Antoine de Rivarol, pamphlétaire royaliste
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Antoine de Rivarol, pamphlétaire royaliste
Antoine Rivaroli, dit Rivarol, né le 23 juin 1753 à Bagnols-sur-Cèze et mort le 11 avril 1801 à Berlin, est un écrivain, journaliste, essayiste et pamphlétaire royaliste français.
Il se faisait lui-même appeler comte Antoine de Rivarol et prétendait appartenir à une famille de la noblesse italienne. Certains affirment que son nom véritable était « Riverot ». En réalité, il était issu d'une famille piémontaise et son grand-père portait le nom de « Rivaroli », que son père francisa en « Rivarol » en s'installant en France.
Il utilisa, non sans humour, plusieurs autres pseudonymes : « Auteur du Petit dictionnaire », « Comte de Barruel », « Un Citoyen actif ci-devant rien », « Chevalier de Kermol », « R.V.R.L. », « Salomon ».
Antoine Rivarol était d'origine modeste. Son père tenait auberge à Bagnols-sur-Cèze à l'enseigne des Trois Pigeons avant de devenir commis des fermes. Il fit ses études au séminaire Sainte-Garde en Avignon, porta le petit collet grâce à la bienveillance de l'évêque d'Uzès et fut quelque temps précepteur à Lyon. Mais il ne tarda pas à renoncer à l'état ecclésiastique auquel sa famille le destinait pour choisir la carrière des lettres.
Plus avenant sur ce portrait-ci !
En 1776, il se rendit à Paris et s'anoblit en se faisant appeler le chevalier de Parcieux – sa grand-mère maternelle était en effet apparentée au mathématicien Antoine de Parcieux, dont la particule était d'ailleurs également usurpée – puis le comte de Rivarol (fausse noblesse).
Il fut présenté à Voltaire et collabora au Mercure de France. Il fréquenta les salons où son esprit brillant et polémiste faisait merveille, et lui attira très tôt de nombreux et virulents ennemis, dont le moindre ne fut pas le duc de Choiseul. Très lié avec Grimod de La Reynière dont il partageait, ainsi que le chevalier de Champcenetz, le goût pour les hommes, il vécut toujours séparé de sa femme d’origine anglaise, préférant, à la nuit venue, aller les solliciter dans l’allée d’Argenson au palais-Royal.
Les jugements de ses contemporains :
Pour Sainte-Beuve, dans ses Causeries du lundi du 27 octobre 1851, c'est :
« Une figure aimable, une tournure élégante, un port de tête assuré, soutenu d'une facilité rare d'élocution, d'une originalité fine et d'une urbanité piquante, lui valurent la faveur des salons […] Rivarol semblait ne mener qu'une vie frivole, et il était au fond sérieux et appliqué. Il se livrait à la société le jour et travaillait la nuit. Sa facilité de parole et d'improvisation ne l'empêchait pas de creuser solitairement sa pensée. Il étudiait les langues, il réfléchissait sur les principes et les instruments de nos connaissances, il visait à la gloire du style. Quand il se désignait sa place parmi les écrivains du jour, il portait son regard aux premiers rangs. Il avait de l'ambition sous un air de paresse. »
Ce n'est pas vraiment l'avis de Mademoiselle Mars (1779-1847) qui rapporte l'anecdote suivante dans ses Mémoires (t. 1/2) :
« Beaumarchais disait le soir de la première du Mariage de Figaro, le 27 avril 1784, à ce même Rivarol : — Plaignez-moi un peu, mon cher ! j'ai tant couru ce matin auprès des ministres, auprès de la police, que j'en ai les cuisses rompues !
— Quoi déjà ! repartit Rivarol, toujours méchant. » Il faisait évidemment allusion au supplice de la roue, infligé aux criminels, dont on rompait les membres. »
Ses ouvrages :
Son premier ouvrage, Lettre du président de *** à M. le comte de *** (1782), était dirigé contre le Poème des Jardins de l'abbé Delille, qui venait alors de paraître. Il détonna dans le concert de louanges qui avait accueilli ce poème, et l'auteur se fit, à cette occasion, quelques ennemis.
