Un éloge de Louis XVI, par Fabre d'Eglantine
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Un éloge de Louis XVI, par Fabre d'Eglantine
Fabre d'Eglantine, écrit par Louis Jacob,
présenta le 28 février 1791 à la Comédie italienne , le Convalescent de qualité ou l’Aristocrate, pièce apparentée à la comédie morale et à la comédie politique.
Avant tout cependant , c’était une œuvre de circonstance. La monarchie semblait accepter de devenir constitutionnelle .
Fabre y fait un éloge dithyrambique de Louis XVI :
« Mais, pour le jour présent, la Providence auguste
Nous a voulu garder , malgré vous , un roi juste,
Un roi bon , que ne peut un heureux naturel ?
N’allez pas m’accuser du talent criminel
De flatter lâchement le monarque qu’on aime ;
S’il n’était pas aimé, je le dirais de même.
Mais un fait bien réel , c’est que, dans tout l’Etat,
Il n’est pas un français, jusqu’au plus ingrat,
Qui ne reste d’accord que, sans ce prince sage,
Le vaisseau de l’Etat allait faire naufrage ;
Lui seul a résisté , lui seul, aux vils projets
De verser notre sang, et de troubler la paix.
Il a fort bien senti les pièges des perfides ;
Il a senti nos cœurs, de son amour avides ;
Il s’en est rapproché , non pas avec effort,
Ainsi que le prétend un parti déjà mort.
Mais de toute son âme, et si quelque prudence
A dirigé ses pas en cette circonstance,
C’est que , craignant les coups de ses propres tyrans,
Il s’est venu jeter au sein de ses enfants. »
Sur Fabre, ses antécédents familiaux, et l'origine de son églantine, ainsi s'exprime Louis Jacob :
« C’était un mal de famille , les Fabre mouraient d’ambition. De père en fils, ils tenaient négoce dans la vieille cité de Carcassonne.
Philippe François Nazaire Fabre naquit en juillet 1750.
En 1757, le père de Philippe quitta Carcassonne pour aller chercher fortune ailleurs et il posa ses valises à Limoux , charmante petite ville où l’Aude , à peine sortie des Pyrénées , fait un léger coude pour éviter le massif des Corbières.
Sans acquérir la richesse, la famille semble alors connaître une certaine aisance : l’enfant peut entreprendre des études. Il est confié aux prêtres de la doctrine chrétienne appelés aussi les doctrinaires. Cet ordre fondé en 1592 par César du Bus , chanoine théologal de Cavaillon, catéchisait le peuple et intruisait la jeunesse.
Philippe était doué . Il avait une intelligence vive , une mémoire excellente. Bref, c’était un élève studieux et remarquable. Rien d’ailleurs ne fut négligé pour lui donner une solide instruction. A côté des humanités, Philippe aborda les arts d’agrément. On lui apprit à tourner les vers, on lui enseigna la peinture, la gravure, la musique. »
Philippe y développe surtout la haine pour les siens . Il ira jusqu’à s’inventer de nouvelles origines sociales et quant à sa mère, il déclarera plus tard qu’elle ne l’aimait pas. Mais il ne laisse rien transparaître.
« Se fiant uniquement à ses succès écoliers, les doctrinaires l’attirèrent à eux , ses études classiques terminées. Les Fabre, heureux et fiers, acceptèrent de grand cœur le départ de leur fils au collège de Toulouse pour y enseigner les rudiments du latin et les premières règles du français. Philippe revêtit donc l’habit ecclésiastique , sans toutefois entrer dans les ordres , tout comme Billaud-Varenne avait été oratorien.
Le nouveau professeur s’acquitta bien de son métier. Il satisfit supérieurs , collègues et élèves. Le séjour à Toulouse fut une période de formation. En instruisant , il se perfectionnait, il méditait. Qu’aurait-il pu faire d’autre en la cité de Clémence Isaure , sinon évoquer les muses ? .
C’est à cette époque si l’on en croit la plupart des historiens , à la suite de M. Aulard, qu’il cueillit l’églantine d’or ; selon les uns avec un sonnet à la Vierge, selon les autres avec une ode à la lyre. Il mit aussitôt cette haute distinction à profit et signa désormais Fabre d’Eglantine.
Pure légende , comme toutes, d’ailleurs difficile à déraciner.
On oublie que l’églantine d’or a toujours été , comme elle l’est restée , un prix d’éloquence réservé à un morceau de prose sur un sujet désigné par l’Académie de Toulouse. D’autre part, , la liste des lauréats de 1760 à 1783 , ne contient pas son nom.
Par contre, on y croise en 1782 le nom d’un autre conventionnel, celui de Barère de Vieuzac.
Cependant , il y a quelques années , une descendante du conventionnel fit savoir qu’elle possédait un sonnet à la Vierge tout écrit de la main de Fabre et signé par lui. Des recherches faites dans les archives de l’Académie de Toulouse amenèrent la découverte d’une pièce anonyme, restée en oubli dans le recueil des ouvrages de poésie et d’éloquence présentés au concours des années 1771, 1772 et 1773.
C’était le sonnet de Fabre. Il avait obtenu un lis d’argent pour récompense . Ce n’est pas sans une certaine stupéfaction que l’on voit le futur destructeur des noms de saints vouer sa plume aux louanges de la Vierge.
Le lys d’argent fut donc transformé par Fabre en églantine d’or et voici trouvé son nom de guerre et de théâtre. A l’avenir, il signera Fabre d’Eglantine . Il a aussi voulu imaginer qu’il était de souche noble.
présenta le 28 février 1791 à la Comédie italienne , le Convalescent de qualité ou l’Aristocrate, pièce apparentée à la comédie morale et à la comédie politique.
