'étais tout physique... C'est un point essentiel. Quoi qu'il en soit, il est certain qu'il ne trouva guère de cruelles. Des infidèles, c'est une toute autre chose; et, à cette occasion, je me rappelle une aventure qui long-temps occupa tout Paris et dans laquelle il joua un rôle assez nouveau. "Un jour il s'était vengé par une épigramme sanglante de l'inconstance d'une belle marquise. Cette petite pièce parvint à sa destination après avoir passé par vingt cercles. La marquise lui écrivit sur le champ pour lui demander pardon de ses torts, le supplier de détruire toutes les traces de sa vengeance et l'engager à venir chez elle à une heure indiquée, pour sceller une réconciliation sincère. Le chevalier connaissait trop bien les femmes pour aller sans défiance au rendez-vous; il se munit de pistolets. A peine avait-on échangé les premières explications que quatre grand drôles arrivent, le saisissent, l'étendent sur le lit, le déshabillent, autant qu'il était nécessaire pour exécuter leur dessein, et lui administrent en cadence cinquante coups de verges chacun, sous le commandement de madame. La cérémonie terminée, le chevalier se relève froidement, se rajuste, et, s'adressant aux spadassins que la vue de ses armes fait trembler: " Vous n'avez pas fini votre besogne, leur dit-il; madame doit être satisfaite, mon tour est venu. Je vous brûle la cervelle à tous les quatre, si vous ne lui rendez à l'instant ce que je viens de recevoir....." Cet ordre était donné avec trop de fermeté et Boufflers l'accompagnait de manières trop engageantes pour qu'on tardât à lui obéir. Les pleurs de la belle dame n'empêchèrent pas que le satin de sa peau ne fût outragé sans pitié. Mais ce ne fut pas tout: Boufflers voulut que les exécuteurs de ces actes de vengeance se fissent subir mutuellement une semblable punition; puis, prêt à se retirer: " Adieu, madame, que rien ne vous empêche de publier cette plaisante aventure; je serai le premier à en régaler les oisifs... " On prétendit que la marquise courut après lui, se jeta à ses genoux, et le conjura tellement de lui garder le secret qu'il soupa chez elle le soir même pour démentir les indiscrétions. Bien plus, on ajouta que, malgré ces fustigations, la scène se termina beaucoup plus gaiement qu'elle n'avait commencé
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le chevalier Stanislas-Jean de Boufflers
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Comtesse Diane- Messages : 7397
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Localisation : TOURAINE
Re: Le chevalier Stanislas-Jean de Boufflers
C'est fou, ça ! :\\\\\\\\:
Je demande confirmation à notre petit Lulu . :n,,;::::!!!:
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le chevalier Stanislas-Jean de Boufflers
On peut dire qu'il y a vraiment des traits de ressemblance !
Bien à vous.
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Le chevalier Stanislas-Jean de Boufflers
L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert
La nuit, la neige a écrit: Tiens, par exemple, tu jetteras un coup d'oeil à l'article de ton cher et tendre...
Article "GENEROSITE", de Stanislas de Boufflers : http://enccre.academie-sciences.fr/ice/vueArt/v7-894-0/
GÉNÉREUX, adj. GÉNÉROSITÉ, s. f. (Mor.)
La générosité est un dévoüement aux intérêts des autres, qui porte à leur sacrifier ses avantages personnels. En général, au moment où l’on relâche de ses droits en faveur de quelqu’un, & qu’on lui accorde plus qu’il ne peut exiger, on devient généreux. La nature en produisant l’homme au milieu de ses semblables, lui a prescrit des devoirs à remplir envers eux : c’est dans l’obéissance à ces devoirs que consiste l’honnêteté, & c’est au-delà de ces devoirs que commence la générosité. L’ame généreuse s’éleve donc au-dessus des intentions que la nature sembloit avoir en la formant. Quel bonheur pour l’homme de pouvoir devenir ainsi supérieur à son être, & quel prix ne doit point avoir à ses yeux la vertu qui lui procure cet avantage ! On peut donc regarder la générosité comme le plus sublime de tous les sentimens, comme le mobile de toutes les belles actions, & peut-être comme le germe de toutes les vertus ; car il y en a peu qui ne soient essentiellement le sacrifice d’un intérêt personnel à un intérêt étranger. Il ne faut pas confondre la grandeur d’ame, la générosité, la bienfaisance & l’humanité : on peut n’avoir de la grandeur d’ame que pour soi, & l’on n’est jamais généreux qu’envers les autres ; on peut être bienfaisant sans faire de sacrifices, & la générosité en suppose toûjours ; on n’exerce guere l’humanité qu’envers les malheureux & les inférieurs, & la générosité a lieu envers tout le monde. D’où il suit que la générosité est un sentiment aussi noble que la grandeur d’ame, aussi utile que la bienfaisance, & aussi tendre que l’humanité : elle est le résultat de la combinaison de ces trois vertus ; & plus parfaite qu’aucune d’elles, elle peut y suppléer. Le beau plan que celui d’un monde où tout le genre humain