Pendules et vases en ivoire tourné de (et par) la famille royale
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Pendules et vases en ivoire tourné de (et par) la famille royale
C'est l'annonce d'un objet, prochainement présenté en vente aux enchères (Chez Christie's Paris : Collection Juan de Beistegui, le 10 September 2018) qui me donne l'idée d'ouvrir ce sujet.
En effet, la note de la maison de vente est intéressante....
Voici donc :
VASE ORNEMENTAL D'EPOQUE NEOCLASSIQUE
PREMIERE MOITIE DU XIXe SIECLE, PROBABLEMENT RUSSIE
En ivoire d’éléphant tourné, sculpté et ajouré, ornementation de bronze ciselé et doré (...)
H.: 45,5 cm. (18 in.) ; D.: 14,5 cm. (5 ¾ in.)
Note au catalogue (extraits) :
Cet extraordinaire vase d’ivoire est à rapprocher d’un corpus d’objets qu’ont rendus célèbres une maitrise technique époustouflante et une provenance royale, tantôt présumée tantôt établie.
Le tour du bois et de l’ivoire faisait en effet partie de l’éducation manuelle des enfants royaux. Attestée dès l’enfance de Louis XIII, cette pratique se poursuit chez les souverains et leurs enfants au XVIIIe siècle.
Louis XV et ses filles se consacrent à ce passe-temps, formés par Jeanne-Madeleine Maubois, tourneuse officielle du roi. Véritable passion et loisir aristocratique, le travail de l’ivoire fut notamment prisé par Madame Victoire, qui en 1786 possédait neuf vases à Bellevue (Arch. Nat. O1 3379), et par Madame Sophie, la cinquième fille de Louis XV.
Le monarque offrit à Marie-Antoinette un chef d’œuvre du genre à l’occasion de son mariage : une pendule encore visible aujourd’hui (musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, inv. V 3566) et qui était dite "ouvrage du roi".
(commentaires et illustrations, à suivre)
Derrière cette appellation se cache en réalité une collaboration entre le signataire officiel et les artisans qui offraient leur service aux membres de la famille royale.
En effet de nombreux éléments ont incité M. Christian Baulez à penser que ces précieux vases d’ivoire étaient l’ouvrage de professionnels guidant les mains de leurs royaux élèves.
Pour Louis XVI et ses frères, les comtes d’Artois et de Provence, ces professeurs furent Michel Voisin (1729-1786) et son fils François, artisans qui furent nommés Maitres de Tour du Roi.
C’est donc à eux qu’il faut attribuer les différents exemples de vases en ivoire réalisés sous le règne de Louis XVI et dont nous connaissons quelques exemples.
L’inventaire du château de Bellevue dressé pendant l’An II (1793/1794) fait effectivement référence à «deux vases en ivoire garnis de dorures avec deux cages en cuivre doré garnies de leurs verres ».
Sept autres provenant du même endroit passèrent aux enchères l’année suivante ; et six autres, aux provenances diverses, étaient encore stockés à Versailles en 1797.
Cinq furent mis de côté pour orner le palais du Luxembourg sous le Directoire. D’autres toutefois furent vendus aux enchères.
Certains sont venus enrichir depuis les collections des plus grands musées du monde : le Louvre (inv. OA7370), l’Hermitage (inv. E-4805/4806) et le Metropolitan Museum (Inv. 41.190.59-60) peuvent s’enorgueillir de posséder un de ces chefs-d’œuvre. De rares exemplaires demeurent encore en mains privées.
(Illustrations à suivre)
Le dessin complexe et l’exécution incroyablement précise de notre vase permettent de le rapprocher de ce corpus prestigieux. S’il n’y a pas deux paires de vases connues qui suivent exactement le même modèle, toutes présentent des analogies avec le vase que nous présentons (...)
Quelques précisions techniques permettent de mesurer la prouesse artistique que constitue une telle pièce.
Il faut songer que l’ivoirier part d’un seul bloc compact pris dans une défense pour réaliser cette fragile résille devenue cassante, et que sa collaboration avec un bronzier l’oblige à anticiper la naturelle rétractation de l’ivoire afin que l’ajustement des deux matières ne souffrent pas, le temps passant.
A propos de cette collaboration, on ne sera pas étonné de constater que les maîtres de tour du roi aient associé leurs efforts à ceux des ciseleurs du roi.
Les dépenses de Louis XVI faites sur sa cassette personnelle en 1787 mentionnent en effet une somme destinée au bronzier Thomire et à l’orfèvre joaillier Massé pour "pour ouvrages faits à un vase d'ivoire et commandés par Voisin fils en mars 1786".
Illustration parfaite de l’implication du pouvoir dans la perfection atteinte par les arts décoratifs dans les années finales de l'Ancien Régime, ces vases en ivoire furent enviés par toutes les têtes couronnées d’Europe.
La fascination qu’ils ont exercée expliquent que des artisans surdoués aient, au début du XIXe siècle -notamment en Russie- veillé à perpétuer cet art (...)
Le marchand-mercier Daguerre et son successeur Lignereux furent certainement à l’origine de plusieurs livraisons pour le Palais d’Hiver, comme nous l’indique Pierre Verlet dans son ouvrage Les bronzes dorés français du XVIIIe (Paris, 1999, p.243). Sans compter les artisans français qui trouvèrent refuge en Russie lorsqu’éclata la Révolution.
La paire de vases royaux conservée au Musée de l’Hermitage à Saint-Pétersbourg (inv. E-4805/4806) prouve bien la présence déterminante des modèles français de Thomire et Voisin, à la base d’une incroyable émulation qui permettra la naissance de chefs-d’œuvre en ivoire dans les premières années du XIXe siècle.
(...)
Article source complet et informations complémentaires, ici : Christie's : Collection Juan de Beistegui
En effet, la note de la maison de vente est intéressante....
Voici donc :
VASE ORNEMENTAL D'EPOQUE NEOCLASSIQUE
PREMIERE MOITIE DU XIXe SIECLE, PROBABLEMENT RUSSIE
En ivoire d’éléphant tourné, sculpté et ajouré, ornementation de bronze ciselé et doré (...)
H.: 45,5 cm. (18 in.) ; D.: 14,5 cm. (5 ¾ in.)
