La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ...
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LE FORUM DE MARIE-ANTOINETTE :: La France et le Monde au XVIIIe siècle :: Histoire et événements ailleurs dans le monde
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La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ...
Madame Elisabeth à Angélique de Bombelles
« Nous sommes sûrement bien malheureux ( du désastre de Varennes ) mais cependant la démarche du Roi invite toute l'Europe à venir à son secours ( ... ) Le Roi voulait revenir à sa déclaration du 23 juin, par laquelle il remplissait le vœu que la nation avait témoigné par ses mandats lors des États Généraux. Il restreignait son pouvoir, mais en même temps il l'assurait, en ramenant les esprits; car jamais, mon enfant, le despotisme ne pourra plus avoir lieu en France, et il faut être juste, il n'est pas désirable... Le Roi ne voulait donc pas conquérir son royaume armé des puissances étrangères ; il voulait imposer à ses sujets et traiter avec eux. Cette conduite louable embarrasse beaucoup messieurs les tyrans. »
Madame Elisabeth a toujours peine à prendre parti. Souhaitant avant tout que le sort du Roi s'améliore, elle désirerait l'intervention des puissances étrangères. Mais parle-t-on de faire avancer à la frontière des Prussiens et des Autrichiens, elle penche du côté des troupes françaises. « Tranquillise-toi, ma Bombe, écrit-elle dans une lettre d'août, ton pays acquerra de la gloire, et puis voilà tout. Trois cent mille gardes nationaux parfaitement organisés et tous braves par nature bordent les frontières et ne laisseront pas approcher un seul houlan. »
Les divers souverains de l'Europe s'étaient profondément émus à la nouvelle des malheurs de Louis XVI ; ils se sentaient atteints eux-mêmes dans la personne du roi de France ; l'impératrice Catherine II de Russie, voyant le principe de l'autorité absolue chanceler sous les coups que lui portait la Révolution, désirait vivement qu'une digue fût opposée à ce torrent, qui menaçait d'ébranler tous les trônes.. Gustave III s'attribuait déjà le commandement de l'armée qui envahirait la France ; Frédéric-Guillaume et Léopold se concertaient en face du danger qui leur semblait grossir tous les jours.
Une entrevue fut décidée d'abord entre Frédéric-Guillaume et Léopold ; elle eut lieu le 24 août 1791, au château électoral de Pillnitz, dans le Duché de Saxe.
Là se rendit aussi le marquis de Bouillé, avec un plan d'opérations des armées étrangères sur les différentes frontières de la France. On y vit également l'ex-ministre Calonne, présent partout où il y avait des intrigues à conduire.
Le comte d'Artois prit également contact avec les souverains ; mais il eut beau les presser de tirer l'épée du fourreau, Bouillé eut beau leur développer son plan d'invasion, Calonne eut beau se montrer souple, hardi, persuasif : la perspective d'une guerre avec la France, d'une guerre avec un peuple révolutionnaire, une guerre de ce caractère ne plaisait que médiocrement à l'Empereur Léopold II, dont l'esprit circonspect en redoutait les suites. Aussi, les résolutions qui furent adoptées se ressentirent de ces dispositions.
En dernière minute, le comte d'Artois, frère du roi de France, non invité, arrachait la déclaration des deux monarques, après la fuite manquée de Louis XVI de France arrêté à Varennes et ramené de force à Paris (juin 1791). Les souverains demandaient le rétablissement du roi sur son trône et de ne pas porter atteinte à ses droits. Ils attiraient l’attention de tous les souverains européens et les invitaient à "agir d'urgence au cas où ils seraient prêts". L’empereur Léopold menaça, à titre personnel, la France d’une guerre.
Tout ce que purent obtenir le comte d'Artois, Bouillé et Calonne, dans cette conférence fameuse, fut la déclaration suivante, datée de Pillnitz, 27 août 1791, et signée par l'EmpereurLéopold II et Frédéric-Guillaume II :
« Sa Majesté l'empereur et Sa Majesté le roi de Prusse, ayant entendu les désirs et les représentations de Monsieur et de M. le comte d'Artois, déclarent conjointement qu'elles regardent la situation où se trouve actuellement Sa Majesté le roi de France comme un objet d'un intérêt commun à tous les souverains de l'Europe. Elles espèrent que cet intérêt ne peut manquer d'être reconnu par les puissances dont le secours est réclamé, et qu'en conséquence elles ne refuseront pas, conjointement avec leursdites Majestés, les moyens les plus efficaces relativement à leurs forces, pour mettre le roi de France en état d'affermir, dans la plus parfaite liberté, les bases d'un gouvernement monarchique également convenable aux droits des souverains et au bien-être des Français. Alors, et dans ce cas, leursdites Majestés sont décidées à agir promptement et d'un commun accord, avec les forces nécessaires pour obtenir le but proposé et commun. En attendant, elles donneront à leurs troupes les ordres convenables pour qu'elles soient à portée de se mettre en activité. »
— Louis Stanislas Xavier Bourbon,Charles Philippe Comte d'Artois Bourbon, Lettre de monsieur et de M. le comte d'Artois au Roi leur frere, 1791
La déclaration très menaçante, très belliqueuse du 27 août, n'était au fond, suivant l'expression de Mallet du Pan, « qu'une comédie auguste ». L'Autriche et la Prusse s'engageaient bien à agir dans le but d'aider le Roi de France à affermir les bases d'un gouvernement monarchique, mais seu-lement dans le cas de concours des autres puissances ' , cette restriction annulait toute la portée de l'acte. Le concours général des puissances était « bien difficile », suivant l'expression de Léopold lui-même : le manifeste ne faisait donc sans sanction possible qu'exalter les espérances des émigrés et que compromettre ceux qu'on avait la prétention de sauver.
On est fort belliqueux à Coblentz ; tandis que le marquis de Bouille confère à Berlin avec le feld-maréchal Lascy et le prince de Hohenlohe ', le comte d'Artois et le maréchal de Broglie choisissent leurs aides de camp. M. de Raigecourt, sur le désir de Madame Elisabeth, sera attaché au comte d'Artois...
On se hâtait à l'Assemblée, de terminer la Constitution ; le 3 août, elle était remise par le député Thouret au Roi, qui déclara qu'il l'examinerait et donnerait sa décision au plus vite. Il y a eu beaucoup de cris de " Vive le Roi " et même de " Vive la Reine "; des applaudissements ont éclaté quand le Roi est sorti des vêpres.
Ce regain de popularité et cette résignation à la Constitution les émigrés vont le faire payer cher à la Reine. Ils l'accuseront de « sacrifier à sa fierté le salut de la France » — ils voulaient dire : leurs intérêts. — Marie-Antoinette expliquait à Fersen pourquoi le Roi et elles étaient résignés à une Constitution plus ou moins applicable. « Les folies des princes et des émigrants nous ont aussi forcés dans nos démarches ; il était essentiel, en acceptant, d'ôter tout doute que ce n'était pas de bonne foi. »
A la séance du 14 où le Roi se rendit à l'Assemblée accompagné des ministres, il prononça debout son discours d'acceptation, tandis que, par un étrange oubli des convenances et des traditions, l'Assemblée, sur la motion de son président Thouret, resta assise.
