La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ...

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Message par La nuit, la neige Dim 24 Sep 2017, 11:31

Mme de Sabran a écrit:
Tu t'y retrouves maintenant, c'est bon !   Tu as repris pied .  
M'oui, à peu près... Eventaille
Disons que je tenais à suivre chronologiquement ce récit avec les lettres de Marie-Antoinette, et l'on mesure ainsi combien le fossé est grand entre ce qu'elle tente de faire comprendre, accepter, ou provoquer, et la real politique, comme nous disons aujourd'hui.

Car au delà du nombre hallucinant d'interlocuteurs divers qui courent l'Europe porteurs de "missives" vraies/fausses des uns et des autres et de la multiplicité des représentants "officiels" et "officieux" des uns et des autres  (ce qui ajoute de la confusion et une multitude de "choix possibles"), Marie-Antoinette ne mesure pas combien ses appels, bien trop "personnels", échouent face à d'autres réalités qui la dépassent.

Elle parle davantage avec son coeur (c'est sa nature), que de façon disons diplomatique et politique.
Que n'a-t-elle pas dit à ses souverains que le pouvoir de son époux restauré, elle leur filerait deux ou trois colonies ou des territoires : là elle aurait peut-être été au moins entendue, et peut-être considérée... congrès - La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ... - Page 2 3236493444  Laughing  
Et je rappelle aussi qu'elle n'est que la femme d'un roi, lui même dans une bien mauvaise posture, et que la nouvelle Constitution ne lui donne pas même le pouvoir de régence.  congrès - La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ... - Page 2 3236493444

Son frère à beau lui donner du "ma chère soeur" dans ses courriers, il ne pense pas moins aux seuls intérêts de ses états (ce qui peut-être compréhensible, ceci dit).
L'écroulement de la France, depuis le début de la Révolution, ne dérangeait personne en Europe. Bien au contraire ! Et la lente mais fatale dégringolade du pouvoir de Louis XVI était quasi actée.

- Côté autrichien, depuis l'acceptation de la Constitution par Louis XVI, Kaunitz avait envoyé une circulaire à tous ses ambassadeurs précisant que la famille royale "n'est plus en péril" et que "les derniers évènements donnaient des espérances sur l'avenir".
Il remarquait dans ses notes personnelles que :

"la nouvelle Constitution de France, la rendait pour tous les autres Etats d'Europe, bien moins redoutable qu'elle ne l'était sous son ancien gouvernement. Et si elle est mauvaise, elle ne l'est que pour elle et cela peut être tout au moins très indifférent pour toutes les autres nations".

C'est à dire que la France, cette fois-ci à genoux, n'emmerderait plus grand monde pour toutes leurs petites magouilles et guerres territoriales (en Europe, et ailleurs).

- Mieux, et pour en venir à Catherine II cette fois-ci, rappelons que l'année passée, l'ambassadeur officiel de la France auprès de La Porte a servi ses intérêts dans le conflit qui l'oppose à l'empire turc depuis des lustres !
Elles lorgnent des territoires et protectorats, qu'elle obtiendra d'ailleurs.  

Il ne faut pas oublier qu'elle est en sans cesse en conflit plus ou moins ouvert avec la Prusse, la Suède et l'Angleterre.
Et par la même, l'état de la France l'arrange aussi du côté de l'affaire polonaise.

Je l'avais noté dans un autre sujet, mais voici ce qu'elle écrit à l'époque à son ministre des Affaires étrangères, Ivan Osterman :

Pour ma part, je me charge de surveiller les Polonais, les Turcs et même les Suédois qui, depuis la mort de leur roi, se sont réconciliés avec La France.
Je ne peux pas avouer aux cours de Vienne et de Berlin que je les engage dans cette affaire parce qu'il me faut avoir les coudées franches. J'ai encore des entreprises à terminer. Si la Prusse et l'Autriche étaient libres de leurs mouvements, elles me gêneraient.


Enfin, et même si elle n'a aucune sympathie pour les révolutionnaires (c'est le moins que l'on puisse dire), elle a une très mauvaise opinion de Louis XVI, qu'elle juge, depuis longtemps, perdu.

Ainsi, déjà à la suite de la prise de la Bastille, elle écrivait  à son ambassadeur en France :

A quoi sert le roi ? Il est ivre tous les soirs et sous l'influence de n'importe qui, Breteuil, le prince de Condé, le comte d'Artois et enfin La Fayette.

Ou encore, pour la période qui nous intéresse, lorsque le roi accepte la Constitution, et écrit à son ami Grimm :

Qu'est-ce que c'est que ce roi des Français ? Et pourquoi la France, huit fois centenaire, a-t-elle disparu, laissant place aux Français ?

Qu'est-ce que cela ? Louis XVI a accepté une Constitution démente et s'est empressé de prêter un serment que nul n'attendait de lui et qu'il n'a nulle intention de respecter. Qui sont les imbéciles qui lui font accomplir de telles sottises ?
Tout cela est affreux et bas, comme si on oubliait la foi, la décence et l'honneur.
En entendant cela, en lisant ces horreurs, je me suis terriblement fâchée. Renoncer aux dieux auxquels on croit dans son coeur, c'est le crime d'un lâche et non une erreur.
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Message par Invité Dim 24 Sep 2017, 13:19

Je ne suis pas sûre que Marie-Antoinette dans ses appels au secours puisse promettre aux autres souverains une portion de territoire ou des colonies.
Le roi a juré lors de son sacre de conserver l'inaliénabilité des biens de la Couronne et le premier de ces biens est évidemment l'intégrité du territoire du royaume. François Ier lors de son emprisonnement madrilène avait promis à Charles Quint la Bourgogne en sachant très bien qu'il lui mentait car cela n'aurait jamais été possible.
Le roi de France ne dispose pas de ses provinces comme un simple propriétaire Il ne faut pas le confondre avec n'importe quel souverain de second rang : Frédéric II ou Catherine II sont des souverains "récents", ils ont une attitude de nouveaux riches qui croient disposer comme ils leur semblent du territoire qui leur a été conféré. Rien à voir avec les royaumes qui datent du temps de la chevalerie.
Napoléon rajoutera une couche à ce nouvel état d'esprit contre lequel se battaient Louis XV et Louis XVI.

Malheureusement, la fin du XVIIIème siècle, les horreurs du XIXème et du XXème siècles laisseront croire que ces despotes éclairés avaient raison.
Mais à long terme ? Shocked

Evidemment, à cette date, il n'y a plus de parlements en France, les garants de ces lois fondamentales du royaume. Mais franchement, peut-on croire un instant que Louis XVI et Marie-Antoinette pouvaient penser récupérer l'intégrité de leur trône en offrant des terres à des conquérants ? Comment dans ce cas retrouver une popularité à laquelle ils aspirent tous deux ?
Même en 1814, et a fortiori en 1815, aucun vainqueur de la France napoléonienne n'a osé se servir, respectant les frontières de 1789 ! C'est dire !
Marie-Antoinette, peut-être moins au fait, aurait pu penser offrir la Lorraine à l'empereur. Mais elle savait aussi que c'était une des premières accusations qu'on lui lançait. Aurait-elle alors commis une telle erreur ?
Et elle ne pouvait se substituer pour une telle décision à son mari qui aurait obligatoirement refusé.

