La Ménagerie royale de Versailles
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Gouverneur Morris
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Re: La Ménagerie royale de Versailles
Le rhinocéros de Louis XV serait né en 1769 à Chandernagor. Il fallut 6 mois pour qu’il rejoigne la France. A la ménagerie de Versailles, on venait le voir de partout.
Il est mort en ... septembre 1793, après avoir été transféré au Jardin des Plantes à Paris. Il fut autopsié, entre autres, par Vicq d’Azir... puis taxidermisé.
Au muséum, il n’a plus sa corne, mais dans tous les musées de France qui possèdent un tel animal, les cornes d’origine sont remplacées par des prothèses, à cause des risques de vol...
Il est mort en ... septembre 1793, après avoir été transféré au Jardin des Plantes à Paris. Il fut autopsié, entre autres, par Vicq d’Azir... puis taxidermisé.
Au muséum, il n’a plus sa corne, mais dans tous les musées de France qui possèdent un tel animal, les cornes d’origine sont remplacées par des prothèses, à cause des risques de vol...
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
Re: La Ménagerie royale de Versailles
Il est vrai que sa corne manque beaucoup . Il serait pourtant facile de lui faire une prothèse.
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La Ménagerie royale de Versailles
Vicq d Azir a écrit:Il fut autopsié, entre autres, par Vicq d’Azir...
Il est dit que la mort de ce dernier, un an plus tard, serait due à une maladie attrapée lors de la dissection.
http://www.lepoint.fr/culture/les-incroyables-tresors-de-l-histoire-le-rhinoceros-de-louis-xv-fete-ses-245-ans-08-11-2014-1879670_3.php
Est-ce vrai Vicq ?
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La Ménagerie royale de Versailles
En tous cas, après la hure de Mirabeau, Vicq n'a pas dû être épouvanté par celle du rhinocéros .
Comment s'appelait-il ?
Comment s'appelait-il ?
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Le rhinocéros du roi Louis XV
Je ne sais pas ?
J'avais déjà proposé cette vidéo de présentation...
Curseur temps à 1mn 20 sec :
Ne pas confondre ce rhinocéros avec la célèbre Clara !
Que nous présentons ici : Le tour d'Europe de Mademoiselle Clara, star rhinocéros du XVIIIe siècle
Un rhinocéros pour le roi de France
Rhinoplastie du rhinocéros de Louis XV
Rhinocéros indien (Rhinoceros unicornis)
Image : MNHN - F. Dubos, S. Pagani - 2010
Un rhinocéros est offert à Louis XV par le Gouverneur de Chandernagor. C’est un mâle de l’espèce indienne. Il embarque le 22 décembre 1769 et fait escale dans les îles Bourbon et de France (aujourd’hui île de la Réunion et île Maurice). Parmi le public de l’île de France se pressant pour voir le rhinocéros se trouve Bernardin de Saint-Pierre qui le décrit comme "fort et méchant" ! Déparquant à Lorient le 11 juin 1770, un chariot spécial est construit pour le transporter jusqu’à la Ménagerie de Versailles.
L’hôte de la ménagerie du château de Versailles
Le rhinocéros est installé dans un enclos pourvu d’un bassin, construit spécialement pour lui. Buffon rend plusieurs fois visite au rhinocéros pour l’étudier. L’animal est plutôt agressif, Cuvier rapporte : "Il tua deux jeunes gens qui s’étaient imprudemment introduits dans son parc".
La fin du rhinocéros
En 1792, la Ménagerie de Versailles n’abrite plus que quelques animaux : un lion du Sénégal, un couagga, un bubale… et le vieux rhinocéros. Bernardin de Saint-Pierre propose leur déménagement dans la nouvelle Ménagerie du Muséum, au Jardin des Plantes. Mais le rhinocéros meurt avant son transfert vers Paris, le 2 vendémiaire an II (23 septembre 1793), noyé dans son bassin ou, suivant les sources, tué d’un coup de sabre. Sa dépouille est transférée au Muséum pour y être étudiée par les anatomistes.
Un spécimen historique
Son squelette est placé dans le Cabinet d’anatomie comparée. Cuvier est le premier à traiter de l’histoire naturelle des rhinocéros avec quelques détails sur ce spécimen. Depuis 1899, le squelette est exposé dans la Galerie d’Anatomie Comparée. En 1793, la naturalisation d’un animal de cette taille est une première en taxidermie. Sa peau vernie est tendue sur une armature cylindrique de chêne et de cerceaux de noisetier, avec quatre poteaux pour les pattes. En 1889, il est exposé dans la Galerie de Zoologie qui vient d’être ouverte. Il a été restauré en 1992, pour la Grande Galerie de l’Évolution. Sa corne s’est avérée être celle d’un rhinocéros noir africain. Elle a donc été remplacée par le moulage d’une corne tronquée de rhinocéros indien, provenant des anciennes collections royales. Elle pourrait être l’originale.
Où le trouver ?
Le rhinocéros de Louis XV se trouve dans la Grande Galerie de l'Évolution, au niveau 3 "L'évolution de la vie" dans l'espace historique.
Rhinocéros indien (Rhinoceros unicornis)
Généralités
C’est la plus grande espèce du continent asiatique. Mâles et femelles ont une corne unique, jusqu’à 50 cm de long. Les mâles adultes sont plus grands que les femelles et peuvent mesurer jusqu’à 3,8 mètres. Le poids peut aller jusqu’à 2,7 tonnes et ils peuvent vivre jusqu’à 40 ans.
Statut
Depuis les mesures de protections, les populations de rhinocéros indiens sont en augmentation mais l’espèce est encore classée comme vulnérable.
Répartition
Autrefois largement réparti au pied des contreforts de l’Himalaya, l’espèce est maintenant confinée dans quelques régions du nord de l’Inde et au Népal.
