Sommaire pour la comtesse de Valois-La Motte

...    dans le cadre de

La nuit, la neige a écrit:

Mme de Sabran a écrit:
Quant à ce lien que nous donne Charles-Olivier Blanc, je l'ai parcouru dans de trop larges diagonales pour y comprendre quelque chose .   Grosso modo, il accable Rohan et semble dédouaner la femme la Motte,  victime du cardinal .  Nous y croisons les bijoutiers bien sûr, le banquier Saint-James ...   enfin tu verras cela si tu as le courage de t'y plonger.  

Oui, merci. Je n'ai pas eu le temps de le lire, mais je le ferai sous peu...  

Allez, zou ! je m'y attelle avec abnégation,  pour vous mâcher le travail, bande de petits veinards !  

De quoi s'agit-il au juste ?   ...    de la défense de l'accusée : la femme la Motte   ( c'est pas gagné !    ); contre M. le procureur-général, accusateur ; en présence de M. le cardinal de Rohan, & autres co-accusés.

Auteur :  Doillot (avocat) ,
Cellot Louis (1731-1815) , Imprimeur.

M. Doillot arrivera-t-il à nous convaincre que la femme La Motte n'est pas, comme l'appelle la nuit, la neige, une gredine ?
J'en doute .  








C'est difficile à croire.   
Le cardinal de Rohan, qui se morfondait en pleine disgrâce,  dit avoir été choisi par la reine pour cette négociation en échange de l'oubli de ses torts .
Telle est la base de l'affaire .

PREMIER DELIT

La négociation et le marché même du collier .

Tout se passe entre le cardinal et les joailliers .
Nulle trace de cette blanche colombe de La Motte .



Le cardinal ne vient pas au fait directement, tout de go.  Oh que non, il demande à voir " des bijoux ", comme ça dans le vague,  pour ne pas tout de suite dévoiler ses batteries, l'objet de sa convoitise : THE collier, ce grand collier en esclavage que nous connaissons bien, tout en diams et perles . Il entoure sa demande de secrets, secret  l'acquéreur dont il est l'intermédiaire, secrets  les arrangements entre eux ...



Ces conditions de paiement sont entièrement écrites de la main du cardinal .
Les joailliers les acceptent :



Des mystères, des mystères, encore des mystères dont seul le cardinal connaît la signification .
Les bijoutiers acceptent tout, en confiance .

Le premier février au matin, le prince leur écrit un billet de sa main mais sans sa signature :  " Je voudrais que M. Böhmer et son associé puissent venir ce matin chez moi, le plus tôt possible avec l'objet en question ...



...    sur quoi Rohan satisfait écrit aux joailliers en ces termes





Aux premières nouvelles qui ne parviennent à la reine que six mois après, en août,  elle demande un mémoire aux joailliers.
 Ils le donnent le 12.  
Le roi convoque Rohan qui déclare avoir été trompé par une femme nommée La Motte dite de Valois .

Mais le mémoire des joailliers est clair :  tout s'est passé entre eux et Rohan .  
Le fait de complicité de la femme La Motte n'est que dans la bouche de Rohan . C'est son affirmation, sans témoins .  
C'est ce qu'il a maintenant à prouver.


...    à suivre !

C'est Rohan qui, au mois de février a montré au banquier Saint-James l'écrit revêtu de la signature de la reine, Rohan qui a gardé cet écrit pendant six mois et le possédait encore lors de son arrestation le 15 août .
 Tous les faits sont bornés au seul Rohan qui seul aussi est nommé dans les six pages du mémoire des joailliers sans que le nom de La Motte y soit une seule fois mentionné.



Il a montré au roi l'écrit qui, selon lui, atteste la tromperie dont il se dit victime.  Il dit l'avoir montré aux joailliers qui l'ont accepté, l'avoir donné une première fois à la dame La Motte pour le faire approuver et signer par la reine qui n'en vit pas l'utilité parce qu'elle allait payer incessamment. Il voulut le rendre aux joailliers qui n'en voulurent pas.  Il le confia donc une seconde fois à La Motte qui le soumit à nouveau à la reine et le lui rendit avec un magnifique Lu et approuvé, Marie-Antoinette de France .
C'est la version de Rohan.

