La manufacture de porcelaine de Meissen
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La manufacture de porcelaine de Meissen
Mme de Sabran a écrit:Nous vous attendons de pied ferme !
J'arrive, j'arrive...
En attendant l'énigme, ce beau texte de Maupassant qui parle notamment de la manufacture de Meissen :
LES CADEAUX
"La semaine des cadeaux vient de finir, et les étagères des jolies femmes sont couvertes de bibelots. Le cadeau qu’on donne à une jolie femme est toujours la voix d’un désir ; aussi rien n’est-il plus intéressant à visiter que les salons coquets dans la saison des étrennes.
J’ai fait ce voyage autour des boudoirs que j’aime, et je me suis arrêté longtemps devant des physionomies d’objets qui me révélaient bien des mystères. Souvent même je devinais : « C’est M. X… qui vous a donné cela, madame ? — Oui… Comment le savez-vous ? — Ah ! voilà, c’est mon secret. »
Le peuple menu des choses gracieuses règne en cette saison de l’année, occupe toutes nos pensées, tient notre attention, agite nos cœurs.
Un petit bijou mignon, rare et simple, est un éloquent plaidoyer, mais un plaidoyer des sens. Pourquoi ? direz-vous. Je ne sais trop. Mais le bijou me semble brutal. C’est de l’or, des diamants, des perles, de l’argent sous une forme palpable, appréciable du premier venu. On dit, au simple coup d’œil : « Cela vaut tant. » Eh bien, le « cela vaut tant » me paraît indiquer aussi une affection qui vaut tant. Offrir un bijou, c’est presque ouvrir son porte-monnaie et mettre la somme en la main.
Ne vous fâchez point, mesdames ; je sais que, presque toutes, vous préférez les bijoux aujourd’hui. Cela vous sied si bien, n’est-ce pas ? Faisons une exception pour les bijoux anciens ; leur valeur, plus conventionnelle, leur prête quelque chose de plus discret et de plus enveloppé.
Les fleurs, généralement, sont les messagères des sentiments platoniques ; et les bonbons ne sont qu’un prétexte pour offrir la bonbonnière.
Or, la bonbonnière achetée chez le bonbonnier indique la simple politesse, quelle que soit d’ailleurs la valeur de l’objet. Cela veut dire : « J’ai dîné souvent chez vous, je vous dois un cadeau sérieux ; tout le monde sait que cette boîte à la mode, achetée chez le confiseur en vogue, coûte vingt-cinq louis ; voilà. C’est un devoir que j’accomplis, nous sommes quittes. »
La coupe de Chine, pleine de marrons ; la porcelaine japonaise, pleine de billes de chocolat ; la boîte en laque, pleine de fondants, expriment une intention plus raffinée. Elles disent : « j’ai voulu vous être agréable ; j’ai cherché ce que je pourrais vous offrir ; j’ai couru les magasins ; je me suis, enfin, donné du mal. » Ce sont des présents un peu communs toutefois ; et les seules porcelaines où les doigts mignons doivent puiser les douces sucreries sont celles qui portent les marques anciennes des deux L ou des deux épées : Sèvres ou Saxe, ces sanctuaires du goût exquis.
⁂
Que peut-on donner de plus délicieux qu’un bibelot de Sèvres, du vieux sèvres, bien entendu, de cette inimitable pâte tendre, dont le secret est oublié ? à moins d’offrir un vieux saxe, une de ces petites boîtes carrées ou rondes qui portent sur leur couvercle des paysages aux tons violets, si fins, si délicats, ces merveilles de couleur unie où des arbres déliés abritent les fluettes maisons, dont le toit lance une imperceptible fumée grise sur un ciel couleur de lait.
Oui, le sèvres au fond bleu pâle, ce bleu qui ne change pas aux lampes, ce sèvres plein d’oiseaux variés comme des fleurs, au milieu de buissons de toutes nuances, le sèvres aux bergères couchées à côté des bergers, et caressant un mouton rose dans une campagne à la Watteau, n’a qu’un rival, c’est le saxe, plus austère, mais peut-être plus parfait encore.
Savez-vous, mesdames, l’histoire de ces deux illustres manufactures qui peuvent défier les plus beaux et les plus anciens produits chinois ?
Permettez-moi de vous la raconter.