Note au catalogue (extraits) :
Cet extraordinaire vase d’ivoire est à rapprocher d’un corpus d’objets qu’ont rendus célèbres une maitrise technique époustouflante et une provenance royale, tantôt présumée tantôt établie.
Le tour du bois et de l’ivoire faisait en effet partie de l’éducation manuelle des enfants royaux. Attestée dès l’enfance de Louis XIII, cette pratique se poursuit chez les souverains et leurs enfants au XVIIIe siècle.
Louis XV et ses filles se consacrent à ce passe-temps, formés par Jeanne-Madeleine Maubois, tourneuse officielle du roi. Véritable passion et loisir aristocratique, le travail de l’ivoire fut notamment prisé par Madame Victoire, qui en 1786 possédait neuf vases à Bellevue (Arch. Nat. O1 3379), et par Madame Sophie, la cinquième fille de Louis XV.
Le monarque offrit à Marie-Antoinette un chef d’œuvre du genre à l’occasion de son mariage : une pendule encore visible aujourd’hui (musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, inv. V 3566) et qui était dite "ouvrage du roi".
(commentaires et illustrations, à suivre)
Derrière cette appellation se cache en réalité une collaboration entre le signataire officiel et les artisans qui offraient leur service aux membres de la famille royale.
En effet de nombreux éléments ont incité M. Christian Baulez à penser que ces précieux vases d’ivoire étaient l’ouvrage de professionnels guidant les mains de leurs royaux élèves.
Pour Louis XVI et ses frères, les comtes d’Artois et de Provence, ces professeurs furent Michel Voisin (1729-1786) et son fils François, artisans qui furent nommés Maitres de Tour du Roi.
C’est donc à eux qu’il faut attribuer les différents exemples de vases en ivoire réalisés sous le règne de Louis XVI et dont nous connaissons quelques exemples.
L’inventaire du château de Bellevue dressé pendant l’An II (1793/1794) fait effectivement référence à «deux vases en ivoire garnis de dorures avec deux cages en cuivre doré garnies de leurs verres ».
Sept autres provenant du même endroit passèrent aux enchères l’année suivante ; et six autres, aux provenances diverses, étaient encore stockés à Versailles en 1797.
Cinq furent mis de côté pour orner le palais du Luxembourg sous le Directoire. D’autres toutefois furent vendus aux enchères.
Certains sont venus enrichir depuis les collections des plus grands musées du monde : le Louvre (inv. OA7370), l’Hermitage (inv. E-4805/4806) et le Metropolitan Museum (Inv. 41.190.59-60) peuvent s’enorgueillir de posséder un de ces chefs-d’œuvre. De rares exemplaires demeurent encore en mains privées.
(Illustrations à suivre)
Le dessin complexe et l’exécution incroyablement précise de notre vase permettent de le rapprocher de ce corpus prestigieux. S’il n’y a pas deux paires de vases connues qui suivent exactement le même modèle, toutes présentent des analogies avec le vase que nous présentons (...)
Quelques précisions techniques permettent de mesurer la prouesse artistique que constitue une telle pièce.
Il faut songer que l’ivoirier part d’un seul bloc compact pris dans une défense pour réaliser cette fragile résille devenue cassante, et que sa collaboration avec un bronzier l’oblige à anticiper la naturelle rétractation de l’ivoire afin que l’ajustement des deux matières ne souffrent pas, le temps passant.
A propos de cette collaboration, on ne sera pas étonné de constater que les maîtres de tour du roi aient associé leurs efforts à ceux des ciseleurs du roi.
Les dépenses de Louis XVI faites sur sa cassette personnelle en 1787 mentionnent en effet une somme destinée au bronzier Thomire et à l’orfèvre joaillier Massé pour "pour ouvrages faits à un vase d'ivoire et commandés par Voisin fils en mars 1786".
Illustration parfaite de l’implication du pouvoir dans la perfection atteinte par les arts décoratifs dans les années finales de l'Ancien Régime, ces vases en ivoire furent enviés par toutes les têtes couronnées d’Europe.
La fascination qu’ils ont exercée expliquent que des artisans surdoués aient, au début du XIXe siècle -notamment en Russie- veillé à perpétuer cet art (...)
Le marchand-mercier Daguerre et son successeur Lignereux furent certainement à l’origine de plusieurs livraisons pour le Palais d’Hiver, comme nous l’indique Pierre Verlet dans son ouvrage Les bronzes dorés français du XVIIIe (Paris, 1999, p.243). Sans compter les artisans français qui trouvèrent refuge en Russie lorsqu’éclata la Révolution.
La paire de vases royaux conservée au Musée de l’Hermitage à Saint-Pétersbourg (inv. E-4805/4806) prouve bien la présence déterminante des modèles français de Thomire et Voisin, à la base d’une incroyable émulation qui permettra la naissance de chefs-d’œuvre en ivoire dans les premières années du XIXe siècle.
(...)
Article source complet et informations complémentaires, ici : Christie's : Collection Juan de Beistegui
La nuit, la neige- Messages : 18162
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Pendules et vases en ivoire tourné de (et par) la famille royale
La nuit, la neige a écrit:
Il faut songer que l’ivoirier part d’un seul bloc compact pris dans une défense pour réaliser cette fragile résille devenue cassante, et que sa collaboration avec un bronzier l’oblige à anticiper la naturelle rétractation de l’ivoire afin que l’ajustement des deux matières ne souffrent pas, le temps passant.
C'est tout simplement prodigieux, un travail merveilleux !
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55609
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Pendules et vases en ivoire tourné de (et par) la famille royale
Note au catalogue de Christie's a écrit:
Le monarque offrit à Marie-Antoinette un chef d’œuvre du genre à l’occasion de son mariage : une pendule encore visible aujourd’hui (musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, inv. V 3566) et qui était dite "ouvrage du roi".
Derrière cette appellation se cache en réalité une collaboration entre le signataire officiel et les artisans qui offraient leur service aux membres de la famille royale.
Nous avions présenté cette pendule dans notre sujet consacré aux : Pendules et horloges de Marie-Antoinette
...Si ce n'est que reprenions plutôt la note du catalogue de l'exposition "Marie-Antoinette", au Grand Palais (Paris) qui supposait plutôt que la pendule offerte à Marie-Antoinette était plus probablement celle conservée au Musée de l'Ermitage, à Saint-Pétersbourg.
