Emilie du Châtelet (1706-1749)
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Emilie du Châtelet (1706-1749)
Emilie du Châtelet, la lumière de Voltaire
Par Marcelo Wesfreid (L'Express), publié le 18/10/2012 à 07:00, mis à jour le 19/10/2012 à 16:24
La marquise du Châtelet fut beaucoup plus que la "maîtresse" du philosophe. La découverte de ses archives, dont une partie va être vendue chez Christie's, est un événement majeur.
Voltaire l'appelait "Mme Pompon Newton". ( : : : ) Car elle était coquette, souvent trop maquillée. Elle n'était pas spécialement jolie, "grande et sèche, sans cul, sans hanches, la poitrine étroite, deux petits tétons arrivant de fort loin", comme la décrira une rivale.
Mais la marquise du Châtelet, dont l'écrivain était épris, brillait d'autres feux. Assoiffée de connaissances, elle plongeait jour et nuit dans l'étude de la physique et des mathématiques. "Elle fut la première femme scientifique en France", souligne la philosophe Elisabeth Badinter, qui lui a consacré un essai (Emilie, Emilie, le Livre de poche). Son nom, pourtant, est le plus souvent ignoré. Et, quand il apparaît, c'est toujours sous la mention, réductrice, de "maîtresse de Voltaire". Machiste...
Une découverte récente va-t-elle entraîner sa réhabilitation ? Des liasses de textes de la marquise ont, en effet, été retrouvées : cahiers noircis d'équations, essai inédit sur l'optique, manuscrits de l'"Exposition abrégée du système du monde selon les principes de Monsieur Newton". Ces documents, et bien d'autres, que l'on croyait perdus, gisaient dans des caisses en bois, rangées depuis des lustres dans un grenier d'une maison à Rosnay-l'Hôpital (Aube). Les plus précieux seront mis en vente par Christie's, à Paris, le 29 octobre. Le reste a été versé, l'été dernier, aux archives départementales de Chaumont (Haute-Marne). Ce fonds contient, en fait, toutes les archives du château de Cirey, en Champagne !
Cirey : c'est là que Voltaire et Mme du Châtelet ont vécu ensemble pendant quatorze ans. Tout commence en 1735. L'écrivain cherche à quitter dare-dare la capitale. Ses Lettres philosophiques, véritable brûlot contre l'obscurantisme, ont déplu au pouvoir. Il veut éviter tout nouveau séjour à la Bastille. Eperdument amoureuse, Emilie du Châtelet lui ouvre les portes de sa demeure. Son mari, Florent Claude du Châtelet, avec qui elle a eu trois enfants, est un militaire qui n'est jamais là. D'une bienveillance rare, il va fermer les yeux sur l'adultère. Et sur la plus folle romance des Lumières.
L'exilé transforme le château avec ses propres deniers. Il aménage un théâtre. Dans une galerie, on installe des microscopes, des baromètres, des télescopes. Un vrai laboratoire. Elle a 29 ans. Lui, douze de plus. Leur complicité intellectuelle est intense. La marquise se réveille aux aurores, lit à Voltaire des textes en anglais ou en latin. Elle qui fut l'élève du grand mathématicien Maupertuis (lequel fut également son amant) initie l'écrivain aux matières scientifiques. "J'étudie la philosophie de Newton sous les yeux d'Emilie, qui est à mon gré encore plus aimable que Newton", raconte, ébahi, le philosophe.
A l'époque, le théoricien de la gravitation universelle est un illustre inconnu pour la plupart des gens. La savante instruit son compagnon. Lui, l'auteur d'Oedipe, l'aide dans la vulgarisation. Un duo de choc. "Ils définissaient des sujets d'étude ensemble, travaillaient ensuite dans leur coin, puis comparaient leurs résultats", décrit le spécialiste de Voltaire Andrew Brown. Ils s'attellent à des expériences sur la propagation du feu - ils rédigeront chacun un essai sur le sujet pour l'Académie française.
Voltaire clame qu'il est son "scribe"
L'attitude de la marquise est révolutionnaire pour l'époque. Elle se veut libre sur le plan des moeurs et libre dans ses recherches. Elle entretient une correspondance avec des chercheurs de toute l'Europe (Bernoulli, Clairaut, Euler, König, Réaumur...), est élue à l'Académie des sciences de Bologne, en Italie, bref, s'aventure sur des terrains interdits aux femmes. Pas facile. "Je sens tout le poids du préjugé qui nous exclut si universellement des sciences, déplore cette pionnière du féminisme. Et c'est une des contradictions de ce monde qui m'a le plus étonnée." Les éditeurs comme le public se méfient alors des femmes savantes.