Or voici qui ne colle pas du tout à la version des faits de Bömer et Bassange .    




Cet écrit emberlificote le cardinal dans un tissu d'interrogations comme :

-  Rohan pouvait-il ne pas jeter un oeil sur cet écrit ?  non
-  Pouvait-il ne pas connaître l'écriture de la reine, lui grand aumônier de France ?   non
-  Pouvait-il ne pas voir qu'elle était contrefaite ?   non
-  Pouvait ignorer que la reine ne signe JAMAIS  Marie-Antoinette de France ?   non

Donc, il aurait dû savoir que cet écrit était un faux.
Pourtant il l'a montré aux joailliers et au sieur Saint-James .
Circonstance incroyable si elle ne tient pas à des " arrangements particuliers " secrets, connus de lui & et de lui seul .

De qui l'a-t-il reçu ?   mystère, c'est l'un des nombreux mystères qu'il n'a pas voulu révéler aux joailliers.
Acculé à ces contradictions et questionné par le roi, Rohan a craché le morceau.
Ici entre en scène la mère La Motte.

Suivons les détails de cette imposture pour tâcher de comprendre si La Motte est auteur ou complice des faux en écriture .
Le mage Cagliostro à la célébrité douteuse est cité et arrêté lui aussi comme proche des protagonistes mêlés à l'affaire.  
Il apostrophe La Motte :  " Il va arriver, Rétaux de Villette !  Il parlera."

En effet, tombé entre les mains de la police du roi à Genève,  voici Rétaux lui aussi embastillé .
 Rappelons que Rétaux de Villette est le cher et tendre en titre de La Motte.
Interrogé sur des détails gênants comme son écriture très ressemblante, il est très logiquement suspecté d'être l'auteur des écrits .  Il commence par nier tout en bloc.

Mais, le 5 mai au matin, le voilà qui passe aux aveux !




Il dit avoir écrit sous la dictée de La Motte !!!  
Cela désarçonne-t-il la gredine ?  
Point du tout .    Elle réplique aussi sec :






En un mot, le sieur Villette sera jugé sur ses aveux et l'expertise de son écriture .
Or,  qui a vu ou entendu La Motte donner sa dictée ?      Personne .   Pas de témoins .
Comment la justice prononcerait-elle sur ce fait sans témoins ?

Un second Mémoire imprimé se trouve dans le recueil qui contient le premier .
 Il est daté du 23 août 1785.   Epluchons-le .






Qu'en résulte-t-il ?  
Mais rien de plus contre l'innocente La Motte, soutient l'avocat avec aplomb,   car dans ces deux entrevues il ne fut aucunement question de la négociation du collier .  

Comme vous dites, Comtesse, comme vous dites !

Faut-il parler d'une autre fable , poursuit avec flamme l'avocat, de ces liaisons avec la reine dont on veut que la dame de la Motte se soit fait un honneur, ainsi que d'une correspondance de lettres ?  La comtesse de la Motte serait bien coupable si l'allégation était vraie, puisque c'est un honneur qu'elle n'a jamais eu . ( ...  )  C'est l'un des objets du procès qui l'affecte le plus sensiblement .

Cette pauvre chérie va bientôt nous faire pleurer .  


C'est l'un des objets du procès qui l'affecte le plus sensiblement .


En somme, cette fausse correspondance entre Marie-Antoinette et Rohan a bien existé, à ceci près que La Motte n'était nullement l'intermédiaire : c'est le cardinal qui disait recevoir ces lettres de la reine et les lui montrait .  
Le plus surprenant, c'est que Bömer et Bassange prétendent la même chose ?!!!  

Nous arrivons à la scène du Bosquet, seul épisode dont La Motte soit effectivement coupable, selon son avocat.

;;;;;;;;;;;;;;;;;;;; C'est la scène scandaleuse jouée par la demoiselle d'Oliva

S'en suivent les sommes d'argent faramineuses que le cardinal dit avoir versées à La Motte, de la part de la reine, pour venir en aide à la veuve et à l'orphelin ( traduisez ses pauvres ) .



