Le château de Lunéville

Depuis novembre de cette année, on peut louer à l'accueil du château une tablette permettant de voir les "folies "de Stanislas à utiliser dans le jardin. C'est très bien fait, on voit les différentes fabriques et le fameux rocher aux automates en action!
Aperçu sur la tablette:

Je confirme : c’est tout simplement génial !!!

Nous venons de voir, dans la mini série , Marie-Thérèse d’Autriche comment François-Etienne abandonne sa Lorraine ( la mort dans l'âme, mais tout de même ) malgré la colère et le désespoir de sa mère .

La fin de la guerre de Succession de Pologne oblige la duchesse régente Élisabeth-Charlotte d’Orléans à quitter à son tour Lunéville pour se retirer à Commercy  ( 6 mars 1737 ). Son départ, qui symbolise la future cession de la Lorraine à la France et la disparition de l’ancienne dynastie, donne lieu à de véritables scènes d’hystérie de la part d'une foule désespérée et désireuse de montrer son attachement à la famille ducale.

En effet !        

« […] Je vis S.A.R. Madame la Duchesse Régente, et les deux augustes Princesses ses filles [Élisabeth-Thérèse et Anne-Charlotte], s’arracher de leur palais, le visage baigné de larmes, levant les mains vers le ciel, et poussant des cris, tels que la plus violente douleur pourroit les exprimer. Ce seroit tenter l’impossible que de vouloir dépeindre la consternation, les regrets, les sanglots, et tous les symptômes de désespoir auxquels le peuple se livra, à l’aspect d’une scène qu’il regardoit comme le dernier soupir de la patrie. Il est presque inconcevable que des centaines de personnes n’aient pas été écrasées sous rouës des carosses, ou foulées sous les pieds des chevaux, en se jettant aveuglément, comme elles firent, à travers les équipages, pour en retarder le départ. Pendant que les clameurs, les lamentations, l’horreur et la confusion régnoient à Lunéville, les habitants de la campagne accouroient en foule sur la route par où la Famille royale devoit passer, et prosternés à genoux, ils lui tendoient les bras et la conjuroient de ne pas les abandonner. Peu de jours après ce tragique spectacle, le roi Stanislas vint prendre possession du palais de Lunéville ».

Quel bel endroit..
Dommage que la dauphine n'ait pas visité ce château lors de son voyage en 1770.
Au moins je ne l'ai pas remarqué nulle part ..
Juste qu'elle assistait à un défilé militaire à la périphérie de la ville.
il était déjà tard et à quelques pas de Nancy.
Leos

Visite à Lunéville hier.

Scoop : j'ai obtenu confirmation hier au château de la commande de copies pour 4 des groupes originaux en plomb du parc, vendus en 1766 et conservés aujourd'hui dans celui du château de Schwetzingen en Allemagne. Ils devraient être installés d'ici l'été 2020, dans le grand bassin circulaire du parc.

Les jardins devraient y gagner beaucoup en intérêt.

On notera que les belles broderies de buis des premiers parterres, si joliment photographiées par Eléonore en hiver et rétablies seulement en 2003  , n'ont pas survécu à la pyrale... Mais le tracé des parties sablées et colorées reste, fort heureusement.

Quelques vues du parc :

Gouverneur Morris a écrit:

On notera que les belles broderies de buis des premiers parterres, si joliment photographiées par Eléonore en hiver et rétablies seulement en 2003  , n'ont pas survécu à la pyrale... Mais le tracé des parties sablées et colorées reste, fort heureusement.

... non plus que celles que j'avais photographiées à Vaux le Vicomte, détruites par une attaque fulgurante en 2017. Comme c'est dommage ! Saleté de pyrale ! Quant aux buis de Versailles, ma foi, ils font ce qu'ils peuvent .
https://marie-antoinette.forumactif.org/t3096-les-buis-des-jardins-du-chateau-de-versailles?highlight=buis

Merci pour ces images !

Il n'y avait pas grand monde dans les allées...

Non, et pourtant c'était dimanche...

