Fersen et " la petite " ... ( Hedwige-Charlotte de Sudermanie)
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Fersen et " la petite " ... ( Hedwige-Charlotte de Sudermanie)
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J'ouvre un nouveau sujet pour notre bourreau des cœurs et l'une de ses conquêtes, Hedwige-Charlotte de Sudermanie, car cette duchesse ( future reine de Suède ) était aussi la meilleure amie et confidente de Sophie Piper et, à ce titre, échangea avec elle une correspondance très révélatrice des événements historiques du temps, et de la part qu'y a prise Fersen . " La petite ", comme Fersen appelait Charlotte, soupirait d'amour pour lui et lui fit une drague échevelée ( : ) après la mort de Marie-Antoinette.
Petite piqûre de rappel : je vous avais déjà parlé de " la petite ", après le voyage manqué de la famille royale vers Montmédy, Hedwige-Charlotte relate à Sophie les circonstances de la séparation de Bondy et comment Louis XVI a envoyé Fersen retrouver Monsieur à Mons pour lui porter le message du succès de la sortie de Paris de la famille royale .
C'est ici :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t2441-ecrits-de-la-duchesse-de-sudermanie-relatifs-a-varennes-et-la-separation-a-bondy?highlight=bondy
D'autres lettres suivront et qui nous feront notamment découvrir cette folle de Mme de Saint-Priest, ( car Sophie et Charlotte, comme tous les duos de copines, échangeaient de petits commérages : ), mais d'abord, je vous cite Françoise Kermina :
Le retour du célèbre Suédois ( en 1794 ) fit sensation à Stockholm. L'inconsolable amant d'une reine infortunée voyait s'ouvrir tout grands les salons et les alcôves. Les femmes s'empressaient autour de lui, rejetées au fur et à mesure :
" J'ai mis une espèce d'orgueil à ne faire la cour à aucune, j'étais d'ailleurs trop triste pour cela."
Ce n'était pas avec la reine qu'il comparait ces grosses Suédoises peu délurées, mais avec Éléonore . Il eu cependant du mal à se débarrasser de la plus tenace, la duchesse de Sudermanie, codée " la petite " dans le dagbok. Hedwige-Charlotte aimait son " lang Axel " depuis le premier regard. Elle avait bien voulu s'effacer devant une rivale aussi forte que la reine de France, et elle avait même pris pour amant, faute de mieux, Fabian de Fersen. Mais puisque le chevalier désormais était libre, elle ne se gênait pas pour lui faire du pied sous la table pendant les déjeuners officiels. ( ) Axel feignait de ne pas s'en apercevoir. La duchesse n'avait pour elle qu'une espèce de drôlerie garçonnière qui lui tenait lieu d'esprit. Elle avait de grands yeux " mais qui ne disaient rien " et un gros visage sans grâce. Comme elle était de plus indiscrète et bavarde, il aurait été bien imprudent de s'afficher avec elle, pour un homme du caractère de Fersen, surtout en demi-disgrâce comme il l'était.
" Cela peut être bon pour un instant de jouissance, sans plus", note-t-il . Mais " la petite " en voulait de ces instants-là :n,,;::::!!!: , et il faillit succomber dans un de ces tête-à-tête qu'elle se ménageait sous prétexte d'audiences protocolaires. Par chance, raconte-t-il à son dagbok, il n'était pas fortement inspiré ce jour-là, et ne se livra donc qu'à de " faibles tentatives " .
Sophie, la bonne complice, se chargea de calmer l'encombrante duchesse qui finissait par faire pitié à Axel : " Elle m'aime beaucoup, et son état doit être affreux ! "
Sa propre séduction, qu'il entretenait d'ailleurs hypocritement par des raffinements d'élégance, en arrivait à l'incommoder. Il osait à peine s'approcher des femmes, de crainte d'avoir à les satisfaire toutes, ce qui était incompatible avec sa mélancolie et son état de santé .
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La " petite " ( en 1774, portant sa robe de mariée, par Roslin )
... et Alma Söderjhelm :
Sophie Fersen, sœur d'Axel, était dans sa jeunesse l'objet de la passion du frère cadet de Gustave III ( décidément, quelle famille !!! ) , le duc Frédéric, qui tout comme son frère Charles avait d'innombrables liaisons amoureuses La sincérité des sentiments du duc Frédérique pour Sophie ne fut d'ailleurs jamais mise en doute par le sénateur Fersen ( ... ) . Sophie aimait-elle le duc Frédéric ? La duchesse Charlotte l'affirme dans son journal intime. ( ... ) Le sénateur Fersen estimait qu'une telle liaison ne convenait pas au prince. La véritable raison, il faut la chercher dans les opinions du sénateur Fersen : ce libéral craignait d'entrer en relations trop intimes avec la famille royale et d'avoir les mains liées par le mariage de sa fille ( ... ) il agit donc pour rompre à jamais la liaison de Sophie avec le duc Frédéric.
Sophie Fersen resta pourtant attachée à la famille royale par les liens très forts mais d'un genre tout différent. Le duc Charles avait épousé en 1772 une jeune princesse allemande de quinze ans, la duchesse Hedwige-Elisabeth-Charlotte. Elle semble dès le début avoir préféré la famille Fersen et le fils cadet du feld-maréchal ( le sénateur Fersen ) , Fabian, devint plus tard son amant quasi-officiel . Son frère aîné Axel ( nous y voilà ! ) jouissait tôt des faveurs de la duchesse. Son journal intime en témoigne suffisamment. Mais les sentiments d'Axel pour la duchesse n'étaient guère profonds ni bien durables, et lorsqu'il revint en Suède en 1794, après un long séjour à l'étranger, il repoussa ses avances et refusa de renouer leur liaison. Il allait même jusqu'à désapprouver nettement la conduite de la duchesse qu'il trouvait absolument incompatible avec la haute situation qu'elle occupait.
Les sentiments qui liaient Sophie Fersen à la duchesse étaient plus solides et plus durables, et leur amitié fut celle qui dura le plus longtemps. Avec Mme Camille Bois de la Motte, fille du marquis de Pons, ministre de France à Stockholm, la duchesse et Sophie formaient un petit cercle intime où l'on cultivait l'amitié sentimentale, et suivait avec passion la destinée romanesque d'Axel Fersen .
... à suivre, bien-sûr !
Sophie Fersen
J'ouvre un nouveau sujet pour notre bourreau des cœurs et l'une de ses conquêtes, Hedwige-Charlotte de Sudermanie, car cette duchesse ( future reine de Suède ) était aussi la meilleure amie et confidente de Sophie Piper et, à ce titre, échangea avec elle une correspondance très révélatrice des événements historiques du temps, et de la part qu'y a prise Fersen . " La petite ", comme Fersen appelait Charlotte, soupirait d'amour pour lui et lui fit une drague échevelée ( : ) après la mort de Marie-Antoinette.
Petite piqûre de rappel : je vous avais déjà parlé de " la petite ", après le voyage manqué de la famille royale vers Montmédy, Hedwige-Charlotte relate à Sophie les circonstances de la séparation de Bondy et comment Louis XVI a envoyé Fersen retrouver Monsieur à Mons pour lui porter le message du succès de la sortie de Paris de la famille royale .
C'est ici :
https://marie-antoinette.forumactif.org/t2441-ecrits-de-la-duchesse-de-sudermanie-relatifs-a-varennes-et-la-separation-a-bondy?highlight=bondy
D'autres lettres suivront et qui nous feront notamment découvrir cette folle de Mme de Saint-Priest, ( car Sophie et Charlotte, comme tous les duos de copines, échangeaient de petits commérages : ), mais d'abord, je vous cite Françoise Kermina :
Le retour du célèbre Suédois ( en 1794 ) fit sensation à Stockholm. L'inconsolable amant d'une reine infortunée voyait s'ouvrir tout grands les salons et les alcôves. Les femmes s'empressaient autour de lui, rejetées au fur et à mesure :
" J'ai mis une espèce d'orgueil à ne faire la cour à aucune, j'étais d'ailleurs trop triste pour cela."