Louis XV et Louis XVI faisaient la guerre en roi : leur but n'était pas de s'agrandir comme leurs pairs nouveaux riches qui bientôt imposeront à tous cette immoralité politique. Quand ils aidaient un prince légitime à retrouver son trône, ils ne demandaient rien en retour. Ila aidaient parce que la morale était en jeu. L'opinion publique enrageait, mais franchement, qui a raison ? Shocked

Désolée si on peut voir cela comme de l'angélisme. Mais pour moi, il n'y a pas de politique sans morale. Sinon, cela ne sert à rien de se plaindre en permanence quand on voit nos politiques mal agir.

Pour les colonies, c'est un peu différent, ce sont là plutôt des marchandises. D'où le sacrifice du Québec. Mais je ne vois pas ce que la Russie aurait pu récupérer. scratch

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Message par Mme de Sabran Dim 24 Sep 2017, 14:37

La nuit, la neige a écrit:
Mme de Sabran a écrit:
Tu t'y retrouves maintenant, c'est bon !   Tu as repris pied .  

Et je rappelle aussi qu'elle n'est que la femme d'un roi, lui même dans une bien mauvaise posture, et que la nouvelle Constitution ne lui donne pas même le pouvoir de régence.  congrès - La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ... - Page 2 3236493444  

C'est ainsi qu'à Varennes ou bien le 10 août,   Marie-Antoinette  qui aurait pourtant le courage et la volonté de se battre  est obligée de subir la passivité résignée de son mari, et se laisser emmener en captivité .
Louis XVI l'entraîne dans sa chute.

la nuit, la neige a écrit:Je l'avais noté dans un autre sujet, mais voici ce qu'elle écrit à l'époque à son ministre des Affaires étrangères, Ivan Osterman :

Pour ma part, je me charge de surveiller les Polonais, les Turcs et même les Suédois qui, depuis la mort de leur roi, se sont réconciliés avec La France.
Je ne peux pas avouer aux cours de Vienne et de Berlin que je les engage dans cette affaire parce qu'il me faut avoir les coudées franches. J'ai encore des entreprises à terminer. Si la Prusse et l'Autriche étaient libres de leurs mouvements, elles me gêneraient.

Bien sûr !
Et Catherine a la Pologne dans le colimateur ... Cela pèsera lourd dans la balance quand elle refusera son aide aux princes aussi. En somme, débrouillez-vous tout seuls, j'ai d'autres chats à fouetter .

la nuit, la neige a écrit:
Enfin, et même si elle n'a aucune sympathie pour les révolutionnaires (c'est le moins que l'on puisse dire), elle a une très mauvaise opinion de Louis XVI, qu'elle juge, depuis longtemps, perdu.

Ainsi, déjà à la suite de la prise de la Bastille, elle écrivait  à son ambassadeur en France :

A quoi sert le roi ? Il est ivre tous les soirs et sous l'influence de n'importe qui, Breteuil, le prince de Condé, le comte d'Artois et enfin La Fayette.

Ou encore, pour la période qui nous intéresse, lorsque le roi accepte la Constitution, et écrit à son ami Grimm :

Qu'est-ce que c'est que ce roi des Français ? Et pourquoi la France, huit fois centenaire, a-t-elle disparu, laissant place aux Français ?

Qu'est-ce que cela ? Louis XVI a accepté une Constitution démente et s'est empressé de prêter un serment que nul n'attendait de lui et qu'il n'a nulle intention de respecter. Qui sont les imbéciles qui lui font accomplir de telles sottises ?
Tout cela est affreux et bas, comme si on oubliait la foi, la décence et l'honneur.
En entendant cela, en lisant ces horreurs, je me suis terriblement fâchée. Renoncer aux dieux auxquels on croit dans son coeur, c'est le crime d'un lâche et non une erreur.

Louis XVI, par son incapacité à tenir une ligne de conduite droite et cohérente, a fait le vide autour de lui .

J'en reviens à Esterhazy que le comte de Flerury dit fidèle à Artois autant qu'à Marie-Antoinette, ce qui peut sembler antinomique .
" Esterhazy donc semble en effet s'être préoccupé avant tout du Roi et de ta Reine. Worontzoff l'assure, le baron de Stedingk le répète dans sa réponse à Fersen du 20 janvier.
Au reste, en octobre 1791, non encore portée au dernier degré d'irritation contre les princes ( la scission ne date réellement que de décembre, et c'est le moment, nous l'avons vu, où d'assez hypocrites paroles de con- ciliation ont été portées à Coblentz), Marie-Antoinette ne voyait pas du tout d'un mauvais œil la faveur inespérée dont Esterhazy jouissait à la Cour de Catherine, puisqu'écrivant à son ancien et très fervent admirateur, elle l'encourageait à persévérer dans ses efforts, « à ne s'occuper que du salut de la France et non de sa sûreté personnelle ». La Reine demandait des nouvelles de Fersen avec qui Esterhazy était resté en relations, et à ce dernier, en gage d'amitié, elle envoyait un de ces anneaux qui se vendaient alors en quantité à Paris avec cette légende : Domine, salviim fac regem et reginam .

Sans aucun doute donc, pour porter à Saint-Pétersbourg des ouvertures de Congrès armé, il eût été plus adroit de se servir du canal d'Esterhazy, plutôt que d'accréditer à la Cour de Catherine un nouvel ambassadeur patronné par Breteuil. Les instructions données à Bombelles prouvent qu'une plus grande maladresse allait être commise, puisqu'avant toute chose il tiendra à expliquer à Ostermann « les causes du désaccord entre le Roi et les princes ».

Dans sa haine contre les idées révolutionnaires, Catherine s'est montrée généreuse pour les princes et leurs représentants ; que vient-on lui parler de désunion entre les différents membres de la famille royale et annihiler le résultat de ses efforts ? Shocked

Du moment où Louis XVI est prisonnier de la Constitution, le vrai roi, pour Catherine, c'est Monsieur, et c'est de ce côté que s'orientent ses sympathies. Elle ne peut sentir Breteuil, nous l'avons vu dans le sujet " Les princes, à Coblence " .
Je vous y ai cité Marie-Antoinette qui, à la fin de son long mémorandum, a marqué que « par prudence il a été impossible au Roi d'instruire ses frères de ses projets . A Dieu ne plaise qu'il y ait la moindre méfiance entre nous (comme on veut le répandre); nous jugeons de leur cœur par les nôtres, et nous savons bien qu'ils ne sont occupés que de nous. Mais tout ce qui les entoure n'est pas de même ; la légèreté des uns, l'indiscrétion des autres, l'ambition même de quelques-uns, tout impose à nos cœurs la loi pénible de ne pas leur parler avec l'abandon ou la confiance qu'ils méritent par leurs sentiments personnels... »

L'impératrice apprécie assez justement cette politique double . Elle écrit au prince de Nassau : « ... Qu'attendre de gens qui agissent sans discontinuer avec deux avis divers parfaitement contradictoires : l'un en public ( les princes ) et l'autre en secret ? ( Louis XVI )
C'est elle qui a tout perdu, cette contradiction continuelle ; c'est elle qui empêche d'aller en avant. Le seul parti qui le pourrait, celui des princes, on les veut en arrière : pourquoi ? parce qu'ils sont en avant. On est faux avec eux et avec tout le monde, en vérité, car ce Breteuil encore a toujours haï cordialement la Russie et votre très humble servante plus qu'âme qui vive . »