Son Discours sur l'universalité de la langue française fut couronné, le 3 juin 1784, par l'Académie royale des sciences et belles-lettres de Berlin et lui valut une grande célébrité. Frédéric II de Prusse fit de l'auteur un membre associé de l'Académie.
Rivarol insistait sur la qualité principale du français, la clarté, et lui prêtait les qualités qui semblaient alors appartenir à l'esprit français : « Dégagée de tous les protocoles que la bassesse invente pour la vanité et le pouvoir, elle en est plus faite pour la conversation, lien des hommes et charme de tous les âges, et puisqu'il faut le dire, elle est de toutes les langues la seule qui ait une probité attachée à son génie. Sûre, sociale, raisonnable, ce n'est plus la langue française, c'est la langue humaine. »
L'année suivante, Rivarol fit paraître sa traduction de L'Enfer de Dante, commencée cinq années plus tôt. Le goût de l'époque n'était pas prêt à accepter une traduction exacte de ce chef d'œuvre du Moyen Âge. Aussi s'agit-il davantage d'une adaptation.
En 1788, il publia, en collaboration avec le chevalier Louis de Champcenetz, de la Comédie-Française le Petit Almanach de nos grands hommes, satires sous forme d'éloges des écrivains à la mode. Ce livre suscita, de nouveau, de nombreuses inimitiés aux deux auteurs.
Marie-Joseph Chénier, qui y était malmené, y répliqua par une virulente satire, dont Rivarol se vengera sous la Révolution française en le surnommant « le frère d'Abel Chénier » (on insinuait alors volontiers que Marie-Joseph, personnage en vue de la Révolution, avait contribué à envoyer son frère André à la guillotine ). Il polémiqua également avec Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais puis avec Félicité de Genlis.
Il fit paraître, en 1788, deux Lettres à M. Necker, dans lesquelles il répondait aux ouvrages de celui-ci sur l'Importance des opinions religieuses et sur La Morale. Il y professait un épicurisme élevé, soutenant la possibilité d'une morale indépendante de toute religion.
Sous la Révolution, Rivarol s'engagea dès 1789 dans la défense de la monarchie.
Il fut l'un des principaux rédacteurs du Journal politique et national de l'abbé Antoine Sabatier de Castres. Le recueil de ses articles a été publié plus tard en recueil sous le titre de Mémoires. Il collabora également aux Actes des Apôtres et attaqua avec une ironie mordante les principes et les hommes de la Révolution française, justifiant dans une certaine mesure l'enthousiasme d'Edmund Burke qui l'appelait « le Tacite de la Révolution ».
En 1791, il conseilla à Louis XVI de « perdre » le duc d'Orléans. Le 10 juin 1792, il émigra, passant à Bruxelles, Amsterdam, La Haye, Londres, Hambourg, Berlin. De Bruxelles, il fit paraître une Lettre au duc de Brunswick et une Lettre à la noblesse française et la Vie politique et privée du général La Fayette à qui il donna le surnom de « général Morphée » ( ah, mais oui ! c'est lui ), rappelant son sommeil de plomb du 6 octobre 1789.
À Hambourg, il publia en 1797 le Discours préliminaire d'un projet de dictionnaire de la langue française.
A Berlin, il représenta le futur roi Louis XVIII.
Il publia encore le Dialogue entre M de Limon et un homme de goût et le Portrait du duc d'Orléans et de Mme de Genlis en 1793. En 1797, il réfuta l'ouvrage De l'influence des passions de Germaine de Staël.
Ses derniers jours:
Il espéra rentrer en France sous le Directoire, fut près d'y parvenir après le 18 brumaire, mais il tomba malade et mourut à Berlin le 11 avril 1801.
MERCI WIKI !
