Les écrans à main
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Les écrans à main
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LES ECRANS A MAINS
La Gazette Esprit XVIIIème :
Quelle est le lien de filiation entre l’écran à main et l’éventail ?
.DANIEL CREPIN :
L’écran et l’éventail ne sont au départ, qu’un seul et même objet destiné à se rafraîchir le visage. En Europe, ce n’est que tardivement, à partir du XVI e siècle, que l’éventail, devenu pliant pour des raisons de commodité, va définitivement se distinguer de l’écran, et acquérir progressivement la vogue et la préciosité qu’on lui connaitra au XVIII e siècle. Alors que l’éventail est une parure que l’on porte aussi en dehors de la maison, au théâtre par exemple, l’écran, utilisé pour se protéger le visage de l’ardeur du foyer, est un objet domestique, confiné au voisinage de la cheminée et dont hommes et femmes font usage.
La Gazette Esprit XVIIIème :
L’écran nous apparaît comme un objet de fabrication relativement simple, qu’en est-il en réalité ?
.DANIEL CREPIN :
L’élaboration d’un écran ne nécessite pas l’intervention d’artisans très qualifiés et spécialisés, au contraire de l’éventail. Un écran est fait de carton feuilleté, découpé et chantourné, auquel est assujetti un manche en bois tourné (hêtre, noyer, palissandre, bois de rose…) gainé de soie et doré pour les plus luxueux. La face et le revers sont revêtus de vignettes gravées et/ou décorés à la gouache. Ils sont fabriqués et vendus par les papetiers, merciers, marchands d’estampes, les petits marchands ambulants et les revendeuses à la toilette. Petit, papetier installé rue du Petit-Pont entre 1755 et 1785, domine largement le marché à cette époque.
La Gazette Esprit XVIIIème :
.Quelles sont les sources d’inspiration pour les écrans ?
.DANIEL CREPIN :
Elles sont très variées, mais le théâtre est largement représenté avec des suites de 6 écrans illustrant les pièces à succès données au Théâtre de l’Opéra-comique et à la comédie italienne. Les autres sujets concernent l’actualité, naissance du dauphin en 1781, traité de Paris en 1763, les monuments et châteaux, les fables, les cartes de géographie, les ariettes en vogue. Les petites vignettes portant des sentences, primitivement destinées à l’ornement des tabatières en cartons, sont aussi très employées sur les écrans. Et la liste n’est pas close…
NATHALIE RIZZONI
(CELLF 17e-18e, Université Paris-Sorbonne - CNRS)
À la fois hérité des civilisations antiques et des civilisations d'Orient et d'Extrême-Orient où il avait la double fonction d'éventer et de chasser les mouches, l'écran à main s'inscrit au cœur de la vie quotidienne des Européens des XVIIe et XVIIIe siècles. Sa présence, dont témoignent nombre de tableaux et de gravures du temps, est incontournable à proximité des cheminées. Sa fonction est de protéger le visage délicat des femmes des ardeurs du feu.
Contrairement à l'éventail, dont il est le lointain parent, cet objet n'a jamais suscité d'études avant que je m'y intéresse et, dans la mesure où il n'est plus connu que d'une poignée d'amateurs de curiosités, je rappellerai brièvement quelques généralités établies au fil de mes recherches.
L'écran à main n'est pas un accessoire relevant de la parure. Il appartient au monde clos des boudoirs et des petits appartements.
Matériellement, il mesure une quarantaine de centimètres ; il est composé d'un petit manche (en bois, en os ou en ivoire) dans la fente duquel est glissée une feuille de carton fixée à celui-ci par deux petits clous. Notre écran n'est donc ni rétractable, ni pliable : sa rigidité exclut son usage à l'extérieur, où il s'avèrerait fragile et encombrant.
