Perruques et boîtes à perruques au XVIIIe siècle
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Perruques et boîtes à perruques au XVIIIe siècle
De toutes formes et toutes couleurs, souvent chinoisinante en diable ( : ) , en laque, vernis Martin, ou Arte Povera ( voir notre sujet ... ) la BOITE A PERRUQUE , accessoire indispensable, est souvent une véritable petite oeuvre d'Art .
Distribution générale, les amis, faites vos choix, il y en a pour tout le monde !
La boite à perruque est un bel objet du passé, un brin curieux, un brin insolite.
La boite à perruque est de forme rectangulaire et tout en volume. Elle est très souvent en carton ou en bois. Son couvercle est bombé ou à doucine, comportant une poignée sur le couvercle ou deux latérales, pour faciliter son transport.
Elle est dotée d’une fermeture métallique, qui ferme à clé
et d’un jeu de charnières dorsales, faites dans le même métal, qui permet d’actionner l’ouverture.
Comme son nom l’indique, cet élégant coffret sert à ranger les perruques apprêtées, peignées, épouillées, lavées et talquées, à plat le plus souvent. Toutes les boites à perruque ne sont pas richement décorées. Certaines sont plus … rustiques ! Elles ressemblent alors à une caisse en bois, qui tient debout dans la hauteur, dotée d’une porte frontale. Elles ressemblent beaucoup à des boites à coiffes et sont d’ailleurs à n’en pas douter, à double usage. Pour ces modèles pas de décors, pas de chichi !
En revanche, les autres boites, celles réservées à une catégorie sociale aisée, possèdent quant à elles une large gamme de décors réalisés dans des couleurs vives et précieuses.
Chinoiseries sur fond laqué noir, amours élégants et mutins,
scènes galantes, illustrations des fables de La Fontaine, décors à la Berain, attributs musicaux, scènes champêtres, des scènes tirées de la mythologie ou de cartons de tapisseries, de légendes, de fables populaires sont autant de sujets prisés, à l’époque.
Pour encore plus de richesses, les fonds imitent l’écaille ou encore sont de couleurs vives : jaune, rouge, mais encore noir profond, doré flamboyant.
De très nombreuses boites sont décorées avec la fameuse technique du Vernis Martin et d’autre selon la technique de l’Arte Povera (décor en papier collé sur le support et verni) ou encore des laques du Japon.
D’autres boites sont en bois brut, tout simplement.
Une récurrence est à noter : les intérieurs sont toujours peints et le rouge est la couleur la plus fréquemment rencontrée. Les entrées de serrure et charnières sont souvent en bronze doré gravé découpé mais aussi souvent dans un métal plus simple.
De telles boites sont bien souvent tenues éloignées des basses couches de la population.
La boite à perruque peut faire partie d’un nécessaire, comme ci-dessous :
... et donc être agrémentée de plusieurs petites boites, assorties, qui accueillent épingles, poudre, bijoux, parfums solides, mouches, …
La boite à perruque voit le jour sous Louis XIV, soit vers le milieu du XVIIème siècle.
Son existence n’est justifiée que par l’apparition de cette mode : le port de la perruque.
Voici, pour compléter ce petit laïus, l’intéressante histoire de la perruque.
Le XVIIIème siècle fut un âge d'élégance. Jamais dans l'Histoire, des hommes et des femmes ont si minutieusement et artificiellement fait attention à leur apparence. Ce qui ne pouvait pas être fait avec les cheveux naturels a été fait avec des perruques.
Cette époque fut une explosion extravagante de coiffures étonnantes, une réaction totalement opposée à la pudeur et à la réserve des siècles antérieurs.
Cette mode concorde avec une époque pleine de nouveautés : idées philosophiques véhiculées par les Lumières, affluence de richesses économiques qui arrivant en Europe, faites par les voyages vers de nouveaux mondes, naissance d’une bourgeoisie composée de nouveaux riches qui se positionne dans les sphères sociales et politiques imitant totalement les coutumes des nobles, .... La religion prend une place prépondérante dans la vie quotidienne, les avancées de la science sont spectaculaires, de nombreuses technologies innovantes améliorent le quotidien et amorcent la toute prochaine Révolution Industrielle.
