La porcelaine de Limoges et la manufacture du comte d'Artois
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La porcelaine de Limoges et la manufacture du comte d'Artois
Seront présentés en vente aux enchères par Sotheby's Paris, le 11 avril 2018...
Je copie ici quelques extraits de la présentation de la maison de vente :
- Two Paris porcelain vases, from the comte d'Artois manufactory, dated 1783
Baluster-shaped (...) with decoration of bisque porcelain profiles of King Louis XVI and Queen Marie-Antoinette on one vase and the Comte d'Artois and the Comte de Provence on the other vase, framed by laurel branches, aquatic leaf motifs on the rim and base, the small pedestal outlined with a wide threading of gilt ground bearing the inscriptions: « Cuit au charbon de terre épuré à la manufacture de Mgr. comte d'Artois Faubourg St Denis le 8 février 1783 » (...) on one and « Cuit au charbon de terre épuré à la manufacture de Mgr. comte d'Artois Faubourg St Denis le 8 mars 1783 » on the other (...).
Haut. 56 cm., larg. 36 cm., prof. 28 cm
Provenance :
Le vase daté du 8 février 1783 très certainement offert par la manufacture du comte d'Artois au roi Louis XVI
Note au catalogue :
The management of the Parisian Manufactory on rue du Faubourg Saint-Denis, under the protection of the Comte d’Artois, was taken over at the end of 1781 by Louis Joseph Bourdon des Planches, advisor to the King, first clerk of the Intendant des finances Langlois and clerk of the extraordinary commissions for the King’s Council.
After late October 1782, Bourdon des Planches carried out experiments of firing with refined coal, the first in France, to make up for the lack of firewood. On 13 December 1782, the commissioners Macquer, Mitouard, Le Roy, Sage and d'Arcet, went to the factory, observed the firing tests and drafted a visit report of Mr. Bourdon des Planches’s porcelain kiln. Following this meeting, the commissioner Le Roy addressed to the Comte d'Angiviller a project derived from the refined coal kiln that could be used at the Royal Manufactory of Sèvres.
Undoubtedly to unveil the benefits of his process and the porcelain’s quality to the sovereign, Bourdon des Planches offered a vase to King Louis XVI at the beginning of 1783.
A memoir kept in the national archives specifies :
« qu’au mois de février 1783, [Bourdon des Planches] que son zèle avait porté à tenter un moyen de cuire la Porcelaine sans le secours du bois & qui y est parvenu, a fait présenter à Sa Majesté un vase cuit par ce moyen et qui réunissait la grandeur, le relief, le rond de bosse, l’or incrusté & tous les autres ornemens dont la Manufacture de Sèves prétend pouvoir seule et exclusivement, décorer ses fabrications.
Sa Majesté reçu avec bonté ce vase, le fit placer dans ses appartements sur l’une de ses cheminées, où il est resté exposé plusieurs mois aux yeux des curieux, sans que Sa Majesté ni les administrateurs de la Manufacture Royale aient regardé sa confection comme une entreprise sur les privilèges de la Manufacture Royale.
Ce vase portrait une inscription cependant d’après laquelle il n’était pas possible de douter ni qu’il eut été fait dans l’une des manufactures particulières ni quelle était cette Manufacture. Il portait en gros caractères & en Lettres d’or, ces mots, Cuit au charbon de terre épuré dans la Manufacture de Mgr comte d’Artois le 8 février 1783. »
Our vase dated 8 February 1783, bearing the portraits of the royal couple is certainly the vase offered to King Louis XVI and exhibited in his apartments.
The second vase, dated 8 March 1783, may have been offered to the Comte d'Artois, or rather to the King again, to serve as a match for the first, their presence together currently still supports this second theory.
Three copies of Bourdon des Planches’s written work published in 1785 titled Projet nouveau sur la manière de faire utilement en France le commerce des grains are covered with porcelain dishes from the Rue du Faubourg Saint-Denis Manufactory.
One in the collections of the Sèvres Museum, bears France’s coat of arms under a royal crown on the lower bookplate. The second housed in France’s National Library is adorned with the sons of France crown and is from the library of the Comte d’Artois.
The third, with scraped coat of arms, was recently sold (auction, Paris, Drouot, Mes Binoche and Giquello and Pierre Bergé and associates, 14 February 2018, lot 109).