Etienne Jeaurat, l'Accouchée :
Sujets représentés
S'il est impossible de rendre compte ici de l'infinie variété des sujets traités lorsque nos écrans sont décorés de gravures, collées sur leur recto et/ou sur leur verso, je signalerai du moins qu'ils avaient pour point commun d'intéresser les esprits du temps, soit en les instruisant, soit en les divertissant. On y trouve ainsi des vues pittoresques des principaux édifices accompagnées de leur explication , des cartes de géographie , la relation d'événements historiques ou de scènes édifiantes , des fables , des rébus , des ariettes en vogue , etc
Les écrans liés au théâtre
L'historien du théâtre sera particulièrement sensible à la présence dominante d'écrans inspirés par la production dramatique de l'époque . Mon étude, portant à ce jour sur une trentaine de titres de pièces du XVIIIe siècle, dont j'ai eu au moins la reproduction d'un écran entre les mains , m'a conduite à un premier constat : les scènes que ces écrans offrent à nos yeux ne sont pas tirées des œuvres consacrées par l'histoire littéraire, à l'exception des pièces de Molière et de Beaumarchais ; si ceux-ci ne sont pas oubliés dans ce que l'on peut considérer comme un palmarès des auteurs à succès de l'époque, il est flagrant que ce sont les dramaturges et les compositeurs d'opéras-comiques et de comédies mêlées d'ariettes qui l'emportent haut la main : Charles-Simon Favart , son épouse Mme Favart , Jean-François Marmontel, , Monvel que nous retrouverons plus loin, Michel-Jean Sedaine , François-Georges Fouques Deshayes dit Desfontaines , Thomas d'Hèle , Pierre-Yvon Barré et Pierre-Antoine-Augustin de Piis, Benoît-Joeseph Marsollier des Vivetières du côté des auteurs ; André-Ernest-Modeste Grétry, Nicolas Dezède, Pierre-Alexandre Monsigny, Nicolas Dallayrac, Jean-Paul Egide Martini du côté des musiciens…
Ce choix reflète en réalité le goût de la Cour de Louis XVI — où la plupart de ces pièces ont été jouées — c'est-à-dire l'engouement de la reine Marie-Antoinette et de son entourage pour l'opéra-comique.
Rareté de l'objet
Plusieurs raisons expliquent cette pénurie : de fabrication modeste, diffusé en grande quantité, le plus souvent réalisé par des artistes anonymes , donc de peu de valeur marchande , l'écran à main avait pour vocation d'être jeté au feu dès qu'il présentait des signes d'usure. La fragilité du carton en a fait une proie idéale pour l'humidité et les rongeurs, lorsqu'il a été abandonné dans une cave ou dans un grenier. Et, contrairement aux éventails, nos humbles écrans n'ont pas retenu l'attention des institutions publiques de conservation et n'ont, de ce fait, bénéficié d'aucune politique d'exposition ou d'acquisition systématique.
Ainsi, jusqu'à la récente découverte des écrans de Blaise et Babet par Serge Davoudian — antiquaire spécialisé dans les objets de vitrine au Marché Biron à Saint-Ouen et membre fondateur du Cercle de l'Éventail à Paris — une seule série complète figurait dans mon inventaire.
Éditée pour célébrer la naissance du Dauphin en 1781 et conservée dans les réserves du Musée Carnavalet à Paris, je l'avais présentée à Versailles en 2006 dans le cadre de l'exposition Marie-Antoinette, femme réelle, femme mythique
C'est dire combien la série des six écrans illustrant la comédie Blaise et Babet acquise par Hélène Alexander — spécialiste des éventails et directrice du Fan Museum de Greenwich près de Londres — est exceptionnelle !
La série de Blaise et Babet
Contexte historique
L'auteur de Blaise et Babet, Jaques-Marie Boutet de Monvel, dit Monvel, était à la fois comédien à la Comédie-Française et auteur de vingt-huit pièces représentées entre 1772 et 1796.
Nicolas Dezède est le compositeur de la musique de Blaise et Babet.
Nicolas Dezèdes, par Greuze :
Quant à la pièce elle-même , c'est une comédie en deux actes mêlée d'ariettes, créée devant Louis XVI et Marie-Antoinette à Versailles le 4 avril 1783 par les Comédiens Italiens Ordinaires du Roi, puis représentée chez les Italiens à Paris à partir du 30 juin de la même année. Sa fortune fut vaste et durable . Les rééditions multiples du texte ponctuent son itinérance en France et à l'étranger .
Conçue pour être la suite d'une autre comédie en prose mêlée d'ariettes de Monvel, Les Trois Fermiers, jouée avec un énorme succès chez les Italiens six ans plus tôt (en 1777), Blaise et Babet raconte les amours de deux jeunes paysans qui se sont promis l'un à l'autre depuis l'adolescence mais qui se brouillent et se séparent alors qu'on est sur le point de les marier, chacun soupçonnant l'autre d'infidélité. Malgré leurs serments de ne plus s'aimer jamais, nos tourtereaux finissent par se raccommoder dans une pantomime érotico-comique qui constitue le point culminant de la pièce puis ils recueillent la bénédiction du seigneur propriétaire des terres où vivent leurs familles.
