Les princes, à Coblence ...

Un détail :

l'électeur de Trèves ne se nomme pas Louis, mais Clément-Wenceslas

C'est vrai, merci mon petit Lulu !

Il me semble bien que Peyre a construit le théâtre de l'Odéon à Paris vers la fin du règne de Louis XVI, des colonnes en ornent la facade également.
mais bon reprenons le cours de cette histoire des Princes ?

Question au demeurant, quelqu'un saurait il ou les Richelieu se réfugièrent pendant la révolution ?

Le vieux maréchal ( demi-frère de Voltaire selon Bombelles ) est mort à temps : août 1788.
Sa femme ( toute jeunette ) , ses enfants, je ne sais pas ... cela demande des recherches .

Fronsac est mort en 1793 en émigration et son fils le Duc numéro 5 était un ami du Tsar Alexandre 1er.

Par les temps qui couraient, c'était une chance de mourir de sa belle mort ...

On peu dire ça comme ça en effet.

Tous les Richelieu émigrent.

Mme de Raigecourt, à Mme de Bombelles :

«Tout paraît se reculer et même s'anéantir. Je vois avec douleur que Paris et Coblentz ne s'entendent point... L'Empereur traite les princes comme des enfants. Il fait semblant de se convaincre de leurs bonnes raisons, de s'attendrir sur leur position. En conséquence, il leur donne de l'espoir, leur fait des promesses, et, au moment de les accomplir, il trouve une porte de derrière pour délayer et allonger à l'infini. Les princes ne peuvent s'empêcher de soupçonner que le crédit de la reine et de ses agents ne contrarient tous leurs projets et ne fassent tenir à l'Empereur une conduite si étrange. »

Et Mme de Raigecourt d'insister sur cette haine de Calonné et de Breteuil dont, par le menu, nous connaissons les effets:

« Il faut donc, pour le bien général, chercher à rapprocher ces deux hommes et à accorder leurs prétentions respectives. Je prêche, de ce côté-ci, cette morale tant que je puis, prêchez-la du vôtre, et faites voir que toute la noblesse se rallie et se ralliera à M. le comte d'Artois ; que la conduite tergiversante de l'Empereur a aigri les esprits contre sa sœur, et qu'il faudrait maintenant mettre du concert et de la confiance dans les efforts que l'on veut faire pour rétablir le Roi. »

Ce qu'il y a de certain c'est que « même les gens les plus sensés » commencent à se montrer aigris contre l'Empereur qui, « effectivement, nous joue de la manière la plus indigne ».

M'enfin, il est normal que l'Empereur préfère écouter la reine de France et ses envoyés plutôt que ceux du comte d'Artois ! Encore heureux ! Déjà qu'il ne l'écoutait pas beaucoup...

Non seulement parce qu'elle est sa sœur (ou tante, je ne vois pas la date) mais surtout parce que malgré tout, c'est elle la reine de France. De même qu'entre elle et Louis XVI il était normal d'écouter celui-ci en premier.
Le roi reste le roi, et après lui sa femme, seuls détenteurs de la souveraineté.

Pour qui se prend le comte d'Artois ?   Que je sache, Louis XVI n'en a jamais fait son porte-parole. Les émigrés ont beau s'activer autour de lui, le considérer comme seul détenteur du pouvoir royal est un crime de lèse-majesté. De toute façon, avant lui, il y a le comte de Provence.
C'est ainsi, cela fait mal, mais c'est comme ça !
Breteuil est l'envoyé du roi et de la reine, pas Calonne. Donc Calonne peut aller où je pense.

Reinette a écrit: Donc Calonne peut aller où je pense.

Chez Ikea se trouver un nouveau ciel de lit ....

Le représentant du roi n'a pas à accorder ses prétentions sur celles du représentant de son cadet.
Et puis quoi encore ?

Lucius a écrit:

Reinette a écrit: Donc Calonne peut aller où je pense.

Chez Ikea se trouver un nouveau ciel de lit ....

Oui mais les princes malheureusement se sentent des ailes en exil, en 1789-1792, du moins, ils se croient détenteurs de l'autorité royale, des volontés du roi, à la place du roi !!!!
Malheureusement !!!

Je pense qu’il y a une erreur dans l’illustration du château de Schönbornslust.

Celui de l’électeur et des émigrés est celui-ci, détruit par les troupes révolutionnaires en 1794 :

http://www.koblenz-kesselheim.de/die-geschichte/das-schlos-schonbornslust/

Je l’avais évoqué dans le Jeu de l’Eté aux côtés d’autres demeures princières allemandes ravagées par les armées de la République

Mais je ne retrouve plus la page

Détruit en 1794 par les armées révolutionnaires ? Nul. On ne détruit pas des châteaux de cette valeur. Honteux.

