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La publication du Livre rouge, mise en cause de l'absolutisme

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Message par Mme de Sabran Jeu 28 Déc - 19:57



Merci, cher Momo, pour le lien que tu nous as donné Very Happy , dans le sujet de Bonnie Prince Charlie, vers cet article très intéressant .
Je le cite donc ici et je donne au passage cet autre lien . https://marie-antoinette.forumactif.org/t1664-les-polignac-et-la-publication-du-livre-rouge?highlight=POLIGNAC


La publication du Livre rouge, mise en cause de l'absolutisme 446




LA PUBLICATION DU LIVRE ROUGE, MISE EN CAUSE DE L'ABSOLUTISME

Date de publication : Août 2005
Auteur : Luce-Marie ALBIGÈS


CONTEXTE HISTORIQUE

La crise des finances et le scandale des pensions royales


Sous l’Ancien Régime, les finances royales proviennent de la fiscalité, des revenus du domaine royal et de l’emprunt. Le Contrôleur général des finances, en charge du budget, doit gérer de multiples caisses de statuts divers ; il exerce aussi un contrôle étroit sur le Trésor royal, qui rassemble sous Louis XVI seulement un peu plus de 50 % des revenus de la monarchie. Le roi de France y puise pour accorder à des particuliers des gratifications ou des pensions selon son appréciation personnelle aussi bien que pour services rendus à l’État.

Alors qu’elle prépare une constitution destinée à limiter l’absolutisme qui a mené le royaume au bord de la banqueroute, l’Assemblée nationale décide, le 2 novembre 1789, la confiscation des biens du clergé pour sauver le pays de la faillite. Le 28, le député Armand Camus dénonce à l’Assemblée l’existence du « Livre rouge », lequel contient des renseignements sur les pensions attribuées par le roi ; celle-ci vote immédiatement son impression.

Le Contrôleur général des finances Jacques Necker, conscient du scandale et des conséquences politiques d’une telle révélation dans le contexte effervescent de 1789, essaie de dissuader le roi d’accepter. Louis XVI tente de gagner du temps mais finit par laisser faire. Le « Livre rouge » est remis au Comité des pensions de la Constituante en mars 1790 et publié le 1er avril.

ANALYSE DES IMAGES

La reliure de maroquin rouge est à l’origine du nom de « Livre rouge » donné au « Registre des ordonnances au porteur de 1773 à 1788 » (à gauche) dont est publié en 1790 ce qui concerne le règne de Louis XVI ; les volumes plus anciens seront retrouvés en 1793.

De fastueuses reliures « à dentelle »

Emblématiques de la splendeur royale, ces trois reliures réalisées sous le règne de Louis XV, vers 1750, 1760 et 1773 – date à laquelle commence chacun des recueils – sont des créations uniques et comptent parmi les plus belles du XVIIIe siècle. Les relieurs royaux Antoine Pasdeloup (1685-1758) et Pierre-Paul Dubuisson (mort en 1762) pourraient être les auteurs des deux plus anciennes (à droite). Le décor doré foisonnant des reliures accroche la lumière et donne à chaque volume un éclat fascinant. Pour obtenir une telle richesse de dorure, le relieur se sert de fleurons placés les uns à côté des autres, qui composent cette sorte de dentelle.

L’ornementation part de filets et de roulettes ornées au bord de chaque plat de reliure et se continue en s’étendant davantage vers le centre depuis les angles et le milieu de chacun des côtés. L’espace laissé libre entre les fleurons est constellé de points plein or, de cercles évidés, de fleurs ouvertes, qui servent à donner la même intensité de brillance et de dorure à l’ensemble de la surface ornée. Aux coins on reconnaît le chiffre de Louis XV, deux « L » se faisant face autour d’une fleur de lis. Sur les grands côtés et le rabat de la plus ancienne reliure, munie d’un fermoir en argent, figurent des fers à l’oiseau.

Les plats des trois reliures portent au centre les armoiries royales, ceintes du collier de l’ordre du Saint-Esprit et de celui de Saint-Michel.

Des libéralités incohérentes et dispendieuses

Le « Livre rouge » n’est pas un livre de comptes, mais un enregistrement des sorties de fonds ordonnées par le roi qui ont toutes reçu le paraphe royal « L » (pour Louis). Publié tel quel en 1790, le Livre rouge apparaît incohérent et dispendieux ; il provoque un tollé général dans la presse patriote qui le reproduit et le commente largement de propos narquois et injurieux auxquels se joignent de nombreuses caricatures.