Habitat et mode de vie
Il vit dans les plaines et les marais où il se nourrit d’herbes, de fruits, de feuilles et plantes aquatiques. Sa lèvre supérieure, préhensile, l’aide à attraper sa nourriture. Il peut courir, sur de courtes distances, jusqu’à 55 km/h. Ses pattes en pilier ont trois doigts chacune. Il a une excellente ouïe et un très bon odorat, mais sa vue est mauvaise. Sa peau est épaisse et brun-argenté, avec des plis énormes aux épaules et aux cuisses. Les pattes et les épaules sont couvertes de sortes de verrues.
Reproduction
Ils vivent en solitaire en marquant leurs territoires. La reproduction peut se faire toute l’année, la femelle donnant naissance à un seul petit d’une cinquantaine de kg.
* Source texte : MNHN - Le rhinocéros de Louis XV
J'avais déjà proposé cette vidéo de présentation...
Curseur temps à 1mn 20 sec :
Ne pas confondre ce rhinocéros avec la célèbre Clara !
Que nous présentons ici : Le tour d'Europe de Mademoiselle Clara, star rhinocéros du XVIIIe siècle
Un rhinocéros pour le roi de France
Rhinoplastie du rhinocéros de Louis XV
Rhinocéros indien (Rhinoceros unicornis)
Image : MNHN - F. Dubos, S. Pagani - 2010
Un rhinocéros est offert à Louis XV par le Gouverneur de Chandernagor. C’est un mâle de l’espèce indienne. Il embarque le 22 décembre 1769 et fait escale dans les îles Bourbon et de France (aujourd’hui île de la Réunion et île Maurice). Parmi le public de l’île de France se pressant pour voir le rhinocéros se trouve Bernardin de Saint-Pierre qui le décrit comme "fort et méchant" ! Déparquant à Lorient le 11 juin 1770, un chariot spécial est construit pour le transporter jusqu’à la Ménagerie de Versailles.
L’hôte de la ménagerie du château de Versailles
Le rhinocéros est installé dans un enclos pourvu d’un bassin, construit spécialement pour lui. Buffon rend plusieurs fois visite au rhinocéros pour l’étudier. L’animal est plutôt agressif, Cuvier rapporte : "Il tua deux jeunes gens qui s’étaient imprudemment introduits dans son parc".
La fin du rhinocéros
En 1792, la Ménagerie de Versailles n’abrite plus que quelques animaux : un lion du Sénégal, un couagga, un bubale… et le vieux rhinocéros. Bernardin de Saint-Pierre propose leur déménagement dans la nouvelle Ménagerie du Muséum, au Jardin des Plantes. Mais le rhinocéros meurt avant son transfert vers Paris, le 2 vendémiaire an II (23 septembre 1793), noyé dans son bassin ou, suivant les sources, tué d’un coup de sabre. Sa dépouille est transférée au Muséum pour y être étudiée par les anatomistes.
Un spécimen historique
Son squelette est placé dans le Cabinet d’anatomie comparée. Cuvier est le premier à traiter de l’histoire naturelle des rhinocéros avec quelques détails sur ce spécimen. Depuis 1899, le squelette est exposé dans la Galerie d’Anatomie Comparée. En 1793, la naturalisation d’un animal de cette taille est une première en taxidermie. Sa peau vernie est tendue sur une armature cylindrique de chêne et de cerceaux de noisetier, avec quatre poteaux pour les pattes. En 1889, il est exposé dans la Galerie de Zoologie qui vient d’être ouverte. Il a été restauré en 1992, pour la Grande Galerie de l’Évolution. Sa corne s’est avérée être celle d’un rhinocéros noir africain. Elle a donc été remplacée par le moulage d’une corne tronquée de rhinocéros indien, provenant des anciennes collections royales. Elle pourrait être l’originale.
Où le trouver ?
Le rhinocéros de Louis XV se trouve dans la Grande Galerie de l'Évolution, au niveau 3 "L'évolution de la vie" dans l'espace historique.
Rhinocéros indien (Rhinoceros unicornis)
Généralités
C’est la plus grande espèce du continent asiatique. Mâles et femelles ont une corne unique, jusqu’à 50 cm de long. Les mâles adultes sont plus grands que les femelles et peuvent mesurer jusqu’à 3,8 mètres. Le poids peut aller jusqu’à 2,7 tonnes et ils peuvent vivre jusqu’à 40 ans.
Statut
Depuis les mesures de protections, les populations de rhinocéros indiens sont en augmentation mais l’espèce est encore classée comme vulnérable.
Répartition
Autrefois largement réparti au pied des contreforts de l’Himalaya, l’espèce est maintenant confinée dans quelques régions du nord de l’Inde et au Népal.
Habitat et mode de vie
Il vit dans les plaines et les marais où il se nourrit d’herbes, de fruits, de feuilles et plantes aquatiques. Sa lèvre supérieure, préhensile, l’aide à attraper sa nourriture. Il peut courir, sur de courtes distances, jusqu’à 55 km/h. Ses pattes en pilier ont trois doigts chacune. Il a une excellente ouïe et un très bon odorat, mais sa vue est mauvaise. Sa peau est épaisse et brun-argenté, avec des plis énormes aux épaules et aux cuisses. Les pattes et les épaules sont couvertes de sortes de verrues.
Reproduction
Ils vivent en solitaire en marquant leurs territoires. La reproduction peut se faire toute l’année, la femelle donnant naissance à un seul petit d’une cinquantaine de kg.
* Source texte : MNHN - Le rhinocéros de Louis XV
Dernière édition par La nuit, la neige le Mar 26 Oct 2021, 11:37, édité 1 fois
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La Ménagerie royale de Versailles
J’ignore le nom du rhinocéros de Louis XV...
Quant à la mort de Vicq d’Azir, survenue en juin 1794, on lui attribue plusieurs causes (on ne prête qu’aux riches...): peut être cette autopsie, faite semble t il dans un contexte d’odeurs pestilentielles...mais Vicq en avait vu d’autres en tant que médecin anatomiste...
On a aussi invoqué une pneumonie (ou encore la décompensation d’une tuberculose ancienne), et surtout une peur panique d’être arrêté : on est, rappelons-le, en pleine Terreur, et Vicq a été le médecin officiel de la Reine depuis 89. Avoir peur ne fait certes pas mourir, me direz- vous, mais peut fragiliser un homme de 46 ans...