Par suite de l'acceptation de la Constitution, une amnistie fut proclamée sur la proposition de la Fayette, etc. Les officiers compromis dans l'affaire de Varennes furent mis en liberté.
( le comte de Fleury et WIKI )
... à suivre
« Nous sommes sûrement bien malheureux ( du désastre de Varennes ) mais cependant la démarche du Roi invite toute l'Europe à venir à son secours ( ... ) Le Roi voulait revenir à sa déclaration du 23 juin, par laquelle il remplissait le vœu que la nation avait témoigné par ses mandats lors des États Généraux. Il restreignait son pouvoir, mais en même temps il l'assurait, en ramenant les esprits; car jamais, mon enfant, le despotisme ne pourra plus avoir lieu en France, et il faut être juste, il n'est pas désirable... Le Roi ne voulait donc pas conquérir son royaume armé des puissances étrangères ; il voulait imposer à ses sujets et traiter avec eux. Cette conduite louable embarrasse beaucoup messieurs les tyrans. »
Madame Elisabeth a toujours peine à prendre parti. Souhaitant avant tout que le sort du Roi s'améliore, elle désirerait l'intervention des puissances étrangères. Mais parle-t-on de faire avancer à la frontière des Prussiens et des Autrichiens, elle penche du côté des troupes françaises. « Tranquillise-toi, ma Bombe, écrit-elle dans une lettre d'août, ton pays acquerra de la gloire, et puis voilà tout. Trois cent mille gardes nationaux parfaitement organisés et tous braves par nature bordent les frontières et ne laisseront pas approcher un seul houlan. »
Les divers souverains de l'Europe s'étaient profondément émus à la nouvelle des malheurs de Louis XVI ; ils se sentaient atteints eux-mêmes dans la personne du roi de France ; l'impératrice Catherine II de Russie, voyant le principe de l'autorité absolue chanceler sous les coups que lui portait la Révolution, désirait vivement qu'une digue fût opposée à ce torrent, qui menaçait d'ébranler tous les trônes.. Gustave III s'attribuait déjà le commandement de l'armée qui envahirait la France ; Frédéric-Guillaume et Léopold se concertaient en face du danger qui leur semblait grossir tous les jours.
Une entrevue fut décidée d'abord entre Frédéric-Guillaume et Léopold ; elle eut lieu le 24 août 1791, au château électoral de Pillnitz, dans le Duché de Saxe.
Là se rendit aussi le marquis de Bouillé, avec un plan d'opérations des armées étrangères sur les différentes frontières de la France. On y vit également l'ex-ministre Calonne, présent partout où il y avait des intrigues à conduire.
Le comte d'Artois prit également contact avec les souverains ; mais il eut beau les presser de tirer l'épée du fourreau, Bouillé eut beau leur développer son plan d'invasion, Calonne eut beau se montrer souple, hardi, persuasif : la perspective d'une guerre avec la France, d'une guerre avec un peuple révolutionnaire, une guerre de ce caractère ne plaisait que médiocrement à l'Empereur Léopold II, dont l'esprit circonspect en redoutait les suites. Aussi, les résolutions qui furent adoptées se ressentirent de ces dispositions.
En dernière minute, le comte d'Artois, frère du roi de France, non invité, arrachait la déclaration des deux monarques, après la fuite manquée de Louis XVI de France arrêté à Varennes et ramené de force à Paris (juin 1791). Les souverains demandaient le rétablissement du roi sur son trône et de ne pas porter atteinte à ses droits. Ils attiraient l’attention de tous les souverains européens et les invitaient à "agir d'urgence au cas où ils seraient prêts". L’empereur Léopold menaça, à titre personnel, la France d’une guerre.
Tout ce que purent obtenir le comte d'Artois, Bouillé et Calonne, dans cette conférence fameuse, fut la déclaration suivante, datée de Pillnitz, 27 août 1791, et signée par l'EmpereurLéopold II et Frédéric-Guillaume II :
« Sa Majesté l'empereur et Sa Majesté le roi de Prusse, ayant entendu les désirs et les représentations de Monsieur et de M. le comte d'Artois, déclarent conjointement qu'elles regardent la situation où se trouve actuellement Sa Majesté le roi de France comme un objet d'un intérêt commun à tous les souverains de l'Europe. Elles espèrent que cet intérêt ne peut manquer d'être reconnu par les puissances dont le secours est réclamé, et qu'en conséquence elles ne refuseront pas, conjointement avec leursdites Majestés, les moyens les plus efficaces relativement à leurs forces, pour mettre le roi de France en état d'affermir, dans la plus parfaite liberté, les bases d'un gouvernement monarchique également convenable aux droits des souverains et au bien-être des Français. Alors, et dans ce cas, leursdites Majestés sont décidées à agir promptement et d'un commun accord, avec les forces nécessaires pour obtenir le but proposé et commun. En attendant, elles donneront à leurs troupes les ordres convenables pour qu'elles soient à portée de se mettre en activité. »
— Louis Stanislas Xavier Bourbon,Charles Philippe Comte d'Artois Bourbon, Lettre de monsieur et de M. le comte d'Artois au Roi leur frere, 1791
La déclaration très menaçante, très belliqueuse du 27 août, n'était au fond, suivant l'expression de Mallet du Pan, « qu'une comédie auguste ». L'Autriche et la Prusse s'engageaient bien à agir dans le but d'aider le Roi de France à affermir les bases d'un gouvernement monarchique, mais seu-lement dans le cas de concours des autres puissances ' , cette restriction annulait toute la portée de l'acte. Le concours général des puissances était « bien difficile », suivant l'expression de Léopold lui-même : le manifeste ne faisait donc sans sanction possible qu'exalter les espérances des émigrés et que compromettre ceux qu'on avait la prétention de sauver.
On est fort belliqueux à Coblentz ; tandis que le marquis de Bouille confère à Berlin avec le feld-maréchal Lascy et le prince de Hohenlohe ', le comte d'Artois et le maréchal de Broglie choisissent leurs aides de camp. M. de Raigecourt, sur le désir de Madame Elisabeth, sera attaché au comte d'Artois...
On se hâtait à l'Assemblée, de terminer la Constitution ; le 3 août, elle était remise par le député Thouret au Roi, qui déclara qu'il l'examinerait et donnerait sa décision au plus vite. Il y a eu beaucoup de cris de " Vive le Roi " et même de " Vive la Reine "; des applaudissements ont éclaté quand le Roi est sorti des vêpres.
Ce regain de popularité et cette résignation à la Constitution les émigrés vont le faire payer cher à la Reine. Ils l'accuseront de « sacrifier à sa fierté le salut de la France » — ils voulaient dire : leurs intérêts. — Marie-Antoinette expliquait à Fersen pourquoi le Roi et elles étaient résignés à une Constitution plus ou moins applicable. « Les folies des princes et des émigrants nous ont aussi forcés dans nos démarches ; il était essentiel, en acceptant, d'ôter tout doute que ce n'était pas de bonne foi. »
A la séance du 14 où le Roi se rendit à l'Assemblée accompagné des ministres, il prononça debout son discours d'acceptation, tandis que, par un étrange oubli des convenances et des traditions, l'Assemblée, sur la motion de son président Thouret, resta assise.