seroit généreux ! Dans le monde tel qu’il est, la générosité est la vertu des héros ; le reste des hommes se borne à l’admirer. La générosité est de tous les états : c’est la vertu dont la pratique satisfait le plus l’amour-propre. Il est un art d’être généreux : cet art n’est pas commun ; il consiste à dérober le sacrifice que l’on fait. La générosité ne peut guere avoir de plus beau motif que l’amour de la patrie & le pardon des injures. La libéralité n’est autre chose que la générosité restreinte à un objet pécuniaire : c’est cependant une grande vertu, lorsqu’elle se propose le soulagement des malheureux ; mais il y a une économie sage & raisonnée qui devroit toûjours régler les hommes dans la dispensation de leurs bienfaits. Voici un trait de cette économie. Un prince (a) donne une somme d’argent pour l’entretien des pauvres d’une ville, mais il fait ensorte que cette somme s’accroisse à mesure qu’elle est employée, & que bien-tôt elle puisse servir au soulagement de toute la province. De quel bonheur ne joüroit-on pas sur la terre, si la générosité des souverains avoit toûjours été dirigée par les mêmes vûes ! On fait des générosités à ses amis, des libéralités à ses domestiques, des aumônes aux pauvres (b)
( le chevalier de Boufflers )
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Mme de Sabran- Messages : 55497
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Re: Le chevalier Stanislas-Jean de Boufflers
Le chevalier de Boufflers avait la manie de la locomotion et il passait sa vie à courir le monde.
Un de ses amis, le rencontrant un jour sur un grand chemin, lui dit : " Ah ! mon cher, comme je suis charmé de vous trouver chez vous ! "
( Gaston Maugras, le duc de Lauzun )
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Re: Le chevalier Stanislas-Jean de Boufflers
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Re: Le chevalier Stanislas-Jean de Boufflers
Le chevalier a beau me voir avec les yeux de l'amour, il connaît bien mes petits défauts !
Il m'écrit :
Ce 2 janvier. — Nous sommes auprès de Madère ; nous le voyons comme je voudrais te voir ; mais nous n’osons pas y mouiller aujourd’hui, parce que nous ne pourrions y être que de nuit, et que, ne connaissant pas le mouillage, il est plus à propos de se promener en long et en large à l’entrée jusqu’à demain matin. C’est de là que ces lettres-ci partiront, parce que je ne veux pas m’attirer le reproche que tu m’as fait si injustement l’année passée au sujet de Ténériffe. J’aime à penser à tous tes torts, parce qu’ils sont presque aussi aimables que toi ; sans eux, tu serais trop parfaite ; et ta conduite, et ton caractère, et ton honneur ressembleraient à ces figures régulières en tout point qui n’ont jamais de physionomie. Quand je pense à ta belle âme, à ton bon cœur, à ta franchise, à cette grandeur que le prince Henry a si bien démêlée en toi, et que je me rappelle en même temps tes malices, tes folies, tes obstinations, tes colères, il me semble voir la Vénus d’Hésiode entourée de petits amours espiègles, méchants, mal morigénés, mais tous jolis à manger. Voilà tes défauts, je ne t’en connais pas d’autres, et j’espère bien les retrouver, car je ne leur dis pas plus adieu qu’aux amours. En attendant un moment si doux, mais si éloigné, je t’embrasse de si bon cœur qu’il me semble que tu dois le sentir malgré la distance.
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Re: Le chevalier Stanislas-Jean de Boufflers
On n'est jamais si bien servi que par soi-même, dit le proverbe.
C'est ce que le chevalier met en pratique, en m'écrivant :
Je crois à ton amour comme au mien, et tout ce que je sens pour toi, je me le dis de ta part.
( Le chevalier de Boufflers, à Mme de Sabran )
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Re: Le chevalier Stanislas-Jean de Boufflers
Le chevalier déteste les moustiques .
Je ne puis rien fermer chez moi, ni jour ni nuit, parce que j’étoufferais, je puis encore moins, par la même raison, me servir de moustiquaire ; en sorte que je suis sans rempart et sans armes contre ces vilains animaux-là, qui finiront par te manger tout ton mari. Je compte ce soir ou demain faire tendre ma tente au haut de la montagne dans un lieu bien aride et j’espère par là leur donner le change, à moins que l’escadron qui voltige autour de ma plume ne lise ce que je t’écris et n’aille m’attendre là-haut. Ils sont bien assez malins pour cela, car je suis tenté de croire que moins on a de corps plus on a d’esprit, parce qu’il rencontre moins d’obstacle, comme chez toi.
Adieu, je te baise comme je suis baisé par les cousins.
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La nuit, la neige- Messages : 18132
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Re: Le chevalier Stanislas-Jean de Boufflers
Celle-là n'est pas mal non plus !
Adieu encore ; je te baise comme un lézard qu’on vient de surprendre dans mon jardin baisant Madame son épouse ; ils ne se sont point dérangés et j’ai défendu qu’on les troublât.