These copies were also certainly gifts from Louis Joseph Bourdon des Planches to the royal family.
Projet nouveau sur la manière de faire utilement en France le commerce des grains. Bruxelles et se trouve à Paris, chez la veuve Esprit, 1785.
In-8 [189 x 115 mm] de 152 pp.: demi-maroquin rouge, dos lisse fleurdelisé, plats en porcelaine de Sèvres blanche (...)
Édition originale.
Essai critique de la liberté du commerce des grains et de leur circulation et, en filigrane, la mise en question du libéralisme économique à l'époque des physiocrates.
“La liberté illimitée du commerce des grains présente de multiples inconvénients pour l'économie et la population. Bourdon propose un système plus modéré: créer une compagnie de commerce chargée exclusivement de l'exportation et de l'importation des grains, de l'établissement de greniers publics, de la fixation en chaque endroit du prix du pain, etc. Ce système, en outre, permettrait de supprimer les impôts sans diminuer les revenus du roi”
(...)
Source : http://www.pba-auctions.com/html/fiche.jsp?id=8389357&np=&lng=&npp=150&ordre=&aff=&r=
A pair of vases with a blue ground and a white band, decorated with enamels by Jean Joseph Coteau, of the Manufactory of the Comte d'Artois, bear underneath the inscription Cuit au charbon de terre le 11 août 1783 (fired by earth coal on 11 August 1783).
They are kept at the Louvre (inv. OA7738 and 7739, reproduced by Régine de Plinval of Guillebon, op.cit., No. 74, p.)
Paire de vases,
Coteau Jean (1739-1812)
Manufacture dite du comte d'Artois (1772-1806)
Photo : RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Daniel Arnaudet
* Source et infos complémentaires : http://www.sothebys.com/en/auctions/ecatalogue/2018/important-mobilier-sculptures-objets-d-art-pf1801/lot.179.html
Je copie ici quelques extraits de la présentation de la maison de vente :
- Two Paris porcelain vases, from the comte d'Artois manufactory, dated 1783
Baluster-shaped (...) with decoration of bisque porcelain profiles of King Louis XVI and Queen Marie-Antoinette on one vase and the Comte d'Artois and the Comte de Provence on the other vase, framed by laurel branches, aquatic leaf motifs on the rim and base, the small pedestal outlined with a wide threading of gilt ground bearing the inscriptions: « Cuit au charbon de terre épuré à la manufacture de Mgr. comte d'Artois Faubourg St Denis le 8 février 1783 » (...) on one and « Cuit au charbon de terre épuré à la manufacture de Mgr. comte d'Artois Faubourg St Denis le 8 mars 1783 » on the other (...).
Haut. 56 cm., larg. 36 cm., prof. 28 cm
Provenance :
Le vase daté du 8 février 1783 très certainement offert par la manufacture du comte d'Artois au roi Louis XVI
Note au catalogue :
The management of the Parisian Manufactory on rue du Faubourg Saint-Denis, under the protection of the Comte d’Artois, was taken over at the end of 1781 by Louis Joseph Bourdon des Planches, advisor to the King, first clerk of the Intendant des finances Langlois and clerk of the extraordinary commissions for the King’s Council.
After late October 1782, Bourdon des Planches carried out experiments of firing with refined coal, the first in France, to make up for the lack of firewood. On 13 December 1782, the commissioners Macquer, Mitouard, Le Roy, Sage and d'Arcet, went to the factory, observed the firing tests and drafted a visit report of Mr. Bourdon des Planches’s porcelain kiln. Following this meeting, the commissioner Le Roy addressed to the Comte d'Angiviller a project derived from the refined coal kiln that could be used at the Royal Manufactory of Sèvres.
Undoubtedly to unveil the benefits of his process and the porcelain’s quality to the sovereign, Bourdon des Planches offered a vase to King Louis XVI at the beginning of 1783.
A memoir kept in the national archives specifies :
« qu’au mois de février 1783, [Bourdon des Planches] que son zèle avait porté à tenter un moyen de cuire la Porcelaine sans le secours du bois & qui y est parvenu, a fait présenter à Sa Majesté un vase cuit par ce moyen et qui réunissait la grandeur, le relief, le rond de bosse, l’or incrusté & tous les autres ornemens dont la Manufacture de Sèves prétend pouvoir seule et exclusivement, décorer ses fabrications.