Ce n'était pas avec la reine qu'il comparait ces grosses Suédoises peu délurées, mais avec Éléonore . Il eu cependant du mal à se débarrasser de la plus tenace, la duchesse de Sudermanie, codée " la petite " dans le dagbok. Hedwige-Charlotte aimait son " lang Axel " depuis le premier regard. Elle avait bien voulu s'effacer devant une rivale aussi forte que la reine de France, et elle avait même pris pour amant, faute de mieux, Fabian de Fersen. Mais puisque le chevalier désormais était libre, elle ne se gênait pas pour lui faire du pied sous la table pendant les déjeuners officiels. ( ) Axel feignait de ne pas s'en apercevoir. La duchesse n'avait pour elle qu'une espèce de drôlerie garçonnière qui lui tenait lieu d'esprit. Elle avait de grands yeux " mais qui ne disaient rien " et un gros visage sans grâce. Comme elle était de plus indiscrète et bavarde, il aurait été bien imprudent de s'afficher avec elle, pour un homme du caractère de Fersen, surtout en demi-disgrâce comme il l'était.
" Cela peut être bon pour un instant de jouissance, sans plus", note-t-il . Mais " la petite " en voulait de ces instants-là :n,,;::::!!!: , et il faillit succomber dans un de ces tête-à-tête qu'elle se ménageait sous prétexte d'audiences protocolaires. Par chance, raconte-t-il à son dagbok, il n'était pas fortement inspiré ce jour-là, et ne se livra donc qu'à de " faibles tentatives " .
Sophie, la bonne complice, se chargea de calmer l'encombrante duchesse qui finissait par faire pitié à Axel : " Elle m'aime beaucoup, et son état doit être affreux ! "
Sa propre séduction, qu'il entretenait d'ailleurs hypocritement par des raffinements d'élégance, en arrivait à l'incommoder. Il osait à peine s'approcher des femmes, de crainte d'avoir à les satisfaire toutes, ce qui était incompatible avec sa mélancolie et son état de santé .
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La " petite " ( en 1774, portant sa robe de mariée, par Roslin )
... et Alma Söderjhelm :
Sophie Fersen, sœur d'Axel, était dans sa jeunesse l'objet de la passion du frère cadet de Gustave III ( décidément, quelle famille !!! ) , le duc Frédéric, qui tout comme son frère Charles avait d'innombrables liaisons amoureuses La sincérité des sentiments du duc Frédérique pour Sophie ne fut d'ailleurs jamais mise en doute par le sénateur Fersen ( ... ) . Sophie aimait-elle le duc Frédéric ? La duchesse Charlotte l'affirme dans son journal intime. ( ... ) Le sénateur Fersen estimait qu'une telle liaison ne convenait pas au prince. La véritable raison, il faut la chercher dans les opinions du sénateur Fersen : ce libéral craignait d'entrer en relations trop intimes avec la famille royale et d'avoir les mains liées par le mariage de sa fille ( ... ) il agit donc pour rompre à jamais la liaison de Sophie avec le duc Frédéric.
Sophie Fersen resta pourtant attachée à la famille royale par les liens très forts mais d'un genre tout différent. Le duc Charles avait épousé en 1772 une jeune princesse allemande de quinze ans, la duchesse Hedwige-Elisabeth-Charlotte. Elle semble dès le début avoir préféré la famille Fersen et le fils cadet du feld-maréchal ( le sénateur Fersen ) , Fabian, devint plus tard son amant quasi-officiel . Son frère aîné Axel ( nous y voilà ! ) jouissait tôt des faveurs de la duchesse. Son journal intime en témoigne suffisamment. Mais les sentiments d'Axel pour la duchesse n'étaient guère profonds ni bien durables, et lorsqu'il revint en Suède en 1794, après un long séjour à l'étranger, il repoussa ses avances et refusa de renouer leur liaison. Il allait même jusqu'à désapprouver nettement la conduite de la duchesse qu'il trouvait absolument incompatible avec la haute situation qu'elle occupait.
Les sentiments qui liaient Sophie Fersen à la duchesse étaient plus solides et plus durables, et leur amitié fut celle qui dura le plus longtemps. Avec Mme Camille Bois de la Motte, fille du marquis de Pons, ministre de France à Stockholm, la duchesse et Sophie formaient un petit cercle intime où l'on cultivait l'amitié sentimentale, et suivait avec passion la destinée romanesque d'Axel Fersen .
... à suivre, bien-sûr !
Sophie Fersen
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55403
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Fersen et " la petite " ... ( Hedwige-Charlotte de Sudermanie)
;
Quelques lettres de Charlotte à Sophie .
Commentaire d'Alma Söderjhelm :
Il est facile de lire entre les lignes de ces lettres et de constater que le vif intérêt de la duchesse n'est pas uniquement motivé par l'amitié qu'elle a pour la sœur de Fersen, Sophie Piper. L'angoisse qu'elle éprouvait pour le sort de Fersen était sincère et réelle car elle l'avait une fois aimé. Elle avoue même franchement à son amie Sophie qu'elle est jalouse de Marie-Antoinette et que cela lui fait de la peine de penser qu'Axel ait donné son cœur à la reine.
Nous donnons ici quelques extraits de sa correspondance avec Sophie. Cette correspondance témoigne assez de l'émotion que provoqua la nouvelle de la fuite et la part qu'y avait prise Axel Fersen Nous y voyons quelle intimité régnait entre la duchesse et Sophie et d'ailleurs avec toute la famille Fersen, et apparaître cet Axel Fersen, don Juan dont l'Histoire a tant parlé.
Ces extraits sont pourtant bien plus intéressants à un autre point de vue : ils révèlent que le secret de la liaison entre Fersen et Marie-Antoinette n'était pas un secret .
Celle-ci a pour sujet la fuite de la famille royale des Tuileries.
Je ne vous poste que les premiers feuillets .
Je tiens ces photos d'Eve qui les a prises elle-même aux archives de Stafsund, Riksarkivet, Stockholm., et qui en a fait les transcriptions .
La duchesse Charlotte à Sophie
10 juillet 1791
Axel est sauvé, ma chère Sophie. C'est ce que j’ai de plus pressé à vous annoncer dans les conjonctures présentes, car sans doute vous êtes peut-être inquiète pour lui. Les nouvelles que je vous ai mandées de Paris étaient très vagues. La poste de vendredi nous en donne les détails. Klinckowström copiera ce qui regarde cet événement pour que je puisse vous l'envoyer. Votre frère a suivi le roi et la reine presque seul,mais par un grand bonheur le roi l’a envoyé à Monsieur, ce qui l’a sauvé, puisqu'à trois postes de la frontière à un endroit nommé Varennes, l’on les a reconnus et arrêtés. M. et Mad. sont à Mons où Axel se trouve aussi ; j’ignore le destin de Camille [du Bois de la Motte], ce qui m’inquiète furieusement. Je n’ai pas eu de ses lettres de deux courriers… F. [Fabian] m’a écrit deux mots pour me faire part de l’événement. Il dit avoir des lettres de votre frère de Mons. Je suppose qu’il vous en mande lui-même le plus grand détail…
[Note de Sophie sur cette lettre, détails] 2 gardes du corps – Axel les a quitté à Bondi – Monsieur à Mons – entre St Menehould et Stenay un endroit nommé Varennes, qu’ils ont été pris – la société d’Artois à Coblentz – à Aix – lui et Bouillé à Bruxelles -
Lundi matin
Votre lettre, ma chère Sophie, me touche sensiblement. Ah! Croyez que j'y prends la plus vive part. Le commencement de celle-ci, j'espère, vous rassurera du moins si votre frère n'a pas récrit dans son entre? Vous avez la satisfaction de savoir qu'il a agi comme un honnête homme et tellement qu'il aurait dû le faire en pareil cas. Un sentiment plus vif y a contribué aussi sans doute, et je souhaite que ce sentiment ne le perde et qu'il veuille retourner en France, ce qui serait une imprudence atroce. J'ai reçu une lettre particulière de Paris où était toute la relation de cet événement, où était dit par apostille: on dit que le C. Fersen a commandé la voiture, qui était une remise de la Rue St. Honoré. Tout Paris lui en veut.
