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Charlotte Corday

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Message par Mme de Sabran Jeu 25 Mai 2017, 23:23

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Chez Tonton, à Jarnac, je suis tombée en arrêt devant ce portrait de Charlotte Corday .   Charlotte Corday 1123740815
Charlotte, de laquelle nous avons amplement parlé parmi les héroïnes de la Révolution, n'avait pas de sujet à elle !  Est-il possible ?!!
J'y remédie  ( ma petite compatriote caennaise, pensez donc !  Very Happy  )

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Marie-Anne-Charlotte de Corday d’Armont, retenue par l'Histoire sous le nom de Charlotte Corday (elle-même toutefois se faisait désigner et signait sa correspondance de son premier prénom Marie), née le 27 juillet 1768 à Saint-Saturnin-des-Ligneries près de Vimoutiers dans le pays d'Auge, guillotinée le 17 juillet 1793 à Paris, est une personnalité de la Révolution française, célèbre pour avoir assassiné Jean-Paul Marat le 13 juillet 1793.

Le Ronceray, la maison où Charlotte Corday a grandi, près de Vimoutiers.  

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Troisième des cinq enfants de François d’Armont, gentilhomme normand, ancien lieutenant aux armées du roi, et de Charlotte-Marie-Jacqueline de Gautier des Authieux de Mesnival (13 mars 1737, morte à Caen le 9 avril 1782), Charlotte Corday est l'arrière-arrière-arrière-petite-fille de Pierre Corneille  ( glorieuse ascendance que confirmerait très certainement les lumières de notre petit Lulu  Very Happy  ) par sa fille Marie (Pierre Corneille x Marie de Lampérière < Marie Corneille x Jacques de Farcy de l'Isle < Françoise de Farcy x Adrien de Corday de Launay-Cauvigny < Jacques-Adrien x Marie-Adélaïde de Belleau de La Motte < Jacques-François de Corday d'Armont < Charlotte).

Manoir du grand-père de Charlotte :

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La légende populaire voulait que Charlotte Corday ait pu s'introduire chez Marat, ancien médecin du duc d'Orléans, grâce à ses relations familiales, mais ce lien n'y fut sans doute pour rien. Sa famille, noble mais déclassée, vit dans une petite maison près de Vimoutiers. Les parents de Charlotte Corday ont eu cinq enfants dont quatre survivent à la petite enfance. L'un de ses frères, François de Corday, né en 1774, sera fusillé à Auray en 1795.

En butte à divers conflits familiaux sur la répartition de l'héritage entre lui et ses frères, François déménage à Caen, la grande ville la plus proche. Veuf en 1782, il se trouve dans la difficulté : comme beaucoup d'autres membres de la petite noblesse, il cherche à placer ses enfants. Refusée quelques années plus tôt dans la prestigieuse maison de Saint-Cyr, Charlotte Corday, alors âgée de treize ans, est admise avec sa sœur cadette à l'abbaye aux Dames à Caen, qui, en tant qu'abbaye royale, devait accueillir les jeunes filles pauvres issues de la noblesse de la province de Normandie.

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L'instruction dans ce couvent est donc soignée. Ses lectures sont alors sérieuses — notamment les auteurs classiques —, traduisant une curiosité intellectuelle. Son père lui prête quelques volumes de Montesquieu et de Rousseau, ce qui permet de supposer qu'elle a acquis une certaine culture philosophique et donc politique.

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Charlotte admire les philosophes, s'ouvre aux idées nouvelles, tout en conservant sa foi religieuse. Pourtant, solitaire, elle est aussi marquée par une piété en voie de transformation, à la fois plus intérieure et spectaculaire : elle cultive le goût du sacrifice, de la mort jeune et de la foi intérieure. C'est au nom de cette foi qu'elle vivra notamment son exécution comme un don de soi, et refusera la confession ultime en prison.

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Elle reste pensionnaire à l'abbaye aux Dames jusqu'en février 1791, puisque la congrégation est dissoute un an après la nationalisation des biens du clergé et la suppression des ordres religieux. Avec la Révolution, le vote de la loi établissant la Constitution civile du clergé le 12 juillet 1790 entraîne donc la fermeture des couvents qui sont déclarés biens nationaux.

Un de ses parents, Frédéric de Corday, racontera plus tard :

« Charlotte avait le feu sacré de l’indépendance, ses idées étaient arrêtées et absolues. Elle ne faisait que ce qu’elle voulait. On ne pouvait pas la contrarier, ceci était inutile, elle n’avait jamais de doutes, jamais d’incertitudes. Son parti une fois pris, elle n’admettait plus de contradiction. Son oncle, le pauvre abbé de Corday m’en a parlé dans les mêmes termes, comme d’une personne qui avait un caractère d’homme. Elle avait, en outre un esprit assez railleur, assez moqueur… Elle était susceptible de sentiments nobles et élevés, de beaux mouvements. Avec l’énergie dont elle était douée, elle s’imposait et n’en faisait jamais qu’à sa tête. Quoique dans la famille les femmes soient toutes énergiques, il n’y en avait pas qui eussent un caractère aussi décidé, aussi capable. Si elle eût commandé un régiment, elle l’eût bien mené, cela se devine. »

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« Rendue au siècle », la jeune femme retourne vivre chez son père, qui avait vendu la ferme « du Ronceray », où elle a grandi, pour en acheter une autre, avec de nouveaux fermages, dits « la ferme des Bois ».
Début juin 1791, Marie-Anne Charlotte de Corday quitte la campagne pour aller vivre à Caen, chez sa tante, Madame de Bretteville-Gouville, rue des Carmes.

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Elle a alors vingt-trois ans, et défend fièrement ses idées constitutionnelles, dans un milieu où l'on compte encore beaucoup de royalistes.

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Après la fuite et l'arrestation du roi à Varennes, les Girondins, qui ont une majorité toute relative à l'Assemblée, sont en butte à l'opposition des députés Montagnards, dont fait partie Marat.
Lors de l'insurrection du 10 août, le roi est suspendu de ses fonctions, puis incarcéré à la tour du Temple. De nombreux « suspects », dont ses derniers serviteurs, répartis dans les prisons de Paris et de province, sont exécutés sommairement entre le 2 et le 7 septembre 1792.
Le député jacobin Jean-Paul Marat, dans son journal radical l'Ami du peuple, se félicite de ces massacres.
Cet événement refroidit nombre d'admirateurs de la Révolution.
Olympe de Gouges écrivait notamment en septembre : « Le sang, même celui des coupables, versé avec cruauté et profusion, souille éternellement les révolutions ». Puis secondant Louvet et les Girondins, Olympe de Gouges dénonce énergiquement le « boutefeu Marat » à l'opinion publique. Les critiques adressées par les Girondins, relayées par les journaux et les articles de Dulaure, Brissot, Condorcet, Mercier ou Villette, furent entendues à Caen.

Marat, symbole de la Terreur   Charlotte Corday Tylych80

Emportés par les assauts de la Commune de Paris et des députés prônant l'exagération révolutionnaire, vingt-neuf députés Girondins sont décrétés d'arrestation immédiate, suite aux journées du 31 mai et du 2 juin 1793 ; plus de la moitié arrive à fuir Paris. Certains trouvent refuge dans le Calvados, près de Caen. Ils y organisent des réunions politiques à l’Hôtel de l'Intendance, sise rue des Carmes (la rue même où Charlotte de Corday loge chez sa tante), réunions auxquelles Charlotte Corday assiste à plusieurs reprises.
Elle aperçoit alors pour la première fois ces députés qu'elle admirait jusqu'à présent de loin, et parmi eux, Buzot, député de l'Eure, Salle, Pétion, l'ancien maire de Paris, Valazé, Kervélégan, Mollevaut, Barbaroux, Louvet, Giroust, Bergoeing, Lesage, Duchastel, Henry-Larivière. Elle entend leurs explications au sujet des journées d'émeute, qui ont précédé leur décret d'arrestation, actes perpétrés par la Commune contre la Convention nationale, prise en otage par la garde nationale.

Marat, depuis son acquittement au Tribunal révolutionnaire, poursuit de sa vindicte les Girondins par son journal interposé ; il symbolise sans doute aux yeux de Corday l'injustice et le mensonge. Il devient sa cible, après qu'elle a entendu le député girondin de Pézenas s'écrier : « Faites tomber la tête de Marat et la patrie est sauvée. »


Le 9 juillet 1793, Charlotte quitte Caen en diligence . Elle fait étape à Lisieux à l'Auberge du Dauphin ( disparu depuis dans les bombardements de 1944 )  

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Elle arrive à Paris, dans le quartier du Palais-Royal à Paris, où elle descend à l’hôtel de la Providence, rue des Vieux-Augustins au no 19, le 11 juillet, à midi.

