Le Secret de Madame Royale, de André Castelot

Je referme l'ouvrage d'André Castelot, Le Secret de Madame Royale .    
Bien entendu, ce secret concerne le petit Louis XVII qui ne serait pas mort au Temple.  Mais il faut arriver à la page 280 de cette biographie assez fastidieuse ( c'est l'époque pénible de la Restauration qui veut ça ) pour que Castelot lève enfin un pan de voile sur la prétendue affaire du petit roi.  Du reste, touchant presque au terme de ma lecture, je m'étonnais que le sujet brûlant des vrais-faux dauphins n'ait pas été abordé .  

Or donc, nous y voici.    
Je vous préviens : c'est extrêmement rocambolesque .    àè-è\':     Nous y apprenons que, pendant près de vingt ans, Mme de Soucy  ( fille de Mme de Mackau, soeur d'Angélique de Bombelles,  sous-gouvernante des Enfants de France, et de laquelle Marie-Antoinette avait mauvaise opinion ) Mme de Soucy donc exerça un chantage odieux sur Madame Royale, si si !!!  ...  et que, plus sidérant encore,  la princesse obtempéra, de mauvaise grâce mais obtempéra quand même, régulièrement, et versa des sommes folles par l'intermédiaire d'un certain docteur Lavergne !       

Ce n'est pas pour sacrifier à la mode du jour que nous avons appelé cette étude  " Le Secret de Madame Royale ". Un lourd secret semble, en effet, envelopper toute sa vie, peser sur son âme et avoir étouffé jusqu'aux battements de son coeur.
Il s'agit du " drame Louis XVII ".
Car Madame Royale était loin d'être certaine de la mort de son frère au Temple.  Le Père de Lestrange, en 1798, écrivit à Marie-Thérèse au sujet d'Hervagault, le premier des faux-dauphins qui faisait alors parler de lui.

Mgr de la Fare répondit au Père de Lestrange en lui apprenant  " l'étonnement et l'émotion " de Marie-Thérèse .

«Moniteur Viennois» du 15 Décembre 1928  
— N° 36 —


Plus tard, elle ( Madame Royale )  s'était enquise d'Hervagault auprès du père de Lestrange, abbé de la Trappe. Revenue en France, elle avait refusé au docteur Pelletan le cœur de l'enfant autopsié le 9 juin 1795 par ce même praticien. A la même époque, elle avait également dédaigné les cheveux de l'enfant mort au Temple, pieusement conservés dans un riche coffret par Damont. Quand elle apprit l'arrivée à Paris' du prétendu Naundorff, elle chargea le vicomte de la Rochefoucauld, ancien aide de camp de Charles X. de l'interroger minutieusement. Le récit de M. de la Rochefoucauld fait l'objet du cinquième volume de ses Mémoires, et au milieu du trouble que leur rédacteur ne cherche même pas à dissimuler, il écrivit ces lignes révélatrices, adressées par lui à la duchesse d'Angoulême, et qui sont évidemment exclusives des sentiments qu'auraient pu inspirer la plus habile imposture à un enquêteur cuirassé par quarante années d'émigration, d'épreuves et de révolution. « Il ne sera peut-être pas facile à Madame de se figurer et de comprendre l'espèce d'étourdissement que j'éprouvais en voyant un homme dans cette situation, parler tout courant de sa famille, qui, tout simplement, était la famille des Bourbons ; de sa sœur, qui était Mme la duchesse d'Angoulême ; de M. le duc de Berry, qui avait péri à cause de lui. La tête et le cœur en tournaient. »
Le Prince chargea M. de la Rochefoucauld de demander pour lui une entrevue à sa sœur.
« Dites-lui, ajoutait-il à cette occasion, que je n'ai pas reçu au baptême les noms de Louis Charles, mais bien de Charles-Louis ; dites-lui que si je monte au trône méconnu par elle et par les miens, j'y serai Louis XVII ; qu'il ne tient qu'à elle et à ma famille que je m'appelle Charles XI : elle devra me comprendre. Embrassez-moi et partez. »
La princesse prévenue se donna le tort impardonnable de refuser l'entrevue. C'était commettre la plus inexplicable des maladresses car si l'inconnu de Paris était un imposteur nul n'était plus qualifié que la fille de Louis XVI pour le confondre d'un seul mot, désabusant ainsi d'anciens et loyaux serviteurs de sa famille ayant d'incontestables droits à la vérité. Et s'il était bien le Fils de France qu'il disait être, le devoir de sa sœur, désormais libérée de l'emprise de Louis XVIII était de reconnaître et de proclamer la Légitimité monarchique.

http://www.memoireetactualite.org/presse/38MONITEURVI/PDF/1928/38MONITEURVI-19281215-P-0002.pdf