Il ne faut point oublier d’abord que, pendant les siècles qui suivirent les invasions, le secret de la fabrication des faïences fut perdu.
C’est en Espagne que recommença d’abord cette fabrication, rapportée par les Maures. Les Arabes en firent autant en Sicile et créèrent d’admirables vases d’un goût oriental, dont l’émail, entièrement bleu, est couvert d’ornements vermiculés à reflets d’or et de cuivre, d’un éclat surprenant. La pâte en est presque toujours plus blanche et plus serrée que celle des faïences hispano-mauresques.
Puis l’expédition des Pisans contre Majorque fit connaître à l’Italie la céramique mauresque ; et cette nation excella bientôt dans cette artistique industrie.
La France fut l’élève de l’Italie, et nous voyons les fabriques s’établir du Midi vers le Nord : Moustiers, Marseille, Avignon, Nevers et Rouen — Rouen, qui porta l’art céramique français à sa pureté la plus extrême. La pâte rouennaise n’est point la plus fine qu’on puisse voir, le grain en est un peu gros, et la transparence reste parfois insuffisante, mais les belles faïences de ce pays sont sans égales au monde par l’émail, le coloris éclatant, et surtout par l’ornementation d’un goût absolu et d’un effet merveilleux.
Ce fut Henri IV qui eut l’honneur d’établir les premières grandes manufactures de faïence à Paris, Nevers et en Saintonge, la patrie de Bernard Palissy.
Les porcelaines chinoises et japonaises n’avaient, du reste, pénétré en Europe que dans le premier tiers du seizième siècle.
Sèvres est de création relativement récente. Louis XV acheta cette fabrique, et il la faisait exploiter sans se préoccuper curieusement des résultats, quand la Pompadour fut séduite par des échantillons qu’elle en vit et décida le roi à y faire de grandes dépenses. Elle prit dès lors l’établissement sous sa protection, le surveilla, le soutint, s’en occupa sans cesse ; et, sous son inspiration, Sèvres devint le merveilleux atelier d’où sortit cette adorable pâte tendre d’une beauté si délicate et d’une finesse incomparable. Après les artistes qui avaient créé cette porcelainerie unique, on installa à Sèvres des hommes de science qui, changeant les procédés, demandant surtout aux vases des qualités chimiques, méprisant l’ancienne pâte onctueuse et tendre, riant de la vieille fabrication, inaugurèrent le règne de la pâte dure, des bleus violets désagréables à l’œil, et amenèrent la vraie décadence de l’établissement. Il ne s’est point encore relevé et, malgré les éloges patriotiques que lui décernent périodiquement les commissions officielles, Sèvres n’est plus qu’une manufacture secondaire dont les produits sont bien inférieurs à ceux de l’industrie privée.
⁂
Aucun roman d’aventures n’est plus extraordinaire, plus mouvementé et plus curieux que les origines de la grande manufacture de Meissen, en Saxe.
En 1701, un alchimiste, Johann-Friedrich Boucher, né à Schlaiz, en Voigtland, le 14 février 1682, vint à Dresde, implorer la protection de Frédéric-Auguste Ier, électeur de Saxe et roi de Pologne,
Il fuyait devant l’intérêt trop vif que lui témoignait un autre prince, le roi Frédéric-Guillaume. Cet alchimiste, en effet, placé d’abord en apprentissage chez le pharmacien Zorn, à Berlin, avait exécuté des travaux si curieux, fait des expériences si inattendues et si belles, que son souverain, craignant de le voir partir, le faisait épier et suivre partout. Gêné par cette surveillance royale, le jeune homme disparut et se rendit en Saxe.
L’électeur lui donna pour collaborateur Ehrenfried-Walter de Tschirnaus, qui cherchait alors le secret de la porcelaine dure des Chinois, secret qui paraissait introuvable.
En 1695, un inventeur nommé Morin avait découvert la pâte tendre ; mais il fallait découvrir la pâte dure ; et Tschirnaus s’égarait en des essais de vitrification incomplète, s’exaspérait de ses échecs, se décourageait aux tentatives avortées.
Son compagnon Bottcher débuta par fabriquer des vases, des aiguières de grès rouge vernissé, rehaussé de fleurs, d’écus armoriés, d’ornements de toute espèce, de feuillages d’or, etc., non fixés par le feu.