Ce qui n'est pas clair, n'est pas Français . ( Rivarol )
Il écrit, en 1791, que Louis XVI, seul souverain de 27 millions de Français, est devenu le seul sujet de 27 millions de souverains .
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Mme de Sabran- Messages : 55300
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Re: Antoine de Rivarol, pamphlétaire royaliste
Je possède ce livre sur lui dans ma bibliothèque :
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
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Re: Antoine de Rivarol, pamphlétaire royaliste
Alors, Rivarol n'a plus de secrets pour toi !
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Mme de Sabran- Messages : 55300
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Re: Antoine de Rivarol, pamphlétaire royaliste
Si, car j'étais trop paresseux pour en entamer la lecture
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Mme de Sabran- Messages : 55300
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Re: Antoine de Rivarol, pamphlétaire royaliste
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Re: Antoine de Rivarol, pamphlétaire royaliste
Allons bon !
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Mme de Sabran- Messages : 55300
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Re: Antoine de Rivarol, pamphlétaire royaliste
Sur cezig et la Révolution :
« Rivarol aimait l'ancien régime : il se croyait fait pour être la parure d'une monarchie et il voyait dans le parti contraire ceux qu'avait bafoués son Petit Almanach des grands hommes. Il collabora d'abord au Journal politique national, puis aux Actes des Apôtres.
Ses articles du Journal politique national, recueillis en volume sous le titre de Mémoires, sont remarquables. Il y raconte les événements depuis la réunion des États généraux jusqu'au retour de Louis XVI à Paris. Le récit des journées d'octobre est dramatique par sa grave et sombre simplicité, par des traits concis et saisissants : l'attente de Paris et sa « curiosité barbare », l'Assemblée « anéantie devant quelques poissardes », la stupeur de l'entourage royal et « la défection de toutes les idées grandes et petites », l'avilissement du roi traîné lentement à Paris au milieu de la populace sous les yeux de Mirabeau « abusant de son visage » et du duc d'Orléans « se réservant pour dernier outrage ». Rivarol voit dans Louis XVI un homme « toujours irrésolu, toujours malheureux dans ses irrésolutions », et il lui souhaite le courage de la reine. Non qu'il loue Marie-Antoinette sans réserve : il reconnaît qu'elle a régné sur le roi « comme une maîtresse », qu'elle a fait des dons excessifs à ses amis, affaibli l'étiquette. Mais seule, la fille de Marie-Thérèse garde « une contenance noble et ferme parmi tant d'hommes éperdus et une présence d'esprit extraordinaire quand tout n'est que vertige autour d'elle ».
Il se pique d'« impartialité », d'« austérité ». La Révolution, dit-il, ne pouvait s'éviter. Les griefs de la nation étaient à leur comble : impôts, lettres de cachet, abus de l'autorité, vexations des intendants, longueurs ruineuses de la justice. Des philosophes de génie avaient écrit pour corriger le gouvernement et les petits esprits qui les commentaient avaient mis leur oeuvre à la portée du peuple; l'imprimerie n'est-elle pas l'artillerie de la pensée? Mais de tous les griefs, le plus terrible était le préjugé de la noblesse : ceux qui n'étaient pas nobles trouvaient la noblesse insupportable et ceux qui l'achetaient, ne la détestaient pas moins, puisqu'ils n'étaient qu'anoblis et que le roi guérit ses sujets de la roture comme des écrouelles, à condition qu'il en reste des traces.
Il insiste sur la défection des troupes. Qu'étaient les gardes françaises, sinon des bourgeois armés? Ne furent-ils pas fêtés et caressés à Paris comme jadis à Rome les gardes prétoriennes? Et devait-on compter sur des soldats indignés contre les faiseurs qui remplaçaient l'honneur par le bâton, désespérés par les coups de plat de sabre et la discipline du Nord, mécontents d'un roi qui ne montait pas à cheval, manquant de tout et nourris par ceux mêmes qu'ils venaient réprimer?