L'utilisation de perruques chez les hommes a commencée à être très populaire à la fin du XVIIème siècle, durant le règne, en France de Louis XIV, le Roi Soleil. Et pour illustrer cet engouement, un seul chiffre suffit : en 1680, Louis XIV avait 40 perruquiers qui dessinaient ses perruques, à Versailles !
Et bien évidemment, toute sa cour s’est mise à utiliser des perruques, et comme la France dictait la mode de l'Europe à cette époque, son usage s’étend aux autres pays limitrophes et finalement aux autres continents.
La mode capillaire du « style Louis XIV » se caractérise par de grandes boucles, l’imposante chevelure posée sur les épaules.
Puis, le nouveau roi de France, Louis XV, impose un style plus sobre avec de plus petites perruques pour les hommes et le rigoureux poudrage blanc ou de préférence grisâtre.
En effet, vers 1715, on commence à poudrer les perruques,
pour les blanchir ou les griser et les porter ainsi.
Les familles aisées avaient donc un salon dédié à la « toilette », où elles se poudraient quotidiennement et s’arrangeaient. Les perruques étaient poudrées avec de la poudre de riz ou de l’amidon. Pour cette opération, réalisée par un coiffeur, on utilisait des robes de chambre spéciales et on avait l'habitude de couvrir le visage d'un cône de papier épais.
A cette même époque, les hommes portent aussi une queue de cheval sur la nuque, attachée avec un ruban. Ce style devient très populaire dans toutes les cours d’Europe.
Vers la fin du XVIIème siècle, l'usage des perruques s’étend aux femmes.
On retient en effet qu’en 1680, la duchesse de Fontange, lors d’une journée de chasse avec le roi de France, Louis XIV, s’est pris les cheveux dans une branche d'arbre. Au lieu de se recoiffer, elle improvisa une coiffure avec les rubans de sa jarretière. Le roi est resté fasciné par cette coiffure accidentelle et l’a priée de la conserver tout le jour durant. Mais le lendemain, toutes les femmes de la cour portaient cette coiffure accidentelle et cette mode a duré jusqu’en 1720.
Puis, la perruque féminine devient très vite volumineuse, encombrante et massive.
En effet, les femmes portaient alors des perruques exubérantes, de 50 à 80 cm de hauteur, parfois plus. A mesure que les années passent, les perruques deviennent plus hautes et plus élaborées, spécialement en France. Les belles dames s'employaient, avec forces dessins préparatoires, à commémorer des évènements et les anniversaires.
Ces perruques féminines généraient cependant quelques problèmes : les cadres des portes avaient dû être surélevés ou reconstruits pour qu'elles puissent passer et à de nombreuses occasions la pression exercée sur le crâne des femmes, par un surpoids massif des perruques, causait des inflammations au niveau des tempes et des malaises.
En réalité, malgré le fait qu'il soit amusant de penser que les femmes utilisaient ces perruques immenses dans leur vie quotidienne, en plus des fêtes où elles allaient, la réalité est différente.
Ce type de présentation capillaires gigantesques a certainement existé, mais seulement pour des occasions très spéciales ou pour des représentations théâtrales. En fait, il est pratiquement impossible de trouver dans les tableaux de peintres célèbres de l'époque montrant ces perruques immenses.
Les femmes « perruquées » utilisaient au quotidien des postiches beaucoup plus sobres et élégants le jour, quoique volumineux et élaborés.
Les perruques sont de couleurs pastelles, comme rose, violet clair ou gris bleuâtre.
Les perruques indiquaient, par leur ornementation, la position sociale plus ou moins importante de celui qui les utilisait.
En France, la comtesse de Matignon payait le coiffeur Baulard 24.000 livres par an pour lui faire un nouveau dessin de perruque chaque jour de la semaine !
Puis, sous le règne de Louis XV, le style nommé « tête de mouton » (ou « tête de brebis ») naît et fait porter de courtes boucles et quelques grosses mèches de cheveux sur la nuque.
