La manufacture de porcelaine de Clignancourt ou manufacture de Monsieur

La manufacture de Clignancourt a été créée en 1775 par Pierre Deruelle . La production est réalisée dans des bâtiments situés près de ce qui est aujourd'hui la rue Marcadet à Paris.
Elle obtient la protection du comte de Provence le 25 octobre 1775.  À partir de cette date, la porcelaine de Clignancourt adopte la marque de L. S. X. (pour Louis Stanislas Xavier, prénoms du comte de Provence) au lieu du moulin à vent. La manufacture de Clignancourt compta jusqu'à 93 ouvriers.

Il y eut une forte concurrence entre les manufacture de Sèvres et de Clignancourt. Seule la manufacture de Sèvres avait le droit d'utiliser la polychromie et l'or pour la décoration de ses porcelaines. Au cours d'une perquisition dans la manufacture de Clignancourt, en 1779, on découvre des peintres "occupés à peindre de différentes couleurs".
Après une longue procédure, son protecteur obtient une remise de poursuite.
En 1787, la manufacture de Clignancourt accède aux mêmes privilèges que celle de Sèvres et peut donc utiliser la polychromie et l'or.
Cette manufacture est active de 1768 à 1799. Wiki nous dit qu'elle produisait de la vaisselle "dans un style néoclassique luxueux, souvent rehaussé de peinture à l'or, qui se caractérisait par sa finesse".

Voici une tasse de la manufacture de Monsieur :



Voici une assiette de la manufacture de Monsieur, inspirée du service riche en or riche en couleurs produit par la manufacture de Sèvres pour Marie-Antoinette et Gustave III :



On comprend pourquoi Sèvres craignait la concurrence des manufactures parisiennes...

Merci, Notre Grâce. Quelle délicatesse ! quel raffinement !

La tourelle de l'ancienne manufacture est classée aux monuments historiques depuis 1965 (mai 2012)
Aujourd'hui c'est, paraît-il, un lieu de perdition ( si vous voulez vous encanailler, ne cherchez plus ! )

103 rue Marcadet et 61-63 rue du Mont-Cenis 75018
Métro : Jules Joffrin

Au croisement des rues Marcadet et du Mont-Cenis se tient, stoïque, l’une des plus vieilles maisons de Montmartre. Une bâtisse poussiéreuse, aux murs tagués, dont la tourelle d’angle, classée aux monuments historiques, a résisté au temps.



Le cœur des ateliers était situé un peu plus haut rue du Mont-Cenis, vers le numéro 53. C’est là qu’en 1828, à l’occasion d’un changement de propriétaire, on retrouva "quelques débris de fourneaux et des moules brisés", indique Charles Sellier, secrétaire de la commission du Vieux-Paris, dans un ouvrage de 1893 sur Montmartre. Mais l’enclos de la porcelainerie était assez vaste. La tour était probablement celle d’un moulin dont les meules broyaient les pierres nécessaires à la pâte à porcelaine – à moins qu’il ne s’agisse d’un ancien colombier. La première marque de fabrique de la manufacture était en tous les cas un moulin à vent.

Dans les années 1780, la "Manufacture de Monsieur" est à son apogée. Elle emploie près de cent personnes, et vend ses articles dans un magasin acquis à Paris, à l’angle de la rue Chabanais et de la rue des Petits-Champs. La qualité est reconnue. "Dès ses débuts, la porcelaine de Clignancourt est recommandable par la beauté de sa pâte et la grâce de ses peintures", note Albert Jacquemart dans son Histoire de la céramique (1873). Artistiquement décorés, ses vases, pots, assiettes, cafetières, sucriers, tasses, etc., constituent une sérieuse concurrence pour la porcelaine de Sèvres. D’autant qu’à partir de 1787, Clignancourt est autorisé à utiliser la polychromie et l’or, comme Sèvres. La rivalité entre les deux manufactures concerne aussi le personnel. En 1776, les directeurs de Sèvres se félicitent ainsi d’avoir réussi à garder, quitte à l’augmenter fortement, un ouvrier de première classe que voulait débaucher Clignancourt.