Mais le grand coupable aux yeux de Rivarol, c'est la cour, c'est le ministère qui n'a fait que des sottises, c'est le conseil où il y eut un concert de bêtises. Pourquoi entourer l'Assemblée d'un appareil menaçant comme pour réduire tout le règne actuel à quinze ans de faiblesse et à un jour de force mal employée? Pourquoi n'avoir ni prévu ni compris ce que devaient être les États généraux? Pourquoi renvoyer Necker? N'était-ce pas agir aussi imprudemment que si la cour de Naples jetait à la mer l'ampoule de saint Janvier? Pourquoi le roi se mettait-il à la tête de la milice bourgeoise? Henri III, se déclarant chef de la Ligue, en était-il le maître?
L'Assemblée n'est pas moins sévèrement traitée. Qu'elle prenne garde. Le peuple ne goûte de la liberté comme des liqueurs violentes que pour s'enivrer et devenir furieux. Malheur à ceux qui remuent le fond d'une nation! Le Palais-Royal qui joint les exécutions aux motions, qui transforme ses galeries en chambres ardentes où se prononcent des sentences de mort et ses arcades en gémonies où s'étalent les têtes des proscrits, le Palais-Royal est une seconde assemblée qui l'emporte sur la première par la vivacité de ses délibérations, par la perpétuité de ses séances, par le nombre de ses membres. La Révolution est déjà toute populaire. La lie de Paris entre dans l'armée démocratique, et les constituants tremblent devant cette armée. Pour la satisfaire, ils entassent décrets sur décrets et ruines sur ruines, et dans la nuit du 4 août, cette Saint-Barthélemy des propriétés, les députés de la noblesse « frappaient à l'envi sur eux-mêmes, comme les Japonais chez qui le point d'honneur est de s'égorger en présence les uns des autres".
Les jugements de Rivarol ne sont pas toujours justes. L'esprit de parti l'entraîne, et il nomme Mme de Staël la Bacchante de la Révolution et Necker un impudent charlatan. Mais le style de ces Mémoires est énergique, vigoureux, plein de mots qui font penser.
Les conseils qu'il donnait au roi par l'entremise de La Porte témoignent d'une grande sagacité. Que le roi, dit-il, sache bien que les aristocrates restés à Paris passent leur vie autour des tapis verts, et ceux qui sont mieux chez eux que dans la rue, doivent être battus par ceux qui sont mieux dans la rue que chez eux. Il recommande de travailler le peuple, de fonder un club des ouvriers. Selon lui, il faut se conserver par la partie forte, par les maximes populaires, par le corps législatif, et non par l'appui pourri des nobles et des prêtres; que le roi ne compte pas sur ces émigrés qu'il devra « remplumer » après la victoire; qu'il ne soit pas le roi des gentilshommes; qu'il soit roi.
Lui aussi émigra. Mais dans sa Lettre à la noblesse française il donna, sous une forme oratoire et par instants trop pompeuse, les mêmes conseils de prudence et de modération. Pas de triomphe impitoyable. Pas de cruelle vengeance. On devra consolider par la sagesse le nouvel ordre des choses, et, après avoir usé de la force, user de la persuasion. On devra laisser faire le roi qui a vu le mal et le danger plus longtemps et de plus près : le roi, seul juge et médiateur, n'oubliera pas qu'il est père et que le peuple est enfant. »
Arthur Chuquet, « Chapitre XIII : La littérature sous la Révolution », dans Louis Petit de Julleville (dir.). Histoire de la langue et de la littérature française des origines à 1900. Tome VI. Dix-huitième siècle, Paris, Librairie Armand Colin, 1896-1899, p. 717-719 (domaine public)
http://agora.qc.ca/Dossiers/Antoine_de_Rivarol
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Comtesse Diane- Messages : 7398
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Re: Antoine de Rivarol, pamphlétaire royaliste
Comtesse Diane a écrit:
Rivarol voit dans Louis XVI un homme « toujours irrésolu, toujours malheureux dans ses irrésolutions », et il lui souhaite le courage de la reine. Non qu'il loue Marie-Antoinette sans réserve : il reconnaît qu'elle a régné sur le roi « comme une maîtresse », qu'elle a fait des dons excessifs à ses amis, affaibli l'étiquette.