Les femmes continuèrent avec les styles extravagants jusqu'à l'arrivée de la Révolution Française, où tout le luxe et l'exubérance de la noblesse furent réprimés par les nouvelles idées républicaines. À partir de là, les coiffures redevinrent plus classiques et plus simples. Et les femmes recommencent à montrer leurs cheveux naturels !!!
Les perruques étaient faites principalement avec des cheveux humains, mais aussi avec du crin de cheval ou du poil de chèvre.
Toutefois, il est important de noter que la majeure partie du peuple, soit environ 80 % de la population, n'utilisait pas de perruques, réservées à la noblesse et à la haute bourgeoisie, parfois au clergé.
Extrait remanié du site : http://thehistoryofthehairsworld.com/cheveu_18e_siecle.html
http://objetsdhier.com/fr/Aff.php?select_nom=280
William Andrews, un écrivain anglais du XIXe siècle, nous narrons que les vols des perruques dans la rue, dans le dix-huitième siècle, étaient monnaie courante ! Voici une manière de procéder :
Et, pour le plaisir ...
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Mme de Sabran- Messages : 55293
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Perruques et boîtes à perruques au XVIIIe siècle
L'Art dans toute sa splendeur. Merci Eléonore.
Le XVIIIème siècle est en effet étroitement lié avec la beauté (la vraie) même pour y loger ses perruques. Aujourd'hui aussi nous aimons la beauté à voir la jeunesse se mettre des piercings un peu partout sur le visage et sûrement ailleurs. Mais non, je ne critique pas, j'évoque une réalité.... presque tragique de drôlerie.
Le XVIIIème siècle est en effet étroitement lié avec la beauté (la vraie) même pour y loger ses perruques. Aujourd'hui aussi nous aimons la beauté à voir la jeunesse se mettre des piercings un peu partout sur le visage et sûrement ailleurs. Mais non, je ne critique pas, j'évoque une réalité.... presque tragique de drôlerie.
Trianon- Messages : 3306
Date d'inscription : 22/12/2013
Re: Perruques et boîtes à perruques au XVIIIe siècle
Le classement satyrique par William Hogarth des perruques masculines, façon traité d’architecture, c’est ici :
https://www.facebook.com/1398972527029702/posts/2556594634600813/?d=n
https://www.facebook.com/1398972527029702/posts/2556594634600813/?d=n
Gouverneur Morris- Messages : 11696
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Perruques et boîtes à perruques au XVIIIe siècle
Je suis convaincu que la plupart des hommes, sous Louis XVI, ne portaient plus perruque... Sur les portraits qui nous sont parvenus, on a trop vite fait, il me semble, de qualifier de « perruque » une belle chevelure apprêtée, c’est à dire quotidiennement frisée au fer et poudrée...
Exception faite des chauves (dont j’aurais fait partie), c’est à dire 10, peut-être 20 % de la population masculine ( ce qui n’est certes pas négligeable...), et qui devaient avoir recours à cet artifice, les autres faisaient avec leurs cheveux, les nouant par derrière, les faisant friser sur les côtés ( double, puis simple frisure à la fin du règne ), parfois faisant tailler la houpe en brosse. Et bien sûr, poudrage à la farine « à frimas »... ( on connaît la métaphore du merlan...)
Ainsi Provence, grand chauve devant l’éternel, portait-il perruque. Son frère Louis XVI n’en portait point (cheveux blonds, tignasse épaisse).
J’ai relevé qq exemples pour étayer cette thèse :
-1 Le jour du sacre, on fait se rencontrer Choiseul et le nouveau roi. Louis XVI, agressif, apostrophe l’ancien ministre: « Bonjour Monsieur de Choiseul... Vous perdez vos cheveux... » Point de perruque encore sur le chef du proscrit...
-2 EVL, qu’on avait accusée d’être la maîtresse de Calonne, s’en défend dans ses mémoires. Elle dit en substance : » j’étais d’autant moins attirée par Calonne, que je n’aimais pas les hommes à perruque... » Entendez que lui en portait une ( voir ses portraits), mais que les autres, plus du goût d’Elisabeth semble-t-il, n’en portaient donc pas ...