Rendons-nous à l'intérieur... où l'on decouvre avec stupeur que la restauration de la chapelle est déjà à reprendre : les chapiteaux et autres motifs en plâtre s'emiettent et tombent sur le public, "un problème déjà existant au XVIIIème siècle" m'a-t'on dit.

Des filets de protection ont donc été installés. Cela fait tout de même un peu désordre...

Voici maintenant la crypte de la chapelle, où Stanislas faisait entreposer son vin.

Il s'agissait essentiellement de Tokay magyar dont il raffolait. Grand prince, l'ancien duc François III et désormais époux du "roi" de Hongrie Marie-Thérèse, lui en faisait livrer, tous les ans et grâcieusement, une belle quantité.

Ce vin arrivait en barriques dans la crypte donc, où il était en grande partie coupé puis mis en bouteilles. Ainsi préparée, la livraison impériale couvrait pratiquement les besoins de la Cour pour l'année.

Elle a été soigneusment restaurée et aménagée en salle des fêtes. Malin.

lors d'une visite dans les lieux, je penserais à apporter une belle copie moderne de ce cache-pot et à faire discrètement l'échange !!!!!!! je possède une pièce d'époque provenant de versailles, à une époque les gardiens en vendaient contre une bouteille de vin, mon exemplaire est revenu unv jour à versailles par un envoi anonyme !!!!! comme il n'était pas comptabilisé dans la collection, j'ai pu le récupérer grâce à mes relations......

MARIE ANTOINETTE

Bravo MARIE-ANTOINEETTE ! Toujours à l'affût pour le reine !

Pour finir, un petit tour par les cuisines ducales restaurées. Clin d'oeil a notre ami le chevalier de Talaru  

L'un des chefs de Stanislas fut Joseph Gilliers, célèbre pour la présentation sophistiquée de ses plateaux de dessert :


et pour avoir publié en 1751 un recueil de recettes Le cannamméliste français.

le cache pot d'origine est sur l'extrême côté gauche du buffet !!!!!!! de l'autre côté il y a un cache pot d'époque du hameau étant de l'inventaire des doubles conservés à Sevres en remplacement de pièces cassées - il a été ressorti lors de l'installation de MARIE LOUISE au Hameau.

MARIE ANTOINETTE

Une petite rectification, alors que la cache pot blanc est bien de l'époque de la Reine, l'autre exécuté par SAINT CLEMENT date de la restauration du hameau sous la direction de PIERRE DE NOLHAC avec les fonds américains.

mille excuses pour cette erreur de mémoire, l'objet de LUNEVILLE est bien le seul du temps de la reine.

MARIE ANTOINETTE

Enfin un projet de restauration pour les jardins ?

https://www.estrepublicain.fr/culture-loisirs/2020/06/28/un-nouveau-look-pour-le-parc-du-chateau-et-les-bosquets

Quel beau projet !
Stanislas doit soupirer d'aise, sur le bord de son nuage.

Ce qui serait vraiment un coup de maître, ce serait la restauration du Rocher.

La restitution du Rocher avait été évoquée très sérieusement juste après l'incendie de 2002, afin d'en faire un atout touristique du château à restaurer...

Las, il y a belle lurette que l'on n'en parle plus...

Heureusement, demeure cette excellente video qui nous en console un peu :

Par contre, ce qui est certain (mais l'opération a peut-être été retardée par le Covid), c'est l'installation d'un moulage des statues d'origine du basin circulaire du jardin, autrefois fontaine d'Arion.

Les modèles originaux, dispersés à la mort de Stanislas, se trouvent en effet encore dans le parc du château de Schwetzingen :





Vivement que cela soit mis en place et que l'on ne voit plus ce triste jet !



Cliché Mme de Sabran

Les images sont plutôt mauvaises, mais je poste tout de même ici les illustrations d'une annonce de vente aux enchères intéressante...
Annoncé pour le 22 août prochain, je cite :

- Recueil des plans, élévations et coupes tant géométrales qu'en perspective des châteaux, jardins et dépendances que le Roy de Pologne occupe en Lorraine
- Suite des plans, élévations et coupes des châteaux que le Roy de Pologne occupe en Loraine
- Plans et élévations de la Place Royale de Nancy et des autres édifices qui l'environnent bâtie par les ordres du Roy de Pologne Duc de Lorraine.
Emmanuel-Léopold Héré de Corny
Paris, Chez François, [1750]-1753.
3 parties en un vol. grand in plano (65,5 x 48 cm).