Ce n'est pas le cas de Voltaire. Il dira d'ailleurs de Molière, et de sa fameuse pièce : "En vain, il a voulu couvrir de ridicule une dame qui avait appris l'astronomie. Il eût mieux fait de l'apprendre lui-même." L'ermite de Cirey a la gratitude de celui qui sait ce qu'il doit à sa compagne. Elle l'a transformé en philosophe complet. "Emilie a été en quelque sorte son mentor", résume Elisabeth Badinter.
Il ne cessera, durant toute leur relation, de rendre hommage à sa maîtresse. "Elle fait honneur à son sexe et à la France. En vérité, je suis saisi d'admiration", confie-t-il à un proche. Voltaire clame qu'il est son "scribe", qu'il écrit sous sa dictée. Exagéré, sans doute. Mais les spécialistes se demandent toutefois dans quelle mesure certains opus de Voltaire ne sont pas partiellement coécrits. Des textes, notamment parmi ceux qui viennent d'être exhumés, comportent des annotations de la main des deux intellectuels. Un travail d'équipe, mis parfois à rude épreuve. A la fin de sa vie, Emilie du Châtelet se convertit aux doctrines métaphysiques de Leibniz, que Voltaire abhorrait - il s'en moquera abondamment dans son conte Candide.
C'est peu dire que les archives de Cirey, par leur importance, ont déclenché une vive émotion dans la communauté scientifique. Plus de 1 400 chercheurs du monde entier (américains, italiens, anglais, grecs, canadiens...) ont cosigné une lettre adressée à la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, pour demander à l'Etat de préempter ces textes. "Il est à craindre, soulignent les pétitionnaires, que ces fonds exceptionnels, qui constituent l'une des plus remarquables redécouvertes de valeur patrimoniale de ces dernières décennies, ne disparaissent de nouveau, nous privant tous, chercheurs et publics intéressés, d'une ressource inestimable de connaissances et d'informations inédites sur deux des plus grandes figures du siècle des Lumières."
Mais l'Etat pourra-t-il, en période de disette budgétaire, débourser tant d'argent ? Christie's met par exemple en vente un lot comprenant plusieurs versions de travail du Commentaire de Newton par Madame du Châtelet (c'est la pièce phare des enchères). Prix de départ : 400 000 euros... Cher, trop cher.
Emilie du Châtelet meurt le 10 septembre 1749 à Lunéville. Elle décède d'une infection, cinq jours après avoir accouché d'une petite fille. Depuis 1748, se sentant délaissée par Voltaire, qui courtisait sa propre nièce, Mme Denis, la marquise avait fini par s'énamourer de Jean-François de Saint-Lambert. Un beau militaire, philosophe de surcroît, qui lui a donc donné ce bébé. Sur son lit de mort, la scientifique est entourée de Voltaire, de Saint-Lambert et de son mari, revenu pour l'accouchement. "J'ai perdu la moitié de moi-même, écrira, effondré, Voltaire après la disparition de Mme du Châtelet. Une amie de vingt ans que j'avais vue naître".
Cette femme avait décidé de vivre autrement. De saper les codes en vigueur dans son milieu. La quête des connaissances comme celle de l'amour avaient été son seul credo. Dans un opuscule écrit pourtant après la fin houleuse de sa relation avec Voltaire, et intitulé Discours sur le bonheur, Emilie du Châtelet continue à se moquer des diktats : "Les moralistes qui disent aux hommes "réprimez vos passions, et maîtrisez vos désirs, si vous voulez être heureux" ne connaissent pas le chemin du bonheur. On n'est heureux que par des goûts et des passions satisfaites."
En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/culture/livre/emilie-du-chatelet-la-lumiere-de-voltaire_1175200.html#0k0qJuolJp7CHcY4.99
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Par Marcelo Wesfreid (L'Express), publié le 18/10/2012 à 07:00, mis à jour le 19/10/2012 à 16:24
La marquise du Châtelet fut beaucoup plus que la "maîtresse" du philosophe. La découverte de ses archives, dont une partie va être vendue chez Christie's, est un événement majeur.