Sa Majesté reçu avec bonté ce vase, le fit placer dans ses appartements sur l’une de ses cheminées, où il est resté exposé plusieurs mois aux yeux des curieux, sans que Sa Majesté ni les administrateurs de la Manufacture Royale aient regardé sa confection comme une entreprise sur les privilèges de la Manufacture Royale.
Ce vase portrait une inscription cependant d’après laquelle il n’était pas possible de douter ni qu’il eut été fait dans l’une des manufactures particulières ni quelle était cette Manufacture. Il portait en gros caractères & en Lettres d’or, ces mots, Cuit au charbon de terre épuré dans la Manufacture de Mgr comte d’Artois le 8 février 1783. »
Our vase dated 8 February 1783, bearing the portraits of the royal couple is certainly the vase offered to King Louis XVI and exhibited in his apartments.
The second vase, dated 8 March 1783, may have been offered to the Comte d'Artois, or rather to the King again, to serve as a match for the first, their presence together currently still supports this second theory.
Three copies of Bourdon des Planches’s written work published in 1785 titled Projet nouveau sur la manière de faire utilement en France le commerce des grains are covered with porcelain dishes from the Rue du Faubourg Saint-Denis Manufactory.
One in the collections of the Sèvres Museum, bears France’s coat of arms under a royal crown on the lower bookplate. The second housed in France’s National Library is adorned with the sons of France crown and is from the library of the Comte d’Artois.
The third, with scraped coat of arms, was recently sold (auction, Paris, Drouot, Mes Binoche and Giquello and Pierre Bergé and associates, 14 February 2018, lot 109).
These copies were also certainly gifts from Louis Joseph Bourdon des Planches to the royal family.
Projet nouveau sur la manière de faire utilement en France le commerce des grains. Bruxelles et se trouve à Paris, chez la veuve Esprit, 1785.
In-8 [189 x 115 mm] de 152 pp.: demi-maroquin rouge, dos lisse fleurdelisé, plats en porcelaine de Sèvres blanche (...)
Édition originale.
Essai critique de la liberté du commerce des grains et de leur circulation et, en filigrane, la mise en question du libéralisme économique à l'époque des physiocrates.
“La liberté illimitée du commerce des grains présente de multiples inconvénients pour l'économie et la population. Bourdon propose un système plus modéré: créer une compagnie de commerce chargée exclusivement de l'exportation et de l'importation des grains, de l'établissement de greniers publics, de la fixation en chaque endroit du prix du pain, etc. Ce système, en outre, permettrait de supprimer les impôts sans diminuer les revenus du roi”
(...)
Source : http://www.pba-auctions.com/html/fiche.jsp?id=8389357&np=&lng=&npp=150&ordre=&aff=&r=
A pair of vases with a blue ground and a white band, decorated with enamels by Jean Joseph Coteau, of the Manufactory of the Comte d'Artois, bear underneath the inscription Cuit au charbon de terre le 11 août 1783 (fired by earth coal on 11 August 1783).
They are kept at the Louvre (inv. OA7738 and 7739, reproduced by Régine de Plinval of Guillebon, op.cit., No. 74, p.)
Paire de vases,
Coteau Jean (1739-1812)
Manufacture dite du comte d'Artois (1772-1806)
Photo : RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Daniel Arnaudet
* Source et infos complémentaires : http://www.sothebys.com/en/auctions/ecatalogue/2018/important-mobilier-sculptures-objets-d-art-pf1801/lot.179.html
La nuit, la neige- Messages : 18133
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La porcelaine de Limoges et la manufacture du comte d'Artois
J'en profite pour copier ici des extraits d'un article présentant l'historique de la porcelaine de Limoges, et en particulier sur la période qui nous intéresse ici, ainsi que d'autres issus de l'article Wikipedia dédié à cette porcelaine :
Le XVIIIe siècle : les débuts
Depuis le XVIIIe siècle, date des premières productions, la notoriété de la porcelaine de Limoges s’est développée au point que le nom de la ville évoque instantanément l’art de la porcelaine.