Déjà mécontente de ce que Marie-Antoinette « écrit lettre sur lettre à l'empereur Léopold pour l'empêcher d'agir », tandis qu'elle « emploie tout son crédit sur l'esprit de ce prince pour l'engager à des démarches plus actives » ; peu satisfaite de plus de la politique du Roi qui contrecarre celle des princes, auprès desquels, sur les instances d'Esterhazy, elle vient d'envoyer le comte de Romantzov, gardant ressentiment à Breteuil et de sa maladresse passée et de son attitude actuelle, dont le prince de Nassau-Siegen, lui mandait les détails en donnant raison à Calonne contre le baron ( ça va ? vous suivez toujours ?!! congrès - La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ... - Page 2 1123740815 ) , l'impératrice était donc très mal disposée lorsque l'arrivée de Bombelles fut annoncée à Saint- Pétersbourg. "

Nous le croyons aisément ... congrès - La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ... - Page 2 3177668066

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Message par Invité Dim 24 Sep 2017, 14:48

C'est quand même énorme !!! Catherine n'a plus à écouter les princes ou ses représentants à partir du moment que le roi (ou Marie-Antoinette) lui envoie son propre émissaire !!!

Et de s'en plaindre en plus ! Shocked

Pauvres Louis XVI et Marie-Antoinette ! Sad

Comment l'impératrice a -t-elle eu le front de faire ce choix ? Shocked

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Message par Mme de Sabran Dim 24 Sep 2017, 15:33

Il arrive pourtant, le pauvre chéri, fort de sa bonne conscience et confiant en sa bonne étoile .   congrès - La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ... - Page 2 1434844716

"  On sait donc en quoi politiquement et particulièrement la nomination de Bombelles était malheureuse.  Fersen, intermédiaire constant entre Gustave III et la Reine, et mêlé de très près aux négociations, n'a vu là que par les yeux de Breteuil, a trouvé le choix bon, parce que Bombelles n'est pas trop en vue, qu'il est aimable en société et que « sa conduite à Venise (son refus de prêter serment à la Constitution) est dans le genre de l'Impératrice ».
Fersen s'est fait tant d'illusions sur la réception réservée à Bombelles et le résultat de ses démarches pour un Congrès armé, qu'il écrit au baron de Stedingk pour recommander chaudement le mandataire de Breteuil au comte Esterhazy qui tient la place et n'entend nullement la céder, il ne craint pas de donner le conseil de laisser Bombelles agir seul. Il a même la témérité d'écrire : « L'extrême indiscrétion du conseil des princes empêche de leur rien confier dans une affaire où le secret leur est si nécessaire, car les princes ont accoutumé la noblesse à être instruite de tout, et il y a parmi eux un grand nombre d'espions ».
Fersen explique ensuite les raisons qui incitent le Roi à insister pour un Congrès armé. Il termine par ces mots qui peuvent étonner Esterhazy :
« Mon ami, ce que vous pourriez faire de mieux en ce moment serait de quitter Pétersbourg le plus tôt possible et de trouver un prétexte vis-à-vis des princes pour retourner à Tournay. Croyez en ma tendre amitié pour vous. Je vous expliquerai les raisons à votre passage ici, et vous verrez que je n'avais pas tort... »  ( Papiers Fersen )

Ce fut le marquis de Bombelles lui-même qui en arrivant à Saint-Pétersbourg, le 26 janvier, remit la lettre de Fersen à Esterhazy. D'anciens liens d'amitié lui permirent de paraphraser la lettre ; dépouillant toute feinte à l'égard d'un collègue qu'il aurait sans doute voulu supplanter, il lui confia sous le sceau du secret la mission dont il était chargé, semblant lui demander conseil, atténuant par là le naturel froissement d'amour- propre que devait éprouver Esterhazy.  
Diantre !   Nous reconnaissons bien là la naïveté désarmante de notre Bombelles !   congrès - La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ... - Page 2 1123740815

L'ambassadeur des princes, il faut le dire à sa louange, au lieu de rebuter l'envoyé du Roi et de chercher à détruire dans l'œuf la difficile mission dont il était chargé, n'eut en vue que la cause royale et se mit à la disposition de Bombelles pour faciliter ses démarches.
Par contre, écouter le conseil de Fersen et se résoudre à quitter Saint-Pétersbourg, c'est-à-dire tromper la confiance des princes, Esterhazy, après réflexion ,  ne l'admettait pas, et il ne tardait pas à signifier à Bombelles son ferme dessein de demeurer à son poste.

On peut supposer qu'au reçu de la lettre de Fersen et par obéissance aux ordres indirects de la Reine, Esterhazy avait eu d'abord l'idée de céder la place à Bombelles. La réflexion, peut-être les conseils de Stedingk qui s'est mis en avant pour offrir ses services, et fera tous ses efforts pour « retenir le comte Valentin el faire partir Bombelles », changèrent L'opinion d'Esterhazy.   ( — Lettre du 20 janvier. — Papiers Fersen. )

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Message par Invité Dim 24 Sep 2017, 15:50

Et Esterhazy se disait l'ami de Fersen et Marie-Antoinette ? Shocked
S'il y a bien un défaut à reconnaître à Marie-Antoinette ce sont ses confiances parfois très mal placées ! congrès - La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ... - Page 2 3177668066

Si Louis XVI ne l'accorde pas suffisamment, bloquant toute initiative, Marie-Antoinette l'accorde beaucoup trop facilement, créant des situations plus qu'embrouillées !
Avec cet exemple, difficile de le reprocher à Louis XVI... congrès - La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ... - Page 2 3236493444

Non, là vraiment Esterhazy, après la lettre de Fersen, aurait dû laisser sa place à Bombelles, assurer l'impératrice de lui accorder pleine confiance comme elle l'accorde à lui-même et courir rejoindre Fersen afin d'y recevoir les ordres secrets de Marie-Antoinette !!!

Et en plus, en face, nous avons Bombelles !!! Ce n'est pas vraiment l'ambitieux de service mais plutôt un serviteur tout ce qu'il y a de plus dévoué !

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Message par Mme de Sabran Dim 24 Sep 2017, 17:25

Marie-Antoinette avait terminé sa lettre à Catherine par ces mots : « Si Votre Majesté a quelque chose a nous communiquer, que cela ne soit que par M. le baron de Breteuil, qui a toute notre confiance, et il est bien essentiel pour nous que Ie secret soit absolu pour tout autre. »
Il n'y avait dans la confidence que Breteuil, Fersen, Vioménil et Bombelles.

