Manteau d'intérieur et robe de chambre pour les hommes au XVIIIe siècle

Je suis toujours en l'intimidante compagnie de ce diable d'homme de Potemkine .

Eh bien, figurez-vous qu'à l'instar de Voltaire à Ferney ou Paris, ce haut personnage affectait de recevoir la Cour et la ville dans son ample robe de chambre bordée de fourrure ! Ce fut l'occasion pour notre ambassadeur de France en Russie, le comte de Ségur, de lui faire un petit pied-de-nez. Précisons qu'ils étaient amis. Ségur invita Potemkine à dîner et l'accueillit dans la même tenue , ce que le prince apprécia beaucoup, mais, précise Simon Sebag Montefiore, seul un ami de Marie-Antoinette pouvait s'en tirer de la sorte .

UNE ROBE DE CHAMBRE POUR LE ROY !

Comptes de Madame du Barry - BNF/Gallica

Que voici un beau document, avec une description minutieuse de la robe de chambre désirée, à l'usage du roi est-il précisé ! ( un cadeau sans doute de la favorite à son royal amant )
Merci, chère Marie-Jeanne .

Un cadeau bien sur, Madame du Barry était très généreuse et elle avait de gros moyens

Question bête ..... Que portait l'homme sous sa robe de chambre ??
Une chemise, certes, puisqu'on l'aperçoit sur certains portraits.
Mais garde-t-il le gilet une fois l'habit tombé ? et la culotte ?
Bonne soirée

Bonjour, je relance ma question: Que portait-il sous sa robe de chambre ?
Plus j'y pense plus je suis enclin à imaginer que ce serait la chemise seule Mais ......
Quel poids pouvait peser une belle robe comme celles montrées dont le tissu semble épais et doublé ?
Bonne journée à toutes et à tous

A mon avis, Monsieur était simplement en chemise sous sa robe de chambre.

Les Shoguns avaient l’habitude d’offrir 30 kimonos aux officiers hollandais à la signature de traités commerciaux.
J'aurais dû faire officier hollandais...

M. de Velleguindry a écrit:Bonjour, je relance ma question: Que portait-il sous sa robe de chambre ?
Plus j'y pense plus je suis enclin à imaginer que ce serait la chemise seule  Mais ......  
Quel poids pouvait peser une belle robe comme celles montrées dont le tissu semble épais et doublé ?
Bonne journée à toutes et à tous

Cela dépend de l'occasion. Au sot du lit, la chemise de nuit.

Mais la robe de chambre se porte aussi pour recevoir, dans un cadre intime ou décontracté, particulièrement le matin, les visites jusqu'à midi pouvaient avoir lieu en robe de chambre (pour le maître des lieux bien sûr, pas ceux qui rendent la visite), ou bien pour une soirée détente dans l'intimité de son cabinet ou de sa famille. Dans ce cas elle remplace l'habit, ce que sera appelé la veste à la fin du siècle, c'est à dire le vêtement de dessus, généralement contraignant aux épaules, et surtout précieux. La robe de chambre est plus souple, éventuellement moins précieuse (là aussi selon l'occasion) et plus ou moins chaude. Velours en hiver, cotonnade en été. Une soie bien doublée est assez chaude aussi.

Donc en dessous on est généralement en gilet (terme moderne), culotte et bas, en soulier ou mule.
Autre code 'décontracté' la robe de chambre se porte généralement sans perruque, donc cheveux défaits pour ceux qui les portent naturels, ou bien bille de billard avec un bonnet, pour éviter les coups de froids.

C'est par exemple la tenue professionnelle des artistes peintres, qui se font généralement représenter en robe de chambre dans leur atelier. Etait-ce Van Loo ou Boucher qui faisait cours en robe de chambre ? Je ne sais plus.
Le sculpteur lui est en bras de chemise retroussée, gilet déboutonné, le négligé le plus absolu.