Antoine D'Origny dans ses Annales du Théâtre Italien se souvient : « Cette pièce a causé un ravissement d'admiration inexprimable ».
Outre les qualités propres de cette œuvre pittoresque (le patois appuyé des villageois fut particulièrement apprécié du public), la critique soulignera l'excellence de tous les comédiens qui l'ont interprétée , et en particulier des héros éponymes joués par deux « vedettes » de la Comédie-Italienne, Louise Rosalie Lefèbvre, épouse Dugazon , et Louis Michu .
La série des écrans à main Blaise et Barbet
Cette série porte les traces d'un raffinement singulier pour des objets habituellement sobres. L'illustration centrale, artistement gouachée, a été collée sur un magnifique fond d'écran, lui-même gravé, gouaché et collé sur la feuille de carton. Les six manches, s'ils ne sont qu'en bois, ont été recouverts de peinture dorée dans leur partie supérieure et gainés d'une soie fine, bordée d'un galon doré lui aussi, dans la partie inférieure. On relève d'autres marques de dorure sur la feuille de carton elle-même.
Les six versos de nos écrans reproduisent fidèlement six extraits de la comédie de Monvel, publiée chez Brunet en 1783 (75 pages), notre édition de référence ici.
Sources :
http://www.collectiana.org/nathalie-rizzoni-les-ecrans-a-main-et-l-eventail-de-blaise-et-babet-1783.html
Text: © 2009 Nathalie Rizzoni.
Présentation: © 2009 The CESAR Project, Oxford Brookes University.
http://cesar.org.uk/cesar2/conferences/conference_2008/rizzoni_08fr.html
LES ECRANS A MAINS
La Gazette Esprit XVIIIème :
Quelle est le lien de filiation entre l’écran à main et l’éventail ?
.DANIEL CREPIN :
L’écran et l’éventail ne sont au départ, qu’un seul et même objet destiné à se rafraîchir le visage. En Europe, ce n’est que tardivement, à partir du XVI e siècle, que l’éventail, devenu pliant pour des raisons de commodité, va définitivement se distinguer de l’écran, et acquérir progressivement la vogue et la préciosité qu’on lui connaitra au XVIII e siècle. Alors que l’éventail est une parure que l’on porte aussi en dehors de la maison, au théâtre par exemple, l’écran, utilisé pour se protéger le visage de l’ardeur du foyer, est un objet domestique, confiné au voisinage de la cheminée et dont hommes et femmes font usage.
La Gazette Esprit XVIIIème :
L’écran nous apparaît comme un objet de fabrication relativement simple, qu’en est-il en réalité ?
.DANIEL CREPIN :
L’élaboration d’un écran ne nécessite pas l’intervention d’artisans très qualifiés et spécialisés, au contraire de l’éventail. Un écran est fait de carton feuilleté, découpé et chantourné, auquel est assujetti un manche en bois tourné (hêtre, noyer, palissandre, bois de rose…) gainé de soie et doré pour les plus luxueux. La face et le revers sont revêtus de vignettes gravées et/ou décorés à la gouache. Ils sont fabriqués et vendus par les papetiers, merciers, marchands d’estampes, les petits marchands ambulants et les revendeuses à la toilette. Petit, papetier installé rue du Petit-Pont entre 1755 et 1785, domine largement le marché à cette époque.
La Gazette Esprit XVIIIème :
.Quelles sont les sources d’inspiration pour les écrans ?
.DANIEL CREPIN :
Elles sont très variées, mais le théâtre est largement représenté avec des suites de 6 écrans illustrant les pièces à succès données au Théâtre de l’Opéra-comique et à la comédie italienne. Les autres sujets concernent l’actualité, naissance du dauphin en 1781, traité de Paris en 1763, les monuments et châteaux, les fables, les cartes de géographie, les ariettes en vogue. Les petites vignettes portant des sentences, primitivement destinées à l’ornement des tabatières en cartons, sont aussi très employées sur les écrans. Et la liste n’est pas close…
NATHALIE RIZZONI
(CELLF 17e-18e, Université Paris-Sorbonne - CNRS)
À la fois hérité des civilisations antiques et des civilisations d'Orient et d'Extrême-Orient où il avait la double fonction d'éventer et de chasser les mouches, l'écran à main s'inscrit au cœur de la vie quotidienne des Européens des XVIIe et XVIIIe siècles. Sa présence, dont témoignent nombre de tableaux et de gravures du temps, est incontournable à proximité des cheminées. Sa fonction est de protéger le visage délicat des femmes des ardeurs du feu.