Par suite de l'acceptation de la Constitution, une amnistie fut proclamée sur la proposition de la Fayette, etc. Les officiers compromis dans l'affaire de Varennes furent mis en liberté.
( le comte de Fleury et WIKI )
... à suivre
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ...
Une simple prise de parole de ma part.
Je ne vois pas comment Louis XVI ne pouvait pas accepter la nouvelle Constitution au lendemain de Varennes, il n'avait pas le choix, et d'autre part, la Constitution accordait encore une part belle au monarque dans ses pouvoirs. Le roi devenait un souverain constitutionnel, pas de pacotille.
Ceci dit, et j'y ai songé plusieurs fois, c'est l'enfermement aux Tuileries, l'arrachement de Versailles, le contact avec une nouvelle société que les souverains et la Cour ne connaissaient pas, l'impossibilité naturelle de mouvements extérieurs, l'hostilité avouée et entretenue des faubourgs de Paris contre les Tuileries, qui ont ruiné les structures psychiques de défense de Louis XVI.
Je ne vois pas comment Louis XVI ne pouvait pas accepter la nouvelle Constitution au lendemain de Varennes, il n'avait pas le choix, et d'autre part, la Constitution accordait encore une part belle au monarque dans ses pouvoirs. Le roi devenait un souverain constitutionnel, pas de pacotille.
Ceci dit, et j'y ai songé plusieurs fois, c'est l'enfermement aux Tuileries, l'arrachement de Versailles, le contact avec une nouvelle société que les souverains et la Cour ne connaissaient pas, l'impossibilité naturelle de mouvements extérieurs, l'hostilité avouée et entretenue des faubourgs de Paris contre les Tuileries, qui ont ruiné les structures psychiques de défense de Louis XVI.
Dominique Poulin- Messages : 7009
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ...
Dominique Poulin a écrit:Une simple prise de parole de ma part.
Je ne vois pas comment Louis XVI ne pouvait pas accepter la nouvelle Constitution au lendemain de Varennes, il n'avait pas le choix ...
... exactement, cher Dominique, comme l'écrit du reste Marie-Antoinette à Mercy , le 26 août :
« Il est impossible que le Roi refuse son acceptation. Croyez que la chose doit être bien vraie, puisque je le dis. Vous connaissez assez mon caractère pour croire qu'il se porterait plutôt à une chose noble et pleine de courage; mais il n'en existe point à courir un danger plus que certain .»
... et à Fersen :
« Les folies des princes et des émigrants nous ont aussi forcés dans nos démarches ; il était essentiel, en acceptant, d'ôter tout doute que ce n'était pas de bonne foi. »
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ...
Mais oui, c'était cela, ou encourir une situation plus grave encore, en cette fin d'été 1791. Dans le moment présent du moins. Je sais bien que les souverains l'ont accepté avec dégoût, si on tient compte de leur conception du pouvoir monarchique traditionnel, mais que faire d'autre que d'accepter ? Rien.
Une grande partie des députés de la nouvelle assemblée pensaient que la Révolution allait finir, mais non, le processus révolutionnaire, les clivages de la classe politique, et la menace de guerre ont tout balayé.
A bien réfléchir c'est la GUERRE qui a détruit la monarchie.
Une grande partie des députés de la nouvelle assemblée pensaient que la Révolution allait finir, mais non, le processus révolutionnaire, les clivages de la classe politique, et la menace de guerre ont tout balayé.
A bien réfléchir c'est la GUERRE qui a détruit la monarchie.
Dominique Poulin- Messages : 7009
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ...
Déjà le 14 juillet 1790, la Révolution semblait finie et la concorde revenue ... C'est ce que semblait sceller la Fête de la Fédération .
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ...
La non-représentation volontaire des élus de la Constituante aux élections de l'assemblée nationale nouvelle fut aussi un suicide. On laissait la constitution aux mains de personnes qui ne l'avaient pas ecrite, et qui etaient bien moins modérées...
Gouverneur Morris- Messages : 11795
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ...
L'idée d'un Congrès à Aix-la-Chapelle se répand. On débite même un extrait de la lettre de M. de Broglie, qui dit positivement que l'Empereur a eu réponse des autres Cours qui adhèrent à la déclaration de Pillnitz.
Le Congrès armé faisait partie du plan de la Reine. Sans parler de la Constitution, les puissances auraient invoqué les droits lésés des princes allemand-, la garantie des traites passés avec la France et compromis par le changement de régime. Elles auraient, au besoin, appuyé leurs revendications par la présence à la frontière de têtes d'armées, capables à la fois d'en imposer « à la partie la plus enragée des factieux » « et de donner aux plus raisonnables le moyen de faire le bien />. Voir le Comte de Fersen et la Cour de France, t. 1 ; — Louis XVI, Marie- Antoinette, Madame Elisabeth, t. Il ; —Cf. aussi dans le Cardinal de Bernis depuis son ministère, les lettres de Calonne à Bernis.
Calonne y exhalait naturellement son mécontentement et sa colère contre Breteuil.
Ce Congrès armé c'est le salut, et pourtant, comment accorder cette pacifique réunion, escomptée d'avance, d'Aix-la-Chapelle, et la marche des troupes. Si la guerre doit éclater, que ce soit le plus tôt possible : « Je le désire pour tous les pauvres gentilshommes qui vous entourent et dont la situation est déchirante. » L'impératrice de Russie a donné un bel exemple, « sa conduite est adorable ( 1 ) et doit faire honte aux autres souverains; j'espère qu'elle les aura électrisés tous, et ce sera peut-être à Catherine à qui nous devrons le salut ».
( 1 ) Le baron de Bombelles, envoyé des princes, avait obtenu un premier subside. Le comte Valentin d'Esterhazy venait d'être chargé d'une mission des princes pour Catherine II. Il était arrivé le 14 septembre à Saint-Pétersbourg.
Le Congrès armé faisait partie du plan de la Reine. Sans parler de la Constitution, les puissances auraient invoqué les droits lésés des princes allemand-, la garantie des traites passés avec la France et compromis par le changement de régime. Elles auraient, au besoin, appuyé leurs revendications par la présence à la frontière de têtes d'armées, capables à la fois d'en imposer « à la partie la plus enragée des factieux » « et de donner aux plus raisonnables le moyen de faire le bien />. Voir le Comte de Fersen et la Cour de France, t. 1 ; — Louis XVI, Marie- Antoinette, Madame Elisabeth, t. Il ; —Cf. aussi dans le Cardinal de Bernis depuis son ministère, les lettres de Calonne à Bernis.
Calonne y exhalait naturellement son mécontentement et sa colère contre Breteuil.
Ce Congrès armé c'est le salut, et pourtant, comment accorder cette pacifique réunion, escomptée d'avance, d'Aix-la-Chapelle, et la marche des troupes. Si la guerre doit éclater, que ce soit le plus tôt possible : « Je le désire pour tous les pauvres gentilshommes qui vous entourent et dont la situation est déchirante. » L'impératrice de Russie a donné un bel exemple, « sa conduite est adorable ( 1 ) et doit faire honte aux autres souverains; j'espère qu'elle les aura électrisés tous, et ce sera peut-être à Catherine à qui nous devrons le salut ».