La robe de chambre peut être relativement lourde à cause de sa longueur, mais c'est aussi le cas de l'habit, dont les plis augmente le poids, parfois important entre velours et broderies métalliques pour les plus précieuses, et les toiles rigides pour la structures des queues.

Avec gilet et/ou culotte coordonnés.



Musée Gallieria, 1750-1775, image RMN.



Claude Henri Watelet (Moulin Joli) par Greuze, Musée du Louvre.

C'est particulièrement élégant, en effet.
Il ne manque plus que le bonnet assorti !

Je vous dis un grand merci à tous deux Marie-jeanne et Lucius pour ces belles explications agrémentées de beaux documents. Effectivement, la robe de chambre avec le gilet et la culotte coordonnés sont très luxueux et certainement plus confortable que l habit
Bonne soirée

Il faut seulement regretter que les fabricants de confection actuels ne proposent pas à la vente ce type de robe de chambre, dont il faut reconnaitre que nous serions certainement les premiers à en faire l'acquisition pour le confort et la beauté à la place des robes de chambre proposées dans les magasins de luxe qui ne sont que des peignoirs sans forme, ni allure.

On peut regretter aussi le mode de vie qui allait avec.

Certes Monsieur de la Pérouse, la douce lumière des bougies qui rend les femmes si belles à l'occasion des soupers, les feux de cheminées et leur ambiance dans le calme des maisons, les voyages à cheval et les équipages, le temps qui défile lentement et permet de lire, les lettres écrites à la plume d'une si belle écriture. En un mot : de vivre à un rythme qui convient particulièrement à l'être humain.
Mais pas "d'ordi" pour communiquer aussi vite que nous pouvons le faire ensemble sans se connaitre et de si loin....

C'est un bel exemplaire qui sera prochainement proposé au marteau dans la vente aux enchères que nous annoncions, ICI

Banyan ou manteau d'intérieur Louis XV en lampas de soie bleu-ciel et crème argenté
Circa 1750 / 1760.
Fond taffetas bleu damassé d'un grand décor floral et végétal imaginaire à grenades, feuilles de vigne et branches noueuses à la manière des palampores * des Indes.


Description :

Long manteau cintré à petit col officier, deux pans rabattus et boutonnés devant. Dos à grande basque conique et petits revers à poche et fente dissimulées. Manches longues coudées et poignets à revers.
Deux pans de gilet sans col, à basques longues, deux poches et complet de ses boutons sont cousus et intégrés à partir des épaules (un pan décousu).
Entièrement doublé de roussette de lin marron clair.
Deux petits accrocs (un devant, un à une épaule), rares petits trous et fragilité sous une aisselle et sur un pan devant.




* Source et informations complémentaires : Richard Mdv - Vente collection Gilles Labrosse, 22 sept. 2020



Et si vous ne connaissiez pas ce mot...

* Un palempore (ou palampore)

Est une étoffe de coton teinte et peinte, de grande taille, fabriquée au XVIIIe siècle en Inde, notamment sur la côte de Coromandel, à destination des marchés occidentaux.
Le mot vient du hindi palang qui signifie « lit » et du persan push qui veut dire « couvrir ».

Le palempore était utilisé comme couvre-lit (courtepointe), parfois comme châle, mais surtout comme tenture murale.
Le motif décoratif le plus fréquent est l'arbre de vie. Les animaux, notamment les oiseaux, sont souvent représentés (paon, perdrix, coq, papillon, poisson, tortue, éléphant, crocodile, singe), alors que les scènes à personnages sont plus rares.
Très prisé, le palempore a contribué à la vogue des indiennes en Europe.

* Source texte : Wikipédia - Palempore

C'est beau...