Contrairement à l'éventail, dont il est le lointain parent, cet objet n'a jamais suscité d'études avant que je m'y intéresse et, dans la mesure où il n'est plus connu que d'une poignée d'amateurs de curiosités, je rappellerai brièvement quelques généralités établies au fil de mes recherches.
L'écran à main n'est pas un accessoire relevant de la parure. Il appartient au monde clos des boudoirs et des petits appartements.
Matériellement, il mesure une quarantaine de centimètres ; il est composé d'un petit manche (en bois, en os ou en ivoire) dans la fente duquel est glissée une feuille de carton fixée à celui-ci par deux petits clous. Notre écran n'est donc ni rétractable, ni pliable : sa rigidité exclut son usage à l'extérieur, où il s'avèrerait fragile et encombrant.
Etienne Jeaurat, l'Accouchée :
Sujets représentés
S'il est impossible de rendre compte ici de l'infinie variété des sujets traités lorsque nos écrans sont décorés de gravures, collées sur leur recto et/ou sur leur verso, je signalerai du moins qu'ils avaient pour point commun d'intéresser les esprits du temps, soit en les instruisant, soit en les divertissant. On y trouve ainsi des vues pittoresques des principaux édifices accompagnées de leur explication , des cartes de géographie , la relation d'événements historiques ou de scènes édifiantes , des fables , des rébus , des ariettes en vogue , etc
Les écrans liés au théâtre
L'historien du théâtre sera particulièrement sensible à la présence dominante d'écrans inspirés par la production dramatique de l'époque . Mon étude, portant à ce jour sur une trentaine de titres de pièces du XVIIIe siècle, dont j'ai eu au moins la reproduction d'un écran entre les mains , m'a conduite à un premier constat : les scènes que ces écrans offrent à nos yeux ne sont pas tirées des œuvres consacrées par l'histoire littéraire, à l'exception des pièces de Molière et de Beaumarchais ; si ceux-ci ne sont pas oubliés dans ce que l'on peut considérer comme un palmarès des auteurs à succès de l'époque, il est flagrant que ce sont les dramaturges et les compositeurs d'opéras-comiques et de comédies mêlées d'ariettes qui l'emportent haut la main : Charles-Simon Favart , son épouse Mme Favart , Jean-François Marmontel, , Monvel que nous retrouverons plus loin, Michel-Jean Sedaine , François-Georges Fouques Deshayes dit Desfontaines , Thomas d'Hèle , Pierre-Yvon Barré et Pierre-Antoine-Augustin de Piis, Benoît-Joeseph Marsollier des Vivetières du côté des auteurs ; André-Ernest-Modeste Grétry, Nicolas Dezède, Pierre-Alexandre Monsigny, Nicolas Dallayrac, Jean-Paul Egide Martini du côté des musiciens…
Ce choix reflète en réalité le goût de la Cour de Louis XVI — où la plupart de ces pièces ont été jouées — c'est-à-dire l'engouement de la reine Marie-Antoinette et de son entourage pour l'opéra-comique.
Rareté de l'objet
Plusieurs raisons expliquent cette pénurie : de fabrication modeste, diffusé en grande quantité, le plus souvent réalisé par des artistes anonymes , donc de peu de valeur marchande , l'écran à main avait pour vocation d'être jeté au feu dès qu'il présentait des signes d'usure. La fragilité du carton en a fait une proie idéale pour l'humidité et les rongeurs, lorsqu'il a été abandonné dans une cave ou dans un grenier. Et, contrairement aux éventails, nos humbles écrans n'ont pas retenu l'attention des institutions publiques de conservation et n'ont, de ce fait, bénéficié d'aucune politique d'exposition ou d'acquisition systématique.
Ainsi, jusqu'à la récente découverte des écrans de Blaise et Babet par Serge Davoudian — antiquaire spécialisé dans les objets de vitrine au Marché Biron à Saint-Ouen et membre fondateur du Cercle de l'Éventail à Paris — une seule série complète figurait dans mon inventaire.
Éditée pour célébrer la naissance du Dauphin en 1781 et conservée dans les réserves du Musée Carnavalet à Paris, je l'avais présentée à Versailles en 2006 dans le cadre de l'exposition Marie-Antoinette, femme réelle, femme mythique
C'est dire combien la série des six écrans illustrant la comédie Blaise et Babet acquise par Hélène Alexander — spécialiste des éventails et directrice du Fan Museum de Greenwich près de Londres — est exceptionnelle !
