Jean-Antoine Roucher
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Jean-Antoine Roucher
( Les Mémoires Secrets )
Les Mois de Roucher, un poème révolutionnaire, par Louis Amiable :
Roucher avait eu son heure de célébrité. Son poème avait connu de grands succès d'audition avant de paraître en volumes . Il délectait cet esprit frondeur qui a toujours fait partie de notre caractère national ( ... ) Profondément imbu des idées de justice, d'émancipation intellectuelle et de fraternité humaine, il ne ménageait pas les invectives à la tyrannie, à la superstition et au fanatisme : il glorifiait Turgot disgracié, Voltaire et Rousseau qui venaient de mourir, il maudissait le fléau de la guerre, déchaîné sur les peuples par les rois, il se prononçait contre l'esclavage des nègres et contre l'indissolubilité du mariage, réclamant ainsi deux réformes que la Révolution allait bientôt réaliser .
Mais ce poète subversif ne sut ménager ni les puissances ni les coteries . Il irrita l'Académie française en publiant pour la première fois quatre lettres de Jean-Jacques dont elle aurait voulu empêcher la divulgation. Quand le livre eut paru, on en éplucha la facture, on en incrimina les tendances, on ne lui pardonna pas de ne pas être intéressant comme un roman d'aventures.
Les intérêts alarmés se coalisèrent avec les vanités blessées. Après le triomphe au Capitole vint la chute de la roche Tarpéienne .
La postérité n'a pas été pour lui plus clémente; elle l'a oublié.
" Les Mois ", il est vrai, ont été réimprimés trois fois pendant le premier tiers du présent siècle. Mais nos historiens et nos critiques littéraires semblent s'être fait un point d'honneur de laisser dans l'ombre l'oeuvre poétique qui fut comme le prélude de la Révolution, le morceau d'orchestre joué avant le drame .
C'est bien l'avis des Mémoires Secrets !
Ah oui ?!! La subversion prend un bien joli visage !
Voyez plutôt quelques illustrations du poème des Mois :
Bien entendu, notre Roucher est franc-maçon !
( " Tiens voilà ... " : )
Jean-Antoine Roucher, nous dit WIKI, né le 22 février 1745 à Montpellier et mort le 25 juillet 1794 à Paris, est un poète français.
Issu d’une famille d’artisans bourgeois de Montpellier, amateurs de belles-lettres, Roucher est initié très tôt par son père aux auteurs classiques grecs et latins.
Pendant ses études au petit séminaire (collège diocésain) de sa ville natale, il se distingue comme un élève brillant et les jésuites lui suggèrent d'embrasser l'état ecclésiastique. Mais il préfère rejoindre Paris et retrouve à Versailles son oncle, l'abbé Gros de Besplas, aumônier de Monsieur, frère du Roi, comte de Provence.
Son poème écrit à l’occasion du mariage du Dauphin et de Marie Antoinette , La France et l’Autriche au temple de l’hymen, rencontre un certain succès et lui permet d’obtenir grâce à Turgot la charge de Receveur des gabelles, devenant ainsi aristocrate. ( )
Il fera exercer cette charge par son frère Roucher d’Aubanel afin de se consacrer à la poésie.
Il acquiert également une grande renommée avec son monumental poème pastoral en douze chants, les Mois (1779), suivi de longues et intéressantes notes. Il fait partie des deux ou trois poètes français qui remettent en cause la rigidité de l’alexandrin classique, en prenant des libertés avec l’hémistiche pour lui donner de la légèreté.
Les salons en vogue s'arrachent le poète, prié de faire la lecture de chaque nouvelle tranche de son ouvrage en cours.
Roucher, croquis au crayon de Moreau le Jeune
S’opposant à La Harpe, il refuse les compromissions que le critique lui propose en échange d'une admission à l’Académie française : Laharpe exigeait, en échange du fauteuil d'académicien, que Roucher cessât de publier les quatre lettres à Malesherbes de Rousseau. La Harpe ne lui pardonna jamais son refus, et, à compter de ce jour, dénigra son œuvre.
Roucher fut longtemps en relation avec Turgot ; les deux hommes se retrouvent régulièrement pour commenter les événements politiques du temps.
Il publie et édite La collection universelle des mémoires particuliers relatifs à l’Histoire de France (Paris, 1790).
