Soins de beauté, maquillage, et mouches au XVIIIe siècle
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Soins de beauté, maquillage, et mouches au XVIIIe siècle
Les mouches étaient en fait un morceau de taffetas noir destiné à mettre en valeur la clarté de la carnation de la personne (souvent noble ) qui n'avait dû subir les outrages du soleil...
Un code bien précis donnait à chacune une signification (et un nom très XVIIIème) selon l'endroit où la personne la plaçait sur elle:
Près de l'œil, elle se nomme assassine ou passionnée.
Au coin de la bouche, c'est la baiseuse.
Sous la lèvre, elle devient friponne ou coquette.
Sur le nez, effrontée ou gaillarde.
Sur le front, la majestueuse
Sur la joue, c'est la galante.
Sur une ride, dans le creux du sourire , elle est l'enjouée.
Sur la poitrine, c'est la généreuse.
Sur un bouton, la receleuse.
Ou bien sur le menton, la discrète .......
Bien à vous.
Un code bien précis donnait à chacune une signification (et un nom très XVIIIème) selon l'endroit où la personne la plaçait sur elle:
Près de l'œil, elle se nomme assassine ou passionnée.
Au coin de la bouche, c'est la baiseuse.
Sous la lèvre, elle devient friponne ou coquette.
Sur le nez, effrontée ou gaillarde.
Sur le front, la majestueuse
Sur la joue, c'est la galante.
Sur une ride, dans le creux du sourire , elle est l'enjouée.
Sur la poitrine, c'est la généreuse.
Sur un bouton, la receleuse.
Ou bien sur le menton, la discrète .......
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Soins de beauté, maquillage, et mouches au XVIIIe siècle
Mme de Périgny a écrit:
Le maquillage est un sujet très intéressant.
Le problème avec les mouches et le maquillage est qu'ils sont presque toujours représentés d'une façon ridicule dans les films.
A-t-on déjà vu un portrait avec un visage emplâtré de fard et de rouge à outrance? Non, tous les portraits de femme présentent un teint très clair avec des joues roses, belles de bon sang.
En fait le fard blanc ne formait pas un masque mais bien un voile velouté qui éclaircissait le teint. Le rouge, savamment appliqué avec un tampon de mousseline servait à y mettre des joues ayant un effet de "rougies par l'air frais".
Voyez sur cette photo, je me suis maquillée avec du fard totalement blanc pur et du rouge très vif, l'effet est néanmoins doux et très naturel.
http://lashim.myphotoalbum.com/view_photo.php?set_albumName=album57&id=IMG_0296
Voilà pourquoi Marie-Antoinette peut nous paraître pas maquillée si elle a été fardée avec goût et élégance
Je crois que nous avons tous une tante ou une voisine qui se maquille avec excès et mauvais goût parfois.
Au XVIIIe cela devait être pareil et tout comme aujourd'hui on ne se privait pas de commenter la chose! Voilà ma perception.
Pour me farder j'utilise un pain sec de fard blanc pur avec un pinceau à poudre. Il est facile d'en mettre trop épais, passer 2 ou 3 fois sur le visage, et de devenir totalement emplâtrée!
Pour le rouge, c'est aussi un pain sec (poudre compressée très matte) rouge vif. Et je peux vous dire qu'il faut de la pratique pour avoir un air! La première fois j'avais une allure...clownesque! Digne de mention par un chroniqueur du XVIIIe!
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Merci, chère Madame de Périgny pour ces précisions fort intéressantes .
Pour ce qui est des mouches, Marie-Antoinette n'en portait plus . Elles étaient passées de mode !
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Soins de beauté, maquillage, et mouches au XVIIIe siècle
Inutile passer le mur pour me rappeler ce que je vous avais alors répondu Mme de Sabran :
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Gouverneur Morris- Messages : 11794
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Soins de beauté, maquillage, et mouches au XVIIIe siècle
Voilà ce qu'il faut montrer à votre princesse insensible !
