Georges Jacob (1739-1814), menuisier en sièges

En vente chez Christie's le 20 avril 2018, cette paire de marquises, provenant d'un ensemble de 8 "fauteuils d'angle" livrés en 1784 par Georges Jacob pour le pavillon de musique de la comtesse de Provence à Montreuil :










A PAIR OF ROYAL LOUIS XVI GILTWOOD MARQUISES ('FAUTEUILS D'ANGLE')
BY GEORGES JACOB, 1784
Each pointed back with looped floral cresting on a leaftip and bead-carved frame, covered in beige silk velvet, each indistinctly stamped G*IACOB, variously stamped with script initials F & C beneath a Baron's coronet, with paper labels printed H. N. P. Paris, one with a partial paper label printed ...YARBOROUGH, / FAUCONBERG & CONYERS. / Catalogue No., the seat rails inscribed in pencil Maison L... L. Harte/8 AVRIL 1880
33 in. (84 cm.) wide, overall
Provenance
From a set of eight 'fauteuils d'angle' by Georges Jacob delivered in 1784 to Marie-Josephine-Louise, Comtesse de Provence, for the Pavillon de Musique of the château de Montreuil.
Marcia Amelia Mary Lane-Fox, Baroness Fauconberg and Conyers and Countess of Yarborough (1863-1926), according to the brands and labels of the seat-rails.
With Dalva Brothers, New York.
John T. Dorrance, Jr. ; Sotheby's, New York, 21 October 1989, lot 808.

Quelles larges assises !

Oui ce sont des marquises. Ce qui est intéressant ici, c'est qu'elles sont courbées, sans doute pour épouser la forme de la salle à manger circulaire du pavillon de musique de Madame.

... et le petit zibouiboui sur le dossier de la deuxième n'est pas centré !

Comment Votre Grâce s'explique-t-elle cela ?

Mais si il est centré, ce n'est qu'un effet d'optique de la photo, car la marquise est courbe (avec un "c" pas un "f" hein) .

Ah ben d'accord !

Duc d'Ostrogothie a écrit:Provenance
From a set of eight 'fauteuils d'angle' by Georges Jacob delivered in 1784 to Marie-Josephine-Louise, Comtesse de Provence, for the Pavillon de Musique of the château de Montreuil.
Marcia Amelia Mary Lane-Fox, Baroness Fauconberg and Conyers and Countess of Yarborough (1863-1926), according to the brands and labels of the seat-rails.

Cette Baroness Fauconberg and Conyers était une amatrice invétérée du XVIIIème siècle semble-t-il :


Ici, déguisée pour le bal donné lors du jubilé de diamant de la reine Victoria à Devonshire House en 1897.

Rappelons qu'à ce bal, qui fit sensation dans toute l'Europe, la comtesse de Warwick était costumée en Marie-Antoinette.

Mobilier de la marquise de Marboeuf, estampillé Georges Jacob (vente Christie's Paris du 10 septembre 2008, collection Juan de Besteigui) :







Mobilier d'époque Directoire estampillé Georges Jacob (vente Christie's Paris du 27 novembre 2018) :














Mobilier Jacob vu à la biennale des antiquaires 2018 :

Cette bergère de Jacob passait en vente chez Beaussant Lefèvre le 24/10/2018.

Estimée 4000 / 6000 euros, elle a été adjugée... 17 000 euros (hors frais).

Il faut dire qu'elle provient du mobilier de la comtesse de Vergennes :

Elle semble en très bon état !

Elle ressemble un peu à une autre bergère Jacob vendue il y a quelques années chez Tajan.