Catherine s'empressa d'en faire part au prince de Nassau et au comte de Romantzow par l'entremise du ministre Ostermann. Esterhazy s'était montré discret  mais Marie-Antoinette resta persuadée qu'il avait été le révélateur du voyage de Bombelles et en conçut  une profonde irritation.
Catherine prit connaissance des notes de Bombelles et elle annota la première de façon significative :
Dans tout ce mémoire , je ne vois que la haine de Breteuil contre Calonne. Quand la Reine, dans sa lettre, répète que les princes ne doivent se trouver qu'en arrière, je vois bien de quoi il s'agit; mais en même temps je vois aussi que l'arrière d'un très grand parti, composé des vrais catholiques romains, des princes, de la noblesse, des parlementaires, de quantité de militaires de tout grade, n'est pas le moyen de faire aller la bonne cause en avant. Il faudrait envoyer au diable les conseillers tels que le baron de B..., qui donne d'aussi mauvais conseils, et Cal... aussi, parce que, à la lettre, c'est un éventé. »   (  un éventé  Eventaille  )

Dans ces conjectures, avec le parti pris d'avance de trouver tout mal ce qui ne viendrait pas directement des princes, sans Calonne, quelle suite allait donner Catherine aux propositions de Bombelles au sujet d'un congrès armé de toutes les puissances, dont la Russie prendrait l'initiative?
On le devine. congrès - La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ... - Page 2 1123740815

Par égard pour le Roi et sur les instances d'Ostermann, l'Impératrice accorda une audience à Bombelles. Encore cette audience fut-elle plusieurs fois ajournée et, avant même d'être mis en présence de la Souveraine, Bombelles avait pu se convaincre qu'on aurait préféré qu'il ne vînt pas. A la Cour, on pensait que sa présence était parfaitement inutile ; que, pour présenter la lettre à l'Impératrice, Esterhazy était le seul mandataire indiqué, qu'à défaut de lui, « un simple courrier aurait suffi  ».
En fait Catherine s'était fait longuement prier pour recevoir Bombelles ; elle l'accueillit avec hauteur et sécheresse. Si elle écouta l'envoyé du Roi, si elle consentit à admettre le principe d'un Congrès, promettant de correspondre à ce sujet avec les puissances européennes, elle se montra sérieusement récalcitrante quand Bombelles voulut obtenir un engagement formel. En vain le marquis mettait-il sous ses yeux la copie des pouvoirs délivrés par Louis XVI à Breteuil ; elle pouvait répondre : « Les princes en ont de pareils »  et s'entêtait, dans ses entretiens, à traiter sur le pied
d'une égalité parfaite Louis XVI et ses frères .

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Message par Invité Dim 24 Sep 2017, 17:39

Quelle s... cette Catherine ! congrès - La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ... - Page 2 3219758395
Désolée c'est trop !

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Message par Mme de Sabran Dim 24 Sep 2017, 23:09

Une fin de non recevoir déguisée, un accueil froid et dédaigneux pour l'envoyé du Roi, tandis qu'elle réservait ses grâces à l'ambassadeur des princes, étaient les résultats de la rancune de l'Impératrice contre Breteuil.  Mais prévenir Romantzow, c'était donner avis aux princes des négociations cachées, et l'on peut supposer si Monsieur et le comte d'Artois en conçurent d'amers griefs de plus contre le Roi et leur belle-sœur.
La nouvelle arrivait à Coblentz au moment où Breteuil ébauchait, avec l'aide du maréchal de Castries, une tentative de rapprochement avec la Cour des Princes. Les relations étaient déjà aigres-douces ; la duplicité de la politique du Roi et de Breteuil allait faire naître des querelles sérieuses. La révélation inattendue exaspéra le conseil des princes et, tandis que Calonne préparait un mémoire pour l'Impératrice où étaient exposés toute l'affaire et les griefs de la Cour de Coblentz contre Bombelles, les princes ne se gênaient pas pour se plaindre haut de la façon cauteleuse dont cette négociation avait été menée au mépris de la promesse de « relations franches », et au moment où eux-mêmes avaient engagé des pourparlers dont le résultat pouvait se trouver compromis par la mission Bombelles.

( lettre du baron de Breteuil au maréchal de Castries, 20 janvier. — Coblentz, Pièces justificatives.  )

Le comte d'Artois poussait un cri de colère contre Breteuil : « L'existence de ce maudit homme est par trop funeste et nuisible ! » Puis il écrivait à l'Impératrice après avoir pris le temps de la réflexion  : « L'imprudence de M. le baron de Breteuil compromet en cette occasion les jours du Roi et de la Reine. Cette considération est celle qui nous touche le plus. »
La reconnaissance des princes les empêche de conserver un moment d'inquiétude sur les manœuvres de leurs ennemis auprès de l'Impératrice, mais ils la supplient de « consoler par un redoublement de bonté le comte Esterhazy, qui n'a pu qu'être infiniment sensible à cet événement . Si Votre Majesté retirait ses bontés au comte Esterhazy, s'il quittait Saint-Pétersbourg, l'objet de la mission du marquis de Bombelles ne serait plus équivoque, et les jours de nos infortunés parents seraient plus exposés que jamais; au lieu que tant qu'on pourra ne considérer le marquis de Bombelles que comme un voyageur attiré par le désir bien légitime d'admirer de près les grandes qualités de Catherine II, leur danger ne sera pas si grand. Nous devons même dire à Votre Majesté que nous avons pris le parti de nier absolument sa mission et que nous avons recommandé au comte Esterhazy d'en agir de même : nous aimons mieux paraître trompés que d'exposer, en avouant la vérité, des jours que nous voudrions défendre au prix de notre sang . "

Euh ...   Hop!  Là, j'ai un peu envie de chanter  :   " Paroles, paroles, paroles ... "  congrès - La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ... - Page 2 Tylych15


Mais pas le comte de Fleury   congrès - La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ... - Page 2 4099329125  , puisqu'il poursuit :

" Le 4. le comte d'Artois avait écrit à Madame Elisabeth pour exprimer sa juste douleur de voir employer M. de Bombelles à son insu et pour rappeler les griefs qu'il gardait au marquis depuis les incidents de Florence, racontés à sa façon.
Nous n'avons pas à approfondir si « les jours de leurs parents » prenaient plus de place dans la pensée des princes que leurs propres destinées politiques. On devra constater seulement que leur mécontentement ayant une cause légitime, ils avaient peut-être plus de droit qu'en d'autres occasions de le manifester .  "

(  Yi'ir supra. — E. Daudet, Coblentz, pièces justificatives.  )

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Message par Invité Dim 24 Sep 2017, 23:49

Je savais que les menées du cabinet de Coblence avait été plus que néfaste à Louis XVI et Marie-Antoinette, mais à ce point, ce n'est pas possible. Et ils osent porter leur main sur le cœur déclarant qu'ils font cela pour les sauver !!!

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Message par La nuit, la neige Lun 25 Sep 2017, 10:07

Mme de Sabran a écrit:En somme, débrouillez-vous tout seuls, j'ai d'autres chats à fouetter .
On ne peut guère le lui reprocher. Reconnaissons que c'est un bazar sans nom, à ne plus rien y comprendre, et qu'elle se préoccupe avant tout des intérêts de son empire : l'affaiblissement de la France favorise cette réorganisation générale de l'Europe dont elle compte bien tirer parti.
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Message par Mme de Sabran Lun 25 Sep 2017, 11:21

La nuit, la neige a écrit:
On ne peut guère le lui reprocher.

Ben voyons ! congrès - La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ... - Page 2 1123740815 La raison d'Etat primait bien-sûr toute autre considération .