Si elle ne s'écroule pas de rire, que le Grand Cric me croque .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Gouverneur Morris- Messages : 11794
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Soins de beauté, maquillage, et mouches au XVIIIe siècle
Je continue à bouturer joyeusement notre petite cousine d'outre-Atlantique ! :n,,;::::!!!:
Mme de Périgny a écrit:
Pas de rouge sur les lèvres : les dents étant souvent très abimées, il vaut mieux ne pas attirer l'attention sur cette partie du visage.D'ailleurs, les bouches sont toujours closes sur les portraits .
Joséphine qui est une femme du XVIIIème se maquillait beaucoup et ce maquillage tombait par plaques " j'ai mes farines" disait-elle
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_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Soins de beauté, maquillage, et mouches au XVIIIe siècle
Merci , chère Madame de Périgny , pour vos lumières qui nous permettent de vivre le quotidien du XVIIIème au mieux !Mme de Périgny a écrit:En fait le fard blanc ne formait pas un masque mais bien un voile velouté qui éclaircissait le teint. Le rouge, savamment appliqué avec un tampon de mousseline servait à y mettre des joues ayant un effet de "rougies par l'air frais".
Voyez sur cette photo, je me suis maquillée avec du fard totalement blanc pur et du rouge très vif, l'effet est néanmoins doux et très naturel.
Pour me farder j'utilise un pain sec de fard blanc pur avec un pinceau à poudre. Il est facile d'en mettre trop épais, passer 2 ou 3 fois sur le visage, et de devenir totalement emplâtrée!
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J'admire la délicatesse de vos explications, cela nous emmène directement dans votre cabinet de toilette... On vit vraiment l'instant avec vous ! :
Bien à vous.
Invité- Invité
Re: Soins de beauté, maquillage, et mouches au XVIIIe siècle
L’humour anglais... :
La nuit, la neige- Messages : 18130
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Soins de beauté, maquillage, et mouches au XVIIIe siècle
Mme de Périgny a écrit:
Lorsque l'on consulte des inventaires des parfumeurs (ceux qui fabriquaient et vendaient des cosmétiques et du maquillage) et que l'on lit les ouvrages de parfumeurs (recettes comment les fabriquer) il y a des recettes de blanc pour le teint et de rouge pour les joues et les lèvres.
Le blanc se vendait sous forme de pâte pressée à appliquer sèche ou humide. Existait aussi du blanc sous forme liquide ou crémeuse. Idéal pour une peau plus sèche. À partir de 1740 on aime les produits à base naturelle, surtout végétale, ensuite animale. Les minéraux n'ont pas bonne cote. Passé 1750, seulement 12% des recettes contiennent des dérivés du plomb...Donc 88% des fards n'en contiennent pas.
Pour le rouge, il y avait des poudres pressées et des formats crémeux. Existait aussi du crépon, c'est à dire des papiers spéciaux enduit de rouge à humecter avant de le passer sur les joues.
Tout comme aujourd'hui, il y avait des femmes qui savaient bien se maquiller et d'autres chez qui c'était moins bien effectué. Sans oublier les résultats plus médiocres dus à un choix de produits mal adaptés au type de peau ou à une peau plus capricieuse... Bref rien de nouveau sous le soleil!
Dire que son maquille coule...cela ne veut pas necessairement dire que cela "tombe"...en 2011 aussi en fin de journée...j'ai mes farines! je dois faire des retouches! L'hiver c'est encore pire, ma peau plus sèche pèle plus facilement sous le fond de teint...L'été je dois user le plus de poudre car mon visage devient plus vite gras et brillant...Nous sommes toujours en 2011. Normal que les femmes du XVIIIe aient eut aussi ces aléas de maquillage.
Je vous invite à me regarder ici la figure...tout à fait maquillée comme en 1750. Un teint éclairci au blanc pur sur une peau préalablement pommadée pour lui garder souplesse et éviter l'aspect sec. Sur les joues, un rouge très cru appliqué avec une mousseline sur les joues en forme triangulaire. Sur les lèvres, une pommade teintée.
http://lashim.myphotoalbum.com/view_photo.php?set_albumName=album79&id=img_3776
Prenez le temps de regarder des tableaux...les femmes n'y sont pas fardées à outrance. Certes la quantité de rouge varie selon comment chacune aime se maquiller...comme en 2011, certaines en mettent plus que d'autres. Mais globalement on a affaire à un maquillage qui rehausse et qui ne déguise pas du tout. Du moins on est loin du masque blanc de clown trop souvent présenté comme étant la norme à l'époque...et pourtant!