Je cite :
Inventoriée en 1793 dans les collections de la reine :
« une pendule en ivoire découpé d’une forme carrée, ornée de deux colonnes et couronnée par une cassolette, ladite pendule garnie de bronze doré, mouvement à sonnerie sans nom »
Photo : Musée de l'Ermitage, Saint Petersbourg
Il faut vraisemblablement reconnaître dans cette pendule en ivoire, qui ne porte pas de nom d’horloger au cadran, l’exemplaire que Louis XV avait lui-même tourné et offert en 1770 à la jeune dauphine, inventorié par l’horloger Robin.
Ces précieuses pendules, où l’ivoire remplace le marbre, furent prisées par Louis XV et ses filles, qui s’adonnaient à l’art de tourner, aidés des conseils experts de Jeanne Madeleine Maubois, "tourneuse du roi".
Madame Adélaïde possédait une pendule, au mouvement de Lépine « à quantièmes et à jours de la semaine », qui pourrait être celle offerte au château de Versailles en 1955.
La voici :
Pendule en ivoire tourné, bronze doré, émail, verre et acier
Horloger : Jean-Antoine Lépine
Don de Mrs Charlotte HUNNEWEL MARTIN en 1955, à l’occasion de l’exposition du bicentenaire de Marie-Antoinette où la pendule a été exposée sous le n°651.
Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Daniel Arnaudet / Jean Schormans
Image : Château de Versailles, Dist. RMN / Christophe Fouin
Présentation :
L'art de tourner l'ivoire pour réaliser des objets en cette matière était un des passe-temps de Louis XV mais aussi de Mesdames ou de Louis XVI.
A cet effet, des salles avaient été aménagées en cabinet du tour dans les cabinets privés du roi ou dans les arrières cabinets des appartements de Mesdames à Versailles.
Cette pendule en ivoire ajouré à colonnes et surmontée d'une cassolette a vraisemblablement été saisie au château de Bellevue, propriété des Mesdames Adélaïde et Victoire.
Une pendule très proche qui avait été inventoriée parmi les pendules de Marie-Antoinette et correspond probablement à celle aujourd'hui conservée au musée de l'Ermitage de Saint Pétersbourg. L'une et l'autre passent pour avoir été tournées par Louis XV.
Dernière édition par La nuit, la neige le Mar 11 Oct 2022, 15:09, édité 2 fois
La nuit, la neige- Messages : 18162
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Pendules et vases en ivoire tourné de (et par) la famille royale
Une autre vente aux enchères, cette fois-ci passée et chez Sotheby's, nous permet d'admirer une paire de ces rares vases en ivoire tourné.
Je profite de la note du catalogue pour illustrer ici d'autres exemplaires connus de ces pièces exceptionnelles.
Désolé, elle est en anglais cette fois-ci...
Je cite (extraits) :
A PAIR OF GILT-BRONZE-MOUNTED TURNED AND ENGRAVED IVORY COVERED VASES
THE IVORY : BY FRANÇOIS VOISIN
THE BRONZES : ATTRIBUTED TO PIERRE-PHILIPPE THOMIRE (1751-1843)
LOUIS XVI, circa 1785
Photo : Sotheby's
Photo : Sotheby's
Provenance :
Probably made for the French royal family, possibly with the collaboration of a family member
Former Collection of Alphonse de Rothschild (1827-1905), thence by descent to Baron Guy Édouard Alphonse Paul de Rothschild (1909–2007), Hôtel Lambert, Paris.
(...)
The offered vases in situ, at the Hôtel Lambert around 1970
Photo : Sotheby's
Photo : Sotheby's
Photo : Sotheby's
Photo : Sotheby's
Note au catalogue (extraits) :
The Art of Ivory-Turning: A Tradition in the Manual Education of the French Royal Children
Extraordinary objects in turned ivory – ingenious and creative tour de force – can be found in European Kunstkammer collections of the 16th and 17th centuries and many European sovereigns took up the craft of ivory-turning themselves.
In France, the pastime became fashionable again in the second half of the 18th century.
Louis XV, followed by his daughters, learnt the art of ivory-turning from Jeanne-Madelaine Maubois, the King’s official tourneuse.
A clock given by Louis XV to Marie-Antoinette as a wedding gift in 1770 reflects the enthusiasm for this type of manual work, produced by the monarch under his teacher’s direction (voir mon message précédent).
It was also a favourite hobby of his daughter Madame Sophie.
The Dauphin (the future Louis XVI) and his brothers, the Comte d’Artois and Comte de Provence, were pupils of Michel Voisin (1729-86), Maître de Tour du Roi, whose son François continued the workshop’s activity after his father’s death.
The names Maubois and Voisin appear in Louis XVI’s private accounts in the form of a twice-yearly pension for Mademoiselle Maubois, and payments to Voisin for works and supplies.
When Mademoiselle Maubois died in 1777, Michel Voisin acquired her turns with funding from Louis XVI; over the years to come he would give his aunt, Madame Sophie, money to pay for Voisin’s services.
Louis XVI’s taste for this type of object was shared by his aunts.
A score of these ivory vases were to be found in the King’s Inner Cabinets at Versailles, while nine ivory vases, with their cages are recorded in Madame Victoire’s Inner Cabinet at the Château de Bellevue in 1786 (Arch. Nat. O1 3379).
The Château de Bellevue inventory drawn up in L’An II (1793-94) mentions ‘two openwork ivory vases adorned with gilded bronze masks beneath their cages’ (Arch. Louvre, Z4). Seven vases were offered for sale next year for the sum of 6000 livres.
Six others of varied provenance were still in storage at the Château of Versailles in L’An VI (1797-98); five of them were set aside the following year to furnish the headquarters of the Directoire at the Luxembourg Palace.
Others, however, disappeared after being auctioned off during the turbulent years of Revolution –such as the ‘two vases in turned ivory adorned with gilded bronze’ acquired by Citizen Favre of Paris in L’An II for 2900 livres.
An ivory vase with gilt-bronze mounts, made around 1775, is now in the Louvre (inv. OA7370)
Vase ajouré dit Brûle-parfum
Ivoire d'éléphant et bronze doré
Photo : RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi
François Voisin, Maître de Tour du Roi & Pierre-Philippe Thomire, Maître Bronzier:
Louis XVI’s private expenditure for 1787 include the sum of 475 livres destined for Thomire and Massé, a goldsmith/jeweller based at the Pont au Change, for ‘works made to an ivory vase ordered by Voisin fils in March 1786.’