Sur ces pages concernant 1787 et 1788, des sommes énormes sont dévolues à différents départements qui les gèrent : les Affaires étrangères, la Maison du roi, ou à des besoins exceptionnels : le transfert de fonds en Hollande pour paiement en florins concerne probablement l’approvisionnement en grains en raison de la disette.

Les deux « ordonnances sur » Charles de Savalette de Magnanville (1713-1790) et François La Borde de Mériville (1761-1802) « pour frais de service extraordinaire des finances » relèvent du fonctionnement des finances royales. Tous deux gardes du Trésor royal, ces financiers ont acheté leur charge un prix considérable et servent de soutien financier à la monarchie. Leurs innombrables prêts aux caisses royales se chiffrent en dizaines de millions de livres par an, ce que l’on appelle « faire le service du Trésor ».

La divulgation des noms des bénéficiaires de pensions scandalise davantage. À l’exception du riche banquier vaudois Isaac Panchaud (1736-1789), cofondateur de la Caisse d’escompte, ce sont de riches nobles comme le comte d’Artois, frère de Louis XVI (futur Charles X), des princes étrangers comme Maximilien des Deux-Ponts – principauté de Rhénanie-Palatinat – de la famille Wittelsbach, le comte d’Albany, prince Stuart prétendant au trône d’Angleterre, et sa femme Louise Maximilienne, fille de Gustave-Adolphe de Stolberg Gedern, général de l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche, ou la comtesse Josepha de Brionne, fille du duc Louis III de Lorraine et veuve d’Amédée II de Savoie-Carignan.

Plusieurs personnes de la cour reçoivent des pensions, souvent sans véritable motif comme la comtesse d’Ossun, dame d’atours de la reine, « pour sa table », la comtesse d’Andlau, fille du philosophe Helvétius, « pension secrète ». Ces faveurs disproportionnées et souvent cumulatives versées à la famille royale, aux courtisans favoris et à des familles nobles choquent profondément, au regard du déficit et de la misère populaire.

INTERPRÉTATION

Un retentissement immense

La publication du « Livre rouge » met en évidence les abus de l’absolutisme, le désordre des finances et le besoin de réformes. La Constituante établit une distinction entre les finances publiques et les finances personnelles du roi, à qui elle attribue une liste civile. Le Comité des pensions verse, à partir de l’été 1790, des pensions sur des critères complètement revus.

La divulgation des bénéficiaires des largesses royales discrédite davantage encore l’aristocratie et produit un effet immense tant à Paris qu’en province. Pour le journaliste Loustalot, des Révolutions de Paris, elle rend « toute contre-révolution impossible ».

Cette affaire révèle aussi la faiblesse de Louis XVI, qui tergiverse mais ne trouve pas à temps de solution pour empêcher le scandale. Un autre souverain aurait refusé de livrer le document ou l’aurait détruit.
Rendu au roi après publication, le « Livre rouge » est redécouvert en 1793 par les révolutionnaires vainqueurs. Désireuse d’exploiter son puissant impact sur l’opinion, la Convention en vote à nouveau l’impression – mais cette fois, ce sont les trois volumes qui seront publiés.

https://www.histoire-image.org/etudes/publication-livre-rouge-mise-cause-absolutisme

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Message par Gouverneur Morris Jeu 28 Déc - 20:22

Merci Eléonore !!!!

Il me semble qu’après maintes suppressions, l’Assemblée puis la Convention ne retinrent que deux pensions : celle versée à la famille du marquis de Chambors, tué accidentellement à la chasse par le Dauphin fils de Louis XV (et qui d’après Castelot fut payée jusque sous la IIIeme République !) et celle versée à la famille du chevalier d’Assas, mort en héros (“A moi Bourgogne”).
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Message par Mme de Sabran Jeu 5 Sep - 16:44

No XXXIX. (Du 6 au 12 avril). — Le Livre Rouge, sur lequel sont inscrites les pensions accordées aux courtisans, vient d’être publié. Le public peut enfin voir quel scandaleux emploi la royauté faisait de la fortune publique. En haut les dissipations les plus effrénées, en bas la plus horrible misère.
Loustallot sent l’indignation lui monter au cœur, et il trace le tableau suivant des souffrances du prolétaire et du paysan : on peut comparer cette page à un passage fameux de La Bruyère.