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Soins de beauté, maquillage, et mouches au XVIIIe siècle
La nuit, la neige a écrit:L’humour anglais... :
Ah, tais-toi ! Foin de romance !!!
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Soins de beauté, maquillage, et mouches au XVIIIe siècle
Les Nuls y sont allés aussi de leur parodie :
C'est bête :
C'est bête :
Gouverneur Morris- Messages : 11794
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Soins de beauté, maquillage, et mouches au XVIIIe siècle
Cette video n'est pas disponible dans votre pays, me dit Jules !
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Soins de beauté, maquillage, et mouches au XVIIIe siècle
Le blanc et le rouge sont les couleurs dominantes , les plus grands noms de la noblesse ressemblent à des poupées fardées, en effet, au XVIIIe s, la femme admise à Versailles, se doit d'avoir le teint livide, obtenu par le blanc de céruse (ou oxyde de plomb). Il sert à lisser la peau, souvent très abimée par la petite vérole, et marque surtout le rang auquel elle appartient.
Les lèvres sont peintes en rouge vermillon et les pommettes rehaussées, parfois, d'un voile rosé, le plus souvent, d'un rouge franc.Viennent ensuite, les mouches, ces morceaux de tissu en toile, de différentes formes, posées un peu partout sur le visage et le corps. Selon l'endroit, elles indiquent l'humeur du moment, ainsi, la jeune femme passionnée la met au coin de l'œil, la coquette, au bord de la lèvre, la majestueuse sur le front, la galante sur la joue, la provocante à la naissance des seins, l'enjouée sur le pli du sourire, la discrète sous la lèvre inférieure et la receleuse sur un bouton.Les hommes se "maquillent" de la même façon, car sans tous ces artifices, point de salut!
Marie-Antoinette intervient...
Malheureusement, certains de ces produits, indépendamment de leur prix élevé, sont extrêmement nocifs puisque à base de plomb ou d'arsenic.
Malgré cela, des femmes n'hésitent pas à manger des tablettes d'arsenic qui les anémient et leur donnent la pâleur tant recherchée. Une folie qui en fera mourir plus d'une mais que ne ferait-on pas pour paraître à la cour?
Marie-Antoinette est au courant de ces débordements et décide d'y mettre fin. Elle se nettoie la peau au vinaigre ou avec de l'eau cosmétique de pigeon, se tonifie avec l'eau des charmes, extraite des larmes de vigne du mois de mai et blanchit son teint à l'eau d'ange. Elle se fait également des masques de beauté à la moelle de bœuf et utilise des crèmes pour la peau à base d'œufs, d'intestin de pigeon, de végétaux et d'eau de pluie.
Fini le teint blafard, elle apporte une nouvelle jeunesse à l'art d'être belle, elle change les critères de beauté et stupéfie la vieille garde de la noblesse française par ce qui est considéré comme une excentricité ahurissante.
Des recettes pour le moins surprenantes…
Le contenu des potions est bien curieux. Voici deux exemples.
L'eau cosmétique de pigeon
Elle se compose des ingrédients suivants: deux pigeons, du pain blanc, des noyaux de pêches, quelques semences, des blancs d'œufs, du jus de citron, tout cela macêre dans du lait de chèvre avec de l'eau distillée, dans lesquels sont ajoutés du camphre, du boras (extrait de palme), du sucre candi et de l'alun brûlé. Cette mixture est ensuite exposée au soleil pendant trois jours, puis conservée à la cave pendant environ quinze jours. Après avoir filtré le liquide, il est prêt à être utilisé.
L'eau d'ange
Dans la composition de cette recette, on trouve des senteurs telles que le benjoin (résine), le santal, le citrin (colorant), l'iris, le citron, la noix de muscade, la cannelle, le bois de rose, l'eau de myrte, le musc et la civette (extrait de la glande odoriférante de l'animal du même nom).