Avant cette date, l’histoire de la céramique européenne peut être considérée comme une longue recherche entreprise par l’Europe entière pour percer le secret de fabrication de la porcelaine, découverte en Chine au VIe siècle.
Photo : https://espritporcelaine.fr/histoire-fabrication-de-porcelaine-de-limoges/
La fascination qu’elle exerça s’explique en grande partie par le mystère qui parut longtemps miraculeux d’une argile permettant d’obtenir, grâce à l’alchimie du feu, une matière blanche, translucide, brillante et sonore.
Dutch 17th-century still-life painting by Jan Jansz. Treck, showing late Ming blue and white porcelain export bowls, 1649.
Même si les européens maîtrisent alors certains arts du feu tels que le verre ou la faïence, il leur manquait un matériau indispensable, le kaolin, qui donne à la porcelaine blancheur, dureté et translucidité.
Si l'on met au jour une substance très proche des kaolins en Saxe dès 1705, le gisement de Saint-Yrieix-la-Perche, proche de Limoges, n'est découvert qu'en 1767 par, semble-t-il, le chirurgien Jean-Baptiste Darnet, qui signale à un apothicaire bordelais, Villaris, l’existence de terre blanche utilisée par sa femme pour faire sa lessive.
C'est à ce gisement que Limoges doit d'être la capitale de la porcelaine en France.
En 1769, Louis XV achète le gisement, faisant de la production de porcelaine un privilège royal.
C'est seulement à partir de cette date qu'on a le droit de fabriquer de la porcelaine en France.
La fondation de la première manufacture de porcelaine limousine, celle des frères Grellet et Massié-Fournérat, date de 1771.
Médaillon "Première porcelaine des terres du Limousin", porcelaine dure, Limoges, 1771
Photo : https://espritporcelaine.fr/histoire-fabrication-de-porcelaine-de-limoges/
Soupière, avant 1774
Porcelaine de Limoges
RMN-Grand Palais (Limoges, Cité de la céramique) / René-Gabriel Ojéda
En 1774, la manufacture de Limoges passe sous la protection du comte d'Artois.
D'après Callet, anciennement attribué d'après Duplessis
Copie ou réplique d'après le portrait par Callet exposé au Salon de 1779
Musée du château de Versailles
La production reprend les décors couramment utilisés pour les objets en porcelaine tendre au cours des années précédentes, à savoir des motifs de fleurs en jeté de petits bouquets.
Le filet doré en dentelle d’or est souvent utilisé, fréquemment doublé d'un filet bleu uni.
Les formes produites sont simples et peu nombreuses.
Pot à eau et son bassin, décor floral
Manufacture du comte d'Artois (Limoges)
Photo : Limoges, musée national Adrien Dubouché
Service : tasse, sucrier et tasse de forme litron avec sa soucoupe
Manufacture du comte d'Artois (Limoges)
Photo : Limoges, musée national Adrien Dubouché
Entre 1771 et 1774, seuls les biscuits semblent avoir porté une marque.
À partir de 1774, l’entreprise placée sous la protection du comte d’Artois utilisa systématiquement les initiales du prince “CD”, marque qui fut conservée jusqu’à sa fermeture en 1796.
Pot à crème, après 1785
Manufacture du comte d'Artois (Limoges)
Photo : Limoges, musée national Adrien Dubouché
Au cours de la fabrication, les objets étaient marqués en creux, et, après la pose du décor, ils recevaient la marque en couleur, le plus souvent rouge, mais parfois bleue.
Cabaret décoré des portraits en grisaille des membres de la famille royale
Cafetière (Louis XVI et Marie-Antoinette) - pot à lait (comte et comtesse de Provence) - pot à sucre couvert (comte et comtesse d'Artois)- 3 tasses (Madame Clothilde, Madame Elisabeth, Madame Louise, carmélite) et 3 soucoupes
1778-1779
Pot à lait à décor d'un double portrait : le comte et la comtesse d'Artois
Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot
Pot à lait à décor d'un double portrait : le comte et la comtesse de Provence
Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot
Partie de cabaret avec décor de portraits en grisaile sur fond d'or des membres de la famille royale
Madame Clothilde de France, soeur de Louis XVI
Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot
Cafetière du cabaret avec décor de portraits en grisaille sur fond d'or de membres de la famille royale
Louis XVI et Marie-Antoinette
Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot
Après le rachat de la manufacture de Limoges en 1784 par la manufacture royale de Sèvres, les formes et les décors devinrent plus recherchés et raffinés.
