Toussaint Louverture et les îles à sucre : la traite et l’esclavage au XVIIIe siècle
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Re: Toussaint Louverture et les îles à sucre : la traite et l’esclavage au XVIIIe siècle
Louis XV a écrit:Vous m'avez doublée... :Mme de Sabran a écrit:Les Noirs portant le péché de Canaan sont légitimement esclaves
Hein, croyez-vous ! Quelle prestesse !!!
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Re: Toussaint Louverture et les îles à sucre : la traite et l’esclavage au XVIIIe siècle
Pour les négriers qui viennent s'approvisionner sur la côte africaine, il s'agit de se procurer le bois d'ébène au plus bas prix . Outre la concurrence sur place, une autre difficulté est l'obligation d'acheter par lot : pour un homme fort et bien portant, il faut souvent accepter aussi des négrillons, des vieillards ..... De toute façon, le but est d'entasser le plus possible d'hommes dans la cale ( ils sont rangés comme des cuillers pour prendre moins de place ) parce qu'avant l'arrivée il y a beaucoup de déchet dû à la dysenterie gangréneuse, le scorbut, la phtisie .... Les Macoudés ou les Yambanais, pour nombre d'entre eux, se laissent même mourir de désespoir .
Devant les courtiers et les capitaines venus d'Europe, les hommes, telles des bêtes, sont examinés sous toutes les coutures car de leur condition physique dépend leur prix .
Certains négriers, soucieux de maintenir la bonne qualité de leur marchandise, nourrissent les esclaves presque aussi bien que les matelots, de riz, maïs, fayots et biscuits de froment . Ils ont parfois droit à un verre de vin, ce qu'ils préfèrent quand ils arrivent à se persuader qu'il ne s'agit pas du sang de l'un des leurs .
Par les jours de grande chaleur, les esclaves montent sur le pont où ils sont encouragés à respirer à plein poumons . Les matelots ont alors soin d'empêcher toute réunion entre individus de la même ethnie, car la peur des révoltes est bien réelle !
Oxygénisation sous surveillance :
Les négriers obligent aussi les Noirs à danser pour éviter que les corps ne s'ankylosent !
La partie ouest de Saint-Domingue ( future Haïti ) avait été octroyée à la France, en 1697, par l'Espagne, à la suite du traité de Ryswick . Maintes familles françaises tiraient leur fortune de l'exploitation par les esclaves de la canne à sucre . Le père du comte de Vaudreuil fut gouverneur de Saint-Domingue, d'où la fortune de cette famille .
Devant les courtiers et les capitaines venus d'Europe, les hommes, telles des bêtes, sont examinés sous toutes les coutures car de leur condition physique dépend leur prix .
Certains négriers, soucieux de maintenir la bonne qualité de leur marchandise, nourrissent les esclaves presque aussi bien que les matelots, de riz, maïs, fayots et biscuits de froment . Ils ont parfois droit à un verre de vin, ce qu'ils préfèrent quand ils arrivent à se persuader qu'il ne s'agit pas du sang de l'un des leurs .
Par les jours de grande chaleur, les esclaves montent sur le pont où ils sont encouragés à respirer à plein poumons . Les matelots ont alors soin d'empêcher toute réunion entre individus de la même ethnie, car la peur des révoltes est bien réelle !
Oxygénisation sous surveillance :
Les négriers obligent aussi les Noirs à danser pour éviter que les corps ne s'ankylosent !
La partie ouest de Saint-Domingue ( future Haïti ) avait été octroyée à la France, en 1697, par l'Espagne, à la suite du traité de Ryswick . Maintes familles françaises tiraient leur fortune de l'exploitation par les esclaves de la canne à sucre . Le père du comte de Vaudreuil fut gouverneur de Saint-Domingue, d'où la fortune de cette famille .
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Re: Toussaint Louverture et les îles à sucre : la traite et l’esclavage au XVIIIe siècle
Le planteur va acheter dans les "magasins à nègres " ou même au port, sur le pont des navires, sa future main d'oeuvre . Elle est choisie selon les aptitudes etniques caractéristiques, par exemple pour le sucre, les Africains de la Côte d'Or, pour le café, les Congos , etc ....
Avant de se décider, il jauge comme du bétail les créatures humaines qu'on lui propose . Le prix de l'esclave dépend de son âge, sa force physique, son état de santé .......
Si le colon, satisfait, fait affaire, il signe un bon dans le genre de celui-ci :
Avant de se décider, il jauge comme du bétail les créatures humaines qu'on lui propose . Le prix de l'esclave dépend de son âge, sa force physique, son état de santé .......
Si le colon, satisfait, fait affaire, il signe un bon dans le genre de celui-ci :
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Re: Toussaint Louverture et les îles à sucre : la traite et l’esclavage au XVIIIe siècle
Louis XV a écrit: Dans la Bible, l'un des fils de Noé, Cham, surprend la nudité de son père (qui s'était endormi ivre) tandis que ses frères Sem et Japhet le couvrent d'un manteau sans le regarder, en marchant à reculons. Une fois réveillé, Noé maudit la descendance de son fils (et plus particulièrement l'un des fils de ce dernier, Canaan) en la vouant à l'esclavage. Or, dans la tradition religieuse, on fait de Cham l'ancêtre des Noirs.
L'origine biblique de l'esclavage :
Nous nous souvenons tous que Noë échappe au déluge et que ses descendants vont fonder la nouvelle humanité .