Rivarol souhaite à Louis XVI le courage de la reine ! C'est quand même fou, ça !!!
Et c'est le ressenti d'un contemporain .
Merci, ma chère Diane, pour cet article intéressant .
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Mme de Sabran- Messages : 55300
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Antoine de Rivarol, pamphlétaire royaliste
Oui merci Diane pour ces lumières répandues sur les opinions et pensées de Rivarol à propos de Louis XVI et Marie-Antoinette.
Voici ce que Latzarus en dit dans sa biographie sur Rivarol :
"Il n'aimait pas la cour. Il n'aimait pas ce faible roi dont le premier travail, en montant sur le trône, fut avec son maître serrurier, et la première ordonnance, une ordonnance sur les lapins.
Il n'aimait pas un régime qui tenait peu de compte des valeurs intellectuelles, et ne donnait aux philosophes aucune place dans les conseils.
Il voyait les abus, connaissait les désordres, haïssait le despotisme et considérait que la France avait un gouvernement indigne d'elle. Il était favorable à un changement. Mais nul n’était moins que lui démocrate et républicain. Il tenait pour un axiome l'affirmation de Montesquieu que la monarchie seule convient aux grands Etats. Une révolution était nécessaire. Elle lui semblait inévitable. Mais il pensait qu'elle devait être légale et conduite par le monarque lui-même."
Plus loin nous lisons :
"Il respectait cependant le roi. Il ne lui reprochait que sa bonté, et lui aurait assez volontiers reproché ses vertus mêmes.
Un roi honnête homme et qui n'est que cela n'est qu'un pauvre homme de roi, disait-il. La bonté ne convient qu'à la puissance. Les vertus de Louis XVI le rendent étranger à son peuple.
Quant à la reine, il n'était point de ceux qui l'attaquaient, parfois si bassement. Un soir qu'à souper une duchesse disait qu'il la faudrait fouetter :
- Madame, murmura-t-il, quand on fouettera la reine, que pensez-vous qu'on fera des duchesses ?
Voici ce que Latzarus en dit dans sa biographie sur Rivarol :
"Il n'aimait pas la cour. Il n'aimait pas ce faible roi dont le premier travail, en montant sur le trône, fut avec son maître serrurier, et la première ordonnance, une ordonnance sur les lapins.
Il n'aimait pas un régime qui tenait peu de compte des valeurs intellectuelles, et ne donnait aux philosophes aucune place dans les conseils.
Il voyait les abus, connaissait les désordres, haïssait le despotisme et considérait que la France avait un gouvernement indigne d'elle. Il était favorable à un changement. Mais nul n’était moins que lui démocrate et républicain. Il tenait pour un axiome l'affirmation de Montesquieu que la monarchie seule convient aux grands Etats. Une révolution était nécessaire. Elle lui semblait inévitable. Mais il pensait qu'elle devait être légale et conduite par le monarque lui-même."
Plus loin nous lisons :
"Il respectait cependant le roi. Il ne lui reprochait que sa bonté, et lui aurait assez volontiers reproché ses vertus mêmes.
Un roi honnête homme et qui n'est que cela n'est qu'un pauvre homme de roi, disait-il. La bonté ne convient qu'à la puissance. Les vertus de Louis XVI le rendent étranger à son peuple.
Quant à la reine, il n'était point de ceux qui l'attaquaient, parfois si bassement. Un soir qu'à souper une duchesse disait qu'il la faudrait fouetter :
- Madame, murmura-t-il, quand on fouettera la reine, que pensez-vous qu'on fera des duchesses ?
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
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Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Antoine de Rivarol, pamphlétaire royaliste
Bravo, ça, c'était envoyé !