Dominique Poulin a écrit:Oui mais les princes malheureusement se sentent des ailes en exil, en 1789-1792, du moins, ils se croient détenteurs de l'autorité royale, des volontés du roi, à la place du roi !!!!
Malheureusement !!!

C'est bien cela le problème...

Gouverneur Morris a écrit:Je pense qu’il y a une erreur dans l’illustration du château de Schönbornslust.

Celui de l’électeur et des émigrés est celui-ci, détruit par les troupes révolutionnaires en 1794 :

Merci, mon cher Momo, pour cette illustration qui nous montre un édifice magnifique .       Rien à voir !
En effet, Lucius avait déjà corrigé mon erreur :

Lucius a écrit:

Ce que nous montre la photo n'est pas un château, mais un avant corps de cours. Le passage carrossable au centre en fait un bâtiment d'entrée. C'est peut être tout ce qu'il reste.
En effet, wikipedia.de nous indique que le château fut ruiné lors des guerres qui suivront.

Dominique Poulin a écrit:Oui mais les princes malheureusement se sentent des ailes en exil, en 1789-1792, du moins, ils se croient détenteurs de l'autorité royale, des volontés du roi, à la place du roi !!!!
Malheureusement !!!

Exactement, et d'autant mieux que l'autorité royale est ruinée, que le roi manque de volonté ...  sa place ?  il est dans les fers .
Cependant il ne faut pas mettre Provence et Artois dans le même sac.  Nous connaissons la félonie de Provence de longue date, et même bien avant l'affaire Favras .  Elle ne nous surprend pas. Nous savons aussi qu'il posait pour être un prince éclairé, perméable dans une certaine mesure aux idées nouvelles, et que la déchéance de Louis XVI, l'arrestation de Varennes le réjouissent .  Il se voit déjà sur le trône de ses aïeux.
Il en va tout autrement d'Artois qui est un monarchiste ultra-réactionnaire défenseur invétéré de l'Ancien-Régime dont il ne veut pas perdre une miette.  Artois n'a pas l'hypocrisie cauteleuse de son aîné, il a du coeur mais il est tout fou comme un jeune chien, très peu intelligent, je dirais presque irresponsable ...
 Artois ne pardonne pas à Louis XVI le discours royal du 4 février 1790 , la proclamation du 28 mai sur la cocarde tricolore, la publication du Livre Rouge, l'abolition de la noblesse...  Son référent à Paris devient non plus les Tuileries mais le Salon Français qui encourage sa sédition et ses gesticulations.  Il se prend pour Don Quichotte, ma parole !   Le pire est à venir car aux perpétuelles capitulations de Louis XVI que l'on ne compte plus, si difficiles à juger de loin et que l'on assimile à la nullité du roi, vont s'ajouter le désastre de Varennes,  le serment à la Constitution,  le double-jeu et double-langage du roi + Breteuil d'un côté, de Léopold + Catherine de l'autre, et comble du comble ( !!! ) les missions secrètes de Bombelles auprès de l'empereur, et puis auprès de la tsarine ...
Là, Artois saute hors de ses gonds, cogne du poing sur la table et hurle qu'il n'y a qu'un roi : c'est lui !!!
Evidemment il sait très bien qu'avant lui il y a Louis XVI, Louis-Charles et ce fumier de Provence .   Ce sont des mots dictés par la fureur et non pas le reflet de sa pensée politique .  D'ailleurs, il n'a pas de pensée politique .  Seulement l'obsession de ne rien lâcher .   Et encore !  toutes ses considérations, si graves soient-elles, passent après son seul vrai désir: la présence auprès de lui de Mme de Polastron. Le reste vaut tripette !
Bien qu'ils se retrouvent dans la même galère à Coblence, avec le même objectif contre-révolutionnaire, il y a un monde qui sépare Provence et Artois .

Il est évident que le comte d'Artois a nettement moins à se reprocher que le comte de Provence. Seulement, lui et surtout Calonne, n'ont pas à bloquer les démarches de Breteuil.
Louis XVI tente ce qu'il peut, avec les moyens que l'on connaît. Il n'avait pas besoin de son frère et d'un ancien ministre pour lui mettre des bâtons dans les roues.
C'est oser s'en plaindre qui est un comble !