Payments made to François Voisin over 1786-88 suggest he was working on various items, to which the King himself very probably contributed as well.
The complex design and incredibly precise execution of our ivory vases, made around 1785, can therefore be attributed to François Voisin; the royal family owned several such vases.
This attribution is backed by an album of plates forming the Nouveau cahier de vases, composés par Voisin Fils, maître de Tour du Roi, which highlights a model almost identical to the pair now in the Hermitage (cf J. Zeck & B. Rondot, op. cit.)
Title Page "Nouveau cahier de vases" composés by Voisin Fils, Maître de Tour du Roi
Photo : Sotheby's
(...)
After training with Gouthière, Pierre-Philippe Thomire (1751-1843) emerged as the period’s up-and-coming bronzier, and caught the eye through his collaboration with Louis Prieur, chaser and gilder to the King.
After succeeding Duplessis at the Manufacture de Sèvres, Thomire carried out numerous orders for the Crown; his growing fame soon earned him the reputation as France’s leading bronze specialist.
It was, then, perfectly logical that his name should be associated with such meticulous work – demanding exceptional technical skill and artistic creativity.
Bills paid by Louis XVI reflect Thomire’s involvement in furnishing the gilt-bronze decoration for such vases; their ornamental features, masks and garlands were part of his repertoire.
(...)
Other recorded pairs of Gilt-Bronze-Mounted Ivory Vases:
It is noteworthy that all such vases known today date from the Louis XVI period, and are characterized by immense refinement – reflecting the supreme perfection attained by the decorative arts in the final years of the Ancien Régime:
- Hermitage Museum, St Petersburg (inv. E-4805/4806)
One of a pair of vases.
Ivory, bronze, gilding
France, Paris, ca 1786
Carver: Voisin, François (Active-c. 1790) ; Bronzier: Thomire, Pierre-Philippe (1751-1843)
Photo : The State Hermitage Museum.
Photo : The State Hermitage Museum
Où l'on remarque les monogrammes suivants sur les bases :
Photo : The State Hermitage Museum
One of a pair of vases, Hermitage Museum, St Petersburg
Photo : Sotheby's
- from the Chéronnet Sale, Paris 4 December 1840 (lot 330); then Galitsin Collection (Voisin’s corresponding design
- Palace of Fontainebleau (inv. F620 C)
- from the Collection of General Moreau, described in his residence in 1804 as ‘two vases in ivory garnished with gilding, with two cages in gilded copper, with their glasses’ (Arch. Nat. O2 561m d., 3, p. 1); then moved to Salon de l’Impératrice at Fontainebleau; now in Boudoir of Queen Marie-Antoinette (lacking covers)
D'une paire, vase en ivoire, monté en bronze doré dans sa cage de verre
Photo : RMN-Grand Palais (Château de Fontainebleau) / Daniel Arnaudet / Jean Schormans
View of the boudoir of Marie Antoinette at the Château de Fontainebleau
Photo : Sotheby's
D'une paire : vase en ivoire, monté en bronze doré (hors de sa cage de verre)
Photo : RMN-Grand Palais (Château de Fontainebleau) / Daniel Arnaudet / Jean Schormans
- Metropolitan Museum, New York (Inv. 41.190.59ab, 60ab), from the George Blumenthal Collection
Pair of Vases with Covers
Ivory and gilt bronze, ca 1786
Photos : The Metropolitan Museum of Art.
- A pair sold at Sotheby’s New York, 20th May 1992 (lot 56) , previously sold at Christie’s London 2nd July 1981 (lot 29); formerly Lord Rothschild Collection, sold at Christie’s 14th May 1970 (lot 14)
A pair of vases sold Sotheby’s New york, 20th May 1992, Lot 50
Photo : Sotheby's
- A pair sold at Sotheby’s, New York, 6th November 1982 (lot 14) , from the Irwin Untermeyer Collection; previously Mrs Henry Walter Collection, sold Parke-Bernett, New York, 26th April 1941 (lot 677); previously Countess of Carnarvon Collection, Christie’s London, 19th May 1925 (lot 279); former Alfred de Rothschild Collection
Pair of vases sold Sotheby’s New York, 6th November 1982, Lot 14
Photo : Sotheby's
- Former J.P. Morgan & Maurice de Rothschild Collections – not illustrated
Ivory Vases in the Rothschild Collections:
The collections of the Kings of France and members of the aristocracy began to be dispersed at the end of the 18th century. By the mid-19th century they had become a reference-point for the choice of acquisitions made by various branches of the Rothschild family.
(...)
Three of the seven pairs of Louis XVI ivory vases with gilt-bronze mounts known today are in important public collections; the other four remain in private hands, and have all passed through the Rothschild Collections at some stage.
Source et infos complémentaires : Vente Sotheby's : Treasures, Princely Taste. Juillet 2013
Je profite de la note du catalogue pour illustrer ici d'autres exemplaires connus de ces pièces exceptionnelles.
Désolé, elle est en anglais cette fois-ci...
Je cite (extraits) :
A PAIR OF GILT-BRONZE-MOUNTED TURNED AND ENGRAVED IVORY COVERED VASES
THE IVORY : BY FRANÇOIS VOISIN
THE BRONZES : ATTRIBUTED TO PIERRE-PHILIPPE THOMIRE (1751-1843)
LOUIS XVI, circa 1785
Photo : Sotheby's
Photo : Sotheby's
Provenance :
Probably made for the French royal family, possibly with the collaboration of a family member
Former Collection of Alphonse de Rothschild (1827-1905), thence by descent to Baron Guy Édouard Alphonse Paul de Rothschild (1909–2007), Hôtel Lambert, Paris.
(...)
The offered vases in situ, at the Hôtel Lambert around 1970
Photo : Sotheby's
Photo : Sotheby's
Photo : Sotheby's
Photo : Sotheby's
Note au catalogue (extraits) :
The Art of Ivory-Turning: A Tradition in the Manual Education of the French Royal Children
Extraordinary objects in turned ivory – ingenious and creative tour de force – can be found in European Kunstkammer collections of the 16th and 17th centuries and many European sovereigns took up the craft of ivory-turning themselves.