Voilà que lui prend l'idée de planter une vigne, de faire son vin, de le boire à profusion ( tu m'étonnes ! ) ..... C'est le désastre, une cuite monstre qui le fait s'ébattre joyeusement tout nu ! L'un de ses fils, Cham, le voit dans ce piètre état, fesses à l'air . Il le raconte à ses frères qui se saisissent d'une étoffe, vont à reculons ( pour ne pas le regarder ) jusqu'à leur père, et cachent honteusement sa nudité.
Noë, dessaoulé, entre dans une grande colère et veut maudire Cham . Impossible, il l'avait béni auparavant et ne peut défaire ce qui est fait . Qu'à cela ne tienne : il maudit Canaan, le fis de Cham et le condamne à être l'esclave de toute la famille !
Par la suite, les fils de Noë se partagent le monde connu .
Aux descendants de Sem ( les Sémites ) échoient les rives orientales et méridionales de la Méditérranée; à ceux de Japhet ( les Japhites ), les rives septentrionales et occidentales de cette mer; à ceux de Cham ( les Chamites ), les terres inconues de l'Afrique, aussi loin qu'elles s'étendent ......
De Canaan , fils unique de Cham, est donc issue toute la population noire . Je vous laisse à deviner la suite : les Noirs héritent tout naturellement de l'état d'esclavage ancestral ...
Arrêtons de faire du mauvais esprit ! La traite des Noirs est donc parfaitement légitime : elle découle de la très Sainte Bible .....
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Re: Toussaint Louverture et les îles à sucre : la traite et l’esclavage au XVIIIe siècle
Quoiqu'il en soit, c'est par milliers que les Noirs sont arrachés à leur terre d'Afrique et transplantés de l'autre côté de l'Atlantique .
Certains avalent des cailloux, les rollling stones, avant de s'embarquer, pour que roule dans leurs entrailles un peu de leur terre ancestrale.
Vendus au marché aux esclaves, époux arrachés aux bras de leurs femmes, enfants à ceux de leurs mères, ils sont éparpillés dans les plantations des riches colons, leurs maîtres, qui ont droit de vie et de mort sur eux .
Les plus grandes habitations et sucreries s'étendent dans l'ouest de l'île de Sainrt-Domingue. Elles peuvent compter jusqu'à trois cents esclaves .
Ils vivent sous la férule du fameux code Noir .
Je vous cite l'article 25 :
Les enfants qui naîtront de mariages entre esclaves seront esclaves et appartiendront aux maîtres des femmes esclaves, et non à ceux de leur mari, si le mari et la femme ont des maîtres différents .
..... ou bien 33 :
L'esclave qui aura frappé son maître, sa maîtresse ou le mari de sa maîtresse ou leurs enfants avec contusion ou effusion de sang, ou au visage, sera puni de mort .
Inutile de préciser que les sévices pleuvent .
Du matin au soir, et même pendant la nuit, on y entend un certain frémissement lugubre, produit par le bruit confus des moulins à cannes, joint à celui des voitures qui charrient les récoltes, augmentés de temps en temps par les coups de fouet que l'on frappe indistinctement sur les animaux et les nègres .
( Justin Girod de Chantrans )
Certains avalent des cailloux, les rollling stones, avant de s'embarquer, pour que roule dans leurs entrailles un peu de leur terre ancestrale.
Vendus au marché aux esclaves, époux arrachés aux bras de leurs femmes, enfants à ceux de leurs mères, ils sont éparpillés dans les plantations des riches colons, leurs maîtres, qui ont droit de vie et de mort sur eux .
Les plus grandes habitations et sucreries s'étendent dans l'ouest de l'île de Sainrt-Domingue. Elles peuvent compter jusqu'à trois cents esclaves .
Ils vivent sous la férule du fameux code Noir .
Je vous cite l'article 25 :
Les enfants qui naîtront de mariages entre esclaves seront esclaves et appartiendront aux maîtres des femmes esclaves, et non à ceux de leur mari, si le mari et la femme ont des maîtres différents .
..... ou bien 33 :
L'esclave qui aura frappé son maître, sa maîtresse ou le mari de sa maîtresse ou leurs enfants avec contusion ou effusion de sang, ou au visage, sera puni de mort .
Inutile de préciser que les sévices pleuvent .
Du matin au soir, et même pendant la nuit, on y entend un certain frémissement lugubre, produit par le bruit confus des moulins à cannes, joint à celui des voitures qui charrient les récoltes, augmentés de temps en temps par les coups de fouet que l'on frappe indistinctement sur les animaux et les nègres .
( Justin Girod de Chantrans )
Mme de Sabran- Messages : 55570
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Re: Toussaint Louverture et les îles à sucre : la traite et l’esclavage au XVIIIe siècle
La plantation vit quasiment en autarcie . Elle produit ses outils, ses vivres . Elle forme ses ouvriers et possède parfois son hôpital !!!
Les débuts de la mécanisation, en 1760, avec l'arrivée de la charrue et du moulin à eau, freine la pénurie de main-d'oeuvre .
Le calendrier de travail est réglé comme du papier à musique en fonction des saisons : de janvier à juillet, c'est la primeur, coupe des cannes, transport...
L'été, on sarcle, on bêche .... A l'automne, on passe aux réparations diverses et entretien du matériel, des cases etc....
Le colon ( armateur de la métropole, ou souvent cadet de famille ) vit dans la grande case , en bois et torchis comme les autres . Elle est chichement meublée . Son luxe : la vaisselle importée d'Angleterre ou de Chine et les mets fins dont on la remplit .
