Au château de Canon, chez Elie de Beaumont

Nous avons fait, hier, la visite à Mézidon-Canon,  du château de Canon et de ses jardins remarquables !
J'ai tout simplement adoré le jardin anglais et ses multiples fabriques !!!  

Nous étions chez Elie de Beaumont, ami de Voltaire, Horace Walpole, l'avocat Target, entre autres sommités ...  
Cette demeure était la maison des champs, la " campagne " comme on disait à l'époque,  d'un monsieur que ses hautes fonctions retenaient plutôt à Paris .  Outre, comme titre de gloire, l'estime et l'amitié de Voltaire que lui ont valu son engagement dans l'affaire Calas, Elie de Beaumont avait été nommé, par Louis XV, intendant des finances du comte d'Artois .
Si vous voulez me suivre chez lui, c'est par ici ...




Le château et les diverses fabriques dans le jardin ( comme le Palais idéal du facteur Cheval    ) sont truffés de citations romantico-sentimentales, en français ou en latin .   Il faut dire que Jean-Baptiste Elie de Beaumont et son épouse Anne-Louise avaient fait un mariage d'amour, ce qui est tellement rare fin XVIIIème ...

Si nous entrions !  
Quelques vues de l'intérieur :













...  les portraits de M. et Mme Elie de Beaumont :





Jean-Baptiste-Jacques Élie de Beaumont, né à Carentan en 1732 et mort à Paris le 10 janvier 1786, est un avocat français.

Issu d’une vieille famille protestante de Normandie, Élie de Beaumont est reçu au barreau en 1752 et avocat au parlement de Normandie, et se fait un nom au barreau de Paris, avant d’être forcé, à cause de la faiblesse de son organe, de renoncer aux plaidoiries.
Il se borne alors à publier quantité de mémoires judiciaires, montrant toujours un vif sentiment de l’équité.
Son art de présenter les faits et de regrouper les preuves lui font une réputation européenne.

Son titre de gloire est le Mémoire pour les enfants de Calas (Paris, 1762, in-4°). La part brillante qu’il prit à l’affaire Calas lui valut, parmi les protestants, une vive gratitude et partout une haute renommée.

Voltaire l’appelait « le philosophe de l’innocence opprimée » .  
 Il lui trouvait néanmoins moins d’éloquence que de déclamation dans le style. Il eût souhaité « qu’avec une âme si belle, si honnête, cet homme eût un peu plus de goût et qu’il ne mît pas dans ses mémoires tant de pathos de collège ».  


Une mise en scène caractéristique de l’« âge sensible » des Lumières
Carmontelle met ici son talent de dessinateur au service de la cause de Voltaire en réalisant un portrait de groupe, en prison. En février 1765, la famille Calas s’est en effet constituée prisonnière à la Conciergerie, à Paris, dans l’attente de la révision du procès. Damilaville écrit à Voltaire à propos de la mère Calas : « Un de nos amis – Carmontelle – la dessine actuellement avec Gaubert Lavaysse et toute sa famille dans un même tableau où ils seront dans une prison. »



La scène la représente en effet en robe de deuil, ainsi que sa fille aînée, Rose, et derrière elles la cadette, Nanette. Leur servante, Jeanne Viguière, debout, les soutient dans la douleur. Leur font face le jeune Pierre Calas, accusé de fratricide, et son ami Gaubert Lavaysse, qui lit le Mémoire à consulter et consultation pour la Dame Anne-Rose Cabibel, veuve Calas, et pour ses enfants, préparé par l’avocat Élie de Beaumont. Les factums ou mémoires d’avocat connaissent alors un très grand succès, car ils permettent au public de s’identifier aux protagonistes d’une affaire et aux avocats de saisir le tribunal de l’opinion – Voltaire dit avoir été ému aux larmes par celui d’Élie de Beaumont.



... à suivre !

Anne-Louise était une femme de lettres .

 Elle est l’auteur des Lettres du marquis de Roselle (1761, 2 vol. in-12) , toujours fraîchement réeditées, et de la troisième partie des Anecdotes de la cour et du règne d’Édouard II, roi d’Angleterre (1776, in-12), dont Claudine Guérin de Tencin avait donné les deux premières parties.  

Sous son portrait dans le salon est posé son buste, le même qui orne aussi le petit temple grec de la Pleureuse, l'une des fabriques du jardin anglais, jusqu'où nous marcherons tout à l'heure .  
Elle mourut en 1783, laissant Jean-Baptiste éploré et inconsolable .
Le voici avec leur fils Armand auprès du buste de leur chère défunte ...