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Munie d’une lettre d’introduction du député Barbaroux, elle se rend chez le député Claude Romain Lauze de Perret, qui lui fait bon accueil. Dans la conversation, il lui apprend que Marat, souffrant, ne paraît plus à la Convention. Ayant projeté dans un premier temps de tuer Marat à la Convention nationale, cette nouvelle l’oblige à changer de plan.

Le lendemain, elle rédige dans son hôtel un manifeste intitulé « Adresse aux Français amis des lois et de la paix ». Dans ce testament politique, elle annonce son projet d'assassiner Marat, pour sauver la République.
« La Montagne triomphe par le crime et l'oppression, quelques monstres abreuvés de notre sang conduisent ses détestables complots et nous mènent au précipice par mille chemins divers. »
Dans la matinée du 13 juillet, elle cherche par deux fois sans succès à se faire recevoir par « l’Ami du Peuple ». Elle a alors l’idée de lui faire parvenir un court billet :
« Je viens de Caen, votre amour pour la patrie doit vous faire désirer connaître les complots qu’on y médite. J’attends votre réponse. »

En fin de journée, sans réponse, elle décide d’écrire un second billet :
« Je vous ai écrit ce matin, Marat, avez-vous reçu ma lettre ? Je ne puis le croire, puisqu'on m'a refusé votre porte ; j'espère que demain vous m'accorderez une entrevue. Je vous le répète, j'arrive de Caen ; j'ai à vous révéler les secrets les plus importants pour le salut de la République. D'ailleurs je suis persécutée pour la cause de la liberté ; je suis malheureuse, il suffit que je le sois pour avoir droit à votre protection. "
Elle met le billet dans sa poche, sort de sa chambre, fait appeler un fiacre et se rend au no 20 de la rue des Cordeliers.

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Elle a, glissé dans son corsage et rangé dans sa gaine sous le fichu rouge qui recouvrait sa gorge, un couteau de cuisine à manche d’ébène et virole d’argent, qu'elle a acheté le matin même pour 40 sous, dans la boutique du coutelier Badin, sous les arcades du Palais-Royal, au no 177 de l’actuelle galerie de Valois.
Il est sept heures du soir quand son fiacre s’immobilise devant chez Marat.

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L'attentat contre Marat

Alphonse de Lamartine, dans son Histoire des Girondins, a imaginé la scène, qui n’eut en réalité pas de témoin :
« Elle descendit de voiture du côté opposé de la rue, en face de la demeure de Marat. Le jour commençait à baisser, surtout dans ce quartier assombri par des maisons hautes et par des rues étroites. La portière refusa d’abord de laisser pénétrer la jeune inconnue dans la cour. Celle-ci insista néanmoins et franchit quelques degrés de l’escalier, rappelée en vain par la voix de la concierge. À ce bruit, la maîtresse de Marat entrouvrit la porte, et refusa l’entrée de l’appartement à l’étrangère. La sourde altercation entre ces femmes, dont l’une suppliait qu’on la laissât parler à l’Ami du peuple, dont l’autre s’obstinait à barrer la porte, arriva jusqu’aux oreilles de Marat. Il comprit, à ces explications entrecoupées, que la visiteuse était l’étrangère dont il avait reçu deux lettres dans la journée. D’une voix impérative et forte, il ordonna qu’on la laissât pénétrer.
Soit jalousie, soit défiance, Albertine Marat obéit avec répugnance. Elle introduisit la jeune fille dans la petite pièce où se tenait Marat, et laissa, en se retirant, la porte du corridor entrouverte, pour entendre le moindre mot ou le moindre mouvement de son frère.

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Cette pièce était faiblement éclairée. Marat était dans son bain. Dans ce repos forcé de son corps, il ne laissait pas reposer son âme. Une planche mal rabotée, posée sur la baignoire, était couverte de papiers, de lettres ouvertes et de feuilles commencées.
Charlotte évita d’arrêter son regard sur lui, de peur de trahir l’horreur de son âme à cet aspect. Debout, les yeux baissés, les mains pendantes auprès de la baignoire, elle attend que Marat l’interroge sur la situation de la Normandie. Elle répond brièvement, en donnant à ses réponses le sens et la couleur propres à flatter les dispositions présumées du journaliste. Il lui demande ensuite les noms des députés réfugiés à Caen. Elle les lui dicte. Il les note, puis, quand il a fini d’écrire ces noms : « C’est bien ! dit-il de l’accent d’un homme sûr de sa vengeance, avant huit jours ils iront tous à la guillotine ! »
À ces mots, comme si l’âme de Charlotte eût attendu un dernier forfait pour se résoudre à frapper le coup, elle tire de son sein le couteau et le plonge, avec une force surnaturelle, jusqu’au manche dans le cœur de Marat. Charlotte retire du même mouvement le couteau ensanglanté du corps de la victime et le laisse glisser à ses pieds. — « À moi ! ma chère amie ! à moi ! », s'écrie Marat, et il expire sous le coup.
»

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Charlotte Corday est ensuite maîtrisée par Simone Évrard, la compagne de Marat, et ses gens de maison.


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Protégée contre la foule, elle est conduite non loin, à la prison de l'Abbaye où elle subit une fouille en règle.

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Outre quelques objets personnels, on trouve sur elle une feuille de papier pliée en huit, dans laquelle elle explique les raisons de son geste :

« Adresse aux Français amis des lois et de la paix.
« Jusqu’à quand, ô malheureux Français, vous plairez-vous dans le trouble et dans les divisions ? Assez et trop longtemps des factieux, des scélérats, ont mis l’intérêt de leur ambition à la place de l’intérêt général ; pourquoi, victimes de leur fureur, vous anéantir vous-mêmes, pour établir le désir de leur tyrannie sur les ruines de la France ?
« Les factions éclatent de toutes parts, la Montagne triomphe par le crime et l’oppression, quelques monstres abreuvés de notre sang conduisent ces détestables complots […] Nous travaillons à notre propre perte avec plus de zèle et d'énergie que l'on n'en mit jamais à conquérir la liberté ! Ô Français, encore un peu de temps, et il ne restera de vous que le souvenir de votre existence !
« Déjà les départements indignés marchent sur Paris, déjà le feu de la discorde et de la guerre civile embrase la moitié de ce vaste empire ; il est encore un moyen de l'éteindre, mais ce moyen doit être prompt. Déjà le plus vil des scélérats, Marat, dont le nom seul présente l'image de tous les crimes, en tombant sous le fer vengeur, ébranle la Montagne et fait pâlir Danton, Robespierre, ces autres brigands assis sur ce trône sanglant, environnés de la foudre, que les dieux vengeurs de l'humanité ne suspendent sans doute que pour rendre leur chute plus éclatante, et pour effrayer tous ceux qui seraient tentés d'établir leur fortune sur les ruines des peuples abusés !
« Français ! vous connaissez vos ennemis, levez-vous ! Marchez ! que la Montagne anéantie ne laisse plus des frères, des amis ! J'ignore si le ciel nous réserve un gouvernement républicain, mais il ne peut nous donner un Montagnard pour maître que dans l'excès de ses vengeances […] Ô France ! ton repos dépend de l'exécution des lois ; je n'y porte pas atteinte en tuant Marat : condamné par l'univers, il est hors la loi. Quel tribunal me jugera ? Si je suis coupable, Alcide l'était donc lorsqu'il détruisait les monstres ! [...]
« Ô ma patrie ! Tes infortunes déchirent mon cœur ; je ne puis t'offrir que ma vie ! et je rends grâce au ciel de la liberté que j'ai d'en disposer ; personne ne perdra par ma mort ; je n'imiterai point Pâris le meurtrier de Lepeletier de Saint-Fargeau en me tuant. Je veux que mon dernier soupir soit utile à mes concitoyens, que ma tête portée dans Paris soit un signe de ralliement pour tous les amis des lois ! que la Montagne chancelante voie sa perte écrite avec mon sang ! que je sois leur dernière victime, et que l'univers vengé déclare que j'ai bien mérité de l'humanité ! Au reste, si l'on voyait ma conduite d'un autre œil, je m'en inquiète peu :
Qu'à l'univers surpris cette grande action,
Soit un objet d'horreur ou d'admiration
Mon esprit, peu jaloux de vivre en la mémoire,
Ne considère point le reproche ou la gloire.
Toujours indépendante et toujours citoyen,
Mon devoir me suffit, tout le reste n'est rien,
Allez, ne songez plus qu'à sortir d'esclavage !...
« Mes parents et mes amis ne doivent point être inquiétés, personne ne savait mes projets. Je joins mon extrait de baptême à cette adresse, pour montrer ce que peut être la plus faible main conduite par un entier dévouement. Si je ne réussis pas dans mon entreprise, Français ! Je vous ai montré le chemin, vous connaissez vos ennemis ; levez-vous ! Marchez ! Frappez ! »


Le procès

Charlotte est transférée le 15 juillet à la Conciergerie .  