( 1 ) Le baron de Bombelles, envoyé des princes, avait obtenu un premier subside. Le comte Valentin d'Esterhazy venait d'être chargé d'une mission des princes pour Catherine II. Il était arrivé le 14 septembre à Saint-Pétersbourg.
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ...
Marie-Antoinette place tout son espoir en Catherine pour entraîner l'Europe entière derrière elle .
Hélas, du moment où Louis XVI est prisonnier de la Constitution, le vrai roi, pour Catherine, c'est Monsieur, et c'est de ce côté que s'orientent ses sympathies. Nous avons vu qu'elle ne peut sentir Breteuil, à qui elle garde rancune, depuis 1762 , de lui avoir refusé son concours pécuniaire et de ne pas s'être prêté à la conspiration qui devait lui assurer le trône.
Breteuil, nous dit le comte de Ségur dans ses Mémoires, était alors ministre plénipotentiaire de Louis XVI à Saint-Pétersbourg. Les Orloff s'étaient ouverts à lui sur leur projet de renverser Pierre III et lui avaient demandé des moyens de crédit pour mèner a bien leur entreprise. Peu clairvoyant, et ne croyant pas au sérieux de cette communication, Breteuil refusa net sou appui aux Orloff. Son erreur sur ce point fut telle qu'il ne pensa qu'à profiter d'un congé, qu'il avait obtenu pour rentrer en France. A Vienne, quelques jours après la Révolution de Saint-Pétersbourg, il trouvait un courrier de Versailles lui apportant l'ordre sévèrement exprimé de retourner à son poste. On peut supposer Si Catherine l'accueillit aussi favorablement que par le passé , lui pourtant qui avait été le confident des amours de l'Impératrice et de Poniatowski.
Ses sentiments, Catherine ne les cache pas, car, au reçu de la lettre de Marie-Antoinette, elle fait ses observations par une note autographe pour son ministre Ostermann.
Marie-Antoinette, à la fin de son long mémorandum, a marqué que « par prudence il a été impossible au Roi d'instruire ses frères de ses projets ( ... ) A Dieu ne plaise, qu'il y ait la moindre méfiance entre nous (comme on veut le répandre); nous jugeons de leur cœur par les nôtres, et nous savons bien qu'ils ne sont occupés que de nous. Mais tout ce qui les entoure n'est pas de même ; la légèreté des uns, l'indiscrétion des autres, l'ambition même de quelques-uns, tout impose à nos cœurs la ... ( discrétion ... )
Hélas, du moment où Louis XVI est prisonnier de la Constitution, le vrai roi, pour Catherine, c'est Monsieur, et c'est de ce côté que s'orientent ses sympathies. Nous avons vu qu'elle ne peut sentir Breteuil, à qui elle garde rancune, depuis 1762 , de lui avoir refusé son concours pécuniaire et de ne pas s'être prêté à la conspiration qui devait lui assurer le trône.
Breteuil, nous dit le comte de Ségur dans ses Mémoires, était alors ministre plénipotentiaire de Louis XVI à Saint-Pétersbourg. Les Orloff s'étaient ouverts à lui sur leur projet de renverser Pierre III et lui avaient demandé des moyens de crédit pour mèner a bien leur entreprise. Peu clairvoyant, et ne croyant pas au sérieux de cette communication, Breteuil refusa net sou appui aux Orloff. Son erreur sur ce point fut telle qu'il ne pensa qu'à profiter d'un congé, qu'il avait obtenu pour rentrer en France. A Vienne, quelques jours après la Révolution de Saint-Pétersbourg, il trouvait un courrier de Versailles lui apportant l'ordre sévèrement exprimé de retourner à son poste. On peut supposer Si Catherine l'accueillit aussi favorablement que par le passé , lui pourtant qui avait été le confident des amours de l'Impératrice et de Poniatowski.
Ses sentiments, Catherine ne les cache pas, car, au reçu de la lettre de Marie-Antoinette, elle fait ses observations par une note autographe pour son ministre Ostermann.
Marie-Antoinette, à la fin de son long mémorandum, a marqué que « par prudence il a été impossible au Roi d'instruire ses frères de ses projets ( ... ) A Dieu ne plaise, qu'il y ait la moindre méfiance entre nous (comme on veut le répandre); nous jugeons de leur cœur par les nôtres, et nous savons bien qu'ils ne sont occupés que de nous. Mais tout ce qui les entoure n'est pas de même ; la légèreté des uns, l'indiscrétion des autres, l'ambition même de quelques-uns, tout impose à nos cœurs la ... ( discrétion ... )
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ...
" Malgré sa cruelle situation de monarque prisonnier, Louis XVI s'était fait illusion qu'une démarche personnelle en cette fin de 1791 pèserait encore de quelque poids auprès des Cours de l'Europe. En même temps que le baron de Goguelat était envoyé à Coblentz pour atténuer l'effet des sommations adressées aux émigrés, le baron de Vioménil se rendait à Bruxelles, chargé pour le baron de Breteuil d'un paquet de lettres confidentielles que l'agent général du Roi trouverait le moyen de faire parvenir à destination.
Ces lettres, adressées au Roi de Prusse et à l'Empereur Léopold, au Roi de Suède et à l'impératrice Catherine tendaient au même but. Le Roi et la Reine— car dans cette correspondance ils s'étaient partagé la rédaction — revenaient sur l'idée d'un « Congrès appuyé d'une force armée, comme la meilleure manière pour arrêter les factieux et donner les moyens de rétablir un état de choses plus désirable ».
Breteuil avait mission d'appuyer de la façon qu'il jugerait convenable les demandes qu'exposeraient ces lettres. Louis XVI et la Reine n'étaient pas sans sentir l'effet que devait produire dans l'entourage des princes le choix de Breteuil, aussi le Roi avait-il écrit en même temps au maréchal de Castries, alors à Cologne, priant l'ancien ministre de s'occuper activement des affaires royales, d'être l'intermédiaire entre les princes et Breteuil. Ce dernier envoyait aussitôt à Cologne le marquis d'Autichamp et M. de Vioménil pour appuyer la lettre du Roi par une lettre engageante de sa propre main.
Un peu surpris de cette démarche dont, à première vue, il ne comprenait pas le sens — sous couvert d'un rapprochement avec ses frères, Louis XVl comptait bien que le maréchal choisi par les princes pour le représenter ne ferait rien sans consulter Breteuil, — Castries consulta l'évêque d'Arras, Mgr de Conzié, qui se trouvait de passage à Cologne. Celui-ci, homme d'intrigue et d'ambition, flaira un rôle à jouer.
Il partit pour Coblentz, négocia avec assez d'habileté pour que les princes prissent une décision conforme aux désirs du maréchal. Ils accueillirent avec un apparent empressement la proposition de Louis XVI, se déclarèrent prêts à entrer en rapports avec Breteuil, déclarant bien liant : « Le rapprochement que nous désirions tant avec les Tuileries est enfin opéré. Le Roi et la Reine nous rendent justice. »
Sur ce pied d'égalité, l'entente avait peu de chance de durer, si tant est que l'empressement des princes eût été sincère. Là où le Roi et Breteuil entendaient une soumission complète aux ordres venant des Tuileries le conseil de Coblentz n'admettait au contraire qu'un quitus donné d'avance par le Roi aux actes des princes. "
( le comte de Fleury )
Oui , il y a maldonne, le clash ne va pas tarder entre les Tuileries et Coblence ...