Si la grande case est si spartiate, c'est que le maître n'aspire bien souvent qu'à repartir en métropole . Il laisse alors la plantation à un gérant, un contremaître souvent autoritaire, parfois même sadique, qui aime jouer du fouet . Le règlement qui interdit de donner plus de trois coups de fouet est trop souvent transgressé . Pour les fautes graves, les châtiments sont encore plus sophistiqués, tel le collier, cercle de fer d'où sortent de longues pointes fixé au cou par un cadenas, ou encore les quatre piquets qui écartèlent la victime .
Mais tous les blancs ne sont pas des monstres, Dieu merci !!! Il fait bon vivre dans certaines plantations où les esclaves sont traités avec humanité . Ils peuvent alors installer leur famille dans leur propre case et même cultiver quelques légumes, dans un petit lopin de terre attenant .
Les débuts de la mécanisation, en 1760, avec l'arrivée de la charrue et du moulin à eau, freine la pénurie de main-d'oeuvre .
Le calendrier de travail est réglé comme du papier à musique en fonction des saisons : de janvier à juillet, c'est la primeur, coupe des cannes, transport...
L'été, on sarcle, on bêche .... A l'automne, on passe aux réparations diverses et entretien du matériel, des cases etc....
Le colon ( armateur de la métropole, ou souvent cadet de famille ) vit dans la grande case , en bois et torchis comme les autres . Elle est chichement meublée . Son luxe : la vaisselle importée d'Angleterre ou de Chine et les mets fins dont on la remplit .
Si la grande case est si spartiate, c'est que le maître n'aspire bien souvent qu'à repartir en métropole . Il laisse alors la plantation à un gérant, un contremaître souvent autoritaire, parfois même sadique, qui aime jouer du fouet . Le règlement qui interdit de donner plus de trois coups de fouet est trop souvent transgressé . Pour les fautes graves, les châtiments sont encore plus sophistiqués, tel le collier, cercle de fer d'où sortent de longues pointes fixé au cou par un cadenas, ou encore les quatre piquets qui écartèlent la victime .
Mais tous les blancs ne sont pas des monstres, Dieu merci !!! Il fait bon vivre dans certaines plantations où les esclaves sont traités avec humanité . Ils peuvent alors installer leur famille dans leur propre case et même cultiver quelques légumes, dans un petit lopin de terre attenant .
Mme de Sabran- Messages : 55570
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Re: Toussaint Louverture et les îles à sucre : la traite et l’esclavage au XVIIIe siècle
A ce moment, notre regrettée Princesse :
Madame de Chimay a écrit:
Chère Madame de Sabran,
Parlerez-vous de Toussaint Louverture ?
Oui, oui, chère Princesse !!! Je l'ai déjà fait, du reste .... Mais dans quel sujet ? Je ne sais plus au juste . J'avais mentionné l'affranchissement de Toussaint Louverture par le comte de Noë, son maître, qui se trouvait être le frère d'Anne-Élisabeth de Noë, la seconde épouse du comte de Polastron, père de la duchesse de Polignac .
Comme quoi je retombe toujours en pays de connaissance ! :
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Mme de Sabran- Messages : 55570
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Re: Toussaint Louverture et les îles à sucre : la traite et l’esclavage au XVIIIe siècle
Mme de Sabran a écrit:De Canaan , fils unique de Cham
Cham a quatre fils. Canaan est le plus jeune.
Merci pour ce long exposé.
Dernière édition par Louis XV le Dim 05 Jan 2014, 15:37, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: Toussaint Louverture et les îles à sucre : la traite et l’esclavage au XVIIIe siècle
Merci, chère Louis XV ! ( ... la Bible et moi ... : )
Mme de Sabran- Messages : 55570
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Re: Toussaint Louverture et les îles à sucre : la traite et l’esclavage au XVIIIe siècle
Le Code noir règle chaque détail de la vie des esclaves . Il oblige le maître à nourrir ses esclaves, mais n'est pas toujours respecté . Ceux des ateliers ou les domestiques de la grand case sont mieux nourris que ceux qui travaillent aux champs .
La journée commence dès potron minet . A cinq heures tout le monde est appelé à la prière, car l'évangélisation est primordiale .
Après un déjeuner frugal, c'est le départ aux champs où l'on trime jusqu'à la nuit tombée . A la mi-journée, on a avalé un petit en-cas sur le pouce pour tenir bon jusqu'au soir . C'est qu'il ne s'agit pas de faiblir : Placés en ligne, les esclaves travaillent tous au même rythme soutenu, en un mouvement synchronisé . Personne ne peut se la couler douce !
Le Code noir impose le repos dominical qui, là non plus, n'est pas scrupuleusement respecté, surtout pendant la période de roulaison ( transport de la canne à sucre ), qui dure six mois !!! Il y a souvent de l'ouvrage le dimanche matin, mais l'après-midi est enfin libre et peut être consacré à des loisirs comme les chants, les danses, les combats de coqs ou encore les joutes au bâton, comme ci-dessous :
Tous les esclaves ne sont pas traités de la même manière . Les domestiques bénéficient d'un régime de faveur . Leur nombre dépend de l'importance de la grand case et la richesse du maître .
Un valet, un cocher, un cuisinier et une blanchisseuse constituent le minimum . Leurs cases sont construites à proximité de l'habitation du maître .