-3 Le 21 janvier, la tête du pauvre roi est « monstrée » par le bourreau qui la tient par les cheveux. Auparavant, ceux-ci ont été coupés, y compris le catogan, qui n’était pas celui de sa perruque... Un témoin remarquera que cette tête détachée ressemble à « une tête à perruque », c à dire au support de bois qui servait à déposer le soir sa perruque sur sa toilette, bien sûr pour ceux qui en portaient. Cela ne signifie pas pour autant que le roi en portait une ...
Exception faite des chauves (dont j’aurais fait partie), c’est à dire 10, peut-être 20 % de la population masculine ( ce qui n’est certes pas négligeable...), et qui devaient avoir recours à cet artifice, les autres faisaient avec leurs cheveux, les nouant par derrière, les faisant friser sur les côtés ( double, puis simple frisure à la fin du règne ), parfois faisant tailler la houpe en brosse. Et bien sûr, poudrage à la farine « à frimas »... ( on connaît la métaphore du merlan...)
Ainsi Provence, grand chauve devant l’éternel, portait-il perruque. Son frère Louis XVI n’en portait point (cheveux blonds, tignasse épaisse).
J’ai relevé qq exemples pour étayer cette thèse :
-1 Le jour du sacre, on fait se rencontrer Choiseul et le nouveau roi. Louis XVI, agressif, apostrophe l’ancien ministre: « Bonjour Monsieur de Choiseul... Vous perdez vos cheveux... » Point de perruque encore sur le chef du proscrit...
-2 EVL, qu’on avait accusée d’être la maîtresse de Calonne, s’en défend dans ses mémoires. Elle dit en substance : » j’étais d’autant moins attirée par Calonne, que je n’aimais pas les hommes à perruque... » Entendez que lui en portait une ( voir ses portraits), mais que les autres, plus du goût d’Elisabeth semble-t-il, n’en portaient donc pas ...
-3 Le 21 janvier, la tête du pauvre roi est « monstrée » par le bourreau qui la tient par les cheveux. Auparavant, ceux-ci ont été coupés, y compris le catogan, qui n’était pas celui de sa perruque... Un témoin remarquera que cette tête détachée ressemble à « une tête à perruque », c à dire au support de bois qui servait à déposer le soir sa perruque sur sa toilette, bien sûr pour ceux qui en portaient. Cela ne signifie pas pour autant que le roi en portait une ...
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
Re: Perruques et boîtes à perruques au XVIIIe siècle
Merci pour ces derniers détails, affreux mais convaincants, cher Févivq .
Cependant il n'est pas impossible qu'il y ait eu des perruques, nous dirions " de gala ", que les messieurs portaient seulement dans les grandes occasions ?
Cependant il n'est pas impossible qu'il y ait eu des perruques, nous dirions " de gala ", que les messieurs portaient seulement dans les grandes occasions ?
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Mme de Sabran- Messages : 55293
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Perruques et boîtes à perruques au XVIIIe siècle
Oui chère Eléonore, c’est bien possible aussi... Les hommes du 18ème , même ceux de l’aristocratie, ont eu à cœur, j’en suis sûr, de simplifier leur tenue pour s’adapter (déjà) à la vie moderne. C’est ainsi qu’ils troquèrent leur épée pour la canne, plus pratique... Mais , pour les grandes occasions, dont les cérémonies à la Cour, peut-être portaient- ils une perruque ?
J’aime en tout cas cette mode masculine, très seyante, en particulier ces cols très hauts englobant le cou, ces boucles de chaussure, ces culottes à pont ... J’espère d’ailleurs vivre assez vieux pour voir le retour de la culotte de l’habit à la française... Mais que font nos grands couturiers ? Je les trouve trop sages ...
J’aime en tout cas cette mode masculine, très seyante, en particulier ces cols très hauts englobant le cou, ces boucles de chaussure, ces culottes à pont ... J’espère d’ailleurs vivre assez vieux pour voir le retour de la culotte de l’habit à la française... Mais que font nos grands couturiers ? Je les trouve trop sages ...
