Louis-Charles-Auguste Le Tonnelier, baron de Breteuil (1730-1807)

.

Cher Roi-cavalerie, j'ai déplacé votre dernier message dans le sujet consacré à Paul Barras .  

Roi-cavalerie a écrit:
En relisant le chapitre 3 du livre de Munro Price, consacré à Breteuil, je me suis aperçu qu'il pourrait être utile de lever le voile sur certains aspects de sa vie qui peuvent aider à décrypter  et à comprendre la scène politique du règne de Louis XVI. Certains sont biens connus d'autres moins. Bien évidemment il ne faut pas en tirer des conclusions hâtives mais ils peuvent permettre d'éclairer l'attitude du baron et les réactions à son encontre. Les voilà relevés dans l'ordre où ils se présentent au fil des pages.

Merci Roi-Cavalerie pour vos réflexions intéressantes à ce sujet.
Je me suis procuré le livre de Munro sur vos conseils... il faut absolument que je l'entame !
Tellement à lire ici

Chers amis,

Voici le point de vue de J Hardman ( Louis XVI, page 79) sur la responsabilité du baron de Breteuil dans les évènements qui ont conduit à la fin de la monarchie:

"... à trois reprises Breteuil infligea des dommages décisifs sinon mortels à la monarchie: l'achat de Saint Cloud pour la reine, sa conduite dans  l'Affaire du Collier de la Reine et son travail de sape à l'encontre des opérations de Calonne au Parlement."

On peut  se demander si certains des ministres de Louis XVI avaient réellement le sens de l'état ou bien s'ils agissaient uniquement en fonction de leur propre agenda. Celà semble être le cas de Breteuil et peut être celui de Loménie bien que, pour ce dernier, cela apparaisse moins flagrant.

Amitiés Roi-cavalerie

Lui et Loménie étant deux espoirs du parti choiseuliste, une fois acceptée l'idée que Choiseul ne serait jamais rappelé par Louis XVI, on peut se demander si ce n'est pas ce parti en lui-même qui a de grandes responsabilités vis-à-vis de la chute de la monarchie. Sous prétexte de réformes "modernes" (expulsion des jésuites, tolérance envers les Lumières...), nous croyons ce parti plus avancé que d'autres, notamment les dévots que je n'apprécie pas plus. Or, ce n'est pas le cas. C'est plus à mon avis une réaction aristocratique qu'un parti prônant le bien commun. Permettez l'expression mais ils n'avaient rien à cirer du peuple.

Ce qui ne m'empêche pas de penser que Breteuil avait incontestablement des qualités politiques.
Le problème de Louis XVI est de n'avoir pas trouvé un Premier ministre digne de ce nom qui aurait su tenir les amour-propre de chacun des membres du gouvernement et réussit à utiliser au mieux les compétences de chacun dans sa branche.
Dommage.

Pour rappel, Petitfils estime que Louis XIV a réellement gouverné par lui-même seulement au décès de Colbert, donc dans sa quarantaine bien entamée. Et il a été formé par Mazarin... Qui lui a justement laissé une équipe gouvernementale efficace. Louis XV a pris directement les rênes du pouvoir à 35 ans, à la mort de Fleury.
C'est dire que Louis XVI n'a guère eu de temps à faire ses preuves.

.

Voici les causes de l'animosité Breteuil / Rohan, selon Mme de Créquy :



Notre cousin le prince Louis, depuis cardinal de Rohan, fut envoyé comme ambassadeur extraordinaire à Vienne ; mon parent le baron de Breteuil, ambassadeur ordinaire à Vienne, eut le dégoût de s'y voir éclipsé par le prince Louis. Il arriva d'Allemagne avec la rage dans le cœur ; il fut créé ministre de la Maison du Roi, ce qui l'encouragea dans son esprit de vindicte, au lieu de l'apaiser ; et quand je vous rendrai compte de cet horrible procès du collier, qui m'a donné tant de soucis et d'affliction, vous y trouverez l'effet de cette belle rancune de M. le baron contre le cardinal de Rohan. Vous verrez tout ce que la considération de la Reine et la réputation du clergé français en ont souffert ! Je n'y saurais penser encore aujourd'hui sans irritation. J'ai eu bien de la peine à m'en réconcilier avec M. de Breteuil. — Ne me parlez jamais de la férocité de votre conduite envers ce prince-évêque, lui dis-je après sept années de brouillerie. Je vous l'ai pardonnée, j'en conviens ; mais je désire que Dieu vous la pardonne un peu mieux que je ne le saurais faire !

Quelqu'un saurait-il m'expliquer la différence entre ambassadeur extraordinaire  et  ambassadeur ordinaire, s'il vous plaît ?
Mon petit Lulu saura très certainement !

