Theresia Cabarrus (1773-1835), épouse Tallien, puis princesse de Caraman-Chimay

Mme de Sabran a écrit:
Je n'ai pas retrouvé ce détail dans Castelot, cher ami .

Lu dans les Mémoires de la reine Hortense.   

Elle avait dû marcher à la mort avec mon père. Lorsqu’elle s’entendit appeler, elle tomba évanouie, dans un tel état de faiblesse qu’on ne put la transporter.
« On viendra la prendre plus tard » dirent ceux qui étaient chargés de ce terrible emploi.
C’était le 5 thermidor. Le 9, la chute de Robespierre arrêta l’exécution et nous la conserva.

Mme de Sabran a écrit:En tout cas, Alexandre de Beauharnais et Joséphine ne partagent pas la même cellule.

Toujours dans les Mémoires de la reine Hortense...

Un jour, une femme inconnue se présenta chez nous, voulant nous emmener avec elle, mon frère et moi, et sans s’expliquer davantage. Mlle de Lannoy ne voulut pas y consentir.
Cette femme montra alors un mot de l’écriture de ma mère, qui l’y autorisait.
Ma gouvernante balançait encore, redoutant quelque subterfuge. Enfin, elle finit par céder.

La femme nous conduisit dans la rue de Sèvres, au fond d’un jardin. Elle nous fit monter mystérieusement dans la maison du jardinier, nous recommandant le plus profond silence.
En face était un grand bâtiment, dont une fenêtre s’ouvrit. Mon père et ma mère y parurent.
Pleine de surprise et d’émotion, je jetai un cri ; j’étendis les bras vers mes parents ; ils me firent signe de me taire, mais une sentinelle, placée au bas du mur, nous avait entendus et appelait.
L’inconnue nous emmena alors promptement.

Nous sûmes, depuis, que la fenêtre de la prison avait été murée impitoyablement.
Ce fut la dernière fois que je vis mon père.
Peu de jours après, il n’existait plus.

Mme de Sabran a écrit:
Lorsqu'il est temps pour lui de faire ses adieux à la vie, il ôte de son doigt une bague arabe pour qu'on la remette à Joséphine avec ce petit mot :
La présomption que cette infernale machination me suivra jusqu'au tribunal révolutionnaire ne me laisse aucun espoir de te revoir, mon amie, ni d'embrasser mes chers enfants. Je ne te parlerai donc point de mes regrets; ma tendre affection pour eux, l'attachement fraternel qui me lie à toi, ne peuvent te laisser aucun doute sur le sentiment avec lequel je quitterai la vie sous ce rapport.

C’est touchant.



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Merci, pour tous ces extraits, cher la nuit, la neige .   
En plus, je n'ai pas lu les mémoires de la reine Hortense !

Je t’en prie.   

Ces Mémoires se lisent, ils se lisent...
Une vie assez exceptionnelle, tout de même !

Je pensais encore recopier quelques passages à la suite de tes messages. Mais je n’ai pas eu le temps.

Prends tout ton temps .   Je sais bien que tu n'en as pas beaucoup !  3196910 

Eh oui, malheureusement...

Ce n'est pas grave . Nous ne t'avons qu'à toutes petites doses que nous dégustons avec bonheur !   

Il n'y a pas plus populaire dans toute la France que Mme Tallien, Notre Dame de Thermidor !   :n,,;::::!!!: 
Elle est la reine de Paris et mène un train de vie fastueux, allée des Veuves ( aujourd'hui notre avenue Montaigne ) où le couple vient d'acheter " la Chaumière ", une maison recouverte de chaume mais à l'intérieur à l'antique, fastueuse .
Je ne résiste pas au plaisir de vous donner la couleur du jeté de lit: jaune fifi effarouché !!!!!   : 



Chaumière de Madame Tallien, Devin de Fontenay et Théresia Cabarrus, devenue par
la suite Madame Tallien, épouse du conventionnel Jean-Lambert Tallien,
guinguette "l'Acacia", vers 1795.
Démolie mi XIXème.
http://christianbenilan.wifeo.com/

Les Tallien reçoivent tout ce qui compte à Paris politiquement, et puis Joséphine la grande amie, Germaine de Staël, la duchesse d'Abrantès, Juliette Récamier, Aimée de Coigny ( à qui le prince de Ligne a écrit de si belles lettres du Caucase ).......
Une petite-fille vient au monde, Thermidor-Rose-Thérésia , dont Joséphine est la marraine. ( Rose est le prénom que Joséphine porte depuis l'enfance auquel elle renoncera bientôt. )
Teresa serait au comble du bonheur n'était l'amour possessif et jaloux de Tallien . Elle s'arrange pour faire expédier son encombrant époux au fin fond de la Bretagne réprimer un soulèvement royaliste : ça l'occupera un moment !
Ainsi peut-elle répondre aux avances de Barras dont elle devient la maîtresse.