In France, the pastime became fashionable again in the second half of the 18th century.
Louis XV, followed by his daughters, learnt the art of ivory-turning from Jeanne-Madelaine Maubois, the King’s official tourneuse.
A clock given by Louis XV to Marie-Antoinette as a wedding gift in 1770 reflects the enthusiasm for this type of manual work, produced by the monarch under his teacher’s direction (voir mon message précédent).
It was also a favourite hobby of his daughter Madame Sophie.
The Dauphin (the future Louis XVI) and his brothers, the Comte d’Artois and Comte de Provence, were pupils of Michel Voisin (1729-86), Maître de Tour du Roi, whose son François continued the workshop’s activity after his father’s death.
The names Maubois and Voisin appear in Louis XVI’s private accounts in the form of a twice-yearly pension for Mademoiselle Maubois, and payments to Voisin for works and supplies.
When Mademoiselle Maubois died in 1777, Michel Voisin acquired her turns with funding from Louis XVI; over the years to come he would give his aunt, Madame Sophie, money to pay for Voisin’s services.
Louis XVI’s taste for this type of object was shared by his aunts.
A score of these ivory vases were to be found in the King’s Inner Cabinets at Versailles, while nine ivory vases, with their cages are recorded in Madame Victoire’s Inner Cabinet at the Château de Bellevue in 1786 (Arch. Nat. O1 3379).
The Château de Bellevue inventory drawn up in L’An II (1793-94) mentions ‘two openwork ivory vases adorned with gilded bronze masks beneath their cages’ (Arch. Louvre, Z4). Seven vases were offered for sale next year for the sum of 6000 livres.
Six others of varied provenance were still in storage at the Château of Versailles in L’An VI (1797-98); five of them were set aside the following year to furnish the headquarters of the Directoire at the Luxembourg Palace.
Others, however, disappeared after being auctioned off during the turbulent years of Revolution –such as the ‘two vases in turned ivory adorned with gilded bronze’ acquired by Citizen Favre of Paris in L’An II for 2900 livres.
An ivory vase with gilt-bronze mounts, made around 1775, is now in the Louvre (inv. OA7370)
Vase ajouré dit Brûle-parfum
Ivoire d'éléphant et bronze doré
Photo : RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi
François Voisin, Maître de Tour du Roi & Pierre-Philippe Thomire, Maître Bronzier:
Louis XVI’s private expenditure for 1787 include the sum of 475 livres destined for Thomire and Massé, a goldsmith/jeweller based at the Pont au Change, for ‘works made to an ivory vase ordered by Voisin fils in March 1786.’
Payments made to François Voisin over 1786-88 suggest he was working on various items, to which the King himself very probably contributed as well.
The complex design and incredibly precise execution of our ivory vases, made around 1785, can therefore be attributed to François Voisin; the royal family owned several such vases.
This attribution is backed by an album of plates forming the Nouveau cahier de vases, composés par Voisin Fils, maître de Tour du Roi, which highlights a model almost identical to the pair now in the Hermitage (cf J. Zeck & B. Rondot, op. cit.)
Title Page "Nouveau cahier de vases" composés by Voisin Fils, Maître de Tour du Roi
Photo : Sotheby's
(...)
After training with Gouthière, Pierre-Philippe Thomire (1751-1843) emerged as the period’s up-and-coming bronzier, and caught the eye through his collaboration with Louis Prieur, chaser and gilder to the King.
After succeeding Duplessis at the Manufacture de Sèvres, Thomire carried out numerous orders for the Crown; his growing fame soon earned him the reputation as France’s leading bronze specialist.
It was, then, perfectly logical that his name should be associated with such meticulous work – demanding exceptional technical skill and artistic creativity.
Bills paid by Louis XVI reflect Thomire’s involvement in furnishing the gilt-bronze decoration for such vases; their ornamental features, masks and garlands were part of his repertoire.
(...)
Other recorded pairs of Gilt-Bronze-Mounted Ivory Vases:
It is noteworthy that all such vases known today date from the Louis XVI period, and are characterized by immense refinement – reflecting the supreme perfection attained by the decorative arts in the final years of the Ancien Régime:
- Hermitage Museum, St Petersburg (inv. E-4805/4806)
One of a pair of vases.
Ivory, bronze, gilding
France, Paris, ca 1786
Carver: Voisin, François (Active-c. 1790) ; Bronzier: Thomire, Pierre-Philippe (1751-1843)
Photo : The State Hermitage Museum.
Photo : The State Hermitage Museum
Où l'on remarque les monogrammes suivants sur les bases :
Photo : The State Hermitage Museum
One of a pair of vases, Hermitage Museum, St Petersburg
Photo : Sotheby's
- from the Chéronnet Sale, Paris 4 December 1840 (lot 330); then Galitsin Collection (Voisin’s corresponding design
- Palace of Fontainebleau (inv. F620 C)
- from the Collection of General Moreau, described in his residence in 1804 as ‘two vases in ivory garnished with gilding, with two cages in gilded copper, with their glasses’ (Arch. Nat. O2 561m d., 3, p. 1); then moved to Salon de l’Impératrice at Fontainebleau; now in Boudoir of Queen Marie-Antoinette (lacking covers)
D'une paire, vase en ivoire, monté en bronze doré dans sa cage de verre
Photo : RMN-Grand Palais (Château de Fontainebleau) / Daniel Arnaudet / Jean Schormans
View of the boudoir of Marie Antoinette at the Château de Fontainebleau
Photo : Sotheby's
D'une paire : vase en ivoire, monté en bronze doré (hors de sa cage de verre)
Photo : RMN-Grand Palais (Château de Fontainebleau) / Daniel Arnaudet / Jean Schormans
- Metropolitan Museum, New York (Inv. 41.190.59ab, 60ab), from the George Blumenthal Collection
Pair of Vases with Covers
Ivory and gilt bronze, ca 1786
Photos : The Metropolitan Museum of Art.