Rohan n'a aucun reçu à produire à ses juges  .
Pas de reçus, pas de preuves !
La Motte triomphe encore ( ou du moins son avocat ).

Je lis ce sujet sans trop comprendre, je l'avoue, de quoi il s'agit ?
C'est à dire est-ce que ce recueil est basé sur les diverses pièces d'archives officielles de l'Affaire du collier conservées aux Archives nationales, ou bien est-ce encore un vrai / faux mémoire comme il en paraissait alors ?
Aujourd'hui, nous disons un fake news ?

Mais oui, n'est-ce pas !  
C'est à se demander.

Les joailliers chargent Rohan ! ... et Saint-James ne va pas tarder aussi, tu vas voir .  
Information pourtant reprise par Evelyne Lever dans les deux pages postées ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t363p100-l-affaire-du-collier

Quelqu'un de sérieux comme Charles-Olivier Blanc entre tout à fait dans ce raisonnement, tu le notais :

La nuit, la neige a écrit:

Il dénonce une machination de l'époque visant à compromettre les La Motte, et en particulier la comtesse (selon lui c'est Rohan qui a bel et bien tenté d'escroquer les joailliers et son banquier) ; et, par la même, la plupart des références biographiques ou bibliographiques anciennes et modernes qui font ainsi fausse route, de même que je cite :
La notice WIKIPEDIA (...) hautement fantaisiste tout comme le sont les commentaires donnés ici et là sur les blogs et sites consacrés à Marie-Antoinette et à l'affaire du collier.

Bien !

L'histoire de l'entrevue du bosquet ( six mois avant l'achat du collier ) n'ayant rien à voir avec l'affaire qui est jugée,  selon l'avocat, non plus que les grosses sommes que le cardinal dit avoir avancées à La Motte, de la part de la reine,  sans aucunes preuves, aucun reçu, aucun témoin,    revenons à nos moutons :    le collier .






Et d'ailleurs quelle est-elle, cette déposition du banquier Saint-James  ( que souligne Mme Lever    )  et qui incrimine plus encore le cardinal de Rohan ?
La voici :





Rohan est bel et bien mouillé jusqu'au cou, par ce qui ressemble à des fake news, comme tu dis .  
Mais pourquoi diable des historiens modernes, sérieux, dépoussièrent-ils ces arguments tordus ?
  Là, je vois mal .    

L'entrevue du bosquet n'est pas indépendante de l'affaire .   Elle avait pour but de tester la crédulité de Rohan puis, le test réussi, d'introduire la fausse correspondance ( de la main de Villette dictée par La Motte ) entre Rohan et la reine .    Il s'agissait de mûrir Rohan dans son aveuglement, pour l'amener à servir l'extravagante affaire du collier.  C'est tout.
Le cerveau de l'entrevue du bosquet ainsi que de la fausse correspondance est La Motte.
La victime est Rohan.

Il faudrait avoir sous les yeux les dépositions officielles des joailliers et de Saint-James, pour débouter le fake news.

Deuxième déposition du sieur Bassange .
Il demande au cardinal s'il est bien sûr que le mystérieux intermédiaire ne les a pas trompés tous ?
  A-t-il, oui ou non, traité directement avec la reine?!!  Rohan répond avoir cru, pendant six mois tout ce que La Motte lui disait . " Ce n'est pas là, Monseigneur, ce que j'ai l'honneur de vous demander . "

Mme de Sabran a écrit:
L'entrevue du bosquet n'est pas indépendante de l'affaire .   Elle avait pour but de tester la crédulité de Rohan puis, le test réussi, d'introduire la fausse correspondance ( de la main de Villette dictée par La Motte ) entre Rohan et la reine .

L'échange de (fausses) lettres a commencé avant l'entrevue du bosquet...

Mais elle n'avait pas encore pris un tour torride, si ?

Torride ?
M'oui...Rohan se serait davantage enflammé après l'entrevue du Bosquet.

Probablement encore des mensonges de la comtesse, et comme toutes les lettres furent détruites (d'un côté, comme de l'autre), elle peut prétendre ce que bon lui semble.