Nos enragés d'ici trouvent que c'est bien fait d'avoir rattrapé la famille de France, et sont surpris que Axel ait voulu se charger de la commission. La Wrede m'a fâchée au plus haut point et hier qu'elle a dîné chez Coral, elle a eu des propos si abominables à ce sujet, tirant sur notre roi à propos de ce qui se trouvait dans la Chronique de Paris, que cela a du être indécent. Aussi Armfelt l'a tancée d'une manière incroyable. Fabian et moi nous nous sommes disputés avec elle et Hierta et quelques uns de nos voisins, à un point incroyable. Son désespoir à cause de cette contre révolution n'était autre que par avarice, car elle craignait que la guerre civile, qui en aurait été immanquablement la suite, ne lui fasse perdre son argent. Fabian, quand la nouvelle est arrivée, m'a communiqué ses craintes au sujet de son frère, le seul auquel j'en ai parlé; mais aujourd'hui tout le monde en parle, et je suppose que bientôt le journal en sera rempli. J'attends la poste avec impatience pour en savoir les suites, car il est à supposer que l'on fera le procès à ceux qui auront été de la partie, et qu'Axel perdra son régiment. L'on dit ici que le roi était du secret et qu'il était d'accord avec votre frère, que même le voyage à Spa n'était que pour être plus proche de l'événement et que l'impératrice ne demandait pas mieux que de soutenir de concert avec le roi la contre révolution de la France. Si Armfelt dit vrai, il est à supposer que le roi était instruit en partie, car je ne l'ai jamais vu plus inquiet que le jour que j'ai soupé à Haga chez le prince Royal. Il était impatient pour recevoir la poste, et me dit nous aurons de grandes nouvelles de France.
Quelques lettres de Charlotte à Sophie .
Commentaire d'Alma Söderjhelm :
Il est facile de lire entre les lignes de ces lettres et de constater que le vif intérêt de la duchesse n'est pas uniquement motivé par l'amitié qu'elle a pour la sœur de Fersen, Sophie Piper. L'angoisse qu'elle éprouvait pour le sort de Fersen était sincère et réelle car elle l'avait une fois aimé. Elle avoue même franchement à son amie Sophie qu'elle est jalouse de Marie-Antoinette et que cela lui fait de la peine de penser qu'Axel ait donné son cœur à la reine.
Nous donnons ici quelques extraits de sa correspondance avec Sophie. Cette correspondance témoigne assez de l'émotion que provoqua la nouvelle de la fuite et la part qu'y avait prise Axel Fersen Nous y voyons quelle intimité régnait entre la duchesse et Sophie et d'ailleurs avec toute la famille Fersen, et apparaître cet Axel Fersen, don Juan dont l'Histoire a tant parlé.
Ces extraits sont pourtant bien plus intéressants à un autre point de vue : ils révèlent que le secret de la liaison entre Fersen et Marie-Antoinette n'était pas un secret .
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Celle-ci a pour sujet la fuite de la famille royale des Tuileries.
Je ne vous poste que les premiers feuillets .
Je tiens ces photos d'Eve qui les a prises elle-même aux archives de Stafsund, Riksarkivet, Stockholm., et qui en a fait les transcriptions .
La duchesse Charlotte à Sophie
10 juillet 1791
Axel est sauvé, ma chère Sophie. C'est ce que j’ai de plus pressé à vous annoncer dans les conjonctures présentes, car sans doute vous êtes peut-être inquiète pour lui. Les nouvelles que je vous ai mandées de Paris étaient très vagues. La poste de vendredi nous en donne les détails. Klinckowström copiera ce qui regarde cet événement pour que je puisse vous l'envoyer. Votre frère a suivi le roi et la reine presque seul,mais par un grand bonheur le roi l’a envoyé à Monsieur, ce qui l’a sauvé, puisqu'à trois postes de la frontière à un endroit nommé Varennes, l’on les a reconnus et arrêtés. M. et Mad. sont à Mons où Axel se trouve aussi ; j’ignore le destin de Camille [du Bois de la Motte], ce qui m’inquiète furieusement. Je n’ai pas eu de ses lettres de deux courriers… F. [Fabian] m’a écrit deux mots pour me faire part de l’événement. Il dit avoir des lettres de votre frère de Mons. Je suppose qu’il vous en mande lui-même le plus grand détail…
[Note de Sophie sur cette lettre, détails] 2 gardes du corps – Axel les a quitté à Bondi – Monsieur à Mons – entre St Menehould et Stenay un endroit nommé Varennes, qu’ils ont été pris – la société d’Artois à Coblentz – à Aix – lui et Bouillé à Bruxelles -
Lundi matin
Votre lettre, ma chère Sophie, me touche sensiblement. Ah! Croyez que j'y prends la plus vive part. Le commencement de celle-ci, j'espère, vous rassurera du moins si votre frère n'a pas récrit dans son entre? Vous avez la satisfaction de savoir qu'il a agi comme un honnête homme et tellement qu'il aurait dû le faire en pareil cas. Un sentiment plus vif y a contribué aussi sans doute, et je souhaite que ce sentiment ne le perde et qu'il veuille retourner en France, ce qui serait une imprudence atroce. J'ai reçu une lettre particulière de Paris où était toute la relation de cet événement, où était dit par apostille: on dit que le C. Fersen a commandé la voiture, qui était une remise de la Rue St. Honoré. Tout Paris lui en veut.
Nos enragés d'ici trouvent que c'est bien fait d'avoir rattrapé la famille de France, et sont surpris que Axel ait voulu se charger de la commission. La Wrede m'a fâchée au plus haut point et hier qu'elle a dîné chez Coral, elle a eu des propos si abominables à ce sujet, tirant sur notre roi à propos de ce qui se trouvait dans la Chronique de Paris, que cela a du être indécent. Aussi Armfelt l'a tancée d'une manière incroyable. Fabian et moi nous nous sommes disputés avec elle et Hierta et quelques uns de nos voisins, à un point incroyable. Son désespoir à cause de cette contre révolution n'était autre que par avarice, car elle craignait que la guerre civile, qui en aurait été immanquablement la suite, ne lui fasse perdre son argent. Fabian, quand la nouvelle est arrivée, m'a communiqué ses craintes au sujet de son frère, le seul auquel j'en ai parlé; mais aujourd'hui tout le monde en parle, et je suppose que bientôt le journal en sera rempli. J'attends la poste avec impatience pour en savoir les suites, car il est à supposer que l'on fera le procès à ceux qui auront été de la partie, et qu'Axel perdra son régiment. L'on dit ici que le roi était du secret et qu'il était d'accord avec votre frère, que même le voyage à Spa n'était que pour être plus proche de l'événement et que l'impératrice ne demandait pas mieux que de soutenir de concert avec le roi la contre révolution de la France. Si Armfelt dit vrai, il est à supposer que le roi était instruit en partie, car je ne l'ai jamais vu plus inquiet que le jour que j'ai soupé à Haga chez le prince Royal. Il était impatient pour recevoir la poste, et me dit nous aurons de grandes nouvelles de France.
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55403
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Fersen et " la petite " ... ( Hedwige-Charlotte de Sudermanie)
;
La duchesse Charlotte à Sophie ( aussi éplorée qu'elle ), le 18 juillet 1791 :
.. Votre lettre, ma chère Sophie, me déchire le cœur. Ha ! vous savez bien aimer ; mon Dieu qu’il est naturel de craindre pour ce qu’on aime. S’il est vrai qu’Axel est allé à Aix, peut-être reviendra-t-il cet hiver. Hélas ! sa situation est bien affreuse. Vous avez d’ailleurs raison qu’il [est] peut-être égal s’il a l’approbation des folles et des esprits exaltés d’anglicisme ; il a fait ce que tout honnête homme aurait dû faire, mais il a mal agi vis-à-vis de votre père, qui jusqu’ici n’a pas reçu un mot de lui. Il avait lu dans les gazettes la nouvelle en question, et était bien heureux que Fabian ait eu l’attention de lui écrire d’abord pour le rassurer, puisqu’il s’inquiétait et s’inquiète encore, et que même il ne croit point que votre frère soit libre puisqu’il ne lui a point écrit.
;
Et trois jours après :
Charlotte à Sophie, le 21 juillet 1791
Silence d'Axel, personne n'a eu des ses nouvelles directement, leurs craintes
Aveu de son amour pour Fersen et de son désespoir de n'en être pas aimée :
… vous avez raison de dire que si le despotisme et affreux, l'anarchie l'est bien plus encore… Sur les affaires de France il n'y pas de grande nouvelle ce jour de concret, mais ce que l'on a su des lettres particulières est qu'il y a trois avis sur le sort de roi. Les enragées veulent qu'on lui fasse un procès ainsi qu'à la reine, et que ce soit l'histoire de Charles Ier. Ceux qui ne le sont pas veulent lui rendre l'ombre d'autorité qu'il avait et le remettre sur le trône, et encore d'autres veulent le déclarer incapable de reprendre les rênes du gouvernement puisqu'il a manqué à son serment et faire une gageure en mettant le dauphin sur le trône, en renvoyant la reine ainsi qu'en enfermant le roi ou lui donner une modique pension. Cependant Dieu sait de que tout ceci deviendra.