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Elle comparait le lendemain au Tribunal révolutionnaire.
Jacques Bernard Marie Montané préside, assisté des juges Foucault, Roussillon et Ardouin. Fouquier-Tinville occupe sa place d’accusateur public. Au banc du jury siègent Jourdeuil, Fallot, Ganney, Le Roy, Brochet, Chrétien, Godin, Rhoumin, Brichet, Sion, Fualdès et Duplain. Montané lui ayant enjoint de désigner un défenseur, elle choisit le Girondin Doulcet de Pontécoulant, et, en attendant qu’il la rejoigne, on désigne d’office le citoyen Guyot, « homme de loy. »
Le jour même, Fouquier-Tinville informera Doulcet, mais la lettre lui étant parvenue trop tard pour lui permettre d’assumer cette tâche, le président nomme d’office Chauveau-Lagarde, présent à l’audience, défenseur de Charlotte Corday.


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Après la lecture de l’acte d’accusation, l’audition des témoins, on donne lecture de la lettre qu’elle a écrite à son père, le 16 juillet, et qui a été interceptée. Elle revendique son acte en ces termes :

« Pardonnez-moi, mon cher papa, d’avoir disposé de mon existence sans votre permission. J’ai vengé bien d’innocentes victimes, j’ai prévenu bien d’autres désastres. Le peuple, un jour désabusé, se réjouira d’être délivré d’un tyran. Si j’ai cherché à vous persuader que je passais en Angleterre, c’est que j’espérais garder l’incognito, mais j’en ai reconnu l’impossibilité. J’espère que vous ne serez point tourmenté. En tout cas, je crois que vous auriez des défenseurs à Caen. J’ai pris pour défenseur Gustave Doulcet : un tel attentat ne permet nulle défense, c’est pour la forme. Adieu, mon cher papa, je vous prie de m’oublier, ou plutôt de vous réjouir de mon sort, la cause en est belle. J’embrasse ma sœur que j’aime de tout mon cœur, ainsi que tous mes parents. N’oubliez pas ce vers de Corneille :
Le Crime fait la honte, et non pas l’échafaud !
C’est demain à huit heures, qu’on me juge. Ce 16 juillet.
»  

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Après l’intervention de Chauveau-Lagarde, son défenseur, le jury reconnaît que l’accusée a commis l’assassinat « avec des intentions criminelles et préméditées ».
Le tribunal condamne Charlotte Corday à la peine de mort et ordonne qu’elle soit conduite au lieu de l’exécution revêtue de la chemise rouge réservée aux assassins.

L'exécution

Un récit romancé de son exécution figure dans les Mémoires apocryphes de Sanson, en réalité dus à la plume du jeune Honoré de Balzac et de Louis-François L'Héritier de l'Ain. Cette publication destinée à bien se vendre ne peut donc être prise comme un témoignage authentique. Elle révèle bien plutôt la place de Charlotte Corday dans la mémoire de la noblesse catholique et royaliste au XIXème siècle.

Charlotte Corday, La dernière toilette par Mathieu Ward (1871).

« Le mercredi 17, à dix heures du matin, j’allai demander l’ordre au citoyen Fouquier. Le citoyen Fouquier était en séance, il me fit répondre que j’eusse à attendre et à ne pas m’éloigner. Je redescendis et j’allai prendre une bouchée chez le citoyen Fournier. Vers une heure de l’après-midi, un citoyen qui descendait du Tribunal nous dit que la fille était condamnée. Je montai alors et je me trouvais dans la chambre des témoins lorsque le citoyen Fouquier la traversa avec le citoyen Montané. Il ne me vit pas, parce qu’il disputait fort vivement avec ledit Montané, qu’il accusait d’avoir été favorable à l’accusée. Ils restèrent plus d’une heure enfermés dans le cabinet. En sortant, le citoyen Fouquier m’aperçut et me dit avec colère : « Tu es encore là ? » Je lui observai que je n’avais pas eu d’ordre. Le citoyen Fabricius entra avec la minute et la copie du jugement qui fut signée, et nous descendîmes à la Conciergerie. Je parlai au citoyen Richard, et en lui parlant je vis la citoyenne son épouse, qui était toute pâle et comme tremblante. Je lui demandai si elle était malade. Elle me dit : « Attendez au tantôt, et peut-être le cœur vous défaillira-t-il plus qu’à moi. » Le citoyen Richard nous conduisit à la chambre de la condamnée. Les citoyens Firrase et Monet, huissiers du tribunal, entrèrent les premiers, je demeurai sur la porte. Il y avait dans la chambre de la condamnée deux personnes, un gendarme et un citoyen qui prenait son portrait. Elle était assise sur une chaise et écrivait sur le dos d’un livre. Elle ne regarda point les huissiers mais moi, et me fit signe d’attendre. Lorsqu’elle eut fini, les citoyens Firrase et Monet commencèrent la lecture du jugement et, pendant ce temps-là, la citoyenne Corday plia le papier qu’elle avait écrit dans la forme de lettre et la remit au citoyen Monet en le priant de la faire venir au citoyen député Pontécoulant. Alors elle a amené sa chaise au milieu de la chambre : s’étant assise, elle enleva son bonnet, dénoua ses cheveux couleur châtain-clair, qui étaient fort longs et fort beaux, et elle me fit signe de les couper.

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Depuis M. de La Barre, je n’avais pas rencontré tant de courage pour mourir. Nous étions là six ou sept citoyens dont le métier n’est pas fait pour attendrir beaucoup ; elle paraissait moins émue que nous tous et ses lèvres mêmes n’avaient pas perdu leur couleur. Lorsque ses cheveux furent tombés, elle en donna une partie au citoyen peintre qui l’avait dessinée et remit le reste au citoyen Richard pour son épouse. Je lui donnai la chemise rouge qu’elle passa et arrangea elle-même. Elle me demanda, alors que je me préparais à la lier, si elle devait garder ses gants, parce que ceux qui l’avaient liée lors de son arrestation l’avaient si fort serrée, qu’il lui en restait des cicatrices au poignet. Je lui dis qu’elle pouvait faire ce qu’elle désirait, mais que cette précaution était inutile parce que je saurais la lier sans lui faire aucun mal. Elle dit en souriant : « Au fait, ils n’en ont pas votre habitude », et elle me tendit ses mains nues.



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Nous montâmes dans la charrette. Il y avait deux chaises, je l’engageai à s’asseoir, elle refusa. Je lui dis qu’elle avait raison et que, de la sorte, les cahots la fatigueraient moins, elle sourit encore, mais sans me répondre. Elle resta debout, appuyée sur les ridelles. Firmin, qui était assis derrière la voiture, voulut prendre le tabouret, mais je l’en empêchai, et je le mis devant la citoyenne, afin qu’elle pût y accoter un de ses genoux. Il plut et il tonna au moment où nous arrivions sur le quai ; mais le peuple, qui était en grand nombre sur notre passage, ne se dispersa pas comme d’habitude. On avait beaucoup crié au moment où nous étions sortis de l’Arcade, mais plus nous avancions, moins ces cris étaient nombreux. Il n’y avait guère que ceux qui marchaient autour de nous qui injuriaient la condamnée et lui reprochaient la mort de Marat. À une fenêtre de la rue Saint-Honoré, je reconnus les citoyens Robespierre, Camille Desmoulins et Danton. Le citoyen Robespierre paraissait très animé et parlait beaucoup à ses collègues, mais ceux-ci, et particulièrement le citoyen Danton, avaient l’air de ne pas l’écouter, tant ils regardaient fixement la condamnée. Moi-même, à chaque instant, je me détournais pour la regarder, et plus je la regardais, plus j’avais envie de la voir.