... à suivre .
Ces lettres, adressées au Roi de Prusse et à l'Empereur Léopold, au Roi de Suède et à l'impératrice Catherine tendaient au même but. Le Roi et la Reine— car dans cette correspondance ils s'étaient partagé la rédaction — revenaient sur l'idée d'un « Congrès appuyé d'une force armée, comme la meilleure manière pour arrêter les factieux et donner les moyens de rétablir un état de choses plus désirable ».
Breteuil avait mission d'appuyer de la façon qu'il jugerait convenable les demandes qu'exposeraient ces lettres. Louis XVI et la Reine n'étaient pas sans sentir l'effet que devait produire dans l'entourage des princes le choix de Breteuil, aussi le Roi avait-il écrit en même temps au maréchal de Castries, alors à Cologne, priant l'ancien ministre de s'occuper activement des affaires royales, d'être l'intermédiaire entre les princes et Breteuil. Ce dernier envoyait aussitôt à Cologne le marquis d'Autichamp et M. de Vioménil pour appuyer la lettre du Roi par une lettre engageante de sa propre main.
Un peu surpris de cette démarche dont, à première vue, il ne comprenait pas le sens — sous couvert d'un rapprochement avec ses frères, Louis XVl comptait bien que le maréchal choisi par les princes pour le représenter ne ferait rien sans consulter Breteuil, — Castries consulta l'évêque d'Arras, Mgr de Conzié, qui se trouvait de passage à Cologne. Celui-ci, homme d'intrigue et d'ambition, flaira un rôle à jouer.
Il partit pour Coblentz, négocia avec assez d'habileté pour que les princes prissent une décision conforme aux désirs du maréchal. Ils accueillirent avec un apparent empressement la proposition de Louis XVI, se déclarèrent prêts à entrer en rapports avec Breteuil, déclarant bien liant : « Le rapprochement que nous désirions tant avec les Tuileries est enfin opéré. Le Roi et la Reine nous rendent justice. »
Sur ce pied d'égalité, l'entente avait peu de chance de durer, si tant est que l'empressement des princes eût été sincère. Là où le Roi et Breteuil entendaient une soumission complète aux ordres venant des Tuileries le conseil de Coblentz n'admettait au contraire qu'un quitus donné d'avance par le Roi aux actes des princes. "
( le comte de Fleury )
Oui , il y a maldonne, le clash ne va pas tarder entre les Tuileries et Coblence ...
... à suivre .
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ...
Encore une fois, il est normal que le roi et ses émissaires attendent soumission totale des princes et de leur conseil. Encore heureux !
C'est que ce ne soit pas le cas qui est très grave.
Car même s'ils estimaient ne pas devoir obéir à un roi prisonnier, le roi reste le roi. Ne pas aller dans son sens est de la trahison pure et simple.
C'est gonflé de la part de personnes se réclamant défendre le principe royal.
Qu'un jacobin refuse d'obéir au roi, le méprise, l'insulte, c'est somme toute de bonne guerre. On ne peut demander à un républicain de se soumettre au roi.
De la part de descendants de chevaliers, d'officiers dévoués au service de la Couronne depuis plusieurs siècles, de hauts dignitaires de l'Eglise, de membres de la famille royale, c'est inacceptable !!!
Que le roi ne leur plaît pas, les agace, tout ce qu'on veut, n'y change rien.
C'est que ce ne soit pas le cas qui est très grave.
Car même s'ils estimaient ne pas devoir obéir à un roi prisonnier, le roi reste le roi. Ne pas aller dans son sens est de la trahison pure et simple.
C'est gonflé de la part de personnes se réclamant défendre le principe royal.
Qu'un jacobin refuse d'obéir au roi, le méprise, l'insulte, c'est somme toute de bonne guerre. On ne peut demander à un républicain de se soumettre au roi.
De la part de descendants de chevaliers, d'officiers dévoués au service de la Couronne depuis plusieurs siècles, de hauts dignitaires de l'Eglise, de membres de la famille royale, c'est inacceptable !!!
Que le roi ne leur plaît pas, les agace, tout ce qu'on veut, n'y change rien.
Invité- Invité
Comtesse Diane- Messages : 7397
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ...
Roooh !
Je vous promets, Comtesse, qu'il n'y a pas d'histoire de femme là-dessous .
Voyez plutôt :
" Le maréchal s'y trompa; il conseilla à Breteuil de rester dans l'ombre, de se contenter de donner le plan tandis que les princes agiraient secrètement auprès des Cours. Breteuil ne se hâta pas de répondre, mais en même temps il interprétait ses ordres dans le sens le plus étroit, semblant exiger des princes la révélation de tous leurs projets, se tenant, lui, en revanche, dans la plus grande réserve et taisant les projets du Roi.
Ce que la cour de Coblentz appelait « la duplicité de l'agent du Roi » ne pouvait guère consolider l'apparente réconciliation. Calonne se plaignait hautement. Le 9 janvier il écrit à l'abbé Maury à Rome : « Le gros baron veut se rapprocher ou paraît vouloir se rapprocher de ce côté-ci. On ne se recule pas et ce que l'on vous a dit du maréchal de Castries intermédiaire est vrai. Ce dernier est loyal et nous nous y fions. Il voit déjà de lui-même de quel bois on se chauffe à Bruxelles et il n'en est pas plus édifié que nous.»
Le même jour, il répondait au baron de Talleyrand représentant des princes à la cour de Naples : « On veut éloigner les princes, à quelque prix que ce soit, et les mettre hors de chose pour pouvoir en disposer à son gré. Bruxelles semble particulièrement s'acharner à ce dessein et la maudite influence de l'intrigant baron de Breteuil se fait encore sentir . »
Dans ces conditions, l'alliance prétendue ne pouvait porter des fruits utiles. L'Europe allait bientôt recueillir les preuves du désaccord des membres de la famille royale, désaccord qui ne faisait que s'accroître et s'envenimer et compromettait ainsi les dernières espérances de la monarchie. "
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ...
C'est fou !
Et maintenant de se plaindre que Breteuil, seul agent accrédité par le couple royal, veuille tout savoir des agissements des princes (qui disaient agir pour le roi, ne l'oublions pas !) et de son côté ne rien leur dire des siennes et des autres démarches du roi.
Il ne faut peut-être pas oublié que le roi et son premier ministre officieux ne sont pas tenus à leur donner toutes leurs infos, encore heureux ! Aucun chef de gouvernement ou d'Etat ne donne tous les détails de sa politique à chacun des membres de leur personnel politique !!!
C'est une revendication d'un ridicule absolu ! Si Louis XVI l'avait fait : oui là il aurait vraiment été plus que stupide !!!
Alors que les princes et tout leur personnel politique de Coblenz y sont au contraire tenus puisque se disant agir pour le pouvoir royal, la France, enfin tout ce que représente seul Louis XVI !
A ne pas vouloir tout dire à Breteuil signifie donc qu'ils on bien conscience d'avoir une politique différente de celle du roi. Donc ils savent très bien qu'ils le trahissent.