;

Mme de Sabran a écrit:.
Quelqu'un saurait-il m'expliquer la différence entre ambassadeur extraordinaire  et  ambassadeur ordinaire, s'il vous plaît ?
;

Peut-être faudrait-il regarder dans les écrits de Lewis Carroll ? :

Bien à vous.

Un ambassadeur ordinaire est celui qui est envoyé dans le pays en résidence pour de longs mois ou plusieurs années. Extraodinaire concerne ceux qui y vont en mission spéciale de quelques jours ou semaines.

Tiens donc !
Breteuil se croyait pourtant fermement en place ... d'où son ressentiment.

Merci, Reinette .

Je poste ici des nouvelles de la copie de la table
"La réplique de la Table de Breteuil vient d'être livrée par Factum Arte qui a réalisé un travail formidable !! Après avoir copié la Cène de Véronèse et le tombeau de Toutankhamon (en cours), la Table faisait partie des dix chefs d’œuvres au monde que Factum Arte souhaitait reproduire.... c'est chose faite, et de façon exceptionnelle !! Venez la voir du 2 au 26 juin, puis à partir du 10 juillet (exposée à Londres entre temps...)"

Je suis toujours dans l'ouvrage du comte de Fleury ...     ...   

Bombelles doit énormément à Breteuil : c'est lui qui a protégé ses débuts de jeune diplomate, il s'est montré avec constance le conseil dévoué, l'ami chaud du ménage, il est juste que leurs témoignages de regret et de considération se montrent à la hauteur des services rendus et de l'amitié affichée. Mais Bombelles ne se contente pas des démonstrations verbales, il aime à écrire sa reconnaissance, et son Journal amplifie encore :
« Je perds dans le conseil le seul homme qui eût à cœur d'y faire approuver ma besogne. Je porterai peut-être la peine de mon attachement à un ministre dont la conduite est une censure importune de celle de ses confrères; mais quelque chose qui m'arrive ou puisse m'arriver en mal, jamais la malice, l'injustice ou les fausses préventions ne pourront, en me conduisant bien, me faire autant de mal que l'amitié et les soins paternels de M. le baron de Breteuil ne m'ont fait de bien. C'est maintenant qu'il connaîtra ceux qui lui sont véritablement dévoués; c'est maintenant qu'il me sera vraiment doux de lui consacrer l'hommage d'une juste, mais vive reconnaissance. »

Voilà une vraie profession de foi. Si hyperbolique qu'elle puisse sembler, Bombelles l'écrit comme il la pense; il donnera plus tard mainte preuve de son attachement à Breteuil, comme Breteuil ne manquera pas une occasion de protéger Bombelles, de le pousser dans les voies politiques jusque dans rémigration. On appellera Bombelles le Sosie de Breteuil, parce que leurs actes et leurs dires s'entr'aideront et se complèteteront. Nous verrons même en quoi le fait d'être inféodé à la politique royaliste de Breteuil aliénera à Bombelles et les faveurs des Princes et la bonne volonté de ceux qui suivaient leur sillon...

Ce beau portrait du fidèle ministre de Louis XVI sera prochainement présenté en vente aux enchères...

Portrait de Louis Auguste Le Tonnelier, baron de Breteuil (1730-1807)
Jean-Laurent Mosnier (1743-1808)
Huile sur toile 72 x 58 cm.
Signée, en bas, à gauche : Mosnier


Provenance : Très vraisemblablement commandé par le baron de Breteuil au peintre, - puis par descendance jusqu'à aujourd'hui. (quel dommage de le vendre !  )

Présentation au catalogue :

Ce superbe portrait, à l'expression mêlée de dignité et de gravité, est à mettre en rapport avec le célèbre portrait du baron de Breteuil, en pied, présenté par Mosnier en 1787 au Salon (n°222).
Le baron Grimm le commenta favorablement par ces mots : « Tous les portraits de M. Mosnier annoncent un vrai talent. Celui de M. le baron de Breteuil est d'un ton ferme et d'un bel effet. La tête est fort ressemblante et tous les détails sont bien rendus. »

Il est probable que le baron ait commandé notre tableau en prévision du cadeau qu'il allait faire de la grande version au cardinal Loménie de Brienne, contrôleur général des Finances et principal Ministre d'Etat ; laquelle est désormais conservée au musée du Louvre (RF1963 4).

Louis-Charles-Auguste Le Tonnelier, baron de Breteuil (1730-1807)
Jean-Laurent Mosnier
Huile sur toile
Image : RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / René-Gabriel Ojéda
Historique : Longtemps attribué à tort à Ménageot, le tableau fut exposé sous le nom de Mosnier au Salon de 1787 (visible sur la gravure qui représente le Salon de 1787) . Don du baron de Breteuil au cardinal de Loménie. Collection du prince de Bauffremont (...)