Ces échantillons furent présentés à son protecteur Frédéric-Auguste, qui fut envahi par une admiration si véhémente, qu’il ordonna à son tour de garder à vue son protégé. Un officier le suivait partout ; il ne pouvait plus faire un seul pas sans être accompagné, guetté ; et il demeurait prisonnier en une somptueuse demeure où personne même ne pouvait lui parler sans témoins.
S’indigna-t-il moins de cette surveillance acharnée sur lui la seconde fois que la première, ou bien fut-il plus strictement observé ? Le fait est qu’il ne disparut point, et que nous le voyons, en 1706, fuyant devant les Suédois qui envahissaient la Saxe et transportant ses instruments de travail dans la forteresse de Koenigstein.
En 1707, il revint à Dresde et continua ses essais, mais rien ne le mettait sur la voie du secret si ardemment poursuivi ; et ses longues recherches seraient demeurées inutiles sans un de ces merveilleux hasards où l’on croit toujours voir les intentions cachées du Destin.
Un maître de forge, nommé Johann Schnorr, s’étant embourbé sur le territoire d’Aue, près de Schneeberg, en une espèce de fondrière pleine d’une bouillie grasse et blanche, ramassa un peu de cette terre collée aux jambes de son cheval, et l’emporta chez lui. Il remarqua qu’en séchant elle devenait une poussière fine et légère ; et il eut l’idée de l’employer à poudrer les cheveux à la place de la farine de froment qu’on employait alors. Sa tentative ayant réussi, il se mit à vendre cette terre broyée, et le valet de Bottcher, nommé Slunker, en acheta pour son maître.
Cet homme s’aperçut alors que la poudre nouvelle était plus lourde que l’ancienne, et, tout en la semant sur la tête de son seigneur, il lui signala cette particularité.
Bottcher, poursuivi par l’idée fixe de l’introuvable pâte, examina cette poudre, la mania, la mouilla, l’analysa et eut l’inspiration de l’employer dans ses expériences. Or, c’était du kaolin ! La découverte était complète.
La manufacture royale de Saxe fut alors installée solennellement le 6 juin 1710, dans le vieux château d’Albertsburg à Meissen.
Ses produits eurent d’abord pour marque les deux lettres A. R. (Augustus Rex), puis deux épées en croix dans un triangle ; puis enfin deux épées croisées sans encadrement.
Bottcher mourut en 1719.
⁂
Qui ne les connaît et ne les adore, ces délicieux petits bonshommes, de Saxe, nation frêle et maniérée qui peuple nos cheminées ou sourit derrière les vitrines. Les frêles marquis, en culotte rose, en bas à trèfles, en habit bleu, dont l’épée relève un pan, s’inclinent devant les bergères à panier avec leur chevelure poudrée qui porte un parterre de fleurs. Une foule de personnages poupins font des grâces en leurs atours de porcelaine ; toute leur race émaillée et nabote nous donne l’idée d’un coquet royaume où vivrait ce petit monde, un Lilliput d’étagère. Ils sont jolis, jolis, proprets, gais et luisants ; et le charme de leurs couleurs séduit l’œil, nous les fait aimer, et nous fait faire des folies pour eux comme pour une maîtresse adorée. Car elle coûte cher, cette humanité minuscule, charmante ; et une petite danseuse en pâte de Saxe demande autant d’or pour entrer chez vous qu’une grande danseuse en chair vivante.
Les créateurs de ces êtres mignons s’appelèrent Hoeroldt, le modeleur ; Kaudler, le sculpteur, et Dietrich, le peintre.
Je vous souhaite, mesdames, un grand nombre de leurs enfants."
Guy de Maupassant
(tiré de "Le Gaulois" du 7 janvier 1881, texte disponible ICI :
https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Cadeaux)
Lady Jhane- Messages : 1318
Date d'inscription : 04/11/2021
Localisation : Gévaudan
Re: La manufacture de porcelaine de Meissen
Quelques liens en passant sur la manufacture de Meissen !
http://www.alienor.org/collections-des-musees/fiche-personne-32930-manufacture-de-meissen
https://www.paulbert-serpette.com/articles/meissen-manufacture
https://www.proantic.com/magazine/la-fabrique-de-lextravagance-porcelaines-de-meissen-et-de-chantilly/
http://www.alienor.org/collections-des-musees/fiche-personne-32930-manufacture-de-meissen
https://www.paulbert-serpette.com/articles/meissen-manufacture
https://www.proantic.com/magazine/la-fabrique-de-lextravagance-porcelaines-de-meissen-et-de-chantilly/
Re: La manufacture de porcelaine de Meissen
Eddy2000 a écrit:
Il a été offert par Auguste II (Frédéric-Auguste Ier de Saxe, dit « Auguste le Fort »), roi de Pologne, grand-duc de Lituanie et prince-électeur de Saxe, à Victor-Amédée II en 1725.
