Le château de Montreuil et le pavillon de musique de Madame, comtesse de Provence

Le Pavillon Madame (dit aussi château de Montreuil ou du Grand Montreuil), qui se trouve à Versailles, fut aménagé à la fin du XVIIIe siècle par l'architecte Chalgrin pour servir de résidence à Marie-Joséphine de Savoie, comtesse de Provence.

Histoire :

Le quartier de Montreuil, rattaché officiellement à Versailles en 1787, a été construit sur les terres d'un monastère fondé par Saint Germain, évêque de Paris au vie siècle, et transféré aux Célestins à la fin du xive siècle.
Louis XIV fit ouvrir l'avenue de Paris, partant du Château, qui divisa le village en deux parties : le Petit Montreuil au Sud et le Grand Montreuil au Nord où des courtisans acquirent des domaines.

Louis XV devint entièrement propriétaire de Montreuil en 1748 et racheta les dernières terres des Célestins.
S’y installèrent entre autres le Docteur Lemonnier, médecin des enfants de Louis XVI et Madame Élisabeth, sœur du roi.

Le 9 octobre 1776, le prince de Montbarrey, maréchal de camp, fut parmi les premiers à acquérir à Montreuil une assez modeste maison, construite vers 1774 pour Durand de Monville, huissier ordinaire de la Chambre du Roi, au milieu d'un verger d'un hectare environ, planté de 600 arbres fruitiers, par un architecte nommé Vigneux.


Alexandre Marie Léonor de Saint-Mauris, prince de Montbarrey
Elisabeth Vigée Le Brun
Château de Versailles

La propriété de Madame

En 1780, le prince de Montbarrey, ayant déplu à Marie-Antoinette, est disgracié et exilé dans son château près de Besançon.  
Il vend son pavillon d'habitation et son jardin à la comtesse de Provence, qui projette d'y installer sa résidence principale à l'écart du tumulte de la Cour.

Par l'intermédiaire d'Imbert de Lattes, la princesse fait l'acquisition de la propriété pour la somme de 30000 livres et étend son domaine par l'acquisition de dix-sept jardins et divers bâtiments avec meubles et effets mobiliers. Le parc s’étend désormais sur plus d’une douzaine d’hectares.



Le pavillon d'habitation est agrandi et transformé intérieurement par l'architecte Jean-François-Thérèse Chalgrin, premier architecte et intendant des bâtiments du comte de Provence depuis 1775.
(...)


Source : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k671156/f141.item

Derrière le Pavillon s’étend un vaste parc paysager à l'anglaise aménagé sous la direction de Chalgrin. L'eau est acheminée depuis la butte Montbauron par une conduite en cuivre.
On y trouve un bois de sycomores, d'ormes et de frênes, une rivière agrémentée de trois îles, une pelouse vallonnée, une montagne, ainsi que de nombreuses fabriques : chaumière, hameau, pavillon chinois octogonal, belvédère et temple de Diane, destinés à rivaliser avec le Hameau de la Reine de Trianon.

Un remarquable pavillon de musique de forme hexagonale est construit en 1784 par Chalgrin ainsi qu'une célèbre laiterie, dont le rattachement au domaine est toutefois contesté. (J'y reviendrai  )

La plupart des fabriques sont détruites pendant et après la Révolution, durant laquelle le domaine est saisi comme bien national.

Vendu le 10 avril 1794, il est séparé en deux lots :

- Le pavillon de musique est acheté par la famille du bijoutier Mellerio qui le fait agrandir en 1820 de deux ailes édifiées par l'architecte Jean-Jacques-Marie Huvé.
Puis, après plusieurs mutations, cette partie du domaine est adjugée à Alfred Chauchard, fondateur des Grands Magasins du Louvre, qui en 1902, donne le terrain à une société immobilière qui y crée 105 lots et les attribue aux employés les plus méritants de son entreprise (c'est sympa !   )
Au milieu de ce lotissement, dit parc Chauchard, subsiste le pavillon de musique.

- Quoique considérablement remanié, le pavillon d'habitation est toujours en place et fait partie depuis 1913 du lycée privé Sainte-Geneviève.

L'Ancienne laiterie de Madame ?



* Selon Michel Gallet :

Bâtiment construit par Jean-François-Thérèse Chalgrin en 1780 pour la comtesse de Provence, épouse du futur Louis XVIII située au 2 rue Vauban à Versailles.