Alors-là, j'en perds mon latin : j'avais laissé Joséphine aux Carmes amoureuse de Hoche, mais il semble qu'elle soit aussi la maîtresse de Barras ( en tout cas, Castelot s'interroge sur le point de savoir quand elle le devient ) .
Les deux amies se partagent-elles Barras ?
Au point où nous en sommes, cela ne m'étonnerait pas plus que ça !
Elles sont devenues inséparables .   

C'est lui, Barras qui , un jour, amène chez Teresa un petit général noiraud, maigrichon, renfrogné, qui, non content de ne pas payer de mine, est affublé d'un nom pas possible : Nabulione Buonaparte .  

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Cette chaumière de Madame Tallien ressemble au Montreuil de Madame Elisabeth

Bien à vous.

... la couleur du jeté de lit !  :

Majesté a écrit:Cette chaumière de Madame Tallien ressemble au Montreuil de Madame Elisabeth
.

Mais oui, côté potager, c'est frappant !   

Vous surprendrai-je si je vous dis que le petit Corse en pince aussi sec pour cette beauté sculpturale, Teresa, dont il connaissait la renommée bien avant de la rencontrer ?
Comme c'est grâce à lui que nous avons pu vaincre les Anglais à Toulon, Barras conseille à Teresa d'être gentille . On ne sait jamais, cet homme-là pourrait toujours servir ... Elle flirte et lui laisse prendre des privautés. Elle le reçoit, lui rend quelques services .
Comme il tire le diable par la queue, elle va jusqu'à lui procurer de quoi se vêtir décemment. Mais le jour où, entrant dans la chaumière, Nabulione entend Teresa claironner à travers son salon: " Eh bien, mon ami, vous avez vos culottes ! " , il voudrait rentrer sous terre tellement il a honte !
La coquette s'amuse à l'affoler comme tous les autres. Elle y réussit à merveille . Bien des années plus tard, à Sainte-Hélène, Napoléon dira à Las Casas : " Mme Talllien était alors jolie à croquer; on baisait volontiers ses bras et ce qu'on pouvait ... "
( J'adore le " et ce qu'on pouvait ... "  :  )

Bref, Bonaparte va jusqu'à la supplier de divorcer d'avec Tallien pour l'épouser . Et là, elle lui rit au nez ! Les blessures d'amour-propre sont les pires . Il lui en gardera toujours une rancune invincible .   
Son amour naissant vire à la haine .

Et voici comment Teresa a laissé la future couronne d'Impératrice lui passer sous le nez .... C'est l'erreur de sa vie !
Napoléon qui répudiera Joséphine parce qu'elle ne lui donne pas d'enfants aurait gardé Teresa qui au contraire en aura encore une ribambelle !
Teresa sort de l'Histoire, la grande, par la petite porte.

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Mme de Sabran a écrit:Mais oui, côté potager, c'est frappant !   

Surtout que de ce côté on s'est offert de bien voir Montreuil !
On n'a vu que le gazon était interdit que plus tard ...    

Bien à vous.

La Chaumière de Teresa :




Le Montreuil d'Elisabeth :

Merci Eléonore...
Je me trompais, de ce côté l'accès était autorisé  : 

Bien à vous.

Mme de Sabran a écrit:
Vous surprendrai-je si je vous dis que le petit Corse en pince aussi sec pour cette beauté sculpturale, Teresa, dont il connaissait la renommée bien avant de la rencontrer ?

Sans blague?
Au passage voici Paul Barras...Etait-ce déjà de lui qu'on avait remarqué l'incroyable ressemblance avec Gérard Depardieu? 



Bien à vous.

Bonaparte ne reste pas inconsolable . C'est même de la meilleure amie de Teresa, Mme de Beauharnais, qu'il s'éprend à présent .
De Rose, il fera Joséphine, et lui interdira très formellement de continuer de voir Teresa .

Ici, je vous place une petite gravure olé olé  :  :

Oups ! Tu venais de le faire .    

Je regarderai BERN.

Je me demande pourquoi Eléonore vous dites à un moment que Teresa a commis l'erreur de sa vie ne refusant de craquer pour Napoléon. ???  Visiblement, elle lui aurait fait des enfants et donc pas répudiée comme Joséphine mais à part ça ?

Aurait-elle pu avoir un rôle influent sur Napo ?

Teresa ne peut plus souffrir Tallien .  Il a fait montre de tellement de cruauté dans la répression de la tentative de débarquement des émigrés royalistes à Quiberon !!!   Elle le prend en horreur  :
Il y a trop de sang dans les mains de cet homme, confie t-elle à une amie, je suis dégoûtée de lui .

D'ailleurs, ne roucoule-t-elle pas avec Barras, l'homme fort du nouveau régime ?
 Elle en aura un enfant le 20 décembre 1797 qui mourra à la naissance.

