Marie-Antoinette : sujets allégoriques en porcelaine de la Courtine, Manufacture de Locré (Jean-Baptiste)
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Marie-Antoinette : sujets allégoriques en porcelaine de la Courtine, Manufacture de Locré (Jean-Baptiste)
Suite à l'annonce de cette prochaine vente aux enchères présentée ICI avec cette illustration, je notais qu'il me semble distinguer sur cette image :
Une variante de L’hymen et le génie de la France, célébrant l’union du dauphin et de la dauphine représentés dans un médaillon soutenu par les figures de la Fidélité et de l’Amour.
Le groupe allégorique original a été modelé en 1773 par le sculpteur Hessois Laurent Russinger, venu de la manufacture allemande d’Hoechst, et transcrit en porcelaine l’année suivante pour la manufacture de « porcelaine allemande » de Jean-Baptiste Locré (Manufacture de Locré), installée à Paris, en 1772, rue de la Fontaine-au-Roi.
Le Musée des arts décoratifs de Paris, qui conserve ce biscuit en porcelaine dure, précise qu’un seul autre exemplaire est connu.
Une rareté qui peut être expliquée par le décor de l'autel aux armes delphinales, alors que sa conception tardive est donc tout proche de l’avènement de Louis XVI.
Attendons de savoir donc de quand date cette variante présentée aux enchères (qui diffère de celle-ci), à savoir s’il s’agit d’une reproduction plus tardive dans l’histoire de cette manufacture ou bien un exemplaire des années 1774 ?
____________________
Un sujet en porcelaine que nous avions donc déjà présenté avec un autre exemplaire, actuellement conservé au Musée des arts décoratifs de Paris :
Le Musée des arts décoratifs de Paris
L'hymen et le génie de la France célébrant l'union du dauphin, futur Louis XVI, et de Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine
Manufacture allemande de Jean-Baptiste Locré, rue de la Fontaine-au-Roi
Biscuit de porcelaine dure
Paris, vers 1774
Image : Forum de Marie-Antoinette
Le mariage de Louis XVI et Marie-Antoinette
Groupe allégorique au mariage du dauphin et de la dauphine
Laurent Russinger pour la manufacture de la Courtille, "manufacture allemande" créé par Jean-Baptiste Locré
Biscuite de porcelaine dure
Paris, vers 1773-1774
Image : Paris, Musée des Arts décoratifs
La nuit, la neige a écrit:
Le Musée des arts décoratifs de Paris, qui conserve ce biscuit en porcelaine dure, précise qu’un seul autre exemplaire est connu.
Une rareté qui peut être expliquée par le décor de l'autel aux armes delphinales, alors que sa conception tardive est donc tout proche de l’avènement de Louis XVI.
Trouvée sur le net (source non précisée)...
Groupe en biscuit, mariage du dauphin et de Marie-Antoinette
Manufacture de Locré, direction Locré 1773-1774
Image : Porcelaine de Paris - Commons wikimedia
Cette illustration présente un biscuit dont les détails décoratifs sont différents de ceux du Musée des arts déco, et notamment :
Les figures et postures de la Fidélité et de l'Amour ; les profils de Marie-Antoinette et de Louis XVI ; les frises décoratives du médaillon et celles de l'autel ; les armes delphinales de l'un et celles (delphinales ?) de l'autre ; deux putti pour celui du Musée des arts déco, un seul pour l'autre etc.
Quant au sujet qui sera présenté en vente aux enchères, il semble également combiner les variantes de l'un et de l'autre.
Par exemple : les profils de Louis XVI et de Marie-Antoinette sont ceux visibles sur l'image du sujet Wikipedia, mais avec le fronton du médaillon n'est pas le même ; de même que la posture et la figure de l'Amour qui porte des ailes (comme sur le groupe conservé au Musée des arts déco), alors que celui de l'image Wiki n'en porte pas ; je ne distingue pas suffisamment les armes modelées sur l'autel pour les comparer ; mais un seul angelot présent sur la base (idem image Wiki) et deux pour celui du Musée des arts décoratifs, etc.