Elle ne s'en prive pas, la gueuse !!!

Il n'y avait pas que la reine amoureuse ( ) , Cagliostro avait prédit aussi à ce pauvre zinzin de Rohan le poste de premier ministre ...

Suit un galimatias auquel je pige couic et que donc je vous épargnerai .
Mais l'avocat est très content de lui et de sa plaidoirie qui s'achève là sur un emphatique :




Tel est le premier délit dégagé de tant d'accessoires perfidement accumulés pour le dérober à tous les regards .

Passons au   ...

Or donc le corps du délit, le collier, qu'est-il devenu ?!!    

Les lettres patentes du roi disent positivement qu'il a été livré audit cardinal de Rohan par lesdits Bömer et Bassange, la plainte de M. le Procureur Général le répète, le Mémoire des joailliers l'atteste et M. le Cardinal en convient;  ainsi le voilà saisi et comment se sera-t-il dessaisi ?

La version des faits de Rohan :

Merci chère Eléonore pour l'ouverture de ce sujet. J'avais résumé le mémoire en défense de la comtesse de La Motte ainsi il y a quelques années :

1/Après une assez longue introduction où elle tente de démontrer qu'elle descend de Henri II et qu'il serait inimaginable que la descendante d'un roi de France fût coupable d'escroquerie , elle explique les conditions dans lesquelles elle a connu Rohan : par l'intermédiaire de la marquise de Boulainvillers. Elle déclare avoir bénéficié de la protection de "Madame" (la comtesse de Provence ) et obtenu grâce à elle une pension annuelle de 1.500 livres du roi (en 1784).

2/ Elle ne prétend pas avoir connu la reine. A la fin de son mémoire , elle qualifiera même d'"ineptie inconcevable" l'allégation de Rohan selon laquelle elle lui aurait fait croire qu'elle avait "des liaisons avec la reine". A cette allégation de Rohan, La Motte répond : "la comtesse de La Motte et son mari peuvent aspirer sans doute par leurs noms à être présentés à la Cour, mais ils n'ont pas encore obtenu les honneurs de la présentation ..." Cela étant, de façon quelque peu contradictoire, La Motte soutient ailleurs dans son mémoire que "tous les princes et toutes les princesses de sang royal" avaient pris "intérêt" à sa personne, sans que l'on sache vraiment pourquoi. Le lecteur reste sur sa faim...

3/ Contrainte de s'expliquer sur la générosité de Rohan envers elle et son mari, elle reconnait que Rohan réglait souvent les dettes du couple. Mais La Motte reste très évasive sur la cause de ces dons d'argent (le cardinal prétend qu'elle monnayait ses prétendues relations avec la reine). Rohan aurait selon elle montré de l'"intérêt" pour ses "malheurs". Elle insinue néanmoins que le cardinal cherchait , ce faisant, à l'acheter . Elle prétend ainsi que le cardinal lui aurait déclaré : "Tantôt ce sont les aumônes du roi que tout le monde peut recevoir. Tantôt je ne fais que vous prêter, vous ne me devez que la reconnaissance d'un prêt ."

4/Lorsqu'elle en vient finalement au fait , ce qu'elle appelle la "négociation du collier", elle affirme qu'une personne de sa connaissance ( un avocat dénommé Me de la Porte) et le joaillier Bassanges, qu'elle ne connaissait pas, se seraient présentés chez elle, à l'improviste, en décembre 1784 et que Bassanges lui aurait alors montré le collier qu'il cherchait à vendre . Bassanges lui aurait dit : "Si vous pouviez, Madame, dans vos connaissances, nous en procurer la vente...". Elle en aurait parlé à Rohan, lequel lui aurait alors demandé l'adresse de Bassanges. Rohan aurait ensuite selon elle "négocié seul" le collier avec les joailliers.