Demi-veau à coins, dos à nerfs orné (reliure postérieure du XIXe s.). Coiffes et mors restaurés.
Ouvrage entièrement gravé composé de 83 planches ainsi réparties : 3 titres gravés dans un bel encadrement orné de Lattré, 2 frontispice allégoriques (pour les tomes I et III) gravés par Jean Charles François d'après P. Girardet, 2 feuillets de dédicace au Roi de France (pour les tomes I et III), 76 planches gravées (plans, vues, coupes et élévations), 2 ff. de texte gravés au tome I ("Description du Rocher ... au bas de la Terrasse du Château de Lunevile" avec entête et cul-de-lampe, gravé sur un seul feuillet recto-verso) et au tome III ("Réflexion sur les divers bâtimens et sur tous les ornemens qui les accompagnent" gravé au recto et daté 1751).
Dimensions des ff. : env. 65 x 93 cm.




Présentation au catalogue :

Rare première édition de l'un des plus somptueux livres d'architecture du XVIIIe siècle, conçu, dessiné et gravé par l'architecte Emmanuel Héré de Corny (1705-1763) et le graveur Jean Charles François (1717-1769), originaire de Nancy.

Héré était architecte en chef pour le Roi de Pologne doublement déchu Stanislas Leszczynski, qui avait reçu du Traité de Vienne les duchés de Bar et de Lorraine. Héré consacra toute sa carrière (1736 - 1763) à Stanislas et fut quasiment l'unique maître d'œuvre dans la conception des plans et la direction des travaux.
Les deux premiers tomes, publiés en 1750 (ou 1751), représentent les plans et vues des châteaux, parcs et pavillons ou folies créés par Héré pour Stanislas : Lunéville, Chanteheux, Malgrange, Commercy et Eineville. Selon Millard, "une première édition de 125 exemplaires vit le jour" et les informations relatives à la publication "sont comprises dans les comptes de dépenses de 1761 pour Stanislas".





Le troisième tome, publié trois ans plus tard, est entièrement consacré aux plans et constructions de la Place Royale de Nancy. Outre les plans et vues des trois ailes de la place, ce tome renferme les représentations des structures encadrant la route processionnelle dont l'Hôtel de Ville, l'Hôtel Consulaire, la Bourse de Commerce, et le Palais du Gouvernement, sans oublier les arcs de triomphe, les fontaines et les grilles en fer forgé ornant la place.
L'ensemble constitue l'un des plus importants projets d'architecture urbaine du XVIIIe siècle, faisant dire à Louis XV s'adressant à son beau-père : Mon père, vous êtes mieux logé que moi ...



"L'architecture de Stanislas, conçue par Héré, s'illustre par son caractère ludique et exubérant, ses effets de surprise, ses paysages théâtraux, témoignant du goût capricieux et exotique de son mécène...
Cette parution de luxe, réalisée pour mettre en valeur les aspirations de Stanislas à la royauté et ses liens avec la maison royale de France (sa fille a épousé Louis XV en 1725), a été conçue à la manière des livres de fêtes, publiés lors des cérémonies, couronnements, entrées solennelles et rites funéraires et permettant aux souverains de rappeler la majesté de leur règne" (Millard).




De par son tirage limité à 125 exemplaires seulement pour les deux premières parties (selon Millard et les comptes de Stanislas), cet ouvrage est donc éminemment rare, d'autant que beaucoup d'exemplaires sont incomplets de la troisième partie, du fait de la parution espacée sur plusieurs années.
Quelques exemplaires recensés dans les collections publiques dans le monde, pour la plupart incomplets. (Brunet III, 113 ; Berlin 2511 ; Millard 78 ; Cicognara 4024.)