Le précurseur de ces excès se nomme Jean-Louis Fargeon. Bien qu'il dénonce, dans ses écrits, l'exagération des femmes en matière de beauté et les dangers qu'elles courent, il sait aussi que son commerce est florissant, car la gente féminine est tout, sauf raisonnable. Il s'appuie, donc, sur ces faits bien réels pour proposer de plus en plus de produits susceptibles de plaire, au détriment d'une certaine sécurité.
Qui est Jean-Louis Fargeon? Il appartient à la corporation dite des parfumeurs gantiers, mais il va étendre ses compétences.
Il s'intéresse, d'abord, à la création des fards, puis devient le parfumeur attitré de la reine (après avoir été celui de la Du Barry). Il la conseille dans ses choix, en particulier sur l'utilisation mesurée du céruse qui est en très net recul, dans la seconde partie du XVIIIe s.
Elle lui laissera des sommes impressionnantes pour ses parfums et autres "produits de beauté", on parle de 200.000 livres pour la seule année 1778.
Que ce soit au XVIIIe s ou maintenant, on s'aperçoit que rien n'a changé... Le ridicule ne tue pas et le siècle des lumières en a été une preuve flagrante...
Marie-Antoinette et la mode par Audrey Bachter
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Soins de beauté, maquillage, et mouches au XVIIIe siècle
Histoire de la beauté
4. Les XVIIe et XVIIIe siècles
Par Dominique Simonnet et (L'Express), publié le 24/07/2003
Cette fois, il faut se fier aux apparences. A la cour de Louis XIV et de Louis XV, le beau n'est plus qu'artifice. Désormais, tout est maquillé: le visage, le corps, le langage, les émotions... Sous les vêtements empesés, la chair flasque est architecturée, corsetée, baleinée. Les joues sont recouvertes du blanc de l'innocence et du rouge de la concupiscence. Seuls comptent la représentation, le déguisement, l'illusion... Versailles est un théâtre dérisoire où des marionnettes arrogantes se contemplent dans le miroir. Comme le conte la philosophe Dominique Paquet, c'est l'Ancien Régime tout entier que ces corps travestis mettent en scène. Attention! bientôt, les masques vont tomber...
Dominique Paquet ''Le fard cache les nuits de folies''
On a l'impression que les siècles de l'Ancien Régime, et particulièrement le XVIIe et le XVIIIe siècle, sont ceux de l'artifice et de l'outrance. Le ton est donné à la cour par des personnages grotesques, corsetés, poudrés, peinturlurés à l'excès. C'est du moins l'image qu'on en retient.
C'était une réalité. Dès la fin du XVIe siècle, on entre dans une période baroque. Une nouvelle esthétique se répand dans les arts et la philosophie. Descartes voit le monde comme une mécanique, avec des poulies, des rouages, des cordes... On voyage encore en berline, fenêtres fermées, sans voir le paysage. On déteste les herbes folles, le désordre, on trouve les paysans repoussants. On ne supporte pas la nature, on en a peur, on ne la tolère qu'architecturée, mise en géométrie dans des jardins aux perspectives infinies et aux buissons sculptés, comme dans le film de Peter Greenaway Meurtre dans un jardin anglais... De la même manière, le corps entier est structuré, cadenassé. Les bustes sont serrés à l'extrême, le col est maintenu. On se cache, on se protège. L'artifice prévaut.
Et, avec lui, le fard.
On revient, en effet, aux fards. Alors que la cour est de plus en plus tentée par la moralisation, l'usage de l'artifice prend une valeur émancipatrice: le courant précieux, dont Molière raillera les excès, exalte l'intelligence de l'esprit et le raffinement du corps. Le mot "maquillage" naît d'ailleurs à cette époque, mais dans un sens péjoratif: maquiller, c'est maquiller les cartes, c'est tromper.
"Au début du XVIIIe, les précieuses fabriquent elles-mêmes leurs fards avec de la graisse de mouton et des produits orientaux"Il s'agit donc de ne pas montrer son corps tel qu'il est.