« à Montreuil, Chalgrin aménagea un hameau où Madame prenait les mêmes divertissements que sa belle-sœur à Trianon.
Il en subsiste la laiterie, où les colonnes sont en bois et les denticules en placage d'écorce. »

* Selon Fabienne Cirio :

« ce curieux temple en rondins est habituellement identifié avec une laiterie dépendant du domaine voisin de la comtesse de Provence. Il semble que le terrain sur lequel il est construit n'ait jamais appartenu à la comtesse. Cette fabrique qui illustre les origines de l'architecture selon Vitruve a probablement été construite au début du xixe siècle pour un nommé Froment Champ-Lagard. »

* Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ancienne_laiterie_de_Madame

... les denticules ? Que sont-ce ?

Les denticules sont formés de découpures rectangulaires pratiquées sur un large listel.
Ils sont destinés à rompre les traits de lumière horizontale d'une moulure d'entablement et à projeter des ombres découpées en dessous de la saillie produite par la corniche des entablements d'ordre ionique ou corinthien.

Ah, d'accord !

J'avais absolument tout à apprendre dans ce sujet-ci, dont je te remercie, cher la nuit, la neige .

Pavillon de musique de la comtesse de Provence

Le pavillon de musique est construit en 1784 par Chalgrin, premier architecte et intendant des bâtiments du comte de Provence.


Pavillon de Musique de Madame à Versailles
Anonyme
Sceaux, Musée de l'Île de France

Deux pièces du pavillon sont particulièrement remarquables. Sous le dôme, un salon de musique de forme circulaire en rotonde à l'acoustique singulière est éclairé par un lanternon. Il est orné de fresques dont le décor en trompe-l'œil simule une colonnade au milieu d'un parc et évoque l'exubérance florale et végétale d'un jardin à l'anglaise, symbolisant l'appel de la nature cher à Rousseau.


* Source photo : http://elogedelart.canalblog.com/archives/2011/07/03/21532593.html

Le salon octogonal qui ouvre sur le jardin présente un précieux décor de guirlandes de fleurs en stuc et de médaillons imitant la porcelaine de Wedgwood au monogramme M de « Marie-Joséphine ».

Après la révolution :

Le pavillon de musique est acheté par la famille du bijoutier Mellerio qui le fait agrandir en 1820.
Les ailes sont ajoutées par Jean-Jacques HUVE.



Puis, après plusieurs mutations, cette partie du domaine est adjugée à Alfred Chauchard, fondateur des Grands Magasins du Louvre.
En 1902, celui-ci fait don du terrain à une société immobilière qui y crée 105 lots et qui les attribue aux employés les plus méritants de son entreprise.
Au milieu de ce lotissement, dit parc Chauchard, subsiste le pavillon de musique.





Le pavillon fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 26 mars 1943.
En 1960, le pavillon est acquis par Jacques et Lydie Bazaine qui le font restaurer. Il appartient aujourd'hui à leur petit-fils.






* Source texte : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pavillon_de_musique_de_la_comtesse_de_Provence

La nuit, la neige a écrit:

Deux pièces du pavillon sont particulièrement remarquables. Sous le dôme, un salon de musique de forme circulaire en rotonde à l'acoustique singulière est éclairé par un lanternon. Il est orné de fresques dont le décor en trompe-l'œil simule une colonnade au milieu d'un parc et évoque l'exubérance florale et végétale d'un jardin à l'anglaise, symbolisant l'appel de la nature cher à Rousseau.

Ah, que cela doit être merveilleux !!!

Egalement présentée dans notre sujet consacré à Georges Jacob :

En vente chez Christie's le 20 avril 2018, cette paire de marquises, provenant d'un ensemble de 8 "fauteuils d'angle" livrés en 1784 par Georges Jacob pour le pavillon de musique de la comtesse de Provence à Montreuil :









Provenance
From a set of eight 'fauteuils d'angle' by Georges Jacob delivered in 1784 to Marie-Josephine-Louise, Comtesse de Provence, for the Pavillon de Musique of the château de Montreuil.