Voltaire l'appelait "Mme Pompon Newton". ( : : : ) Car elle était coquette, souvent trop maquillée. Elle n'était pas spécialement jolie, "grande et sèche, sans cul, sans hanches, la poitrine étroite, deux petits tétons arrivant de fort loin", comme la décrira une rivale.
Mais la marquise du Châtelet, dont l'écrivain était épris, brillait d'autres feux. Assoiffée de connaissances, elle plongeait jour et nuit dans l'étude de la physique et des mathématiques. "Elle fut la première femme scientifique en France", souligne la philosophe Elisabeth Badinter, qui lui a consacré un essai (Emilie, Emilie, le Livre de poche). Son nom, pourtant, est le plus souvent ignoré. Et, quand il apparaît, c'est toujours sous la mention, réductrice, de "maîtresse de Voltaire". Machiste...
Une découverte récente va-t-elle entraîner sa réhabilitation ? Des liasses de textes de la marquise ont, en effet, été retrouvées : cahiers noircis d'équations, essai inédit sur l'optique, manuscrits de l'"Exposition abrégée du système du monde selon les principes de Monsieur Newton". Ces documents, et bien d'autres, que l'on croyait perdus, gisaient dans des caisses en bois, rangées depuis des lustres dans un grenier d'une maison à Rosnay-l'Hôpital (Aube). Les plus précieux seront mis en vente par Christie's, à Paris, le 29 octobre. Le reste a été versé, l'été dernier, aux archives départementales de Chaumont (Haute-Marne). Ce fonds contient, en fait, toutes les archives du château de Cirey, en Champagne !
Cirey : c'est là que Voltaire et Mme du Châtelet ont vécu ensemble pendant quatorze ans. Tout commence en 1735. L'écrivain cherche à quitter dare-dare la capitale. Ses Lettres philosophiques, véritable brûlot contre l'obscurantisme, ont déplu au pouvoir. Il veut éviter tout nouveau séjour à la Bastille. Eperdument amoureuse, Emilie du Châtelet lui ouvre les portes de sa demeure. Son mari, Florent Claude du Châtelet, avec qui elle a eu trois enfants, est un militaire qui n'est jamais là. D'une bienveillance rare, il va fermer les yeux sur l'adultère. Et sur la plus folle romance des Lumières.
L'exilé transforme le château avec ses propres deniers. Il aménage un théâtre. Dans une galerie, on installe des microscopes, des baromètres, des télescopes. Un vrai laboratoire. Elle a 29 ans. Lui, douze de plus. Leur complicité intellectuelle est intense. La marquise se réveille aux aurores, lit à Voltaire des textes en anglais ou en latin. Elle qui fut l'élève du grand mathématicien Maupertuis (lequel fut également son amant) initie l'écrivain aux matières scientifiques. "J'étudie la philosophie de Newton sous les yeux d'Emilie, qui est à mon gré encore plus aimable que Newton", raconte, ébahi, le philosophe.
A l'époque, le théoricien de la gravitation universelle est un illustre inconnu pour la plupart des gens. La savante instruit son compagnon. Lui, l'auteur d'Oedipe, l'aide dans la vulgarisation. Un duo de choc. "Ils définissaient des sujets d'étude ensemble, travaillaient ensuite dans leur coin, puis comparaient leurs résultats", décrit le spécialiste de Voltaire Andrew Brown. Ils s'attellent à des expériences sur la propagation du feu - ils rédigeront chacun un essai sur le sujet pour l'Académie française.
Voltaire clame qu'il est son "scribe"
L'attitude de la marquise est révolutionnaire pour l'époque. Elle se veut libre sur le plan des moeurs et libre dans ses recherches. Elle entretient une correspondance avec des chercheurs de toute l'Europe (Bernoulli, Clairaut, Euler, König, Réaumur...), est élue à l'Académie des sciences de Bologne, en Italie, bref, s'aventure sur des terrains interdits aux femmes. Pas facile. "Je sens tout le poids du préjugé qui nous exclut si universellement des sciences, déplore cette pionnière du féminisme. Et c'est une des contradictions de ce monde qui m'a le plus étonnée." Les éditeurs comme le public se méfient alors des femmes savantes.
Ce n'est pas le cas de Voltaire. Il dira d'ailleurs de Molière, et de sa fameuse pièce : "En vain, il a voulu couvrir de ridicule une dame qui avait appris l'astronomie. Il eût mieux fait de l'apprendre lui-même." L'ermite de Cirey a la gratitude de celui qui sait ce qu'il doit à sa compagne. Elle l'a transformé en philosophe complet. "Emilie a été en quelque sorte son mentor", résume Elisabeth Badinter.