Quant à la mort de Vicq d’Azir, survenue en juin 1794, on lui attribue plusieurs causes (on ne prête qu’aux riches...): peut être cette autopsie, faite semble t il dans un contexte d’odeurs pestilentielles...mais Vicq en avait vu d’autres en tant que médecin anatomiste...
On a aussi invoqué une pneumonie (ou encore la décompensation d’une tuberculose ancienne), et surtout une peur panique d’être arrêté : on est, rappelons-le, en pleine Terreur, et Vicq a été le médecin officiel de la Reine depuis 89. Avoir peur ne fait certes pas mourir, me direz- vous, mais peut fragiliser un homme de 46 ans...
Vicq d Azir- Messages : 3676
Date d'inscription : 07/11/2014
Age : 76
Localisation : Paris x
Re: La Ménagerie royale de Versailles
Gouverneur Morris a écrit:
On reconnaît en haut à droite les deux pavillons subsistant aujourd'hui :
http://www.sculpturesversailles.fr/html/5b/plans/intro0303-imp.htm
On distingue les pavillons d'Hardouin-Mansart, dont celui de gauche ouvrait sur la laiterie.
_________________
"Le 7 de septembre, le roi a été heureusement purgé d'humeurs fort âcres, et de beaucoup d'excréments fermentés, en dix selles."
Journal de santé de Louis XIV
Re: La Ménagerie royale de Versailles
_________________
"Le 7 de septembre, le roi a été heureusement purgé d'humeurs fort âcres, et de beaucoup d'excréments fermentés, en dix selles."
Journal de santé de Louis XIV
Re: La Ménagerie royale de Versailles
L'étang de la cour des pélicans est toujours visible à sa place;
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Photo: http://plume-dhistoire.fr
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Photo: http://plume-dhistoire.fr
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"Le 7 de septembre, le roi a été heureusement purgé d'humeurs fort âcres, et de beaucoup d'excréments fermentés, en dix selles."
Journal de santé de Louis XIV
Re: La Ménagerie royale de Versailles
Monsieur de Coco a écrit:L'étang de la cour des pélicans
... lassés d'un long voyage ...
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La Ménagerie royale de Versailles
Dans les brouillards du soir retourne à ses roseaux,
Ses petits affamés courent sur le rivage
En le voyant au loin s'abattre sur les eaux.
Ses petits affamés courent sur le rivage
En le voyant au loin s'abattre sur les eaux.
Monsieur de la Pérouse- Messages : 504
Date d'inscription : 31/01/2019
Localisation : Enfin à bon port !
Re: La Ménagerie royale de Versailles
Les plus désespérés sont les chants les plus beaux,
Et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots.
Et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots.
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La Ménagerie royale de Versailles
Musique M. Vander / Nougaro
interprète Nougaro
Nous nous égarons, cher Monsieur de la Pérouse, j'en ai bien peur !
Revenons à nos moutons .
Plaît-il ?! ... il n'y avait pas de moutons à la Ménagerie Royale .
Non, en effet probablement pas !
interprète Nougaro
Nous nous égarons, cher Monsieur de la Pérouse, j'en ai bien peur !
Revenons à nos moutons .
Plaît-il ?! ... il n'y avait pas de moutons à la Ménagerie Royale .
Non, en effet probablement pas !
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La Ménagerie royale de Versailles
Monsieur de Coco a écrit:Gouverneur Morris a écrit:
On reconnaît en haut à droite les deux pavillons subsistant aujourd'hui :
http://www.sculpturesversailles.fr/html/5b/plans/intro0303-imp.htm
On distingue les pavillons d'Hardouin-Mansart, dont celui de gauche ouvrait sur la laiterie.
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Photo: pinterest.fr/jujuversailles/versailles-gardens/
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Journal de santé de Louis XIV
Re: La Ménagerie royale de Versailles
Vient d'être mise en ligne par la Société des amis de Versailles...
Les animaux, Versailles et le Roi
Par Alexandra de Broca
Historienne, auteur de l'ouvrage "Un rhinocéros à Versailles" (que nous présentons ICI)
Durée env. : 6mn
Les animaux, Versailles et le Roi
Par Alexandra de Broca
Historienne, auteur de l'ouvrage "Un rhinocéros à Versailles" (que nous présentons ICI)
Durée env. : 6mn
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La Ménagerie royale de Versailles
Voici un joli travail de reconstitution 3D de la ménagerie royale, mise en ligne récemment par le château de Versailles...
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La Ménagerie royale de Versailles
Ménagerie de Versailles
image prise sur la future exposition gratuite à l'Arsenal en septembre 2023.
Paris Animal, Histoire et récit d’une ville vivante
https://paris-promeneurs.com/126071/
image prise sur la future exposition gratuite à l'Arsenal en septembre 2023.
Paris Animal, Histoire et récit d’une ville vivante
https://paris-promeneurs.com/126071/
charenton- Messages : 1147
Date d'inscription : 23/02/2022
Age : 75
Localisation : 75012 PARIS
Re: La Ménagerie royale de Versailles
Retour à la Ménagerie royale de Versailles
avec visite du petit château de la duchesse de Bourgogne.
La Ménagerie de Versailles (1662-1789). Fonctionnement d’un domaine complexe [article]
de Joan Pieragnoli
Versalia. Revue de la Société des Amis de Versailles Année 2010 13 pp. 173-195
https://www.persee.fr/doc/versa_1285-8412_2010_num_13_1_906
avec visite du petit château de la duchesse de Bourgogne.