En vente chez Sotheby's le 13 novembre 2018, ce canapé attribué à Jacob similaire à celui actuellement exposé dans le cabinet des glaces mouvantes de Marie-Antoinette à Trianon : 



A Louis XVI carved grey-painted canapé
Circa 1785, attributed to Georges Jacob
[i]inversely arched back crested with trails of blossoms, downcurved sides closed with voluted terminals over freestanding colonnettes, bowed front rail over round cable-fluted legs; upholstered with blue velvet (wear)
Haut. 93 cm, larg. 160 cm, prof. 70 cm ; height 36 2/3  in; width 63 in; depth 27 1/2  in[/i]

Pour mémoire, voici celui de Trianon, provenant du pavillon Balbi :



A model by Georges Jacob

This canapé adopts the curved backrest with double scrolling and flower cascades and the canapé’s crook armrests of the famous set delivered by Georges Jacob in 1785 and 1786 for the Balbi Pavilion.
Built for Anne de Caumont La Force (1758-1842), Comte de Provence’s favorite and Comte de Balbi’s wife, by Jean-François-Thérèse Chalgrin in the Palace of Versailles park near the Lake of the Swiss Guards, this pavilion was furnished after designs by Jean-Demosthène Dugourc.
This furniture set included two canapés, two benches, two bergère armchairs, six armchairs, two voyeuses armchairs, twelve chairs, one foot stool and one folding screen, all carved by Jacob's workshops. Some are now kept at Versailles, including one of the canapés (inv. VMB 14858).
We find in Georges Jacob’s production several similar canapés, notably one that was part of Jacques Doucet’s collection, George Petit Gallery, 7-8 June, 1912, lot 292 and one auctioned by Arcole at Drouot, 19 April 1989, lot 252.

Vanderbilt-Murat Provenance

In 1903, the American millionaire William K. Vanderbilt (1849-1920) married Anne Harriman (1861-1940), becoming her third and last husband.
The couple lived either in New York, in Paris and at Carrières-sous-Poissy near Paris where he had built a castle dedicated to their horse racing passion. Anne Harriman had, from her second marriage to Lewis Morris Rutherfurd, a daughter named Margaret Rutherfurd (1891-1976).
Among the six consecutive spouses of the latter, including Prince Charles Murat (1892-1973), whom she married twice, the first time in Paris on 8 July 1929, then again in 1945 and never left him.

Chaise estampillée Georges Jacob livrée pour l'appartement du duc de Polignac au château de Versailles (vente Daguerre du 13 mai 2015) :









Description du lot par la maison de vente aux enchères : 

Chaise estampillée G. Jacob, d'époque Louis XVI. En bois mouluré et sculpté, à dossier carré, elle repose sur des pieds fuselés, cannelés et rudentés. H. 91 L. 50 P. 46 cm étiquette du “Cabinet de monseigneur le Duc de Polignac” et une marque au fer D.P.O. Georges Jacob reçu maître en 1765. Provenance: Armand Jules François, Duc de Polignac (1746-1817), époux de Yollande de Polastron, gouvernante des Enfants de France, en 1782. Cette chaise a été livrée pour l'appartement du duc, situé dans l'aile du Midi du château de Versailles. La marque D.P.O. correspondrait au garde-meuble des Polignac, elle se retrouve sur deux chaises et un écran, également de Georges Jacob, conservés au château de Versailles.

Adjugée 7000 EUR. 

Je suppose que les bois de cette chaise étaient initialement peints en blanc et qu'elle fut décapée au XIXème siècle (c'était la grande mode au XIXème siècle : décaper les sièges XVIIIème pour retrouver le bois naturel ).

Fauteuil livré par Georges Jacob pour le "Boudoir de Monsieur" (dixit l'étiquette) c'est-à-dire pour le boudoir de l'appartement du comte de Provence au pavillon de musique de la comtesse de Provence à Montreuil (Paris, Georges Jacob, 1786). Il faisait partie d'un ensemble de 8 fauteuils et 1 canapé.








Ce siège est actuellement en cours de restauration. Il présente une sculpture, si ce n'est identique, à tout le moins similaire à celle des fauteuils réalisés par Georges Jacob pour Vaudreuil :



  Deux fauteuils Jacob d'un ensemble provenant d'une commande du comte de Vaudreuil pour son hôtel de Paris, vendu au Garde-meuble de la couronne en 1788 (Paris, c. 1785, Georges Jacob). 








Après leur acquisition par la Couronne en 1788, ces sièges servirent dans le grand cabinet de Napoléon Ier à Saint-Cloud.

La sculpture des sièges du comte de Vaudreuil et du comte de Provence est similaire, à la fois riche et subtile, notamment les entrelacs attachés, enrichis de fleurs, paquets de graines et perles.