...  dont voici la chaise à porteurs !  



















Porcelaine aux armes de la famille :




...  comme les couverts posés à la française




 



Vous l'avez tous remarquée, n'est-ce pas ?!  

Quelle jolie propriété...
Merci pour cette visite guidée.

Mignon, quoi qu'un peu déffraichis. La cour a beaucoup d'allure, mais il lui manque des fossés pour magnifier la grille.

Il y a bien eu des fossés, mon cher petit Lulu .    

La cour d'honneur était fermée par des douves sèches accompagnées d'un talus surmonté d'un mur en forme de cordon.   Ces fossés seront comblés en 1770 et remplacés par cette longue grille à chardons en forme de demi-lune  ( et qui vient d'être restaurée ).

 Elie de Beaumont  acheta cette grille à Paris;  c'était la grille d'entrée du château des Ternes.
...   que voici :


https://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_des_Ternes_(Paris)

Superbe ! Merci Eléonore !

Bien joli; merci !

Lucius a écrit: La cour a beaucoup d'allure.

C'est vrai !
Mais il faut imaginer à l'époque d'Elie de Beaumont, au beau milieu, un groupe sculpté par Stouf, élève de Coustou ( auteur des chevaux de Marly ) , placé sur un piédestal et protégé par une grille . Il représentait Henri IV montrant à Louis XVI les peuples qu'il va rendre heureux . C'était une jolie uchronie, mais nullement prémonitoire ...
Il n'en reste plus rien malheureusement .

Le château est charmant, mais attendez de voir les jardins !!!
Ils sont époustouflants, un paradis !!!

Mme de Sabran a écrit:
Il n'en reste plus rien malheureusement .

Il a été bousillé à la Révolution ?

... même pas, Comtesse, même pas .
En fait, le château de Canon n'a pas eu à subir les outrages de la Révolution parce que la famille Elie de Beaumont était estimée et respectée alentour . Le chatelain de cette époque troublée était Armand, son père étant mort en 1786, ruiné du reste, en partie à cause des travaux entrepris pour agrandir et embellir Canon. Ses créanciers harcelaient le jeune ménage .
Armand avait épousé Eléonore du Paty . Toute la fortune de sa belle-famille venait de plantations et usines à Saint-Domingue. La révolte des esclaves les ruina. Un des frères d'Eléonore, Auguste, y partit pour tenter de sauver quelque chose : il fut scié en deux par des noirs .

Ca fait vraiment scier ...

Un lien de parenté avec le malheureusement célèbre Armand du Paty de Clam ?

Oui, très certainement , car le nom entier d'Eléonore est :   Eléonore Charlotte  MERCIER DU PATY DE CLAM

Aïe ! Wiki vient de me renseigner sur ce neveu lointain ...

A nous les jardins et leurs petites fabriques ! Allons-y !  



Poursuivons vers le petit Temple de la Pleureuse ...

Merci encore !
Cette photo là, elle est canon ! 

Quelle jolie excursion Eléonore, merci beaucoup de nous faire découvrir ces lieux charmants.
Je n'ai jamais entendu parler de ce château Canon.
J'aime beaucoup l'extérieur et l'intérieur.
Je trouve que cela a du charme de laisser les choses dans cet état un peu défraîchi. On se rapproche mieux du passé.

Mme de Sabran a écrit: Toute la fortune de sa belle-famille venait de plantations et usines à Saint-Domingue. La révolte des esclaves les ruina.  Un des frères d'Eléonore, Auguste, y partit pour tenter de sauver quelque chose : il fut scié en deux par des noirs .

Les "noirs" avaient d'ailleurs raison de se révolter. Les "blancs" sont venus comme ça depuis nulle part en déclarant leurs terres leur propriété. Sans gêne  

Comte d'Hézècques a écrit:

Les "noirs" avaient d'ailleurs raison de se révolter. Les "blancs" sont venus comme ça depuis nulle part en déclarant leurs terres leur propriété.

Leurs terres, passe .
Mais les êtres humains étaient leur propriété, avec droit de vie et de mort sur leurs esclaves.

Voilà qui est révoltant ... ils sont venus exploiter des terres qui n'étaient pas à eux, rendre esclaves des gens innocents.
J'ai beaucoup de mal avec la colonisation, pratiquée par les français, les hollandais, les anglais, les espagnols, portugais etc.
C'est une tache très noire dans nos pages d'histoire.