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Le chevalier de Boufflers, anticolonialiste ?
Durant le règne de Stanislas Leszczynski, le château de Lunéville ( où petit Boufflers deviendra grand ) est un épicentre de la diffusion des idées nouvelles : Voltaire, Montesquieu, Helvétius y séjourneront. Les liens tissés à Lunéville se maintiendront à Paris . Les acteurs de la cour de Stanislas allaient désormais participer au bouillonnement des idées et agir dans les choix politiques qui contre la critique fondamentale de l’ordre social hérité d’une vision religieuse du monde prônent une conception matérialiste et naturaliste athée.
Le premier, Jean-François de Saint-Lambert tient salon à Paris avec Condorcet, l’Abbé Raynal, La Condamine, Buffon . Saint-Lambert se lie d’amitié avec Diderot et d’Alembert, ce qui l’amènera à participer à l’Encyclopédie puis à écrire une série d’ouvrages anti-esclavagistes parmi lesquels en 1787 « réflexions sur les moyens de rendre meilleurs l’état des nègres ou des affranchis dans les colonies ».
Il sera rejoint à l’Académie Française par le prince Charles-Juste de Beauvau-Craon en 1771. Leur cadet, le chevalier Stanislas-Jean de Boufflers les rejoindra en 1788 après avoir été les trois années précédentes Gouverneur adjoint de la colonie du Sénégal et de l’Ile de Gorée, l'un des centres de regroupement des esclaves.
De conviction anti-esclavagiste, il utilisera toute son autorité pour tenter de mettre des restrictions à la traite et entraver l’activité des négriers avec lesquels il entrera en conflit avant de rentrer en France à la veille de la Révolution.
Comment Boufflers s'était-il donc retrouvé dans ces lointaines et hostiles terres africaines ?
Envoyé en ambassade à Remiremont pour féliciter la princesse Christine, de la maison de Lorraine, sur sa nomination à cette abbaye, il eut l'imprudence de se venger de l'accueil plein de hauteur qu'elle lui fit essuyer par une chanson qui déplut à la "princesse boursouflée" . Cette boutade ayant été imprimée, les plaintes du comte de Lusace, François-Xavier Louis Auguste Albert Bennon de Saxe et Pologne, duc de Saxe et de Lituanie, frère de la noble abbesse, firent encourir une complète disgrâce au chevalier, qu'on déporta, pour ainsi dire, en qualité de gouverneur du Sénégal et de la colonie de Gorée.
Il prit sa dignité nouvelle en patience, et signala son administration par des institutions utiles et bienfaisantes, et, faisant oublier son étourderie, mérita le grade de maréchal de camp. Administrateur avisé et humain, il s’attacha à mettre en valeur la colonie tout en se livrant à la contrebande de gomme arabique et d’or avec les signares . Le Sénégal a, par parties à peu près égales, deux commerces de " traite " : la gomme arabique et les esclaves. Les comptoirs de bord de mer ou sur le fleuve (Gorée, Saint-Louis, Podor et Galam) sont des lieux assez misérables. Selon François Bessire, qui évoque les 592 lettres envoyées depuis le Sénégal entre 1785 et 1787 par le chevalier de Boufflers à la comtesse de Sabran, Boufflers va tenter selon l’idéologie des Lumières qui l’habite d’organiser la colonie. Sa philosophie pratique est aussi nourrie des moralistes classiques : Sénèque, Montaigne et les écrivains du Grand Siècle. Une curiosité scientifique constante ; le sens de la justice, des préoccupations modernes (hygiène, urbanisme, architecture comme éléments d’une structuration physique et mentale) : l’idéal d’action de Boufflers rejoint très clairement celui des philosophes et économistes de son temps. Les idées physiocratiques sont mises en œuvre dans ses tentatives de développer la culture des productions agricoles exportables – coton et indigo. Le but est le " bonheur d’autrui ".
Il revint définitivement du Sénégal le 29 décembre 1787, regretté par les habitants des comptoirs de Gorée et de Saint-Louis.
En février 1788, le chevalier de Boufflers, Saint Lambert, et Beauvau-Craon sont co-fondateurs avec Brissot, Condorcet et Mirabeau de la première société abolitionniste française : « la Société des Amis des Noirs ».
A partir de là, ils s’investiront dans le combat anti-esclavagiste, rejoints par leur collègue lorrain et député aux Etats Généraux de 1789, le curé d’Emberménil, l‘Abbé Grégoire .
L'abbé Grégoire prolongera le combat de Boufflers parti en exil en 1792, de Beauvau-Craon mort en 1793 et de Saint-Lambert qui verra avec l’abolition du 4 février 1794 l’aboutissement de leur combat.
En 1808, l’abbé Grégoire publie l’un de ses textes les plus importants,
sinon le plus important, De la littérature des nègres.