* Source et infos complémentaires : Paul Pastaud MdV - Vente Montignac du 22 août 2020




La dernière gravure est la : Veue et perspective du Rocher que le Roy a fait construire au bas de la terrasse
Et pour la version huile sur toile, avec ses couleurs :


Le Château de Lunéville, vue du Rocher
André Joly
Huile sur toile, vers 1760
Image : Musée Lorrain, Palais des ducs de Lorraine

Commentaires :

Construit sous le règne de Léopold, le château de Lunéville est largement remanié sous le règne de Stanislas. Ce qui intéresse Stanislas, ce sont surtout les jardins où il souhaite établir des « folies » comme le Kiosque turc, le Trèfle chinois, ou encore la Chartreuse.

André Joly est le « Premier peintre ordinaire » de Stanislas. Ici, il représente le Rocher, vaste scénographie qui imite un paysage montagneux, par sa composition en grès vosgien et par les cours d’eau y serpentant. Au cœur de ces roches se trouvent six toiles peintes en trompe-l’œil accentuant l’impression de profondeur du décor.


L’ingénieur François Richard (1678-1759) conçoit cette merveille en 1742, sous les directives d’Emmanuel Héré et de Stanislas, qui est certainement à l’origine intellectuelle de cette construction.
Actionner une seule manette suffisait pour animer les 86 automates (88 à partir de 1752) donnant à voir des scènes populaires.
L’eau arrivait par des canalisations en plomb enfouies et venait jouer avec les fils de fer attachés au dos des automates. En sus de l’animation, on pouvait entendre le va-et-vient de la scie ou encore le roulement des flots tombant sur les rochers.


François Richard allie à la fois la tradition maniériste de l’automate avec le décor monumental du théâtre. Le Rocher s’étendait sur 250 mètres.

Descartes concevait l’Homme comme une machine dotée d’une âme, Borelli assimilait les membres à des poutres et les muscles à des leviers. Le Rocher a été conçu par des hommes des Lumières séduits par cette conception mécanique de l’Homme.
En s’immergeant dans un tel spectacle, on comprend les mots du prince de Luynes estimant que ce Rocher était « un travail prodigieux et une idée fort ingénieuse ».


Le Rocher est une image de l’île utopique rêvée par Stanislas dans son Entretien d’un Européen avec un insulaire du royaume de Dumocala, utopie détruite par l’arrivée des armées françaises en 1766.

* Source texte : Musée Lorrain, Palais des ducs de Lorraine



Et l'ami Gouv, nous précisait, récemment encore...

Gouverneur Morris a écrit:La restitution du Rocher avait été évoquée très sérieusement juste après l'incendie de 2002, afin d'en faire un atout touristique du château à restaurer...

Las, il y a belle lurette que l'on n'en parle plus...

Heureusement, demeure cette excellente video qui nous en console un peu :

La nuit, la neige a écrit:

Je me demandais, si au regard des élévations ci-dessus postée par LNLN , ce frontispice-ci :

Lucius a écrit:Concernant ma précédente énigme, je n'ai pas posté la page complète :

pouvait ne pas avoir été inspiré par les gravures du recueil de Héré ?

Notamment si l'on pense à cette autre fabrique, le pavillon de la Cascade à Lunéville?

Tiens mais oui, peut-être ?!  
Quel est ton sentiment, mon petit Lulu ?

Ce devait être d'une beauté !

Je ne suis pas très convaincu par le pavillon de la cascade, mais la gravure de LNLN présente des similitudes étonnante, d'autant plus que ce genre de pavillon central très surélevé n'est pas si courant.

En ville, la magnifique église Saint-Jacques où tu nous emmènes, merci mon cher Momo !

Gouverneur Morris a écrit:
Eglise qui mérité le détour pour sa décoration intérieure de style baroque, et son extraodinaire orgue dessiné par Héré, dont les tuyaux sont dissimulés dans des colonnes corinthiennes feintes :







Clichés personnels

Préemptée pour le château de Lunéville à la vente Garcia ce jour :





Notons qu'elle y avait été prémonitoirement exposée il y a un an et demi :





clichés personnels

Le monogramme serait pour Stanislas Leczinski ?!
Profitons en avant le prochain incendie...