Il est à remarquer que notre portrait varie de l'autre en de nombreux mais discrets détails : la posture et l'expression du modèle, le tombé de son habit, la position des ordres de chevalerie.



Sur la grande version, le baron est paré d'une luxueuse épée (présentée dans cette vente). A l'époque ministre de Paris, particulièrement soucieux, comme Louis XVI, d'améliorer le quotidien des plus humbles, il désigne, posés sur un superbe bureau Boulle (dont il possédait de nombreuses pièces de mobilier), les plans de Poyet pour le nouvel Hôtel-Dieu de Paris. L'idée était, comme pour le cimetière des Innocents, de le transférer hors du centre de la capitale pour des raisons d'hygiène, projet dont l'exécution fut rendue impossible par la Révolution.

Mosnier, quant à lui, après s'être attiré les faveurs de quelques membres de la cour, fuira la folie révolutionnaire à l'œuvre en France pour continuer à vivre de son art, et continuer à vivre tout court. On lui fit bon accueil en Angleterre, patrie où pourtant de nombreux portraitistes de premier rang exerçait déjà. Puis ce fut Hambourg, en 1796, et Saint-Pétersbourg, en 1800, où on lui fit un triomphe, jusqu'à l'élire professeur à l'Académie Impériale.


* Source et infos complémentaires : Coutau Bégarie & Associés - Vente du 3 juin 2022


Etonnante présentation au catalogue où il est plus question du portrait du Louvre que celui mis en vente, mais passons...

J'y ajoute une couche en postant ici une illustration de la gravure où apparait le portrait présenté au salon de 1787 (d'après la note du musée du Louvre que j'ai citée dans mon message).

Exposition au Salon du Louvre en 1787
Pietro Antonio Martini, after Johann Heinrich Ramberg
Etching and engraving, 1787
Image : Metropolitan Museum of Art

Un tableau ressemblant est visible sur la gauche, au centre, mais je ne vois pas tout à fait le même portrait   : la version du Louvre est rognée dans sa hauteur et ne présente ni fauteuil, ni rideau dans le dos du ministre.



Nous reconnaissons de nombreux autres tableaux dans cette composition. Un jeu amusant et intéressant de reconnaissance des oeuvres à poursuivre, ici, si cela vous tente :  

Les "Salons" des académies royales de Paris et de Londres numérisés

je viens de lire un très intéressant article de ISABELLE ARISTIDE directrice des archives privées à PIERREFITTE !!! concernant l'amitié qui existait entre la famille de FERSEN et donc AXEL et le MARQUIS DE BRETEUIL

celui-ci après avoir été diplomate se trouve ruiné en 1791/1792 près de 1/2 million de dettes,  il vend sa bibliothèque et son argenterie, mais rien n'y fait.... alors AXEL DE FERSEN lui rachète sa propriété à SAINT DOMINGUE qui ne vaut plus rien, c'est en sorte de prêt caché !!!!!

Il ne rentrera en FRANCE qu'en 1804 totalement ruiné.


une petite anecdote amusante sur la réception à VERSAILLES des membres de la famille !!!!!!

savez-vous pourquoi JOSEPH II lors de ses deux voyages à VERSAILLES a refusé de descendre au château ..............il a loué un appartement chez un baigneur de VERSAILLES
bien la réponse est ..............il fallait régler la somme de 50.000 livres pour séjourner dans les lieux !!!!!!!!
(trouvé dans le JOURNAL DE LA COUR - à lire absolument pour une excellente instruction -

MARIE ANTOINETTE::hop::

Message déplacé ici : il ne s'agit pas du marquis mais du baron de Breteuil.

Merci MARIE-ANTOINETTE ! L'article évoqué est celui-ci :

* Source : Ministère de la Culture - Mémoire d'Avenir (N°49)

Je reviens sur l'article présenté ci-dessus et notamment sur cette anecdote :

MARIE ANTOINETTE a écrit: (...) alors AXEL DE FERSEN lui rachète sa propriété à SAINT DOMINGUE qui ne vaut plus rien, c'est en sorte de prêt caché !!!!!

Si le sujet vous intéresse, vous retrouverez dans les Archives nationales d'outre-mer (France Archives), tout un dossier numérisé concernant :

Breteuil, Louis Auguste de, baron, concessionnaire à Cayenne, affaires engagées par lui à Saint-Domingue (1772-1787)

Je ne recopie pas tout ici, car il y a 37 pages numérisées, mais voici quelques pièces intéressantes...



Page 6 / 37  


Pages 8 et 9 / 37



Page 32 / 37

Je vous conseille de visiter le château. Toujours la même famille. On a joué dans ce château, c'est sublime

merci pour ces pages, ISABELLE ARISTIDE vient de me faire parvenir un bel exemple de la signature d'AXEL ainsi que le cachet de cire des BRETEUIL.

marie antoinette