Paire de vases de forme balustre en porcelaine
Marques au dos "CP" couronné de la manufacture du Comte d'Artois. Paris, 1785-1795.
Photo : http://www.alaintruong.com/archives/2008/10/31/11183884.html
Bol à bouillon couvert et son plateau : les Trois Grâces
Manufacture du comte d'Artois (Limoges)
Photo : RMN-Grand Palais (Sèvres, Cité de la céramique) / Martine Beck-Coppola
Cette manufacture restera de 1784, date d'obtention officielle du titre de manufacture royale, à 1794, une annexe de Sèvres.
La première moitié du XIXe siècle : les pères fondateurs de la porcelaine
Après la Révolution française, la production reprit et les manufactures se multiplièrent en Haute-Vienne.
En 1827, il existait déjà seize manufactures, et en 1850, elles étaient plus de trente.
Leur histoire est très complexe car, non seulement leur nombre est très important, mais elle se créèrent et déclinèrent au gré des crises politiques et économiques.
(...)
Manufacture de La Seynie
A Saint-Yiriex-La-Perche en Haute-Vienne où fut découvert en 1764 les premiers gisements de kaolin et fut fondé en 1774 la toute première manufacture de porcelaine avec celle de la manufacture du comte d’Artois, la manufacture de La Seynie, édifiée par Jean-Baptiste Du Garreau De La Seynie, et qui est à l’origine de la porcelaine de Limoges dite dure.
Photo et texte (extrait) : http://www.porcelainesdelafabrique.com/home/aux-origines-de-la-porcelaine-de-limoges/
* Source texte : http://www.musee-adriendubouche.fr/fr/collections/la-porcelaine-de-limoges
* Source texte : https://fr.wikipedia.org/wiki/Porcelaine_de_Limoges
Le XVIIIe siècle : les débuts
Depuis le XVIIIe siècle, date des premières productions, la notoriété de la porcelaine de Limoges s’est développée au point que le nom de la ville évoque instantanément l’art de la porcelaine.
Avant cette date, l’histoire de la céramique européenne peut être considérée comme une longue recherche entreprise par l’Europe entière pour percer le secret de fabrication de la porcelaine, découverte en Chine au VIe siècle.
Photo : https://espritporcelaine.fr/histoire-fabrication-de-porcelaine-de-limoges/
La fascination qu’elle exerça s’explique en grande partie par le mystère qui parut longtemps miraculeux d’une argile permettant d’obtenir, grâce à l’alchimie du feu, une matière blanche, translucide, brillante et sonore.
Dutch 17th-century still-life painting by Jan Jansz. Treck, showing late Ming blue and white porcelain export bowls, 1649.
Même si les européens maîtrisent alors certains arts du feu tels que le verre ou la faïence, il leur manquait un matériau indispensable, le kaolin, qui donne à la porcelaine blancheur, dureté et translucidité.
Si l'on met au jour une substance très proche des kaolins en Saxe dès 1705, le gisement de Saint-Yrieix-la-Perche, proche de Limoges, n'est découvert qu'en 1767 par, semble-t-il, le chirurgien Jean-Baptiste Darnet, qui signale à un apothicaire bordelais, Villaris, l’existence de terre blanche utilisée par sa femme pour faire sa lessive.
C'est à ce gisement que Limoges doit d'être la capitale de la porcelaine en France.
En 1769, Louis XV achète le gisement, faisant de la production de porcelaine un privilège royal.
C'est seulement à partir de cette date qu'on a le droit de fabriquer de la porcelaine en France.
La fondation de la première manufacture de porcelaine limousine, celle des frères Grellet et Massié-Fournérat, date de 1771.
Médaillon "Première porcelaine des terres du Limousin", porcelaine dure, Limoges, 1771
Photo : https://espritporcelaine.fr/histoire-fabrication-de-porcelaine-de-limoges/
Soupière, avant 1774
Porcelaine de Limoges
RMN-Grand Palais (Limoges, Cité de la céramique) / René-Gabriel Ojéda
En 1774, la manufacture de Limoges passe sous la protection du comte d'Artois.