L’ouvrage est un manifeste contre le rétablissement de l’esclavage et de la traite négrière, mais il est aussi un gage de la fidélité aux combats abolitionnistes menés au sein des deux Sociétés des Amis des Noirs. Le fondement philosophique de la position de Grégoire est l’unité du genre humain, qui lui permet de concilier la proclamation révolutionnaire des droits de l’homme et le message évangélique.
Le livre est dédié « à tous les hommes courageux qui ont plaidé la cause des malheureux noirs et sang-mêlé, soit par leurs ouvrages, soit par leurs discours dans les assemblées politiques, pour l’abolition de la traite, le soulagement et la liberté des esclaves ».
Grégoire et la cause des Noirs (1789-1831) : combats et projets
De Yves Benot
Le livre connut un large succès d’estime à l’étranger. Il fut traduit d’abord en allemand, puis en anglais . L’accueil en France fut plus mitigé, même si l’ami de toujours, sénateur comme lui, Jean-Denis Lanjuinais, salue l’ouvrage de Grégoire . Plus pervers ( moi, je dirais plutôt " mitigé " ), un article du Mercure de France fait mine d’abonder dans le sens de Grégoire, pour mieux l’éreinter.
Cet article, qui est une réaction à chaud, puisqu’il est daté du 8 octobre 1808, porte la signature de ... Boufflers !
Avec ce personnage, nous sommes toujours dans l’équivoque : le chevalier de Boufflers, gouverneur du Sénégal de 1785 à 1787, fut l’un des principaux membres de la première Société des Amis des Noirs . Il admet avec Grégoire que l’espèce humaine est une, et que Phillis Wheatley a des talents littéraires. Cependant, l’essentiel n’est pas là, mais dans un réquisitoire reprochant à l’abbé de ne pas avoir dénoncé l’envoi dans la colonie d’« agents incendiaires » (Sonthonax, Polverel, cités par Grégoire comme amis de l’humanité). Ce sont eux qui sont la cause de tous les maux de l’ancienne colonie de Saint-Domingue, de toutes les « atrocités ».
Autrement dit, les Noirs, comme des enfants, se sont laissé séduire par des Blancs perfides et sanguinaires. Ils seraient restés dignes de leur humanité s’ils ne s’étaient pas révoltés : « Que leur cause serait belle s’ils s’étaient abstenus de la défendre ».
Ce qui est en cause ici, et la cible majeure de la critique de Boufflers, c’est la condamnation sans appel par Grégoire du comportement des colons des Antilles et de l’expédition de Saint-Domingue.
Ces pamphlétaires parlent sans cesse des malheureux colons, et jamais des malheureux noirs. Les planteurs répètent que le sol des colonies a été arrosé de leurs sueurs, et jamais un mot sur les sueurs des esclaves. Les colons peignent avec raison comme des monstres les nègres de Saint-Domingue, qui, usant de coupables représailles, ont égorgé des blancs, et jamais ils ne disent que les blancs ont provoqué ces vengeances, en noyant des nègres, en les faisant dévorer par des chiens (Grégoire 1991 : 56).
En somme, Boufflers reproche à Grégoire de mettre tous les colons dans ce même panier d'abjection. Il regrette la violence, l'horreur généralisée des révoltes des Noirs. Il rejoint tout à fait en cela Vincent Ogé ( d'après le nom duquel Barbaroux, admiratif, fait baptiser son fils ) :
Yves Benot constate que, tout en étant assez habile pour ne pas déformer le texte, Boufflers l'est aussi pour déplacer l'accent et atténuer la condamnation des colons et des armées consulaires. La fin de l'article enveloppe la critique dans l'éloge.
Ce qui est tout de même vraiment remarquable ( et c'est là que je voulais en venir ) , c'est que, note Yves Benot, l'ancien président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor ( 1906 - 2001 ) de l'Académie française ( entre autres multiples distinctions ) présente le chevalier de Boufflers comme un anticolonialiste !
La poésie de Léopold Senghor, fondée sur le chant de la parole incantatoire, est construite sur l'espoir de créer une Civilisation de l'Universel, fédérant les traditions par-delà leurs différences. Par ailleurs, il approfondit le concept de négritude, notion introduite par Aimé Césaire qui la définit ainsi : « La négritude est la simple reconnaissance du fait d’être noir, et l’acceptation de ce fait, de notre destin de Noir, de notre histoire et de notre culture. »
Pour nos petits jeunes qui ne connaissent sûrement pas tous Léopold Senghor :
https://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9opold_S%C3%A9dar_Senghor
...
Le Baobab et le Pommier, un hommage à Léopold Sédar Senghor
à Verson (Calvados).
sculpture de Anne Deshaies (5 octobre 2006)
http://www.abolitions.org/index.php?IdPage=1504527764
https://fr.wikipedia.org/wiki/Stanislas_de_Boufflers
https://journals.openedition.org/gradhiva/1477
_________________
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Mme de Sabran- Messages : 55497
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Re: Le chevalier Stanislas-Jean de Boufflers
Quel régal que cette langue si spirituelle et élégante du XVIIIème !