C'est koikoi, cette histoire de lapins ?
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Mme de Sabran- Messages : 55300
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Antoine de Rivarol, pamphlétaire royaliste
Peut-être il s'agit de cette ordonnance du 21 janvier 1776 :
Quoique je me doute fort que la première ordonnance de Louis XVI date seulement de deux ans après son avènement
Quoique je me doute fort que la première ordonnance de Louis XVI date seulement de deux ans après son avènement
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
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Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Antoine de Rivarol, pamphlétaire royaliste
... comme en Australie où la prolifération leur fut fatale !
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Mme de Sabran- Messages : 55300
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Antoine de Rivarol, pamphlétaire royaliste
" Les idées font le tour du monde ; elles roulent de siècle en siècle, de langue en langue, de vers en prose, jusqu'à ce qu'elles s'enveloppent d'une image sublime, d'une expression vivante et lumineuse qui ne les quitte plus ; et c'est ainsi qu'elles entrent dans le patrimoine du genre humain. "
" On a de la fortune sans bonheur comme on a des femmes sans amour. "
" La philosophie a un air de hardiesse qui charme les jeunes gens : elle a une promptitude, une simplicité qui les ravit. La politique leur semble timide, lente et compliquée, les instruments de la destruction sont si simples ? Un marteau suffit pour abattre une maison. "
Antoine de Rivarol
" On a de la fortune sans bonheur comme on a des femmes sans amour. "
" La philosophie a un air de hardiesse qui charme les jeunes gens : elle a une promptitude, une simplicité qui les ravit. La politique leur semble timide, lente et compliquée, les instruments de la destruction sont si simples ? Un marteau suffit pour abattre une maison. "
Antoine de Rivarol
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Comtesse Diane- Messages : 7398
Date d'inscription : 21/12/2013
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Re: Antoine de Rivarol, pamphlétaire royaliste
Et puis aussi : "Les hommes naissent semblables mais pas égaux."
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« elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent. »
Comte d'Hézècques- Messages : 4390
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Age : 44
Localisation : Pays-Bas autrichiens
Re: Antoine de Rivarol, pamphlétaire royaliste
Cette dernière est immense !
Je vais la resservir à volonté !
Je vais la resservir à volonté !
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Comtesse Diane- Messages : 7398
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Re: Antoine de Rivarol, pamphlétaire royaliste
Celle-là n'est pas mal non plus !
Non seulement il y a beaucoup d'esprits bornés, mais même leurs bornes sont mal posées.
( Antoine de Rivarol )
Non seulement il y a beaucoup d'esprits bornés, mais même leurs bornes sont mal posées.
( Antoine de Rivarol )
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Mme de Sabran- Messages : 55300
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Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Antoine de Rivarol, pamphlétaire royaliste
Elle est bonne !!! et à replacer aussi .
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Comtesse Diane- Messages : 7398
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Localisation : TOURAINE
Re: Antoine de Rivarol, pamphlétaire royaliste
Dans la Galerie des Etats-Généraux et des dames françaises, publiée en 1789, Rivarol persifla Mme Necker sous le nom de « Statira », sa fille sous celui de « Marthésie » . La comtesse de Sabran , personne originale et gracieuse dont la correspondance forme un des joyaux trop peu connus de la littérature de son temps, fut, à cause de son amour pour la poésie, ridiculisée sous le nom de « Sapho ». Mme Vigée Lebrun, la célèbre artiste, figurait sous la dénomination de « Charités », la comtesse François de Beauharnais sous celle de « Corylla », Mme de Genlis sous celle de « Polyxène ».
Toutes ces railleries prenaient naissance le soir, au jeu et à table, dans un restaurant du Palais-Royal, où se rencontraient Rivarol aîné, Mirabeau-Tonneau, le frère et l’adversaire du grand orateur, ainsi surnommé à cause de son énorme corpulence, Champcenetz, le collaborateur en titre de Rivarol, et Suleau, le publiciste le plus hardi de la presse royaliste. C’est là qu’on disait de Mirabeau que pour de l’argent il était capable de tout, même d’une bonne action ; qu’il ressemblait à sa réputation, puisqu’il était affreux. Peltier célébrait Talleyrand dans ces vers impitoyables.