Mais c'est principalement, poursuit Castelot, la correspondance de Madame Royale au baron Charlet qui va nous prouver que la " Reine Marie-Thérèse " admettait parfaitement l'existence du mystère du Temple.   (...)   De 1833 à sa mort, soit presque durant vingt années, Madame Royale fut littéralement empoisonnée par ce que Charlet appelait  " l'affaire du médecin ".  
Ce médecin était un certain Lavergne qui, au début de 1833, révéla son existence à la duchesse d'Angoulême, en la menaçant de publier  " une lettre otographe ( sic ) de Madame la marquise de Soucy, née de Mackau, à une personne de ses amis, relative aux révélations que lui aurait faites Madame la duchesse d'Angoulême à l'époque de sa sortie du Temple sur les événements extraordinaires qui lui arrivèrent durant sa longue captivité . "  (...)
...   chaque fois que Marie-Thérèse fait allusion dans ses lettres à Richemond, à Naundorff, aux faux-dauphins, elle parle, dans la même phrase, de "l'affaire du médecin ". Dans sa pensée les deux choses sont étroitement liées ...  Il s'agit bien du " problème Louis XVII " ! (... ) la duchesse d'Angoulême, en dix-huit années, payera des sommes considérables, près de sept millions de notre monnaie ! pour faire taire le médecin et acheter son silence.


Petit aparté .  
Qui était ce baron Charlet ?   C'était le dévoué secrétaire des commandements, et ami, de Madame Royale .  
Voici une lettre manuscrite signée Marie-Thérèse, adressée au baron Théodore Charlet (1785-1859) Bordeaux, le 1er avril 1815, in-folio.
Bon état, petites pliures. Voir illustration en 2e de couverture.
Belle lettre de reconnaissance: «Braver Bordeaux, votre fidélité m'est connu ! (...)Bientôt avec l'aide de Dieu dans des circonstances plus heureuse, je vous témoignerai ma reconnaissance (...)»

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http://www.coutaubegarie.com/html/fiche.jsp?id=4695185&np=5&lng=fr&npp=50&ordre=1&aff=1&r=




Comme je suis une grosse paresseuse, je ne me sens pas le courage ( même en vous la faisant courte ) de tout taper .
J'appelle donc Tiburce à ma rescousse !  

MERCI, Éléonore, pour ce compte-rendu si précis

Mme de Sabran a écrit:Le Prince chargea M. de la Rochefoucauld de demander pour lui une entrevue à sa sœur.
« Dites-lui, ajoutait-il à cette occasion, que je n'ai pas reçu au baptême les noms de Louis Charles, mais bien de Charles-Louis ; dites-lui que si je monte au trône méconnu par elle et par les miens, j'y serai Louis XVII ; qu'il ne tient qu'à elle et à ma famille que je m'appelle Charles XI : elle devra me comprendre. Embrassez-moi et partez. »

Et que non! Si Charles-Louis avait vécu, donc, et régné, c'est alors lui qui aurait dû s'appeler Charles X et pas son oncle !


Bien à vous.

il ne tient qu'à elle et à ma famille que je m'appelle Charles XI : elle devra me comprendre.

Note :
Vte de la Rochefoucauld. .Mémoires, T, V, p. .127.
Ces derniers mots : « embrassez-moi et partez », démontrent que le vicomte avait dû donner au Proscrit des marques non équivoques de sa croyance à l'identité royale qu'il s'agissait de défendre à Prague. — Les faux-dauphins se sont tous donné les prénoms de Louis-Charles. Seul le véritable Dauphin savait qu'il avait été baptisé Charles-Louis.
Ce fut seulement en 1789, après la mort du Premier Dauphin baptisé Louis, qu'on changea l'ordre des prénoms de son frère, qui de Charles-Louis s'appelle désormais Louis-Charles. La seule inspection des registres de l'état religieux de la paroisse Notre-Dame, à Versailles, permet de s'assurer que l'on a procédé à un grattage parfaitement visible dans le texte de l'acte de baptême. Ce grattage a été opéré sur les deux registres dont l'un figure aux Archives de la ville et l'autre aux Archives de Seine-et-Oise.

Ces propos datent alors d'après 1830, ou du moins après 1824, je présume?


Bien à vous.

Ils figurent dans le «Moniteur Viennois» du 15 Décembre 1928, ci-dessus .

Oups, je parlais de la note du Moniteur, relative au prénom de l'enfant .

Ces propos dateraient de 1798 : C'est pendant sa détention à Châlons ( en 1798 ) que Jean-Marie Hervagault commença à se faire passer pour Louis XVII, gagnant à sa cause plusieurs partisans crédules. Condamné le 2 mai 1799 à un mois de prison, il retourna dans l'Ouest, où il comptait mettre à profit sa nouvelle identité d'emprunt. Il fut cependant dénoncé et arrêté en août à Vire, où il écopa, en tant que récidiviste, de deux ans d'emprisonnement.
C'est dans la prison de Vire qu'il prit connaissance d'un nouveau roman de Jean-Joseph Regnault-Warin, Le Cimetière de la Madeleine, qui imaginait l'enlèvement du dauphin de sa prison du Temple. C'est sous l'influence de cette œuvre de fiction qu'il étoffa les détails de son imposture. Prétendant avoir presque tout oublié de ses premières années, ce qui lui évitait toute question embarrassante sur la vie du vrai dauphin, il greffa le récit de son évasion (datée du 4 juin 1795) sur celui du roman de Regnault-Warin, n'en modifiant que quelques détails

Merci WIKI .