- A pair sold at Sotheby’s New York, 20th May 1992 (lot 56) , previously sold at Christie’s London 2nd July 1981 (lot 29); formerly Lord Rothschild Collection, sold at Christie’s 14th May 1970 (lot 14)
A pair of vases sold Sotheby’s New york, 20th May 1992, Lot 50
Photo : Sotheby's
- A pair sold at Sotheby’s, New York, 6th November 1982 (lot 14) , from the Irwin Untermeyer Collection; previously Mrs Henry Walter Collection, sold Parke-Bernett, New York, 26th April 1941 (lot 677); previously Countess of Carnarvon Collection, Christie’s London, 19th May 1925 (lot 279); former Alfred de Rothschild Collection
Pair of vases sold Sotheby’s New York, 6th November 1982, Lot 14
Photo : Sotheby's
- Former J.P. Morgan & Maurice de Rothschild Collections – not illustrated
Ivory Vases in the Rothschild Collections:
The collections of the Kings of France and members of the aristocracy began to be dispersed at the end of the 18th century. By the mid-19th century they had become a reference-point for the choice of acquisitions made by various branches of the Rothschild family.
(...)
Three of the seven pairs of Louis XVI ivory vases with gilt-bronze mounts known today are in important public collections; the other four remain in private hands, and have all passed through the Rothschild Collections at some stage.
Source et infos complémentaires : Vente Sotheby's : Treasures, Princely Taste. Juillet 2013
La nuit, la neige- Messages : 18162
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Pendules et vases en ivoire tourné de (et par) la famille royale
_________________
... demain est un autre jour .
Mme de Sabran- Messages : 55609
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Pendules et vases en ivoire tourné de (et par) la famille royale
Ni vase ni pendule mais le support en ivoire de cet oeuf de Pâques aurait été tourné par Mme Adélaïde !
La peinture est de Lebel Jean Etienne (Lebel l'Aîné). Hauteur : 40,5. Largeur : 15,5. Profondeur :13 cm. Oeuf d'autruche provenant des appartements intérieurs de Louis XVI ; à partir de 1822 dans la chambre à coucher du Petit Trianon, puis dans la salle à manger.
https://versablog3.skyrock.com/2771691814-Premier-etage-Aile-centrale-Appartement-interieur-du-roi-23.html
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Mme de Sabran- Messages : 55609
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Pendules et vases en ivoire tourné de (et par) la famille royale
Vraiment à tomber à la renverse devant de telles splendeurs. Cela laisse pantois d'admiration.
Dominique Poulin- Messages : 7048
Date d'inscription : 02/01/2014
Re: Pendules et vases en ivoire tourné de (et par) la famille royale
Ah ! Merci...Mme de Sabran a écrit:
Ni vase ni pendule mais le support en ivoire de cet oeuf de Pâques aurait été tourné par Mme Adélaïde !
Sans les montures et garnitures en bronze doré des autres pièces, celle-ci n'en est pas moins intéressante.
Je poste des images un peu plus grandes.
Oeuf d'autruche peint et ivoire tourné
Jean-Etienne Lebel l'Aîné (peintre)
Adélaïde de France (tourneur)
Vers 1767-1774
Photos : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Daniel Arnaudet / Jean Schormans
La nuit, la neige- Messages : 18162
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Pendules et vases en ivoire tourné de (et par) la famille royale
Ces objets sont éblouissants. La vente Besteigui promet d'être historique. Le château de Versailles a acquis de gré à gré avant l'été la commode de Mme Adélaïde, qu'il possédait (je ne sais pas si quelqu'un en a déjà parlé sur le forum ?).
Duc d'Ostrogothie- Messages : 3227
Date d'inscription : 04/11/2017
Re: Pendules et vases en ivoire tourné de (et par) la famille royale
La nuit, la neige a écrit:
Je poste des images un peu plus grandes.
C'est beaucoup plus joli ainsi, merci !
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Mme de Sabran- Messages : 55609
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Pendules et vases en ivoire tourné de (et par) la famille royale
Un corpus d'objets ont rendu célèbre une maitrise technique époustouflante et une provenance royale, tantôt présumée tantôt établie. Voici la notice de Christies pour un VASE ORNEMENTAL D'EPOQUE NEOCLASSIQUE
PREMIERE MOITIE DU XIXE SIECLE, PROBABLEMENT RUSSIE
Le tour du bois et de l'ivoire faisait en effet partie de l'éducation manuelle des enfants royaux. Attestée dès l'enfance de Louis XIII, cette pratique se poursuit chez les souverains et leurs enfants au XVIIIème siècle. Louis XV et ses filles se consacrent à ce passe-temps, habilité par Jeanne-Madeleine Maubois, tourneuse officielle du roi. Véritable passion et loisir aristocratique, le travail de l'ivoire fut notamment prisé par Madame Victoire, qui en 1786 possédait neuf vases à Bellevue (Arch. Nat. O1 3379), et par Madame Sophie, la cinquième fille de Louis XV.
Le monarque offrit à Marie-Antoinette un chef d'œuvre du genre à l'occasion de son mariage : une pendule encore visible aujourd'hui (musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, inv. V 3566) et qui était dite « ouvrage du roi ».
Derrière cette appellation se cache en réalité une collaboration entre le signataire officiel et les artisans qui offriraient leur service aux membres de la famille royale. En effet de nombreux éléments ont incité M. Christian Baulez à penser que ces vases précieux d'ivoire étaient l'ouvrage de professionnels guidant les mains de leurs royaux élèves.
Dans le Mercure de France , on peut lire, en 1726 :
Sa Majesté s'est amusée à tourner sur le tour que Mlle Maubois lui avait fait.
( source : les Carnets de Versailles )
Ce même journal annoncera, des années plus tard, le décès de Jeanne-Madeleine Maubois :
Pour Louis XVI et ses frères, les comtes d'Artois et de Provence, ces professeurs ont succédé Michel Voisin (1729-1786) et son fils François, artisans qui ont été nommés Maitres de Tour du Roi . C'est donc à eux qu'il faut attribuer les différents exemples de vases en ivoire réalisés sous le règne de Louis XVI et dont nous connaissons quelques exemples:
L'inventaire du château de Bellevue dressé pendant l'An II (1793/1794 ) fait effectivement référence à « deux vases en ivoire garnis de dorures avec deux cages en cuivre doré garnies de leurs verres ». Sept autres provenant du même endroit passèrent aux enchères l'année suivante ; et six autres, aux provenances diverses, étaient encore stockés à Versailles en 1797. Cinq ont été mis de côté pour orner le palais du Luxembourg sous le Directoire. D'autres ont toutefois été vendus aux enchères. Certains sont venus s'enrichir depuis les collections des plus grands musées du monde ; le Louvre (inv. OA7370), l'Hermitage (inv. E-4805/4806) et le Metropolitan Museum (Inv. 41.190.59-60) peuvent s'enorgueillir de posséder un de ces chefs-d'œuvre.