Il fréquente les salons de Julie de Lespinasse et d’Anne-Catherine Helvétius à Auteuil. Cette dernière se prend d’affection pour sa fille Eulalie. C’est là qu’il se lie d’amitié avec Benjamin Franklin. Il étudie assidûment l’anglais.
En 1790, Roucher introduit en France les idées libérales anglaises en traduisant La richesse des nations.
Sous la Révolution, après avoir éprouvé un certain enthousiasme pour les idées nouvelles, et de l'admiration pour Voltaire et Jean-Jacques Rousseau (dont il est le premier à publier les quatre Lettres à M. de Malesherbes), il prend vite conscience des abus que cette insurrection porte en elle et rédige des articles contre-révolutionnaires.
Son inimitié pour Robespierre, auquel il reproche ses excès, lui vaut d’être arrêté sous la Terreur. Antoine Roucher est l'auteur d'une célèbre phrase passée à la postérité sous forme résumée : « Robespierre, surnommé « l'incorruptible » par des gens qui ne le sont pas ».
Il est emprisonné à Sainte-Pélagie puis à Saint-Lazare,
... où il a entre autres compagnons de captivité Michelle de Bonneuil, à laquelle il dédie fin 1793 des Stances sur les fleurs, puis l'année suivante André-Marie Chénier, Aimée de Coigny, duchesse de Fleury (la Jeune captive) et Hubert Robert, qui le représente une dizaine de fois (dont un dessin émouvant avec son fils Pierre-Angélique, dit Émile, « l’Archange », derrière les barreaux de la prison en compagnie d’Aimée de Coigny). En prison, il refond sa première traduction (1790) des Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations d’Adam Smith qui introduit les idées libérales en France (Paris, F. Buisson, an 3 de la République).
André Chénier et Jean-Antoine Roucher sont victimes de la répression contre une conspiration des prisons qui s'avère imaginaire. Transférés à la Conciergerie, ils sont jugés pour « complot monarchiste », condamnés à mort et guillotinés le 7 thermidor an II.
L'acte d’accusation de Roucher, signé Fouquier-Tinville, indique :
« aristocrate puant, salarié de la liste civile, écrivain stipendié du tyran, mercenaire du parti autrichien, Président du club de la Sainte Chapelle, conspirateur à la maison d’arrêt de Saint-Lazare, pour Roucher, « ennemi du peuple » : la mort. »
Dans la charrette qui emmène Chénier et Roucher vers la guillotine, ils échangent des vers tirés d’Andromaque : « Oui, puisque je perds un ami si fidèle… ».
Roucher est inhumé à Paris au cimetière de Picpus.
1306 personnes guillotinées reposent au cimetière de Picpus : leurs noms furent gravés sur deux plaques de marbre accrochées près du choeur de la chapelle. Parmi les 1 109 hommes figurent 108 nobles, 108 ecclésiastiques, 136 moines, 178 militaires et 579 roturiers. Parmi les 197 femmes, il y avait 51 nobles, 23 nonnes et 123 roturières. Le jardin et ses fosses furent alors entourés d’un mur.
Un tableau d’Hubert Robert représente Roucher dans sa cellule quelques jours avant son exécution. Un dernier portrait, aujourd’hui au musée Carnavalet, est peint juste avant sa mort. Il compose alors pour l’orner ces quatre derniers vers, qu’il adresse à sa famille, et qui sont aujourd’hui connus sous le nom de Quatrain de Roucher :
À ma femme, à mes enfants, à mes amis :
« Ne vous étonnez pas, objets sacrés et doux,
Si quelqu’air de tristesse obscurcit mon visage.
Quand un savant crayon dessinait cette image
J’attendais l’échafaud et je pensais à vous. »
Une partie de la belle et émouvante correspondance qu’il a échangée depuis la prison avec sa famille et ses amis (principalement avec sa fille Eulalie à laquelle il prodiguait d'affectueux et avisés conseils) fut rassemblée après sa mort et publiée sous le nom de Consolations de ma captivité (chez Agasse, imprimeur, 1797), témoignage passionnant sur la vie dans les prisons révolutionnaires.
André Chénier, moins connu à l’époque, et Jean-Antoine Roucher, tous les deux morts trop jeunes, peuvent être considérés comme les précurseurs du foisonnement poétique que connaîtra le XIXe siècle.
Un monumental tableau peint au début du XIXe siècle par Charles-Louis Muller, L'appel des dernières victimes de la Terreur, le représente avec un certain nombre de condamnés, dont André Chénier et Aimée de Coigny, à la Conciergerie.