M. de Voltaire s’excuse dans une Épître à M. le chevalier de Boufflers sur sa vieillesse et sur le danger d’écrire encore dans un pareil âge...
A Monsieur le Chevalier de Boufflers
Voltaire
Croyez qu’un vieillard cacochyme,
Chargé de soixante et douze ans,
Doit mettre, s’il a quelque sens,
Son âme et son corps au régime.
Dieu fit la douce Illusion
Pour les heureux fous du bel âge ;
Pour les vieux fous l’ambition,
Et la retraite pour le sage.
Vous me direz qu’Anacréon,
Que Chaulieu même, et Saint-Aulaire,
Tiraient encor quelque chanson
De leur cervelle octogénaire.
Mais ces exemples sont trompeurs ;
Et quand les derniers jours d’automne
Laissent éclore quelques fleurs,
On ne leur voit point les couleurs
Et l’éclat que le printemps donne :
Les bergères et les pasteurs
N’en forment point une couronne.
La Parque, de ses vilains doigts,
Marquait d’un sept avec un trois
La tête froide et peu pensante
De Fleury, qui donna les lois
A notre France languissante.
Il porta le sceptre des rois,
Et le garda jusqu’à nonante.
Régner est un amusement
Pour un vieillard triste et pesant,
De toute autre chose incapable ;
Mais vieux bel esprit, vieux amant,
Vieux chanteur, est insupportable.
C’est à vous, ô jeune Boufflers,
À vous, dont notre Suisse admire
Les crayons, la prose et les vers,
Et les petits contes pour rire ;
C’est à vous de chanter Thémire
Et de briller dans un festin,
Animé du triple délire
Des vers, de l’amour et du vin.
Voltaire
Croyez qu’un vieillard cacochyme,
Chargé de soixante et douze ans,
Doit mettre, s’il a quelque sens,
Son âme et son corps au régime.
Dieu fit la douce Illusion
Pour les heureux fous du bel âge ;
Pour les vieux fous l’ambition,
Et la retraite pour le sage.
Vous me direz qu’Anacréon,
Que Chaulieu même, et Saint-Aulaire,
Tiraient encor quelque chanson
De leur cervelle octogénaire.
Mais ces exemples sont trompeurs ;
Et quand les derniers jours d’automne
Laissent éclore quelques fleurs,
On ne leur voit point les couleurs
Et l’éclat que le printemps donne :
Les bergères et les pasteurs
N’en forment point une couronne.
La Parque, de ses vilains doigts,
Marquait d’un sept avec un trois
La tête froide et peu pensante
De Fleury, qui donna les lois
A notre France languissante.
Il porta le sceptre des rois,
Et le garda jusqu’à nonante.
Régner est un amusement
Pour un vieillard triste et pesant,
De toute autre chose incapable ;
Mais vieux bel esprit, vieux amant,
Vieux chanteur, est insupportable.
C’est à vous, ô jeune Boufflers,
À vous, dont notre Suisse admire
Les crayons, la prose et les vers,
Et les petits contes pour rire ;
C’est à vous de chanter Thémire
Et de briller dans un festin,
Animé du triple délire
Des vers, de l’amour et du vin.
Réponse de M. le chevalier de Boufflers.
Je fus dans mon printemps guidé par la folie,
Dupe de mes désirs et bourreau de mes sens ;
Mais s’il en était encor temps
Je voudrais bien changer de vie.
Soyez mon directeur, donnez-moi vos avis,
Convertissez-moi, je vous prie :
Vous en avez tant pervertis.
Sur mes fautes je suis sincère,
Et j’aime presque autant les dire que les faire.
Je demande grâce aux Amours :
Vingt beautés à la fois trahies
Et toutes assez bien servies,
En beaux momens, hélas ! ont changé mes beaux jours.
J’aimais alors toutes les femmes :
Toujours brûlé de feux nouveaux,
Je prétendais d’Hercule égaler les travaux,
Et sans cesse auprès de ces dames
Être l’heureux rival de cent heureux rivaux.
Je regrette aujourd’hui mes petits madrigaux,
Je regrette les airs que j’ai faits pour les belles,
Je regrette vingt bons chevaux
Que, courant par monts et par vaux,
J’ai, comme moi, crevé pour elles ;
Et je regrette encor bien plus
Ces utiles momens qu’en courant j’ai perdus.
Les neuf Muses ne suivent guère
Ceux qui suivent l’Amour. Dans ce métier galant
Le corps est bientôt vieux, l’esprit long-temps enfant.
Mon esprit et mon corps, chacun pour son affaire,
Viennent chez vous sans compliment :
L’esprit, pour se former, le corps pour se refaire.
Je viens dans ce château voir mon oncle et mon père.
Jadis les chevaliers errans
Sur terre après avoir long-temps cherché fortune,
Allaient retrouver dans la lune
Un petit flacon de bon sens :
Moi, je vous en demande une bouteille entière ;
Car Dieu mit en dépôt chez vous
L’esprit dont il priva tous les sots de la terre,
Et toute la raison qui manque à tous les fous.