Ce n'est pas formellement dit, a moins que je fasse une erreur d'appréciation, que les deux frères cadets de Louis XVI ne s'entendaient pas très bien, sur le plan des caractères, des idées et des trajectoires politiques.
Je suis bien d'accord, Provence dès 1788, pose au prince "patriote", alors qu'il ne l'est pas !!! Fondamentalement, il est sur la même ligne de pensée du roi et d'Artois. Mais il louvoie comme d'habitude, il fait dire à défaut de dire, car il est avare de paroles, au contraire du dernier frère.
C'est lui qui a rendu les projets de Calonne caduques en convoquant le ministre lors d'une grande réunion, ou figurait Brienne également, en attaquant le Contrôleur général, et en accélérant son renvoi. Et c'est Artois qui soutenait Calonne. Comme quoi si Artois, était dit réactionnaire, il soutenait le projet de dime territoriale, qui et c'est paradoxal, menaçait les privilèges fiscaux des privilégiés.

En exil, bien sûr, la donne est d'un tout autre degré. Artois en fait trop, en dit trop, le délitement de l'autorité royale, la passivité du roi, les concessions ou extorsions de Louis XVI face à la pression politique, le rendent fou.

Fou, je n'irais pas jusque-là, fou-fou, oui c'est sûr. Le problème est qu'il n'a aucune connaissance politique, aucune expérience en ce domaine. Il n'a commencé à s'intéresser à la politique qu'au moment de l'Assemblée des Notables.

Je ne dis pas que le comte de Provence vaut mieux, loin de là, mais je crois qu'il s'est un peu plus penché sur la question. Avec l'hypocrisie et la sournoiserie que nous lui connaissons.

Enfin, bref, au lieu d'être les légitimes soutiens du trône, des hommes sur qui compter, Louis XVI se retrouve, en plus des forcenés de l'intérieur, à devoir gérer les menées d'un inexpérimenté qui se sent poussé des ailes, se proclamant investi d'une mission que personne ne lui a accordée, entouré par des obtus qui ne cherchent qu'à se venger, plus un malade mental qui pousse la fausseté à son plus haut degré d'expression et qui n'attend qu'une chose : s'asseoir sur le trône de son frère.

Un tableau effrayant !

Alors certes, on dira, au moins Artois se bouge.
Mais à mon avis, il vaut mieux se taire et attendre plutôt que de s'agiter inutilement et en rajoutant au péril de personnes et régime qu'on dit défendre. Le minimum étant de respecter les désirs de celui qu'on dit représenter.

Reinette a écrit:Enfin, bref, au lieu d'être les légitimes soutiens du trône, des hommes sur qui compter, Louis XVI se retrouve, en plus des forcenés de l'intérieur, à devoir gérer les menées d'un inexpérimenté qui se sent poussé des ailes, se proclamant investi d'une mission que personne ne lui a accordée, entouré par des obtus qui ne cherchent qu'à se venger, plus un malade mental qui pousse la fausseté à son plus haut degré d'expression et qui n'attend qu'une chose : s'asseoir sur le trône de son frère.

Ce qui n'est pas neuf, puisque depuis X temps, Provence et Artois d'un côté, les agités du Parlement de l'autre bloquaient tout espace de manoeuvre au pouvoir Royal;
Je vais même plus loin, la Révolution leur doit beaucoup !!!

Une petite restriction : avant 1789, les frères du roi ne feront pas grand chose contre Louis XVI, ou du moins pas ouvertement. Le comte de Provence préférait agir clandestinement...
Le comte d'Artois soutiendra même le projet de révolution royale que voulaient Louis XVI et Calonne.
Mais ensuite, Artois deviendra le plus réactionnaire des princes.

D'autant que tout à l'heure j'ai parlé d'inexpérience. Ce qui aurait pu s'expliquer pour un jeune homme de trente ans, ce qu'il est en 1787.
Mais il continuera d'être aussi bouché sous la Restauration où il n'a plus l'excuse de l'âge. C'est désormais de la bêtise.

Louis XVI est ce qu'il est, mais au moins il est franc et sincère, intelligent et réfléchi. Il n'a pas gagné le gros lot avec ses frères...

Reinette a écrit:Une petite restriction : avant 1789, les frères du roi ne feront pas grand chose contre Louis XVI

C'est vrai, il faut croire que leur comportement de "mouches du coche" a le don de m'insupporter.....

Reinette a écrit:il est franc et sincère, intelligent et réfléchi.

.........Et lucide; trop !!! ce qui le bloque, lui qui n'a déjà que trop tendance à la lenteur pour peser la meilleure stratégie;
Enfin.......

Je pense en effet qu'en tant que scientifique, il devait voir toutes les données et leurs conséquences. Difficile donc de trancher pour prendre la meilleure décision.