* Voir notre sujet ici : https://marie-antoinette.forumactif.org/t3657p100-georges-jacob-1739-1814-menuisier-en-sieges#119896

Mais également cette :

Suite de quatre fauteuils et une marquise "A la Reine" provenant du pavillon de musique de la comtesse de Provence à Montreuil. Par Sulpice Brizard (Marcoussis 1733- Paris, après 1798) Reçu Maître en 1762 Paris, époque Louis XVI.


Photo Marc-Arthur Kohn

Ce salon provient du second salon du pavillon de Musique de la Comtesse de Provence à Montreuil (...)
Elle confie à Jean-François Chalgrin, premier Architecte et Intendant des Bâtiments de Monsieur, frère du Roi, en 1784 la réalisation au sein du parc paysager d'un pavillon de Musique qu'elle voulut classique avec un salon central circulaire inscrit dans un plan en croix latine éclairé par une verrière zénithale.
Dans ce cadre, elle y disposa divers meubles de belle facture, dont ce salon réalisé par Sulpice Brizard.

* Source et article complet, ici : http://elogedelart.canalblog.com/archives/2011/07/03/21532593.html

Merci pour l'ouverture de ce sujet, cher LNLN. Je suis allé visiter le pavillon de musique de la comtesse de Provence il y a 2 ans.

Ce bâtiment fût conçu plus comme une extension de la bâtisse principale du domaine du Grand Montreuil (jugée trop exiguë par la comtesse), que comme un véritable pavillon de musique. 

Voici ce à quoi le pavillon ressemblait du temps de la comtesse : 


Le pavillon a été  agrandi et rehaussé à une date indéterminée au XIXème siècle. Le voici aujourd'hui  : 





Les trois fenêtres sur chaque aile du pavillon datent du XIXème siècle. 
Les murs latéraux du XVIIIème sont devenus, au XIXème siècle, des murs intérieurs que l'on voit apparaître à travers les premières fenêtres de chaque aile : 



On a également ajouté un attique au XIXème siècle.



Voici le porche d'entrée derrière lequel se trouve la salle à manger : 








Le pavillon est un peu décrépi aujourd'hui, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur.
Je n'ai pas pu faire de photos à l'intérieur (interdit) mais je vais quand même vous fournir quelques informations sur la base des photos publiquement disponibles.

Le pavillon comprend deux salles octogonales en enfilade et deux petites pièces de chaque côté de la première salle octogonale.

La première salle octogonale - qui se situe derrière la porte d'entrée du pavillon - était la salle à manger, la seconde était le salon de compagnie donnant sur le parc. 

Les deux petites pièces de chaque côté de la salle à manger étaient l'une la chambre à coucher de la comtesse (avec un lit "à l'impériale à la romaine" dixit Georges Jacob) et l'autre le boudoir. Il y avait des lieux à l'anglaise dans un recoin de l'octogonale de la salle à manger et de la chambre, une petite bibliothèque et un appartement de service en entresol.

Les propriétaires actuels sont les héritiers d'un couple de marchands et collectionneurs d'art qui avait acquis le pavillon en 1960 (Jacques et Lydie Bazaine). Leurs héritiers ont vendu le mobilier en 2008.

La salle à manger est spectaculaire. Elle est entièrement recouverte sur ses murs d'une peinture en trompe-l'oeil, donnant l'illusion de se trouver au centre d'un petit temple (tel le temple de l'amour à Trianon) avec un parc autour. La voici :


Aujourd'hui la salle à manger n'est pas meublée, et les autres pièces le sont très chichement.
D'après les inventaires, la salle à manger comportait 24 chaises de Georges Jacob à l'époque de la comtesse. On ne sait pas ce que ces chaises sont devenues. Elles n'étaient semble-t-il plus présentes dans le pavillon au moment des saisies révolutionnaires, car les ventes de mobilier de la comtesse n'ont paraît-il pas rapporté beaucoup d'argent. Sans doute avait-elle déjà vidé ses résidences.

La chambre à coucher et le boudoir de part et d'autre de la salle à manger sont de petite taille.

Voici le salon de compagnie (deuxième salle octogonale) qui ouvre sur le parc : 


A l'emplacement actuel de la cheminée, se trouvait au XVIIIème siècle une fenêtre donnant sur l'extérieur. 