Oui. Depuis l'Antiquité grecque, on utilise la céruse, c'est-à-dire l'oxyde de plomb (produit extrêmement toxique), sur le visage, le cou, parfois les bras et la naissance de la gorge. Au début du XVIIIe, les précieuses fabriquent elles-mêmes leurs fards avec de la graisse de mouton et des produits orientaux. "Bains d'eau de veau, onctions d'eau distillée de fleurs de lys, de nénuphar, de fleurs de fève, d'eau qui coule du cep de vigne quand la sève monte, jus de limon distillés au bain-marie et huile de talc", telle est l'une des recettes pour avoir le teint blanc. Naïvement, on pense que les produits blancs donnent une peau blanche.
En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/culture/livre/4-les-xviie-et-xviiie-siecles_818939.html#4QIG2FitVATvLsmz.99
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Soins de beauté, maquillage, et mouches au XVIIIe siècle
Bouh, quelle horreur !
Les dames devaient complètement se bousiller la peau, avec des produits comme la céruse !
Non ?
Mme de Périgny a écrit:
En fait, plus les années avancent moins il y a de produits blancs avec de l'oxyde de plomb.
Rendu en 1750-1760, il y a guère que 10% des produits (si ma mémoire est juste). Tandis qu'en remontant au XVIe, c'est des histoires de 40% ou 60% si cela n'est pas plus.
Et le mot céruse désigne souvent le fard blanc, sans qu'il y ait du plomb dedans.
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Soins de beauté, maquillage, et mouches au XVIIIe siècle
Mme de Sabran a écrit:
Cette video n'est pas disponible dans votre pays, me dit Jules !
Et là ?
Gouverneur Morris- Messages : 11794
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Soins de beauté, maquillage, et mouches au XVIIIe siècle
Mais pourquoi diable faut-il avoir le teint blanc ? boudoi29 Ben yes, why ?!!!
Le blanc est destiné à provoquer un effet de statuaire et, souvenir du Moyen Age, à évoquer la virginité. Il donne l'illusion d'un visage pur, exempt de toutes taches, de toutes cicatrices, et il permet de dissimuler les rougeurs, les couperoses et les dermatoses provoquées par la nourriture très épicée et par les vins capiteux. Les précieuses se blanchissent et bannissent le hâle: lors des promenades, elles portent un masque qu'elles tiennent par un bouton entre les dents, ce qui d'ailleurs évite la conversation. "Pour farder une élégante, il faut une boutique entière", écrit Fitelieu, en 1642. Quand une femme veut se mettre sur le marché de la séduction, elle ajoute du rouge: c'est ce que fait Arsinoé, dans Le Misanthrope. Dès 1673, toutes les femmes en portent, à l'exemple de la Montespan. Sous Louis XIV, le fard est le symbole de l'amour, de l'émancipation, mais aussi de l'adultère, de l'impudeur. Même si les grands seigneurs ne l'avouent pas, la société se sécularise petit à petit, l'athéisme se développe, le culte marial est délaissé, renvoyé chez les dévots. On en revient à l'ostentation, au culte de soi, et donc à la représentation.
C'est le roi lui-même qui donne le ton.
L'influence personnelle de Louis XIV est immense: on sait qu'il a réglé l'opéra, la danse, le théâtre, le récitatif. Il était en somme le premier des ministres de la culture. Louis XIV fait de son règne une esthétique. Il danse fardé de rouge et de rose. Et les hommes l'imitent, se mettent des mouches, ces petits bouts de taffetas découpés en comètes, en étoiles ou en lunes. Tous les regards convergent vers le Soleil et, sous la lumière des bougies, les miroirs, qui ont remplacé à la Renaissance le papier huilé, reflètent à l'infini cette cour en représentation permanente.
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Soins de beauté, maquillage, et mouches au XVIIIe siècle
Gouverneur Morris a écrit:
Et là ?
... ça marche !!!
Merci, Gouverneur !
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Soins de beauté, maquillage, et mouches au XVIIIe siècle
Pour qu'une liaison d'homme à femme soit vraiment intéressante, il faut qu'il y ait entre eux jouissance, mémoire ou désir.
( Chamfort )
S'il y a les trois, je ne vous raconte pas !