« Sous le feu roi Louis XIII, la Ménagerie étoit un édifice médiocre, destiné au rendez-vous des parties de chasse, et composé simplement d'un corps de logis et de deux ailes terminés par quatre pavillons accompagnés d'un parc et d'une ménagerie. »
Dès 1663 Louis XIV commença à transformer la Ménagerie de Louis XIII. S'il me semble impossible de préciser quels furent les agrandissements ou modifications apportés aux bâtiments de Louis XIII, il me paraît certain que ce fut alors qu'on construisit cette espèce de tour octogone renfermant une grotte au rez-de-chaussée et un salon au premier étage, ainsi que la galerie qui réunissait le salon au château. Les travaux furent menés activement; en 1665, le curé permit de travailler le dimanche après la messe; en 1668, tout était terminé. Louis XIV avait un nouveau « petit château », décoré de peintures par Errard, de cuivres ciselés par Gucci, de rocailles par Delaunay ; les balustres en marbre de la tour octogone étaient l'œuvre du marbrier-sculpteur Jean Legreu.
Mais la nouvelle Ménagerie fut remaniée plus tard, en 1698, et nous ne donnerons sa description qu'après avoir parlé de son entier achèvement.
Les animaux, les oiseaux surtout, que Louis XIII y avait rassemblés étaient déjà nombreux.
Dès 1672, on en acheta de nouveaux, qu'on fit venir surtout du Levant. Nous trouvons dans le poème de Denis que la Ménagerie possédait : cygnes, tourterelles du Canada, volailles de toute espèce, poules sultanes, faisans, demoiselles, pélicans, canards d'Egypte, oiseaux de rivière, aigrettes, outardes, autruches, hérons, cigognes, grues, pélicans, paons, hérons, un corbeau blanc.
Scotin,
Vue de la Ménagerie depuis l’étang des pélicans, d’après Pieter Boel,
BnF, JB 37, f° 55 v° bas
La volière, la plus belle de France, avait un bassin qui régnait dans toute sa longueur. Le colombier renfermait 3000 pigeons. Viennent ensuite moutons de Barbarie à grosse queue, vaches de Flandre et de Hollande, chevaux, sangliers, cerfs, biches, daims, gazelles, chèvres de Perse, porcs-épics, blaireaux, civettes, chameaux, un éléphant, un renard de Canada, le tout placé dans des loges ou dans des cours gazonnées et ornées de bassins avec jets d'eau.
Pieter Boel, Étude d’une tête d’éléphant,
papier chamois, pastel, pierre noire, 28,7 x 44,3 cm,
Paris, musée du Louvre, inv. 29593
On ne trouve de bêtes féroces à la Ménagerie que plus tard.
Denis nous apprend encore que la Ménagerie nourrissait, pour la Bouche du roi, des veaux avec du lait et des jaunes d'œuf.
On empaillait les animaux qui mouraient, pour en former une collection.
Nicolas Bertin (attrib. à), Le Singe aux fruits,
une des 35 aquarelles du Livre des oyseaux de la Ménagerie de Versailles, 1710,
bibliothèque municipale de Versailles, ms. F 930
Avant l'achèvement complet des travaux, pendant les fêtes de 1664, Louis XIV mena toute la Cour, le 11 mai, à la Ménagerie, où l'on fut émerveillé du nombre d'oiseaux de toute sorte qui s'y trouvaient rassemblés. Le 10 juillet de la même année, le Roi y fit conduire le cardinal Chigi, nonce du Pape, qui admira aussi la grande diversité d'animaux qu'on lui montrai Le 18 mai 1686, le Doge de Gênes visita la Ménagerie après une promenade sur le Canal .
Nicolas Bertin (attrib. à), Le Coq,
une des 35 aquarelles du Livre des oyseaux de la Ménagerie de Versailles, 1710,
bibliothèque municipale de Versailles, ms. F 930
Le petit château servait à faire collation. Monseigneur, la Dauphine, la princesse de Conty y allaient en calèche ou en gondole. La princesse de Savoie, future duchesse de Bourgogne, y fit sa première collation le 8 avril 1697. Le 23 juin, la princesse et Mme de Maintenon vinrent de Saint-Cyr
y souper avant d'aller rejoindre le Roi à Marly. Le 19 mai 1698, « la duchesse de Bourgogne témoigna au Roi, dit Dangeau, avoir envie d'une ménagerie ; le Roi lui indiqua plusieurs maisons dans le parc qu'elle ira voir pour choisir celle qui lui plaira le plus, et le Roi veut bien faire la dépense de la faire accommoder comme elle le souhaitera. » Quelques jours après, la duchesse de Bourgogne ayant visité ces diverses maisons et n'en ayant point trouvé qui lui convint, le Roi prit le parti de lui donner la véritable ménagerie. « On prendra, dit Dangeau, pour faire ses jardins quelques-unes des cours où il y a des bêtes présentement, et on lui accommodera et meublera la maison comme elle le désirera. »
Dès le 25, la charmante princesse avait déjà disposé de tous les logements de la maison, et le Roi donna les ordres pour qu'on y fît les aménagements nécessaires.
La duchesse de Bourgogne aimait ce petit château ; elle s'y amusait en liberté, et on ne peut s'empêcher, en voyant tant de ressemblances entre elle et Marie-Antoinette, de dire que la Ménagerie fut son Petit-Trianon. Enfant justement chérie du Roi, la duchesse de Bourgogne cherchait toutes les occasions de lui plaire et de le divertir ; à la Cour, c'était par sa vivacité et son esprit ; à la Ménagerie, par un procédé assez original. Elle allait y traire les belles vaches de sa laiterie, et de leur lait faisait elle-même un beurre qu'on servait sur la table du Roi et que S. M. trouvait excellente .
Légende certainement, comme celle de Marie-Antoinette jouant à la bergère dans son hameau ...
Le 12 août 1698, Mansart fut appelé à la Ménagerie pour y recevoir les ordres de la duchesse « sur beaucoup de choses qu'elle y fait faire », notamment « à une petite ménagerie », qu'elle établissait dans le bois. Dangeau, à la fois chevalier d'honneur et chroniqueur de la duchesse, nous apprend qu'on allait dépenser plus de 50,000 écus pour embellir la résidence favorite de la princesse.