La nuit, la neige a écrit:
Attendons de savoir donc de quand date cette variante présentée aux enchères, à savoir s’il s’agit d’une reproduction plus tardive dans l’histoire de cette manufacture ou bien un exemplaire des années 1774 ?
La piste des différences des profils de Marie-Antoinette et Louis XVI est peut-être à creuser ? De même que cette histoire des armes delphinales sur l'autel, opportunes avant le sacre de Louis XVI, mais guère après ?
Enfin, s'il y a signature et date mentionnée, ce sera encore plus simple.
Le groupe du Musée des arts déco. avait été présenté à l'exposition Marie-Antoinette, au Grand Palais (2008).
Dans le catalogue de l'exposition publiée aux éditions RMN dans lequel il est reproduit, il est précisé : "Un autre groupe porte LOCRET / FECITANNO / 1774 (Plinval de Guillebon 1986, p. 44)".
A suivre, une présentation de cette manufacture et un autre sujet en porcelaine dont Marie-Antoinette est le centre de la composition...
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Marie-Antoinette : sujets allégoriques en porcelaine de la Courtine, Manufacture de Locré (Jean-Baptiste)
Quelques informations complémentaires donc, au sujet de cette manufacture, de sa longue histoire et de celle de ses directions successives.
Cet article publié sur l'intéressant forum des collectionneurs, "Place de l'ours" :
Source image : Forum Place de l'ours
Ainsi que, pour info seulement, ces illustrations des différentes signatures et cachets de la marque aux XVIIIe et XIXe siècles (trop compliqué, je ne développerai pas... ).
Source image : Forum Place de l'ours
Évolution de la marque Locré de 1773 à 1820
Image : Porcelaine de Paris - Wikipedia
Ce site internet est consacré à la manufacture Pouyat (parmi les plus célèbres de Limoges au XIXe siècle) et aux membres de la famille du même nom qui reprirent la Manufacture Locré en 1797, et conservèrent son nom pendant plus de 20 ans.
Après une succession d'autres propriétaires, l’entreprise prendra progressivement le nom de « Porcelaine de Paris » (première moitié du XXe siècle).
Je cite donc des extraits de l'un des articles de ce site, et en particulier pour la période qui nous intéresse ici.
Je l'illustre de quelques images trouvées ici ou là, et en particulier de groupes en biscuit de porcelaine (dans le thème du sujet), même si cette manufacture a produit de nombreuses pièces de service de table ou d'autres types d'objets décoratifs.
A noter que les datations des pièces trouvées sur le site de la RMN sont très généralement imprécises : j'ignore donc si la plupart ont été produites du temps de Locré, ou après, courant XIXe siècle.
Jean Baptiste LOCRE est né à Paris le 25 octobre 1726. Les LOCRE formaient une vieille famille de marchands merciers. C’est dans ce milieu aisé, parmi les comptoirs couverts de rubans et d’écus que fut élevé Jean-Baptiste.
A 31 ans il se marie à Liepzig en Saxe où il épouse Christina Carita HOFFMANN, de dix ans sa cadette.
Après avoir amassé une somme d’argent assez importante en se livrant en Saxe, probablement, au commerce de galons d’or et d’argent, il rentre à Paris pour créer une usine de porcelaine, qu’il construit en 1772 et qu’il ouvre le 14 Juillet 1773, 41 rue de la Fontaine-au-Roi.
Pendule au puit
Manufacture Locré-Russinger (1772-vers 1824)
Biscuit de porcelaine dure, 1772-1797
Limoges, musée national Adrien Dubouché - Collection Bloit
Image : RMN-Grand Palais (Limoges, Cité de la céramique) / Jean-Gilles Berizzi
Sa connaissance de l’Allemagne et la présence de sa femme ont du l’aider considérablement à recruter des ouvriers porcelainiers allemands, de loin les meilleurs. Le premier embauché est un chef de fabrication du nom de Laurentius RUSSINGER dont le rôle sera très important dans la vie de la jeune manufacture.
RUSSINGER était né à Höchst, principauté de Hesse, en 1739. Sept ans après sa naissance, sera fondée dans sa ville une des plus célèbres porcelainerie allemandes de l’époque et comme le jeune Laurentius semble doué pour le dessin, il y entrera comme apprenti à l’âge de 15 ans.