Il ne cessera, durant toute leur relation, de rendre hommage à sa maîtresse. "Elle fait honneur à son sexe et à la France. En vérité, je suis saisi d'admiration", confie-t-il à un proche. Voltaire clame qu'il est son "scribe", qu'il écrit sous sa dictée. Exagéré, sans doute. Mais les spécialistes se demandent toutefois dans quelle mesure certains opus de Voltaire ne sont pas partiellement coécrits. Des textes, notamment parmi ceux qui viennent d'être exhumés, comportent des annotations de la main des deux intellectuels. Un travail d'équipe, mis parfois à rude épreuve. A la fin de sa vie, Emilie du Châtelet se convertit aux doctrines métaphysiques de Leibniz, que Voltaire abhorrait - il s'en moquera abondamment dans son conte Candide.
C'est peu dire que les archives de Cirey, par leur importance, ont déclenché une vive émotion dans la communauté scientifique. Plus de 1 400 chercheurs du monde entier (américains, italiens, anglais, grecs, canadiens...) ont cosigné une lettre adressée à la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, pour demander à l'Etat de préempter ces textes. "Il est à craindre, soulignent les pétitionnaires, que ces fonds exceptionnels, qui constituent l'une des plus remarquables redécouvertes de valeur patrimoniale de ces dernières décennies, ne disparaissent de nouveau, nous privant tous, chercheurs et publics intéressés, d'une ressource inestimable de connaissances et d'informations inédites sur deux des plus grandes figures du siècle des Lumières."
Mais l'Etat pourra-t-il, en période de disette budgétaire, débourser tant d'argent ? Christie's met par exemple en vente un lot comprenant plusieurs versions de travail du Commentaire de Newton par Madame du Châtelet (c'est la pièce phare des enchères). Prix de départ : 400 000 euros... Cher, trop cher.
Emilie du Châtelet meurt le 10 septembre 1749 à Lunéville. Elle décède d'une infection, cinq jours après avoir accouché d'une petite fille. Depuis 1748, se sentant délaissée par Voltaire, qui courtisait sa propre nièce, Mme Denis, la marquise avait fini par s'énamourer de Jean-François de Saint-Lambert. Un beau militaire, philosophe de surcroît, qui lui a donc donné ce bébé. Sur son lit de mort, la scientifique est entourée de Voltaire, de Saint-Lambert et de son mari, revenu pour l'accouchement. "J'ai perdu la moitié de moi-même, écrira, effondré, Voltaire après la disparition de Mme du Châtelet. Une amie de vingt ans que j'avais vue naître".
Cette femme avait décidé de vivre autrement. De saper les codes en vigueur dans son milieu. La quête des connaissances comme celle de l'amour avaient été son seul credo. Dans un opuscule écrit pourtant après la fin houleuse de sa relation avec Voltaire, et intitulé Discours sur le bonheur, Emilie du Châtelet continue à se moquer des diktats : "Les moralistes qui disent aux hommes "réprimez vos passions, et maîtrisez vos désirs, si vous voulez être heureux" ne connaissent pas le chemin du bonheur. On n'est heureux que par des goûts et des passions satisfaites."
En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/culture/livre/emilie-du-chatelet-la-lumiere-de-voltaire_1175200.html#0k0qJuolJp7CHcY4.99
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Mme de Sabran- Messages : 55508
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
Mme de Sabran a écrit: Voltaire dira d'ailleurs de Molière, et de sa fameuse pièce : "En vain, il a voulu couvrir de ridicule une dame qui avait appris l'astronomie. Il eût mieux fait de l'apprendre lui-même."
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... bien envoyé ! :n,,;::::!!!: :n,,;::::!!!: :n,,;::::!!!:
Mme de Sabran- Messages : 55508
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
Je trouve curieux qu'Elisabeth Badinter n'ait pas choisi un véritable portrait d'Emilie pour sa couverture... La crainte de décourager les acheteurs ? :
Gouverneur Morris- Messages : 11796
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
Gouverneur Morris a écrit:... La crainte de décourager les acheteurs ? :
Pourquoi donc ? Elle n'a rien de vilain ...