Ces cadeaux constituaient une sorte de promotion politique et diplomatique de son pays et du savoir-faire de la manufacture de Meissen.
Victor-Amédée II a reçu un service somptueux, composé de pas moins de 300 pièces, envoyé à Turin dans 12 caisses.
Pour plus de précisions, voir ICI :
https://www.rottasutorino.it/2019/12/servizio-porcellana-donato-re-vittorio-amedeo-palazzo-madama.html
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La manufacture de porcelaine de Meissen
Merci pour l'ouverture de ce sujet...
- Je l'ai déplacé dans la bonne rubrique de notre Forum
- Je l'ai renommé afin qu'il ne concerne que la manufacture de Meissen. Un sujet regroupant Sèvres et Meissen serait bien trop important.
Je pensais d'ailleurs regrouper sous un même sujet " Sèvres " la plupart des sujets où nous présentons des pièces des Sèvres. Je n'ai pas eu le temps de le faire...
Il pourra en être de même pour les créations de Meissen, dès lors qu'elles ne méritent pas un sujet dédié.
- Je l'ai déplacé dans la bonne rubrique de notre Forum
- Je l'ai renommé afin qu'il ne concerne que la manufacture de Meissen. Un sujet regroupant Sèvres et Meissen serait bien trop important.
Je pensais d'ailleurs regrouper sous un même sujet " Sèvres " la plupart des sujets où nous présentons des pièces des Sèvres. Je n'ai pas eu le temps de le faire...
Il pourra en être de même pour les créations de Meissen, dès lors qu'elles ne méritent pas un sujet dédié.
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: La manufacture de porcelaine de Meissen
C'est parfait.
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: La manufacture de porcelaine de Meissen
L'appellation porcelaine de Saxe recouvre les productions de plusieurs manufactures allemandes de la région de Saxe à partir du début du XVIIIème siècle, selon le procédé découvert et mis au point en 1709 par le chimiste Frédéric Böttger. Cette porcelaine dure utilise le kaolin qui provient des mines de kaolinite situées au nord-ouest de la jolie ville de Meissen.
L'Albrechtsburg et la cathédrale de Meissen.
Leander Wattig — originally posted to Flickr as Meißen: Burgberg mit Albrechtsburg und Dom
Meißen Burgberg mit Albrechtsburg und Dom
La Manufacture royale de Meissen fondée en 1710 est la plus connue. Ses pièces sont reconnaissables à leur signature aux deux épées entrecroisées...
... comme voici :
La vie de Johann Friedrich Böttger est un roman.
BÖTTGER, Johann Friedrich (1682 - 1719).
Brustbild im Profil nach rechts in ovaler
Zierumrahmung des Erfinders des Porzellans.
Songez donc, né à Schlaiz en Voigtland, le 4 février 1682 et alchimiste de vocation, Johann Friedrich Böttger cours après la pierre philosophale. Il se livre aux sciences occultes, dans la ferme intention de fabriquer de l'or.
Élève en pharmacie chez l'apothicaire Zorn, il fait si bien croire en la réussite de ses expériences que le roi de Prusse, Frédéric-Guillaume Ier, le terrible " Roi sergent ", exige alors qu'il lui montre son secret.
Terrifié, il s'enfuit à toutes jambes en Saxe ... où il est arrêté et devient le captif de l’Électeur, Auguste le Fort, roi de Pologne ( pour la petite histoire : le monarque aux innombrables maîtresses, et 350 petits bâtards, qui bat Louis XV à plates coutures ) .
L’électeur donne au réfugié pour collaborateur Ehrenfried Walter de Tschirnaus
Portrait à sa fenêtre ( )
Ehrenfried Walter de Tschirnaus cherchait alors le secret de la porcelaine dure des Chinois.