Modéliste à 20 ans et Chef d’atelier à 25, il créera un grand nombre de modèles.
En 1768, n’ayant pu obtenir le titre de Chef-modéliste, il part avec sa famille pour Paris.
Après une expérience malheureuse à la manufacture de Sceaux, il rencontra LOCRE en 1772.
Couple de musiciens chinois
Manufacture Locré-Russinger (1772-vers 1824)
Biscuit de porcelaine dure, produit entre 1772 et 1797
Marque "R"
Limoges, musée national Adrien Dubouché - Collection Bloit
Image : RMN-Grand Palais (Limoges, Cité de la céramique) / Jean-Gilles Berizzi
Les débuts de la jeune manufacture furent extrêmement difficiles et il s’en fallu de peu qu’elle ne soit déclarée en faillite dès Juin 1774, soit onze mois, seulement, après son dépôt de marque.
Un chasseur et une bergère
Manufacture Locré-Russinger (1772-vers 1824)
Biscuit de porcelaine dure, produit entre 1772 et 1797.
Marque "Kc"
Limoges, musée national Adrien Dubouché - Collection Bloit
Image : RMN-Grand Palais (Limoges, Cité de la céramique) / Jean-Gilles Berizzi
En effet le coût de création de la manufacture et des modèles a dépassé les prévisions de Jean-Baptiste LOCRE et il a du emprunter malgré son important apport personnel ; mais les ventes ne sont pas suffisantes pour rembourser les premières échéances.
De plus, ne travaillant « que dans le riche », on lui interdit pourtant d’employer sur ses pièces l’or et la peinture.
En fait il s’agit d’une intervention de la manufacture de Sèvres qui défend ses privilèges et qui va ainsi empoisonner la vie des porcelainiers parisiens jusqu’à l’abolition des privilèges dans la nuit du 4 Août 1789.
Divinités antiques : Diane, Minerve, Mars et Apollon
Manufacture Locré-Russinger (1772-vers 1824)
Biscuit de porcelaine dure, produit entre 1772 et 1797.
Marque "Ncc".
Limoges, musée national Adrien Dubouché - Collection Bloit
Image : RMN-Grand Palais (Limoges, Cité de la céramique) / Jean-Gilles Berizzi
Jean-Baptiste LOCRE se sort de cette situation difficile en prenant un commanditaire disposant d’argent frais : Pierre Jean Martin de BUSSY, écuyer, conseiller du Roi.
La manufacture se développe et devient une des grandes parmi les porcelainiers parisiens. Sa collection est importante et bien diversifiée, tout en restant dans une gamme de prix moyens surtout en comparaison avec Sèvres. Sèvres qui, néanmoins, fait périodiquement peser de lourdes menaces sur LOCRE comme sur les autres manufactures parisiennes.
La Famille
Manufacture Locré-Russinger (1772-vers 1824)
Biscuit de porcelaine dure, vers 1785
Image : RMN-Grand Palais (Sèvres, Cité de la céramique) / Thierry Ollivier
En 1787, LOCRE à 67 ans. Fatigué, déçu par les résultats financiers de son entreprise, menacé par Sèvres, il décide de se retirer en vendant la manufacture à son directeur Laurent RUSSINGER.
Jean-Baptiste LOCRE a encore de nombreuses années à vivre. Ses dernières années sont presque misérables et il mourra, à Paris, le 28 Février 1810, pratiquement seul, oublié de tous et loin des belles porcelaines qu’il avait tant contribué à créer et à fabriquer.
Allégorie des quatre continents
Manufacture Locré-Russinger (1772-vers 1824)
Biscuit de porcelaine dure, produit entre 1772 et 1797.
Marque "A"
Limoges, musée national Adrien Dubouché - Collection Bloit
Image : RMN-Grand Palais (Limoges, Cité de la céramique) / Jean-Gilles Berizzi
Laurent RUSSINGER n’aura pas non plus de chance.