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
Re: Perruques et boîtes à perruques au XVIIIe siècle
Serait-ce bien adapté au mode de vie moderne, je ne sais pas ? Et puis, ce ne sont pas les grands couturiers qui manquent de fantaisie mais le public lui-même . C'est d'un tristouille ...
Pire : hommes et femmes même combat : mêmes jeans pulls.
Pire : hommes et femmes même combat : mêmes jeans pulls.
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Mme de Sabran- Messages : 55293
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Perruques et boîtes à perruques au XVIIIe siècle
Oui oui , très pratique Eléonore, je vous assure : culotte fermée sous le genou par une boucle de jarretière, et puis des bas, pas de soie bien sûr, mais de laine à côtes, gris, noirs ou beige.., je m’y vois déjà....
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
Re: Perruques et boîtes à perruques au XVIIIe siècle
Oui une bien jolie mode. On pouvait oser la couleur ! Il est bien agréable de porter costume. On se doit d avoir une autre posture. Les épaules en arrières pour gonfler les pectoraux. Avoir la fesse ferme et le mollet ravissant, ni gros ni maigre, la cuisse en revanche se doit être impeccable, en épousant le tissus.
Les boîtes à perruques étaient indispensables et aujourd’hui assez rare je trouve v
Les boîtes à perruques étaient indispensables et aujourd’hui assez rare je trouve v
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Un verre d'eau pour la Reine.
Mr de Talaru- Messages : 3186
Date d'inscription : 02/01/2014
Age : 65
Localisation : près des Cordeliers...
Re: Perruques et boîtes à perruques au XVIIIe siècle
Toutes ses boites à perruque sont magnifiques, merci Éléonore. J'aimerais en posséder une, même si comme Madame Vigée Le Brun je n'adore pas les perruques !
Je pense que beaucoup d'hommes y avaient recours, soit parce que leur chevelure était déficiente, soit tout simplement pour leur aspect pratique. Il était d'ailleurs impossible de se coiffer sans coiffeur, ou valet de chambre coiffeur à disposition.
Il n'y avait pas d'usage spécifique de la perruque dans les grandes occasions. On soignait évidemment plus particulièrement sa mise selon les codes en vigueur, mais comme à l'habitude, certains en cheveux naturels, d'autres en perruques.
J'ignore ce que cachait Monsieur de Calonne sous sa perruque, mais je pense que si ses cheveux étaient suffisants en quantité et en qualité, il devait, quand nécessaire, se faire friser et poudrer à frimas( poudre blanche évoquant les premiers frimas de l'hiver).
Je pense que beaucoup d'hommes y avaient recours, soit parce que leur chevelure était déficiente, soit tout simplement pour leur aspect pratique. Il était d'ailleurs impossible de se coiffer sans coiffeur, ou valet de chambre coiffeur à disposition.
Il n'y avait pas d'usage spécifique de la perruque dans les grandes occasions. On soignait évidemment plus particulièrement sa mise selon les codes en vigueur, mais comme à l'habitude, certains en cheveux naturels, d'autres en perruques.
J'ignore ce que cachait Monsieur de Calonne sous sa perruque, mais je pense que si ses cheveux étaient suffisants en quantité et en qualité, il devait, quand nécessaire, se faire friser et poudrer à frimas( poudre blanche évoquant les premiers frimas de l'hiver).
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Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: Perruques et boîtes à perruques au XVIIIe siècle
Marie-Jeanne a écrit:
... comme Madame Vigée Le Brun je n'adore pas les perruques !
.
Eh bien tiens, Marie-Jeanne, Elisabeth justement nous parle de la perruque de M. Vigée, son père ( parfois un peu dans la lune, le cher homme ) :
Il avait tellement l'amour de son art que cette passion lui donnait de fréquentes distractions. Je me rappelle qu'un jour, étant tout habillé pour aller dîner en ville, il sort; mais en pensant au tableau qu'il avait commencé, il retourne chez lui, dans l'idée d'y retoucher. II ôte sa perruque, met son bonnet de nuit, et ressort, ainsi coiffé, vêtu d'un habit à brandebourgs dorés, l'épée au côté, etc. Sans un voisin , qui l'avertit de sa distraction, il courait la ville dans ce costume.