L'un de ces sièges est visible sur le portrait du comte de Vaudreuil, réalisé par Mme Vigée-Lebrun : 

Merci Ta Grâce !

Quâtre de ces fauteuils sont à Fontainebleau, deux dans la salle du Trône, deux dans La Tribune de La Chapelle :





Clichés personnels

Ils sont superbes dans la salle du Trône de Fontainebleau, merci pour cette belle photo mon cher Gouv'. Les fauteuils de Vaudreuil sont à se damner. 

Ils étaient anciennement dans le grand cabinet de Napoléon Ier à Saint-Cloud, ce qui peut expliquer pourquoi on les a mis dans la salle du Trône de Fontainebleau (s'agit-il d'une équivalence avec des sièges disparus ?).

Est-ce que l'estampille est toujours placée au même endroit, sous l'assise ? derrière le dossier ?

Oui généralement l'estampille de Jacob est en-dessous de la traverse arrière sous l'assise.

Ce fauteuil attribué à Jacob aurait été commandé par Marie-Antoinette :



Vendu chez Picard le 1er avril 1993, il est en bois sculpté et doré, le dossier ajouré à quatre colonnettes cannelées à chapiteau à feuilles d'acanthe avec panaches, perles et feuilles d'eau, orné au centre d'une lyre à têtes d'aigle. Les accoudoirs à large volute fleurie et feuillagée se terminent par des têtes de chien épagneul. Les supports d'accoudoir et les pieds sont fuselés à cannelures feuillagées. La ceinture arrondie est à perles et feuilles d'eau.
Haut. : 97cm . Larg.. : 58 cm. Prof : 55 cm.

Ce siège faisait peut-être partie d'un ensemble commandé pour un salon de musique. Le catalogue de vente indiquait que "La présence  à l'extrémité des accoudoirs de tête d'épagneul, symbole de la Fidélité, fait penser à une commande de la Reine Marie-Antoinette à laquelle ce symbole se rattache". On pourrait ajouter que la présence de têtes d'aigles (symboles de l'Autriche) fait également penser à la reine.
Peu de sièges présentant cette particularité sont connus. On peut citer les 6 fauteuils du musée de Berlin et le fauteuil à la reine conservé au Rijksmuseum d'Amsterdam.

Il est particulièrement original . Je ne crois pas en avoir jamais vu de semblable !
C'est curieux, ces têtes d'aigle ...
Merci, mon cher duc .

Mme de Sabran a écrit:
Je ne crois pas en avoir jamais vu de semblable !

On peut sans doute rapprocher ce fauteuil de cette bergère à têtes d'aigles qui selon H. Lefuel aurait été commandée par Marie-Antoinette pour le château de Saint-Cloud :

Une autre chaise extraordinaire de Georges Jacob, réalisée pour Marie-Antoinette :

Chaise "montgolfière" réalisée par Georges Jacob en 1784 pour le boudoir de Marie-Antoinette au château des Tuileries (Metropolitan Museum of Art de New York) :








Les montants sont sommés d'une montgolfière à hydrogène (ballon avec filet), rappelant l'événement auquel Marie-Antoinette assista aux Tuileries le 1er décembre 1783 : le premier vol d'une montgolfière à hydrogène réalisé par Jacques-Alexandre César (1746-1823) et son collaborateur Marie-Noël Robert (1760-1820). Joseph Cradock en parle dans son journal.

Cette chaise fut menuisée par Georges Jacob, sculptée par les frères Rousseau et dorée par Presle.

Georges Jacob indiqua dans son mémoire que cette chaise était de "forme nouvelle" : sans doute faisait-il référence à la forme en fer à cheval de l'assise.

Quelques photos du mobilier du salon des Jeux de Saint-Cloud (Georges Jacob, 1788), aujourd'hui exposé dans le grand cabinet de Madame Adélaïde au château de Versailles (photos prises le 18 mai 2019) :

Quelques photos du mobilier réalisé par Georges Jacob en 1783 pour le cabinet doré de Marie-Antoinette au château de Versailles, aujourd'hui exposé dans le cabinet intérieur de Madame Adélaïde (en l'attente de la fin des travaux dans le petit appartement de la reine) (photos prises le 18 mai 2019) :