Les travaux terminés, le 21 décembre 1700 le Roi et la duchesse de Bourgogne allèrent voir les appartements qu'on avait achevé de peindre et de dorer. Le Roi les trouva magnifiques et charmants, et ordonna tous les meubles qu'il y voulait faire mettre.
Le petit château de la Ménagerie avait sa principale entrée à l'extrémité du chemin qui venait de Versailles. Après avoir franchi la grille d'entrée et parcouru une assez longue avenue formée par les murs de clôture des jardins et plantée d'arbres, on arrivait à deux pavillons entre lesquels était une grille qui fermait la cour du château. La chapelle était dans le pavillon de droite.
Veüe et perspectiue de la Ménagerie de Versaille du costé de la porte Royale,
gravure d'Adam Pérelle d'après Nicolas de Poilly (XVIIe siècle).
Au fond de la cour se développait le château, dont la forme était celle d'un renversé. ( ) Les bâtiments antérieurs se composaient de deux avant-corps, chacun de deux croisées, et d'une partie rentrante où se trouvait l'escalier qui conduisait au premier étage. La duchesse de Bourgogne y avait deux appartements : celui de droite pour l'été, celui de gauche pour l'hiver; chacun se composait de cinq pièces ou cabinets.
Au delà de l'escalier se développait perpendiculairement aux bâtiments que nous venons d'indiquer la partie postérieure du château, composée d'une galerie et d'un salon octogone, percé de sept fenêtres et terminé par un dôme. C'est dans ce salon que le Roi mangeait quelquefois, quand il allait se promener à la Ménagerie.
Les salles du rez-de-chaussée ne servaient qu'aux gardes.
Au dessous du salon se trouvait une grotte à l'italienne, voûtée, décorée de rocailles et percée, à son pavé, d'une infinité de petits tuyaux imperceptibles, qui faisaient comme une pluie fine destinée à mouiller les visiteurs et à amuser ceux qui les regardaient.
Les pièces du premier étage, toutes fort petites, étaient revêtues de charmants panneaux de « menuiserie délicate », sculptés par Jules Dugoulon et dorés. Le dedans des panneaux et les plafonds étaient peints de grotesques en coloris et de rehaussé d'or. Cette décoration, l'une des plus belles du temps, avait été exécutée, sur les dessins d'Audran, par les plus habiles artistes en ce genre. « Les cheminées, aussi délicates que de forme nouvelle, étaient des marbres les plus rares, ornées de bronzes dorés au feu, avec des glaces. Il y avait aussi des trumeaux avec des glaces dans des parties de lambris. Au dessus des portes, et dans quelques petits panneaux, il y avait plusieurs petits tableaux dans des cadres dorés. » Les chambres étaient encore décorées de paysages, de jeux d'enfants, de sujets mythologiques peints par Boulogne l'aîné, Blanchart, etc. Le salon et la galerie devaient être décorés dans le même goût et la même richesse que le reste du château, mais la guerre de la succession d'Espagne empêcha la continuation des travaux ; on se contenta de les blanchir et de les décorer de tableaux de fleurs et d'animaux peints par Desportes.
Parmi les merveilles de ce petit château, on citait la balustrade en fer doré de l'un des escaliers qui conduisaient du premier étage à la mansarde. Nulle part il n'y avait de lit, la Ménagerie n'étant qu'une maison à faire collation ou à souper.
Au premier étage régnait extérieurement, autour du château, sur toutes ses façades regardant l'Occident, un balcon permettant de voir à l'aise les animaux qui peuplaient les cours. M"° de Scudéry parle de ce balcon dans la description qu'elle fait de la Ménagerie, " On entre, dit-elle, dans un grand cabinet à huit faces, qui a sept croisées et un corridor de fer doré au dehors qui règne tout à l'entour. De ce corridor on voit sept cours différentes remplies de toutes sortes d'oiseaux et d'animaux rares. Leurs peintures sont dans le cabinet, comme pour préparer à ce qu'on va voir. »
Au temps de la duchesse de Bourgogne, il y avait une cour de moins ; la première, à droite, était devenue son jardin, au fond duquel on avait bâti la laiterie, qui est détruite, et deux jolis pavillons qui existent encore.
Venaient ensuite la cour de la volière, la cour des pélicans avec un grand bassin plein de poissons, la cour du Rond-d'Eau (abreuvoir), la cour de l'autruche et la cour du puits. Ces cours étaient disposées en éventail autour de la cour octogone qui entourait la grotte ; elles étaient séparées de cette cour, et entre elles, par des grilles de fer. Au delà de ces cours symétriques, on trouvait les cours des cerfs, du lion ( ) et des belles poules, les loges des animaux féroces, des jardins, un colombier, la ferme avec ses écuries et ses étables et divers bâtiments servant de logements.
Disons, pour terminer cette description, qu'on avait établi, à peu près au milieu de l'avenue du château, une grille qui permettait aux personnes venant à la Ménagerie par le Canal, d'y entrer sans faire de détour.
Louis XIV avait fait un agréable cadeau à la duchesse de Bourgogne ; elle allait se promener presque tous les jours à la Ménagerie, et souvent elle y soupait avec ses dames. Mais tout a une fin ; après la mort de la duchesse de Bourgogne (1712), la Ménagerie est abandonnée pour toujours, et
toutes les terres des environs sont mises en culture .
Marie Leczinska alla visiter la Ménagerie le 4 décembre 1725 et y retourna quelquefois. En 1727, on y mit beaucoup d'animaux, que les demoiselles de Saint-Gyr venaient voir de temps en temps ; mais la Ménagerie avait perdu toute faveur.