Dupe de mes désirs et bourreau de mes sens ;
Mais s’il en était encor temps
Je voudrais bien changer de vie.
Soyez mon directeur, donnez-moi vos avis,
Convertissez-moi, je vous prie :
Vous en avez tant pervertis.
Sur mes fautes je suis sincère,
Et j’aime presque autant les dire que les faire.
Je demande grâce aux Amours :
Vingt beautés à la fois trahies
Et toutes assez bien servies,
En beaux momens, hélas ! ont changé mes beaux jours.
J’aimais alors toutes les femmes :
Toujours brûlé de feux nouveaux,
Je prétendais d’Hercule égaler les travaux,
Et sans cesse auprès de ces dames
Être l’heureux rival de cent heureux rivaux.
Je regrette aujourd’hui mes petits madrigaux,
Je regrette les airs que j’ai faits pour les belles,
Je regrette vingt bons chevaux
Que, courant par monts et par vaux,
J’ai, comme moi, crevé pour elles ;
Et je regrette encor bien plus
Ces utiles momens qu’en courant j’ai perdus.
Les neuf Muses ne suivent guère
Ceux qui suivent l’Amour. Dans ce métier galant
Le corps est bientôt vieux, l’esprit long-temps enfant.
Mon esprit et mon corps, chacun pour son affaire,
Viennent chez vous sans compliment :
L’esprit, pour se former, le corps pour se refaire.
Je viens dans ce château voir mon oncle et mon père.
Jadis les chevaliers errans
Sur terre après avoir long-temps cherché fortune,
Allaient retrouver dans la lune
Un petit flacon de bon sens :
Moi, je vous en demande une bouteille entière ;
Car Dieu mit en dépôt chez vous
L’esprit dont il priva tous les sots de la terre,
Et toute la raison qui manque à tous les fous.
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
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Re: Le chevalier Stanislas-Jean de Boufflers
Splendide ! Merci Eléonore !!!
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Le chevalier Stanislas-Jean de Boufflers
Le chevalier de Boufflers à Eléonore de Sabran :
« Plus on a d’esprit et plus on t’aime. C’est un compliment que je ne suis pas fâché de me faire en passant ».
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Mme de Sabran- Messages : 55497
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le chevalier Stanislas-Jean de Boufflers
Le chevalier était persona non grata à la Cour de Napoléon :
Voici encore un fait assez étrange, qui peut être l'avant-coureur d'un état de choses fâcheux pour les lettres, en rendant plus difficiles et plus rares les relations des hommes de lettres avec le gouvernement.
Le deuxième dimanche du mois de septembre 1806, M. de Boufflers, membre de l'Institut dans la deuxième classe, et ci-devant un des quarante de l'Académie française, venant d'entrer dans le salon de Saint-Cloud et se disposant à passer dans la galerie, un huissier lui a signifié qu'il ne pouvait entrer, que c'était par négligence de la part du suisse qu'il était parvenu jusqu'au salon, que sa consigne était expresse de ne laisser entrer aucune personne ayant le costume de l'Institut. M. de Boufflers a eu beau représenter qu'il avait été toujours admis à faire sa cour à Leurs Majestés dans cet habit, il n'a rien gagné.
Pendant ce petit débat, le cardinal Maury étant arrivé, et M. de Boufflers lui disant quelques mots de politesse, la sentinelle de la porte du salon est venue poser sa main sur le bras de M. de Boufflers, et lui a dit : " Monsieur, vous ne pouvez pas rester ici, et sortez car ce dernier mot a été prononcé. "
On ignore encore si cette exclusion a été portée par le maréchal Duroc; si c'est quelque mal-entendu si c'est un nouvel arrangement ordonné par l'Empereur lui-même. L'Empereur étant sur son départ pour Mayence, M. de Boufflers et les membres de l'Institut, à qui il a fait part de cet événement, n'ont pas cru devoir le rendre public, et attendent le retour de Sa Majesté pour savoir à quoi s'en tenir.
( Mémoires de l'abbé Morellet )
Voici encore un fait assez étrange, qui peut être l'avant-coureur d'un état de choses fâcheux pour les lettres, en rendant plus difficiles et plus rares les relations des hommes de lettres avec le gouvernement.
Le deuxième dimanche du mois de septembre 1806, M. de Boufflers, membre de l'Institut dans la deuxième classe, et ci-devant un des quarante de l'Académie française, venant d'entrer dans le salon de Saint-Cloud et se disposant à passer dans la galerie, un huissier lui a signifié qu'il ne pouvait entrer, que c'était par négligence de la part du suisse qu'il était parvenu jusqu'au salon, que sa consigne était expresse de ne laisser entrer aucune personne ayant le costume de l'Institut. M. de Boufflers a eu beau représenter qu'il avait été toujours admis à faire sa cour à Leurs Majestés dans cet habit, il n'a rien gagné.