Eh oui ...       Nombre des grandes fortunes européennes avaient pour source le commerce triangulaire .

En l'occurrence, les Elie de Beaumont ne roulaient pas sur l'or .  Jean-Baptiste meurt à 53 ans, ruiné.
Armand et Eléonore eurent deux fils .

 L'aîné hérita du château de Canon, le second est  le célèbre Léonce Elie de Beaumont, Membre et Secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences, Co-Fondateur de la Société géologique de France Directeur du Service de la Carte Géologique de la France, 1865-1868,  Professeur de géologie au Collège de France et à l'Ecole des Mines 1827-1874 .

Sa réputation scientifique croissante, nous dit Wiki, lui assure son élection à l’Académie de Berlin, l’Académie des sciences et la Royal Society (comme membre étranger). En 1843, la Geological Society of London lui décerne la médaille Wollaston. Il est élu le 28 mai 1845 à l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie, avec pour titre académique Agrégé.

Par décret du président français, il est fait sénateur à vie en 1852 et, à la mort de François Arago, il devient secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences. En 1861, il reçoit la plaque de grand-officier de la Légion d'honneur.

Quel lieu charmant et émouvant, qui incite aux rêveries.

merci pour ces photos, hier à la tv j'ai vu un grand reportage sur CANON avec l'esprit de famille qui l'occupe et surtout qui l'anime, une belle tribu ayant chacun leur spécialité , tout est entièrement tourné vers CANON sa restauration, son entretien, sa vie !!!
dans le lac et la rivière il y a des canards, des cygnes qui sont nourris chaque jour à la main, sans oublier les truites qui viennent chercher leur pitance le soir, elles sont interdites de pêche.

MARIE ANTOINETTE

MARIE ANTOINETTE a écrit:merci pour ces photos, hier à la tv j'ai vu un grand reportage sur CANON avec l'esprit de famille qui l'occupe et surtout qui l'anime,  une belle tribu ayant chacun leur spécialité , tout est entièrement tourné vers CANON sa restauration, son entretien, sa vie !!!

Mince alors, je l'ai manqué !!! Y a-t-il un lien de replay ?

En effet, le château est toujours dans la famille et tous ses membres s'y dévouent corps et âme . Du reste, au sujet de la petite chinoiserie, le petit kiosque au-dessus du canal, j'ai bien précisé ( ma petite brochure sous le nez ) que ce sont les enfants de la maison qui l'ont repeinte dans le rouge impérial d'origine . Car oui, c'est un engagement familial total .
C'est dire aussi combien l'accueil est extrêmement sympathique !!!

Nous en sommes au Temple de la Pleureuse mais la promenade est loin d'être finie . ... et je garde le meilleur pour la fin !
Je trie au fur et à mesure mes photos, c'est pourquoi c'est un peu long .

La promenade continue ...
Enfonçons-nous dans les bois !











Sous cette autre petite fabrique, le château Béranger, dont le centre a été reconstruit par Elie de Beaumont, furent enterrés des nobles protestants au XVIIème siècle .








Charmante, n'est-ce pas ?    ...   un peu mystérieuse ...
Malheureusement un petit grillage nous empêche de nous faufiler à l'intérieur .





Le parc du château de Canon, planté fin XVIIIème siècle par Jean-Baptiste Elie de Beaumont, emprunte de nombreux traits de caractère aux jardins anglais, dans la mouvance des écrits de Rousseau qui vantent une nature pittoresque et sauvage. Ainsi sont commandés en 1773, aux pépinières d’Harcourt, des platanes d’Orient « Platanus Orientalis ».

Visez-moi un peu cette souche monstrueuse !!!  



Plantés ça et là dans le parc à l’anglaise, tantôt en bord de rivière ou auprès du château Béranger, leur disposition imite la nature car elle rompt avec les alignements chers aux parcs à la française. Dans la même idée, ces arbres ne sont pas taillés afin de croitre librement.





Ce sont des arbres presque tricentenaires que l'on peut admirer dans le parc de Canon !  
Profondément enracinés dans un sol riche et profond d’où ruissellent de nombreuses sources, ils ont ainsi traversé les siècles. Les tempêtes de 87, 89 et 1999 ont eu raison d’une vingtaine d’entre eux. Heureusement de magnifiques sujets de plus de 30 mètres de haut sont toujours conservés et forcent l’admiration du promeneur !





http://www.chateaudecanon.com/blog-(fr)/2018/07/16/label-arbre-remarquable/