Jamais rien n'a plus vivement affecté mon coeur que toutes les calamités de France ...
Pour ce qui est des réflexions que je vous ai communiquées sur l’oubli et la négligence ( de Fersen a son égard ), ce n'est pas de ce moment que je m'en suis aperçue. Depuis quatre ans déjà j'ai tâché de pouvoir m'y accoutumer, quelque chose que mon cœur ait souffert. Je n'y ai réussi que faiblement. Le moment présent m'en persuade de plus en plus. Ne croyez pas cependant que je sois injuste. Ce qu'il a fait dans ce moment, il a dû le faire. Ses raisons étaient dignes d'un cœur honnête et de son cœur; même si dans ce moment il peut encore travailler pour cette cause, il le doit. Des devoirs sacrés même l'y engagent, des devoirs doux dont vous et moi nous pouvons nous douter, et qui augmentent les soins qu'il doit avoir pour les sauver ; ne croyez point que je sois injuste jusqu'à ce point, mais il est cruel de savoir que l'amitié que j'ai eue n'était que l'ouvrage du moment. J'ai dû m'y préparer d'après tout ce que je savais, mais cependant mon cœur en souffre, et le temps seul pourra guérir cette blessure. Dieu veuille qu'il soit heureux, c'est mon seul et unique souhait, et que du moins les craintes que vous me témoignez n'aient pas un fâcheux pronostic. Ce silence me parait incroyable, et même j'espère qu'il ne durera pas longtemps.
J'ai vu hier Mme de St. Priest qui a été présentée; jamais je n'ai vu quelqu'un plus embarrassé. J'ai vu qu'elle tombait en rêverie quand elle m'a vue sortir. Je ne sais pourquoi, si c'était par embarras ou quel était le motif, mais jamais je n’ai rien vu de tel
La duchesse Charlotte à Sophie ( aussi éplorée qu'elle ), le 18 juillet 1791 :
.. Votre lettre, ma chère Sophie, me déchire le cœur. Ha ! vous savez bien aimer ; mon Dieu qu’il est naturel de craindre pour ce qu’on aime. S’il est vrai qu’Axel est allé à Aix, peut-être reviendra-t-il cet hiver. Hélas ! sa situation est bien affreuse. Vous avez d’ailleurs raison qu’il [est] peut-être égal s’il a l’approbation des folles et des esprits exaltés d’anglicisme ; il a fait ce que tout honnête homme aurait dû faire, mais il a mal agi vis-à-vis de votre père, qui jusqu’ici n’a pas reçu un mot de lui. Il avait lu dans les gazettes la nouvelle en question, et était bien heureux que Fabian ait eu l’attention de lui écrire d’abord pour le rassurer, puisqu’il s’inquiétait et s’inquiète encore, et que même il ne croit point que votre frère soit libre puisqu’il ne lui a point écrit.
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Et trois jours après :
Charlotte à Sophie, le 21 juillet 1791
Silence d'Axel, personne n'a eu des ses nouvelles directement, leurs craintes
Aveu de son amour pour Fersen et de son désespoir de n'en être pas aimée :
… vous avez raison de dire que si le despotisme et affreux, l'anarchie l'est bien plus encore… Sur les affaires de France il n'y pas de grande nouvelle ce jour de concret, mais ce que l'on a su des lettres particulières est qu'il y a trois avis sur le sort de roi. Les enragées veulent qu'on lui fasse un procès ainsi qu'à la reine, et que ce soit l'histoire de Charles Ier. Ceux qui ne le sont pas veulent lui rendre l'ombre d'autorité qu'il avait et le remettre sur le trône, et encore d'autres veulent le déclarer incapable de reprendre les rênes du gouvernement puisqu'il a manqué à son serment et faire une gageure en mettant le dauphin sur le trône, en renvoyant la reine ainsi qu'en enfermant le roi ou lui donner une modique pension. Cependant Dieu sait de que tout ceci deviendra.
Jamais rien n'a plus vivement affecté mon coeur que toutes les calamités de France ...
Pour ce qui est des réflexions que je vous ai communiquées sur l’oubli et la négligence ( de Fersen a son égard ), ce n'est pas de ce moment que je m'en suis aperçue. Depuis quatre ans déjà j'ai tâché de pouvoir m'y accoutumer, quelque chose que mon cœur ait souffert. Je n'y ai réussi que faiblement. Le moment présent m'en persuade de plus en plus. Ne croyez pas cependant que je sois injuste. Ce qu'il a fait dans ce moment, il a dû le faire. Ses raisons étaient dignes d'un cœur honnête et de son cœur; même si dans ce moment il peut encore travailler pour cette cause, il le doit. Des devoirs sacrés même l'y engagent, des devoirs doux dont vous et moi nous pouvons nous douter, et qui augmentent les soins qu'il doit avoir pour les sauver ; ne croyez point que je sois injuste jusqu'à ce point, mais il est cruel de savoir que l'amitié que j'ai eue n'était que l'ouvrage du moment. J'ai dû m'y préparer d'après tout ce que je savais, mais cependant mon cœur en souffre, et le temps seul pourra guérir cette blessure. Dieu veuille qu'il soit heureux, c'est mon seul et unique souhait, et que du moins les craintes que vous me témoignez n'aient pas un fâcheux pronostic. Ce silence me parait incroyable, et même j'espère qu'il ne durera pas longtemps.
J'ai vu hier Mme de St. Priest qui a été présentée; jamais je n'ai vu quelqu'un plus embarrassé. J'ai vu qu'elle tombait en rêverie quand elle m'a vue sortir. Je ne sais pourquoi, si c'était par embarras ou quel était le motif, mais jamais je n’ai rien vu de tel
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55403
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Re: Fersen et " la petite " ... ( Hedwige-Charlotte de Sudermanie)
Dans les interférences ( appelons-les ainsi ... ) entre la famille royale de Suède et la famille Fersen, j'oubliais la comtesse de Lowenhielm, née Christina Augusta von Fersen .
En somme, si nous récapitulons, Gustave ( avant de se savoir homosexuel, sans doute ) en pinçait pour Mme Fersen, mère d'Axel . Son frère Frédéric se vit refuser la main de Sophie, soeur d'Axel . Sa belle-soeur Charlotte ( " la petite " ) , épouse de son frère Charles de Sudermanie, aimait Axel et s'est consolée de son indifférence dans les bras de Fabian, jeune frère d'Axel, pendant que son mari entretenait une liaison avec Christina von Fersen, la cousine germaine d'Axel ...
Qui dit mieux ?!! : : :
Eh bien voilà, j'avais zappé Augusta .
C'est la Revue des Deux Mondes qui me la rappelle :
Elle ( l'épouse de Gustave III ) est glaciale et hautaine ; toujours repliée sur elle-même, depuis surtout qu’elle a perdu son second fils mort au berceau, elle n’attire pas. Seuls le grand écuyer Munk, artisan de sa réconciliation avec le roi, et sa favorite, la baronne Mandeström, semblent avoir trouvé grâce auprès d’elle. C’est à peine si les gais propos de ses belles-sœurs, la princesse Sophie-Albertine, sœur de Gustave III, grosse fille dépourvue de charme, vouée volontairement au célibat, abbesse honoraire de Quildembourg en Allemagne, et la sémillante Hedwige-Elisabeth-Charlotte, duchesse de Sudermanie, née Holstein-Gottorp, parviennent à la dérider. Elle les regarde aller, venir, papillonner, comme presque indifférente à leurs ébats, sans même remarquer ce qui monte de mélancolie dans les yeux d’Hedwige-Elisabeth-Charlotte lorsqu’ils se posent sur son mari le duc de Sudermanie, frère du Roi, dont elle n’ignore pas les infidélités et qui ne prend même pas la peine de les lui cacher.