Tous deux s'attèlent à des expériences pour fabriquer une porcelaine dure et translucide proche des porcelaines de Chine et du Japon et ainsi découvrent le kaolin d'Aue (Saxe) en 1709.
Telle est la légende :
Un maître de forges, nommé Johann Schnorr, s’embourba en passant sur le territoire d’Aue, près de Schneeberg.
La poudre et les perruques étaient alors dans toute leur vogue.
L’embourbé, qui était un homme industrieux, imagina de vendre, au lieu de farine de froment, comme poudre à poudrer, la terre blanche et molle où son cheval avait piétiné.
Un proverbe dit : « Tel maître tel valet. »
Slunker, valet de chambre de Böttcher, avait l’habitude de l’observation, et il ne put s’empêcher de dire à son patron :
« Voilà un phénomène singulier ! votre poudre est bien plus lourde qu’à l’ordinaire! »
Böttcher eut comme une révélation, et analysa la terre pulvérisée.
C’était du kaolin !
Grâce à la complicité du hasard, la porcelaine dure avait été trouvée.
Le kaolin est un argile blanc, friable et réfractaire, composé principalement de kaolinite, soit de silicates d’aluminium, dérivé du mot chinois gaoling (高岭), signifiant « Collines Hautes », et qui désigne une carrière située à Jingdezhen, dans la province de Jiangxi, en Chine.
Le kaolin est en effet la matière première utilisée dans la fabrication de la porcelaine, découverte et invention chinoise qui a eu lieu à Jingdezhen. Il est à la base de la fabrication de la porcelaine qu'il permet de rendre blanche.
Pour Johann Friedrich Böttger, victoire ! c'est la découverte et l'invention de la porcelaine de Saxe !
... l'or blanc !
Böttger commence par la fabrication d'aiguières de grès rouge vernissé, rehaussé de fleurs, d’écus armoriés, de feuillages d’or, non fixés par le feu.
L’électeur et roi Frédéric-Auguste est saisi d’un tel enthousiasme, qu'il ordonne de garder l’inventeur à vue, et de ne le laisser sortir qu’accompagné d’un officier, afin de l’empêcher de communiquer ses secrets aux puissances étrangères.
Böttcher a une magnifique résidence à Meissen, mais il y est captif !
Lorsque, en 1706, les Suédois envahissent la Saxe, Böttcher transfert dans la forteresse de Konigstein, tout son barda, laboratoire et fourneaux.
Ils y restent jusqu’au mois de septembre 1707, pour finalement revenir triomphalement à Dresde, sur la belle terrasse de Brühlsche qui domine le cours de l’Elbe.
La manufacture royale de Saxe est aussitôt organisée sur une large échelle. L’électeur-roi l'installe solennellement, le 6 juin 1710, dans le vieux château historique d’Albertsburg, à Meissen. Elle offre à l’Europe émerveillée, tantôt de belles imitations des porcelaines de la Chine, tantôt des produits originaux. Elle prend pour marque un A et un R entrelacés, Augustus-rex. Elle adopte ensuite deux épées en croix dans un triangle, puis deux épées sans encadrement.
A Böttcher, décédé en 1719, succédèrent Horoldt, peintre et modeleur; l’habile sculpteur Kandler, le peintre Dietrich. Ce fut de leurs mains que sortirent les jeunes seigneurs pimpants, les bouquetières, les petites maîtresses, les servante accortes, les bergères enrubannées, les amours mignons, et tant de ravissantes figurines ...
Figurine en porcelaine, 1772, Manufacture de Meissen.
Sculpture: Inconnu; Photo: Andreas Praefcke — Photographie personnelle
Female merchant writing, Meissen porcelain sculpture, 1772.
Reiss-Engelhorn-Museen, Mannheim (displayed at the Zeughaus location of the museum).
Le Baise-Main, vers 1737-40 Modèle de Johann Joachim Kändler,
d’après «Le Sicilien ou l’Amour peintre » de François Boucher
Porcelaine, émaux polychromes et or
Service aux cygnes, vers 1765-70
Terrine surmontée de la figure de Galatée
Porcelaine, émaux polychromes et or
Modèle de Johann Joachim Kändler
Grand vase en porcelaine de Meissen à décor peint polychrome rehaussé à l’or de scènes galantes dans des paysages et de bouquets de fleurs sur l’arrière. Riche décor en relief de deux amours et de fruits et feuillages. Il repose sur une base en bronze à décor de cannelures. Ce vase a été anciennement monté en lampe. Il ne comporte pas de fêle mais présente des manques et éclats dans les petites fleurs et feuillages et également le manque d’un pied d’un amour et un petit éclat sur un doigt de pied de l’autre amour. Présence de la marque en dessous aux épées croisées de Meissen . Vase d’époque XIX ème Siècle.