Avant tout cependant , c’était une œuvre de circonstance. La monarchie semblait accepter de devenir constitutionnelle .
Fabre y fait un éloge dithyrambique de Louis XVI :
« Mais, pour le jour présent, la Providence auguste
Nous a voulu garder , malgré vous , un roi juste,
Un roi bon , que ne peut un heureux naturel ?
N’allez pas m’accuser du talent criminel
De flatter lâchement le monarque qu’on aime ;
S’il n’était pas aimé, je le dirais de même.
Mais un fait bien réel , c’est que, dans tout l’Etat,
Il n’est pas un français, jusqu’au plus ingrat,
Qui ne reste d’accord que, sans ce prince sage,
Le vaisseau de l’Etat allait faire naufrage ;
Lui seul a résisté , lui seul, aux vils projets
De verser notre sang, et de troubler la paix.
Il a fort bien senti les pièges des perfides ;
Il a senti nos cœurs, de son amour avides ;
Il s’en est rapproché , non pas avec effort,
Ainsi que le prétend un parti déjà mort.
Mais de toute son âme, et si quelque prudence
A dirigé ses pas en cette circonstance,
C’est que , craignant les coups de ses propres tyrans,
Il s’est venu jeter au sein de ses enfants. »
Sur Fabre, ses antécédents familiaux, et l'origine de son églantine, ainsi s'exprime Louis Jacob :
« C’était un mal de famille , les Fabre mouraient d’ambition. De père en fils, ils tenaient négoce dans la vieille cité de Carcassonne.
Philippe François Nazaire Fabre naquit en juillet 1750.
En 1757, le père de Philippe quitta Carcassonne pour aller chercher fortune ailleurs et il posa ses valises à Limoux , charmante petite ville où l’Aude , à peine sortie des Pyrénées , fait un léger coude pour éviter le massif des Corbières.
Sans acquérir la richesse, la famille semble alors connaître une certaine aisance : l’enfant peut entreprendre des études. Il est confié aux prêtres de la doctrine chrétienne appelés aussi les doctrinaires. Cet ordre fondé en 1592 par César du Bus , chanoine théologal de Cavaillon, catéchisait le peuple et intruisait la jeunesse.
Philippe était doué . Il avait une intelligence vive , une mémoire excellente. Bref, c’était un élève studieux et remarquable. Rien d’ailleurs ne fut négligé pour lui donner une solide instruction. A côté des humanités, Philippe aborda les arts d’agrément. On lui apprit à tourner les vers, on lui enseigna la peinture, la gravure, la musique. »
Philippe y développe surtout la haine pour les siens . Il ira jusqu’à s’inventer de nouvelles origines sociales et quant à sa mère, il déclarera plus tard qu’elle ne l’aimait pas. Mais il ne laisse rien transparaître.
« Se fiant uniquement à ses succès écoliers, les doctrinaires l’attirèrent à eux , ses études classiques terminées. Les Fabre, heureux et fiers, acceptèrent de grand cœur le départ de leur fils au collège de Toulouse pour y enseigner les rudiments du latin et les premières règles du français. Philippe revêtit donc l’habit ecclésiastique , sans toutefois entrer dans les ordres , tout comme Billaud-Varenne avait été oratorien.
Le nouveau professeur s’acquitta bien de son métier. Il satisfit supérieurs , collègues et élèves. Le séjour à Toulouse fut une période de formation. En instruisant , il se perfectionnait, il méditait. Qu’aurait-il pu faire d’autre en la cité de Clémence Isaure , sinon évoquer les muses ? .
C’est à cette époque si l’on en croit la plupart des historiens , à la suite de M. Aulard, qu’il cueillit l’églantine d’or ; selon les uns avec un sonnet à la Vierge, selon les autres avec une ode à la lyre. Il mit aussitôt cette haute distinction à profit et signa désormais Fabre d’Eglantine.
Pure légende , comme toutes, d’ailleurs difficile à déraciner.
On oublie que l’églantine d’or a toujours été , comme elle l’est restée , un prix d’éloquence réservé à un morceau de prose sur un sujet désigné par l’Académie de Toulouse. D’autre part, , la liste des lauréats de 1760 à 1783 , ne contient pas son nom.
Par contre, on y croise en 1782 le nom d’un autre conventionnel, celui de Barère de Vieuzac.
Cependant , il y a quelques années , une descendante du conventionnel fit savoir qu’elle possédait un sonnet à la Vierge tout écrit de la main de Fabre et signé par lui. Des recherches faites dans les archives de l’Académie de Toulouse amenèrent la découverte d’une pièce anonyme, restée en oubli dans le recueil des ouvrages de poésie et d’éloquence présentés au concours des années 1771, 1772 et 1773.
C’était le sonnet de Fabre. Il avait obtenu un lis d’argent pour récompense . Ce n’est pas sans une certaine stupéfaction que l’on voit le futur destructeur des noms de saints vouer sa plume aux louanges de la Vierge.
Le lys d’argent fut donc transformé par Fabre en églantine d’or et voici trouvé son nom de guerre et de théâtre. A l’avenir, il signera Fabre d’Eglantine . Il a aussi voulu imaginer qu’il était de souche noble.
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Comtesse Diane- Messages : 7397
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Localisation : TOURAINE
Re: Un éloge de Louis XVI, par Fabre d'Eglantine
;
Fabre d'Eglantine, c'est aussi le Calendrier républicain .
Dame Nature y est toute entière contenue .
Notre sujet : https://marie-antoinette.forumactif.org/t3289-le-calendrier-republicain#97172
Fabre d'Eglantine, c'est aussi le Calendrier républicain .
Dame Nature y est toute entière contenue .
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