D'après Callet, anciennement attribué d'après Duplessis
Copie ou réplique d'après le portrait par Callet exposé au Salon de 1779
Musée du château de Versailles
La production reprend les décors couramment utilisés pour les objets en porcelaine tendre au cours des années précédentes, à savoir des motifs de fleurs en jeté de petits bouquets.
Le filet doré en dentelle d’or est souvent utilisé, fréquemment doublé d'un filet bleu uni.
Les formes produites sont simples et peu nombreuses.
Pot à eau et son bassin, décor floral
Manufacture du comte d'Artois (Limoges)
Photo : Limoges, musée national Adrien Dubouché
Service : tasse, sucrier et tasse de forme litron avec sa soucoupe
Manufacture du comte d'Artois (Limoges)
Photo : Limoges, musée national Adrien Dubouché
Entre 1771 et 1774, seuls les biscuits semblent avoir porté une marque.
À partir de 1774, l’entreprise placée sous la protection du comte d’Artois utilisa systématiquement les initiales du prince “CD”, marque qui fut conservée jusqu’à sa fermeture en 1796.
Pot à crème, après 1785
Manufacture du comte d'Artois (Limoges)
Photo : Limoges, musée national Adrien Dubouché
Au cours de la fabrication, les objets étaient marqués en creux, et, après la pose du décor, ils recevaient la marque en couleur, le plus souvent rouge, mais parfois bleue.
Cabaret décoré des portraits en grisaille des membres de la famille royale
Cafetière (Louis XVI et Marie-Antoinette) - pot à lait (comte et comtesse de Provence) - pot à sucre couvert (comte et comtesse d'Artois)- 3 tasses (Madame Clothilde, Madame Elisabeth, Madame Louise, carmélite) et 3 soucoupes
1778-1779
Pot à lait à décor d'un double portrait : le comte et la comtesse d'Artois
Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot
Pot à lait à décor d'un double portrait : le comte et la comtesse de Provence
Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot
Partie de cabaret avec décor de portraits en grisaile sur fond d'or des membres de la famille royale
Madame Clothilde de France, soeur de Louis XVI
Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot
Cafetière du cabaret avec décor de portraits en grisaille sur fond d'or de membres de la famille royale
Louis XVI et Marie-Antoinette
Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot
Après le rachat de la manufacture de Limoges en 1784 par la manufacture royale de Sèvres, les formes et les décors devinrent plus recherchés et raffinés.
Paire de vases de forme balustre en porcelaine
Marques au dos "CP" couronné de la manufacture du Comte d'Artois. Paris, 1785-1795.
Photo : http://www.alaintruong.com/archives/2008/10/31/11183884.html
Bol à bouillon couvert et son plateau : les Trois Grâces
Manufacture du comte d'Artois (Limoges)
Photo : RMN-Grand Palais (Sèvres, Cité de la céramique) / Martine Beck-Coppola
Cette manufacture restera de 1784, date d'obtention officielle du titre de manufacture royale, à 1794, une annexe de Sèvres.
La première moitié du XIXe siècle : les pères fondateurs de la porcelaine
Après la Révolution française, la production reprit et les manufactures se multiplièrent en Haute-Vienne.
En 1827, il existait déjà seize manufactures, et en 1850, elles étaient plus de trente.
Leur histoire est très complexe car, non seulement leur nombre est très important, mais elle se créèrent et déclinèrent au gré des crises politiques et économiques.
(...)
Manufacture de La Seynie
A Saint-Yiriex-La-Perche en Haute-Vienne où fut découvert en 1764 les premiers gisements de kaolin et fut fondé en 1774 la toute première manufacture de porcelaine avec celle de la manufacture du comte d’Artois, la manufacture de La Seynie, édifiée par Jean-Baptiste Du Garreau De La Seynie, et qui est à l’origine de la porcelaine de Limoges dite dure.
Photo et texte (extrait) : http://www.porcelainesdelafabrique.com/home/aux-origines-de-la-porcelaine-de-limoges/
* Source texte : http://www.musee-adriendubouche.fr/fr/collections/la-porcelaine-de-limoges
* Source texte : https://fr.wikipedia.org/wiki/Porcelaine_de_Limoges
La nuit, la neige- Messages : 18133
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La porcelaine de Limoges et la manufacture du comte d'Artois
Merci, cher ami, pour l'ouverture de ce beau sujet .