L'article en entier : http://lafabriquedeparis.blogspot.com/2012/05/montmartre-porcelaine-et-parties-fines.html

Mme de Sabran a écrit:
Merci, Notre Grâce.    Quelle délicatesse ! quel raffinement !  

Oui tu as vu ça ! Les tasses avec l'initiale "A" sous guirlande de roses sont charmantes, non ? Je viens d'en acheter 4 !  

J'ai trouvé d'autres tasses du même style sur le net, toujours de la manufacture de Monsieur :

Quelques autre pièces fabriquées par la manufacture de Clignancourt :

1/ Seau à verre en porcelaine dure à décor polychrome et or du monogramme du Roi Louis XVI LL entrelacés sous une couronne de roses dans deux médaillons cernés d'entrelacs or, le bord supérieur décoré de roses et pensées et d'un ruban carmin, semis de fleurettes autour des médaillons. Sur le piédouche l'inscription en or : LE ROY.
Marqué : LSX entrelacés pour la Manufacture du comte de Provence à Clignancourt.
XVIIIème siècle. H. 11 cm, L. 17 cm. (Infime égrenure sur le bord). Vente Pescheteau-Badin du  07/11/17 (adjugé 9 500 euros).




2/ Paire de vases de forme Médicis, les anses en forme de branche de laurier, décor polychrome sur une face de paysages animés et chiffré MS en or et sur l'autre face à décor de putti en grisaille sur fond rose et le chiffre MS formé de Weurs, riche dorure formée de rosaces, Weurons, guirlandes et godrons. Marqués LSX en or pour Louis-Stanislas-Xavier, Comte de Provence. Manufacture de Clignancourt. XVIIIe siècle, vers 1785. Socle carré en bronze doré. (Petite restauration à un col). Haut. : 21 cm. C.F. Provenance : Galerie Maurice SEGOURA. Vente Baron Rybeyre & Associés du 09/04/10 (adjugé 4500 euros).






3/ Caisse à fleurs carrée à décor polychrome de semis de fleurettes dans des treillages or. Marquée: LSX en rouge. Manufacture du comte de Provence à Clignancourt. XVIIIe siècle, vers 1785. Restaurations aux sphères aux sommets des angles et petits éclats. H_20,5 cm L_15 cm P_15 cm Provenance: Succession de Madame Chéruit. Vente Pierre Bergé & Associés du 20/12/13 (adjugé 2200 euros).



4/ Tasse de forme litron et sa soucoupe à décor polychrome de semis de fleurettes et sur les bords de roses et barbeaux dans médaillons cernés de rang de perles or dans des galons formés de guirlandes de fleurs et guirlandes de feuillage or. Marquées : LSX entrelacés et M couronné en rouge. Manufacture de Monsieur, comte de Provence à Clignancourt sous la direction de Moitte. XVIIIème siècle. Hauteur: 6,3 cm. Diamètre: 14 cm. Fêlure sur la tasse. Vente Lasseron & Associés du 10/02/12 (adjugé 450 euros).

Mme de Sabran a écrit:La tourelle de l'ancienne manufacture est classée aux monuments historiques depuis 1965 (mai 2012)
Aujourd'hui  c'est, paraît-il,  un lieu de perdition ( si vous voulez vous encanailler, ne cherchez plus !  )

Oui, on y vient en couple pour y faire mieux connaissance bibliquement d’autres couples

Décidément Paris foisonne de tels endroits : Notre Grâce et moi dînions dernièrement auprès d'un bar borgne duquel, paraît-il, on sort parfois à quatre pattes, en laisse, sur les trois heures du mat' !

La classe à Dallas.

Voici quelques vues supplémentaires de ce pauvre bâtiment.

Retenons bien l'adresse pour ne surtout pas y aller !

Mme de Sabran a écrit:Retenons bien l'adresse pour ne surtout pas y aller !

Ce beau service de la manufacture de Monsieur a la particularité d'être frappé des initiales "JC" surmontées d'une couronne royale. Qui pouvait donc bien être ce(tte) JC ? Faisait-il (elle) partie de la famille royale ?