De rares exemplaires restent encore en mains privées. L'alternance de motifs décoratifs droits avec d'autres en spirale, la souplesse des fils d'ivoire qui semblent retenus comme des rubans, la finesse des bronzes dorés, le degré de précision dans l'assemblage et la réalisation de cet objet laissent sans voix. Quelques précisions techniques permettent de mesurer la prouesse artistique que constitue une telle pièce. Il faut songer que l'ivoirier part d'un seul bloc compact pris dans une défense pour réaliser cette fragile résille devenue cassante, et que sa collaboration avec un bronzier l'oblige à anticiper la rétractation naturelle de l'ivoire afin que l'ajustement des deux matières ne contient pas, le temps passant.
A propos de cette collaboration, on ne sera pas étonné de constater que les maîtres de tour du roi aient associés à leurs efforts ceux des ciseleurs du roi. Les dépenses de Louis XVI faites sur sa cassette personnelle en 1787 mentionnent en effet une somme destinée au bronzier Thomire et à l'orfèvre joaillier Massé pour " pour des ouvrages faits à un vase d'ivoire et commandés par Voisin fils en mars 1786 ".
Illustration parfaite de l'implication du pouvoir dans la perfection atteinte par les arts décoratifs dans les années finales de l'Ancien Régime, ces vases en ivoire ont été enviés par toutes les têtes couronnées d'Europe. La fascination qu'ils ont exercée explique que des artisans surdoués étaient, au début du XIXe siècle -notamment en Russie- voués à perpétuer cet art. En effet, on note un intérêt constant de la part de la Russie impériale pour les arts français au XVIIIe siècle.
Alors que Pierre le Grand avait rapporté de son voyage diplomatique quantités d'achats faits auprès des manufactures françaises, l'impératrice Elizabeth succombe elle aussi aux charmes des modes à la cour de Louis XV, exerçant même un droit de préemption sur les livraisons des navires arrivant de France. Catherine II dépensera une fortune considérable pour s'offrir, entre autres, un service en porcelaine de Sèvres de 800 pièces et un service d'orfèvrerie de Jacques-Nicolas Roëttiers pour le comte Orloff. Mieux, elle fera venir à Saint-Pétersbourg un grand nombre d'artistes et d'artisans français prêts à mettre à son service le savoir-faire inégalable qu'ils avaient acquis lors de leur apprentissage français.
Produire sur les bords de la Neva des objets montés et des bronzes aussi beaux qu'à Paris fut un objectif plusieurs fois affirmé par le régime. Sur l'invitation de Catherine II, Louis Rolland fonde un atelier et beaucoup d'artisans sont appelés à faire de même, parmi lesquels nous pouvons citer Antoine Simon, Etienne Gastecloux, Pierre-Louis Agy ou encore les Dubut. Le marchand-mercier Daguerre et son successeur Lignereux ont certainement été à l'origine de plusieurs livraisons pour le Palais d'Hiver, comme nous l'indique Pierre Verlet dans son ouvrage Les bronzes dorés français du XVIIIe(Paris, 1999, p.243). Sans compter les artisans français qui trouvèrent refuge en Russie lorsqu'éclata la Révolution.
La paire de vases royaux conservée au Musée de l'Hermitage à Saint-Pétersbourg (inv. E-4805/4806) prouve bien la présence déterminante des modèles français de Thomire et Voisin, à la base d'une incroyable émulation qui permettra la naissance de chefs-d'œuvre en ivoire dans les premières années du XIXe siècle. Un artisan russe s'est particulièrement distingué et qui répondra aux commandes des Tsars Paul et Alexandre Ier pour leur collection personnelle et les cadeaux diplomatiques : il s'agit de Nikolai Stepanovich Vereshchagin, dont une paire de vases néoclassiques est visible au Metropolitan Museum de New -York (inv.1998.13.1, .2).
https://www.christies.com/en/lot/lot-6157245
PREMIERE MOITIE DU XIXE SIECLE, PROBABLEMENT RUSSIE
Le tour du bois et de l'ivoire faisait en effet partie de l'éducation manuelle des enfants royaux. Attestée dès l'enfance de Louis XIII, cette pratique se poursuit chez les souverains et leurs enfants au XVIIIème siècle. Louis XV et ses filles se consacrent à ce passe-temps, habilité par Jeanne-Madeleine Maubois, tourneuse officielle du roi. Véritable passion et loisir aristocratique, le travail de l'ivoire fut notamment prisé par Madame Victoire, qui en 1786 possédait neuf vases à Bellevue (Arch. Nat. O1 3379), et par Madame Sophie, la cinquième fille de Louis XV.
Le monarque offrit à Marie-Antoinette un chef d'œuvre du genre à l'occasion de son mariage : une pendule encore visible aujourd'hui (musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, inv. V 3566) et qui était dite « ouvrage du roi ».
Derrière cette appellation se cache en réalité une collaboration entre le signataire officiel et les artisans qui offriraient leur service aux membres de la famille royale. En effet de nombreux éléments ont incité M. Christian Baulez à penser que ces vases précieux d'ivoire étaient l'ouvrage de professionnels guidant les mains de leurs royaux élèves.
Dans le Mercure de France , on peut lire, en 1726 :
Sa Majesté s'est amusée à tourner sur le tour que Mlle Maubois lui avait fait.
( source : les Carnets de Versailles )
Ce même journal annoncera, des années plus tard, le décès de Jeanne-Madeleine Maubois :
Pour Louis XVI et ses frères, les comtes d'Artois et de Provence, ces professeurs ont succédé Michel Voisin (1729-1786) et son fils François, artisans qui ont été nommés Maitres de Tour du Roi . C'est donc à eux qu'il faut attribuer les différents exemples de vases en ivoire réalisés sous le règne de Louis XVI et dont nous connaissons quelques exemples:
L'inventaire du château de Bellevue dressé pendant l'An II (1793/1794 ) fait effectivement référence à « deux vases en ivoire garnis de dorures avec deux cages en cuivre doré garnies de leurs verres ». Sept autres provenant du même endroit passèrent aux enchères l'année suivante ; et six autres, aux provenances diverses, étaient encore stockés à Versailles en 1797. Cinq ont été mis de côté pour orner le palais du Luxembourg sous le Directoire. D'autres ont toutefois été vendus aux enchères. Certains sont venus s'enrichir depuis les collections des plus grands musées du monde ; le Louvre (inv. OA7370), l'Hermitage (inv. E-4805/4806) et le Metropolitan Museum (Inv. 41.190.59-60) peuvent s'enorgueillir de posséder un de ces chefs-d'œuvre.