Mme de Sabran- Messages : 55508
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
La tombe de Mme du Châtelet en l'Eglise Saint-Jacques de Lunéville (il me semble avoir lu qu'elle avait été vandalisée pendant la Terreur, et que c'est le pauvre Panpan Devaux qui a essayé d'y remettre ensuite un peu d'ordre... (?)) :
Voir aussi :
http://lorraine.france3.fr/info/luneville---hommage-a-emilie-du-chatelet-75398606.html
L'église Saint-Jacques :
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-Jacques_de_Lun%C3%A9ville
Voir aussi :
http://lorraine.france3.fr/info/luneville---hommage-a-emilie-du-chatelet-75398606.html
L'église Saint-Jacques :
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-Jacques_de_Lun%C3%A9ville
Gouverneur Morris- Messages : 11796
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
Je crois me rappeler que galant homme, Stanislas avait momentanément cédé une partie de ses appartements à la marquise afin quelle puisse y achever tranquillement sa grossesse (l'appartement est au RDC) et y faire (croyait-on) tranquillement ses couches :
Ils se situent dans le bâtiment gauche visible sur le cliché (au passage, la galerie au 1er étage du corps central accueillait l'appartement de la marquise de Boufflers).
Ils se situent dans le bâtiment gauche visible sur le cliché (au passage, la galerie au 1er étage du corps central accueillait l'appartement de la marquise de Boufflers).
Gouverneur Morris- Messages : 11796
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
Gouverneur Morris a écrit: c'est le pauvre Panpan Devaux qui a essayé d'y remettre ensuite un peu d'ordre... (?)) :
Précieux Maurice !!!
Je ne connaissais que ce petit Panpan-ci ( : ) :
... vous me faites découvrir cet autre :
François-Antoine Devaux, dit « Panpan », né le 12 décembre 1712 à Lunéville où il est mort le 11 avril ou le 12 décembre 1796 (selon les sources), est un poète lorrain puis, après 1766, français.
Celui que Van Bever qualifie ironiquement de « plus modeste et plus discret des poètes lorrains » fut d’abord avocat à la cour souveraine de Nancy.
Ami de Françoise de Graffigny, il parvint grâce à son entremise et les faveurs dont cette dernière bénéficiait à la cour de Lorraine, à s’y faire recevoir par Léopold Ier puis par Stanislas Leszczynski.
Devaux, poète galant, esprit léger et improvisateur brillant, unanimement surnommé Panpan, fut un animal de cour fort prisé des grandes familles lorraines et chouchou de ces dames, dont Françoise de Graffigny et Marie-Charlotte de Boufflers.
Mort dans l’oubli en 1796 à une date imprécise (avril ou décembre ?), Panpan laissait une comédie, les Engagements indiscrets, représentée à Paris le 26 décembre 1752 au Théâtre-Français, ainsi qu’un Discours sur l’esprit philosophique, lu à l’Académie de Nancy le 20 octobre 1752, et nombre de poèmes galants, dont un plusieurs sont aujourd’hui perdus .
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_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55508
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
Merci Eléonore . De manière très surprenante, la bio en anglais présente sur Wiki propose des détails bien savoureux :
http://en.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois-Antoine_Devaux
:
http://en.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois-Antoine_Devaux
:
Gouverneur Morris- Messages : 11796
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
Gouverneur Morris a écrit: Wiki propose des détails bien savoureux :
... because he was bi-sexual ? Voilà un mystère total pour moi ...
he thought he was ugly, and performance anxiety caused erectile dysfunction ... poor dear little thing !
He wrote all this to Françoise de Graffigny. As for their own relations, she said: "Je n'avais jamais pensé que tu fusses un homme et tu n'avais jamais pensé que je fusse une femme."
Je suis partagée entre et : : :
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Mme de Sabran- Messages : 55508
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Gouverneur Morris- Messages : 11796
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
J'ai lu la biographie (que je dois rendre ! ) d'Elisabeth Badinter. C'est en fait une double biographie, comparée, avec madame d'Epinay. Vraiment t
Passionnant, notamment pour ceux qui s'intéressent à la condition féminine et à l'éducation.
Là une fois de plus, heureusement que ce n'est pas le portrait de madame d'Epinay qui fut choisi.
Ces dames détenaient un charme incomparable, à faire chavirer les cœurs d'hommes des plus importants du siècle, mais ce charme ne venait pas du seul physique ! :
Passionnant, notamment pour ceux qui s'intéressent à la condition féminine et à l'éducation.