La réussite de la manufacture l’a un peu grisé. Au lieu de rester dans les locaux bien agencés, il décide de construire son usine à lui, et se lance dans des investissements quasi somptuaires, malgré un contexte économique et politique très défavorable.
Castor et Pollux
Manufacture de Jean-Baptiste Locré
Paris, rue Fontaine-au-Roy
Biscuit de porcelaine dure, vers 1790
Musée des Arts décoratifs de Paris
Image : MAD Paris
1792 est une des années les plus terribles de l’histoire de France : la guerre est déclarée à l’Autriche, la Prusse, l’Angleterre et les Pays-Bas. Louis XVI est exécuté en janvier 1793.
Dès 1795, RUSSINGER est aux abois. Il n’a plus de quoi payer le kaolin expédié de Limoges par François POUYAT, fournisseur des porcelainiers parisiens.
Deux ans plus tard, en Septembre 1797, RUSSINGER doit accepter une avance de POUYAT moyennant une entrée dans le capital de la manufacture.
En 1800, la situation ne s’étant pas améliorée, François POUYAT devient seul propriétaire.
Laurent RUSSINGER totalement ruiné, accepte de rester avec le nouveau patron comme contre-maître pour apprendre à ses trois fils comment on fabrique de la porcelaine. Il restera dans la société jusqu’en 1808.
L’entrée dans la manufacture des trois fils de François POUYAT : Jean-Baptiste, Léonard et Jean (dit DUVIGNAUD), lui apporte du sang neuf. Ils assurent la gestion de l’entreprise pendant que leur père réside à Limoges pour s’occuper de ses affaires et plus particulièrement de l’exploitation des carrières.
Il leur vendra la manufacture le 24 janvier 1810. Elle employait alors 80 ouvriers pour un chiffre d’affaires avoisinant 250 000 Francs.
Louis XVIII
Manufacture Locré-Russinger (1772-vers 1824)
Biscuit de porcelaine dure, 1814
Image : RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Daniel Arnaudet
Les trois frères adoptèrent alors une gestion hardie pour l’époque en décidant de décentraliser la fabrication en province.
En 1816, ils achetèrent à Fours (minuscule village entre Decize et Autun), dans la Nièvre, une verrerie désaffectée appartenant à Guillaume LEBOURGEOIS. Après des débuts difficiles, mais grâce à l’énergie farouche de ces défricheurs, l’entreprise de Fours, sous la direction de Léonard, réussira et dès 1820 une porcelaine fort convenable sera fabriquée dans la Nièvre et expédiée à Paris pour y être décorée. L’usine emploiera jusqu’à 200 ouvriers.
Les deux autres frères POUYAT restés à Paris montrèrent qu’ils avaient le sens des relations publiques en donnant à l’entreprise le nom d’un grand personnage. C’est ainsi qu’ils obtinrent en 1817 le parrainage du duc de Berry, fils du futur Charles X.
Mais en 1823 les frères POUYAT vendent la manufacture de LOCRE.
Cette décision est sans doute prise suite à une conjoncture moins favorable pour la porcelaine parisienne, bien que l’affaire soit alors en pleine prospérité, mais elle est aussi sans doute due à l’assassinat du Duc de Berry le 13 février 1820, alors que la manufacture était placée sous sa protection.
Source, nombreuses infos complémentaires, et historique des manufactures, ici : Pouyat 1835 - 1812
Cet article publié sur l'intéressant forum des collectionneurs, "Place de l'ours" :
Source image : Forum Place de l'ours
Ainsi que, pour info seulement, ces illustrations des différentes signatures et cachets de la marque aux XVIIIe et XIXe siècles (trop compliqué, je ne développerai pas... ).
Source image : Forum Place de l'ours
Évolution de la marque Locré de 1773 à 1820
Image : Porcelaine de Paris - Wikipedia
_________________
Ce site internet est consacré à la manufacture Pouyat (parmi les plus célèbres de Limoges au XIXe siècle) et aux membres de la famille du même nom qui reprirent la Manufacture Locré en 1797, et conservèrent son nom pendant plus de 20 ans.
Après une succession d'autres propriétaires, l’entreprise prendra progressivement le nom de « Porcelaine de Paris » (première moitié du XXe siècle).