Et maintenant de se plaindre que Breteuil, seul agent accrédité par le couple royal, veuille tout savoir des agissements des princes (qui disaient agir pour le roi, ne l'oublions pas !) et de son côté ne rien leur dire des siennes et des autres démarches du roi.
Il ne faut peut-être pas oublié que le roi et son premier ministre officieux ne sont pas tenus à leur donner toutes leurs infos, encore heureux ! Aucun chef de gouvernement ou d'Etat ne donne tous les détails de sa politique à chacun des membres de leur personnel politique !!!
C'est une revendication d'un ridicule absolu ! Si Louis XVI l'avait fait : oui là il aurait vraiment été plus que stupide !!!
Alors que les princes et tout leur personnel politique de Coblenz y sont au contraire tenus puisque se disant agir pour le pouvoir royal, la France, enfin tout ce que représente seul Louis XVI !
A ne pas vouloir tout dire à Breteuil signifie donc qu'ils on bien conscience d'avoir une politique différente de celle du roi. Donc ils savent très bien qu'ils le trahissent.
Invité- Invité
Re: La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ...
" En faisant parvenir aux Souverains les lettres dont il était chargé, Breteuil se voyait forcé du reste, bon gré mal gré, de suivre les négociations qu'elles entraînaient, et cela à l'insu des princes qui y étaient visés. Dans sa lettre au roi de Suède, Louis XVI, après avoir énuméré les avantages d'un Congrès, disait : « Cela vaudrait mieux qu'une attaque des princes qui, malheureusement entourés de personnes aigries, ne sont pas libres de faire ce qu'ils veulent, ni de garder le secret de leurs projets. » En conclusion, il spécifiait que « leur intervention devait être évitée et que Breteuil était seul chargé de négocier . »
Au roi de Prusse, Louis XVI a écrit dans le même sens . La lettre adressée à l'empereur Léopold est accompagnée d'un appel de la Reine à Mercy:
« Que mon frère se persuade donc bien que nous ne pouvons tenir à une Constitution qui fait le malheur et la perte de tout le royaume... Notre sort va être entièrement entre les mains de l'Empereur... J'espère qu'il se montrera mon frère et le véritable allié du Roi... On ne peut plus
différer, voilà le moment de nous servir. Si on le manque, tout est dit, et l'Empereur n'aura plus que la honte et le reproche à se faire aux yeux de l'univers d'avoir laissé traîner dans l'avilissement, pouvant les en tirer, sa sœur et son beau-frère . »
Au roi de Prusse, Louis XVI a écrit dans le même sens . La lettre adressée à l'empereur Léopold est accompagnée d'un appel de la Reine à Mercy:
« Que mon frère se persuade donc bien que nous ne pouvons tenir à une Constitution qui fait le malheur et la perte de tout le royaume... Notre sort va être entièrement entre les mains de l'Empereur... J'espère qu'il se montrera mon frère et le véritable allié du Roi... On ne peut plus
différer, voilà le moment de nous servir. Si on le manque, tout est dit, et l'Empereur n'aura plus que la honte et le reproche à se faire aux yeux de l'univers d'avoir laissé traîner dans l'avilissement, pouvant les en tirer, sa sœur et son beau-frère . »
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ...
Où notre malheureux Bombelles entre en scène ...
" A Catherine enfin, Marie- Antoinette avait écrit dès le 3 décembre, et cette lettre plus importante, dont on escompte l'action décisive, fait l'objet d'une distinction spéciale. Des développements verbaux doivent l'expliquer, et pour cette mission délicate où un homme habile et rompu aux affaires diplomatiques est nécessaire le baron de Breteuil, imprudemment sans doute, a désigné le marquis de Bombelles qu'indiquaient tout naturellement sa longue carrière et son dévouement, mais qu'aurait pu faire écarter la suspicion et même l'aversion où le tenaient les princes.
Pourquoi n'avoir pas confié la mission au comte Valentin d'Esterhazy, qui de longue date s'était fait remarquer par son attachement à la Reine? Bien que depuis six mois, il représentât les princes à Saint-Pétersbourg, il ne se fût pas dérobé à l'honneur de se faire porte-parole des messages royaux. Sans doute le nom d'Esterhazy avait été prononcé, on n'était pas sans compter sur son appui à un moment donné, mais il était trop inféodé à la politique des princes, et le Roi n'avait pas voulu qu'il fût le seul négociateur. D'où ce choix de Bombelles qui devait irriter au suprême degré les frères du Roi, dès qu'ils furent au courant de sa mission.
Il ne semble pas que Breteuil, en le désignant, se soit bien rendu compte des colères qu'il allait déchaîner à Coblentz, et cela au moment où, après de vives blessures de part et d'autre, d'apparentes tentatives de rapprochement s'esquissaient entre les conseils du Roi et le « Cabinet » Calonne, négociations compliquées où lui, Breteuil, avait rôle capital à jouer. Le baron, il faut l'avouer, en cela d'accord avec Vaudreuil et tous les coryphées du clan adverse, eût fait la gageure d'embrouiller les cartes qu'il n'aurait pas fait plus incompréhensible choix. "
" A Catherine enfin, Marie- Antoinette avait écrit dès le 3 décembre, et cette lettre plus importante, dont on escompte l'action décisive, fait l'objet d'une distinction spéciale. Des développements verbaux doivent l'expliquer, et pour cette mission délicate où un homme habile et rompu aux affaires diplomatiques est nécessaire le baron de Breteuil, imprudemment sans doute, a désigné le marquis de Bombelles qu'indiquaient tout naturellement sa longue carrière et son dévouement, mais qu'aurait pu faire écarter la suspicion et même l'aversion où le tenaient les princes.
Pourquoi n'avoir pas confié la mission au comte Valentin d'Esterhazy, qui de longue date s'était fait remarquer par son attachement à la Reine? Bien que depuis six mois, il représentât les princes à Saint-Pétersbourg, il ne se fût pas dérobé à l'honneur de se faire porte-parole des messages royaux. Sans doute le nom d'Esterhazy avait été prononcé, on n'était pas sans compter sur son appui à un moment donné, mais il était trop inféodé à la politique des princes, et le Roi n'avait pas voulu qu'il fût le seul négociateur. D'où ce choix de Bombelles qui devait irriter au suprême degré les frères du Roi, dès qu'ils furent au courant de sa mission.
Il ne semble pas que Breteuil, en le désignant, se soit bien rendu compte des colères qu'il allait déchaîner à Coblentz, et cela au moment où, après de vives blessures de part et d'autre, d'apparentes tentatives de rapprochement s'esquissaient entre les conseils du Roi et le « Cabinet » Calonne, négociations compliquées où lui, Breteuil, avait rôle capital à jouer. Le baron, il faut l'avouer, en cela d'accord avec Vaudreuil et tous les coryphées du clan adverse, eût fait la gageure d'embrouiller les cartes qu'il n'aurait pas fait plus incompréhensible choix. "
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ...
Désolé, mais j'avoue que je suis complètement perdu dans ce sujet, et principalement en ce qui concerne la période...
De quand date ce mot (qui ne me dit rien, d'ailleurs) ?
De quand date ce mot (qui ne me dit rien, d'ailleurs) ?