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Ce n’était pourtant pas à cause de sa beauté, si grande qu’elle fût ; mais il me semblait impossible qu’elle restât jusqu’à la fin aussi douce, aussi courageuse que je la voyais, je voulais m’assurer qu’elle aurait sa faiblesse comme les autres, mais je ne sais pas pourquoi, chaque fois que je tournais mes yeux sur elle, je tremblais qu’elle n’eut défailli. Cependant, ce que je regardais comme impossible est arrivé. Pendant les deux heures qu’elle a été près de moi, ses paupières n’ont pas tremblé, je n’ai pas surpris un mouvement de colère ou d’indignation sur son visage. Elle ne parlait pas, elle regardait, non pas ceux qui entouraient la charrette et qui lui débitaient leurs saletés, mais les citoyens rangés le long des maisons. Il y avait tant de monde dans la rue que nous avancions bien lentement. Comme elle avait soupiré, je crus pouvoir lui dire : « Vous trouvez que c’est bien long, n’est-ce pas ? » Elle me répondit : « Bah ! nous sommes toujours sûrs d’arriver », et sa voix était aussi calme, aussi flûtée que dans la prison.



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Au moment où nous débouchâmes sur la place de la Révolution, je me levai et me plaçai devant elle pour l’empêcher de voir la guillotine. Mais elle se pencha en avant pour regarder et elle me dit : « J’ai bien le droit d’être curieuse, je n’en avais jamais vu ! » Je crois, néanmoins, que sa curiosité la fit pâlir, mais cela ne dura qu’un instant et presque aussitôt son teint reprit ses couleurs qui étaient fort vives. Au moment où nous descendions de la charrette je m’aperçus que des inconnus étaient mêlés à mes hommes. Pendant que je m’adressais aux gendarmes pour qu’ils m’aidassent à dégager la place, la condamnée avait rapidement monté l’escalier. Comme elle arrivait sur la plateforme, Firmin lui ayant brusquement enlevé son fichu, elle se précipita d’elle-même sur la bascule où elle fut bouclée. Bien que je ne fusse pas à mon poste, je pensai qu’il serait barbare de prolonger, pendant une seconde de plus, l’agonie de cette femme courageuse, et je fis signe à Firmin qui se trouvait auprès du poteau de droite, de lâcher le déclic. J’étais encore au pied de l’échafaud, lorsqu’un de ceux qui avaient voulu se mêler de ce qui ne les regardait pas, un charpentier nommé Legros, qui, pendant la journée avait travaillé à des réparations à la guillotine, ayant ramassé la tête de la citoyenne Corday, la montra au peuple. Je suis pourtant familiarisé avec ces sortes de spectacles et cependant j’eus peur. Il me semblait que c’était sur moi que ces yeux entrouverts étaient fixés et que j’y retrouvais encore cette douceur pénétrante et irrésistible qui m’avait tant étonné. Aussi, je détournai la tête. Ce ne fut que par des murmures que j’entendis autour de moi que j’appris que le scélérat avait souffleté la tête, ce furent les autres qui m’assurèrent qu’elle avait rougi à cette insulte. »

Quant à Jules Michelet, voici le récit qu’il en fit dans son Histoire de la Révolution française :

« Au moment où Charlotte Corday monta sur la charrette, où la foule, animée de deux fanatismes contraires, de fureur ou d’admiration, vit sortir de la basse arcade de la Conciergerie la belle et splendide victime dans son manteau rouge, la nature sembla s’associer à la passion humaine, un violent orage éclata sur Paris. Il dura peu, sembla fuir devant elle, quand elle apparut au Pont-Neuf et qu’elle avançait lentement par la rue Saint-Honoré. Le soleil revint haut et fort ; il n’était pas sept heures du soir (17 juillet). Les reflets de l’étoffe rouge relevaient d’une manière étrange et toute fantastique l’effet de son teint, de ses yeux.

Lettre d'adieu autographe de Charlotte Corday à son père, du 16 juillet 1793, paraphé le 17 juillet par le tribunal criminel révolutionnaire. Archives nationales. AE/II/1368

On assure que Robespierre, Danton, Camille Desmoulins, se placèrent sur son passage et la regardèrent. Paisible image, mais d’autant plus terrible, de la Némésis révolutionnaire, elle troublait les cœurs, les laissait pleins d’étonnement.
Les observateurs sérieux qui la suivirent jusqu’aux derniers moments, gens de lettres, médecins, furent frappés d’une chose rare : les condamnés les plus fermes se soutenaient par l’animation, soit par des chants patriotiques, soit par un appel redoutable qu’ils lançaient à leurs ennemis. Elle montra un calme parfait, parmi les cris de la foule, une sérénité grave et simple ; elle arriva à la place dans une majesté singulière, et comme transformée dans l’auréole du couchant.
Un médecin qui ne la perdait pas de vue dit qu’elle lui sembla un moment pâle, quand elle aperçut le couteau. Mais ses couleurs revinrent, elle monta d’un pas ferme. La jeune fille reparut en elle au moment où le bourreau lui arracha son fichu ; sa pudeur en souffrit, elle abrégea, avançant elle-même au-devant de la mort.
Au moment où la tête tomba, un charpentier maratiste, qui servait d’aide au bourreau, l’empoigna brutalement, et, la montrant au peuple, eut la férocité indigne de la souffleter. Un frisson d’horreur, un murmure parcourut la place. On crut voir la tête rougir. Simple effet d’optique peut-être ; la foule, troublée à ce moment, avait dans les yeux les rouges rayons du soleil qui perçait les arbres des Champs-Élysées.
La Commune de Paris et le tribunal donnèrent satisfaction au sentiment public, en mettant l’homme en prison
. »

À sa mort, les accusateurs jacobins de Charlotte Corday pensent qu'elle a agi par amour pour un homme, aussi font-ils vérifier sa virginité. À leur grand dam, elle est déclarée virgo intacta.
Dès son procès, elle est soit vue comme une tyrannicide libératrice, soit honnie comme une meurtrière parricide. De nombreuses pièces de théâtre lui sont consacrées au XIXe siècle.
Alphonse de Lamartine, dans son Histoire des Girondins, l'appelait « l’ange de l’assassinat ». Les historiens de ce siècle la dépeignent soit comme une ardente héroïne de la Révolution, soit comme une royaliste illuminée.

Peu de temps après sa mort, une controverse naît à Paris à propos de la couleur de ses cheveux. Son passeport la décrit brune alors que Jean-Jacques Hauer peint un portrait de Corday avec des cheveux blonds et poudrés. Cette histoire est liée au contexte anti-royaliste de l'époque, le poudrage des cheveux étant un symbole de la noblesse. Selon la journaliste Clémentine Portier-Kaltenbach, son corps aurait été autopsié à l'hôpital de la Charité pour attester de sa virginité (l'accusateur public lui ayant attribué de nombreux amants) puis transféré au cimetière de la Madeleine, alors que son crâne aurait été conservé par Charles-Henri Sanson, remis à Roussin Corbeau de Saint Albin, secrétaire de Danton puis acquis par la famille Bonaparte  (  Shocked  ) et se trouverait aujourd’hui chez les descendants du prince Radziwiłł en 1859. Les ossements du cimetière de la Madeleine (dont le squelette de Charlotte Corday), désaffecté en 1794, ont été transférés dans les Catacombes de Paris.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Charlotte_Corday
http://www.vimoutiers.net/charlotte_corday5.htm

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Message par Comtesse Diane Ven 26 Mai 2017, 12:28

On y est, ça fait froid dans le dos .

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Message par Mme de Sabran Ven 26 Mai 2017, 14:28

Charlotte vue de la perfide Albion .
Tiens ! elle leur rappelle quelqu'un ... Eventaille

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Message par Comtesse Diane Ven 26 Mai 2017, 15:55

Sans blague, f'raient mieux de pas la ramener, les Angliches, avec  c'te pauv' Jeanne d'Arc mise au barbecue !!!  Hop! Charlotte Corday 3177668066

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Message par Mme de Sabran Ven 26 Mai 2017, 16:21

Comme vous dites, Comtesse !  Charlotte Corday 1123740815

Le saviez-vous ?   Very Happy
André Chénier est l’auteur d'un poème en l’honneur de Charlotte Corday :


Ode à MARIE-ANNE-CHARLOTTE CORDAY


Quoi ! tandis que partout, ou sincères ou feintes,
Des lâches, des pervers, les larmes et les plaintes
Consacrent leur Marat parmi les immortels ;
Et que, prêtre orgueilleux de cette idole vile,
Des fanges du Parnasse, un impudent reptile
Vomit un hymne infâme au pied de ses autels;

La Vérité se tait ! Dans sa bouche glacée,
Des liens de la peur sa langue embarrassée
Dérobe un juste hommage aux exploits glorieux !
Vivre est-il donc si doux ? De quel prix est la vie,
Quand sous un joug honteux la pensée asservie,
Tremblante, au fond du cœur se cache à tous les yeux ?