Au XVIIIème siècle, la cheminée se trouvait de l'autre côté du salon de compagnie, mais elle a été supprimée au XIXème siècle pour agrandir le pavillon et créer une nouvelle pièce communiquant avec ce salon : 

Merci, Ta Grace, pour ce complément de reportage !
Cette salle à manger est un pur ravissement.

Duc d'Ostrogothie a écrit:

Voici Ernest Chauchard : 

Est-ce que ce sont des favoris, de part et d'autre de son visage, ou bien son col relevé ?

Mme de Sabran a écrit:
Cette salle à manger est un pur ravissement.

Une merveille ! C'est qu'elle avait du goût la poivrote !  

Mme de Sabran a écrit:
Est-ce que ce sont des favoris, de part et d'autre de son visage, ou bien son col relevé ?  

Ce sont des favoris oui. Il est laid comme un poux.

Merci pour ces informations et images complémentaires !  
Je n'étais pas parvenu à trouver beaucoup d'images de l'intérieur de ce pavillon...

Duc d'Ostrogothie a écrit:
Le pavillon a été  agrandi et rehaussé à une date indéterminée au XIXème siècle.

J'avais noté la date de 1820...
Sans certitude, mais l'information était ici : http://www2.culture.gouv.fr/public/mistral/merimee_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=PA00087765

Duc d'Ostrogothie a écrit:La laiterie et les fabriques du parc ont quant à elles disparu.

Ah ? Donc, c'est confirmé la laiterie que j'ai présentée n'est plus considérée comme appartenant au domaine de Madame ?

C'était apparemment toujours le cas en 2015, du moins ce qui est noté sur cette fiche de la base "Architecture" du Ministère de la Culture : http://www2.culture.gouv.fr/public/mistral/merimee_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=PA00087755

Vous y trouverez notamment quelques photos anciennes d'avant restauration (années 60) :

Duc d'Ostrogothie a écrit:

Ce sont des favoris oui. Il est laid comme un poux.

Diantre !

La nuit, la neige a écrit:

Duc d'Ostrogothie a écrit:La laiterie et les fabriques du parc ont quant à elles disparu.

Ah ? Donc, c'est confirmé la laiterie que j'ai présentée n'est plus considérée comme appartenant au domaine de Madame ?

Selon la conférencière qui nous a fait visiter le pavillon de musique de la comtesse de Provence, la laiterie n'existe plus.
Wikipedia paraît confirmer cette information : « ce curieux temple en rondins est habituellement identifié avec une laiterie dépendant du domaine voisin de la comtesse de Provence. Il semble que le terrain sur lequel il est construit n'ait jamais appartenu à la comtesse. Cette fabrique qui illustre les origines de l'architecture selon Vitruve a probablement été construite au début du xixe siècle pour un nommé Froment Champ-Lagard. »
C'est pas clair !

La nuit, la neige a écrit:

Vous y trouverez notamment quelques photos anciennes d'avant restauration (années 60) :

C'est passionnant !  Je découvre un nouveau lieu enchanteur .
Et n'oublions pas les relations de voisinage plus ou moins harmonieuses (    )  , Guéménée, Madame Elisabeth, les Mackau, la comtesse Diane ...

Je sais ! Ces favoris m'évoquent des oreilles de cocker .

Mme de Sabran a écrit:
Et n'oublions pas les relations de voisinage plus ou moins harmonieuses (    )  , Guéménée, Madame Elisabeth, les Mackau, la comtesse Diane ...

... parmi les autres voisins : la comtesse de Marsan, le comte et la comtesse de Vergennes ...

Le pavillon de musique de la comtesse de Provence vient d'être mis en vente.

J'achète !!!

Tu m'inviteras j'espère.

Ça tombe bien, l’Ambassade d’Autriche était à l’étroit

J'achète, rien que pour cette délicieuse salle à manger si grecque et bucolique !

Gouverneur Morris a écrit:Ça tombe bien, l’Ambassade d’Autriche était à l’étroit

C'est exactement ce qu'on se disait avec Eléonore.

Plus sérieusement, j'espère que l'Etat ou la ville de Versailles se porteront acquéreurs.

On se rappelle ce qui est arrivé au château de Louvecienne, dépecé et vandalisé par ses propriétaires...

Ce type de bâtiment ne devrait pas rester en mains privées.

C'est une idée fixe...
Les propriétaires privés de bâtiments classés monuments historiques ne sont pas tous des vandales.