Ces gens de maisons sont mieux nourris et mieux vêtus que leurs frères de misère . Il leur arrive même de recevoir occasionnellement des gratifications .
Les nourrices vivent dans l'habitation du maître auprès du bambin .
Dans la caste des domestiques, on trouve aussi les hospitalières . Leur rôle est de soigner les petits maux pour éviter de faire appel au chirurgien . Elles commandent à des infirmières qui, elles, font partie de la classe des ouvriers .
Fruits la plupart du temps de viols, mais aussi plus rarement d'amours entre maître et esclaves, les enfants mulâtres, s'il ne peuvent porter le nom de leur père, sont parfois bien traités et peuvent même jouir d'une certaine aisance matérielle:
Les affranchis sont bien souvent des mulâtres, fils ou filles de riches propriétaires terriens, mais ils peuvent aussi être de simples esclaves qui ont été distingués par le maître .
Libres, ils peuvent s'enrichir et faire usage, à leur tour, de serviteurs esclaves ( !!! ) .
Le règne de Louis XVI correspond à un apogée, tant pour la traite des Noirs que pour la production sucrière . Cela va de paire avec le développement de problèmes communs à toutes les îles à sucre de France : question de l'esclavage, question raciale, question du régime commercial aux débouchés exclusivement réservés à la métropole ...
La voici !!! :n,,;::::!!!:
En France certains esprits s'échauffent et s'émeuvent des pratiques abominables de l'esclavage . La Société des Amis des Noirs, fondée par Brissot en 1788 , ne peut obtenir de la Constituante l'abolition de l'esclavage et est combattue par les défenseurs des colons de Saint-Domingue .
30 cahiers de doléances sur 60 000 ( !!!!!!!!!!! ) demandent la fin de la traite des Noirs .
Quand Gouy d'Arcy demande audience au Roi et lui conseille de faire mettre un terme aux activités de la Société des Amis des Noirs, Louis XVI hausse les épaules et fait une réponse bien à sa manière :
Ces pauvres Noirs ont-ils donc des amis en France ? Tant mieux, je ne veux pas interrompre leurs travaux .
Sacré Loulou, toujours égal à lui-même, pas stressé pour deux sous !
.
La journée commence dès potron minet . A cinq heures tout le monde est appelé à la prière, car l'évangélisation est primordiale .
Après un déjeuner frugal, c'est le départ aux champs où l'on trime jusqu'à la nuit tombée . A la mi-journée, on a avalé un petit en-cas sur le pouce pour tenir bon jusqu'au soir . C'est qu'il ne s'agit pas de faiblir : Placés en ligne, les esclaves travaillent tous au même rythme soutenu, en un mouvement synchronisé . Personne ne peut se la couler douce !
Le Code noir impose le repos dominical qui, là non plus, n'est pas scrupuleusement respecté, surtout pendant la période de roulaison ( transport de la canne à sucre ), qui dure six mois !!! Il y a souvent de l'ouvrage le dimanche matin, mais l'après-midi est enfin libre et peut être consacré à des loisirs comme les chants, les danses, les combats de coqs ou encore les joutes au bâton, comme ci-dessous :
Tous les esclaves ne sont pas traités de la même manière . Les domestiques bénéficient d'un régime de faveur . Leur nombre dépend de l'importance de la grand case et la richesse du maître .
Un valet, un cocher, un cuisinier et une blanchisseuse constituent le minimum . Leurs cases sont construites à proximité de l'habitation du maître .
Ces gens de maisons sont mieux nourris et mieux vêtus que leurs frères de misère . Il leur arrive même de recevoir occasionnellement des gratifications .
Les nourrices vivent dans l'habitation du maître auprès du bambin .
Dans la caste des domestiques, on trouve aussi les hospitalières . Leur rôle est de soigner les petits maux pour éviter de faire appel au chirurgien . Elles commandent à des infirmières qui, elles, font partie de la classe des ouvriers .
Fruits la plupart du temps de viols, mais aussi plus rarement d'amours entre maître et esclaves, les enfants mulâtres, s'il ne peuvent porter le nom de leur père, sont parfois bien traités et peuvent même jouir d'une certaine aisance matérielle:
Les affranchis sont bien souvent des mulâtres, fils ou filles de riches propriétaires terriens, mais ils peuvent aussi être de simples esclaves qui ont été distingués par le maître .
Libres, ils peuvent s'enrichir et faire usage, à leur tour, de serviteurs esclaves ( !!! ) .
Le règne de Louis XVI correspond à un apogée, tant pour la traite des Noirs que pour la production sucrière . Cela va de paire avec le développement de problèmes communs à toutes les îles à sucre de France : question de l'esclavage, question raciale, question du régime commercial aux débouchés exclusivement réservés à la métropole ...
La nuit, la neige a écrit:
Hop ! puisque tu parles des îles, et que je reste bloqué sur Olympe de Gouges et la Société des Amis des Noirs.......
La voici !!! :n,,;::::!!!:
En France certains esprits s'échauffent et s'émeuvent des pratiques abominables de l'esclavage . La Société des Amis des Noirs, fondée par Brissot en 1788 , ne peut obtenir de la Constituante l'abolition de l'esclavage et est combattue par les défenseurs des colons de Saint-Domingue .
30 cahiers de doléances sur 60 000 ( !!!!!!!!!!! ) demandent la fin de la traite des Noirs .