Jean-Jacques Bachelier,
L’Europe incarnée par le coq, l’outarde, le héron, le coq faisan,
Paris, Muséum d’histoire naturelle, inv. 511
Le duc de Luynes nous dit en 1750 " : « La curiosité de voir la Ménagerie avoit totalement passé de mode. Un oiseau nouveau que M. Rouillé a donné au Roi a fait naître l'envie de revoir cette maison royale, qui seroit plus digne que l'on en fit plus d'usage. On y a fait et on y fait encore les réparations les plus nécessaires, et l'on peut dire que dès à présent elle est très en état. Il y a même beaucoup d'animaux, entre autres un loup marin..., un pélican, deux tigres, deux trois lions, un dromadaire, etc.... Les appartemens de la Ménagerie, dont M'" la Dauphine
(Savoie) faisoit grand usage pour des collations, sont encore en très-bon état ; les dorures, les peintures, les sculptures et les plafonds, qui sont charmants, s'y sont bien conservés ; ils sont des dessins du fameux Audran. »
Sous Louis XVI, en 1782, il était déjà question de transporter au Jardin des Plantes les animaux de la Ménagerie
La Révolution mit ce projet à exécution.
En 1793, le ministre des Finances offrit les animaux de la Ménagerie au Jardin des Plantes. Bernardin de Saint-Pierre, alors intendant du jardin, se rendit à la Ménagerie et n'y trouva que cinq bêtes : un couagga du Gap, un bubale, un pigeon huppé de Banda, un rhinocéros de l'Inde, un lion du
Sénégal et son chien. La Ménagerie avait été pillée ; on avait volé un dromadaire, les singes et les oiseaux ; d'autres animaux avaient été tués, faute d'argent pour les nourrir.
Bernardin envoya au Gouvernement et à la Convention un mémoire dans lequel il demandait qu'on établit une grande ménagerie au Jardin des Plantes, qui deviendrait ainsi un cabinet d'histoire naturelle complet. Le projet adopté, les animaux de la ménagerie de Versailles furent envoyés à Paris, moins les énormes rats de Java qui sont restés à Versailles et y pullulent ; et la belle ménagerie qui existe aujourd'hui à Paris fut créée avec les restes celle de Versailles et les animaux des ménageries qui couraient les foires.
Pendant ce temps, le petit château de la Ménagerie, abandonné, était peu à peu dégradé, pillé et démoli ; une partie des ornements de la chapelle étaient vendus 49 livres en 1793 ...
La ferme, qu'on avait proposé de vendre en 1796, était devenue en 1799 une école rurale, ou plutôt une bergerie, dirigée par le citoyen Thiroux.
Certaines photos font redites ... veuillez m'en excuser ... Dès 1663 Louis XIV commença à transformer la Ménagerie de Louis XIII. S'il me semble impossible de préciser quels furent les agrandissements ou modifications apportés aux bâtiments de Louis XIII, il me paraît certain que ce fut alors qu'on construisit cette espèce de tour octogone renfermant une grotte au rez-de-chaussée et un salon au premier étage, ainsi que la galerie qui réunissait le salon au château. Les travaux furent menés activement; en 1665, le curé permit de travailler le dimanche après la messe; en 1668, tout était terminé. Louis XIV avait un nouveau « petit château », décoré de peintures par Errard, de cuivres ciselés par Gucci, de rocailles par Delaunay ; les balustres en marbre de la tour octogone étaient l'œuvre du marbrier-sculpteur Jean Legreu.
Mais la nouvelle Ménagerie fut remaniée plus tard, en 1698, et nous ne donnerons sa description qu'après avoir parlé de son entier achèvement.
Les animaux, les oiseaux surtout, que Louis XIII y avait rassemblés étaient déjà nombreux.
Dès 1672, on en acheta de nouveaux, qu'on fit venir surtout du Levant. Nous trouvons dans le poème de Denis que la Ménagerie possédait : cygnes, tourterelles du Canada, volailles de toute espèce, poules sultanes, faisans, demoiselles, pélicans, canards d'Egypte, oiseaux de rivière, aigrettes, outardes, autruches, hérons, cigognes, grues, pélicans, paons, hérons, un corbeau blanc.
Scotin,
Vue de la Ménagerie depuis l’étang des pélicans, d’après Pieter Boel,
BnF, JB 37, f° 55 v° bas
La volière, la plus belle de France, avait un bassin qui régnait dans toute sa longueur. Le colombier renfermait 3000 pigeons. Viennent ensuite moutons de Barbarie à grosse queue, vaches de Flandre et de Hollande, chevaux, sangliers, cerfs, biches, daims, gazelles, chèvres de Perse, porcs-épics, blaireaux, civettes, chameaux, un éléphant, un renard de Canada, le tout placé dans des loges ou dans des cours gazonnées et ornées de bassins avec jets d'eau.
Pieter Boel, Étude d’une tête d’éléphant,
papier chamois, pastel, pierre noire, 28,7 x 44,3 cm,
Paris, musée du Louvre, inv. 29593
On ne trouve de bêtes féroces à la Ménagerie que plus tard.
Denis nous apprend encore que la Ménagerie nourrissait, pour la Bouche du roi, des veaux avec du lait et des jaunes d'œuf.
On empaillait les animaux qui mouraient, pour en former une collection.
Nicolas Bertin (attrib. à), Le Singe aux fruits,
une des 35 aquarelles du Livre des oyseaux de la Ménagerie de Versailles, 1710,
bibliothèque municipale de Versailles, ms. F 930
Avant l'achèvement complet des travaux, pendant les fêtes de 1664, Louis XIV mena toute la Cour, le 11 mai, à la Ménagerie, où l'on fut émerveillé du nombre d'oiseaux de toute sorte qui s'y trouvaient rassemblés. Le 10 juillet de la même année, le Roi y fit conduire le cardinal Chigi, nonce du Pape, qui admira aussi la grande diversité d'animaux qu'on lui montrai Le 18 mai 1686, le Doge de Gênes visita la Ménagerie après une promenade sur le Canal .