La série de Blaise et Babet
Contexte historique
L'auteur de Blaise et Babet, Jaques-Marie Boutet de Monvel, dit Monvel, était à la fois comédien à la Comédie-Française et auteur de vingt-huit pièces représentées entre 1772 et 1796.
Nicolas Dezède est le compositeur de la musique de Blaise et Babet.
Nicolas Dezèdes, par Greuze :
Quant à la pièce elle-même , c'est une comédie en deux actes mêlée d'ariettes, créée devant Louis XVI et Marie-Antoinette à Versailles le 4 avril 1783 par les Comédiens Italiens Ordinaires du Roi, puis représentée chez les Italiens à Paris à partir du 30 juin de la même année. Sa fortune fut vaste et durable . Les rééditions multiples du texte ponctuent son itinérance en France et à l'étranger .
Conçue pour être la suite d'une autre comédie en prose mêlée d'ariettes de Monvel, Les Trois Fermiers, jouée avec un énorme succès chez les Italiens six ans plus tôt (en 1777), Blaise et Babet raconte les amours de deux jeunes paysans qui se sont promis l'un à l'autre depuis l'adolescence mais qui se brouillent et se séparent alors qu'on est sur le point de les marier, chacun soupçonnant l'autre d'infidélité. Malgré leurs serments de ne plus s'aimer jamais, nos tourtereaux finissent par se raccommoder dans une pantomime érotico-comique qui constitue le point culminant de la pièce puis ils recueillent la bénédiction du seigneur propriétaire des terres où vivent leurs familles.
Antoine D'Origny dans ses Annales du Théâtre Italien se souvient : « Cette pièce a causé un ravissement d'admiration inexprimable ».
Outre les qualités propres de cette œuvre pittoresque (le patois appuyé des villageois fut particulièrement apprécié du public), la critique soulignera l'excellence de tous les comédiens qui l'ont interprétée , et en particulier des héros éponymes joués par deux « vedettes » de la Comédie-Italienne, Louise Rosalie Lefèbvre, épouse Dugazon , et Louis Michu .
La série des écrans à main Blaise et Barbet
Cette série porte les traces d'un raffinement singulier pour des objets habituellement sobres. L'illustration centrale, artistement gouachée, a été collée sur un magnifique fond d'écran, lui-même gravé, gouaché et collé sur la feuille de carton. Les six manches, s'ils ne sont qu'en bois, ont été recouverts de peinture dorée dans leur partie supérieure et gainés d'une soie fine, bordée d'un galon doré lui aussi, dans la partie inférieure. On relève d'autres marques de dorure sur la feuille de carton elle-même.
Les six versos de nos écrans reproduisent fidèlement six extraits de la comédie de Monvel, publiée chez Brunet en 1783 (75 pages), notre édition de référence ici.
Sources :
http://www.collectiana.org/nathalie-rizzoni-les-ecrans-a-main-et-l-eventail-de-blaise-et-babet-1783.html
Text: © 2009 Nathalie Rizzoni.
Présentation: © 2009 The CESAR Project, Oxford Brookes University.
http://cesar.org.uk/cesar2/conferences/conference_2008/rizzoni_08fr.html
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55504
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les écrans à main
Est-ce à cause de l'Allée du Roi? J'ai tendance à associer ce genre d'écran à la figure de Madame de Montespan :
Bien à vous.
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Les écrans à main
L'écran de lumière est un dérivé, non pour se garder de la chaleur mais de la luminosité .
Les écrans de lumière prendront au XVIIIe siècle le nom de garde-vue (invariable), et l'abat-jour conservera cette appellation jusqu'au début du XIXe siècle. La première description que nous en trouvions remonte à 1750, C'est un écran de satin translucide qui a d'abord adapté aux chandeliers de bronze, fixés au secrétaire. L'objet figure dans le Livre journal de Lazare Duvaux, comprise dans la fourniture à la comtesse de Bissy, d’un "grand chandelier à trois bobèches, avec un garde-vue en entonnoir".
Une autre description se trouve dans le Dictionnaire des étiquettes de la cour, tome Premier, p. 310, par Mme de Genlis: "Depuis que les lampes sont à la mode, ce sont les jeunes gens qui portent des lunettes et l’on ne trouve plus de bons yeux que parmi les vieillards, qui ont conservé l’habitude de lire et d’écrire avec une bougie voilée par un garde-vue."