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Message par Mme de Sabran Lun 25 Sep 2017, 11:40

Monsieur, le 20 février, écrivait longuement à la Reine. Il disait « la douleur ressentie » en apprenant la mission de Bombelles au moment même où le baron de Vioménil venait de tenir à Coblentz un langage si différent. Il épinglait la lettre de Fersen à Esterhazy, — lettre où le confident de Marie- Antoinette engageait l'ambassadeur des princes à revenir promptement à Tournay, « lui faisant entendre que cela serait personnellement agréable à la Reine ».
Dans ces conditions, pouvait-on considérer le marquis de Bombelles comme un simple voyageur, hypothèse qui sourirait aux princes, mais qu'il était difficile à admettre après le conseil donné à Esterhazy ? Si celui-ci quittait Saint-Pétersbourg, qui y suivrait les intérets « dont les princes sont seuls dépositaires publics, ostensibles et autorisés par la nature même des choses? Bombelles ou Genêt, ou tel autre envoyé de l'Assemblée nationale sous le nom du Roi ? »
( Cela devient un peu compliqué pour moi ...   scratch  )

Pendant ce temps, les biens des émigrés avaient été confisqués par décret du 9 février. Les préparatifs de guerre se font des deux côtés, mais, comme l'écrit le marquis de Raigecourt, « nous craignons que l'amour de l'Empereur pour la paix  et l'impossibilité de l'Assemblée de soutenir une guerre sérieuse, n'amène quelque fâcheux accommodement, et nous redoutons toujours les deux Chambres ."

De son côté, l'Impératrice ne reconnaît que les mandataires des princes, eux-mêmes représentant directement le Roi ; c'est à Coblentz, « auprès des seuls organes légitimes du Roi de France retenu en captivité par ses sujets rebelles ».  La conclusion, on la pressent depuis le commencement de la lettre : que le baron de Breteuil reçoive l'ordre d'abandonner son système et de tout dire au maréchal de Castries, comme celui-ci lui dira tout de la part des princes  ...

Moins irrité que les princes, mais non moins surpris, le maréchal, de son côté, se plaignit à Breteuil du manque de confiance dont celui-ci venait de faire preuve au moment même où il invoquait la nécessité d'un bon accord entre le Roi et ses frères. Il pouvait d'autant mieux récriminer qu'il avait reconnu que « Calonne était un danger, que son influence sur le comte d'Artois était désastreuse et qu'il fallait sinon le supprimer, ce qui eut été bien difficile, du moins l'annihiler ».
Le maréchal fit plus, il envoya son fils, le duc de Castries, à Bruxelles, pour remettre sa lettre à Breteuil et lui demander des explications verbales.
Breteuil répondit avec hauteur, se retranchant derrière les ordres formels du Roi et de la Reine, insistant sur ce que Bombelles avait été envoyé à Saint-Pétersbourg pour terminer des négociations que depuis dix-huit mois ils n'avaient pu faire aboutir. Sur le fond même de la mission diplomatique, il gardait un silence absolu, répétant que « la suprématie royale exigeait qu'avant de l'interroger, on lui fît part des vues, des plans et qu'on promît surtout de ne pas s'opposer au Congrès ». « La confiance du Roi en M. de Breteuil, écrivait le duc de Castries à son père, ajoute à sa disposition naturelle pour la bouffissure et l'importance. Je ne l'ai pas trouvé tel pour mon père et pour moi. Mais, vis-à-vis des princes, il est premier ministre et plein de la suprématie royale. »

Battu du côté de Breteuil, le maréchal de Castries tenta un effort auprès de Fersen. De celui-ci, dont il juge si amèrement « le caractère en arrière et la pédanterie de sa discrétion », il ne devait obtenir aucune confidence.
La dernière ressource du maréchal fut d'écrire directement à Louis XVI en lui exposant l'inconvénient d'entretenir des agents secrets à Saint-Pétersbourg et à Berlin  .

Fichtre, quel sac de noeuds !!!    congrès - La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ... - Page 2 3177668066

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Message par Mme de Sabran Lun 25 Sep 2017, 14:49

Les choses restèrent donc en état. congrès - La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ... - Page 2 1123740815 La Cour de Coblentz continua à fulminer contre Breteuil, la Cour de Russie navigua en se jouant entre les différents ambassadeurs sans donner de solution définitive aux desiderata exprimés. Les deux plénipotentiaires restent en présence : l'un Esterhazy, ouvertement patronné par Stedingk, ambassadeur de Suède, et sympathique à l'Impératrice, l'autre, Bombelles, que Catherine supporte avec impatience — bien qu'un jour, au cours d'une entrevue, elle se soit laissée aller à pleurer au récit des infortunes de Louis XVI  ; tous deux en face de Genêt, qui ruse entre eux, les espionne, achète leurs lettres à la poste ( Shocked ), informe Lessart que Breteuil a les pouvoirs du Roi et des fonds à sa dispositions.
Pour le bien commun, Bombelles et Ësterhazy se sont fait des concessions sollicitées par le prince de Nassau qui vient d'arriver et auquel Ësterhazy a présenté Bombelles, mais l'entente est-elle durable avec Fersen qui conjure Simolin de faire rentrer l'Impératrice dans le chemin de ses vrais intérêts, et de la tenir en défiance contre les princes  ?

Léopold, frère de Marie-Antoinette, se prêtait peu au projet des princes, et sa mort fut saluée avec une joie assez peu discrète, le 1er mars 1792.

Gustave III, blessé mortellement, le 10 mars, par le pistolet d'Ankarstrom, succombait à sa blessure le 29 mars. Il était le plus ferme soutien de la famille royale et des émigrés, et sa mort fut cruellement sentie par ces derniers, tandis qu'elle arrachait des cris de triomphe aux feuilles révolutionnaires.
Voir sa Correspondance avec Fersen  ( baron de Klinckowstrôm )  et l'excellent ouvrage de M. Geoffroy : Gustave III et la Cour de France.  

Ces deux événements devaient forcément modifier les intentions de Catherine et lui permettre d'exécuter ses plans à l'égard de la Pologne.
Ceci la préoccupait autrement que les querelles de Calonne et de Breteuil.

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Message par La nuit, la neige Lun 25 Sep 2017, 16:07

Mme de Sabran a écrit:
Fichtre, quel sac de noeuds !!!    congrès - La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ... - Page 2 3177668066

Oui, vraiment, c'est à ne plus rien y comprendre. elephant

Et l'on conçoit que les souverains et diplomates européens aient été perdus et/ou à la fois soucieux de ménager "la chèvre et le chou" en attendant que les "choses" se fixent une bonne fois pour toute et que les uns et les autres prennent concrètement position, et que tombent les masques.
La guerre, qui pointe à l'horizon, était supposée régler tout ça : en interne et sur le plan européen.
Nous savons que ce ne sera pas le cas : la défaite de la France (si prétendument prédictible pour les uns et les autres) n'aura pas lieu.