Pendant ce petit débat, le cardinal Maury étant arrivé, et M. de Boufflers lui disant quelques mots de politesse, la sentinelle de la porte du salon est venue poser sa main sur le bras de M. de Boufflers, et lui a dit : " Monsieur, vous ne pouvez pas rester ici, et sortez car ce dernier mot a été prononcé. "
On ignore encore si cette exclusion a été portée par le maréchal Duroc; si c'est quelque mal-entendu si c'est un nouvel arrangement ordonné par l'Empereur lui-même. L'Empereur étant sur son départ pour Mayence, M. de Boufflers et les membres de l'Institut, à qui il a fait part de cet événement, n'ont pas cru devoir le rendre public, et attendent le retour de Sa Majesté pour savoir à quoi s'en tenir.
( Mémoires de l'abbé Morellet )
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le chevalier Stanislas-Jean de Boufflers
Voici une aventure peu connue du chevalier de Boufflers ( so XVIIIème ! ) et que l'on peut lire dans ...
... la notice des œuvres complètes de Boufflers M DCCC XXVII :
Peu d’hommes ont obtenu autant de galants succès que Boufflers.
Peut-être nous a-t-il donné la véritable explication de ces triomphes continus quand il a dit : " En amour j’étais tout physique… " C’est un point essentiel.
Quoi qu’il en soit, il est certain qu’il ne trouva guère de cruelles. Des infidèles, c’est une toute autre chose ; et, à cette occasion, je me rappelle une aventure qui long-temps occupa tout Paris et dans laquelle il joua un rôle assez nouveau.
“Un jour il s’était vengé par une épigramme sanglante de l’inconstance d’une belle marquise. Cette petite pièce parvint à sa destination après avoir passé par vingt cercles. La marquise lui écrivit sur le champ pour lui demander pardon de ses torts, le supplier de détruire toutes les traces de sa vengeance et l’engager à venir chez elle à une heure indiquée, pour sceller une réconciliation sincère. Le chevalier connaissait trop bien les femmes pour aller sans défiance au rendez-vous; il se munit de pistolets.
A peine avait-on échangé les premières explications que quatre grand drôles arrivent, le saisissent, l’étendent sur le lit, le déshabillent, autant qu’il était nécessaire pour exécuter leur dessein, et lui administrent en cadence cinquante coups de verges chacun, sous le commandement de madame.
La cérémonie terminée, le chevalier se relève froidement, se rajuste, et, s’adressant aux spadassins que la vue de ses armes fait trembler : “Vous n’avez pas fini votre besogne, leur dit-il ; madame doit être satisfaite, mon tour est venu. Je vous brûle la cervelle à tous les quatre, si vous ne lui rendez à l’instant ce que je viens de recevoir…..“
Cet ordre était donné avec trop de fermeté et Boufflers l’accompagnait de manières trop engageantes pour qu’on tardât à lui obéir.
Les pleurs de la belle dame n’empêchèrent pas que le satin de sa peau ne fût outragé sans pitié. Mais ce ne fut pas tout : Boufflers voulut que les exécuteurs de ces actes de vengeance se fissent subir mutuellement une semblable punition ; puis, prêt à se retirer : “Adieu, madame, que rien ne vous empêche de publier cette plaisante aventure ; je serai le premier à en régaler les oisifs… “
On prétendit que la marquise courut après lui, se jeta à ses genoux, et le conjura tellement de lui garder le secret qu’il soupa chez elle le soir même pour démentir les indiscrétions.
Bien plus, on ajouta que, malgré ces fustigations, la scène se termina beaucoup plus gaiement qu’elle n’avait commencé.
https://www.senegal-online.com/histoire/les-hommes-et-femmes-celebres-du-senegal/chevalier-de-boufflers/
Pour ma part, je n'y crois pas .
Ou alors cette histoire a été très enjolivée ( et exagérée ) pour divertir dans les salons .
... la notice des œuvres complètes de Boufflers M DCCC XXVII :
Peu d’hommes ont obtenu autant de galants succès que Boufflers.
Peut-être nous a-t-il donné la véritable explication de ces triomphes continus quand il a dit : " En amour j’étais tout physique… " C’est un point essentiel.
Quoi qu’il en soit, il est certain qu’il ne trouva guère de cruelles. Des infidèles, c’est une toute autre chose ; et, à cette occasion, je me rappelle une aventure qui long-temps occupa tout Paris et dans laquelle il joua un rôle assez nouveau.
“Un jour il s’était vengé par une épigramme sanglante de l’inconstance d’une belle marquise. Cette petite pièce parvint à sa destination après avoir passé par vingt cercles. La marquise lui écrivit sur le champ pour lui demander pardon de ses torts, le supplier de détruire toutes les traces de sa vengeance et l’engager à venir chez elle à une heure indiquée, pour sceller une réconciliation sincère. Le chevalier connaissait trop bien les femmes pour aller sans défiance au rendez-vous; il se munit de pistolets.