Soudain, l’attention de la duchesse est détournée de ce qui l’avait péniblement captivée, par l’apparition d’un charmant trio féminin qui s’est rapproché d’elle : Mlle de la Motte, la comtesse Sophie Piper et la cousine de celle-ci, la comtesse Augusta de Lowenhielm. Ces deux dernières appartiennent à l’illustre famille Fersen, l’une est la fille du comte de Fersen, grand maréchal de la Cour ; le père de l’autre est le feld-maréchal du même nom, dont le fils Axel de Fersen réside en France où le retient l’intérêt que lui témoigne la reine Marie-Antoinette.
Augusta de Lowenhielm et Sophie Piper doivent à leurs aventures de cœur, non moins qu’à leur naissance, qu’à leur grâce et qu’à leur esprit, de ne pouvoir passer inaperçues. Augusta a été jadis, peu après son mariage, la maîtresse du duc de Sudermanie qui était encore célibataire. Un enfant est même né de leurs relations, dont le comte, de Lowenhielm, mort depuis, s’est laissé attribuer la paternité. La liaison a été rompue sur l’initiative de la maîtresse, quand la raison d’Etat et la volonté du Roi ont obligé l’amant à se marier. Plus tard, elle s’est renouée.
https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Revue_des_Deux_Mondes_-_1912_-_tome_10.djvu/352
En somme, si nous récapitulons, Gustave ( avant de se savoir homosexuel, sans doute ) en pinçait pour Mme Fersen, mère d'Axel . Son frère Frédéric se vit refuser la main de Sophie, soeur d'Axel . Sa belle-soeur Charlotte ( " la petite " ) , épouse de son frère Charles de Sudermanie, aimait Axel et s'est consolée de son indifférence dans les bras de Fabian, jeune frère d'Axel, pendant que son mari entretenait une liaison avec Christina von Fersen, la cousine germaine d'Axel ...
Qui dit mieux ?!! : : :
Eh bien voilà, j'avais zappé Augusta .
C'est la Revue des Deux Mondes qui me la rappelle :
Elle ( l'épouse de Gustave III ) est glaciale et hautaine ; toujours repliée sur elle-même, depuis surtout qu’elle a perdu son second fils mort au berceau, elle n’attire pas. Seuls le grand écuyer Munk, artisan de sa réconciliation avec le roi, et sa favorite, la baronne Mandeström, semblent avoir trouvé grâce auprès d’elle. C’est à peine si les gais propos de ses belles-sœurs, la princesse Sophie-Albertine, sœur de Gustave III, grosse fille dépourvue de charme, vouée volontairement au célibat, abbesse honoraire de Quildembourg en Allemagne, et la sémillante Hedwige-Elisabeth-Charlotte, duchesse de Sudermanie, née Holstein-Gottorp, parviennent à la dérider. Elle les regarde aller, venir, papillonner, comme presque indifférente à leurs ébats, sans même remarquer ce qui monte de mélancolie dans les yeux d’Hedwige-Elisabeth-Charlotte lorsqu’ils se posent sur son mari le duc de Sudermanie, frère du Roi, dont elle n’ignore pas les infidélités et qui ne prend même pas la peine de les lui cacher.
Soudain, l’attention de la duchesse est détournée de ce qui l’avait péniblement captivée, par l’apparition d’un charmant trio féminin qui s’est rapproché d’elle : Mlle de la Motte, la comtesse Sophie Piper et la cousine de celle-ci, la comtesse Augusta de Lowenhielm. Ces deux dernières appartiennent à l’illustre famille Fersen, l’une est la fille du comte de Fersen, grand maréchal de la Cour ; le père de l’autre est le feld-maréchal du même nom, dont le fils Axel de Fersen réside en France où le retient l’intérêt que lui témoigne la reine Marie-Antoinette.
Augusta de Lowenhielm et Sophie Piper doivent à leurs aventures de cœur, non moins qu’à leur naissance, qu’à leur grâce et qu’à leur esprit, de ne pouvoir passer inaperçues. Augusta a été jadis, peu après son mariage, la maîtresse du duc de Sudermanie qui était encore célibataire. Un enfant est même né de leurs relations, dont le comte, de Lowenhielm, mort depuis, s’est laissé attribuer la paternité. La liaison a été rompue sur l’initiative de la maîtresse, quand la raison d’Etat et la volonté du Roi ont obligé l’amant à se marier. Plus tard, elle s’est renouée.
https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Revue_des_Deux_Mondes_-_1912_-_tome_10.djvu/352
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Re: Fersen et " la petite " ... ( Hedwige-Charlotte de Sudermanie)
Sophie Piper a bien confirmé à Charlotte qu'il lui faut décidément oublier Fersen qui aime Marie-Antoinette et ne changera pas, car " la petite " lui répond avec une manière de résignation touchante :
La duchesse Charlotte à Sophie 24 juillet 1791
Je ne vous réponds qu'en gros à votre lettre. Les alarmes que vous avez pour Axel me déchirent le cœur; quelque que soit l'oubli auquel je dois m’attendre et qui n'est que manifeste, je ne puis le savoir malheureux sans gémir. Mon amitié lui souhaiterait toujours le bonheur le plus parfait. Croyez-vous qu'il revienne avec le roi ? J'en doute. On assure que Monsieur doit se déclarer peut-être administrateur jusqu'au moment de la liberté du roi de France. Dans ce cas, je suppose qu'il suivra le courant. Dieu veuille qu'il ne lui arrive rien de malheureux. C'est peut-être le moyen de faire composer l'assemblée avec le roi, et d'éviter la guerre civile.
Les frasques de son mari avec Augusta von Fersen comtesse Löwenhielm ( qui trompe le duc Charles avec le baron von Essen ) lui sont parfaitement indifférentes .
Charlotte écrit même dans son fameux Journal intime : « Elle est sans aucun doute charmante, sa figure est plaisante, son allure distinguée et lorsqu'elle est parée pour le bal, elle est magnifique ». En ce qui concerne ses traits de caractère, la duchesse remarque qu'Augusta n'a pas de mauvaise influence sur le prince Charles, et que suffisamment tolérante elle-même, elle tolère les écarts du prince avec gentillesse.« L'autre jour, la comtesse Löwenhielm est arrivée en retard pour le dîner, un quart d'heure après qu'il eut commencé et malheureusement en même temps que le baron von Essen. Nous avons tous trouvé cela amusant, car nous sommes au courant de leur liaison, et personne ne pouvait s'empêcher de sourire. »
Toujours le même témoignage : tout le monde sait avec qui tout le monde fait des galipettes et tout le monde s'en amuse .
La duchesse Charlotte à Sophie 24 juillet 1791
Je ne vous réponds qu'en gros à votre lettre. Les alarmes que vous avez pour Axel me déchirent le cœur; quelque que soit l'oubli auquel je dois m’attendre et qui n'est que manifeste, je ne puis le savoir malheureux sans gémir. Mon amitié lui souhaiterait toujours le bonheur le plus parfait. Croyez-vous qu'il revienne avec le roi ? J'en doute. On assure que Monsieur doit se déclarer peut-être administrateur jusqu'au moment de la liberté du roi de France. Dans ce cas, je suppose qu'il suivra le courant. Dieu veuille qu'il ne lui arrive rien de malheureux. C'est peut-être le moyen de faire composer l'assemblée avec le roi, et d'éviter la guerre civile.
Les frasques de son mari avec Augusta von Fersen comtesse Löwenhielm ( qui trompe le duc Charles avec le baron von Essen ) lui sont parfaitement indifférentes .
Charlotte écrit même dans son fameux Journal intime : « Elle est sans aucun doute charmante, sa figure est plaisante, son allure distinguée et lorsqu'elle est parée pour le bal, elle est magnifique ». En ce qui concerne ses traits de caractère, la duchesse remarque qu'Augusta n'a pas de mauvaise influence sur le prince Charles, et que suffisamment tolérante elle-même, elle tolère les écarts du prince avec gentillesse.« L'autre jour, la comtesse Löwenhielm est arrivée en retard pour le dîner, un quart d'heure après qu'il eut commencé et malheureusement en même temps que le baron von Essen. Nous avons tous trouvé cela amusant, car nous sommes au courant de leur liaison, et personne ne pouvait s'empêcher de sourire. »
Toujours le même témoignage : tout le monde sait avec qui tout le monde fait des galipettes et tout le monde s'en amuse .