Non, non, je ne veux point t’honorer en silence,
Toi qui crus par ta mort ressusciter la France,
Et dévouas tes jours à punir des forfaits.
Le glaive arma ton bras, fille grande et sublime,
Pour faire honte aux Dieux, pour réparer leur crime,
Quand d’un homme à ce monstre ils donnèrent les traits.

Le noir serpent sorti de sa caverne impure,
A donc vu rompre enfin sous ta main ferme et sûre
Le venimeux tissu de ses jours abhorrés !
Aux entrailles du tigre, à ses dents homicides,
Tu vins redemander et les membres livides,
Et le sang des humains qu’il avait dévorés !

Son œil mourant t’a vue, en ta superbe joie,
Féliciter ton bras, et contempler ta proie.
Ton regard lui disait : « Va, tyran furieux,
Va, cours frayer la route aux tyrans tes complices.
Te baigner dans le sang fut tes seules délices;
Baigne-toi dans le tien et reconnais tes Dieux. »

La Grèce, ô fille illustre, admirant ton courage,
Épuiserait Paros, pour placer ton image
Auprès d’Harmodios, auprès de son ami ;
Et des chœurs sur ta tombe, en une sainte ivresse,
Chanteraient Némésis, la tardive Déesse,
Qui frappe le méchant sur son trône endormi.

Mais la France à la hache abandonne ta tête,
C’est au monstre égorgé qu’on prépare une fête,
Parmi ses compagnons, tous dignes de son sort.
Oh ! quel noble dédain fit sourire ta bouche,
Quand un brigand, vengeur de ce brigand farouche,
Crut te faire pâlir aux menaces de mort !

C’est lui qui dut pâlir ; et tes juges sinistres,
Et notre affreux sénat, et ses affreux ministres,
Quand, à leur tribunal, sans crainte et sans appui,
Ta douceur, ton langage et simple et magnanime,
Leur apprit qu’en effet, tout puissant qu’est le crime,
Qui renonce à la vie est plus puissant que lui.

Longtemps, sous les dehors d’une allégresse aimable,
Dans ses détours profonds ton âme impénétrable
Avait tenu cachés les destins du pervers.
Ainsi, dans le secret amassant la tempête,
Rit un beau ciel d’azur, qui cependant s’apprête
À foudroyer les monts, et soulever les mers.

Belle, jeune, brillante, aux bourreaux amenée,
Tu semblais t’avancer sur le char d’hyménée,
Ton front resta paisible, et ton regard serein.
Calme sur l’échafaud, tu méprisas la rage
D’un peuple abject, servile, et fécond en outrage,
Et qui se croit alors et libre et souverain.

La vertu seule est libre. Honneur de notre histoire,
Notre immortel opprobre y vit avec ta gloire,
Seule tu fus un homme, et vengeas les humains.
Et nous, eunuques vils, troupeau lâche et sans âme,
Nous savons répéter quelques plaintes de femme,
Mais le fer pèserait à nos débiles mains.

Non ; tu ne pensais pas qu’aux mânes de la France
Un seul traître immolé suffit à sa vengeance,
Ou tirât du chaos ses débris dispersés.
Tu voulais, enflammant les courages timides,
Réveiller les poignards sur tous ces parricides,
De rapine, de sang, d’infamie engraissés.

Un scélérat de moins rampe dans cette fange.
La vertu t’applaudit. De sa mâle louange
Entends, belle héroïne, entends l’auguste voix.
Ô vertu, le poignard, seul espoir de la terre,
Est ton arme sacrée, alors que le tonnerre
Laisse régner le crime, et te vend à ses lois !



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Message par Mme de Sabran Sam 27 Mai 2017, 09:19



Ton front resta paisible, et ton regard serein.
Calme sur l’échafaud, tu méprisas la rage
D’un peuple abject, servile, et fécond en outrage,
Et qui se croit alors et libre et souverain.

Chénier allait connaître le même sort que Charlotte et montrer le même courage héroïque devant la guillotine. Arrivé sur la place de la Révolution, il corna le coin de la page du livre qu'il lisait pendant le parcours de la charrette ! Charlotte Corday 3231074342

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Message par Comtesse Diane Sam 27 Mai 2017, 09:27

Que veut dire : "il coma" Charlotte Corday 3236493444

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Message par Mme de Sabran Sam 27 Mai 2017, 09:30

Il plia le petit coin de la page qu'il lisait, comme pour reprendre sa lecture où il la laissait .  Very Happy
Alors que l'instant d'après, il était mort ...


Dernière édition par Mme de Sabran le Sam 27 Mai 2017, 09:34, édité 1 fois

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Message par Comtesse Diane Sam 27 Mai 2017, 09:33

Merci ! 

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Message par Mme de Sabran Sam 27 Mai 2017, 09:59

Excellent !!! Charlotte Corday 309649167 ... comme tout Sacha ! Very Happy

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Message par Mme de Sabran Sam 27 Mai 2017, 10:56

À sa mort, les accusateurs jacobins de Charlotte Corday pensent qu'elle a agi par amour pour un homme, aussi font-ils vérifier sa virginité. À leur grand dam, elle est déclarée virgo intacta.

Extrait du manuscrit de Mme Maromme, amie de Charlotte :

[...] On a imprimé à diverses reprises que Mlle d'Armont avait aimé le jeune vicomte de Belsunce, et que c'était pour le venger que, quatre ans plus tard, elle avait poignardé Marat. On en a dit autant de Barbaroux, car la tragédie sans amour ne répond pas au goût du siècle. Ces deux assertions sont également fausses et absurdes : non seulement elle n'a jamais aimé M. de Belsunce, mais elle se moquait de ses manières efféminées. Aucun homme ne fit la moindre impression sur elle ; ses pensées étaient ailleurs. Je puis du reste affirmer que rien n'était plus éloigné d'elle que l'idée du mariage. Elle avait refusé plusieurs partis fort convenables et déclaré sa ferme résolution de ne pas changer de position.
Était-ce que cet esprit si fier se révoltât à la seule pensée de se soumettre à un être inférieur à elle ? était-ce répugnance de cette âme virginale ? Je ne l'ai jamais su ; mais, d'après le cours de nos conversations intimes, si souvent répétées, j'atteste que nul ne put jamais se vanter de lui avoir plu, d'avoir pris une place quelconque dans son coeur. « Jamais, me disait-elle quelquefois, je ne renoncerai à ma chère liberté ; jamais vous n'aurez, sur l'adresse de vos lettres, à me donner le titre de madame ».
Ni Barbaroux ni aucun de ses collègues, avec lesquels ses rapports sont postérieurs à mon séjour à Caen, n'a pu altérer cette résolution inébranlable. Leur liaison avec elle fut toute politique. Son coeur héroïque n'était susceptible que d'un seul amour, le plus noble de tous, auquel elle a tout sacrifié, l'amour de la patrie.
Elle était, je crois l'avoir déjà dit, d'une extrême réserve, timide même, dénuée de toute coquetterie. Elle ne cherchait ni à plaire ni à briller. Pieuse par sentiment dès sa plus tendre enfance, elle avait, dans son long séjour à l'Abbaye-aux-Dames, fortifié ses croyances religieuses, qui étaient aussi profondes que sincères [...]

« La jeunesse de Charlotte Corday
, Auguste Casimir-Périer, Revue des Deux Mondes, 1862. »

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Message par Comtesse Diane Sam 27 Mai 2017, 11:03

Mme de Sabran a écrit:
Elle était, je crois l'avoir déjà dit, d'une extrême réserve, timide même, dénuée de toute coquetterie. Elle ne cherchait ni à plaire ni à briller. Pieuse par sentiment dès sa plus tendre enfance, elle avait, dans son long séjour à l'Abbaye-aux-Dames, fortifié ses croyances religieuses, qui étaient aussi profondes que sincères [...]