A cette déjà bien trop longue liste d'intermédiaires et autres porte-paroles, il faut aussi ajouter ce M. de Simolin déjà évoqué ici ou là. congrès - La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ... - Page 2 3236493444 Laughing

congrès - La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ... - Page 2 Simoli10
Portrait du baron Ivan Matveevich Simolin
http://www.museum.ru/museum/1812/English/Persons/Diplomat/simolin.html

Marie-Antoinette fait vraiment feu de tout bois pour se faire entendre des uns et des autres ! congrès - La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ... - Page 2 3177668066

Le 1er Février 1792, à Léopold II

Il y a bien longtemps, mon cher frère, que j'ai désiré trouver quelqu'un qui pût vous mettre au fait de nos véritables sentiments et de la position exacte de ce pays-ci.
Tout Français vous aurait paru suspect d'exagération d'un côté ou de l'autre. (C'est maladroit Neutral )
M. de Simolin, à qui sa souveraine vient d'accorder un congé, veut bien se charger de vous parler de notre part.
Vous pouvez y prendre entière confiance. Il a vu et suivi la Révolution depuis le commencement et dans tous ses détails. La sagesse de son esprit, la manière franche et loyale avec laquelle il a accepté la proposition que nous lui avons faite de vous aller trouver, la confiance dont l'impératrice l'honore, enfin l'intérêt que cette souveraine nous témoigne, tout doit nous donner entière confiance en ce qu'il vous dira de notre part.
Je n'entre dans aucun détail, parce qu'il veut bien se charger de tout.
(...)


A Kaunitz, ce même jour :

Croyez, Monsieur, à tout ce que le porteur de ce billet vous dira. Il voit juste et connaît bien notre position.
Je suis charmée d'avoir une occasion d'assurer le respectable et bon serviteur de Marie-Thérèse que, quelque chose qui arrive, sa fille cherchera toujours à être digne d'une pareille mère, et de l'estime de son ministre et ami.

La pauvre, si elle savait combien il s'en fiche... congrès - La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ... - Page 2 3236493444

Et enfin à l'impératrice de Russie, toujours ce 1er février 1792 :

Madame ma soeur. L'intérêt dont V.M veut bien nous faire donner l'assurance est une grande consolation dans nos peines.
Comme nous souhaitons que rien dans notre conduite ne lui soit caché, nous avons désiré que M. de Simolin, son ministre, voulût bien se charger pour nous d'une affaire très délicate et qui exige autant de prudence que de secret.

Nous ne nous pouvons nous défendre de croire que l'empereur a été induit en erreur par des informations fausses, tant à l'égard de nos sentiments personnels qu'à l'égard du véritable état de nos affaires d'ici. Nous souhaitons qu'il soit désabusé.
La manière prompte et franche dont M. de Simolin a accepté cette proposition fr notre part nous a bien fait connaître en lui un fidèle serviteur de V.M, et en quelles mains pourrions-nous remettre plus sûrement nos intérêts les plus chers que dans les vôtres, Madame, et dans celles d'un de vos ministres qui, avec toute la prudence et la sagesse de son esprit, a tout vu et a pu former, depuis le commencement de la Révolution, un jugement impartial sur tous ses détails, et qui nous a montré personnellement, dans toutes les occasions, intérêt et attachement ?

Le roi et moi désirons donc, Madame, que vous approuviez notre idée, si le bien de votre service actuel admet cette course, et que V.M veuille bien aussi voir dans cette démarche de notre part une preuve de l'entière confiance que nous avons en elle.
V.M a toujours excité notre admiration ; aujourd'hui nous lui sommes attachés par des liens plus étroits et plus doux, ceux de l'amitié et de la reconnaissance.

Ayant eu l'occasion de voir M. de Simolin seule chez moi, j'ai cru devoir l'instruire que j'ai déjà écrit une fois à V.M.
J'espère qu'elle ne désapprouvera pas cette confidence de ma part.
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Message par Mme de Sabran Lun 25 Sep 2017, 16:14

La nuit, la neige a écrit:
La pauvre, si elle savait combien il s'en fiche... congrès - La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ... - Page 2 3236493444


Elle a encore bien des illusions sur la nature humaine ... congrès - La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ... - Page 2 1123740815
Je te remercie pour tous ces extraits de correspondances dont tu enrichis ce sujet . Very Happy

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Message par Mme de Sabran Lun 25 Sep 2017, 16:27

Et que devient notre Bombelles, bon comme le pain et pas rancunier pour deux sous ?   congrès - La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ... - Page 2 1123740815
Vois plutôt :

Bombelles croit être à plus d'à moitié de son séjour à Pétersbourg; il oublie les difficultés du commencement. « Je ne regretterai jamais d'y être venu, je dirai à mes petits enfants : j'ai vu Catherine, et j'aurai connu un pays qui, sans elle, eût perdu tout le fruit des travaux de Pierre I er , qui, par elle, s'est élevé au plus haut degré de splendeur. — Pendant ce temps, Esterhazy souligne que Bombelles fut « moins bien traité que ne l'étaient les étrangers considérables qui venaient en Russie ».

L'Empereur Léopold était mort le 1 er mars. Son fils, François II, alors seulement roi de Hongrie, donnait des ordres actifs pour des rassemblements de troupes à la frontière.  Il venait d'envoyer un Mémoire aux puissances ennemies de la Révolution française pour les coaliser contre la France. L'ambassadeur de Hongrie et le ministre de Prusse « se donnaient bien du mouvement pour que les secours de la Russie ne fussent qu'en argent ».
( Papiers Fersen )

Catherine II devait se tirer habilement de la situation provoquée par le Mémoire de François II, lequel était appuyé par un appel envoyé de Berlin. L'alliance de 1781, qui unissait la Russie à l'Autriche, avait été prolongée pour huit ans en 1789. Attaquée par la France, l'Autriche avait le droit de réclamer l'appui de la Russie. Ne récusant nullement les devoirs qu'imposait l'alliance, Catherine prit les devants et, pour répondre, employa une forme diplomatique où l'ironie se mêlait à une apparente grandeur d'âme:  
« Il est beau, mandait l'Impératrice au roi de Hongrie, d'ouvrir une carrière par une entreprise dont l'objet est de préserver toute l'Europe de la contagion d'un exemple à la fois funeste et scandaleux. Je suis tout acquise à ce noble dessein. »

Mais voici la question qui, pour Catherine, primait toutes les autres et qui devait arrêter les observations de l'Autriche : « ... Si ce qui est arrivé dans un pays situé à une grande distance de mes Etats a excité mon attention à ce degré, à quel point je ne la dois pas à ce qui se passe dans mon voisinage le plus immédiat !... La « subversion » qu'a portée dans la république de Pologne, la Constitution du 3 mai, y produira des désordres analogues à ceux de la France. Il n'est que temps d'aviser à sévir contre un mal qui fait des progrès si rapides dans toutes les contrées... Je m'y emploierai, et j'aurais de ce chef le droit de requérir de l'Autriche contre les Polonais le secours stipulé dans notre alliance ; mais je reconnais qu'au milieu des difficultés où elle est engagée, l'Autriche n'y pourrait point aisément pourvoir, et, par égard pour ses embarras, je consens à n'en rien réclamer... D'ailleurs l'alliance de 1781 est formelle et générale ; pas besoin d'en conclure une nouvelle à l'occasion de la France' ».

( Plus faux-derche, tu meurs !    congrès - La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ... - Page 2 3177668066  Passe-moi la vulgarité )

A si habile discours, que pouvait répondre l'Autriche? Se tenir coi pour la Pologne et attendre que les libéralités d'argent et les promesses d'envois de troupes faites aux émigrés reçussent une sanction effective.
Les princes français, Bombelles, Esterhazy, Fersen se leurraient d'illusions.