De rares exemplaires restent encore en mains privées. L'alternance de motifs décoratifs droits avec d'autres en spirale, la souplesse des fils d'ivoire qui semblent retenus comme des rubans, la finesse des bronzes dorés, le degré de précision dans l'assemblage et la réalisation de cet objet laissent sans voix. Quelques précisions techniques permettent de mesurer la prouesse artistique que constitue une telle pièce. Il faut songer que l'ivoirier part d'un seul bloc compact pris dans une défense pour réaliser cette fragile résille devenue cassante, et que sa collaboration avec un bronzier l'oblige à anticiper la rétractation naturelle de l'ivoire afin que l'ajustement des deux matières ne contient pas, le temps passant.
A propos de cette collaboration, on ne sera pas étonné de constater que les maîtres de tour du roi aient associés à leurs efforts ceux des ciseleurs du roi. Les dépenses de Louis XVI faites sur sa cassette personnelle en 1787 mentionnent en effet une somme destinée au bronzier Thomire et à l'orfèvre joaillier Massé pour " pour des ouvrages faits à un vase d'ivoire et commandés par Voisin fils en mars 1786 ".
Illustration parfaite de l'implication du pouvoir dans la perfection atteinte par les arts décoratifs dans les années finales de l'Ancien Régime, ces vases en ivoire ont été enviés par toutes les têtes couronnées d'Europe. La fascination qu'ils ont exercée explique que des artisans surdoués étaient, au début du XIXe siècle -notamment en Russie- voués à perpétuer cet art. En effet, on note un intérêt constant de la part de la Russie impériale pour les arts français au XVIIIe siècle.
Alors que Pierre le Grand avait rapporté de son voyage diplomatique quantités d'achats faits auprès des manufactures françaises, l'impératrice Elizabeth succombe elle aussi aux charmes des modes à la cour de Louis XV, exerçant même un droit de préemption sur les livraisons des navires arrivant de France. Catherine II dépensera une fortune considérable pour s'offrir, entre autres, un service en porcelaine de Sèvres de 800 pièces et un service d'orfèvrerie de Jacques-Nicolas Roëttiers pour le comte Orloff. Mieux, elle fera venir à Saint-Pétersbourg un grand nombre d'artistes et d'artisans français prêts à mettre à son service le savoir-faire inégalable qu'ils avaient acquis lors de leur apprentissage français.
Produire sur les bords de la Neva des objets montés et des bronzes aussi beaux qu'à Paris fut un objectif plusieurs fois affirmé par le régime. Sur l'invitation de Catherine II, Louis Rolland fonde un atelier et beaucoup d'artisans sont appelés à faire de même, parmi lesquels nous pouvons citer Antoine Simon, Etienne Gastecloux, Pierre-Louis Agy ou encore les Dubut. Le marchand-mercier Daguerre et son successeur Lignereux ont certainement été à l'origine de plusieurs livraisons pour le Palais d'Hiver, comme nous l'indique Pierre Verlet dans son ouvrage Les bronzes dorés français du XVIIIe(Paris, 1999, p.243). Sans compter les artisans français qui trouvèrent refuge en Russie lorsqu'éclata la Révolution.
La paire de vases royaux conservée au Musée de l'Hermitage à Saint-Pétersbourg (inv. E-4805/4806) prouve bien la présence déterminante des modèles français de Thomire et Voisin, à la base d'une incroyable émulation qui permettra la naissance de chefs-d'œuvre en ivoire dans les premières années du XIXe siècle. Un artisan russe s'est particulièrement distingué et qui répondra aux commandes des Tsars Paul et Alexandre Ier pour leur collection personnelle et les cadeaux diplomatiques : il s'agit de Nikolai Stepanovich Vereshchagin, dont une paire de vases néoclassiques est visible au Metropolitan Museum de New -York (inv.1998.13.1, .2).
https://www.christies.com/en/lot/lot-6157245
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Mme de Sabran- Messages : 55609
Date d'inscription : 21/12/2013
Localisation : l'Ouest sauvage
Re: Pendules et vases en ivoire tourné de (et par) la famille royale
Le dernier numéro des Chroniques des Amis de Versailles évoque pour nous celle tournée par Louis XV, et que notre précieux LNLN nous a déjà dévoilée ci-dessus :
https://chroniques.amisdeversailles.com/pendule-de-bronze-et-divoire/
https://chroniques.amisdeversailles.com/pendule-de-bronze-et-divoire/
Gouverneur Morris- Messages : 11830
Date d'inscription : 21/12/2013
Re: Pendules et vases en ivoire tourné de (et par) la famille royale
Merci pour le partage de cet article intéressant et illustré de nombreuses images.
Ainsi donc il est confirmé que cette pendule conservée à Versailles et aujourd'hui en restauration fut celle de Mme Adélaïde.
Rappelons que celle prétendument offerte par Louis XVI à Marie-Antoinette serait conservée au musée de l'Ermitage, à Saint-Pétersbourg, mais je ne suis jamais parvenu à retrouver l'objet sur le site internet des collections en ligne du musée.
La voici (photo d'archive) :
Pendule également signalée dans notre sujet : Pendules et horloges de Marie-Antoinette
Ainsi donc il est confirmé que cette pendule conservée à Versailles et aujourd'hui en restauration fut celle de Mme Adélaïde.
Rappelons que celle prétendument offerte par Louis XVI à Marie-Antoinette serait conservée au musée de l'Ermitage, à Saint-Pétersbourg, mais je ne suis jamais parvenu à retrouver l'objet sur le site internet des collections en ligne du musée.
La voici (photo d'archive) :
Pendule également signalée dans notre sujet : Pendules et horloges de Marie-Antoinette
La nuit, la neige- Messages : 18162
Date d'inscription : 21/12/2013
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