« La jeunesse de Charlotte Corday
, Auguste Casimir-Périer, Revue des Deux Mondes, 1862. »
La religiosité mènerait-elle donc au crime ?  Charlotte Corday 4099329125 Charlotte Corday 1123740815

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Message par Lucius Sam 27 Mai 2017, 11:10

Étonnant, j'avais entendu un historien qui décrivait au contraire son entourage politiquement favorables à la révolution, proche des girondins, une éducation plus marquée par l'exaltation de l'héroïsme antique que par la piété !
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Message par Lucius Sam 27 Mai 2017, 11:13

Il y a par contre un grand mouvement de récupération de cet assassinat par cette Judith moderne dans les milieux royalistes par la suite (remarquez la date de publication de ce texte).
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Message par Mme de Sabran Sam 27 Mai 2017, 11:28

Comtesse Diane a écrit:
Mme de Sabran a écrit:
Elle était, je crois l'avoir déjà dit, d'une extrême réserve, timide même, dénuée de toute coquetterie. Elle ne cherchait ni à plaire ni à briller. Pieuse par sentiment dès sa plus tendre enfance, elle avait, dans son long séjour à l'Abbaye-aux-Dames, fortifié ses croyances religieuses, qui étaient aussi profondes que sincères [...]

« La jeunesse de Charlotte Corday
, Auguste Casimir-Périer, Revue des Deux Mondes, 1862. »


La religiosité mènerait-elle donc au crime ?  Charlotte Corday 4099329125 Charlotte Corday 1123740815

Le  " crime "  de Charlotte n'en est pas un ( dans son esprit ); c'est un acte d'héroïsme sacrificiel pour sauver la France  ( croit-elle  Charlotte Corday 3236493444  )  en la débarrassant d'un monstre sanguinaire .


Lucius a écrit:Il y a par contre un grand mouvement de récupération de cet assassinat par cette Judith moderne dans les milieux royalistes par la suite (remarquez la date de publication de ce texte).

Oui, absolument, c'est probable !   Hop!
Charlotte est grandie, magnifiée, sanctifiée .
Tiens, vois plutôt :

Lettre de Henri Welschinger (1846-1919) au journal "Le Temps".

Paris 23 janvier 1888
Vous avez annoncé que M. Gounod allait écrire un opéra lyrique sur Charlotte Corday. On dit déjà que Mme Krauss chantera le rôle de Charlotte, et Talazac celui de Barbaroux. Ceci nous fait prévoir des scènes tendres et passionnées, et un ou plusieurs duos d'amour... Or, il importe de ne point oublier que tout ce que l'on a publié sur l'amour de Barbaroux et de Charlotte Corday est complètement faux. Ni le major de Belzunce, ni Boisjugan de Maingré, ni un certain Franquelin, ni le procureur général syndic Bougon-Longrais, ni le jeune et éloquent député de Marseille, n'eurent le don de plaire à Charlotte Corday. La seule passion de cette fille sublime a été la France. Et comme l'a fort bien dit Edgar Quinet : « Si jamais son coeur brûle, ce ne sera pas d'une flamme vulgaire, terrestre ». Dans l'Adresse aux Français, qu'elle écrivit à Paris, pendant la nuit du 12 au 13 juillet, et que l'on saisit sur elle après l'assassinat de Marat, se trouvent ces lignes significatives : « Ô ma patrie, tes infortunes déchirent mon coeur! Je ne puis t'offrir que ma vie, et je rends grâce au Ciel de la liberté que j'ai d'en disposer ; personne ne perdra par ma mort ». Elle n'éveilla qu'une passion, mais au pied même de l'échafaud où elle allait monter. Ce fut dans l'âme d'Adam Lux, député de Mayence à la Convention, qui, soudainement épris de sa beauté et de son héroïsme, la déclara « plus grande que Brutus », et, ayant obtenu du tribunal révolutionnaire sa propre condamnation, s'écria « Je mourrai donc pour Elle ! » Il faut espérer qu'on laissera à cette héroïne sa grandeur tragique, et qu'on ne lui fera pas chanter, sur une scène française, des airs amoureux. Le poète et le musicien ne peuvent célébrer que son ardent patriotisme, sa généreuse abnégation et son dédain suprême de la vie. Croyez, mon cher ami, à mes meilleurs sentiments.
Henri Welschinger.

« Gazette anecdotique, littéraire, artistique et bibliographique
, publiée par G. d'Heylli, 1888, p122 »

Mais le fait est que Charlotte a le courage exceptionnel de perpétrer cet assassinat en sachant pertinemment qu'il va lui coûter sa propre vie.

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Message par Mme de Sabran Sam 27 Mai 2017, 19:37


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Message par Mme de Sabran Sam 27 Mai 2017, 20:12

Le massacre à Caen du malheureux Henri de Bezunce ( il n'avait pas vingt-cinq ans ), a sans nul doute beaucoup frappé Charlotte .  Michel Onfray met cet événement horrible au nombre des causes de la détermination inébranlable de la jeune-fille.

Charlotte Corday Acm1110


Né le 5 janvier 1765 à Méharin - Pyrénées Atlantiques , le vicomte Henri de Belzunce est Major en second du régiment Bourbon-Infanterie en garnison à Caen à partir d'avril 1789. S'étant rendu très impopulaire dans cette ville, le 12 août 1789 devant l'église St-Pierre de Caen il est massacré et dépecé par la foule, un acte de cannibalisme a lieu (acte de décès de la paroisse St-Pierre).
Ces faits sont confirmés par les auditions de nombreux témoins. E. Albert-Clément dans "La vraie figure de Charlotte Corday" décrit en détail les événements des journées du 11 et 12 août 1789.

Henri de Belsunce avait une parenté éloignée avec Mme de Belzunce (décédée en 1787), abbesse de la Sainte-Trinité où Charlotte était pensionnaire. En 1865, Cheron de Villiers dans "Marie-Anne-Charlotte de Corday d'Armont" pages 27 et suite, raconte l'attachement des deux amoureux à partir de 1787, interrompu brutalement ce 12 août.

En 1905, dans "Le Cabinet Secret de l'Histoire N°3 p166", le Dr Cabanès démontre l'impossibilité de cette liaison. Entre autre raison, ce Major est arrivé à Caen en mai 1789 et non en 1787. Cependant, en 1789, Charlotte avait 21 ans et était "secrétaire" de l'abbesse. Elle pouvait sortir du couvent et a certainement pu croiser Henri de Belzunce.

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Message par Mme de Sabran Dim 28 Mai 2017, 18:57

Je signale aussi notre lien vers le sujet de Marat Charlotte Corday 808868115 : https://marie-antoinette.forumactif.org/t1555-jean-paul-marat?highlight=marat
... où maintes illustrations de la scène du crime valent leur pesant de caramels mous ...

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Message par Mme de Sabran Dim 28 Mai 2017, 22:33

Munie d’une lettre d’introduction du député Barbaroux, elle se rend chez le député Claude Romain Lauze de Perret, qui lui fait bon accueil. Dans la conversation, il lui apprend que Marat, souffrant, ne paraît plus à la Convention.

Nous connaissons bien Barbaroux, n'est-ce pas . Il a traversé la France à la tête du contingent des Marseillais qui ont donné l'assaut aux Tuileries, le 10 août.

Charlotte Corday Barbar10

Barbaroux, Charles-Jean-Marie :

Né à Marseille La Major le 6 mars 1767 et guillotiné à Bordeaux le 7 messidor An 2 (25/6/1794).
Député girondin, proscrit par les montagnards le 2 juin 1793, et finalement arrêté, il réussit à s'échapper et vient se réfugier à Caen avec dix-sept autres proscrits.
Notre sujet : https://marie-antoinette.forumactif.org/t3218-girondins-et-montagnards-la-chute-des-girondins?highlight=girondins
Charlotte Corday rencontrera Barbaroux trois fois à l'Hôtel de l'Intendance, toujours accompagnée du domestique de Mme de Bretteville et en public. Elle l'utilisera afin d'obtenir une lettre d'introduction auprès de Duperret à Paris pour régler un problème de pension à son amie Alexandrine de Forbin.
Charlotte lui adressera une lettre devenue célèbre depuis la prison de la Conciergerie.
Interceptée par le tribunal révolutionnaire, cette lettre ne parviendra jamais à son destinataire.