Palempore aux paons.
Inde, Côte de Coromandel
Coton teint, peint par mordançage et réserve
Seconde moitié du 18e siècle
Musée de la Compagnie des Indes (Lorient)
Images : Ji-Elle - Commons Wikimedia




Palampore
India (Coromandel Coast), for the Sri Lankan market
Cotton (painted resist and mordant, dyed)
First quarter of the 18th century
Images : The Metropolitan Museum of Art

Palampores were a regular feature of the eighteenth-century chintz trade to Europe, where they were prized as wall hangings and bed and table coverings. They typically show a central flower-and-fruit-bearing serpentine tree emerging from a hillock with stylized peaks or rocks. In addition to those produced for the Dutch and English markets, a class of smaller palampores was made expressly for the intra-Asian trade.
This robustly painted version was originally sourced to Sri Lanka, likely made for the European communities in Batavia and Colombo or for families of mixed European and Asian descent wishing to emulate Western taste.




Bed Cover (Palampore)
Attributed to India
Cotton; painted and resist dyed
18th century
Images : The Metropolitan Museum of Art




Palampore
Coromandel Coast (made)
Painted and dyed cotton chintz
ca. 1720-1740
Images : Victoria and Albert Museum, London

This partial palampore (bed- or wall-hanging) is a superbly drawn and dyed example of the chintz furnishings exported to Europe in the late 17th and early 18th centuries. The fine white designs against coloured grounds are produced by drawing the designs in wax with a bamboo pen (kalam) and then immersing the cloth in the dye-vat.
The vase from which the flowering tree emerges is taken from a western source: its floating 'rim' suggests that the Indian artist was not familiar with this type of decoration.



Palampore
Coromandel Coast (made)
Painted and dyed cotton chintz
ca. 1740
Image : Victoria and Albert Museum, London



Cover (palampore) of European linen and cotton twill embroidered with silks in fine chain stitch.
India (made)
Linen and cotton ground fabric embroidered with twisted silk yarn
c. 1725-1740
Image : Victoria and Albert Museum, London

Export embroidery produced in Gujarat for the European market
This textile illustrates how western influences ie dutch floral designs were incorporated into Indian embroidery design during the 18th century.



A Palampore Hanging
India, 18th century for export
printed with a large tree of life with rocaille base, with borders of scrolling foliage
Image : Christie's

These palampores were produced in India for the Export Trade to Europe. They combine Indian drawing with European designs, particulary in the borders, producing a charming fusion of the two cultures.

Quelle tenue d'intérieur magnifique !!!  Quel raffinement de l'étoffe, de la coupe !   J'adore !  
Elle devait faire à son propriétaire une ligne svelte et élégante .

La nuit, la neige a écrit:
Et si vous ne connaissiez pas ce mot...
* Un palempore (ou palampore)

[i]Est une étoffe de coton teinte et peinte, de grande taille, fabriquée au XVIIIe siècle en Inde, notamment sur la côte de Coromandel, à destination des marchés occidentaux.
Le mot vient du hindi palang qui signifie « lit » et du persan push qui veut dire « couvrir ».

Mais non, mais non, nous ne connaissions pas ...  du moins moi en tous cas .  Et petit cours de persan à la clef !  
Dessins, couleurs, c'est splendide !!!        
Merci, cher la nuit, la neige .  

Juste pour le plaisir de l'illustration...


L'archéologue Johann Joachim Winckelmann (1717-1768)
Anton von Maron
Huile sur toile, 18e siècle
Image : Klassik Stiftung Weimar


Archibald Menzies
Anton von Maron
Huile sur toile, 1763
Image : Fogg Museum / Commons Wikimedia

Anton von Maron habillerait-il tous ses modèles de la même robe de chambre ? ... encore que, sur le deuxième portrait, petite différence, il y a aussi de la fourrure au bord des manches.
Quoi qu'il en soit, ce vêtement d'intérieur semble si délicieusement douillet que je le piquerais bien !

Mme de Sabran a écrit:Anton von Maron habillerait-il tous ses modèles de la même robe de chambre ?  

La sienne, peut-être ?

Voir sur son autoportrait :

Selbstbildnis Anton von Maron
Anton von Marron
Ölgemälde, 1787
Image : Birgit und Peter Kainz, Wien Museum