Ce tableau est exposé au musée national de la Révolution française, à Vizille ; le tableau préparatoire se trouve chez l’un de ses descendants.
La poétesse Marceline Desbordes-Valmore, admiratrice de l'homme et du poète, est touchée par la culture familiale de ses descendants et la façon dont ils honorent sa mémoire. Elle compose pour eux un poème Aux petits-enfants du Poète Roucher :
Il est des noms aimés qui s’attachant à l’âme
Vivent comme des fleurs au fond du souvenir :
Gémissant, mais baigné d’harmonie et de flamme,
Le vôtre a des parfums pour tout votre avenir.
Beaux enfants ! Que ce nom mélodieux rassemble
Doux héritiers du cygne, ah, ne nous quittez pas :
Un écho pleure encore où vous parlez ensemble,
Mais une gloire chante où vous posez vos pas.
Il existe une « Société des Amis de Roucher et André Chénier » fondée par Antoine Roucher aidé d'Édouard Guitton (1er Président) en 1980 à Versailles, dont le siège est situé à la mairie du 16e arrondissement de Paris et qui organise chaque année un colloque sur ou autour de la poésie du XVIIIe siècle avec une publication de ses actes Cahiers Roucher-André Chénier (32 numéros en 2011)
La devise d'Antoine Roucher était : « Se regarder passer » (Les Consolations, Lettres à Eulalie).
Les armes de la famille Roucher sont « d’azur à une hachette d’or accompagnée d'une plume passée en sautoir ».
En 1820, le nom de Roucher a été donné à une orchidée découverte en Colombie : la Roucheria punctata.
Il existe, depuis 1883, une rue Antoine Roucher dans le seizième arrondissement à Paris, ainsi qu'une rue Roucher à Montpellier.
ENCYCLOPAEDIA UNIVERSALIS :
C'est une place d'honneur qu'il faut accorder à Roucher dans le panthéon littéraire du xviiie siècle, car il fut, en intention et en puissance au moins, le grand poète des Lumières. Montpelliérain de naissance, Antoine Roucher débarque à Paris vers 1765 et troque bientôt la théologie pour la philosophie dont il épouse les thèses avec passion. Assoiffé d'omniscience et possédé d'un enthousiasme qu'il croit divinateur, ce disciple convaincu réalise assez bien le type du poète tel que Diderot l'a rêvé et défini.
À vingt et un ans, il se lance dans une entreprise colossale, défi grandiose au simple bon sens : écrire l'épopée descriptive appelée par la philosophie nouvelle, versifier une encyclopédie digne de l'originale, produire le De natura rerum des temps modernes. Pour diviser cet embrassement universel, il retient la formule ovidienne du calendrier : il chantera Les Mois comme Saint-Lambert a chanté Les Saisons (1769) qui lui servent à la fois d'excitant et de repoussoir. Douze années de labeur herculéen lui seront nécessaires. La lecture, en cours de route, du Monde primitif et moderne de Court de Gébelin lui apporte la révélation d'une unité allégorique de l'Univers au-delà de la diversité des apparences : la course annuelle du soleil à travers les douze signes du zodiaque trouve une figuration sensible dans les douze travaux d'Hercule, emblème éloquent de l'énergie vitale du cosmos. Il y avait là une idée sublime dont malheureusement Roucher n'a tiré qu'un parti médiocre : car il pratique un symbolisme à rebours et dépoétise la réalité qu'il croit chanter. Au moins est-il juste de rendre hommage à l'héroïsme de sa tentative. Poème de la force élémentaire, adressé à des « hommes laborieux », Les Mois sont un « Héraclès » manqué. Vers 1775, lisant ses vers dans les salons, Roucher avait fait l'effet d'un « météore éclatant » (Meister) et on l'appelait « le démon du Midi ». L'ouvrage paraît en 1778 après bien des traverses (ennuis avec la censure, avec l'archevêché de Paris )
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Mme de Sabran- Messages : 55293
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Re: Jean-Antoine Roucher
Belle découverte ! Je ne connaissais pas ce poète !
Les chiffres des guillotinés de Picpus montrent clairement que les victimes de la Révolution appartenaient en grosse majorité au peuple.
Les chiffres des guillotinés de Picpus montrent clairement que les victimes de la Révolution appartenaient en grosse majorité au peuple.
Invité- Invité
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