Par ailleurs, à la date du 25 février 1762, nous relevons la réclame suivante, insérée dans les "Annonces, affiches et avis divers": "Le Sr Maunoury, ferblantier sous la porte du Palais, du côté de la place Dauphine, fait de nouveaux CHANDELIERS A GARDE-VUE très commodes et peu coûteux. Le pied et la tige de ces Chandeliers sont de bois et proprement faits. 2 boëtes de fer-blanc coulent le long de la tige et s’arrêtent où l’on veut, ensemble ou séparément: l’une porte la Bougie ou Chandelle et l’autre le Garde-vue, qui est léger et suffisamment solide, quoiqu’il ne soit composé que de trois feuilles de papier, blanc en dedans, pour réfléchir la lumière sur l’ouvrage, et vert en dehors, pour ne pas fatiguer la vue."
Si cette description fidèle est suffisamment détaillée, pour montrer que l’objet était encore dans toute sa nouveauté, il n’en faudrait pas conclure, cependant, que Maunoury en fût l'inventeur. Deux ans avant lui, nous trouvons dans le même journal (N° du 31 juillet 1760) une autre annonce d'un Sr Marigner, informant le public qu'il vend des lampes économiques, en forme de bougie, montées sur métal blanc et auxquelles on peut adapter un garde-vue. Eu outre, en feuilletant le Journal de Lazare Duvaux, qui a été cité, nous trouvons:
1°) à la date du 25 janvier 1758, la vente à la princesse de Trivulce, d'un "garde-vue de porcelaine de Saxe, garni de branchages dorés d'or moulu, orné de fleurs de porcelaine", coté 192 livres;
2°) à la date du 9 mars 1750, la vente à Mme la vicomtesse de Rochechouart, d'un "garde-vue de bronze doré d'or moulu, sur une figure de Saxe et fleurs de Vincennes", coté 156 livres;
3°) à la date du 15 septembre 1749, la vente pour 18 livres, à M. Boulogne de Préninville, de " deux gardes vue (sic) argentés".
On voit que, dès le principe, on avait employé déjà un certain nombre de matières pour la confection de l'abat-jour: Papier, métal, porcelaine ou verrerie opaque, imitant cette dernière.
http://www.encyclopedie-universelle.net/abat-jour-menu.html
... ou bien encore purement décoratif tel cet autre :
Magnifique écran sculpté en ivoire sur pied tourné en ivoire, début XIXème siècle (vers 1820).
L'écran est posé devant une bougie ou une lampe à pétrole pour magnifier la sculpture, la lumière faisant apparaître les détails.
http://www.proantic.com/display.php?mode=obj&id=156179
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55504
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les écrans à main
C'est drôle comme je n'avais jamais remarqué cet objet. Je ne comprenais pas même le titre de ce sujet avant de l'ouvrir.
Est-ce que le musée Carnavalet en expose ? Je lis qu'il en possède "dans ses réserves".
J'aime beaucoup l'idée d'y inscrire des extraits de pièces de théâtre, cela pouvait être amusant.
Olivier, tactile
Est-ce que le musée Carnavalet en expose ? Je lis qu'il en possède "dans ses réserves".
J'aime beaucoup l'idée d'y inscrire des extraits de pièces de théâtre, cela pouvait être amusant.
Olivier, tactile
Olivier- Messages : 1007
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Les écrans à main
Olivier a écrit:
C'est drôle comme je n'avais jamais remarqué cet objet. Je ne comprenais pas même le titre de ce sujet avant de l'ouvrir.
Olivier, tactile
Je connaissais l'objet mais pas son nom, et plutôt sur pied, non plus que ses petits messages au verso !
C'est drôle, comme nous en découvrons tous les jours !!!
Eléonore, conquise
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55504
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Les écrans à main
Voici le devant de l'écran à main présentant une petite gravure de la Reine que je possède depuis longtemps -
ces écrans étaient faits en bois genre "boite à camembert" , en principe ne servaient que peu de temps, et leur prix à l'époque étaient très modestes - ce qui n'est pas le cas à notre époque en salles de ventes -
Nous avions déjà évoqué ce sujet , peut être autre part !!!!!!!
Il serait intéressant à la jardinière de le bouturer sur le FORUM !!!!!
MARIE ANTOINETTE :
MARIE ANTOINETTE- Messages : 3729
Date d'inscription : 22/12/2013
Age : 78
Localisation : P A R I S
Mme de Sabran- Messages : 55504
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Mme de Sabran- Messages : 55504
Date d'inscription : 21/12/2013
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