Froidement du mépris il affronte les traits,
Il conseille le rapt, enseigne le parjure,
Et sème la discorde en annonçant la paix.
Sans cesse on nous redit qu’il ne peut rien produire
Et que de son discours il n’est que le lecteur ;
Mais ce qu’un autre écrit, c’est lui seul qui l’inspire,
Et l’on ne peut du moins méconnaîlre son cœur.
Deux ans plus tard, Rivarol devait trouver un trait qui surpassait les autres. Après l’exécution d’André Chénier, il nomma son frère Marie-Joseph : le frère d'Abel Chénier. Après cette « histoire apostolique », l’infatigable rédacteur publia le Journal politique national, qui attaquait la Révolution bien plus qu’il ne défendait la monarchie ; puis, en février 1790, la Galerie des Etats-Généraux fut suivie du Petit dictionnaire des grands hommes de la Révolution, par un citoyen actif, ci-devant rien, que Grimm nomme un modèle de persiflage et d’impertinence. Ce pamphlet débutait par une « Epître dédicatoire à S. E. madame la baronne de Staël, ambassadrice de Suède auprès de la Nation », qui commençait ainsi : « Madame, publier le Dictionnaire des grands hommes du jour, c’est vous offrir la liste de vos adorateurs ».
Il y avait à peine un an que l’unique reproche adressé par Rivarol à la jeune femme était celui d’une pruderie exagérée ; maintenant il portait ses attaques sur un autre terrain et inaugurait le ton que la presse du Consulat et celle de l'Empire devait encore dépasser. Non point par égard envers la femme, mais par amitié envers celui que le monde, avide de scandales, associait déjà à son nom, Rivarol laissa cette fois à d’autres le soin d’en dire davantage.
Roseline de Villeneuve
Marquise de Forbin d’Oppéde
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Mme de Sabran- Messages : 55300
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Antoine de Rivarol, pamphlétaire royaliste
Mme de Sabran a écrit:
Deux ans plus tard, Rivarol devait trouver un trait qui surpassait les autres. Après l’exécution d’André Chénier, il nomma son frère Marie-Joseph : le frère d'Abel Chénier.
C'est raide !
_________________
Comtesse Diane- Messages : 7398
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : TOURAINE
Rivarol
L’Académie des sciences de la ville de Berlin avait mis au concours la question de l’universalité de la langue française, et en 1784 Rivarol remporta ex-aequo avec Johann Christoph Schwab le prix institué par cette académie. Cette distinction valut à Schwab une telle notoriété que Frédéric II lui offrit une chaire à l'École militaire de Berlin…. mais le même Fred n’hésita pas à faire de Rivarol un membre associé de ladite académie, ce qui rendit célèbre le Français ! On peut présumer que le monarque prussien fut emporté par la plume de Rivarol, entre autres par une de ses conclusions : « « Dégagée de tous les protocoles que la bassesse invente pour la vanité et le pouvoir, elle en est plus faite pour la conversation, lien des hommes et charme de tous les âges, et puisqu’il faut le dire, elle est de toutes les langues la seule qui ait une probité attachée à son génie. Sûre, sociale, raisonnable, ce n’est plus la langue française, c’est la langue humaine »!!!!!! Là, le roi prussien mettait au tapis la langue allemande, qu’il «atomisa» pour de bon, par ce mot plus qu’osé : comment se fait-il qu’en allemand on soit obligé de ne trouver « qu'au bout d'une page entière le verbe d'où dépend le sens de toute la phrase» ! Un siècle plus tard, on se préparait activement à en découdre en Europe sur les champs de batailles pour de telles sorties !
Lecréateur- Messages : 1697
Date d'inscription : 01/06/2021
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