Là une fois de plus, heureusement que ce n'est pas le portrait de madame d'Epinay qui fut choisi.
Ces dames détenaient un charme incomparable, à faire chavirer les cœurs d'hommes des plus importants du siècle, mais ce charme ne venait pas du seul physique ! :
Invité- Invité
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
Si j'ai le temps ce soir, je posterai l'introduction qu'elle a écrit concernant, chose incroyable :l'égalité homme/femme, lorsqu'elle a traduit la fable des abeilles, à une époque où les femmes écrivains devaient se cacher derrière un nom d'emprunt!
Invité- Invité
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
La marquise n'était pas pudibonde. Elle n'avait pas peur de la nudité et n'avait aucun problème à se mettre nue devant ses gens.
Voici un extrait des "mémoires sur Voltaire", par Longchamp et Wagnière ses secrétaires, extrait cité par Georges Vigarello dans "Le propre et le sale" (un livre que je recommande hautement d'ailleurs ).
Voici un extrait des "mémoires sur Voltaire", par Longchamp et Wagnière ses secrétaires, extrait cité par Georges Vigarello dans "Le propre et le sale" (un livre que je recommande hautement d'ailleurs ).
Invité- Invité
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
Reinette a écrit:J'ai lu la biographie (que je dois rendre ! ) d'Elisabeth Badinter. C'est en fait une double biographie, comparée, avec madame d'Epinay. Vraiment t
Passionnant, notamment pour ceux qui s'intéressent à la condition féminine et à l'éducation.
J’étais sûr que ce livre te plairait... :n,,;::::!!!:
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Gabrielle-Emilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise du Châtelet
Je ne résiste pas à vous copier, à nouveau ici, le portrait de Mme du Châtelet par la marquise du Deffand.
En voilà une qu’elle n’épargne pas ici...
Représentez-vous une femme grande et sèche, le teint échauffé, le visage aigu, le nez pointu, voilà la figure de la belle Emilie, figure dont elle est si contente qu’elle n’épargne rien pour la faire valoir, frisure, pompons, pierreries, verreries, tout est à profusion ; mais comme elle veut être belle en dépit de la nature, et qu’elle veut être magnifique en dépit de la fortune, elle est obligée pour se donner le superflu de se passer du nécessaire, comme chemises et autres bagatelles.
Elle est née avec assez d’esprit ; le désir d’en paraître davantage lui a fait préférer l’étude des sciences les plus abstraites aux connaissances agréables : elle croit par cette singularité à une plus grande réputation, et à une supériorité décidée sur toutes les femmes.
Elle ne s’est pas bornée à cette ambition, elle a voulu être princesse, elle l’est devenue, non par la grâce de Dieu, ni par celle du roi, mais par la sienne.
Ce ridicule lui a passé comme les autres, on s’est accoutumé à la regarder comme une princesse de théâtre, et on a presque oublié qu’elle est femme de condition (redoutablissime...)
Madame travaille avec tant de soin à paraître ce qu’elle n’est pas qu’on ne sait plus ce qu’elle est en effet.
Ses défauts même ne lui sont peut-être pas naturels ( : ) , ils pourraient tenir à ses prétentions ; son peu d’égard à l’état de princesse, sa sécheresse à celui de savante, et son étourderie à celui de jolie femme.
Quelque célèbre que soit Mme Du Châtelet, elle ne serait pas satisfaite si elle n’était pas célébrée, et c’est encore à quoi elle est parvenue en devenant l’amie déclarée de M. de Voltaire.
C’est lui qui donne de l’éclat à sa vie, et c’est à lui qu’elle devra l’immortalité.
En vous remerkiiiant....
En voilà une qu’elle n’épargne pas ici...
Représentez-vous une femme grande et sèche, le teint échauffé, le visage aigu, le nez pointu, voilà la figure de la belle Emilie, figure dont elle est si contente qu’elle n’épargne rien pour la faire valoir, frisure, pompons, pierreries, verreries, tout est à profusion ; mais comme elle veut être belle en dépit de la nature, et qu’elle veut être magnifique en dépit de la fortune, elle est obligée pour se donner le superflu de se passer du nécessaire, comme chemises et autres bagatelles.
Elle est née avec assez d’esprit ; le désir d’en paraître davantage lui a fait préférer l’étude des sciences les plus abstraites aux connaissances agréables : elle croit par cette singularité à une plus grande réputation, et à une supériorité décidée sur toutes les femmes.