Le ministre du Roi d'Espagne, Godoy, pense pouvoir tirer profit de la libération de M. Cabarrus (toujours emprisonné dans les geôles espagnoles ), père de la maîtresse du puissant Barras. Il entame des négociations avec la France qui débouchent sur le traité de Bâle, le 22 juillet 1795 ..... et sur la réhabilitation de Cabarrus avec même indemnisation pour ses trois années derrière les barreaux !

Teresa n'habite plus la Chaumière , sur les Champs Elysées .  Elle est installée chez Barras, dans son château de Grosbois, où elle reçoit Cambacérès, Fouché, Talleyrand, Savary, Constant, David, Choderlos de Laclos, et le financier Ouvrard . Ses petites copines sont Juliette Récamier, Mmes de Mailly et de Chateaurenaud ....   
Joséphine a épousé le petit Corse qui fait toujours des étincelles sur les champs de bataille et dont l'étoile monte vertigineusement .
Les deux amies ne se voient plus guère .

La nouvelle demeure de Teresa, le château de Grosbois,
au XVIIIe siècle :



Grosbois, à qui la vaste étendue de ses bois a fait donner ce nom, appartient à Monsieur. Une patte d'oie mène à la grille, suivie d'une longue avenue qui descend vers le château bâti dans un fond.
Le parc, qui a plus de dix-sept cents arpents entourés de murs, comprend une grande quantité de terres labourables et de vignes, avec des futaies et des bois taillis. Il n'y faut pas chercher les décorations ni les ornements de l'art qui brillent dans les parcs extrêmement peignés...

( M. Dezallier d'Argenville )

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Comtesse Diane a écrit:Je regarderai BERN.

Je me demande pourquoi, Eléonore, vous dites à un moment que Teresa a commis l'erreur de sa vie ne refusant de craquer pour Napoléon. ???

Eh bien, parce qu'elle aurait été impératrice, tiens pardi !

C'est une promotion qui peut plaire ...  : 

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Mme de Sabran a écrit:Napoléon qui répudiera Joséphine parce qu'elle ne lui donne pas d'enfants aurait gardé Teresa qui au contraire en aura encore une ribambelle !
Teresa sort de l'Histoire, la grande, par la petite porte.

N'empêche qu'en 1805, Teresa devient Princesse de Chimay par son mariagage avec François-Joseph de Riquet de Caraman. Elle vivra dans le château de Chimay que j'ai eu la chance de visiter en suivant la princesse d'alors, une femme charmante et passionnante qui a d'ailleurs écrit sur l'aïeule de son époux.
 


Bien à vous.

Attends, attends !   
Entre temps, elle jettera son dévolu sur un nouveau pigeon à plumer : le financier Ouvrard .

Mais elle n'arrête pas cette bonne femme !

Majesté a écrit:
N'empêche qu'en 1805, Teresa devient Princesse de Chimay par son mariagage avec François-Joseph de Riquet de Caraman. .

Lorsqu'elle deviendra princesse de Chimay, Tallien écrira, avec dépit :

Elle aura beau faire, elle sera toujours Mme Tallien.
Ce nom marquera toujours plus que celui de " princesse de Chimère ".

Teresa continue à ...  disons ... asseoir sa situation !    
Tenez par exemple ce gros financier Ouvrard, il n'a rien d'un Adonis, pourtant Mme Tallien le couve d'un œil intéressé : il est richissime ! Eh ! ça vaut tous les profils grecs, toutes les tablettes de chocolat, toutes les carrures d'athlètes du monde !
C'est que Barras commence à tirer un peu la langue pour débourser, encore et toujours, pour tous les petits caprices de Teresa, ses toilettes ( pourtant il n'y a pas lourd de tissu    :   ), ses diadèmes, ses bracelets de cuisse, ses bagues de doigts de pied ... J'en passe et de meilleures ...
Et puis Ouvrard est une relation d'affaires de François Cabarrus: Le Roi d'Espagne avait des millions de piastres que son grand argentier ne savait comment rapatrier de Mexico, Lima, Porto-Rico, Manille . Ouvrard a trouvé avec brio la solution des lettres de change .
Bref, il est l'homme à se mettre dans la poche !

Barras envisage très clairement la situation : il suffit que Teresa y mette un peu du sien, elle en a l'habitude ! Ouvrard ne discerne pas que Barras assure, par ce moyen, des millions à la République. Son calcul est de tenir, de deux manières, et toutes deux bien assurées, le plus fastueux bailleur de fonds qui soit au monde. Par la crainte du contrôle des fournitures aux armées, par les liens aussi de l'amour, il en fera sans peine une victime bien ligotée, toute prête au sacrifice .
C'est lors d'une partie de chasse à Grosbois que Teresa entraîne le financier dans les fourrés propices et complices, et hop !
Il est fait .    
Teresa vient de mettre le grappin sur la plus grosse fortune d'Europe ! Elle a vingt-sept ans.