A peine avait-on échangé les premières explications que quatre grand drôles arrivent, le saisissent, l’étendent sur le lit, le déshabillent, autant qu’il était nécessaire pour exécuter leur dessein, et lui administrent en cadence cinquante coups de verges chacun, sous le commandement de madame.
La cérémonie terminée, le chevalier se relève froidement, se rajuste, et, s’adressant aux spadassins que la vue de ses armes fait trembler : “Vous n’avez pas fini votre besogne, leur dit-il ; madame doit être satisfaite, mon tour est venu. Je vous brûle la cervelle à tous les quatre, si vous ne lui rendez à l’instant ce que je viens de recevoir…..“
Cet ordre était donné avec trop de fermeté et Boufflers l’accompagnait de manières trop engageantes pour qu’on tardât à lui obéir.
Les pleurs de la belle dame n’empêchèrent pas que le satin de sa peau ne fût outragé sans pitié. Mais ce ne fut pas tout : Boufflers voulut que les exécuteurs de ces actes de vengeance se fissent subir mutuellement une semblable punition ; puis, prêt à se retirer : “Adieu, madame, que rien ne vous empêche de publier cette plaisante aventure ; je serai le premier à en régaler les oisifs… “
On prétendit que la marquise courut après lui, se jeta à ses genoux, et le conjura tellement de lui garder le secret qu’il soupa chez elle le soir même pour démentir les indiscrétions.
Bien plus, on ajouta que, malgré ces fustigations, la scène se termina beaucoup plus gaiement qu’elle n’avait commencé.
https://www.senegal-online.com/histoire/les-hommes-et-femmes-celebres-du-senegal/chevalier-de-boufflers/
Pour ma part, je n'y crois pas .
Ou alors cette histoire a été très enjolivée ( et exagérée ) pour divertir dans les salons .
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le chevalier Stanislas-Jean de Boufflers
Sur la vanité de la condition humaine, le chevalier de Boufflers désabusé écrit à Mme de Sabran :
Ce 25. — Nous venons d’essuyer une tempête horrible, mon enfant ; par bonheur le vent, au lieu de nous être contraire, nous était favorable ; mais les mâts étaient toujours en danger de casser ; les matelots ne pouvaient point monter aux manœuvres, et tout était dans une combustion à ne pas se soutenir ni sur le pont, ni dans les chambres. J’ai passé ce temps-là dans un recueillement intérieur qui me laissait jouir du contraste entre ce qui se passait au dehors et au dedans de moi : au dehors les éléments déchaînés ; au dedans les passions amorties. Je réfléchissais en philosophe sur cette soif innée d’une supériorité quelconque qui entraîne l’homme loin de son bonheur, loin de son repos, loin de sa situation naturelle, pour lui faire braver tous les ennuis, toutes les privations, tous les dangers, pour le faire changer de mœurs, de nourriture, de climat et même d’élément ; il semble qu’il y ait un mauvais génie qui vienne souffler la discorde dans chaque individu, et qui rende une partie de l’homme ennemie de l’autre ; celle qui n’a besoin que de calme, de repos, de plaisir, de santé, et qui serait contente à si bon marché, est forcée, comme étant la plus douce, d’obéir à l’amour-propre qui lui commande, comme un tyran, de renoncer à tout ce qu’elle désire pour lui procurer la stérile satisfaction d’un peu d’estime et de renommée.
Stanislas-Jean de Boufflers
Journal inédit du second séjour au Sénégal
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Mme de Sabran- Messages : 55497
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le chevalier Stanislas-Jean de Boufflers
A UNE FEMME
Qui me menaçait de me rendre heureux.
O Ciel ! je suis perdu ! quoi ! déjà des faveurs,
Quand j'ai promis d'être fidèle,
Quand je vous ai juré les plus tendres ardeurs,
Je m'étais attendu que vous seriez cruelle,
Je m'étais arrangé pour trouver des rigueurs :
Ah ! si je vous suis cher, soyez plus inhumaine,
Laissez à mon coeur le charme des désirs,
Pour le faire durer, faites durer sa peine :
Je ne vous réponds pas qu'il survive aux plaisirs.
Qui me menaçait de me rendre heureux.
O Ciel ! je suis perdu ! quoi ! déjà des faveurs,
Quand j'ai promis d'être fidèle,
Quand je vous ai juré les plus tendres ardeurs,
Je m'étais attendu que vous seriez cruelle,
Je m'étais arrangé pour trouver des rigueurs :
Ah ! si je vous suis cher, soyez plus inhumaine,
Laissez à mon coeur le charme des désirs,
Pour le faire durer, faites durer sa peine :
Je ne vous réponds pas qu'il survive aux plaisirs.
Roooh !!!
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Mme de Sabran- Messages : 55497
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Le chevalier Stanislas-Jean de Boufflers
C'est un peu masochiste sur les bords ; cela sent les Liaisons dangereuses à des centaines de lieues 🤭
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La famille royale et les contemporains de Marie-Antoinette :: Autres contemporains : les hommes du XVIIIe siècle
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