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Mme de Sabran- Messages : 55293
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Perruques et boîtes à perruques au XVIIIe siècle
Cher François, je n’ai pas oublié comme vous portez bien l’habit à la française...
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
Re: Perruques et boîtes à perruques au XVIIIe siècle
Vicq d Azir a écrit:Cher François, je n’ai pas oublié comme vous portez bien l’habit à la française...
Bien d'accord avec vous, cher Févicq, j'en suis tombée comme une mouche !
Pour revenir aux perruques, nous pouvons citer encore l'aventure du malheureux M. de Montyon !
M. de Montyon vint à Versailles ; ne sachant pas encore bien sa Cour, il débuta par un impair qui fit beaucoup rire (c’est cette peste de Bachaumont qui nous le dit) ; « M. le Comte d’Artois l’a conté à M. de Châlon, de qui je le tiens : le prince allait seul, dans le château, vers... un endroit détourné ; M. de Montyon, ne le connaissant pas, lui demanda son chemin (ne pas reconnaître, ou, ce qui est pire, ne pas connaître le frère du Roi, c’était plus qu’une erreur, une insolence) ; le Comte d’Artois dut le prendre ainsi, car, pour toute réponse, il se saisit de la perruque de son interpellateur et la lui reposa sur la tête, mais à l’envers. »
http://www.academie-francaise.fr/151e-compliment-panegyrique-en-lhonneur-de-m-de-montyon
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Mme de Sabran- Messages : 55293
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Perruques et boîtes à perruques au XVIIIe siècle
L’histoire est certes drôle, mais, entre nous, le charmant Artois avait l’art de se mettre à dos ses contemporains par son arrogance...
Je pense en particulier aux détournements de matériaux qu’il ordonne pour la construction de Bagatelle...
Il alimentait ainsi, malgré lui, cette haine de la Cour et de l’aristocratie qui éclatera en 89. Ce courant s’est nourri de ces multitudes d’humiliations qui s’étaient accumulées avec le temps, et qui étaient devenues insupportables pour ceux qui les subissaient... ( voilà... c’était mon quart d’heure révolutionnaire...)
Il me semble que la Reine, et même le Roi, se sont montrés, à maintes occasions, beaucoup plus courtois avec le commun des mortels, y compris avec ceux qui commettaient des impairs... Maints exemples sont d’ailleurs parvenus jusqu’à nous ...
Je pense en particulier aux détournements de matériaux qu’il ordonne pour la construction de Bagatelle...
Il alimentait ainsi, malgré lui, cette haine de la Cour et de l’aristocratie qui éclatera en 89. Ce courant s’est nourri de ces multitudes d’humiliations qui s’étaient accumulées avec le temps, et qui étaient devenues insupportables pour ceux qui les subissaient... ( voilà... c’était mon quart d’heure révolutionnaire...)
Il me semble que la Reine, et même le Roi, se sont montrés, à maintes occasions, beaucoup plus courtois avec le commun des mortels, y compris avec ceux qui commettaient des impairs... Maints exemples sont d’ailleurs parvenus jusqu’à nous ...
Dernière édition par Vicq d Azir le Dim 10 Mai 2020, 12:13, édité 1 fois
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
Re: Perruques et boîtes à perruques au XVIIIe siècle
C'est si vrai, cher Févicq, que régulièrement, et sur les instances de Marie-Thérèse, Mercy mettait en garde Marie-Antoinette contre l'irrespectueuse familiarité et l'influence de son beau-frère . Bien sûr sans oublier de fustiger ses mauvaises fréquentations, nommément le duc de Chartres .
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Mme de Sabran- Messages : 55293
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Perruques et boîtes à perruques au XVIIIe siècle
En effet, Elisabeth insiste sur son aversion pour les hommes " emperruqués " !Marie-Jeanne a écrit: ... même si, comme Madame Vigée Le Brun, je n'adore pas les perruques !