On parlait de dix-huit mille Russes qui s'apprêtaient à marcher sur le Rhin, des Suisses que l'Impératrice comptait prendre à sa solde  . Cela ne peut être « que dans six semaines, écrit Fersen le 20 juin, car elle compte vers ce temps avoir terminé les affaires de Pologne. »

C'était là la pierre d'achoppement et l'envoi de troupes demeurait à l'état conditionnel. Les hostilités étaient commencées depuis le 28 avril, Biron avait été battu, Dillon massacré par la populace de Lille  ( ah bon ?!!    Shocked  ), la Fayette était en retraite; les Autrichiens livrés à leurs propres forces, attendaient les renforts prussiens et les contingents russes ne devaient pas profiter des tristes défaillances de l'armée française.

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Message par Mme de Sabran Lun 25 Sep 2017, 17:14

Catherine promettait toujours et n'envoyait rien. Se jouant des uns et des autres, elle s'occupait bien plus des Jacobins de Pologne que des Jacobins de France , mais ne manquait pas d'informer Grimm de ses impressions.
Vers la fin de la peu profitable ambassade de Bombelles, elle mande à son correspondant :
« Je ne me soucie point du tout de l'intrigant et petit méchant Bombelles , ci-devant ambassadeur du Roi de France, présentement employé du baron de Breteuil, lequel a été avoué et désavoué par le Roi très chrétien, tout comme plusieurs autres pâtissiers d'intrigues, de façon que Sa Majesté et la Reine son épouse sont parfaitement discrédités par l'emploi de ces doubles, triples et quadruples employés de leur vouloir ou non vouloir...
Il n'y a pas bien longtemps encore qu'on m'a fait parvenir que le Roi de France aimerait mieux se jeter dans les bras des Jacobins que de se trouver dans ceux de ses frères ; après cela, que dire et de quoi s'étonner si tout est sens dessus dessous.
»

Le raisonnement de l'Impératrice ne manque pas ici de vérité. Où, au contraire, il peut paraître étrange, c'est quand elle ajoute, persuadée que les princes ont encore en les mains puissance et popularité : « On ne veut pas que le parti des princes lève la tête ; on craint ce parti si fort qu'on ne veut pas que leurs forces restent ensemble ; on les sépare par petits corps. Oui-da, laissez entrer en France ; il y a toute apparence que pour peu que ces princes soient dignes du sang qui coule dans leurs veines, ils feront très bien tout seul leur besogne.
Les Autrichiens ne feront pas grand'chose, les Prussiens se fatigueront, s'épuiseront, et les princes resteront en France forts de leur cause avec un parti qui prendra le dessus, pour peu qu'on se conduise comme il faut... »

A la fin de cette lettre humoristique  ( Qui fait-elle rire, cette lettre ?  Suspect  ) , la perspicacité de Catherine se trouve en défaut. C'est sans doute parce qu'elle croit l'armée des princes capable de vaincre et la victoire trop facile, qu'elle se dispense de tenir ses promesses et fait des jeux de mots sur les ambassadeurs.
Esterhazy « qu'elle traitait sans cérémonie » , Esterhazy, jusqu'au bout, avait gardé accès près d'elle.
Bombelles, malgré le luxe éphémère dont il a cru devoir s'entourer, n'a jamais été considéré que comme un voyageur de haute marque et non un ambassadeur. Il a fallu la finesse d'Esterhazy, l'influence directe du prince de Nassau et l'appui indirect de Fersen pour rendre supportables à
Bombelles ces quelques mois d'épreuves.

Lettre de Catherine à Grimm, 17 août 1792.


A la fin d'août, Bombelles comprend que sa mission est terminée et qu'il n'obtiendra rien de plus que des promesses d'argent. Ce à quoi consentira Catherine plus tard après la défaite de Brunswick à Valmy  , après la visite du comte d'Artois à Saint-Pétersbourg, ce ne sera jamais que des secours pécuniaires ; elle n'enverra pas les hommes qu'on lui demande.
Elle dira bien : « Nous ne devons pas abandonner, comme victime à des barbares, un roi malheureux », et : « l'affaiblissement du pouvoir monarchique en France expose au danger toutes les autres monarchies », et encore : « Il est temps d'agir et de prendre les armes pour effrayer ces enragés... Le respect du rang convie, la religion ordonne, l'humanité appelle, et, avec elle, les droits précieux et sacrés de l'Europe l'exigent »... mais ce ne sont là que de belles paroles, et son intervention se bornera à des conseils et aux quelques centaines de mille francs qu'elle a à ajouter aux premiers dons.
Son ardeur, ses forces et. son trésor sont réservés à la Pologne dont elle prépare les derniers partages  .

« Je soutiens, écrivait-elle à Grimm, le 20 mai, qu'il ne faut s'emparer que de deux ou trois bicoques en France et que tout le reste tombera de soi-même... Vingt mille cosaques seraient beaucoup trop pour faire un tapis vert depuis Strasbourg jusqu'à Paris : deux mille cosaques et six mille Croates suffiraient. »

Même après la reculade de Valmy et la « cacade » qui s'en suivit; elle n'est pas déconcertée et ne change pas de système. Les deux mille cosaques avec beaucoup d'autres vont combattre la jacobinière de Pologne et non celle de France.

Un jour viendra même où elle se reprochera d'avoir fourni inutilement tant de subsides aux émigrés.
Le 5 septembre 1796, trois mois avant sa mort, elle écrira à Grimm :
« Ils ont eu des fonds énormes. Qu'en ont-ils fait ? Ils ont vécu grandement, largement et ont tout mangé et n'ont fait que de l'eau claire. Au premier moment, ils ont eu 8 millions ; moi seule, je leur ai fait tenir au-delà d'un million et demi de roubles la première année. »

La confusion où la Révolution française jetait l'Europe devait permettre à Catherine II d'exécuter ses plans à l'égard de la malheureuse Pologne-

Cf. les ouvrages de Sybel et de
M. A. Sorel, déjà cités, et L'histoire diplomatique de la Révolution française, par le baron de Bourgoing.

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Message par Invité Lun 25 Sep 2017, 17:15

La nuit, la neige a écrit:
Mme de Sabran a écrit:En somme, débrouillez-vous tout seuls, j'ai d'autres chats à fouetter .
On ne peut guère le lui reprocher. Reconnaissons que c'est un bazar sans nom, à ne plus rien y comprendre, et qu'elle se préoccupe avant tout des intérêts de son empire : l'affaiblissement de la France favorise cette réorganisation générale de l'Europe dont elle compte bien tirer parti.

Certes, ce ne sont pas les scrupules qui l'étouffent... Elle aurait pu au moins prendre en considération la solidarité monarchique. Pas seulement ses intérêts et ceux de ses amis français pleurant leurs privilèges perdus.

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Message par Invité Lun 25 Sep 2017, 17:36

Le problème est pourtant simple et Catherine fait tout simplement preuve de mauvaise foi. Je la crois capable de tout mais certainement pas idiote.