Je cite donc des extraits de l'un des articles de ce site, et en particulier pour la période qui nous intéresse ici.
Je l'illustre de quelques images trouvées ici ou là, et en particulier de groupes en biscuit de porcelaine (dans le thème du sujet), même si cette manufacture a produit de nombreuses pièces de service de table ou d'autres types d'objets décoratifs.
A noter que les datations des pièces trouvées sur le site de la RMN sont très généralement imprécises : j'ignore donc si la plupart ont été produites du temps de Locré, ou après, courant XIXe siècle.
Jean Baptiste LOCRE est né à Paris le 25 octobre 1726. Les LOCRE formaient une vieille famille de marchands merciers. C’est dans ce milieu aisé, parmi les comptoirs couverts de rubans et d’écus que fut élevé Jean-Baptiste.
A 31 ans il se marie à Liepzig en Saxe où il épouse Christina Carita HOFFMANN, de dix ans sa cadette.
Après avoir amassé une somme d’argent assez importante en se livrant en Saxe, probablement, au commerce de galons d’or et d’argent, il rentre à Paris pour créer une usine de porcelaine, qu’il construit en 1772 et qu’il ouvre le 14 Juillet 1773, 41 rue de la Fontaine-au-Roi.
Pendule au puit
Manufacture Locré-Russinger (1772-vers 1824)
Biscuit de porcelaine dure, 1772-1797
Limoges, musée national Adrien Dubouché - Collection Bloit
Image : RMN-Grand Palais (Limoges, Cité de la céramique) / Jean-Gilles Berizzi
Sa connaissance de l’Allemagne et la présence de sa femme ont du l’aider considérablement à recruter des ouvriers porcelainiers allemands, de loin les meilleurs. Le premier embauché est un chef de fabrication du nom de Laurentius RUSSINGER dont le rôle sera très important dans la vie de la jeune manufacture.
RUSSINGER était né à Höchst, principauté de Hesse, en 1739. Sept ans après sa naissance, sera fondée dans sa ville une des plus célèbres porcelainerie allemandes de l’époque et comme le jeune Laurentius semble doué pour le dessin, il y entrera comme apprenti à l’âge de 15 ans.
Modéliste à 20 ans et Chef d’atelier à 25, il créera un grand nombre de modèles.
En 1768, n’ayant pu obtenir le titre de Chef-modéliste, il part avec sa famille pour Paris.
Après une expérience malheureuse à la manufacture de Sceaux, il rencontra LOCRE en 1772.
Couple de musiciens chinois
Manufacture Locré-Russinger (1772-vers 1824)
Biscuit de porcelaine dure, produit entre 1772 et 1797
Marque "R"
Limoges, musée national Adrien Dubouché - Collection Bloit
Image : RMN-Grand Palais (Limoges, Cité de la céramique) / Jean-Gilles Berizzi
Les débuts de la jeune manufacture furent extrêmement difficiles et il s’en fallu de peu qu’elle ne soit déclarée en faillite dès Juin 1774, soit onze mois, seulement, après son dépôt de marque.
Un chasseur et une bergère
Manufacture Locré-Russinger (1772-vers 1824)
Biscuit de porcelaine dure, produit entre 1772 et 1797.
Marque "Kc"
Limoges, musée national Adrien Dubouché - Collection Bloit
Image : RMN-Grand Palais (Limoges, Cité de la céramique) / Jean-Gilles Berizzi
En effet le coût de création de la manufacture et des modèles a dépassé les prévisions de Jean-Baptiste LOCRE et il a du emprunter malgré son important apport personnel ; mais les ventes ne sont pas suffisantes pour rembourser les premières échéances.
De plus, ne travaillant « que dans le riche », on lui interdit pourtant d’employer sur ses pièces l’or et la peinture.
En fait il s’agit d’une intervention de la manufacture de Sèvres qui défend ses privilèges et qui va ainsi empoisonner la vie des porcelainiers parisiens jusqu’à l’abolition des privilèges dans la nuit du 4 Août 1789.