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Soins de beauté, maquillage, et mouches au XVIIIe siècle
Tout cela est violemment condamné par les dévots. Tiens, le contraire nous aurait étonnés !!!
L'artifice est condamné par l'Eglise, notamment par la Compagnie du Saint-Sacrement, qui prône la pudeur et la crasse. Qu'une femme soit gagnée par la dévotion ou qu'elle se remette d'un chagrin d'amour, et elle ne se farde plus. Elle se montre alors négligée, décoiffée, sale. Lorsqu'elle se couvrira à nouveau les joues de rouge, ce sera le signe de la renaissance de son désir. Dans L'Ecole des femmes, on trouve les maximes de cette jeune fille qui ne doit jamais se farder pour son mari, parce qu'elle est pure et vierge... Quand le roi épouse Mme de Maintenon, le parti dévot triomphe, on a moins recours aux artifices, il y a moins de fêtes... Mais, avec le Régent, de nouveau, les plaisirs reviennent. A la cour, le mode de vie est épuisant: la femme fait une première toilette, une deuxième toilette après le déjeuner, s'alanguit dans les fauteuils jusqu'au théâtre, soupe vers 2 heures, rejoint son amant, le quitte à 7 heures du matin. Et elle doit toujours être belle. On se farde donc davantage encore pour cacher les nuits de folies.
"Pour cacher le manque d'hygiène, on utilise des parfums fleuris, des muscs" On imagine que, sous la couche de fards, l'hygiène est catastrophique.
Jusqu'au début du XVe siècle, on prenait le bain, on y recevait ses amis, on y dînait, on se caressait aussi... ( Vous, par exemple, Gouverneur, avec Mme de Flahaut : ) L'Eglise a mis le holà. ( ouf ! ) Désormais, on se contente de se frotter avec un linge parfumé et de prendre, parfois, un bain de rivière, habillé évidemment. Pour cacher le manque d'hygiène, on utilise des parfums fleuris, des muscs.
On se brosse les dents avec de la poudre de corail, très abrasive, de la poudre d'huîtres ou avec un peu de vin blanc... Les courtisans devaient avoir des bouches calamiteuses.
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L'artifice est condamné par l'Eglise, notamment par la Compagnie du Saint-Sacrement, qui prône la pudeur et la crasse. Qu'une femme soit gagnée par la dévotion ou qu'elle se remette d'un chagrin d'amour, et elle ne se farde plus. Elle se montre alors négligée, décoiffée, sale. Lorsqu'elle se couvrira à nouveau les joues de rouge, ce sera le signe de la renaissance de son désir. Dans L'Ecole des femmes, on trouve les maximes de cette jeune fille qui ne doit jamais se farder pour son mari, parce qu'elle est pure et vierge... Quand le roi épouse Mme de Maintenon, le parti dévot triomphe, on a moins recours aux artifices, il y a moins de fêtes... Mais, avec le Régent, de nouveau, les plaisirs reviennent. A la cour, le mode de vie est épuisant: la femme fait une première toilette, une deuxième toilette après le déjeuner, s'alanguit dans les fauteuils jusqu'au théâtre, soupe vers 2 heures, rejoint son amant, le quitte à 7 heures du matin. Et elle doit toujours être belle. On se farde donc davantage encore pour cacher les nuits de folies.
"Pour cacher le manque d'hygiène, on utilise des parfums fleuris, des muscs" On imagine que, sous la couche de fards, l'hygiène est catastrophique.
Jusqu'au début du XVe siècle, on prenait le bain, on y recevait ses amis, on y dînait, on se caressait aussi... ( Vous, par exemple, Gouverneur, avec Mme de Flahaut : ) L'Eglise a mis le holà. ( ouf ! ) Désormais, on se contente de se frotter avec un linge parfumé et de prendre, parfois, un bain de rivière, habillé évidemment. Pour cacher le manque d'hygiène, on utilise des parfums fleuris, des muscs.
On se brosse les dents avec de la poudre de corail, très abrasive, de la poudre d'huîtres ou avec un peu de vin blanc... Les courtisans devaient avoir des bouches calamiteuses.