Quand Gouy d'Arcy demande audience au Roi et lui conseille de faire mettre un terme aux activités de la Société des Amis des Noirs, Louis XVI hausse les épaules et fait une réponse bien à sa manière :
Ces pauvres Noirs ont-ils donc des amis en France ? Tant mieux, je ne veux pas interrompre leurs travaux .
Sacré Loulou, toujours égal à lui-même, pas stressé pour deux sous !
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Mme de Sabran- Messages : 55570
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Re: Toussaint Louverture et les îles à sucre : la traite et l’esclavage au XVIIIe siècle
Mme de Sabran a écrit:Voilà que lui prend l'idée de planter une vigne, de faire son vin, de le boire à profusion ( tu m'étonnes ! ) ..... C'est le désastre, une cuite monstre qui le fait s'ébattre joyeusement tout nu ! L'un de ses fils, Cham, le voit dans ce piètre état, fesses à l'air.
Mme de Sabran a écrit:
Merci, chère Louis XV ! ( ... la Bible et moi ... : )
Peut-être, mais vous la racontez fort bien ! : : :
Invité- Invité
Re: Toussaint Louverture et les îles à sucre : la traite et l’esclavage au XVIIIe siècle
Louis XV a écrit:Mme de Sabran a écrit:
Merci, chère Louis XV ! ( ... la Bible et moi ... : )
Peut-être, mais vous la racontez fort bien ! : : :
Je préfère toujours prendre les choses gaiement !
Mme de Sabran- Messages : 55570
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Re: Toussaint Louverture et les îles à sucre : la traite et l’esclavage au XVIIIe siècle
Pourtant là-bas, les heurts se multiplient . La communauté noire veut briser ses chaînes. Quant aux colons, ils sont en conflit avec les négociants de la métropole, dont ils dépendent pour l'approvisionnement en esclaves . C'est un soulèvement contre le pouvoir monarchique et , tels les colons Anglais en Amérique, les blancs de Saint-Domingue rêvent d'indépendance : en mai 1790, une assemblée centrale de Saint-Domingue va jusqu'à voter une constitution .
Le 8 mars 1790 les colonies, réparties en départements, sont dotées d'assemblées coloniales où seuls les blancs sont électeurs et éligibles .
Les Amis des Noirs obtiennent des droits civiques pour les mulâtres libres .
Mais, dans ces hommes " libres de couleur " , un nombre croissant se met à contester la prépondérance des Blancs ...... Les plus virulents d'entre eux incitent les Noirs à ravager les plantations et massacrer sans distinction tous les Blancs qui ont le malheur de leur tomber sous la main !
Le 8 mars 1790 les colonies, réparties en départements, sont dotées d'assemblées coloniales où seuls les blancs sont électeurs et éligibles .
Les Amis des Noirs obtiennent des droits civiques pour les mulâtres libres .
Mais, dans ces hommes " libres de couleur " , un nombre croissant se met à contester la prépondérance des Blancs ...... Les plus virulents d'entre eux incitent les Noirs à ravager les plantations et massacrer sans distinction tous les Blancs qui ont le malheur de leur tomber sous la main !
Mme de Sabran- Messages : 55570
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Re: Toussaint Louverture et les îles à sucre : la traite et l’esclavage au XVIIIe siècle
C'est la confusion totale ! Certains esclaves font rempart de leurs corps entre leurs maîtres qu'ils protègent et les émeutiers assoiffés de sang :
En Métropole, le sceau de la Société des Amis des Noirs est devenu l'emblème de l'abolition et un appel en faveur de l'égalité des races .
Et voici qu'entre en scène Toussaint Louverture ( dont notre Princesse languissait de lire les exploits ), à la faveur de l'insurrection qui ravage le nord-ouest de l'île de Saint-Domingue et dont il prend la tête !
Qui est-il ?
La tradition familiale le fait naître le 20 mai 1743 à l'habitation Bréda, au Haut-du-Cap, propriété du comte de Noë ( beau-frère du père de notre petite duchesse ) . Il serait issu de la lignée des rois d'Allada ( Bénin ) par son père, homme de forte personnalité, très certainement haut dignitaire du royaume du Dan-Homè . Toussaint hérite des qualités de meneur d'hommes de son père . Il se fait remarquer par son intelligence, apprend à lire et à écrire et devient l'esclave de confiance de l'intendant du comte de Noë , François-Antoine Bayon de Libertat.
Toussaint a 33 ans quand le comte Noë lui accorde l'affranchissement .
Sous le nom de Toussaint Bréda, l'ancien esclave devient propriétaire d'une petite plantation de café et commmande lui-même à plusieurs esclaves . Il a femme et enfants, l'aura d'un notable, une vie aisée ...
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Re: Toussaint Louverture et les îles à sucre : la traite et l’esclavage au XVIIIe siècle
En métropole, la Constituante repousse toujours aux Calendes grecques la question de l'émancipation des esclaves, ne retenant que le thème de l'égalité des droits entre Blancs et gens de couleur libres .... et encore ! mollement, mollement !
Le décret ne passe pas ....
Condorcet aurait demandé que l'article 1 de la Déclaration des Droits de l'Homme précise:
Tous les hommes blancs naissent et demeurent libres et égaux en droit .
Dans la nuit du 22 au 23 août 1791, les esclaves des habitations de la paroisse d'Acul-du-Nord, près du Morne-Rouge, se ruent sur toutes les armes qu'ils peuvent trouver pour trucider tous les Blancs qu'ils pourront rencontrer .......