Divinités antiques : Diane, Minerve, Mars et Apollon
Manufacture Locré-Russinger (1772-vers 1824)
Biscuit de porcelaine dure, produit entre 1772 et 1797.
Marque "Ncc".
Limoges, musée national Adrien Dubouché - Collection Bloit
Image : RMN-Grand Palais (Limoges, Cité de la céramique) / Jean-Gilles Berizzi
Jean-Baptiste LOCRE se sort de cette situation difficile en prenant un commanditaire disposant d’argent frais : Pierre Jean Martin de BUSSY, écuyer, conseiller du Roi.
La manufacture se développe et devient une des grandes parmi les porcelainiers parisiens. Sa collection est importante et bien diversifiée, tout en restant dans une gamme de prix moyens surtout en comparaison avec Sèvres. Sèvres qui, néanmoins, fait périodiquement peser de lourdes menaces sur LOCRE comme sur les autres manufactures parisiennes.
La Famille
Manufacture Locré-Russinger (1772-vers 1824)
Biscuit de porcelaine dure, vers 1785
Image : RMN-Grand Palais (Sèvres, Cité de la céramique) / Thierry Ollivier
En 1787, LOCRE à 67 ans. Fatigué, déçu par les résultats financiers de son entreprise, menacé par Sèvres, il décide de se retirer en vendant la manufacture à son directeur Laurent RUSSINGER.
Jean-Baptiste LOCRE a encore de nombreuses années à vivre. Ses dernières années sont presque misérables et il mourra, à Paris, le 28 Février 1810, pratiquement seul, oublié de tous et loin des belles porcelaines qu’il avait tant contribué à créer et à fabriquer.
Allégorie des quatre continents
Manufacture Locré-Russinger (1772-vers 1824)
Biscuit de porcelaine dure, produit entre 1772 et 1797.
Marque "A"
Limoges, musée national Adrien Dubouché - Collection Bloit
Image : RMN-Grand Palais (Limoges, Cité de la céramique) / Jean-Gilles Berizzi
Laurent RUSSINGER n’aura pas non plus de chance.
La réussite de la manufacture l’a un peu grisé. Au lieu de rester dans les locaux bien agencés, il décide de construire son usine à lui, et se lance dans des investissements quasi somptuaires, malgré un contexte économique et politique très défavorable.
Castor et Pollux
Manufacture de Jean-Baptiste Locré
Paris, rue Fontaine-au-Roy
Biscuit de porcelaine dure, vers 1790
Musée des Arts décoratifs de Paris
Image : MAD Paris
1792 est une des années les plus terribles de l’histoire de France : la guerre est déclarée à l’Autriche, la Prusse, l’Angleterre et les Pays-Bas. Louis XVI est exécuté en janvier 1793.
Dès 1795, RUSSINGER est aux abois. Il n’a plus de quoi payer le kaolin expédié de Limoges par François POUYAT, fournisseur des porcelainiers parisiens.
Deux ans plus tard, en Septembre 1797, RUSSINGER doit accepter une avance de POUYAT moyennant une entrée dans le capital de la manufacture.
En 1800, la situation ne s’étant pas améliorée, François POUYAT devient seul propriétaire.
Laurent RUSSINGER totalement ruiné, accepte de rester avec le nouveau patron comme contre-maître pour apprendre à ses trois fils comment on fabrique de la porcelaine. Il restera dans la société jusqu’en 1808.
L’entrée dans la manufacture des trois fils de François POUYAT : Jean-Baptiste, Léonard et Jean (dit DUVIGNAUD), lui apporte du sang neuf. Ils assurent la gestion de l’entreprise pendant que leur père réside à Limoges pour s’occuper de ses affaires et plus particulièrement de l’exploitation des carrières.
Il leur vendra la manufacture le 24 janvier 1810. Elle employait alors 80 ouvriers pour un chiffre d’affaires avoisinant 250 000 Francs.
Louis XVIII
Manufacture Locré-Russinger (1772-vers 1824)
Biscuit de porcelaine dure, 1814
Image : RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Daniel Arnaudet
Les trois frères adoptèrent alors une gestion hardie pour l’époque en décidant de décentraliser la fabrication en province.