Nicolas Bertin (attrib. à), Le Coq,
une des 35 aquarelles du Livre des oyseaux de la Ménagerie de Versailles, 1710,
bibliothèque municipale de Versailles, ms. F 930
Le petit château servait à faire collation. Monseigneur, la Dauphine, la princesse de Conty y allaient en calèche ou en gondole. La princesse de Savoie, future duchesse de Bourgogne, y fit sa première collation le 8 avril 1697. Le 23 juin, la princesse et Mme de Maintenon vinrent de Saint-Cyr
y souper avant d'aller rejoindre le Roi à Marly. Le 19 mai 1698, « la duchesse de Bourgogne témoigna au Roi, dit Dangeau, avoir envie d'une ménagerie ; le Roi lui indiqua plusieurs maisons dans le parc qu'elle ira voir pour choisir celle qui lui plaira le plus, et le Roi veut bien faire la dépense de la faire accommoder comme elle le souhaitera. » Quelques jours après, la duchesse de Bourgogne ayant visité ces diverses maisons et n'en ayant point trouvé qui lui convint, le Roi prit le parti de lui donner la véritable ménagerie. « On prendra, dit Dangeau, pour faire ses jardins quelques-unes des cours où il y a des bêtes présentement, et on lui accommodera et meublera la maison comme elle le désirera. »
Dès le 25, la charmante princesse avait déjà disposé de tous les logements de la maison, et le Roi donna les ordres pour qu'on y fît les aménagements nécessaires.
La duchesse de Bourgogne aimait ce petit château ; elle s'y amusait en liberté, et on ne peut s'empêcher, en voyant tant de ressemblances entre elle et Marie-Antoinette, de dire que la Ménagerie fut son Petit-Trianon. Enfant justement chérie du Roi, la duchesse de Bourgogne cherchait toutes les occasions de lui plaire et de le divertir ; à la Cour, c'était par sa vivacité et son esprit ; à la Ménagerie, par un procédé assez original. Elle allait y traire les belles vaches de sa laiterie, et de leur lait faisait elle-même un beurre qu'on servait sur la table du Roi et que S. M. trouvait excellente .
Légende certainement, comme celle de Marie-Antoinette jouant à la bergère dans son hameau ...
Le 12 août 1698, Mansart fut appelé à la Ménagerie pour y recevoir les ordres de la duchesse « sur beaucoup de choses qu'elle y fait faire », notamment « à une petite ménagerie », qu'elle établissait dans le bois. Dangeau, à la fois chevalier d'honneur et chroniqueur de la duchesse, nous apprend qu'on allait dépenser plus de 50,000 écus pour embellir la résidence favorite de la princesse.
Les travaux terminés, le 21 décembre 1700 le Roi et la duchesse de Bourgogne allèrent voir les appartements qu'on avait achevé de peindre et de dorer. Le Roi les trouva magnifiques et charmants, et ordonna tous les meubles qu'il y voulait faire mettre.
Le petit château de la Ménagerie avait sa principale entrée à l'extrémité du chemin qui venait de Versailles. Après avoir franchi la grille d'entrée et parcouru une assez longue avenue formée par les murs de clôture des jardins et plantée d'arbres, on arrivait à deux pavillons entre lesquels était une grille qui fermait la cour du château. La chapelle était dans le pavillon de droite.
Veüe et perspectiue de la Ménagerie de Versaille du costé de la porte Royale,
gravure d'Adam Pérelle d'après Nicolas de Poilly (XVIIe siècle).
Au fond de la cour se développait le château, dont la forme était celle d'un renversé. ( ) Les bâtiments antérieurs se composaient de deux avant-corps, chacun de deux croisées, et d'une partie rentrante où se trouvait l'escalier qui conduisait au premier étage. La duchesse de Bourgogne y avait deux appartements : celui de droite pour l'été, celui de gauche pour l'hiver; chacun se composait de cinq pièces ou cabinets.
Au delà de l'escalier se développait perpendiculairement aux bâtiments que nous venons d'indiquer la partie postérieure du château, composée d'une galerie et d'un salon octogone, percé de sept fenêtres et terminé par un dôme. C'est dans ce salon que le Roi mangeait quelquefois, quand il allait se promener à la Ménagerie.
Les salles du rez-de-chaussée ne servaient qu'aux gardes.
Au dessous du salon se trouvait une grotte à l'italienne, voûtée, décorée de rocailles et percée, à son pavé, d'une infinité de petits tuyaux imperceptibles, qui faisaient comme une pluie fine destinée à mouiller les visiteurs et à amuser ceux qui les regardaient.
Les pièces du premier étage, toutes fort petites, étaient revêtues de charmants panneaux de « menuiserie délicate », sculptés par Jules Dugoulon et dorés. Le dedans des panneaux et les plafonds étaient peints de grotesques en coloris et de rehaussé d'or. Cette décoration, l'une des plus belles du temps, avait été exécutée, sur les dessins d'Audran, par les plus habiles artistes en ce genre. « Les cheminées, aussi délicates que de forme nouvelle, étaient des marbres les plus rares, ornées de bronzes dorés au feu, avec des glaces. Il y avait aussi des trumeaux avec des glaces dans des parties de lambris. Au dessus des portes, et dans quelques petits panneaux, il y avait plusieurs petits tableaux dans des cadres dorés. » Les chambres étaient encore décorées de paysages, de jeux d'enfants, de sujets mythologiques peints par Boulogne l'aîné, Blanchart, etc. Le salon et la galerie devaient être décorés dans le même goût et la même richesse que le reste du château, mais la guerre de la succession d'Espagne empêcha la continuation des travaux ; on se contenta de les blanchir et de les décorer de tableaux de fleurs et d'animaux peints par Desportes.
Parmi les merveilles de ce petit château, on citait la balustrade en fer doré de l'un des escaliers qui conduisaient du premier étage à la mansarde. Nulle part il n'y avait de lit, la Ménagerie n'étant qu'une maison à faire collation ou à souper.
Au premier étage régnait extérieurement, autour du château, sur toutes ses façades regardant l'Occident, un balcon permettant de voir à l'aise les animaux qui peuplaient les cours. M"° de Scudéry parle de ce balcon dans la description qu'elle fait de la Ménagerie, " On entre, dit-elle, dans un grand cabinet à huit faces, qui a sept croisées et un corridor de fer doré au dehors qui règne tout à l'entour. De ce corridor on voit sept cours différentes remplies de toutes sortes d'oiseaux et d'animaux rares. Leurs peintures sont dans le cabinet, comme pour préparer à ce qu'on va voir. »
Au temps de la duchesse de Bourgogne, il y avait une cour de moins ; la première, à droite, était devenue son jardin, au fond duquel on avait bâti la laiterie, qui est détruite, et deux jolis pavillons qui existent encore.