« Pendant les vingt dernières années du règne de Louis XV, et depuis l’avènement de Louis XVI au trône, la misère publique a toujours été croissant ; dans les villes un luxe insensé, qui avait corrompu jusqu’aux dernières classes, cachait une détresse affreuse ; la parure était prise sur les aliments, et le bonheur domestique était sacrifié à des réjouissances de vanité. Dans les campagnes !… le cœur se brise à ce souvenir ! Près des villes, le paysan avait tous les vices qu’elles produisent, et de plus, une rapacité incompatible avec l’amour du travail. Loin des villes, des travaux excessifs ne suffisaient pas pour procurer aux infortunés colons les objets d’indispensable nécessité. Un pain noir, des racines, de l’eau, des vêtements grossiers, et quelquefois de simples peaux, des masures délabrées, tel était, dans une grande partie de la France, le sort de nos malheureux frères. Dans le Limousin, dans une partie du Périgord et de l’Auvergne, dans quelques endroits de la Bretagne, depuis Bordeaux jusqu’à Bayonne, l’existence des paysans est un problème. Dans les départements où un sol plus heureux offre plus de ressources, il n’y a point assez de cultivateurs ; et souvent les productions ont péri, parce qu’il n’y avait point de bras pour les recueillir. »

« Après le sort du paysan, celui du soldat était le plus affreux. Il suffit d’avoir vu du pain de munition une seule fois pour n’en pas douter ; le matin un peu d’eau chaude versée sur du pain avec quelques légumes, le soir un très-petit morceau de la plus mauvaise viande, telle était la subsistance de trois cent mille Français, qu’on était forcé, par cela même, de tenir dans une dangereuse inaction. »

« Tous ces maux n’avaient qu’une cause. La prodigalité d’une Cour crapuleuse, où des Messaline et des Julie disputaient à des Claude et à des Néron le prix de la prostitution, de l’infamie et de la scélératesse, ou chaque jouissance coûtait le repos à un million d’hommes, où l’or était produit par le crime, et le crime reproduit par l’or, où enfin la nation française était moins prisée qu’un cheval de course.   ( Il n'y va pas avec le dos de la cuiller, tout de même ! La publication du Livre rouge, mise en cause de l'absolutisme 3231074342  ) Français, hommes si justement méprisés jusqu’à ce jour, partout où votre nom avait pénétré, vous croyez avoir tout fait en renversant quelques tours et en demandant une Constitution ! Cette infâme cour n’avait-elle pas sucé tout votre sang ? N’avait-elle pas fait ses délices de vos larmes ? Ne vous a t-elle pas accablés d’une dette de plus de trois milliards ? Et déjà vous avez pitié de vos tyrans pour quelques larmes feintes qu’ils ont versées, ou pour quelques regrets inutiles qu’ils vous ont adroitement fait parvenir ! »

« Apprenez donc qu’il n’est point de privations assez affreuses, d’exil assez dur, de repentir assez profond, ni même de remords assez déchirants pour expier tous les crimes dont on s’est rendu coupable envers vous ; lisez le Livre-Rouge, ce répertoire de forfaits, lisez-le, et apprenez que toute compassion dans ce moment est bassesse ; toute générosité, trahison envers la patrie ; tout ménagement, conspiration contre la liberté. »

L’étude du Livre Rouge est fort instructive ; on voit, par exemple, que les deux frères du roi depuis Louis XVIII et Charles X ont fait payer à l’État, de 1782 à 1787, vingt-neuf millions de dettes. Le jeune patriote, justement indigné, ne peut s’empêcher de dire
:

« Quand on pense qu’outre ces sommes et ces rentes, les frères du roi ont des apanages, des maisons royales, des propriétés particulières d’un grand revenu, et que cela ne leur suffit pas, on ne peut s’empêcher de sentir tout le sens de ce sarcasme si connu d’un seigneur, à la naissance de chaque prince : encore un louveteau. »