En 1816, ils achetèrent à Fours (minuscule village entre Decize et Autun), dans la Nièvre, une verrerie désaffectée appartenant à Guillaume LEBOURGEOIS. Après des débuts difficiles, mais grâce à l’énergie farouche de ces défricheurs, l’entreprise de Fours, sous la direction de Léonard, réussira et dès 1820 une porcelaine fort convenable sera fabriquée dans la Nièvre et expédiée à Paris pour y être décorée. L’usine emploiera jusqu’à 200 ouvriers.
Les deux autres frères POUYAT restés à Paris montrèrent qu’ils avaient le sens des relations publiques en donnant à l’entreprise le nom d’un grand personnage. C’est ainsi qu’ils obtinrent en 1817 le parrainage du duc de Berry, fils du futur Charles X.
Mais en 1823 les frères POUYAT vendent la manufacture de LOCRE.
Cette décision est sans doute prise suite à une conjoncture moins favorable pour la porcelaine parisienne, bien que l’affaire soit alors en pleine prospérité, mais elle est aussi sans doute due à l’assassinat du Duc de Berry le 13 février 1820, alors que la manufacture était placée sous sa protection.
Source, nombreuses infos complémentaires, et historique des manufactures, ici : Pouyat 1835 - 1812
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Marie-Antoinette : sujets allégoriques en porcelaine de la Courtine, Manufacture de Locré (Jean-Baptiste)
Et pour ceux qui n'auraient pas eu le courage de lire, ci-dessus, la complexe présentation d'une partie seulement de l'histoire de cette manufacture (et je vous comprends !! ),
Voici le second sujet où nous retrouvons la figure de Marie-Antoinette.
Il s'agit d'un très, très, joli groupe, illustrant la naissance du dauphin, et conservé aujourd'hui au Victoria and Albert Museum, à Londres :
The Birth of the Dauphin
France, Locré and Russinger's porcelain factory (manufacturer)
Biscuit porcelain, ca. 1781
Crossed arrows and 'K' incised
Image : Victoria and Albert Museum, London 2017
Ainsi que ces autres images, qui nous offrent d'autres angles de vue :
Images : Galerie Métairie
Voir aussi notre sujet : Naissances illustrées des enfants de Marie-Antoinette
Elles illustrent un article d'archive, particulièrement fouillé et intéressant, concernant cette manufacture (aux mille noms ).
Il fut publié dans la revue de référence Cahier de la céramique, du verre, et des arts du feu, et mis en ligne par la Galerie Métairie.
A lire ici : La production de la manufacture de la Courtille, XVIIIe et XIXe siècle
Voici le second sujet où nous retrouvons la figure de Marie-Antoinette.
Il s'agit d'un très, très, joli groupe, illustrant la naissance du dauphin, et conservé aujourd'hui au Victoria and Albert Museum, à Londres :
The Birth of the Dauphin
France, Locré and Russinger's porcelain factory (manufacturer)
Biscuit porcelain, ca. 1781
Crossed arrows and 'K' incised
Image : Victoria and Albert Museum, London 2017
Ainsi que ces autres images, qui nous offrent d'autres angles de vue :
Images : Galerie Métairie
Voir aussi notre sujet : Naissances illustrées des enfants de Marie-Antoinette
Elles illustrent un article d'archive, particulièrement fouillé et intéressant, concernant cette manufacture (aux mille noms ).
Il fut publié dans la revue de référence Cahier de la céramique, du verre, et des arts du feu, et mis en ligne par la Galerie Métairie.
A lire ici : La production de la manufacture de la Courtille, XVIIIe et XIXe siècle
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Marie-Antoinette : sujets allégoriques en porcelaine de la Courtine, Manufacture de Locré (Jean-Baptiste)
Le biscuit du V&A est très plaisant. Locré a tout de suite eu une très bonne réputation : peu après le dépôt de la marque, le lieutenant général de police prétendît que la fabrique pouvait soutenir la comparaison avec celle de Saxe.
Dès sa création, l'établissement s'était d'ailleurs intitulé "manufacture de porcelaine allemande" et sa fabrication était dite "de Saxe" en raison des rassortiments des services de Meissen.