Le roi envoie deux ambassadeurs : celui qui lui est imposé par le régime en place, à savoir Genêt qu'il est bien obligé de soutenir officiellement.
De l'autre, il envoie Bombelles par l'intermédiaire de Breteuil, premier ministre officieux, disposant de plein-pouvoirs du roi et de la reine. Il en est bouffi d'orgueil ? Et alors ? Il est celui choisi par le roi et rien d'autre ne compte. N'importe quel prince du sang, même frère du roi, doit s'y soumettre. L'Histoire ne manque pas d'exemples de princes refusant de s'y plier mais qui n'ont pas eu le choix au final.
Louis XVI est bien obligé officiellement de désavouer Breteuil pour couper court aux rumeurs. Pas le choix vis-à-vis de la situation en France.
Ce n'est pas pire si l'on regarde bien que le Secret de Louis XV. Qui lui ne risquait pas sa peau si on s'était aperçu d'une politique contradictoire à la ligne du gouvernement. Catherine est gonflée de faire mine de ne pas comprendre une telle politique secrète, qui pour ce coup s'explique sans problème.Que Louis XV craigne Choiseul est problématique. Que Louis XVI craigne les jacobins, rien de plus normal.

Là où il y a problème c'est d'oser constituer un cabinet hors contrôle du roi ou de Breteuil. Et que ses émissaires soient reçus en grande pompe par les souverains étrangers.
C'est soutenir la rébellion. Pas révolutionnaire, mais pire car réactionnaire.


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Message par Invité Lun 25 Sep 2017, 18:26

À bien regarder, on se demande ce qui a été le plus néfaste pour Louis XVI et Marie-Antoinette : les jacobins qui au final avaient un objectif bien défini, à savoir mettre en place la république et jouaient franc-jeu ou le cabinet de Coblence ? Car leurs déclarations de tout faire pour aider leur famille restée en France sont bien hypocrites. Sinon, ils se seraient soumis à Breteuil et on n'en parle plus. Non, eux soutenaient tout simplement la monarchie absolue, avec leurs privilèges de caste, bien heureux de se débarrasser d'un roi trop ouvert à leurs yeux aux idées nouvelles.
Quant aux souverains, telle que Catherine II, pas besoin de chercher loin : Louis XVI a montré trop souvent qu'il ne cèderait pas aux désirs expansionnistes de ses voisins. Trop moral, trop conciliant avec les idées progressistes, bien plus avancées chez lui que celles des despotes "éclairés".

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Message par La nuit, la neige Lun 25 Sep 2017, 19:47

Mme de Sabran a écrit:
Cf. les ouvrages de Sybel et de M. A. Sorel, déjà cités, et L'histoire diplomatique de la Révolution française, par le baron de Bourgoing.

Eh bien, je crois qu'ils ont bien fait le tour de la question russe, en tous cas.  
Merci d'avoir pris le temps de nous recopier ces quelques extraits.  Smile

Et aussi lorsque Catherine écrit à Grimm ce mot, tout est dit, ou presque :

« Je ne me soucie point du tout de l'intrigant et petit méchant Bombelles, ci-devant ambassadeur du Roi de France, présentement employé du baron de Breteuil, lequel a été avoué et désavoué par le Roi très chrétien, tout comme plusieurs autres pâtissiers d'intrigues, de façon que Sa Majesté et la Reine son épouse sont parfaitement discrédités par l'emploi de ces doubles, triples et quadruples employés de leur vouloir ou non vouloir...
Il n'y a pas bien longtemps encore qu'on m'a fait parvenir que le Roi de France aimerait mieux se jeter dans les bras des Jacobins que de se trouver dans ceux de ses frères ; après cela, que dire et de quoi s'étonner si tout est sens dessus dessous.
»

Déjà Louis XV lui avait mis de très nombreux batons dans les roues, à plusieurs reprises.
Encore avant la Révolution, Versailles continue de l'embarrasser avec les affaires polonaises et turques (la France est alors l'alliée de La Sublime Porte).
Dès que la Bastille tombe et que le roi de France porte la cocarde "révolutionnaire" à son chapeau, elle a compris que c'est cuit aux patates, comme on dit ; et elle considère, déjà, que Louis XVI n'est pas l'homme de la situation.
Elle oscille entre pitié et indignation, et le "pompon" sera, je l'ai déjà écrit, l'acceptation de Louis XVI a la nouvelle constitution.

En gros : combattre les idées révolutionnaires, oui (ce qu'elle fera notamment en Pologne ou sa participation, même lointaine, à la "cause des rois" coalisés), sauver Louis XVI, bof, c'est trop tard.

Et surtout donc, c'est clair qu'elle considère que ses priorités sont la Pologne (lorgnée aussi par la Prusse et l'Autriche), et l'empire Turque avec qui elle est toujours et encore en conflit.  
Elle ne peut pas être partout  ; et n'a pas les moyens financiers de tout soutenir.
Du reste, lorsque les alliés viendront se plaindre qu'une guerre contre la France coûte cher, elle le répondra qu'ils pourront bien se rembourser, plus tard, avec le partage de quelques colonies françaises dont, elle, n'a que faire.  congrès - La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ... - Page 2 3236493444

Certes, elle se plante cependant lorsqu'elle imagine qu'une guerre éclair, et bien menée, ramènera une monarchie de droit divin en France.

Et j'avais déjà noté ce mot à Grimm, prémonitoire, qu'elle lui écrit en 1794 :

"La France pourra renaître, plus forte que jamais, si surgit l'homme providentiel, adroit et courageux, capable de devancer son peuple et peut-être son siècle".
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Message par Mme de Sabran Lun 25 Sep 2017, 20:26

La nuit, la neige a écrit: c'est cuit aux patates, comme on dit

Ou bien " les carottes sont cuites ".    Eventaille
 Enfin  bref, les disparitions de Gustave et Léopold ont  " soulagé " Catherine : elle avait désormais les coudées franches pour s'occuper de la Pologne  ( son idée fixe ) .


La nuit, la neige a écrit:
"La France pourra renaître, plus forte que jamais, si surgit l'homme providentiel, adroit et courageux, capable de devancer son peuple et peut-être son siècle".

Tu penses à kiki ?  congrès - La déclaration de Pillnitz et le projet de Congrès armé ... - Page 2 1123740815

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Message par Mme de Sabran Ven 26 Juin 2020, 08:56


Voici un extrait d'une lettre de la reine à Mercy. Il illustre le bon sens politique qu'avait Marie-Antoinette parfois.
Elle écrit, le 12 septembre 1791 :

... on dit ici que dans l'accord signé à Pillnitz, les deux puissances s'engagent à ne jamais souffrir que la nouvelle constitution française s'établisse. Il y a sûrement des points ( comme dit bien le mémoire que voici ) auxquels les puissances ont droit de s'opposer : mais pour ce qui regarde les lois intérieures d'un pays, chacun est maître d'adopter dans le sien ce qui lui convient. Ils auraient donc tort de l'exiger, et tout le monde reconnaîtrait l'intrigue des émigrants, ce qui ferait perdre tous les droits de leur bonne cause . ( ... ) je ne vois que malheurs dans le peu d'énergie des uns et dans la mauvaise volonté des autres . Mon Dieu, est-il possible que née avec du caractère et sentant si bien le sang qui coule dans mes veines, je sois destinée à passer mes jours dans un tel siècle et avec de tels hommes ? Non, pour moi, pour mon enfant, je me soutiendrai et je remplirai ma longue et pénible carrière ...

( Catriona Seth, Marie-Antoinette, Lettres inédites )

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