Partie de service de table en porcelaine à décor sur le fond d'un mavelot: JC surmonté d'une couronne royale, et sur l'aile d'un semis de barbeaux et de pensées entre des filets dorés. Il comprend: 2 rafraichissoirs, 2 plats ronds, 14 assiettes plates, 3 petites assiettes et 2 beurriers couverts. Marqué. Accidents et réparations Fin d'époque Louis XVI.
Vente Ferri & Associés du 05/12/2012 (adjugé 10.200 euros).

Duc d'Ostrogothie a écrit: Qui pouvait donc bien être ce(tte) JC ? Faisait-il (elle) partie de la famille royale ?  

Très généralement, J.C. est Jésus Christ, mais en l'occurrence écartons cette hypothèse certainement erronée .

Djizeusse !

N'insiste pas, Ta Grâce : écartons sans regrets cette hypothèse farfelue !

Jules César peut-être ?

Juien Clerc, que te semble ?

La marque de la manufacture de Clignancourt peut se rencontrer soit en rouge soit en or :



Vase à culot arrondi sur piédouche  de la manufacture de Clignancourt, avec des anses formées de branchages de laurier, scènes pastorales en grisaille :

Quelques productions de la manufacture de Clignancourt , aujourd’hui exposées au musée de Montmartre :

Merci, Notre Grâce !  
Je trouve particulièrement heureux l'effet or et grisaille .

Mme de Sabran a écrit:
Je trouve particulièrement heureux l'effet or et grisaille .

Moi aussi.

Figure toi que la grisaille, la peinture en noir était la grande spécialité de la manufacture de Clignancourt.

Le noir était très difficile à produire sur la porcelaine, c'était une technique plus difficile que la polychromie ou l'or.

La manufacture de Clignancourt a produit de la vaisselle courante, mais également des pièces décoratives ou d'ornements de prestige.

Voici le rafraîchissoir frappé de l'inscription "Le Roi" produit par la manufacture de Clignancourt (aujourd’hui exposé au musée national de la céramique de Sèvres) :

duc d'Ostrogothie a écrit:Figure toi que la grisaille, la peinture en noir était la grande spécialité de la manufacture de Clignancourt.

Le noir était très difficile à produire sur la porcelaine, c'était une technique plus difficile que la polychromie ou l'or.

Tiens donc !  ...  et sais-tu pourquoi ?!

Mme de Sabran a écrit:

duc d'Ostrogothie a écrit:Figure toi que la grisaille, la peinture en noir était la grande spécialité de la manufacture de Clignancourt.

Le noir était très difficile à produire sur la porcelaine, c'était une technique plus difficile que la polychromie ou l'or.

Tiens donc !  ...  et sais-tu pourquoi ?!

Le noir était très difficile à réaliser pour des raisons de cuisson (Régine de Plinval de Guillebon, "Faïence et porcelaine de Paris").

La manufacture de Clignancourt s'est également faite une réputation dans le camaïeu bistre, qui atteignit sa perfection en 1783 grâce au talent de Lamprecht, un peintre viennois. Le succès fut si grand que Sèvres débaucha Lamprecht. Sèvres produisît alors des décors de camaïeu bistre "à l'imitation de Clignancourt", comme Sèvres le reconnaît dans une lettre au comte d'Angivilliers datant de 1785.

Ta science m'époustoufle !  
Merci !

Ahah c’est gentil.

Voici une écuelle en camaïeu bistre de la manufacture de Clignancourt , signée du viennois Lamprecht et datée 1783 .
On remarquera le chapeau brandi par le jeune garçon qui « mord » sur le galon en or et donne une grande élégance à cette pièce .

Oui, c'est original !   Mais je ne comprends pas sa position .   Où sont ses jambes ?   Il est à plat ventre ?   Il lutine la petite certainement car elle a ses jupons retroussés,  ses petits seins jaillissent de son corsage .  Je crois que ces jeunes gens sont dérangés dans leurs ébats par une bestiole .  Peut-être une poule ?  qu'il chasse à grands coups de chapeau .  La fille rit .

C'est une scène galante en effet.

La "petite bestiole" est un serpent (on ne le voit pas bien sur la photo désolé).

Une allusion à Adam et Eve sans doute : va-t-elle lui offrir le fruit défendu ?

A mon avis, oui !    Les travaux d'approche me semblent bien amorcés .