Toussaint, déjà âgé, il approche de la cinquantaine, fait partie des meneurs . Il est auréolé de son prestige de fils de chef et de ses talents de "médecin dans les armées du Roi ", titre qu'il s'est attribué lui-même, d'une part parce qu'il sait effectivement soigner par les plantes, et d'autre part, parce que c'est au nom de Louis XVI et de sa supposée humanité que les esclaves ont pris les armes au cri de:
Vive le Roi !!! :n,,;::::!!!:
Seulement voilà, le Roi, nous le savons ( mais pas eux apparemment ), ne compte plus que pour du beurre ...
Quelques riches planteurs blancs n'hésitent pas à faire appel aux Anglais qui menacent les côtes de Saint-Domingue, où la révolte s'étend toujours .
En 1793 , la France régicide, en pleine tourmente révolutionnaire, représentée par un gouverneur général doublé par des commissaires civils a bien du mal a maintenir son autorité Outre-mer .
Le 20 juin, les insurgés s'emparent de Cap-Français et mettent le feu à la ville dans laquelle les colons croyaient avoir trouvé refuge . La mer rougeoie du reflet du port entier dévoré par les flammes:
Le décret ne passe pas ....
Condorcet aurait demandé que l'article 1 de la Déclaration des Droits de l'Homme précise:
Tous les hommes blancs naissent et demeurent libres et égaux en droit .
Dans la nuit du 22 au 23 août 1791, les esclaves des habitations de la paroisse d'Acul-du-Nord, près du Morne-Rouge, se ruent sur toutes les armes qu'ils peuvent trouver pour trucider tous les Blancs qu'ils pourront rencontrer .......
Toussaint, déjà âgé, il approche de la cinquantaine, fait partie des meneurs . Il est auréolé de son prestige de fils de chef et de ses talents de "médecin dans les armées du Roi ", titre qu'il s'est attribué lui-même, d'une part parce qu'il sait effectivement soigner par les plantes, et d'autre part, parce que c'est au nom de Louis XVI et de sa supposée humanité que les esclaves ont pris les armes au cri de:
Vive le Roi !!! :n,,;::::!!!:
Seulement voilà, le Roi, nous le savons ( mais pas eux apparemment ), ne compte plus que pour du beurre ...
Quelques riches planteurs blancs n'hésitent pas à faire appel aux Anglais qui menacent les côtes de Saint-Domingue, où la révolte s'étend toujours .
En 1793 , la France régicide, en pleine tourmente révolutionnaire, représentée par un gouverneur général doublé par des commissaires civils a bien du mal a maintenir son autorité Outre-mer .
Le 20 juin, les insurgés s'emparent de Cap-Français et mettent le feu à la ville dans laquelle les colons croyaient avoir trouvé refuge . La mer rougeoie du reflet du port entier dévoré par les flammes:
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Re: Toussaint Louverture et les îles à sucre : la traite et l’esclavage au XVIIIe siècle
Merci Eléonore pour ce très complet commentaire sur l'esclavage.
Je pourrai en écrire des ligne et des lignes.
Ici aujourd'hui à la Guadeloupe (seul DOM que je connaisse), l'esclavage a fait des ravages et beaucoup de gens pensent comme il y a 300 ans. J'ai vainement essayé de comprendre, moi qui ai quitté mon île à l'âge de 8 ans pour la France. Il y a un melting-pot de couleurs inimaginables et tous ces gens devraient s'accepter, mais ce n'est pas le cas. Le noir plus clair n'aime pas le noir un peu plus foncé et beaucoup de stupidités de la sorte. En fait, les Européens ont tellement diabolisé la couleur noir que plus de 2 siècles après l'abolition de l'escalavage (1848 pour la Guadeloupe), les gens continuent à penser et à porter dans le plus profond de leur "moi" des caricatures blessantes quant à leur couleur de peau.
C'est un problème complexe et bien que j'arrive parfois à comprendre mes compatriotes, la plupart du temps, je ne les comprends pas du tout. Et je m'avoue VAINCUE. Mon accent trahit ma venue en France et ce n'est pas toujours bien vu. Il faut faire un effort surhumain pour essayer de faire comprendre que vous n'êtes pas supérieure. Oui, c'est délirant pour moi et ceux de mes compatriotes qui comme moi sont partis très tôt ou qui sont même nés en France, en Europe ou aux Amériques.
Seul le temps et les générations futures arriveront à éradiquer ce mal être chez les Domiens (en tout cas je parle pour les guadeloupéens).
Eléonore vous parlez de l'ennui. Oui, c'est plus que sûr que les "békés" au 18ème siècle ont dû surement souffert de cela.
Pour moi qui suis si curieuse de tant de choses, qui apprécie la culture au sens large du mot, OUI, comme Marie-Antoinette, je souffre de l'ennui, pourtant je suis Domienne. Comment expliquer que vous aimez les châteaux, les meubles anciens, l'architecture, les parcs, et finalement tout ce qui est ancien, tout ce qui journellement vous manque. Non, on ne peut pas vous comprendre car il y a le soleil toute l'année et de belles plages paradisiaques. Alors, quoi, que demander de plus, diraient-ils. Et moi de répondre : et après ??? : :
L'esclavage a annihilé pour quelques temps encore les Guadeloupéens. Comme c'est triste.
Un espoir, je ne suis pas la seule à voir la vie et les hommes différemment.