Dimensions : Hauteur : 39 cm – Diamètre : 25,3 cm
L'Albrechtsburg et la cathédrale de Meissen.
Leander Wattig — originally posted to Flickr as Meißen: Burgberg mit Albrechtsburg und Dom
Meißen Burgberg mit Albrechtsburg und Dom
La Manufacture royale de Meissen fondée en 1710 est la plus connue. Ses pièces sont reconnaissables à leur signature aux deux épées entrecroisées...
... comme voici :
La vie de Johann Friedrich Böttger est un roman.
BÖTTGER, Johann Friedrich (1682 - 1719).
Brustbild im Profil nach rechts in ovaler
Zierumrahmung des Erfinders des Porzellans.
Songez donc, né à Schlaiz en Voigtland, le 4 février 1682 et alchimiste de vocation, Johann Friedrich Böttger cours après la pierre philosophale. Il se livre aux sciences occultes, dans la ferme intention de fabriquer de l'or.
Élève en pharmacie chez l'apothicaire Zorn, il fait si bien croire en la réussite de ses expériences que le roi de Prusse, Frédéric-Guillaume Ier, le terrible " Roi sergent ", exige alors qu'il lui montre son secret.
Terrifié, il s'enfuit à toutes jambes en Saxe ... où il est arrêté et devient le captif de l’Électeur, Auguste le Fort, roi de Pologne ( pour la petite histoire : le monarque aux innombrables maîtresses, et 350 petits bâtards, qui bat Louis XV à plates coutures ) .
L’électeur donne au réfugié pour collaborateur Ehrenfried Walter de Tschirnaus
Portrait à sa fenêtre ( )
Ehrenfried Walter de Tschirnaus cherchait alors le secret de la porcelaine dure des Chinois.
Tous deux s'attèlent à des expériences pour fabriquer une porcelaine dure et translucide proche des porcelaines de Chine et du Japon et ainsi découvrent le kaolin d'Aue (Saxe) en 1709.
Telle est la légende :
Un maître de forges, nommé Johann Schnorr, s’embourba en passant sur le territoire d’Aue, près de Schneeberg.
La poudre et les perruques étaient alors dans toute leur vogue.
L’embourbé, qui était un homme industrieux, imagina de vendre, au lieu de farine de froment, comme poudre à poudrer, la terre blanche et molle où son cheval avait piétiné.
Un proverbe dit : « Tel maître tel valet. »
Slunker, valet de chambre de Böttcher, avait l’habitude de l’observation, et il ne put s’empêcher de dire à son patron :
« Voilà un phénomène singulier ! votre poudre est bien plus lourde qu’à l’ordinaire! »
Böttcher eut comme une révélation, et analysa la terre pulvérisée.
C’était du kaolin !
Grâce à la complicité du hasard, la porcelaine dure avait été trouvée.
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Le kaolin est un argile blanc, friable et réfractaire, composé principalement de kaolinite, soit de silicates d’aluminium, dérivé du mot chinois gaoling (高岭), signifiant « Collines Hautes », et qui désigne une carrière située à Jingdezhen, dans la province de Jiangxi, en Chine.
Le kaolin est en effet la matière première utilisée dans la fabrication de la porcelaine, découverte et invention chinoise qui a eu lieu à Jingdezhen. Il est à la base de la fabrication de la porcelaine qu'il permet de rendre blanche.
Pour Johann Friedrich Böttger, victoire ! c'est la découverte et l'invention de la porcelaine de Saxe !
... l'or blanc !
Böttger commence par la fabrication d'aiguières de grès rouge vernissé, rehaussé de fleurs, d’écus armoriés, de feuillages d’or, non fixés par le feu.
L’électeur et roi Frédéric-Auguste est saisi d’un tel enthousiasme, qu'il ordonne de garder l’inventeur à vue, et de ne le laisser sortir qu’accompagné d’un officier, afin de l’empêcher de communiquer ses secrets aux puissances étrangères.