La richesse de l'Etat conciliée avec le bonheur et la tranquillité des peuples, voilà un voeu pieux ...
Sa réalisation nous eût évité la Révolution .
La richesse de l'Etat conciliée avec le bonheur et la tranquillité des peuples, voilà un voeu pieux ...
Sa réalisation nous eût évité la Révolution .
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La porcelaine de Limoges et la manufacture du comte d'Artois
Le petit pot à crème est ravissant .
... la paire de vases !
... la paire de vases !
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La porcelaine de Limoges et la manufacture du comte d'Artois
Oui, ils sont très beaux, et mon petit doigt me dit que leur rareté, et leur histoire, vont faire grimper ces enchères...Mme de Sabran a écrit:
... la paire de vases !
La nuit, la neige- Messages : 18133
Date d'inscription : 21/12/2013
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: La porcelaine de Limoges et la manufacture du comte d'Artois
Merci pour ces belles photos et ces gros plans...
La nuit, la neige- Messages : 18133
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La porcelaine de Limoges et la manufacture du comte d'Artois
De rien . L'inscription "cuit au charbon de terre" que l'on aperçoit sur ces vases faisait partie des arguments développés par Bourbon des Planches, le directeur de la manufacture du comte d'Artois, pour obtenir des dérogations au monopole de Sèvres. En effet, l'argument utilisé par l'administration royale pour interdire à d'autres manufactures, de concurrencer Sèvres, était la "consommation excessive de bois"...
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: La porcelaine de Limoges et la manufacture du comte d'Artois
Pour ménager ses Planches, le sieur Bourdon ne faisait pas de consommation excessive de bois.
Je trouve aussi tes gros plans fascinants .
Nous touchons l'objet .
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55497
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La porcelaine de Limoges et la manufacture du comte d'Artois
Mme de Sabran a écrit:
Pour ménager ses Planches, le sieur Bourdon ne faisait pas de consommation excessive de bois.
Ce Bourdon des Planches (Bourdonne dé la Plantcha pour les intimes ) était un vrai teigneux et c'est sans doute en partie grâce à lui que les manufactures parisiennes réussirent à survivre jusqu'à la Révolution.
Les années 1779 et 1780 virent se multiplier les contraventions, perquisitions et saisies, diligentées à la requête de la manufacture de Sèvres. Les manufactures, en particulier celle du comte d'Artois, firent traîner les procédures pour toutes sortes de motifs...
Finalement, un arrêt du Conseil du roi du 16 mai 1784 rappela le privilège exclusif de la manufacture royale ainsi que les limitations imposées aux établissements particuliers (peinture en bleu sur blanc ou en camaïeu : seules activités autorisées en dehors de Sèvres)... mais réduisit ce privilège de Sèvres aux objets de décoration (vases, tableaux, bas-reliefs et groupes).
En outre, le droit d'utiliser l'or, mais "seulement en bordures", et de peindre "des fleurs nuancées de toutes couleurs" leur fut reconnu.
Mais il y avait une condition draconienne à cela : les manufactures parisiennes devaient se transporter à 15 lieues au moins de Paris et dans tout autre lieu que les villes capitales de provinces.
On voulait donc asphyxier les manufactures parisiennes... c'était sans compte sur la hargne de notre cher Bourdon des Planches, qui accabla de requêtes les plus hautes autorités.
Il s'appuya notamment sur la phrase du préambule de l'arrêt concernant la consommation excessive de bois, pour rappeler qu'il avait fait des expériences de cuisson au charbon de terre.
Après 6 requêtes déposées par Bourdon en 1784, le comte d'Angivillers, directeur général des bâtiments du roi, ordonna de suspendre l'exécution des dispositions de l'arrêt du 16 mai 1784.
Sur l'insistance de Bourdon, le Conseil du roi rendit un second arrêt le 17 janvier 1787 aux termes duquel un concours annuel fut institué, mais dont Sèvres et les 4 manufactures de la Reine, de Monsieur, du comte d'Artois et du duc d'Angoulême furent exemptés.
Mme de Sabran a écrit:
Je trouve aussi tes gros plans fascinants .
Nous touchons l'objet .
Merci.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
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