Mme de Sabran a écrit: La lettre adressée à l'empereur Léopold est accompagnée d'un appel de la Reine à Mercy :
« Que mon frère se persuade donc bien que nous ne pouvons tenir à une Constitution qui fait le malheur et la perte de tout le royaume... Notre sort va être entièrement entre les mains de l'Empereur... J'espère qu'il se montrera mon frère et le véritable allié du Roi... On ne peut plus
différer, voilà le moment de nous servir. Si on le manque, tout est dit, et l'Empereur n'aura plus que la honte et le reproche à se faire aux yeux de l'univers d'avoir laissé traîner dans l'avilissement, pouvant les en tirer, sa sœur et son beau-frère . »
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ...
Nous sommes fin 91, ou tout début de l'année 1792, Bombelles va partir pour la Russie, Gustave III va bientôt se faire assassiner .
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ...
Bien, merci...
Je chercherai mieux, mais c'est que pour l'instant je ne retrouve pas la plupart des lettres ou mots dont il est question ici en extraits.
Je chercherai mieux, mais c'est que pour l'instant je ne retrouve pas la plupart des lettres ou mots dont il est question ici en extraits.
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ...
La nuit, la neige a écrit: pour l'instant je ne retrouve pas la plupart des lettres ou mots dont il est question ici en extraits.
Eh bien voici !
La nuit, la neige a écrit:Mme de Sabran a écrit: La lettre adressée à l'empereur Léopold est accompagnée d'un appel de la Reine à Mercy :
« Que mon frère se persuade donc bien que nous ne pouvons tenir à une Constitution qui fait le malheur et la perte de tout le royaume... . »
... etc ... etc
référence de ce billet :
Marie-Antoinette à Mercy, 20 novembre, 16 décembre 1791
Arneth, p. 261, 231.
J'attends que tu aies vu cette réponse pour continuer sur ma lancée, car tout cela est bien roboratif, n'est-ce pas !
Mais je suis touchée que tu te donnes la peine de rechercher les références de toutes ces citations ...
Ces deux volumes en sont truffés .
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ...
C'est que j'étais tout à fait perdu dans la chronologie (nous allons en avant, et en arrière ), aussi je ne m'y retrouvais pas.
Bref, j'ai mis la main sur cette longue lettre du 20 décembre 1791 (mais pas celle à Catherine en date du 3, mais passons... ).
Cette période est particulièrement "riche" en évènements et en menées des uns et des autres, mais quel imbroglio !
Entre les double jeux des uns, les manoeuvres individuelles (ou imbéciles) des autres, et les difficultés de communication entre les protagonistes (qui s'y perdent eux-mêmes en conjectures et interprétations), c'est vraiment à plus rien n'y comprendre.
Marie-Antoinette, qui est en première ligne sur tous les fronts depuis des mois, s'arrache les cheveux d'ailleurs !
Des mois qu'elles tentent de convaincre les uns et les autres, et qu'elle s'explique !
Quelques semaines plus tôt (le 12 septembre 91) elle écrivait encore à Mercy :
(...)
Je voudrais bien que tout le monde réglât sa conduite d'après la mienne, mais, même dans notre intérieur, nous avons de grands obstacles et de grands combats à livrer.
Plaignez moi. Je vous assure qu'il faut bien plus de courage à supporter mon état que si on se trouvait au milieu d'un combat ; d'autant que je ne me suis guère trompée, et je ne vois que malheur dans le peu d'énergie des uns et dans la mauvaise volonté des autres.
Mon Dieu, est-il possible que, née avec du caractère, et sentant si bien le sang qui coule dans mes veines, je sois destinée à passer mes jours dans un tel siècle et avec de tels hommes !
Mais ne croyez pas pour cela que mon courage m'abandonne. Non, pour moi, pour mon enfant, je me soutiendrai, et je remplirai jusqu'au bout ma longue et pénible carrière.
Je ne vois plus ce que j'écris. Adieu.
(...)
Bref, j'ai mis la main sur cette longue lettre du 20 décembre 1791 (mais pas celle à Catherine en date du 3, mais passons... ).
Cette période est particulièrement "riche" en évènements et en menées des uns et des autres, mais quel imbroglio !
Entre les double jeux des uns, les manoeuvres individuelles (ou imbéciles) des autres, et les difficultés de communication entre les protagonistes (qui s'y perdent eux-mêmes en conjectures et interprétations), c'est vraiment à plus rien n'y comprendre.
Marie-Antoinette, qui est en première ligne sur tous les fronts depuis des mois, s'arrache les cheveux d'ailleurs !
Des mois qu'elles tentent de convaincre les uns et les autres, et qu'elle s'explique !
Quelques semaines plus tôt (le 12 septembre 91) elle écrivait encore à Mercy :
(...)
Je voudrais bien que tout le monde réglât sa conduite d'après la mienne, mais, même dans notre intérieur, nous avons de grands obstacles et de grands combats à livrer.
Plaignez moi. Je vous assure qu'il faut bien plus de courage à supporter mon état que si on se trouvait au milieu d'un combat ; d'autant que je ne me suis guère trompée, et je ne vois que malheur dans le peu d'énergie des uns et dans la mauvaise volonté des autres.
Mon Dieu, est-il possible que, née avec du caractère, et sentant si bien le sang qui coule dans mes veines, je sois destinée à passer mes jours dans un tel siècle et avec de tels hommes !
Mais ne croyez pas pour cela que mon courage m'abandonne. Non, pour moi, pour mon enfant, je me soutiendrai, et je remplirai jusqu'au bout ma longue et pénible carrière.
Je ne vois plus ce que j'écris. Adieu.
(...)
La nuit, la neige- Messages : 18132
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ...
Cette lettre est vraiment poignante et désespérante ! C'est abominable, une situation pareille !!!
Avoir, elle, le courage qu'il lui faudrait à lui ! ... et devoir tout endurer ...
Tu as usé de caractères gras pour quelques bribes de phrases, mais chacun de ses mots est très lourd de sens .
Il ne faut pas sauter une syllabe, une virgule .
_________________
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ...
Quel courage ! Quelle femme ! Rien ne pourra la briser .
Tiens, j'en suis toute retournée .
Je poursuivrai demain ...
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ...
Si nous sommes tous bouleversés à la lire, je ne pense pas que cette lettre ait ému plus que cela son destinataire.
Invité- Invité
Re: La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ...
La nuit, la neige a écrit:C'est que j'étais tout à fait perdu dans la chronologie (nous allons en avant, et en arrière ), aussi je ne m'y retrouvais pas.
Tu t'y retrouves maintenant, c'est bon ! Tu as repris pied .
Nous voici début 1792, Bombelles missionné par Breteuil part à Saint-Petersbourg .
Suivons-le.
Il va retrouver là-bas, autour de Catherine, une foultitude de gens que nous connaissons très bien; tu vas voir que nous ne serons pas du tout dépaysés.
Appelé par Breteuil, Bombelles était le 30 décembre à Bruxelles. Dès le 1er janvier 1792, il en repartait, se dirigeant en droite ligne sur Saint Pétersbourg, porteur de la lettre de Marie-Antoinette à Catherine, d'un long mémoire de Breteuil pour l'Impératrice et pour le comte Ostermann, ministre des Affaires étrangères, d'une copie des pouvoirs donnés par Louis XVI à son agent général à l'étranger et de différentes lettres de Fersen.