Böttcher a une magnifique résidence à Meissen, mais il y est captif !
Lorsque, en 1706, les Suédois envahissent la Saxe, Böttcher transfert dans la forteresse de Konigstein, tout son barda, laboratoire et fourneaux.
Ils y restent jusqu’au mois de septembre 1707, pour finalement revenir triomphalement à Dresde, sur la belle terrasse de Brühlsche qui domine le cours de l’Elbe.
La manufacture royale de Saxe est aussitôt organisée sur une large échelle. L’électeur-roi l'installe solennellement, le 6 juin 1710, dans le vieux château historique d’Albertsburg, à Meissen. Elle offre à l’Europe émerveillée, tantôt de belles imitations des porcelaines de la Chine, tantôt des produits originaux. Elle prend pour marque un A et un R entrelacés, Augustus-rex. Elle adopte ensuite deux épées en croix dans un triangle, puis deux épées sans encadrement.
A Böttcher, décédé en 1719, succédèrent Horoldt, peintre et modeleur; l’habile sculpteur Kandler, le peintre Dietrich. Ce fut de leurs mains que sortirent les jeunes seigneurs pimpants, les bouquetières, les petites maîtresses, les servante accortes, les bergères enrubannées, les amours mignons, et tant de ravissantes figurines ...
Figurine en porcelaine, 1772, Manufacture de Meissen.
Sculpture: Inconnu; Photo: Andreas Praefcke — Photographie personnelle
Female merchant writing, Meissen porcelain sculpture, 1772.
Reiss-Engelhorn-Museen, Mannheim (displayed at the Zeughaus location of the museum).
Le Baise-Main, vers 1737-40 Modèle de Johann Joachim Kändler,
d’après «Le Sicilien ou l’Amour peintre » de François Boucher
Porcelaine, émaux polychromes et or
Service aux cygnes, vers 1765-70
Terrine surmontée de la figure de Galatée
Porcelaine, émaux polychromes et or
Modèle de Johann Joachim Kändler
Grand vase en porcelaine de Meissen à décor peint polychrome rehaussé à l’or de scènes galantes dans des paysages et de bouquets de fleurs sur l’arrière. Riche décor en relief de deux amours et de fruits et feuillages. Il repose sur une base en bronze à décor de cannelures. Ce vase a été anciennement monté en lampe. Il ne comporte pas de fêle mais présente des manques et éclats dans les petites fleurs et feuillages et également le manque d’un pied d’un amour et un petit éclat sur un doigt de pied de l’autre amour. Présence de la marque en dessous aux épées croisées de Meissen . Vase d’époque XIX ème Siècle.
Dimensions : Hauteur : 39 cm – Diamètre : 25,3 cm
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... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Marque-signature manufacture de Meissen
Merci pour ce complément d'informations.
L'assiette avec les marques de la manufacture au fil du temps est amusante. Elles varient peu d'ailleurs et, dans la réalité, les marques des peintres sur porcelaine ne sont pas toujours si strictement dessinées.
Ici celle d'une des tasses à chocolat du service de la reine Marie Leszczynska, que nous présentons longuement : ICI
Tasse à chocolat d'un nécessaire à thé et à chocolat
Manufacture de porcelaine de Meissen
porcelaine dure peinte et dorée, vers 1737
Pièce d'un nécessaire à thé et à chocolat, acquis en mars 1737 par Auguste III, roi de Pologne et électeur de Saxe (1696-1763), en vue de l'offrir à la reine Marie Leszczynska
Image : RMN-GP (Château de Versailles) / Franck Raux
L'assiette avec les marques de la manufacture au fil du temps est amusante. Elles varient peu d'ailleurs et, dans la réalité, les marques des peintres sur porcelaine ne sont pas toujours si strictement dessinées.
Ici celle d'une des tasses à chocolat du service de la reine Marie Leszczynska, que nous présentons longuement : ICI
Tasse à chocolat d'un nécessaire à thé et à chocolat
Manufacture de porcelaine de Meissen
porcelaine dure peinte et dorée, vers 1737
Pièce d'un nécessaire à thé et à chocolat, acquis en mars 1737 par Auguste III, roi de Pologne et électeur de Saxe (1696-1763), en vue de l'offrir à la reine Marie Leszczynska
Image : RMN-GP (Château de Versailles) / Franck Raux
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
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