J'avais compris, mais Charles XI eut été un nom incongru ... qui n'aurait pas inspiré confiance à Marie-Thérèse si elle avait eu vent de ces mots, n'est-ce pas?


Bien à vous.

Cela te donne-t-il un Kopfweh, mon cher Momo ? :


Bien à toi !

Oui ça devient compliqué à suivre

.
... :

Mme de Sabran a écrit:Ces propos dateraient de 1798  :   [i]C'est pendant sa détention à Châlons  ( en 1798 )  que Jean-Marie Hervagault commença à se faire passer pour Louis XVII, gagnant à sa cause plusieurs partisans crédules. .

Je retire.  

Car ce n'est pas Hervagault que la Rochefoucauld essaie de mettre en contact avec Madame Royale mais Naundorff.   C'est donc après 1828.
C'est d'un nébuleux, cette avalanche de vrais-faux dauphins !

Mme de Sabran a écrit:  C'est donc après 1828.

D'où le Charles XI.... Charles X ayant déjà été sacré !


Bien à vous.

Cela devient cohérent.

ANDRÉ CASTELOT a un été pendant longtemps un partisan de NAUNDORF, puis il a retourné sa veste.
maintenant qu'il est mort je peux vous révéler qu'il avait obtenu en prêt de la famille du BARON CHARLET 53 lettres de la DUCHESSE D’ANGOULÊME concernant le chantage dont elle était victime tant pour éventuellement la substitution, que pour l'affaire LOUIS XVII
Malgré de nombreuses demandes de la Famille ces lettres sont restées entre ses mains, et son héritier est actuellement MICHEL DE DECKER !!!!!!

MARIE ANTOINETTE àè-è\':

MARIE ANTOINETTE a écrit:Malgré de nombreuses demandes de la Famille ces lettres sont restées entre ses mains, et son héritier est actuellement MICHEL DE DECKER !!!!!!

Par le biais de notre ami D’Éon, nous ne devrions donc pas avoir de difficulté d'être mis au courant de cela quand l'héritage aura eu lieu... àè-è\':


Bien à vous.

;
53 lettres de Madame Royale au baron Charlet, sur cette affaire de chantage ?!!!      
C'est énorme !  

Si  Mme de Soucy avait reçu de Marie-Thérèse, lors de sa libération et du voyage vers l'Autriche, donc en 1795, la confidence que son petit frère n'était pas mort au Temple,  pourquoi attendre 1833 pour mettre en œuvre un chantage juteux ?   Quelle petite joueuse !  
La comtesse de la Motte, elle,  eût fait chanter Louis XVIII  directement, aussi sec,  et empoché encore bien plus !  :

Avec un collier en prime !

Mr de Talaru a écrit:Avec un collier en prime !

Crois-tu que Dumas en aurait fait l'Affaire du collier du Roi? :


Bien à vous.

Je verrai Anne Muratori-Philip samedi . Je tâcherai de lui demander ce qu'elle pense de tout ça ...

N'oublie pas de lui offrir une aspirine :

CHICHE !!! ( Je lui dirai que c'est de ta part ! : )

MARIE ANTOINETTE a écrit:ANDRÉ CASTELOT a un été pendant longtemps un partisan de NAUNDORF, puis il a retourné sa veste.
maintenant qu'il est mort je peux vous révéler qu'il avait obtenu en prêt de la famille du BARON CHARLET 53 lettres de la DUCHESSE D’ANGOULÊME concernant le chantage dont elle était victime tant pour éventuellement la substitution, que pour l'affaire LOUIS XVII
Malgré de nombreuses demandes de la Famille ces lettres sont restées entre ses mains, et son héritier est actuellement MICHEL DE DECKER !!!!!!

MARIE ANTOINETTE àè-è\':

Chère Marie-Antoinette, Mme Anne Muratori-Philip pense, comme vous, que les lettres de Madame Royale au baron Charlet sont toujours chez M. Castelot. Elle a travaillé très précisément sur l'époque de l'emprisonnement au Temple, mais non pas sur ce qui suit la libération et l'échange. Il lui semble probable que le chantage exercé par Mme de Soucy et le docteur porte sur la mort ( ou non ) du petit Louis XVII.

Gratté ou non, voici l'acte de baptême du dauphin Louis-Charles.








Archives des Yvelines, paroisse Notre-Dame, 1785.