Je n'ai pas honte de dire que mon pays, celui où j'ai été acceptée, malgré quelques idiots, c'est la France.....
Je pourrai en écrire des ligne et des lignes.
Ici aujourd'hui à la Guadeloupe (seul DOM que je connaisse), l'esclavage a fait des ravages et beaucoup de gens pensent comme il y a 300 ans. J'ai vainement essayé de comprendre, moi qui ai quitté mon île à l'âge de 8 ans pour la France. Il y a un melting-pot de couleurs inimaginables et tous ces gens devraient s'accepter, mais ce n'est pas le cas. Le noir plus clair n'aime pas le noir un peu plus foncé et beaucoup de stupidités de la sorte. En fait, les Européens ont tellement diabolisé la couleur noir que plus de 2 siècles après l'abolition de l'escalavage (1848 pour la Guadeloupe), les gens continuent à penser et à porter dans le plus profond de leur "moi" des caricatures blessantes quant à leur couleur de peau.
C'est un problème complexe et bien que j'arrive parfois à comprendre mes compatriotes, la plupart du temps, je ne les comprends pas du tout. Et je m'avoue VAINCUE. Mon accent trahit ma venue en France et ce n'est pas toujours bien vu. Il faut faire un effort surhumain pour essayer de faire comprendre que vous n'êtes pas supérieure. Oui, c'est délirant pour moi et ceux de mes compatriotes qui comme moi sont partis très tôt ou qui sont même nés en France, en Europe ou aux Amériques.
Seul le temps et les générations futures arriveront à éradiquer ce mal être chez les Domiens (en tout cas je parle pour les guadeloupéens).
Eléonore vous parlez de l'ennui. Oui, c'est plus que sûr que les "békés" au 18ème siècle ont dû surement souffert de cela.
Pour moi qui suis si curieuse de tant de choses, qui apprécie la culture au sens large du mot, OUI, comme Marie-Antoinette, je souffre de l'ennui, pourtant je suis Domienne. Comment expliquer que vous aimez les châteaux, les meubles anciens, l'architecture, les parcs, et finalement tout ce qui est ancien, tout ce qui journellement vous manque. Non, on ne peut pas vous comprendre car il y a le soleil toute l'année et de belles plages paradisiaques. Alors, quoi, que demander de plus, diraient-ils. Et moi de répondre : et après ??? : :
L'esclavage a annihilé pour quelques temps encore les Guadeloupéens. Comme c'est triste.
Un espoir, je ne suis pas la seule à voir la vie et les hommes différemment.
Je n'ai pas honte de dire que mon pays, celui où j'ai été acceptée, malgré quelques idiots, c'est la France.....
Trianon- Messages : 3305
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: Toussaint Louverture et les îles à sucre : la traite et l’esclavage au XVIIIe siècle
Merci Trianon pour ce terrible point de vue qui complète bien le pointilleux exposé d'Eléonore !
Bien à vous.
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Toussaint Louverture et les îles à sucre : la traite et l’esclavage au XVIIIe siècle
Votre constat est bien désespérant quant à la nature humaine, chère Trianon ! Je vous remercie pour ce long commentaire et l'attention que vous avez prêtée à ce sujet . Mon exposé n'était pas terminé mais seulement suspendu ...
Je vais donc le poursuivre à présent .
Je vais donc le poursuivre à présent .
Mme de Sabran- Messages : 55570
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Toussaint Louverture et les îles à sucre : la traite et l’esclavage au XVIIIe siècle
C'en est trop !
Le commissaire civil Sonthonax ( tu parles d'un nom !!! ), envoyé par la Convention et agissant au nord de l'île, ne sait plus à quel saint se vouer ! Il décide de l'affranchissement général des esclaves le 29 août 93 .
Son but ? faire définitivement basculer les Noirs dans le camp de la République . Cette décision est entérinée par la Convention le 16 pluviôse de l'An II ( Qu'il est moche ton calendrier, Fabre d'Eglantine ! boudoi32 )
Discussion sur les hommes de couleur :
....... un détail de la gravure précédente :
Et Toussaint Bréda, dans tout cela ? :n,,;::::!!!:
De chef de bande royaliste, il devient officier dans l'armée espagnole !
Après l'exécution de Louis XVI, en effet, l'Espagne est devenue ennemie de la France : Toussaint se rallie à elle ! Son influence s'étend dans le nord de l'île, mais ses mauvaises relations avec les Espagnols et d'autres chefs insurgés le forcent à rejoindre la République française .
Il prend le nom de guerre de Toussaint Louverture .
Toussaint, le vent en poupe, devient le premier Noir Général de division de l'armée française, en 1796 . Et, tenez-vous bien , voilà notre homme qui boute hors Saint-Domingue les Anglois ( il négocie avec brio leur départ ) , fait revenir les colons blancs pour redresser l'économie de l'île, règle un traité de commerce avec les Etats-Unis, réduit le rôle des représentants officiels du pouvoir central à la figuration, soumet les troupes du général mulâtre Rigaud lors de la guerre du Sud, impose son autorité à la partie espagnole de l'île, écrit au Premier Consul Nabulione Buonaparte en ces termes :
.... du Premier des Noirs au Premier des Blancs ..... ( J'adore ! )
Il finit par promulguer, en juillet 1801, une constitution propre à Saint-Domingue !
Le tout ... de son propre chef !!!!!
Sur l'île, il forge une manière de " République des meilleurs " à la romaine .
Tous les chefs sont noirs !