Elle ne s’est pas bornée à cette ambition, elle a voulu être princesse, elle l’est devenue, non par la grâce de Dieu, ni par celle du roi, mais par la sienne.
Ce ridicule lui a passé comme les autres, on s’est accoutumé à la regarder comme une princesse de théâtre, et on a presque oublié qu’elle est femme de condition (redoutablissime...)
Madame travaille avec tant de soin à paraître ce qu’elle n’est pas qu’on ne sait plus ce qu’elle est en effet.
Ses défauts même ne lui sont peut-être pas naturels ( : ) , ils pourraient tenir à ses prétentions ; son peu d’égard à l’état de princesse, sa sécheresse à celui de savante, et son étourderie à celui de jolie femme.
Quelque célèbre que soit Mme Du Châtelet, elle ne serait pas satisfaite si elle n’était pas célébrée, et c’est encore à quoi elle est parvenue en devenant l’amie déclarée de M. de Voltaire.
C’est lui qui donne de l’éclat à sa vie, et c’est à lui qu’elle devra l’immortalité.
En vous remerkiiiant....
Dernière édition par La nuit, la neige le Mer 23 Sep 2020, 23:02, édité 1 fois
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
Oh purée, la fichue marquise !!!
Mme de Sabran- Messages : 55508
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
Eh ben, c'est sacrément envoyé. C'est quoi une "femme de condition"?
Invité- Invité
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
Il faut dire que si madame du Châtelet m'épate pour son intelligence hors du commun, par la vie 'libre" qu'elle a décidée de mener, elle ne m'est pas spécialement sympathique. Elle devait être très souvent odieuse.
Rien à voir avec madame d'Epinay, particulièrement attachante. boudoi30
Madame du Deffand ne devait pas non plus être très agréable. boudoi29
Rien à voir avec madame d'Epinay, particulièrement attachante. boudoi30
Madame du Deffand ne devait pas non plus être très agréable. boudoi29
Invité- Invité
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
Je l’adore ! Elle est terrible... :Mme de Sabran a écrit:
Oh purée, la fichue marquise !!!
L’une de ses petites vacheries que je préfère est sans doute celle de l’introduction au portrait de la duchesse de Chaulnes :
L’esprit de madame la duchesse de Chaulnes est si singulier, qu’il est impossible de le définir : il ne peut être comparé qu’à l’espace.
Il en a pour ainsi dire toutes les dimensions, la profondeur, l’étendue, et le néant ! :
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
Cosmo a écrit:Eh ben, c'est sacrément envoyé. C'est quoi une "femme de condition"?
Une noble dame, une dame de la cour.
Invité- Invité
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
Une peau de vache ! :Reinette a écrit:
Madame du Deffand ne devait pas non plus être très agréable.
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
Reinette a écrit:
Madame du Deffand ne devait pas non plus être très agréable. boudoi29
Elle a l'air jalouse de Mme du Châtelet cette Mme du Deffand.
Invité- Invité
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
Je crois qu'elles étaient vaguement cousines. Mais alors je ne me rappelle pas pourquoi madame du Deffand en a autant voulu à madame du Châtelet.
Invité- Invité
Re: Emilie du Châtelet (1706-1749)
Reinette a écrit:Je crois qu'elles étaient vaguement cousines. Mais alors je ne me rappelle pas pourquoi madame du Deffand en a autant voulu à madame du Châtelet.
... A vue de nez comme ça, je dirais que c'est parce-qu'elles sont en concurrence sur le plan intellectuel, et que Mme du Châtelet est avec Voltaire. Mais je peux me tromper.
Invité- Invité
Gabrielle-Emilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise du Châtelet
Cosmo a écrit:
Elle a l'air jalouse de Mme du Châtelet cette Mme du Deffand.
Madame du Deffand était la grande amie de Voltaire.
Elle n’a jamais aimé la fantasque Mme du Châtelet.
Et ceci résume aussi le fond de sa pensée :
Le désir d’en paraître davantage lui a fait préférer l’étude des sciences les plus abstraites aux connaissances agréables : elle croit par cette singularité à une plus grande réputation, et à une supériorité décidée sur toutes les femmes.
De trop fortes personnalités pour pouvoir s’entendre.
Dernière édition par La nuit, la neige le Mer 23 Sep 2020, 23:03, édité 1 fois
La nuit, la neige- Messages : 18137
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