Les ambassadeurs français ne manquaient pas à la Cour de Catherine. Genêt d'abord, représentant officiel du Gouvernement constitutionnel. Ce frère de Mme Campan ( voir l'une des énigmes de notre jeu de l'été ) ne brilla pas dans la diplomatie. L'emploi, il faut le dire, n'était pas aisé à remplir, mais du moment où Simolin était demeuré à Paris avec son titre de ministre plénipotentiaire — chargé par Ostermann « d'acheter le patriotisme clés députés qui gouvernaient la France » — on pouvait supposer que Genêt aurait une situation tenable. Il n'en était rien, et sa mission ne fut qu'un long martyre. Saint-Priest l'avait depuis longtemps cinglé du nom de « sot enragé». Catherine se refusait à le voir .
A côté de Genêt, les représentants officieux : le comte de Saint-Priest, envoyé par le Roi, après son ambassade à Constantinople, ne fit que passer et fut employé par Catherine à des missions à l'étranger. Le jeune Sombreuil ( frère de la demoiselle que nous connaissons bien ) , envoyé en 1791, s'était vu écarter sur les instances du comte Valentin d'Esterhazy .
Ce dernier, ancien favori de Marie-Antoinette était devenu favori du comte d'Artois, dont il avait, comme gouverneur de Rocroi, facilité le passage dans les Pays-Bas. Esterhazy était arrivé à Saint-Pétersbourg le 14 septembre 1791, investi de la confiance des princes, chargé des messages de Monsieur et du comte d'Artois pour l'Impératrice et d'une lettre du prince de Nassau pour le général Platon Zoubov, qui, auprès de Catherine, commençait à contrebalancer l'influence de Potemkin.
Dirigé par Zouboff, présenté par lui à l'Impératrice à l'Ermitage, Esterhazy avait pu, dès la première audience, expliquer le but de sa mission, remettre les instructions des princes.
Catherine, qui considérait la Cour des frères de XVI comme une Cour souveraine, se trouvait bien disposée pour l'envoyé du comte d'Artois.
Patronné par le comte de Cobentzel, ambassadeur d'Autriche, Esterhazy devait bientôt, à la Cour et dans la société russe, être accueilli de telle façon que lui- même écrira « qu'il est impossible d'être mieux reçu ». Devenue méfiante envers les étrangers, l'Impératrice avait fait exception pour Esterhazy ; elle le traita avec une affabilité marquée, l'admettant dans sa société la plus intime, l'hiver à l'Ermitage, l'été à Tzarskoé Sélo ou dans les petits déplacements . Et, en fait, Esterhazy avait su plaire à tout le monde, non seulement à l'Impératrice et à Zoubov, mais au grand-duc Paul, à toute la Cour.
Mme Vigée-Lebrun, par exemple, ( quand je te disais que tout le monde s'est donné rendez-vous à Saint-Petersbourg !!! ), qui appelle pompeusement Esterhazy l'ambassadeur de France, a recours à sa protection pour se faire présenter à l'Impératrice et reçoit de lui les instructions cérémoniales.
Adulé, choyé, partout réclamé, Esterhazy mettait à profit l'extraordinaire faveur dont il était l'objet. Au mois d'août 1791, en réponse à une lettre flatteuse des princes où ceux-ci la comparaient à Prométhée, dérobant un rayon du soleil pour animer le vaste empire que Pierre le Grand avait fait sortir du chaos, et... lui demandaient une grosse somme d'argent. Catherine s'était exécutée de bonne grâce et avait envoyé une traite de 2 millions de livres. Les princes trouvèrent que ce n'était pas assez. Pour passer le Rhin, ne fût-ce qu'avec 10.000 hommes, « le génie de Catherine marchant devant eux », il leur fallait un million de roubles, Catherine envoya plus tard la moitié du complément demandé.
Catherine ne cachait pas le goût que lui avait inspiré l'ambassadeur des princes et disait : « C'est mon bon ami, il n'est jamais si heureux que quand il est avec moi. »
Au fond, Esterhazy était de la race de ces grands seigneurs cosmopolites qui, à l'école du prince de Ligne, se créaient une patrie là où on les traitait bien. Ceci ne l'empêchait pas de rester fidèle en même temps — ce qui peut paraître étrange — à Marie-Antoinette et au comte d'Artois .
Du moment où ses intérêts se trouvaient d'accord avec la mission qu'il s'était fait confier, il marchait droit et aurait pu servir utilement la cause royale, si la mauvaise volonté des princes, d'un côté, et la politique occulte de Louis XVI et de Marie-Antoinette, de l'autre, n'avaient pas creusé un fossé profond entre deux rameaux rendus impuissants par la division.
Voici le contexte saint-petersbourgeois dans lequel déboule notre Bombelles comme un éléphant dans un jeu de quilles, nous allons le voir.
... à suivre !
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Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ...
Catherine II et aucun autre souverain n'avaient le droit de reconnaître comme véritables ambassadeurs ceux envoyés par Coblence !
Et puis quoi encore ?!
Aussi sympathique soit Esterhazy. Cela n'y change rien.
Je ne dis pas non plus de reconnaître ce crétin de Genêt mais c'est surtout pour ce pauvre Bombelles qui va débarqué comme persona non grata.
Qui doit être écouté ? L'envoyé du roi ou l'envoyé de ses frères qui mènent une politique différente de celui qu'ils disent soutenir ? Politique si différente qu'elle apporte des embûches gravissime à celles souhaitées par Louis XVI et Marie-Antoinette ! Donc des traitres...
En agissant ainsi, en imposant à la face du monde ses préférences. Catherine II signifie clairement qu' elle se fiche totalement du sort de la famille royale restée en France. Marie-Antoinette pourra lui envoyer toutes les lettres déchirantes possibles, l'impératrice doit bien en rire. La mépriser de toutes ses forces (et je ne parle pas de Louis XVI ) !
Ce qui compte surtout pour Catherine II, c'est de protéger les aristocrates français les plus réactionnaires, qui refusent toute évolution, tant pis pour la réalité politique.
Et puis quoi encore ?!
Aussi sympathique soit Esterhazy. Cela n'y change rien.
Je ne dis pas non plus de reconnaître ce crétin de Genêt mais c'est surtout pour ce pauvre Bombelles qui va débarqué comme persona non grata.
Qui doit être écouté ? L'envoyé du roi ou l'envoyé de ses frères qui mènent une politique différente de celui qu'ils disent soutenir ? Politique si différente qu'elle apporte des embûches gravissime à celles souhaitées par Louis XVI et Marie-Antoinette ! Donc des traitres...
En agissant ainsi, en imposant à la face du monde ses préférences. Catherine II signifie clairement qu' elle se fiche totalement du sort de la famille royale restée en France. Marie-Antoinette pourra lui envoyer toutes les lettres déchirantes possibles, l'impératrice doit bien en rire. La mépriser de toutes ses forces (et je ne parle pas de Louis XVI ) !
Ce qui compte surtout pour Catherine II, c'est de protéger les aristocrates français les plus réactionnaires, qui refusent toute évolution, tant pis pour la réalité politique.
Invité- Invité
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