5/ Au mois de mars 1785, Rohan lui aurait remis plusieurs diamants afin qu'elle les vende. Elle se serait alors mis en recherche d'acheteurs. C'est sur l'ordre de Rohan qu'elle-même, puis son mari auraient vendu des diamants à Paris puis à Londres. A Londres, c'est-à-dire pour tromper la vigilance de la police française ?! Pas du tout, à l'en croire, elle et son mari étaient totalement de bonne foi (elle se fout vraiment de notre gueule ). Elle prétend avoir vendu des diamants pour un total de 335.000 livres, et que le reste du collier aurait été vendu par Rohan lui-même (selon Bassanges le collier valait 1.600.000 livres au total).

6/ Elle ne s'explique pas clairement sur les raisons de sa fuite. La fuite, dit-on, montre ceux qui sont coupables. En réponse à cela, La Motte se contente de répondre : "c'était un coup de parti d'obliger le comte et la comtesse de La Motte à fuir. Le conseil en sera donné au milieu d'agitations nouvelles." La Motte explique qu'elle aurait pris le parti de fuir au vu des "agitations" causées par l'affaire, et d'un "conseil perfide" . Mais elle se contredit sur ce point, puisque plus loin dans son mémoire , elle prétend qu'elle ne fuyait pas et en donne pour preuve, le fait qu'elle a assisté en public à Clairveaux à l'événement d'un ballon qui devait s'élever... Alors, La Motte : fuyait ou fuyait pas ?! Son avocat s'est emmêlé les pinceaux lors de la rédaction du mémoire .

7/ La Motte ne mêle pas la reine à l'affaire . Elle dit que si la reine n'a jamais parlé du collier à Boehmer et Bassanges c'est "qu'elle n'en avait jamais entendu parler elle-même".

8/ La Motte explique dans son mémoire en défense être allée présenter ses hommages au duc de Penthièvre au mois d'août 1785 (juste après que l'affaire ait éclaté, alors que les La Motte sont en fuite). Elle soutient qu'à l'instar des "Princes et Princesses de la Famille et du Sang Royal", le duc de Penthièvre l'avait "singulièrement honoré de ses bontés", elle et son La Motte de mari, en 1782 et 1783, sans plus de précision (elle avait dû réussir à lui soutirer du fric je suppose). Est-ce là le "point d'entrée" de la princesse de Lamballe qui serait allée la voir en prison ? La connaissait-elle avant l'affaire du collier?...

Merci, Notre Grâce, pour ce lumineux récapitulatif ( Tonton, pourquoi tu tousses ? ) selon La Motte .
C'est ce qui se dessine dans le Sommaire : La Motte n'incrimine pas du tout la reine, par contre elle accuse Rohan d'avoir tout pensé, organisé, fomenté, mis en oeuvre, d'un bout à l'autre, mais ceci à son insu à elle à qui il essaie de faire porter le chapeau .

Duc d'Ostrogothie a écrit:

8/ La Motte explique dans son mémoire en défense être allée présenter ses hommages au duc de Penthièvre au mois d'août 1785 (juste après que l'affaire ait éclaté, alors que les La Motte sont en fuite). Elle soutient qu'à l'instar des "Princes et Princesses de la Famille et du Sang Royal", le duc de Penthièvre l'avait "singulièrement honoré de ses bontés", elle et son La Motte de mari, en 1782 et 1783, sans plus de précision (elle avait dû réussir à lui soutirer du fric je suppose). Est-ce là le "point d'entrée" de la princesse de Lamballe qui serait allée la voir en prison ? La connaissait-elle avant l'affaire du collier?...

Oui, c'est ce que j'ai lu ailleurs aussi . Les Boulainvilliers et le duc de Penthièvre étaient voisins, se rendaient souvent réciproquement visite, et la marquise aurait introduit La Motte chez Penthièvre, lui permettant en effet ainsi de rencontrer la princesse de Lamballe .

Mme de Sabran a écrit:
 La Motte n'incrimine pas du tout la reine, par contre elle accuse Rohan d'avoir tout pensé, organisé, fomenté, mis en oeuvre, d'un bout à l'autre, mais ceci à son insu à elle à qui il essaie de faire porter le chapeau.

Manque de pot pour La Motte, son ancien amant, Rétaux de Vilette, l'accable . Voici les points clés du mémoire en défense de Rétaux de Villette:

1/ Né en février 1754, il avait 30 ans au moment de l'affaire du collier. Le sieur de La Motte était un ancien camarade qu'il avait connu d'abord à Lunéville et plus particulièrement ensuite à Bar sur Aube. Il retombe sur lui à Paris en mai 1784.