Après les frères du roi, tous les seigneurs viennent à la curée. Toute la noblesse a tendu la main, les plus riches ont été les plus exigents. Au premier rang voici les Polignac ; le duc de Polignac a acheté au roi, moyennant un million deux cent mille livres, le comté de Fénestranges, et a reçu de lui quittance sans bourse délier. Ce n’est pas tout :

« On a vu, dans le dépouillement que nous avons fait de la liste des pensions, que les Polignac, à tous les degrés possibles, avaient des pensions de toutes les sortes ; que ce sieur Polignac avait, outre le département des haras, une pension de quatre-vingt mille livres réversible à son épouse ; et voici encore la jouissance d’un comté qui leur est donnée à titre gratuit. Quels étaient donc les services des Polignac ? Toute la France sait qu’ils n’en ont pas rendu de publics. Or, quels services privés ont-ils pu rendre qui exigeassent qu’on les abreuvât du plus pur sang des malheureux Français ? Le mari n’avait ni talent ni emploi. La femme était l'amie ou la favorite de la reine. Mais quelle que fût l’intimité qui régnait entre la reine et la dame Polignac  (  Shocked  ), on ne conçoit pas quelle pût être la cause des dons scandaleux qu’on prodiguait à cette famille. Il est réservé sans doute à l’histoire de dévoiler ce singulier mystère ; et le devoir de l’histoire est de punir ceux que l’opinion publique n’a pu retenir ni corriger. »

Avant d’émigrer et de combattre les armes à la main à l’armée de Condé, à Coblentz ou en Vendée, les nobles avaient fait suer à la nation son dernier écu. On pourrait mettre pour épigraphe à l’histoire de la noblesse française au XVIII siècle, ces vers vengeurs de notre grand poëte Victor Hugo :

« Soyez flétris, devant votre pays qui tombe,
Fossoyeurs qui venez le voler dans sa tombe
. »

Les observations de Loustallot sur le Livre-Rouge eurent en France un grand retentissement. Dans son numéro 21 des Révolutions de France et de Brabant, Camille Desmoulins les reproduit en louant sans restriction son éloquent confrère. L’éminent rédacteur des Révolutions de Paris était alors dans tout l’éclat de sa gloire, et ses jugements avaient une autorité indiscutée.

Les aristocrates firent grand bruit d’un secours de quarante mille livres accordé à la comtesse de Lameth pour l’éducation de ses enfants. Deux d’entre eux siégeaient à l’Assemblée au milieu des députés patriotes. Ces deux défenseurs d’une liberté modérée devaient avoir cette heureuse fortune de traverser la Révolution et l’Empire sans courber la tête devant aucune tyrannie… Les royalistes les accusèrent d’ingratitude, les feuilles du parti de la Cour, les Actes des Apôtres, en particulier, les accablèrent d’injures. Les journalistes patriotes prirent leur défense.

« Il n’est pas un Français qui ne se réjouisse en pensant qu’il peut avoir contribué pour quelque chose aux quarante mille livres qui furent données à Mme dé Lameth, puisqu’elle a su faire de ses enfants de bons citoyens et des amis de la liberté. »

Les frères Lameth se tirèrent à leur honneur de cette position difficile, en restituant au Trésor national les quarante mille livres.

L’effet produit par la publication du Livre Rouge fut immense. L’aristocratie ne devait pas se relever de ce coup. Tous les bons citoyens s’efforcèrent de propager ce terrible acte d’accusation contre l’ancien régime.
« En attendant que le Livre-Rouge soit publié avec tous ses détails, nous invitons, au nom de la patrie, de la liberté et de la fraternité, tous les curés patriotes de lire l’ouvrage du comité aux prônes ; les maires, de le faire lire dans toutes les assemblées publiques ; les présidents des clubs et associations, de consacrer une séance à cette lecture intéressante ; tous les citoyens qui l’auront en leur possession, de le prêter à leurs amis et à leurs ennemis, de le lire à ceux qui ne peuvent pas le lire eux-mêmes, d’en faire passer des exemplaires dans toutes les garnisons, dans tous les régiments, dans toutes les compagnies ; en sorte qu’il n’y ait pas dans la France un seul individu, ayant l’âge de raison, qui ne connaisse combien il lui importe de maintenir de toutes ses forces la Révolution. »

https://fr.wikisource.org/wiki/%C3%89lys%C3%A9e_Loustallot_et_les_R%C3%A9volutions_de_Paris/07

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