En 1777, on vantait déjà les décors "en blanc et or et en peintures et dorures de toutes sortes de goûts", les fonds bleus et les figures en biscuit. Presque tous les décors ont été exécutés à la Courtille. Il est de même pour "l'abondante production de biscuits, abordant les genres les plus variés."
Source : Régine de Plinval de Guillebon, "Faïence et porcelaine de Paris", éd. Faton.
Dès sa création, l'établissement s'était d'ailleurs intitulé "manufacture de porcelaine allemande" et sa fabrication était dite "de Saxe" en raison des rassortiments des services de Meissen.
En 1777, on vantait déjà les décors "en blanc et or et en peintures et dorures de toutes sortes de goûts", les fonds bleus et les figures en biscuit. Presque tous les décors ont été exécutés à la Courtille. Il est de même pour "l'abondante production de biscuits, abordant les genres les plus variés."
Source : Régine de Plinval de Guillebon, "Faïence et porcelaine de Paris", éd. Faton.
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Marie-Antoinette : sujets allégoriques en porcelaine de la Courtine, Manufacture de Locré (Jean-Baptiste)
Voici quelques photos, prises aujourd'hui au musée des arts décoratifs, de L’hymen et le génie de la France célébrant l’union du dauphin et de la dauphine représentés dans un médaillon soutenu par les figures de la Fidélité et de l’Amour :
La guirlande de roses de l'Amour est d'une finesse incroyable :
La guirlande de roses de l'Amour est d'une finesse incroyable :
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Marie-Antoinette : sujets allégoriques en porcelaine de la Courtine, Manufacture de Locré (Jean-Baptiste)
Merci pour ces belles images et gros plans sur les détails de ce groupe...
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Marie-Antoinette : sujets allégoriques en porcelaine de la Courtine, Manufacture de Locré (Jean-Baptiste)
Voici annoncé en vente aux enchères ce rare groupe en biscuit de porcelaine (voir sa présentation complète nos messages ci-dessus) :
Manufacture de Locré
Biscuit représentant la naissance du dauphin, Marie-Antoinette assise en habits de cour présentant son fils à la France agenouillée devant elle. A l'arrière les armes de France et d'Autriche, et de part et d'autre d'une nuée Mercure, les dieux Apollon et Jupiter.
XVIIIème siècle.
Marqué en creux en dessous (manque un personnage, légers manques aux fleurs, manque la main de Mercure, la main de Jupiter, lyre et bras d'Apollon recollés, manque un gland du coussin).
* Source et infos complémentaires : Rennes Enchères - Vente du 3 avril 2023
Manufacture de Locré
Biscuit représentant la naissance du dauphin, Marie-Antoinette assise en habits de cour présentant son fils à la France agenouillée devant elle. A l'arrière les armes de France et d'Autriche, et de part et d'autre d'une nuée Mercure, les dieux Apollon et Jupiter.
XVIIIème siècle.
Marqué en creux en dessous (manque un personnage, légers manques aux fleurs, manque la main de Mercure, la main de Jupiter, lyre et bras d'Apollon recollés, manque un gland du coussin).
* Source et infos complémentaires : Rennes Enchères - Vente du 3 avril 2023
La nuit, la neige- Messages : 18137
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Marie-Antoinette : sujets allégoriques en porcelaine de la Courtine, Manufacture de Locré (Jean-Baptiste)
Le descriptif me laisse perplexe . Je reconnais Hercule vêtu de sa peau de lion, sa massue à ses pieds, Athéna casquée ( brandissant l'Egide ? ... et confondue avec Mercure, je suppose ) , Apollon et sa lyre, la France en manteau fleurdelysé .La nuit, la neige a écrit:
Biscuit représentant la naissance du dauphin, Marie-Antoinette assise en habits de cour présentant son fils à la France agenouillée devant elle. A l'arrière les armes de France et d'Autriche, et de part et d'autre d'une nuée Mercure, les dieux Apollon et Jupiter.
Mais où est Jupiter ?
confondu, lui aussi, avec Hercule.
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55509
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
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