... sous tout autre rapport, M. de Calonne m'a toujours semblé peu séduisant; car il portait une perruque fiscale. Une perruque ! jugez comme, avec mon amour du pittoresque, j'aurais pu m'accoutumer à une perruque ! je les ai toujours eues en horreur, au point de refuser un riche mariage, parce que le prétendant portait perruque; et je ne peignais qu'à regret les hommes coiffés ainsi.
( Elisabeth Vigée Le Brun, Souvenirs )
Qu'est-ce donc qu'une perruque fiscale ?!
Google semble sécher ...
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Mme de Sabran- Messages : 55293
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Perruques et boîtes à perruques au XVIIIe siècle
Je ne saurais te dire exactement. Elle pourrait faire référence à une perruque désuète qui ne cherche pas à faire vrais cheveux, comme par exemple celles des juges, dites à marteaux. Pour les messieurs de qualité dans la seconde partie du XVIIIe siècle, l'air du temps était aux perruques sophistiquées imitant au plus près les chevelures naturelles.
Le plus chic étant de s'en passer. Imagines-tu le bel Axel porter perruque ? J'en doute.
Le plus chic étant de s'en passer. Imagines-tu le bel Axel porter perruque ? J'en doute.
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Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: Perruques et boîtes à perruques au XVIIIe siècle
Marie-Jeanne a écrit:
Imagines-tu le bel Axel porter perruque ? J'en doute.
Oh ben non alors !!!
Tutto ne nous guiderait plus vers lui ...
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Mme de Sabran- Messages : 55293
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Perruques et boîtes à perruques au XVIIIe siècle
TVA = Tutto Vers Axel ...c’est donc ça, la perruque fiscale !
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
Re: Perruques et boîtes à perruques au XVIIIe siècle
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Mme de Sabran- Messages : 55293
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Perruques et boîtes à perruques au XVIIIe siècle
Me voici avec une nouvelle histoire de perruque, les amis, et celle-ci est très drôle !
Extrait des Souvenirs de deux anciens militaires:
ou, Recueil d'anecdotes inédites ou peu connues.
par Alphonse comte de Fortia de Piles
____ Madame la Maréchale de Luxembourg, née Villeroy, perdit son mari. Sa porte fut long-temps fermée . Enfin elle se détermina à recevoir, peu à peu, d'abord ses amis, ensuite ses connaissances; pendant plusieurs semaines, ses assemblées furent fort nombreuses et encore plus tristes; on sortait souvent sans avoir entendu ni prononcé un mot. Madame du Deffand et le président Hénault y allèrent un soir, s'assirent à côté l'un de l'autre, et passèrent un grand quart d'heure au milieu de vingt-cinq personnes dans le plus profond silence.
Madame du D... , n'y pouvant plus tenir, se penche vers le président et lui dit bien bas : " Président, je m'ennuie à la mort. " Le président s'approche d'elle pour lui répondre aussi bas; les femmes portaient alors à leurs coiffures de grands becs qui avançaient beaucoup : celui de madame du D... accroche la perruque du président, et lorsque les deux interlocuteurs veulent se séparer, la perruque abandonne sa place et reste suspendue au bec de madame du D... dont elle couvre entièrement le visage. Celle-ci pousse des cris affreux; tout le monde regarde et voit madame du D... masquée de la perruque ( on sait qu'elle était aveugle ) et son voisin en enfant de choeur. On n'entendait que l'une criant : " Mais, Président, qu'est-ce donc que cela ?!! " et l'autre répondant : " Parbleu, Madame, c'est ma perruque que vous m'avez enlevée !!! "
Extrait des Souvenirs de deux anciens militaires:
ou, Recueil d'anecdotes inédites ou peu connues.
par Alphonse comte de Fortia de Piles
____ Madame la Maréchale de Luxembourg, née Villeroy, perdit son mari. Sa porte fut long-temps fermée . Enfin elle se détermina à recevoir, peu à peu, d'abord ses amis, ensuite ses connaissances; pendant plusieurs semaines, ses assemblées furent fort nombreuses et encore plus tristes; on sortait souvent sans avoir entendu ni prononcé un mot. Madame du Deffand et le président Hénault y allèrent un soir, s'assirent à côté l'un de l'autre, et passèrent un grand quart d'heure au milieu de vingt-cinq personnes dans le plus profond silence.