Lettre de
Marie de Corday à Barbaroux,


I
Aux prisons de labayë, dans la ci devant chambre de Brissot le second jour de la préparation a la paix.
Vous avés desiré citoyen le detail de mon voyage. Je ne vous ferai point grâce de la moindre anecdote. Jetais avec de bons montagnard que je laissé parlé tout leur content et leurs propos aussi sots que leurs personnes etaient desagreable, ne servirent pas peu à mendormir, je ne me réveillé pour ainsi dire qu'à Paris. Un de nos voyageurs qui aime sans doute les femmes dormante, me prit pour la fille d'un de ses anciens amis, me supposa une fortune que je nai pas, me donna un nom que je navais jamais entendu, et enfin m'ofrit sa fortune et sa main. Quand je fus ennuyée de ses propos : Nous jouons parfaitement la comedie lui dis-je il est malheureux avec autant de talent de n'avoir point de spectateur je vais chercher nos compagnons de voyage pour qu'ils prenne leur part du divertissement, je le laissé de bien mauvaise humeur. La nuit il chanta des chansons plaintive, propre a exciter le sommeil, je le quittai enfin a paris refusant de lui donner mon adresse ny celle de mon pere a qui il voulait me demander, il me quitta de bien mauvaise humeur. Jygnorais que ses Messieurs eussent interogé les voyageurs, et je soutins ne les connaître aucuns pour ne point leur donner le desagrément de sexpliquer. Je suivais en cela mon oracle Rainal qui dit qu'on ne doit pas la vérité à ses tyrrans. C'est par la voyageuse qui était avec moi quils on su que je vous connaissais et que j'avais parlé à Duperret, Vous connaissés lâme ferme de Duperret il leur a repondu lexacte vérité. Jai confirmé sa déposition par la mienne, il ny a rien contre lui, mais sa fermeté est un crime. Je craignais je lavouë, quon ne découvrit que je lui avais parlé je men repentit trop tard, je voulu le reparer en lengageant a vous aller retrouver, il est trop decidé pour se laisser engager, sure de son innocence et de celle de tout le monde je me décidé a lexecution de mon projet. Le croiriés-vous Fauchet est en prison comme mon complice lui qui ignorait mon existance, mais on nest guere content de navoir qu'une femme sans conséquence à offrir aux mânes de ce grand homme, — Pardon ô humainrs ce mot deshonore votre espèce, cetait une bête féroce qui allait devorer le reste de la France par le feu de la guerre civile, maintenant vive la paix, grâce au ciel il netait pas né Français, Quatre membre se trouverent a mon premier interogatoire, Chabot avait lair d'un fou, Le Gendre voulait mavoir vue le matin chés lui, moi qui nai jamais songé a cet homme, je ne lui crois pas dassés grands moyens pour être le tyrran de son pays, et je ne prétendais pas punir tant de monde, Tous ceux qui me voyaient pour la première fois prétendaient me connaître de longtems. Je crois que l'on a imprimé les dernières paroles de Marat je doute qu'il en ait proféré, mais voila les dernières quil ma ditte, après avoir Ecrit vos noms a tous et ceux des administrateurs du Calvados qui sont a Evreux il me dit pour me consoler que dans peu de jours il vous ferait tous guillotiné a paris, Ces derniers mots deciderent de son sort, Si le département met sa figure vis a vis celle de St-Fargeau il poura faire graver ses paroles en lettres d'or. Je ne vous ferai aucun detail sur ce grand Evenement les journeaux vous en parleront, javouë que ce qui ma décidée tout a fait cest le courage avec lequel nos volontaires se sont enrollés dimanche 7 juillet vous vous souvenés comme jen étaient charmée, et je me promettaient bien de faire repentir petion des soupçons qu'il manifesta sur mes sentiments Est-ce que vous seriés fachés sils ne partaient pas, me dit-il. Enfin donc jai considéré que tant de braves gens venant pour avoir la tête d'un seul homme quils auraient manqué, ou qui aurait entraîné dans sa perte beaucoup de bons citoyens, il ne méritait pas tant d'honneur, sufisait de la main d'une femme, Javouë que jai employé un artifice perfide pour lattirer a me recevoir, tous les moyens sont bons dans une telle circonstance, Je comptais en partant de Caën le sacrifier sur la cime de sa Montagne, mais il n'allait plus a la Convention, Je voudrais avoir conservé votre lettre on aurait mieux connu que je n'avais pas de complice, enfin cela seclaircira, Nous sommes si bons républicains a paris que lon ne conçoit pas comment une femme inutile dont la plus longue vie serait bonne rien peut se sacrifier de sangfroy pour sauver tout son pays, Je mattendais bien a mourir dans linstant, des hommes courageux et vrayement au dessus de tout Eloge m'ont préservée de la fureur bien excusable des malheureux que javais faits Comme jetais vrayëment de sangfroy je soufris des cris de quelques femmes, mais qui sauve la patrie ne saperçoit point de ce quil en coute, puisse la paix setablir aussitôt que je la désire, voila un grand preliminaire, sans cela nous ne laurions jamais eus, Je jouis delicieusement de la paix depuis deux jours, le bonheur de mon pays fait le mien, il nest point de devouement dont on ne retire plus de jouissance qu'il n'en coûte a sy décider, Je ne doute pas que lon ne tourmente un peu mon père qui a déja bien assés de ma perte pour lafliger, Si l'on y trouve mes lettres, la plupart sont vos portraits, Sil si trouvait quelques plaisanteries sur votre compte je vous prie de me la passer je suivais la legereté de mon caractere, Dans ma dernière lettre je lui faisais croire que redoutant les horreurs de la guerre civile je me retirais en Angleterre, alors mon projet Etait de garder l'incognito de tuer Marat publiquement et mourant aussitôt laisser les parisiens chercher inutilement mon nom, Je vous prie citoyen vous et vos collegues de prendre la défense de mes parens et amis si on les inquiètent je ne dis rien a mes chers amis Aristocrates, je conserve leur souvenir dans mon cœur. Je nai jamais hai qu'un seul être et jai fait voir avec qu'elle violence, mais il en est mille que jaime encore plus que je ne le haisssais, Une imagination vive un cœur sensible promettent une vie bien orageuse je prie ceux qui me regretterais de le considérer et ils se rejouiront de me voir jouir du repos dans les Champs-Elisées avec Brutus et quelques anciens, pour les modernes, il est peu de vrays patriotes qui sache mourir pour leur pays presque tout est égoïsme, quel triste peuple pour fonder une République, il faut du moins fonder la paix et le gouvernement viendra comme il poura, du moins ce ne sera pas la Montagne qui regnera si l'on men croit. Je suis on ne peut mieux dans ma prison, les concierges sont les meilleurs gens possible, on ma donné des gens d'armes pour me preserver de l'ennui, jai trouvé cela fort bien pour le jour et fort mal pour la nuit, je me suis plainte de cette indécence le Comité na pas jugé a propos dy faire attention je crois que c'est de linvention de Chabot, il ny a qu'un capucin qui puisse avoir ses idées, Je passe mon tems a ecrire des chansons, je donne le dernier couplet de celle de Valady a tous ceux qui le veulent je promets à tous les parisiens que nous ne prenons les armes que contre lanarchie, ce qui est exactement vray.