Présenté à la dame de la Motte par son mari, Rétaux de Villette "reçut d'elle un accueil obligeant" dit-il.    

2/ Il reconnaît avoir fait des faux destinés au cardinal de Rohan, sur ordre de Jeanne de La Motte.  

C'est lui qui écrira le fameux "Marie-Antoinette de France", sous la dictée de Jeanne de La Motte.

Il essaie néanmoins de se défausser de sa responsabilité sur Jeanne de La Motte, en laissant entendre (mollement) qu'il ne savait pas vraiment ce qu'il faisait. L'avocat de Rétaux écrit : "... C'est au milieu de cette agitation vaine qu'on l'a, presque  à son insu, fait servir d'instrument à l'infernale machination du collier, dont les suites ont été si funestes : ainsi la fraude adroite vint le surprendre au sein du délire...".

3/ Rétaux raconte comment il écrivît, sous la dictée de Jeanne, l'un des plus célèbres faux de l'Histoire de France : "Au mois de janvier 1785, la dame de La Motte me déclare, de ce ton de confidence qui pouvait flatter le plus mon amour propre et enflammer mon zèle, que M. le Cardinal de Rohan voulant faire l'acquisition d'un collier de diamants du plus grand prix, entend se servir de ma main pour mettre le dernier sceau à son marché avec les Joailliers; puis, sans laisser le temps à la réflexion, me présentant un écrit qui renfermait des conventions tracées par M. le Cardinal de Rohan, dont je reconnus parfaitement l'écriture ; mettez, dit-elle, sur chaque article, en marge, le mot approuvé. J'écrivis : approuvé. Portant ensuite le doigt au bas de la marge, écrivez-là ces autres mots : Marie-Antoinette de France (...)". Afin de se justifier, Rétaux prétend que Jeanne de la Motte lui aurait promis que ses écrits seraient gardés secrets et qu'on les lui rendrait bientôt.

4/ Il conteste avoir été le témoin de la "scandaleuse scène des jardins de Versailles", mais reconnaît qu'il a "bien pu en rire étourdiment, quelques minutes", quand on lui en a parlé...

5/ Jeanne de La Motte lui avait confié des diamants pour qu'il les vende. Il prétend qu'il ne savait pas que ces diamants venaient du collier volé.  

6/ Il conteste avoir fui au moment où l'affaire éclatait. Il prétend que "curieux depuis longtemps d'aller voir l'Italie (tu m'étonnes    )  il voyageait si lentement que, parti le 3, il se trouvait encore le 20 août à Lyon, sa patrie".

7/ Pour conclure, Rétaux soutient qu'on ne saurait déceler "l'ombre d'un soupçon de fraude ou de complicité" dans "toute" sa conduite. (rien que ça !   ). Il prétend que c'est "la confiance inconsidérée de M. le Cardinal en la dame de la Motte" qui l'aurait induit en erreur. Il prétend également qu'il n'a pas cherché à copier la signature de qui que ce soit. Il faisait des faux... sans le savoir !    

8/ En résumé : tout en reconnaissant à demi-mot que Rohan a été abusé, Rétaux soutient qu'il s'est contenté d'écrire, "bêtement", ce que Jeanne de la Motte lui dictait, et qu'il ne soupçonnait pas de fraude, en raison de la confiance dont Jeanne de la Motte jouissait auprès du cardinal.

Merci, merci, pour toutes ces précisions, mon cher Ostrogoth .

Rétaux avoue .
L'avocat de La Motte réfute ces aveux arguant qu'il n'y a pas de témoins .

Mme de Sabran a écrit:
 L'avocat de La Motte réfute ces aveux arguant qu'il n'y a pas de témoins .  

Oui mais voilà la demoiselle Le Guay d'Oliva accuse elle aussi la femme La Motte . Voici sa déposition devant le Parlement de Paris :

1 / Née le 1er septembre 1761, âgée de 23 ans au moment des faits. Elle vit rue du Jour, près de l’Eglise Saint-Eustache, non loin du Palais Royal. Elle n’est rien, ne possède quasiment rien.