C'était la revanche de Canaan !!! :n,,;::::!!!:
Mme de Sabran- Messages : 55570
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Toussaint Louverture et les îles à sucre : la traite et l’esclavage au XVIIIe siècle
... mais, trop beau pour durer ! ...... gaaaaasp !!! .....
Pareille velléité autonomiste est tout simplement inadmissible aux yeux du centralisateur Bonaparte, qui, est-il nécessaire de le rappeler, est marié à la créole Joséphine partisane de l'ordre esclavagiste .
Ajoutez à cela l'influence des milieux d'affaires et de commerce et voici qu'est signé le décret de rétablissement de l'esclavage dans les colonies , le 20 mai 1802 !
En principe cela ne concerne ni la Guadeloupe, ni Saint-Domingue . En réalité, Toussaint voit approcher la flotte de l'impressionnante expédition du général Leclerc, la bagatelle de 20000 hommes ......
Toussaint est attiré dans un piège puis arrêté le 7 juin 1802 .
Il est déporté en France, où il est conduit et mis au secret dans une cellule du fort de Joux ( forteresse jurassienne ), tandis que ses proches sont assignés à résidence à Bayonne puis à Agen .
Foudroyé dans son élan, Toussaint-Louverture meurt dans son cachot moins d'un an plus tard, le 7 avril 1803 , non pas de faim et de froid comme on l'a prétendu, mais d'une maladie pulmonaire ( selon le rapport d'autopsie ), à quoi il faut ajouter la fatigue générale d'un homme âgé de soixante ans ......
.
Mme de Sabran- Messages : 55570
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Toussaint Louverture et les îles à sucre : la traite et l’esclavage au XVIIIe siècle
Oui. C’est qu’il prévoit une période d'éducation, une émancipation progressive...Mme de Sabran a écrit:
Condorcet, réputé pour avoir combattu l'esclavage propose pourtant un moratoire de soixante-dix ans ( !!!!!!! ) entre la date où l'on décrète que l'esclavage est une monstruosité et le moment où le Noir va être traité comme un homme .
Beaucoup de philosophes ont condamné l’esclavage et la traite, mais ils n’avaient pas formulé de solutions « politiques », pratiques.Mme de Sabran a écrit:Les Lumières dénoncent ponctuellement les excès de violence gratuite perpétrés par les négriers, mais elles ne remettent pas en cause le principe même de l'esclavage .
C’est bien parce qu’en France le débat révolutionnaire « concrétise » les grands concepts de liberté et d’égalité que les libres de couleurs et la société des Amis des noirs font le forcing pour obtenir, avant tout, une égalité de droits.
Avant la révolution, la société des Amis des Noirs se réunissaient illégalement !
La nuit, la neige- Messages : 18153
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Toussaint Louverture et les îles à sucre : la traite et l’esclavage au XVIIIe siècle
Bon, ça ne je ne sais pas. Une provocation, sans doute ?Mme de Sabran a écrit:
Condorcet aurait demandé que l'article 1 de la Déclaration des Droits de l'Homme précise:
Tous les hommes blancs naissent et demeurent libres et égaux en droit .
Car, en revanche, Mirabeau (autre membre fondateur des Amis des noirs), a apostrophé les députés / colons, bref ceux qui pouvaient être contre l’abolition de la traite ou de l’esclavage, en leur disant qu’ils avaient donc voté, aujourd’hui, avec cet article 1, l’abolition de l’esclavage dans leurs plantations, sauf à dire que cette égalité est réservée aux blancs, et que les noirs ne sont pas des hommes...
Mais rien ne se passe, évidemment.
La nuit, la neige- Messages : 18153
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Toussaint Louverture et les îles à sucre : la traite et l’esclavage au XVIIIe siècle
La nuit, la neige a écrit:
Beaucoup de philosophes ont condamné l’esclavage et la traite, mais ils n’avaient pas formulé de solutions « politiques », pratiques.
C’est bien parce qu’en France le débat révolutionnaire « concrétise » les grands concepts de liberté et d’égalité que les libres de couleurs et la société des Amis des noirs font le forcing pour obtenir, avant tout, une égalité de droits.
Avant la révolution, la société des Amis des Noirs se réunissaient illégalement !
Les philosophes n'étaient pas la proie de beaucoup d'états d'âme ...
Rousseau :
Tout homme né dans l'esclavage naît pour l'esclavage, rien n'est plus certain . Les esclaves perdent tout dans leurs fers, jusqu'au désir d'en sortir; ils aiment leur servitude comme les compagnons d'Ulysse aimaient leur abrutissement . S'il y a donc des esclaves par nature, c'est parce qu'il y a eu des esclaves contre nature . La force a fait les premiers esclaves, leur lâcheté les a perpétués .
Montesquieu :
Le sucre serait trop cher, si l'on ne faisait travailler la plante qui le produit par des esclaves . Ceux dont il s'agit sont noirs depuis les pieds jusqu'à la tête; et ils ont le nez si écrasé qu'il est presque impossible de les plaindre .
Une preuve que les nègres n'ont pas le sens commun, c'est qu'il font plus de cas d'un collier de verre que de l'or, qui, chez des nations policées, est d'une si grande conséquence . Il est impossible que nous supposions que ces gens -là soient des hommes; parce que, si nous les supposions des hommes, on commencerait à croire que nous-mêmes ne sommes pas chrétiens
.
Mme de Sabran- Messages : 55570
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
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