Venaient ensuite la cour de la volière, la cour des pélicans avec un grand bassin plein de poissons, la cour du Rond-d'Eau (abreuvoir), la cour de l'autruche et la cour du puits. Ces cours étaient disposées en éventail autour de la cour octogone qui entourait la grotte ; elles étaient séparées de cette cour, et entre elles, par des grilles de fer. Au delà de ces cours symétriques, on trouvait les cours des cerfs, du lion ( ) et des belles poules, les loges des animaux féroces, des jardins, un colombier, la ferme avec ses écuries et ses étables et divers bâtiments servant de logements.
Disons, pour terminer cette description, qu'on avait établi, à peu près au milieu de l'avenue du château, une grille qui permettait aux personnes venant à la Ménagerie par le Canal, d'y entrer sans faire de détour.
Louis XIV avait fait un agréable cadeau à la duchesse de Bourgogne ; elle allait se promener presque tous les jours à la Ménagerie, et souvent elle y soupait avec ses dames. Mais tout a une fin ; après la mort de la duchesse de Bourgogne (1712), la Ménagerie est abandonnée pour toujours, et
toutes les terres des environs sont mises en culture .
Marie Leczinska alla visiter la Ménagerie le 4 décembre 1725 et y retourna quelquefois. En 1727, on y mit beaucoup d'animaux, que les demoiselles de Saint-Gyr venaient voir de temps en temps ; mais la Ménagerie avait perdu toute faveur.
Jean-Jacques Bachelier,
L’Europe incarnée par le coq, l’outarde, le héron, le coq faisan,
Paris, Muséum d’histoire naturelle, inv. 511
Le duc de Luynes nous dit en 1750 " : « La curiosité de voir la Ménagerie avoit totalement passé de mode. Un oiseau nouveau que M. Rouillé a donné au Roi a fait naître l'envie de revoir cette maison royale, qui seroit plus digne que l'on en fit plus d'usage. On y a fait et on y fait encore les réparations les plus nécessaires, et l'on peut dire que dès à présent elle est très en état. Il y a même beaucoup d'animaux, entre autres un loup marin..., un pélican, deux tigres, deux trois lions, un dromadaire, etc.... Les appartemens de la Ménagerie, dont M'" la Dauphine
(Savoie) faisoit grand usage pour des collations, sont encore en très-bon état ; les dorures, les peintures, les sculptures et les plafonds, qui sont charmants, s'y sont bien conservés ; ils sont des dessins du fameux Audran. »
Sous Louis XVI, en 1782, il était déjà question de transporter au Jardin des Plantes les animaux de la Ménagerie
La Révolution mit ce projet à exécution.
En 1793, le ministre des Finances offrit les animaux de la Ménagerie au Jardin des Plantes. Bernardin de Saint-Pierre, alors intendant du jardin, se rendit à la Ménagerie et n'y trouva que cinq bêtes : un couagga du Gap, un bubale, un pigeon huppé de Banda, un rhinocéros de l'Inde, un lion du
Sénégal et son chien. La Ménagerie avait été pillée ; on avait volé un dromadaire, les singes et les oiseaux ; d'autres animaux avaient été tués, faute d'argent pour les nourrir.
Bernardin envoya au Gouvernement et à la Convention un mémoire dans lequel il demandait qu'on établit une grande ménagerie au Jardin des Plantes, qui deviendrait ainsi un cabinet d'histoire naturelle complet. Le projet adopté, les animaux de la ménagerie de Versailles furent envoyés à Paris, moins les énormes rats de Java qui sont restés à Versailles et y pullulent ; et la belle ménagerie qui existe aujourd'hui à Paris fut créée avec les restes celle de Versailles et les animaux des ménageries qui couraient les foires.
Pendant ce temps, le petit château de la Ménagerie, abandonné, était peu à peu dégradé, pillé et démoli ; une partie des ornements de la chapelle étaient vendus 49 livres en 1793 ...
La ferme, qu'on avait proposé de vendre en 1796, était devenue en 1799 une école rurale, ou plutôt une bergerie, dirigée par le citoyen Thiroux.
La Ménagerie de Versailles (1662-1789). Fonctionnement d’un domaine complexe [article]
de Joan Pieragnoli
Versalia. Revue de la Société des Amis de Versailles Année 2010 13 pp. 173-195
https://www.persee.fr/doc/versa_1285-8412_2010_num_13_1_906
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La Ménagerie royale de Versailles
Il semble que, De Louis Dussieux, le château de Versailles: histoire et description, Volume 2
https://books.google.fr/books?id=7HLqAAAAMAAJ&pg=PA287&dq=maison+de+la+duchesse+de+bourgogne&hl=fr&newbks=1&newbks_redir=0&sa=X&ved=2ahUKEwjklZrI0KuHAxXzVqQEHRjxB6o4ZBDoAXoECAoQAg#v=onepage&q=maison%20de%20la%20duchesse%20de%20bourgogne&f=false
on saisit le véritable éclat de la Ménagerie de Versailles qui est du temps de la Duchesse de Bourgogne, en vérité
https://books.google.fr/books?id=7HLqAAAAMAAJ&pg=PA287&dq=maison+de+la+duchesse+de+bourgogne&hl=fr&newbks=1&newbks_redir=0&sa=X&ved=2ahUKEwjklZrI0KuHAxXzVqQEHRjxB6o4ZBDoAXoECAoQAg#v=onepage&q=maison%20de%20la%20duchesse%20de%20bourgogne&f=false
on saisit le véritable éclat de la Ménagerie de Versailles qui est du temps de la Duchesse de Bourgogne, en vérité
charenton- Messages : 1147
Date d'inscription : 23/02/2022
Age : 75
Localisation : 75012 PARIS
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