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Re: Fersen et " la petite " ... ( Hedwige-Charlotte de Sudermanie)
La duchesse Charlotte tremble que Fersen ne retourne en France. àè-è\':
Elle écrit à Sophie, on le voit, tous les deux jours ou presque .
Ainsi, le 1er août 1791 :
C'est dans ce Moniteur qu'il y a une diatribe incroyable contre les rois. Tous sont passés en revue ainsi que tous les gouvernements de l'Europe, dont chacun à son petit mot. Ce sont des horreurs en un mot tel que le papier que je vous ai envoyé, dans le même genre. Alors ce n'était que le roi qui y était nommé; présentement tous les souverains de l'Europe y sont. C'est un membre du Club de la Constitution qui a tenu ce discours dont le Moniteur fait mention. Comme Armfelt n'est pas fort décrié, il n'a pas non plus eut cette manière en vue avec l'envoi d'Axel à Vienne, car présentement il en a parlé avec plusieurs personnes. On dit qu'il y est allé pour une lettre que la R. avait eu de son frère, où celui-ci lui promet de ne point l'abandonner au cas qu'elle ne puisse se sauver des mains de ses persécuteurs, et qu'on lui a donné la permission de réclamer l'effet de cette promesse, soit que notre R l'y a engagée ou que peut-être c'était une chose convenue avant. Je crains je vous l'avoue que toute cette histoire de France ne sera à la fin nuisible à tous les autres royaumes, car on parle de ligue formidable entre tous les rois. Mais cependant n'en faite pas mention à d'autre que votre père, car on ne veut point que cela soit connu au cas cependant que ce soit une vérité; car vous connaissez nos mensonges, ma chère Sophie, et le désir que nous avons d'en inventer. Armfelt a assuré hier que le roi serait ici le 10 et peut-être plus tôt, mais cela n'a cependant pas de rapport avec un courrier qu'on reçoit aujourd'hui du roi. Si son retour était si proche je doute qu'on lui en enverrait.
Mme de Saint-Priest est allée en Russie pour être de retour au plus tard vers la fin de septembre; elle est restée. Il m'a paru qu'elle était fort gaie, et d'un commerce très aisé partout. Elle a de beaux yeux mais d'ailleurs elle n'est pas jolie, quoique je crois qu'elle l'a été. Elle a de jolies mains, mais la gorge pas trop bien. Comme en recommence a ouvrir les fichus, on voit les gorges, ce qui commence à faire mon supplice, et je suppose fera aussi le vôtre, car je sais, ma chère Sophie, que vous n'aimez pas à faire voir votre gorge.
Ce mardi matin
Je vous envoie une lettre de Camille que j'ai reçue par la dernière poste, où elle m'envoie la description de la fête qu'on a faite aux cendres de Voltaire. Il faut que cette Mme de Villette soit bien ridicule. J'ai reçu par la même poste une seconde lettre d'elle, qu'elle avait envoyée à la frontière par un étranger, peut-être par un courrier suédois, car je sais que le roi en a envoyé plusieurs déjà. Elle m'y marque en blanc qu'elle me prie au nom de Dieu d'empêcher que Axel retourne jamais à Paris. Comme il n'y a que vous à qui je puisse le mander, je m'empresse de le faire. Tachez par T. ( Taube ) de le faire, si vous pouvez. S'il est vrai qu'il soit à Vienne, il ne risque rien, mais Dieu veuille que la fantaisie ne le prenne pas de retourner de nouveau à Paris. Ce serait à coup sûr l'exposer furieusement partout. Comme j'ai lu dans le Moniteur qu'il est accusé d'avoir eu part au départ de la famille royale, et qu'on a décrété qu'on serait contre ceux qui étaient mêlés dans cette affaire, je sais que je vous afflige, ma chère Sophie, par la crainte que je vous donne, mais c'est une chose nécessaire. Camille me prie seulement de ne point dire que c'est elle qui m'en a avertie. Je vais lui répondre aujourd'hui et la rassurer, car elle m'a paru à son sujet dans des craintes mortelles. Elle m'exhorte plusieurs fois à faire tout au monde pour qu'Axel ne retourne pas à Paris, dans la gazette d'aujourd'hui, il est accusé et son procès sera fait comme à Mons : Bouillé y joue un rôle glorieux mais bien dangereux pour lui.
Dieu veuille qu'il ne soit pas arrivé malheur à cette pauvre famille de Bourbon !
Je vous félicite d'avoir eu des nouvelles directes d'Axel, je souhaite qu'il soit heureux et que les fatigues, les tracas et les chagrins ne nuisent à sa santé . Les voeux que je fais sont très désintéressés . Je ne pense qu'à lui dans ce moment et son amie ne saurait en faire autrement ...
Elle écrit à Sophie, on le voit, tous les deux jours ou presque .
Ainsi, le 1er août 1791 :
C'est dans ce Moniteur qu'il y a une diatribe incroyable contre les rois. Tous sont passés en revue ainsi que tous les gouvernements de l'Europe, dont chacun à son petit mot. Ce sont des horreurs en un mot tel que le papier que je vous ai envoyé, dans le même genre. Alors ce n'était que le roi qui y était nommé; présentement tous les souverains de l'Europe y sont. C'est un membre du Club de la Constitution qui a tenu ce discours dont le Moniteur fait mention. Comme Armfelt n'est pas fort décrié, il n'a pas non plus eut cette manière en vue avec l'envoi d'Axel à Vienne, car présentement il en a parlé avec plusieurs personnes. On dit qu'il y est allé pour une lettre que la R. avait eu de son frère, où celui-ci lui promet de ne point l'abandonner au cas qu'elle ne puisse se sauver des mains de ses persécuteurs, et qu'on lui a donné la permission de réclamer l'effet de cette promesse, soit que notre R l'y a engagée ou que peut-être c'était une chose convenue avant. Je crains je vous l'avoue que toute cette histoire de France ne sera à la fin nuisible à tous les autres royaumes, car on parle de ligue formidable entre tous les rois. Mais cependant n'en faite pas mention à d'autre que votre père, car on ne veut point que cela soit connu au cas cependant que ce soit une vérité; car vous connaissez nos mensonges, ma chère Sophie, et le désir que nous avons d'en inventer. Armfelt a assuré hier que le roi serait ici le 10 et peut-être plus tôt, mais cela n'a cependant pas de rapport avec un courrier qu'on reçoit aujourd'hui du roi. Si son retour était si proche je doute qu'on lui en enverrait.
Mme de Saint-Priest est allée en Russie pour être de retour au plus tard vers la fin de septembre; elle est restée. Il m'a paru qu'elle était fort gaie, et d'un commerce très aisé partout. Elle a de beaux yeux mais d'ailleurs elle n'est pas jolie, quoique je crois qu'elle l'a été. Elle a de jolies mains, mais la gorge pas trop bien. Comme en recommence a ouvrir les fichus, on voit les gorges, ce qui commence à faire mon supplice, et je suppose fera aussi le vôtre, car je sais, ma chère Sophie, que vous n'aimez pas à faire voir votre gorge.
Ce mardi matin
Je vous envoie une lettre de Camille que j'ai reçue par la dernière poste, où elle m'envoie la description de la fête qu'on a faite aux cendres de Voltaire. Il faut que cette Mme de Villette soit bien ridicule. J'ai reçu par la même poste une seconde lettre d'elle, qu'elle avait envoyée à la frontière par un étranger, peut-être par un courrier suédois, car je sais que le roi en a envoyé plusieurs déjà. Elle m'y marque en blanc qu'elle me prie au nom de Dieu d'empêcher que Axel retourne jamais à Paris. Comme il n'y a que vous à qui je puisse le mander, je m'empresse de le faire. Tachez par T. ( Taube ) de le faire, si vous pouvez. S'il est vrai qu'il soit à Vienne, il ne risque rien, mais Dieu veuille que la fantaisie ne le prenne pas de retourner de nouveau à Paris. Ce serait à coup sûr l'exposer furieusement partout. Comme j'ai lu dans le Moniteur qu'il est accusé d'avoir eu part au départ de la famille royale, et qu'on a décrété qu'on serait contre ceux qui étaient mêlés dans cette affaire, je sais que je vous afflige, ma chère Sophie, par la crainte que je vous donne, mais c'est une chose nécessaire. Camille me prie seulement de ne point dire que c'est elle qui m'en a avertie. Je vais lui répondre aujourd'hui et la rassurer, car elle m'a paru à son sujet dans des craintes mortelles. Elle m'exhorte plusieurs fois à faire tout au monde pour qu'Axel ne retourne pas à Paris, dans la gazette d'aujourd'hui, il est accusé et son procès sera fait comme à Mons : Bouillé y joue un rôle glorieux mais bien dangereux pour lui.