Madame du D... , n'y pouvant plus tenir, se penche vers le président et lui dit bien bas : " Président, je m'ennuie à la mort. " Le président s'approche d'elle pour lui répondre aussi bas; les femmes portaient alors à leurs coiffures de grands becs qui avançaient beaucoup : celui de madame du D... accroche la perruque du président, et lorsque les deux interlocuteurs veulent se séparer, la perruque abandonne sa place et reste suspendue au bec de madame du D... dont elle couvre entièrement le visage. Celle-ci pousse des cris affreux; tout le monde regarde et voit madame du D... masquée de la perruque ( on sait qu'elle était aveugle ) et son voisin en enfant de choeur. On n'entendait que l'une criant : " Mais, Président, qu'est-ce donc que cela ?!! " et l'autre répondant : " Parbleu, Madame, c'est ma perruque que vous m'avez enlevée !!! "
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55293
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Perruques et boîtes à perruques au XVIIIe siècle
Inouï
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« La mode est à la France ce que les mines du Pérou sont à l'Espagne » Colbert.
Marie-Jeanne- Messages : 1497
Date d'inscription : 16/09/2018
Re: Perruques et boîtes à perruques au XVIIIe siècle
J'ai encore une petite histoire drôle, non pas de perruque mais de perruquier !
Madame de Nesle avait M. de Soubise. M. de Nesle, qui méprisait sa femme, eut un jour une dispute avec elle, en présence de son amant. Il lui dit : " Madame, on sait bien que je vous passe tout. Je dois pourtant vous dire que vous avez des fantaisies trop dégradantes, que je ne vous passerai pas. Telle est celle que vous avez pour le perruquier de mes gens, avec lequel je vous ai vu sortir et rentrer chez vous. "
Après quelques menaces , il sortit ; et la laissa avec M. de Soubise, qui la souffleta , quoi qu’elle pût dire. Le mari alla ensuite conter ce bel exploit, ajoutant que l’histoire du perruquier était fausse, se moquant de M. de Soubise qui l’avait cru, et de sa femme qui avait été souffletée.
( Chamfort, Caractères et anecdotes )
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Mme de Sabran- Messages : 55293
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Perruques et boîtes à perruques au XVIIIe siècle
Mme de Sabran a écrit:En effet, Elisabeth insiste sur son aversion pour les hommes " emperruqués " !Marie-Jeanne a écrit: ... même si, comme Madame Vigée Le Brun, je n'adore pas les perruques !
... sous tout autre rapport, M. de Calonne m'a toujours semblé peu séduisant; car il portait une perruque fiscale. Une perruque ! jugez comme, avec mon amour du pittoresque, j'aurais pu m'accoutumer à une perruque ! je les ai toujours eues en horreur, au point de refuser un riche mariage, parce que le prétendant portait perruque; et je ne peignais qu'à regret les hommes coiffés ainsi.
( Elisabeth Vigée Le Brun, Souvenirs )
Qu'est-ce donc qu'une perruque fiscale ?!
Google semble sécher ...
Il s'agit peut-êtret d'un perruque spécifiquement portée par les gens de finance, tout comme il en existait une coiffée d'une manière spécifique aux parlementaires ?
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 32
Re: Perruques et boîtes à perruques au XVIIIe siècle
Vicq d Azir a écrit: Mais , pour les grandes occasions, dont les cérémonies à la Cour, peut-être portaient- ils une perruque ? .
Par expérience, il est assez peu pratique de porter une perruque sur des cheveux suffisamment long pour pouvoir les coiffer comme une perruque simple. Peut-être employait on des postiches pour rajouter ce qui manquait de ci, de là, mais toute une perruque, j'ai un doute.
Lucius- Messages : 11656
Date d'inscription : 21/12/2013
Age : 32
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