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Soins de beauté, maquillage, et mouches au XVIIIe siècle
Quel idéal du corps professe-t-on alors ? boudoi16
La rupture avec le Moyen Age est consommée. L'idéal, ce n'est plus la nymphette à peine nubile, modèle nordique qui prévalait au xvie siècle, mais le modèle italien, déjà promu par Catherine de Médicis: la femme-femme, replète, avec des seins volumineux, exposés dans de profonds décolletés, des cuisses plus larges... La société progresse, on mange mieux, il y a moins de famines. On aime donc naturellement les femmes plus grasses, fécondes et plantureuses. Mais on préfère toujours les genoux fins et des petites fossettes sur les coudes. On garde quand même la taille serrée: la Montespan, déformée par tous ses accouchements, boit du vinaigre pour ne pas trop grossir, et se blondit les cheveux, car le blond reste à la mode. Les femmes ont des rondeurs dues à la contention, les seins jaillissent, le ventre gonfle, ce qui provoque une mauvaise circulation du sang. Tout est construit, arrangé, maquillé. Les corps comme la nature.
Comme dans un gigantesque théâtre. Cette comédie de l'apparence va encore s'accentuer au XVIIIe siècle.
Oui. C'est la période baroque la plus radicale pour la beauté: on ne veut pas voir les muscles, qui évoquent l'effort. Alors, on se bride de partout, on se coiffe avec des constructions de bois, on se harnache si bien qu'on peut à peine bouger. Même les souliers, avec le talon médian, sont conçus pour accentuer l'ondulation de la démarche, mais ils provoquent un basculement vers l'avant. Les hommes mettent de fausses hanches, de faux mollets avec les bas, des attelles pour rectifier les épaules tombantes, des sachets de senteurs sous les bras... C'est un véritable échafaudage! Le Casanova de Fellini en donne une idée, dans cette scène où le héros se déshabille et se découvre, harnaché, enveloppé de bandelettes. L'oisiveté, la duplicité, les orgies et les intrigues de la cour poussent l'art du trompe-l'oeil à l'excès. Chacun arbore une perruque blanche, farinée avec de la poudre d'os, des racines d'iris - à la Révolution, certains diront que le peuple connaît la famine parce que la farine est accaparée par les nobles et les courtisans. On maquille tout: son visage, son corps, ses sentiments, son langage... Une couleur marque l'apogée de cette illusion: c'est le rouge, qui fait l'objet d'une véritable obsession.
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Soins de beauté, maquillage, et mouches au XVIIIe siècle
Mme de Sabran a écrit:A la cour, le mode de vie est épuisant: la femme fait une première toilette, une deuxième toilette après le déjeuner, s'alanguit dans les fauteuils jusqu'au théâtre, soupe vers 2 heures, rejoint son amant, le quitte à 7 heures du matin. Et elle doit toujours être belle. On se farde donc davantage encore pour cacher les nuits de folies
Mme de Sabran a écrit:L'oisiveté, la duplicité, les orgies et les intrigues de la cour poussent l'art du trompe-l'oeil à l'excès.
Qui écrit cet article ?
Ah oui ? Je ne le savais pas.Mme de Sabran a écrit:
Les hommes mettent de fausses hanches, de faux mollets avec les bas, des attelles pour rectifier les épaules tombantes.
Maintenant, les hommes se font opérer !
Et tout y passe...Tout ! :
PS : Merci pour cet exposé Elie, mais je pense qu’il est grand temps de scinder... boudoi32
La nuit, la neige- Messages : 18130
Date d'inscription : 21/12/2013
L'idée de la beauté ...
La nuit, la neige a écrit:
Qui écrit cet article ?
Dominique Simonnet et (L'Express), publié le 24/07/2003
La nuit, la neige a écrit:Ah oui ? Je ne le savais pas.Mme de Sabran a écrit:
Les hommes mettent de fausses hanches, de faux mollets avec les bas, des attelles pour rectifier les épaules tombantes.
Maintenant, les hommes se font opérer !
Et tout y passe...Tout ! :
Ah, tais-toi ! On peut même se faire rallonger les tibias !