II
ici l'on ma transferée a la Conciergerie, et ses Messieurs du grand jury mont promis de vous envoyer ma lettre, je continue donc. Jai preté un long interogatoire, je vous prie de vous le procurer sil est rendu publique, Javais une adresse sur moi lors de mon arestation aux amis de la paix je ne puis vous lenvoyer jen demanderai la publication je crois bien en vain, Javais eu une idée hier au soir, de faire homage de mon portrait au departement du Calvados, mais le comité de salut publique a qui je lavais demandé ne ma point repondu, et maintenant il est trop tard Je vous prie citoyen de faire part de ma lettre au citoyen Bougon procureur Gle sindic du dept je ne la lui adresse pas pour plusieurs raisons dabord je ne suis pas sure que dans ce moment il soit a Evreux, je crains de plus quétant naturellement sensible il ne soit afligé de ma mort, Je le crois cepandant assés bon citoyen pour se consoler par lespoir de la paix je sais combien il la désire et jespère qu'en la facilitant jai rempli ses vœux, Si quelques amis demandaient communication de cette lettre je vous prie de ne la refuser a personne, il faut un defenseur cest la regle, jai pris le mien sur la Montagne cest Gustave Doulcet, jymagine quil refusera cet honneur cela ne lui donnait cependant guere douvrage, Jai pensé demander Robespierre ou Chabot. — je demanderai a disposé du reste de mon argent et alors je loffre aux femmes et enfans des braves habitants de Caën partis pour délivrer paris, il est bien Etonnant que le peuple mait laissés conduire de labayë a la Conciergerie. Cest une preuve nouvelle de sa moderation Ditte-le a nos bons habitants de Caën ils se permettent quelquesfois de petites insurrections que Ion ne contient pas si facilement Cest demain a huit heure que lon me juge, probablement a midi jauré vécu, pour parler le langage romain, On doit croire a la valeur des habitants du Calvados, puisque les femmes même de ce pays sont capable de fermeté, au reste jygnore comme se passeront les derniers moments et cest la fin qui couronne l'œuvre, Je nai point besoin dafecter dinsensibilité sur mon sort car jusqu'a cet instant je nai pas la moindre crainte de la mort, je nestimai jamais la vie que par lutilité dont elle devait être, Jespere que demain Duperret et Fauchet seront mis en liberté on pretend que ce dernier ma conduitte a la Convention dans une tribune, De quoi se mêle til dy conduire des femmes, Comme députe il ne devait point être aux tribune et comme Evêque il ne devait point être avec des femmes, ainsi cest une petite correction, mais Duperret na aucun reproche a se faire — Marat nira point au Penthéon, il le méritait pourtant bien, je vous charge de recueillir les pièces propres a faire son oraison funebre, Jespere que vous nabandonnerés point lafaire de Mme Forbin, Voici son adresse sil est besoin de lui Ecrire. Alexandrine Forbin, à Mendresie par Zurich en Suisse. Je vous prie de lui dire que je l'aime de tout mon cœur, Je vais Ecrire un mot à papa je ne dis rien à mes autres amis, je ne leurs demande qu'un prompt oubli, leur afliction desonorerait ma mémoire, Ditte au general Vimpfen que je crois lui avoir aidé a gagner plus d'une bataille, en lui facilitant la paix, adieu citoyen je me recommande au souvenir des vrays amis de la paix.
Les prisonniers de la Conciergerie loin de minjurier comme ceux des rues, avaient lair de me plaindre, le malheur rend toujours compatissant ; cest ma dernière réflexion.

Mardy 16, a huit heures du soir.

Au citoyen Barbaroux deputé a la Convention nationale, refugié à Caën rue des Carmes hôtel de lintendance.

CORDAY



Paraphé par le greffier Wolff le 16 juillet, an 2 de la République.


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Message par Comtesse Diane Lun 29 Mai 2017, 09:16

Y'avait vraiment urgence à codifier l'orthographe !  Charlotte Corday 1123740815
Cette lettre est formidable : aucune émotion, aucune peur .

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Message par Mme de Sabran Lun 29 Mai 2017, 10:25

Oui, Comtesse, vraiment formidable ! Quelle femme ! Very Happy Charlotte exprime seulement l'inquiétude de voir inquiétés ses proches, son frère, et revendique hautement sa seule responsabilité, sans esbroufe, sans théâtralité, comme la chose la plus naturelle du monde.

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Message par Mme de Sabran Lun 29 Mai 2017, 16:00

Je note aussi qu'elle regrette le chagrin que sa mort causera à Jean-Charles-Hippolyte Bougon-Longrais ... Sad
Bon, vous allez me demander, c'est kiki celui-là ?

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Message par Comtesse Diane Lun 29 Mai 2017, 16:01

Ben oui, je vous le demande . Charlotte Corday 1123740815

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Message par Mme de Sabran Lun 29 Mai 2017, 16:17

C'est encore un compatriote à moi, ma chère Diane, puisqu'il est né à Caen St-Pierre le 23 août 1765  ....   et guillotiné à Rennes le 16 Nivose An2 (05/01/1794).  

[...] Le signalement que contient ce passe-port donne un aperçu de sa personne.
En voici le texte :
« Passeport délivré au citoyen J. C. Hypolite BOUGON, Procureur général Syndic du Département du Calvados, natif et domicilié à Caën, âgé de vingt-sept ans : Taille de cinq pieds trois pouces, Cheveux blonds, Yeux bleus, Nez gros aquitain, Menton rond, Visage oval. Pour aller dans l'intérieur de la République. ». [...]
(Extrait de "Bibliographie de Charlotte Corday par Ch. Vatel en 1872")

[...] « De son vrai nom Bougon-Duclos, il se fit appeler Bougon-Longrais, peut-être à cause du village de Longraye près de Caumont-l'Eventé. Il était le fils d'un épicier de la Place Saint-Pierre de Caen. Bougon-Longrais suivit des études à l'université de Caen. A 19 ans, il obtint le grade de bachelier en droit, puis l'année d'après il reçut sa licence. Représentant de la commune, il devint en 1791 secrétaire général du département du Calvados, en remplacement de Georges Bayeux, mort guillotiné. Proche et amoureux de Charlotte Corday, l'assassinat de Marat l'obligea à fuir. Il se rallia alors à la cause vendéenne. Arrêté avec le chef des vendéens, le Prince Talmont, il fut guillotiné en janvier 1794 à Rennes » [...]
(source "Calvadocyclopédia dictionnaire du Calvados" lettre B, sur calameo.com).


Une lettre est demeurée célèbre, celle qu'il écrivit le matin de son exécution.  Au moment de mourir, il pense à deux femmes, sa mère à qui il s'adresse, et Charlotte Corday ...

[...] « Non, ma mère ! Il n'en coûte point à votre fils de quitter la vie. Depuis longtemps, elle avait cessé d'avoir des charmes pour moi. Eloigné de vous, privé des personnes qui m'étaient les plus chères, ne voyant plus pour ainsi dire que des hommes lâches ou féroces, témoin des proscriptions sanguinaires qui poursuivent les vertus, le courage ou les talents et éteignent tous les sentiments généreux, sans espoir de voir bientôt finir cette crise terrible, que me reste t-il à désirer si ce n'est mourir ?
Encore, si dans mes derniers instants, j'avais pu, comme ma chère Corday, m'endormir au sein d'une illusion douce et trompeuse et croire au retour prochain de l'ordre et de la paix dans mon pays; mais non, j'emporte avec moi l'idée déchirante et trompeuse que le sang va couler encore à plus grands flots...
Oh ! Charlotte Corday, oh! ma généreuse amie ! Toi dont le souvenir occupa sans cesse ma mémoire et mon coeur, attends, je vais te rejoindre; le désir de te venger m'avait fait jusqu'à ce jour supporter l'existence. Je crois avoir satisfait à ce devoir sacré. Je meurs content et digne de toi.
A Dieu, ma tendre mère, à Dieu ... L'instant approche, on me presse, on m'enlève jusqu'à la douceur de m'entretenir plus longtemps avec vous. A Dieu ... je vous embrasse, vous et mes amis fidèles, qui sont encore présents à ma mémoire et auxquels je consacre, ainsi qu'à vous, tous mes sentiments, tous mes hommages, et mon dernier soupir.

Jean Charles Hyppolite Bougon-Longrais, ex-procureur général syndic du Calvados.
De la prison de Rennes, le 5 janvier 1794. Le dernier de mes jours, à 8 heures du matin.
» [...]

Charlotte rencontrait souvent ce jeune homme à Caen. Ils avaient un goût commun pour la littérature et elle avait de l'affection pour lui, comme le fait apparaître ce paragraphe dans sa lettre à Barbaroux terminée le 16 juillet à la Conciergerie  ( la lettre entière est ci-dessus ) :

[...] « Je vous prie de faire part de ma lettre au citoyen Bougon, procureur général syndic du département. Je ne la lui adresse pas par plusieurs raisons : d'abord je ne suis pas sûre que, dans ce moment, il soit à Evreux ; je crains de plus que, étant naturellement sensible, il ne soit affligé de ma mort. Je le crois cependant assez bon citoyen pour s'en consoler par l'espoir de la paix : je sais combien il la désire, et j'espère qu'en la facilitant j'ai rempli ses voeux. »[...]

... lettre interceptée par le tribunal avant d'être classée aux archives impériales et qui ne parvint donc jamais à son destinataire.

Il avait 28 ans  Charlotte Corday 4223966497

Charlotte Corday Bougon10

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