2 / Elle est abordée par le sieur de La Motte au mois de juillet 1784. Il tourne autour d’elle, l’osculte, la dévisage pendant plusieurs jours au Palais Royal, puis finit par lui adresser la parole. « J’eus le tort de lui répondre » dit-elle.

3 / Il l’attire chez lui et la présente à Jeanne de La Motte, qui lui déclare « J’ai toute la confiance de la reine ; je suis avec elle comme les deux doigts de la main. Elle vient de m’en donner une nouvelle preuve, en me chargeant de trouver une personne qui puisse faire quelque chose qu’on lui expliquera, lorsqu’il en sera temps. » Elle lui promet 15.000 livres si elle accepte de faire ce qu’on lui demandera, en temps voulu.

4 / L’entrevue du bosquet. Le Guay d’Oliva explique qu’elle ne savait pas qu’on lui faisait jouer le rôle de la reine. Jeanne de La Motte et son mari lui avaient donné pour instruction de remettre une lettre et une rose à « un très grand seigneur » et de lui dire « vous savez ce que cela veut dire ». Le Guay d’Oliva ne savait pas qu’il s’agissait de Rohan. Jeanne de La Motte lui avait fait croire que la reine assisterait à la scène et même, qu’elle s’adresserait à elle. C’est Jeanne de La Motte elle-même qui habille d’Oliva : « Je fus mise en robe blanche de linon moucheté. C’était, autant que je puis me souvenir, une robe à l’enfant, ou une gaule, espèce de vêtement qu’on désigne plus souvent sous le nom de chemise ; et l’on voulu que je fusse coiffée en demi-bonnet. »

« Entre onze heures et minuit », dit-elle, d’Oliva sort avec Jeanne de La Motte et son mari. « J'étais couverte d'un mantelet blanc, et j'avais une thérèse sur la tête. » D’Oliva indique que « la nuit était sombre, pas le moindre clair de lune, et je ne pouvais rien distinguer que les personnes et les objets qui m’étaient familiers. » Nuit noire et thérèse sur la tête : voilà sans doute ce qui explique pourquoi Rohan ne s’est pas aperçu qu’il n’avait pas affaire à la reine…

D’Oliva raconte la fameuse scène ainsi (ce sont ses propres termes) : « Je présente la rose au grand seigneur inconnu ; et je lui dis, vous savez ce que cela veut dire, ou quelque chose d’à peu près semblable. Je ne puis affirmer s’il la prit, ou s’il la laissa tomber. Pour la lettre, elle resta dans ma poche ; elle fut entièrement oubliée. Dans l’instant même que je venais de parler, la dame de La Motte accourt vers nous, et dit très bas, mais avec précipitation : vite, vite, venez. C’est du moins tout ce que je me rappelle avoir entendu. Je me sépare de l’inconnu, et me retrouve à quelques pas plus loin, avec le sieur de La Motte ; tandis que sa femme et l’inconnu partent ensemble et disparaissent. (…) Le sieur de La Motte me reconduit à l’hôtel garni. Nous restons à causer, en attendant le retour de la dame de La Motte. Elle arrive sur les deux heures après minuit (…) ».

Le témoignage de la demoiselle Le Guay d’Oliva est clair : La Motte, et son mari, ainsi que Rétaux de Villette ont tout manigancé.

Bien sûr cela ne peut être plus clair .
Mais alors, Charles-Olivier Blanc tient-il cette déposition pour un tissu de mensonges ?
Et pourquoi Mme Lever peut-elle imaginer que Marie-Antoinette, cachée, assiste à la scène ?!!

Mme de Sabran a écrit:
Et pourquoi Mme Lever peut-elle imaginer que Marie-Antoinette, cachée, assiste à la scène ?!!

Elle dit cela Evelyne Lever ? Il me paraît impossible que Marie-Antoinette ait pu assister à une telle scène.
Imagine sa réaction lorsque, s'informant du procès, elle apprend que Rohan l'a confondue avec une prostituée. Elle a du être hors d'elle.