La nuit, la neige a écrit: PS : Merci pour cet exposé Elie, mais je pense qu’il est grand temps de scinder... boudoi32
Oui, oui, je vais scinder !
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Soins de beauté, maquillage, et mouches au XVIIIe siècle
Le rouge est censé masquer la vieillesse et refléter la sensualité. On en met partout, jusque sur les joues des morts. Casanova le dit: "On le met pour faire plaisir aux yeux, qui voient les marques d'une ivresse qui leur promet des égarements et des fureurs enchanteresses." Même au lit, les femmes s'enduisent d'un demi-rouge. Des publicités l'exaltent: il y a le rouge végétal de la Demoiselle Latour, "qui unit au parfum de la rose son coloris le plus brillant, sous toutes les nuances" (1788); "le fard merveilleux de Jacquelin, rue du Bac, cosmétique composé de deux liquides: le premier blanchit, le second donne l'incarnat le plus beau" (1742); le célèbre "Rouge de la Reine, chez le sieur Dubuisson, rue des Ciseaux" (1770). A la fin du xviiie, il se vendra un millier de pots de rouge pour la cour! Lady Montagu décrira alors Versailles comme une assemblée de "moutons nouvellement écorchés". On souligne aussi en bleu les veines du front, des tempes et de la gorge, pour bien montrer le sang bleu aristocratique.
"l'idéal, pour les hommes comme pour les femmes, c'est l'enfant, l'ingénu, avec son visage de poupée et ses bonnes joues rouges"C'est une société totalement obsédée par son apparence que vous décrivez.
C'est aussi une société puérile: l'idéal, pour les hommes comme pour les femmes, c'est l'enfant, l'ingénu, avec son visage de poupée et ses bonnes joues rouges - les femmes ne dépassent pas 1,50 mètre, à l'époque. C'est une société qui se repaît de fantaisies, joue au bilboquet, à la toupie, aux charades ou à la versification. Voyez le film Ridicule. Qui passe son temps à médire, à plaisanter, à dîner, à souper et à faire l'amour. Et qui n'en finit pas de languir: serrées, déséquilibrées, les femmes sont sujettes aux évanouissements, aux phobies: elles se mettent à avoir peur des fleurs ou des homards. Il faudra le bon Dr Tronchin pour leur conseiller de prendre l'air du jardin, de marcher en jupes courtes et avec des talons plats. On appellera cela "tronchiner".
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"l'idéal, pour les hommes comme pour les femmes, c'est l'enfant, l'ingénu, avec son visage de poupée et ses bonnes joues rouges"C'est une société totalement obsédée par son apparence que vous décrivez.
C'est aussi une société puérile: l'idéal, pour les hommes comme pour les femmes, c'est l'enfant, l'ingénu, avec son visage de poupée et ses bonnes joues rouges - les femmes ne dépassent pas 1,50 mètre, à l'époque. C'est une société qui se repaît de fantaisies, joue au bilboquet, à la toupie, aux charades ou à la versification. Voyez le film Ridicule. Qui passe son temps à médire, à plaisanter, à dîner, à souper et à faire l'amour. Et qui n'en finit pas de languir: serrées, déséquilibrées, les femmes sont sujettes aux évanouissements, aux phobies: elles se mettent à avoir peur des fleurs ou des homards. Il faudra le bon Dr Tronchin pour leur conseiller de prendre l'air du jardin, de marcher en jupes courtes et avec des talons plats. On appellera cela "tronchiner".
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Soins de beauté, maquillage, et mouches au XVIIIe siècle
Mme de Sabran a écrit: C'est une société qui se repaît de fantaisies, joue au bilboquet, à la toupie, aux charades ou à la versification. Voyez le film Ridicule. Qui passe son temps à médire, à plaisanter, à dîner, à souper et à faire l'amour. Et qui n'en finit pas de languir: serrées, déséquilibrées, les femmes sont sujettes aux évanouissements, aux phobies
Il ne serait pas un peu Deckerisé ce Dominique Simonnet, depuis le début là... boudoi29
Que de clichés, que de clichés !
La nuit, la neige- Messages : 18130
Date d'inscription : 21/12/2013
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