Dieu veuille qu'il ne soit pas arrivé malheur à cette pauvre famille de Bourbon !
Je vous félicite d'avoir eu des nouvelles directes d'Axel, je souhaite qu'il soit heureux et que les fatigues, les tracas et les chagrins ne nuisent à sa santé . Les voeux que je fais sont très désintéressés . Je ne pense qu'à lui dans ce moment et son amie ne saurait en faire autrement ...
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Re: Fersen et " la petite " ... ( Hedwige-Charlotte de Sudermanie)
Par My Hellsing, doctorante en histoire moderne, le 23 mai 2011 à l’Université Bordeaux 3
Je travaille sur une duchesse à la cour de Suède, Charlotte de Sudermanie, belle-sœur du Roi de Suède : plus précisément sur le quotidien et la vie politique à son époque (notamment sa propre activité politique) à travers ses écrits.
La duchesse Charlotte est née princesse allemande en 1759 et mariée à l’âge de 15 ans à son cousin, le duc Charles. Elle rédigea des mémoires en français durant toute sa vie en Suède, de 1775 jusqu’à sa mort en 1818. Elle est devenue reine en 1809. Etant donné qu’elle n’eut pas d’enfant avec son époux, ils adoptèrent Jean-Baptiste Bernadotte, qui est arrivé en Suède en 1810.
Elle est « le duc Saint-Simon de Suède »; si vous permettez cette comparaison. Son écrit reste sans équivalent en Suède. Les historiens consultent toujours ses mémoires afin de connaître tous les événements politiques de l’époque. Les mémoires étaient secrets de son vivant, et furent connus du public en 1868, 50 ans après sa mort. Ils ont été traduits en suédois.
Malgré la notoriété de son ouvrage, aucun historien jusqu’à aujourd’hui n’a étudié son personnage, quoiqu’elle ait laissé à la postérité des archives très riches. J’étudie donc ses correspondances et mémoires tout en français, à part ses livres de compte qu’elle tenait en suédois. Je ressens un intérêt tout particulier pour les milliers de billets qu’elle échangea avec des amies.
Elle était intimement liée à la famille de Fersen, surtout avec la comtesse Sophie, sœur d’Axel de Fersen, dont le père était l’homme politique le plus éminent de l’époque. Il s’opposait au Roi qui souhaitait accroître le pouvoir monarchique. Pendant la diète de 1789, le Roi a fait passer une nouvelle constitution, qui a supprimé le conseil du Roi et les privilèges nobiliaires. Axel de Fersen a essayé de l’empêcher, mais il a été voté par les autres états. Des loyautés partagées entre la famille de son mari et la famille de Fersen, avec qui elle était très attachée par des liens affectifs et amicaux. La famille de Fersen entretenait des liens très proches avec des Français et des étrangers vivant en Suède. Ils ont accueilli l’ambassadeur de France en Suède, le marquis de Pons et sa fille Camille ( Camille du Bois de la Motte ) qui ont vécu en Suède de 1783 à 1789. La marquise, fille de l’ambassadeur a fait passer beaucoup d’informations des envoyés français à la duchesse, qui se tenait au courant des rapports diplomatiques de cette façon. C’est une chose connue que les envoyés se concentraient justement sur les femmes à la cour afin d’obtenir des renseignements politiques.
Les recherches que j’ai faites me permettent de révéler une autre facette de cette duchesse Charlotte. Dans ses mémoires elle se veut neutre, observatrice, mais les billets surtout révèlent qu’elle était très active dans la cause de l’aristocratie, contre le Roi, pas anodin.
Sisyphe
Carnet des jeunes chercheurs en Histoire moderne et contemporaine, CEMMC, Université Michel de Montaigne Bordeaux III
http://sisyphe.hypotheses.org/125
Je travaille sur une duchesse à la cour de Suède, Charlotte de Sudermanie, belle-sœur du Roi de Suède : plus précisément sur le quotidien et la vie politique à son époque (notamment sa propre activité politique) à travers ses écrits.
La duchesse Charlotte est née princesse allemande en 1759 et mariée à l’âge de 15 ans à son cousin, le duc Charles. Elle rédigea des mémoires en français durant toute sa vie en Suède, de 1775 jusqu’à sa mort en 1818. Elle est devenue reine en 1809. Etant donné qu’elle n’eut pas d’enfant avec son époux, ils adoptèrent Jean-Baptiste Bernadotte, qui est arrivé en Suède en 1810.
Elle est « le duc Saint-Simon de Suède »; si vous permettez cette comparaison. Son écrit reste sans équivalent en Suède. Les historiens consultent toujours ses mémoires afin de connaître tous les événements politiques de l’époque. Les mémoires étaient secrets de son vivant, et furent connus du public en 1868, 50 ans après sa mort. Ils ont été traduits en suédois.
Malgré la notoriété de son ouvrage, aucun historien jusqu’à aujourd’hui n’a étudié son personnage, quoiqu’elle ait laissé à la postérité des archives très riches. J’étudie donc ses correspondances et mémoires tout en français, à part ses livres de compte qu’elle tenait en suédois. Je ressens un intérêt tout particulier pour les milliers de billets qu’elle échangea avec des amies.
Elle était intimement liée à la famille de Fersen, surtout avec la comtesse Sophie, sœur d’Axel de Fersen, dont le père était l’homme politique le plus éminent de l’époque. Il s’opposait au Roi qui souhaitait accroître le pouvoir monarchique. Pendant la diète de 1789, le Roi a fait passer une nouvelle constitution, qui a supprimé le conseil du Roi et les privilèges nobiliaires. Axel de Fersen a essayé de l’empêcher, mais il a été voté par les autres états. Des loyautés partagées entre la famille de son mari et la famille de Fersen, avec qui elle était très attachée par des liens affectifs et amicaux. La famille de Fersen entretenait des liens très proches avec des Français et des étrangers vivant en Suède. Ils ont accueilli l’ambassadeur de France en Suède, le marquis de Pons et sa fille Camille ( Camille du Bois de la Motte ) qui ont vécu en Suède de 1783 à 1789. La marquise, fille de l’ambassadeur a fait passer beaucoup d’informations des envoyés français à la duchesse, qui se tenait au courant des rapports diplomatiques de cette façon. C’est une chose connue que les envoyés se concentraient justement sur les femmes à la cour afin d’obtenir des renseignements politiques.
Les recherches que j’ai faites me permettent de révéler une autre facette de cette duchesse Charlotte. Dans ses mémoires elle se veut neutre, observatrice, mais les billets surtout révèlent qu’elle était très active dans la cause de l’aristocratie, contre le Roi, pas anodin.
Sisyphe
Carnet des jeunes chercheurs en Histoire moderne et contemporaine, CEMMC, Université Michel de Montaigne Bordeaux III
http://sisyphe.hypotheses.org/125
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Mme de Sabran- Messages : 55403
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Re: Fersen et " la petite " ... ( Hedwige-Charlotte de Sudermanie)
Ce travail a donc été publié ?
Bien à vous.
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Fersen et " la petite " ... ( Hedwige-Charlotte de Sudermanie)
La biographie de Charlotte ( photo ci-dessus ) est en suédois ... àè-è\':
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Mme de Sabran- Messages : 55403
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Fersen et " la petite " ... ( Hedwige-Charlotte de Sudermanie)
Mais My Hellsing, l'auteur de cette biographie, est bien la doctorante en histoire moderne à l’Université Bordeaux 3 que tu nous présentait
Bien à vous.
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Fersen et " la petite " ... ( Hedwige-Charlotte de Sudermanie)
Oui . J'ai longtemps eu beaucoup de mal à piger toutes ces histoires de succession de Suède, mais l'arrivée improbable ( c'est le cas de le dire ) de Bernadotte sur le trône s'éclaircit.
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Mme de Sabran- Messages : 55403
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Fersen et " la petite " ... ( Hedwige-Charlotte de Sudermanie)
Pareil pour moi... j'associais presque cette accession au trône à Napoléon qui a déposé ses frères à la tête des pays qu'il avait conquis... àè-è\':
A présent tout est plus clair , ouffff ! :
Bien à vous.
A présent tout est plus clair , ouffff ! :
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Fersen et " la petite " ... ( Hedwige-Charlotte de Sudermanie)
Ce Fersen, quel tombeur !
Il confie à son journal intime :
Mardi 25 novembre ( 1794 )
Au bal chez la duchesse .
Depuis longtemps je m'apercevais que la petite continuait à me rechercher. Cela flattait ma vanité sans affecter mon coeur car je n'avais nulle envie de renouer. Elle venait toujours me chercher et restait volontairement où j'étais en causant avec elle et la comtesse de Brahe. Elle m'avait dit qu'elle avait un papier à me faire voir. Elle me le donna en me priant de le lire et de lui rendre. J'y trouvais un billet où elle me demandait une explication sur le pourquoi j'avais de l'éviter et de ne jamais me trouver avec elle chez son amie ( Sophie Piper, sa soeur ) , qu'elle me regardait comme son ami et voulait la mienne et bannir la gêne qu'il semblait y avoir entre nous. Ce billet me parut assez clair d'autant que la conduite avec celui qui lui fait la cour ( Fabian, son frère ) a fort changé depuis mon retour. J'étais ennuyé de devoir y répondre mais j'étais décidé à le faire avec franchise, bonhommie, mais de manière à lui ôter tout espoir et ne lui laisser aucun doute sur mes intentions .
Car, à la suite des billets de Charlotte de Sudermanie à Sophie Piper, il y a des extraits du journal de Fersen .
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Mme de Sabran- Messages : 55403
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Fersen et " la petite " ... ( Hedwige-Charlotte de Sudermanie)
Un an après la mort de Marie-Antoinette, il avait encore le coeur brisé et n'était pas prêt à tomber amoureux d'une autre femme. Un peu comme un veuf.
Le sentiment de la "Petite" n'est peut-être pas étranger à sa mort plusieurs années plus tard. Le mari de la duchesse de Sudermanie, devenu roi, qui le laissera se faire lyncher par la foule, n'avait sans doute pas du apprécier que sa femme soit éprise de Fersen.
Le sentiment de la "Petite" n'est peut-être pas étranger à sa mort plusieurs années plus tard. Le mari de la duchesse de Sudermanie, devenu roi, qui le laissera se faire lyncher par la foule, n'avait sans doute pas du apprécier que sa femme soit éprise de Fersen.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3205
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Fersen et " la petite " ... ( Hedwige-Charlotte de Sudermanie)
Duc d'Ostrogothie a écrit:
Le sentiment de la "Petite" n'est peut-être pas étranger à sa mort plusieurs années plus tard. Le mari de la duchesse de Sudermanie, devenu roi, qui le laissera se faire lyncher par la foule, n'avait sans doute pas du apprécier que sa femme soit éprise de Fersen.
Ah, tais-toi, c'est horrible oui ...
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Mme de Sabran- Messages : 55403
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Fersen et " la petite " ... ( Hedwige-Charlotte de Sudermanie)
La pauvre " Petite " est décidément bien atteinte .
Cet extrait de l'un des petits billets à Sophie me serre le coeur :
Vous me parlez de Lou ( * ) , je désirerais que ma sensibilité à ce sujet me laisse du repos mais c'est de ces choses qu'on nomme impossibles. Je l'éprouve de jour en jour davantage, il faudra pourtant faire de nouveaux efforts, un temps viendra où ils seront nécessaires. Mais n'en parlons pas présentement, je laisse cette discussion pour une autre fois .
Pauvre Charlotte ! Qu'il doit être triste d'aimer sans être aimée.
Note de l'éditeur ( * ) : Axel, le frère de Sophie, revenu en Suède en août 1786, chiffré dans le billet
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Mme de Sabran- Messages : 55403
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Fersen et " la petite " ... ( Hedwige-Charlotte de Sudermanie)
Mme de Sabran a écrit:
Vous me parlez de Lou ( * )
Note de l'éditeur ( * ) : Axel, le frère de Sophie, revenu en Suède en août 1786, chiffré dans le billet
Le surnom qu'elle lui donne ("Lou") a un peu la même sonorité que le surnom donné par Esterhazy à Axel ("le chou").
Mme de Sabran a écrit:
Pauvre Charlotte ! Qu'il doit être triste d'aimer sans être aimée.
Pauvre bibiche.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3205
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Fersen et " la petite " ... ( Hedwige-Charlotte de Sudermanie)
De toute évidence, Fabian ne suffit pas à la consoler .
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Mme de Sabran- Messages : 55403
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Re: Fersen et " la petite " ... ( Hedwige-Charlotte de Sudermanie)
Le samedi 14 février .
( ... ) La petite ne peut se détacher de moi, elle me cherche partout et si elle fait un effort pour s'en aller, elle revient aussitôt. Je n'aurais qu'à vouloir pour renouer et quelques fois j'en serais tenté mais comme ce ne serait que pour le plaisir, il vaut mieux l'aller chercher ailleurs car plusieurs autres considérations m'en empêchent entre autres les procédés . ( )
Dagbok de Fersen
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Mme de Sabran- Messages : 55403
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Fersen et " la petite " ... ( Hedwige-Charlotte de Sudermanie)
J'avoue mal comprendre : plusieurs autres considérations m'en empêchent entre autres les procédés .
C'est koikoi les procédés ?
... pauvre Charlotte que j'imagine collée aux basques de Fersen l'insensible ! ( du moins insensible à son charme à elle )
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Mme de Sabran- Messages : 55403
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Fersen et " la petite " ... ( Hedwige-Charlotte de Sudermanie)
Mme de Sabran a écrit:
J'avoue mal comprendre : plusieurs autres considérations m'en empêchent entre autres les procédés .
C'est koikoi les procédés ?
Peut-être fait-il référence au fait qu'il la trouve trop entreprenante ?... Elle va jusqu'à lui faire du pied sous la table.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3205
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Fersen et " la petite " ... ( Hedwige-Charlotte de Sudermanie)
Il le raconte à son journal treize jours plus tard ( ) : vous n'allez pas y couper !
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Mme de Sabran- Messages : 55403
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Fersen et " la petite " ... ( Hedwige-Charlotte de Sudermanie)
Vendredi 27 février .
A souper du roi la petite manifesta son sentiment pour moi d'une manière un peu forte. Depuis longtemps j'avais remarqué qu'il existait toujours en elle, elle me cherchait partout, elle se plaçait toujours où j'étais. Dernièrement, elle m'avait demandé ma silhouette par un Allemand qui en fait ici ( * ). Tout le monde s'apercevait de son sentiment pour moi mais je n'y prenais pas et j'avais l'air de ne pas m'en douter, mais hier étant venue à la table où j'étais, elle tâcha de rencontrer mon genou avec le sien et le pressa à plusieurs reprises avec expression. Je ne retirais pas le mien et je la laissais mais sans faire autre chose. Cela peut être bon pour un instant de jouissance mais pour l'aimer cela n'est plus possible, mon Eléonore aura toujours la préférence.
( * ) : détail amusant !
Nous avons un sujet sur les silhouettes .
C'est ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t3340-l-art-du-portrait-en-silhouette?highlight=silhouette
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Mme de Sabran- Messages : 55403
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Fersen et " la petite " ... ( Hedwige-Charlotte de Sudermanie)
J'aime beaucoup cette scène, on se croirait dans les Liaisons dangereuses.
Les Fersen aimaient se faire représenter en silhouette, il y a toute une collection de portraits de la famille Fersen en silhouette à Lofstad.
Les Fersen aimaient se faire représenter en silhouette, il y a toute une collection de portraits de la famille Fersen en silhouette à Lofstad.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3205
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Fersen et " la petite " ... ( Hedwige-Charlotte de Sudermanie)
Duc d'Ostrogothie a écrit:J'aime beaucoup cette scène, on se croirait dans les Liaisons dangereuses.
.
Hein, crois-tu ! C'est qu'elle était ardente, la petite !!!
Mais lui tellement tiède ... vraiment à désespérer .
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Mme de Sabran- Messages : 55403
Date d'inscription : 21/12/2013
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